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  • Ils ont supprimé leur compte FB.

    "J'ai vu ressurgir tout ce que je détestais dans l'internet des années 2000" : ils expliquent pourquoi ils ont quitté Facebook

    Au moment où le réseau social est au cœur d'un nouveau scandale, certains de ses utilisateurs ont décidé de sauter le pas. Ils livrent leur témoignage à franceinfo.

    Facebook est sous le feu des critiques, accusé d\'avoir divulgué les données personnelles de 50 millions d\'utilisateurs.
    Facebook est sous le feu des critiques, accusé d'avoir divulgué les données personnelles de 50 millions d'utilisateurs. (NORBERTO DUARTE / AFP)

    "J'ai supprimé mon compte Facebook hier." Albert, un internaute de franceinfo qui a répondu à notre appel à témoignages, a franchi le pas. Il a quitté le réseau social de Mark Zuckerberg, sous le feu des critiques après la divulgation de données personnelles de 50 millions d'utilisateurs et leur possible utilisation dans le cadre de la campagne présidentielle aux Etats-Unis. "Je n'ai aucune confiance dans cette entreprise qui se permet de vendre nos informations personnelles. Voilà le 'business model' de Facebook", critique Albert. "J'ai supprimé mon compte à la suite du scandale Cambridge Analytica. Je ne veux plus rien avoir affaire avec ce réseau soi-disant social, qui prend ses abonnés pour des pigeons", renchérit un internaute anonyme.

    Pour Olive, cette nouvelle affaire concernant Facebook a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. "Cela fait plusieurs semaines que je me posais la question de me retirer de Facebook. Si vous mettez dans la balance les amis (et ceux qui n'en sont pas), les informations (et les fake news), les nouvelles de vos connaissances (et le voyeurisme social), eh bien l'équilibre n'y est pas, juge-t-elle. Le scandale des vols de données a fini de me décider."

    Une vie privée mise à mal

    Mais la plupart des repentis de Facebook avec lesquels franceinfo a pu entrer en contact s'en sont détournés avant même l'affaire Cambridge Analytica. Le respect de la vie privée revient souvent parmi les raisons qui les ont poussés à s'en aller.

    Florian, 24 ans, a ainsi claqué la porte de Facebook il y a un mois, gêné que ses collègues de travail prennent un malin plaisir à regarder son profil "de façon très malveillante". Régulièrement, les suggestions du réseau social l'invitant à "partager un souvenir" posté il y a plusieurs années lui ont fait prendre conscience que certaines photos ou vidéos postées lorsqu'il était adolescent étaient devenues difficiles à assumer.

    J'ai utilisé les réseaux sociaux à un âge où je n'avais aucun recul et j'ai littéralement publié ma vie. (...) On m’a filmé et pris en photo sans mon consentement plusieurs fois et mes bêtises sont gravées sur les timelines.Florian, 24 ansà franceinfo

    Victime de harcèlement scolaire lorsqu'elle était au collège et au lycée, Mathilde a continué à vivre son calvaire via Facebook, où ses harceleurs l'ont retrouvée des années plus tard, "malgré les pseudonymes" qu'elle utilisait. De guerre lasse, elle a décidé de quitter le réseau il y a trois ans.

    Un réseau "voyeuriste" et "narcissique"

    Pour protéger sa vie privée sur Facebook, il est possible de régler ses paramètres de confidentialité. Mais c'est une besogne trop complexe pour Marie, qui passait son temps à devoir "supprimer des 'amis' inconnus" qui se présentaient sur son mur ou "empêcher des notifications intempestives". Elle a raccroché il y a tout juste un mois.

    Les questions de vie privée ne sont pas les seules à gêner certains utilisateurs. Yon explique ainsi avoir quitté Facebook à cause de "ce voyeurisme où tout le monde s'expose, sans intimité, sans limite". C'est la course à la popularité, au nombre d'amis et de "likes" qui a décidé une autre internaute (anonyme), à supprimer Facebook en 2015. "J'ai déjà entendu des personnes se moquer d'une autre car elle avait eu peu de messages 'Joyeux anniversaire' sur son mur", raconte-t-elle.

    "Je faisais défiler le fil d'actualité de manière automatique, presque inconsciente, explique pour sa part Davina, 25 ans, qui a coupé tout lien avec Facebook l'année dernière. Je ne postais pas grand-chose donc ça ressemblait plus à du voyeurisme. J'étais parfois choquée de découvrir la vie de 'mes vrais amis' sur Facebook. Les gens ne prennent parfois plus la peine de s'écrire, car après tout ils ont déjà 'tout dit' sur Facebook. (...) Je trouvais ce narcissisme malsain."

    "Des foires d'empoigne incessantes"

    Davina se rappelle aussi s'être retrouvée malgré elle au milieu de polémiques en tous genres, par exemple lors de la présidentielle de 2017 : "Il ne fallait pas critiquer certains candidats, sous peine de voir débarquer une armée de groupies. J'étais atterrée par certains commentaires de haine, de violence, là où il n'y avait à la base qu'une simple divergence d'idées politiques."

    Je me suis interdit de réagir parfois ou de publier, pour éviter des déferlements de commentaires abominables. Ce qui était censé être un formidable outil encourageant la liberté d'expression est devenu le lieu d'une triste autocensure.Davina, 25 ansà franceinfo

    L'envie de "débattre dans des groupes de discussion", c'est aussi ce que recherchait Céline, qui s'est désabonnée après huit années passées sur le réseau social. Mais cette femme de 47 ans a fini par "prendre conscience du bavardage vide et chronophage" que représente Facebook. "Au début on trouve cela super, au final, on le regrette. On a du mal à se reconnaître soi-même en quittant son ordinateur en fin de soirée, après une foire d'empoigne sur un sujet brûlant d'actualité, sociétal et/ou politique.

    On s'emporte plus rapidement sur Facebook, on manque plus vite de respect, on réagit de manière épidermique.Céline, 47 ansà franceinfo

    Au fil du temps, Frédéric, un quadragénaire habitant à Metz, en a lui aussi eu assez de voir défiler fake news et autres messages de propagande. Même les photos de chatons et de petits dauphins ont fini par l'agacer. "J'ai vu ressurgir tout ce que je détestais dans l'internet des années 2000, quand ces trucs-là arrivaient par chaînes d'e-mails dans des 'PowerPoint'. Alors je me suis dit qu'il était temps de passer à autre chose", coupe-t-il. Sans regrets.

    Cette "impression sourde" de perdre son temps

    Céline non plus ne regrette rien. Depuis sa déconnexion au mois de novembre, elle assure avoir retrouvé "avec un grand soulagement" sa "liberté de penser", "le plaisir de la retenue, du secret, de la solitude". Et mis fin à "cette impression sourde de gaspiller un temps précieux de vie".

    L'argument de la perte de temps figure en bonne place parmi les raisons qui ont motivé certains internautes à quitter Facebook. Après plusieurs années "d'une assiduité quotidienne à toute épreuve" sur le réseau social, Eric s'en est finalement échappé.

    C'est vraiment la perte de temps qui m'a fait partir du réseau et le fait d'entretenir des relations avec des gens que je ne connais pas et dont finalement je me fiche un peu.Eric, 33 ansà franceinfo

    Il est passé à l'acte il y a quatre mois, en pleine nuit, alors qu'il venait de consulter un énième "top 10 débile sur je ne sais plus quoi". Le lendemain, il s'est presque senti en manque. "C'était un peu comme un arrêt du tabac, je ne savais pas trop quoi faire de mes pouces sur mon téléphone ou ma tablette, ou même sur mon ordinateur de travail." Un manque dont n'a pas souffert Thomas. "L'application était devenue chronophage, remplie de pub et surtout, un gros vecteur à conneries en tout genre, tranche-t-il. Depuis, aucune sensation de manque, bien au contraire. J'ai du temps, de l’indépendance et, surtout, j'ai fait un tri monumental dans mes potes."

  • Facebook et les données enregistrées

    Alors que le réseau social créé par Mark Zuckerberg traverse une crise sans précédent, j'ai téléchargé mes archives personnelles pour évaluer la somme d'informations recueillies par Facebook à mon sujet.

    Le logo Facebook qui se reflète dans un œil.
    Le logo Facebook qui se reflète dans un œil. (THOMAS TRUTSCHEL / PHOTOTHEK)

    Vous souvenez-vous de ce que vous faisiez le soir du vendredi 28 septembre 2007 ? Moi oui : je faisais la fête pour ma soirée d'intégration à Sciences Po Aix-en-Provence au TNC, une boîte de nuit qui a fermé depuis. La soirée n'était guère mémorable et je ne suis pas hypermnésique : j'ai simplement consulté les données envoyées à Facebook depuis la création de mon compte, il y a bientôt onze ans.

    >>> Publicité, propagande... A quoi servent les données personnelles que vous confiez à Facebook ?

    Alors que le réseau social traverse une crise sans précédent après les révélations de l'utilisation indue des données personnelles de millions d'utilisateurs par une société liée à la campagne de Donald Trump, j'ai voulu savoir ce que Facebook savait de moi. La démarche n'est pas compliquée : depuis un ordinateur, il suffit de cliquer sur la flèche située dans le coin supérieur droit de l'écran, de se rendre sur la page "Paramètres", puis de cliquer sur "Télécharger une copie de vos données Facebook".

    Après quelques minutes, Facebook m'a envoyé un e-mail permettant de télécharger un fichier de 507 mégaoctets renfermant onze années de textes, de sons, de photos, de vidéos… et pas mal de malaise. Voici ce que j'y ai trouvé.

    Un résumé de ma vie (y compris amoureuse)

    En ouvrant le fichier index.html qui se trouve dans le dossier, j'atterris sur une page épurée résumant l'ensemble des données qui me concernent directement. J'apprends ainsi que j'ai créé mon compte le 28 mai 2007 à 22h13 (mes soirées devaient être trépidantes), je retrouve les adresses e-mail liées à mon compte, mon numéro de téléphone, ma date de naissance, mais pas mon adresse postale, que je n'ai jamais renseignée, pas plus que mes opinions politiques.

     

    Voici la page d\'accueil de mes archives Facebook, qui résume les données principales me concernant.
    Voici la page d'accueil de mes archives Facebook, qui résume les données principales me concernant. (FACEBOOK)

     

    Le premier frisson de gêne arrive un peu plus bas. A la ligne "Relations précédentes", se trouve le nom d'une ex-petite amie. Je m'agace contre le Vincent d'il y a onze ans, qui s'enthousiasmait à l'idée d'exhiber son statut amoureux. Facebook n'a pas oublié non plus la blague (pas très drôle avec le recul) de ma fausse histoire d'amour avec un ami. Je me console en me félicitant de ne pas avoir répété l'erreur.

    Suivent un résumé de mes activités professionnelles depuis 2007 (est-ce bien le lieu approprié ?), ainsi qu'une liste des artistes dont j'ai "aimé" la page qui fleure bon les années 2000 (j'aimais vraiment tant que ça les White Stripes ?). Même topo pour les séries (je suis à peu près sûr que Lost a très mal vieilli), les films (c'est vrai qu'il était pas mal, ce docu sur Georges Frêche) et les pages diverses (tiens, je "like" Facebook sur Facebook).

    Soulagement immense : je ne fais visiblement partie d'aucun de ces groupes à l'intitulé douteux qui fleurissaient à l'époque ("Si ce groupe atteint six milliards de personnes, tout le monde sera dedans" et autres "Je préfère une tartine au brie que Martine Aubry"). Bon sens de ma part ? Pas sûr : à partir d'octobre 2010, Facebook a remplacé ces groupes-slogans par des communautés, le plus souvent fermées. Certains d'entre eux se sont transformés en pages (comme "Si ton prénom commence par : A C D F H I J K L M S T", qui compte 92 000 abonnés), mais la plupart ont lentement disparu de la surface du réseau.

    Le nom de mes amis (et leurs coordonnées)

    L'onglet "Amis" du fichier est plus sympathique. Il liste de façon très sobre les noms de mes 732 contacts Facebook, ainsi que la date à laquelle nous nous sommes mutuellement ajoutés. Plus surprenant, il permet aussi de consulter les demandes refusées depuis onze ans, ainsi que les contacts supprimés au fil des années. Dans le même genre, il y a la surprenante rubrique "Poke", qui répertorie ces tapes virtuelles tombées dans l'oubli.

     

    Les noms de quelques-uns de mes contacts Facebook, accompagnés de la date à laquelle nous sommes devenus \"amis\".
    Les noms de quelques-uns de mes contacts Facebook, accompagnés de la date à laquelle nous sommes devenus "amis". (FACEBOOK)

     

    Je craignais le pire en cliquant sur l'onglet "Coordonnées". Je n'ai pas été déçu. Sur 1 382 lignes s'étalent, souvent en doublon, les adresses e-mail et numéros de téléphone de tous mes contacts. Tous. Y compris ceux qui ne sont pas mes amis sur le réseau social. De l'ancienne adresse Hotmail ridicule utilisée par un de mes proches à la fin des années 2000 au portable d'un attaché de presse contacté dans le cadre d'un article : tout semble y être. Je culpabilise en pensant à ma grand-mère qui ne possède ni smartphone ni ordinateur : que dirait-elle si elle savait que son numéro se balade dans les serveurs d'un des géants de la Silicon Valley ?

    Après une inspection plus poussée, je m'aperçois que les coordonnées des personnes que j'ai rencontrées ces deux dernières années manquent à la liste. Tout s'éclaire : alors que j'avais synchronisé les contacts de mon ancien téléphone avec l'application Facebook, j'avais pris soin de ne pas réactiver cette option avec mon nouvel appareil.

    Un peu penaud, je cherche un moyen de réparer les dégâts en supprimant ces numéros des serveurs de Facebook. Direction les pages permettant de visualiser les contacts importés via l'application Facebook et via la messagerie instantanée Messenger. Je m'empresse d'en supprimer les données. Facebook essaie de m'en dissuader en m'indiquant que cela rendra les suggestions d'amis moins pertinentes, mais cela ne m'empêchera pas de dormir.

     

     

    Mais pas sûr que ce soit vraiment utile puisque 261 de mes contacts ont importé leur propre répertoire sur les serveurs du réseau social. Difficile de tous les contacter pour les inviter à m'imiter.

    Les lieux où je me trouvais

    Facebook n'a pas oublié les dizaines d'invitations à des événements plus ou moins intéressants reçues depuis onze ans. Grâce aux données stockées dans ses serveurs, j'apprends que j'ai participé à une "journée calanque" à l'été 2010, à une "Mad Men Party" (ne me jugez pas) à Aix-en-Provence début 2011, ou encore à une "December suburb party" à Aubervilliers à l'hiver 2015. Bien.

    Mais mes archives personnelles ne s'arrêtent pas là. Comme je m'y attendais, le dossier contient l'intégralité des photos et des vidéos publiées sur mon profil. Et Facebook a soigneusement consigné les métadonnées contenues dans celles-ci. Voici par exemple ce que je retrouve sous le cliché de ma première carte de presse, que je trouvais indispensable de partager en septembre 2012.

     

    Les métadonnées d\'une photo publiée sur mon compte Facebook en septembre 2012.
    Les métadonnées d'une photo publiée sur mon compte Facebook en septembre 2012. (FACEBOOK)

     

    Outre les innocentes informations sur la sensibilité ISO et l'exposition de la photo, les coordonnées GPS et l'adresse IP de mon iPhone de l'époque permettent de me localiser avec précision. Gloups. Ces adresses IP, véritables numéros d'identification de chacun de mes appareils connectés à internet, se trouvent également dans l'onglet "Sécurité". Facebook a visiblement gardé en mémoire chacune de mes connexions depuis février 2017, en plus de chaque appareil utilisé pour accéder aux réseaux depuis juillet 2013.

    Ce que j'ai dit à mes amis

    Télécharger ses données permet aussi de retrouver en un clin d'œil les tout premiers messages postés sur son profil ou dans des conversations privées. Dans mon cas, cela sert surtout à me plonger dans des abîmes de malaise. Je l'avoue : lors de mes premiers mois sur le réseau, quand il n'était pas encore traduit en français, mon moi de 19 ans écrivait des statuts en anglais alors que 100% de mes amis étaient francophones. La honte.

     

     

    Même topo du côté des conversations privées : là où remonter le fil d'une conversation entamée il y a dix ans prendrait des lustres, trois clics depuis l'onglet "Messages" situé dans les archives permettent de retrouver les premiers messages échangés sur "Facebook Chat", devenu "Messenger", avec un de mes meilleurs amis. Avec, là encore, pas mal de gêne.

     

     

    Une autre expérience assez vertigineuse consiste à utiliser l'explorateur de fichiers pour trouver toutes les photos échangées dans ces conversations privées, rassemblées dans un seul dossier (et dont je préfère vous épargner un extrait).

    Mon profil publicitaire et les marques qui disposent de mes coordonnées

    Les onglets "publicités" et "applications" ne sont pas moins flippants. Le premier dresse mon profil publicitaire en fonction des pages que j'ai "aimées" et d'autres critères qui m'échappent. Le résultat est d'une pertinence variable : pour Facebook, je suis intéressé par les jeux vidéo (d'accord), le marketing (ah bon ?), la réunion du G20 (je n'y pense pourtant pas si souvent), les abeilles (heu…) ou encore les pieds nus (tout cela devient vraiment bizarre).

    J'y trouve aussi le récapitulatif des huit dernières publicités sur lesquelles j'ai cliqué, ainsi que la liste des annonceurs qui ont accès à mes coordonnées. Pas de surprise pour certains : je possède une PlayStation, j'ai sans doute dû avoir un vieux compte qui traîne sur vente-privee.com et j'ai déjà utilisé Airbnb et Uber. D'autres me rendent plus circonspect : je n'ai jamais mis les pieds chez Best Buy, sorte de Darty américain, et je ne suis pas davantage client de Sally Beauty, qui se présente comme "le plus grand vendeur de produits de beauté au monde".

    L'explication m'est donnée par le Wall Street Journal (article payant) : certaines applications pour smartphones qui affichent de la publicité sont reliées à un identifiant unique associé à mon téléphone et qui sert là aussi à me proposer de la pub ciblée. Or, Facebook utilise cet identifiant, ce qui lui permet de prendre en compte mon comportement dans ces applications tierces pour affiner les publicités affichées lorsque je m'y connecte. L'article m'apprend qu'il est possible de limiter ce suivi sur Android en se rendant dans Paramètres > Google > Annonces > Désactiver personnalisation des annonces, et sur iOS en allant dans Réglages > Confidentialité > Publicité > Suivi publicitaire limité. Ce que je m'empresse de faire.

    Retour à mes archives. L'onglet "applications", qui recense tous les sites internet et programmes à qui j'ai accordé l'accès à certaines données de mon compte Facebook, me donne le tournis. Je pensais avoir fait le ménage, mais plus de 80 applications continuent de pouvoir piocher dans mes informations. A la lumière du récent scandale autour de l'entreprise Cambridge Analytica, je décide de retourner illico me débarrasser du superflu. Si vous voulez faire comme moi, suivez le guide préparé par mon collègue Thomas Baïetto. A noter tout de même que certains services peuvent garder vos données dans leurs propres serveurs, même si vous supprimez leur application de Facebook, relève Business Insider.

     

    La page \"paramètres des applications\" permet de modifier ou supprimer l\'accès à mon compte Facebook par des services tiers.
    La page "paramètres des applications" permet de modifier ou supprimer l'accès à mon compte Facebook par des services tiers. (FACEBOOK)

     

    Et même ce que je fais ailleurs sur internet

    Et si, pour éviter que ma vie puisse être utilisée à ce point, je supprimais mon compte Facebook, comme l'a recommandé Brian Acton, le créateur de WhatsApp (qui a été racheté par Facebook en 2014) ? C'est une piste, mais malheureusement, le réseau social ne me laisserait pas tranquille pour autant.

    Même sans compte, Facebook pourrait continuer à étudier mon comportement en ligne grâce aux cookies. Ces petits fichiers, qui s'installent sur nos appareils lorsque nous visitons des sites web, servent à mémoriser certaines informations ou à nous reconnaître lorsque nous visitons à nouveau le même site. Or, Facebook utilise un cookie, baptisé datr, qui lui permet d'être alerté dès que je visite un site internet comprenant un module social, comme le fameux bouton "j'aime". Et cela, que je possède un compte ou pas. L'utilisation de datr a valu à Facebook des ennuis avec la justice belge, ainsi qu'une amende en France, notait Le Monde en mai 2017. Ce qui n'a pas empêché le réseau social de continuer à utiliser ce cookie, qui lui sert également, selon Facebook France, à "stopper environ 400 000 tentatives non autorisées visant à prendre le contrôle de comptes personnels chaque jour".

    Pour certains utilisateurs, plonger ainsi dans plus de dix ans d'activité numérique peut faire l'effet d'une madeleine de Proust. Pas pour moi : je ne me reconnais plus dans ces publications et ces vieilles discussions. Malheureusement (et je n'en suis pas franchement étonné), Facebook ne propose rien pour effacer automatiquement les anciens messages après une période définie. La seule solution officielle consiste à passer en revue, dans mon historique personnel, chacune de mes publications, année par année, et de les supprimer une par une. Ou d'utiliser un programme tiers sur votre navigateur, comme l'explique Slate (article en anglais), pour automatiser cette tâche fastidieuse. Je vous laisse choisir. Pour ma part, je vais supprimer toutes mes anciennes publications, jusqu'à arriver à l'époque où j'ai commencé à ne plus mettre grand-chose sur Facebook... et sérieusement envisager de vivre dans une grotte sans Wi-Fi.

  • Cinq mille litres par jour

    C'est la consommation de carburant par jour du plus grand paquebot actuel. 

    D'autres suivront.

    Ce que ça m'inspire, c'est juste de la colère.

    Aucunement de l'admiration. 

    Une image criante de l'aveuglement, de cette course en avant vers le "toujours plus".

    Il faut juste avoir une idée de la pollution générée par ce genre de navires, qu'il s'agisse des paquebots, des cargos et des ferries.

    La mondialisation a entraîné la construction de milliers de navires de commerce.

    Le tourisme de luxe occupe le reste.

    On va où là ?...

     

     

    Les chantiers STX livrent le plus grand paquebot du monde

    >Économie|Le Parisien|23 mars 2018, 10h29|14

    Long de 362 mètres, le Symphony of the Seas pourra embarquer 8 000 personnes dont 2 200 membres d’équipage AFP

    Les chantiers STX de Saint-Nazaire remettent les clés du Symphony of the Seas, le plus grand paquebot du monde à l’armateur américain Royal Caribbean Cruise Ltd (RCCL).

    Dix millions d’heures de travail en trois années de chantier, 525 000 m2 de tôle d’acier, 5 000 km de fil électrique, 90 000 m2 de moquette, une consommation de 5 tonnes de carburant par jour pour un coût de 1,2 milliard d'euros…

    Les chantiers STX de Saint-Nazaire livrent ce vendredi matin, à l’armateur Royal Caribbean Cruise Ltd (RCCL), le plus grand paquebot de croisière au monde, le Symphony of the Seas.

     

     

     

     

    Ce nouveau géant des mers de 362 mètres qui pourra embarquer près de 8 000 personnes dont 2 200 membres d’équipage est légèrement plus grand que son aîné l’Harmony of the Seas livré en 2016.

     

     

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    Les cabines /Capture Royal Caribbean

     

    Doté de 25 restaurants, d’une patinoire, de quatre piscines, d’un parc naturel avec des centaines d’espèces de plantes mais aussi d’un casino ou encore d’un théâtre, cette ville flottante devrait réaliser sa première croisière de sept jours au mois de mai. Facturé entre 1 237 euros à 1 588 euros, ce voyage au départ de Barcelone devrait passer par Marseille.

     

    Auparavant le navire va poursuivre ses essais en mer tout en quittant définitivement le chantier pour mettre le cap sur Malaga.

    Un carnet de commandes jusqu’en 2026

    Pour les chantiers STX détenu à 51 % par l’italien Fincantieri, cette livraison est loin d’être un aboutissement. Huit autres navires doivent être livrés d’ici à l’automne 2022 dont ceux de la série « Edge ». Des navires plus luxueux mais moins grands que le « Symphony ». A cela s’ajouteront les quatre paquebots de la série « World Class » de l’armateur italien MSC.

    Un carnet de commande qui assure aux chantiers de Saint-Nazaire un plan de charge au moins jusqu’en 2026.

    Selon les prévisions, le marché de la croisière devrait doubler voire tripler avant 2030. Un marché mondial de 117 milliards d’euros.


     

    "20 gros cargos polluent plus que la totalité des voitures du monde !"

    Publié dans 

      par  Clément R.

    "Jean-Pierre Pernaut n'en parlera jamais dans son journal !" Mamie Matraque

    Quand on parle de pollution, de destruction, de mondialisation, on ne parle jamais des cargos gigantesques qui servent à transporter les produits d'un bout à l'autre du monde. On n'y pense pas à ça... Moi, je n'ai pas ma langue dans ma poche, alors j'ai décidé d'en parler ! 

     

     

     

     

     

     

     

    circulation alternée cargos

    Source photo : Pause Caféin

     

    Je ne regarde presque jamais la télé, les enfants. Leurs émissions où tout le monde il est content, tout le monde il gagne de l'argent et tout le monde crie, très peu pour moi. Moi je préfère lire.

     

    Mais parfois, mon petit-fils m'appelle pour me dire de regarder tel ou tel reportage, qui passe en général sur France 5 ou Arte. Alors pour lui faire plaisir et qu'on en parle après, je regarde. La dernière émission que j'ai regardée, c'était un documentaire fort intéressant qui s'appelait "Cargos, la face cachée du fret" : je vous assure, ça vous dégoûte de notre monde, comme tout un tas d'autres choses, quand on y pense ! 

     

    Vous saviez qu'il existe des cargos gigantesques, qui faisaient 400 mètres de long - 4 fois la taille d'un terrain de foot - et qui pouvaient transporter 800 millions de bananes ? Vous saviez que la pollution de seulement 20 d'entre eux rejette plus de particules de soufre que... 50 millions de voitures réunies ? Eh bien non mes enfants, vous ne le saviez pas parce que Jean-Pierre Pernaut se garde bien d'en parler dans son journal télévisé. Alors que ça, c'est important, bien plus que les reportages sur la cueillette des champignons ! Je suis outrée, mon petit-fils le verra bien !

     

     

     

     

     

     

     

    cargo géant baignade nulle

    Source photo : Pause Caféin

     

    Il y a 60 000 gros navires de commerce qui circulent dans nos océans, chaque jour de l'année ou presque. Vous imaginez la quantité de pollution que ça fait juste pour qu'on puisse acheter "made in Taïwan" ou qu'on puisse manger des fruits d'Amérique du Sud ? Chaque année, ces bateaux de la mort rejettent 1,8 millions de tonnes de produits toxiques dans la mer, ça fait quand même la bagatelle de 5 000 tonnes par jour.

     

    Ils polluent nos océans au sens strict, mais aussi au sens figuré : lorsqu'ils ne sont pas chargés, ils pompent de l'eau (et des poissons avec) pour rester stables et détruisent l'écosystème des animaux marins. Et ils font tellement de bruit qu'ils affolent aussi les pauvres mammifères qui se retrouvent perdus, sans repères, incapables de communiquer. Dans le reportage, ils disent que c'est pour ça que de plus en plus de baleines et d'autres viennent s'échouer sur les plages, et moi j'y crois. 

     

     

     

     

     

     

     

    baleines échouées pollution sonore

    Source photo : Pause Caféin

     

    Mais ce n'est pas tout : tous les 3 jours, un de ces bateaux géants fait naufrage et vient polluer encore un peu plus, et dans ce contexte, le silence des médias est un crime. Et après on vient nous dire qu'il faut prendre des douches un peu plus courtes, arrêter de fumer et prendre moins souvent la voiture pour faire attention à l'environnement, non mais c'est l'hôpital qui se fout de la charité !

     

    Tous ces moyens de transports géants et polluants permettent aux multinationales de délocaliser, d'exploiter, de détruire, toujours plus facilement, toujours plus vite. Je ne suis pas dupe, hein ! Et ces entreprises maritimes qui font les intermédiaires sont les reines du pétrole ; elles font des bénéfices de 450 milliards à l'année. Tout ça pour qu'on mange des bananes et des kiwis qui viennent de l'autre bout du monde en hiver, mes petits !

     

     

     

     

     

     

     

    cargo = maxi pollution

    Source photo : Pause Caféin

     

    C'est écoeurant. Allez mes enfants ! Je compte sur vous pour nous changer ce monde, moi je suis trop vieille... Mais au moins, je fais toutes mes courses au marché et je ne mange que des fruits de saison produits le plus près de chez moi possible. 

     

    Quand on veut, on peut !

     

     

  • Facebook encore...

    Le scandale, ce n’est pas Cambridge Analytica: c’est le modèle économique de Facebook

    Will Oremus — Traduit par Antoine Bourguilleau —  — mis à jour le 22 mars 2018 à 11h12

    L’affaire Cambridge Analytica nous en dit long sur les manipulations en ligne –et plus encore sur les failles énormes de Facebook pour tout ce qui touche de près ou de loin à notre vie privée, et à ce que l’on pourrait en faire.

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    «Les yeux dans les yeux», nous n'y sommes pour rien. | geralt via Pixabay License by

     

     

    Temps de lecture: 8 min

    L’affaire a fait la une des journaux et des sites internet d’information: un opérateur scientifique de Facebook devenu opérateur politique a abusé de la confiance des utilisateurs de Facebook en leur demandant de lui fournir des données personnelles sur eux et leurs amis dans un but de recherche, avant de les utiliser pour développer le ciblage du profil psychologique de dizaines de millions d’électeurs –ce qui aurait pu permettre aux responsables de la campagne de Trump de l’orienter d’une manière qui leur a permis de remporter une victoire historique.

    Les enquêtes sont actuellement en cours. Les appels à une plus sévère réglementation se font entendre de partout... et l’action Facebook a plongé de 7 points à la bourse de New York lundi.

     

    Mais pour sensationnel qu’il paraisse, le scandale Cambridge Analytica ne compromet pas Facebook de la manière dont on le présente partout. Car ce scandale ne révèle rien ou presque du réseau social ou de sa politique de protection des données; tout cela était déjà bien connu et il n’existe dans cette affaire aucune preuve que Facebook ou ses employés aient ici commis des actes répréhensibles. Il n’est pas non plus évident, à l’heure actuelle, de déterminer l’impact réel de l’utilisation frauduleuse de ces données sur la dernière campagne présidentielle américaine.

    Une indignation disproportionnée

    Pour le dire autrement: l’indignation de nombreuses personnes à l’égard de Facebook semble plutôt disproportionnée eu égard à la culpabilité réelle de la compagnie dans cet épisode précis.

    Mais cela ne signifie pas pour autant que la colère des utilisateurs soit injustifiée, au contraire. Pour Facebook, le vrai scandale, ce n’est pas ce qu’il a permis à Cambridge Analytica de faire dans le dos de ses utilisateurs. C’est plutôt ce que Facebook permet à tout le monde de faire, et en pleine lumière. Plus spécifiquement, c’est le modèle économique de collecte de données en ligne, dont Facebook est le pionnier, qui est en ligne de mire.

    Les outils et les politiques de Facebook qui ont permis au chercheur Aleksandr Kogan d’obtenir, en 2014, des informations pour l’entreprise de collecte de données politiques Cambridge Analytica –par le biais de l’app «thisismydigitallife»– étaient bien connus et parfaitement publics. Et ils étaient assez permissifs, permettant à des utilisateurs de collecter des données non seulement auprès des personnes qui utilisaient telle ou telle application, mais également de leurs amis Facebook. (Facebook a depuis changé cette politique.) Comme le Washington Post l’évoque, des compagnies allant de Tinder à Farmville en passant par la campagne présidentielle d’Obama en 2012 ont utilisé le même outil pour collecter les mêmes genres d’information. Tout simplement parce que jusqu’en 2015, c’est comme ça que Facebook fonctionnait.

    Les gens qui utilisaient l’app de Kogan lui donnaient explicitement accès à ces données, mais pour des recherches universitaires, pas dans un but commercial. (Bien sûr, on pourrait également arguer du fait que Facebook n’aurait jamais dû permettre à des utilisateurs de fournir des données personnelles d’autres personnes, fut-ce pour des recherches –et on aurait raison.) En tous cas, la politique de Facebook ne permet pas le type d’utilisation qu’a pu faire Kogan de ces données.

    Et selon la version officielle de Facebook, lorsque la compagnie a réalisé que ces données avaient été utilisées dans un but non autorisé, elle a demandé à Kogan et à Cambridge Analytica de les effacer et de certifier à Facebook que cela avait bien été effectué. Il apparaît maintenant qu’ils auraient menti. Mais nous ignorons à ce stade si Facebook pouvait, ou non, le savoir.

    Un scandale ou de la simple politique?

    Quant à ce que Cambridge Analytica a bien pu faire de ces informations, on pourrait également dire que l’on en fait toute une histoire pour pas grand chose. Pour inquiétant que cela puisse paraître, le «ciblage comportemental» –soit la production de publicités en fonction d’information obtenues sur l’attitude, les centres d’intérêt et la personnalité des individus– est au mieux une science imprécise, au pire de la poudre de perlimpinpin.

    Résumé à sa plus simple expression, le scandale Cambridge Analytica est une affaire où des consultants de campagne électorale utilisent des méthodes contestables pour tenter de délivrer leur message aux électeurs les plus réceptifs et de la manière la plus efficace qui soit. Pour le dire plus simplement: c’est à peine un scandale, c’est juste de la politique.

    Mais du point de vue de Facebook, la compagnie est bien en ligne de mire, parce qu’un développeur peu scrupuleux a profité d’une ancienne politique de protection des données permissive, même si elle s’est depuis resserrée. (Il y a également un autre problème: le fait d’avoir maintenu caché durant des années la fuite de données de 2015 et d'avoir embauché et maintenu à son poste un chercheur qui était directement lié à cette fuite. Facebook n’a fait aucun commentaire à ce sujet.) Il est donc possible d’imaginer que d’autres personnes malintentionnées aient pu développer des app du même genre exploitant les données en provenance d’autres plateformes comme Twitter, Android ou même l’iOS d’Apple de la même manière.

    Voilà pourquoi les responsables de Facebook se sont lancés dans une défense tous azimuts de leur entreprise sur Twitter le weekend dernier, en se montrant totalement imperméables aux critiques pourtant de plus en plus nombreuses: ils ne considèrent pas avoir une vraie responsabilité en la matière. Le principal responsable de la sécurité de Facebook, comme d’autres, pouvait ainsi dire à propos de l’article du Guardian du 17 mars dernier qui révélait l’affaire qu’il s’agissait d’une «fuite de données». (Ce responsable, Alex Stamos, a depuis effacé ses tweets et a lundi confirmé des informations indiquant qu’il n’était plus le responsable sécurité de Facebook et qu’il quitterait l’entreprise en août prochain.) Comme Tiffany C. Li l’a indiqué à Slate, la sémantique a son importance en l’espèce, car une «fuite de données» pourrait exposer Facebook à des poursuites légalesde la part des États américains et de l’autorité fédérale de régulation, ce qui pourrait déboucher sur des amendes et d’autres réparations.

    Mais s’il n’y a eu aucune fuite de données et que la sécurité de Facebook n’a pas été menacée, pourquoi les projecteurs ne sont-ils pas uniquement braqués sur Cambridge Analytica?

    Cela vient notamment du fait que les enjeux de ce scandale touchant des données sont particulièrement importants. Si ces données avaient été utilisées pour vendre des réfrigérateurs ou pour envoyer des spams, cette affaire ne ferait pas les gros titres. En d’autres termes: pour peu que Facebook ait joué un quelconque rôle dans l’élection de Trump, ce rôle a nécessairement été énorme, car la victoire de Trump a pris tout le monde de court. De très nombreux électeurs qui étaient très hostiles à Trump sont toujours furieux et en quête des responsables de ce qu’ils tiennent pour un fiasco. Et comme nous le savons, Facebook a joué un rôle central dans la stratégie de Trump, comme dans la campagne pour le Brexit au Royaume-Uni, une campagne dont Cambridge Analytica s’est également mêlée.

    Le modèle même de Facebook en question

    Mais il existe une autre raison qui explique que Facebook se fasse ainsi clouer au pilori là où d’autres entreprises de nouvelles technologies –comme Apple ou Microsoft par exemple– passeraient entre les gouttes. Ce n’est pas tant que Facebook se soit montré négligent avec la protection des données de ses utilisateurs dans cette affaire. Ni même que sa politique qui permet à des tierces partis, via des apps, d’accéder à des informations sur les amis de ses utilisateurs soit aussi cavalière que mal avisée.

    Le vrai problème, c'est que Facebook est le principal architecte de ce modèle socio-commercial qui fait qu’aux quatre coins de la planète, des personnes acceptent sans difficulté de donner des informations les concernant en l’échange de services gratuits en ligne. Facebook n’est donc pas seulement la source des données que Cambridge Analytica a utilisées. La compagnie est la raison même de l’existence –et du mode de tri et d’organisation– de ce genre de données. Certes, Google et Twitter et bien d’autres entreprises emploient des modèles économiques similaires. Et l’idée de faire vivre un site en ligne en diffusant des publicités à destination de ses visiteurs n’est pas neuve. Mais c’est bien Facebook, plus que tout autre, qui a poussé les internautes à livrer gratuitement toujours plus de données personnelles et à accepter que ces données puissent être utilisées pour élaborer des publicités ciblées en échange d’un droit d’accès «gratuit» à un service.

    Si vous pensez que l’octroi de ces données et les publicités sont un prix relativement faible à payer pour avoir le privilège de pouvoir rester en lien constant avec tous ceux que vous aimez, alors Facebook est l'exemple type de la compagnie qui a rendu tout cela possible. Mais si vous commencez à réfléchir au coût de ce marché de manière faustienne –en pensant particulièrement aux coûts à long terme qui pourraient bien s’avérer supérieurs aux bénéfices immédiats– alors Facebook est le diable incarné.

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    Au vu des enjeux énormes que représentent ces données, il était probable, voire inévitable, que ces règles soient violées

    De ce point de vue, le vrai scandale ne vient donc pas d’une «fuite de données» où d’une erreur isolée de Facebook. Ce que Cambridge Analytica a fait, c’est à bien des égards exactement ce pourquoi Facebook est conçu: collecter des informations personnelles en provenance d’un très grand nombre de personnes sous une forme immédiatement exploitable pour vendre des choses à des gens.

    Certes, les règles étaient censées interdire que de telles données soient utilisées de cette manière. Mais au vu des enjeux énormes que représentent ces données, il était probable, voire inévitable, que ces règles soient violées. Facebook semble ne pas s’être beaucoup préoccupé de les faire appliquer, se contentant de faire les gros yeux en espérant que cela passe. Tout indique que jusqu’en 2014 au moins, Facebook se préoccupait bien davantage de sa croissance que de la protection de la vie privée de ses utilisateurs. Si la compagnie a fait des efforts évidents en la matière ces dernières années, cela n’excuse en rien la manière dont elle s’est construite.

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    Josh Constine, de Techcrunch, est sans aucun doute l'un des journalistes qui connaît le mieux Facebook, une compagnie qu’il scrute depuis cinq ans, et il est connu pour l’avoir souvent défendue lorsque tout le monde lui tombait dessus. Pas cette fois. Dans un article intitulé «Facebook et la suite ininterrompue de scénarios du pire», il répertorie une bonne dizaine de cas où la compagnie de Mark Zuckerberg a lancé des produits sans les garde-fous nécessaires pour éviter des abus, avant d’ignorer ou de minimiser les conséquences de ses actes.

    Cette sale habitude pourrait enfin avoir des effets désastreux pour l’entreprise: dans le scandale Cambridge Analytica, Facebook n’a pas vraiment le bénéfice du doute et il est difficile d’éprouver la moindre sympathie pour la firme. Le réseau social a plus que certainement laissé passer le moment où il pouvait s’autoréguler. La balle est désormais dans le camp du public, des législateurs et des régulateurs.

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    Ce sont eux qui vont retravailler les termes de cet accord qui permet à des individus de confier leurs données personnelles –et celles des autres– au profit des plateformes, de leurs clients annonceurs et de toute personne qui serait assez maline pour mettre la main dessus.

  • Facebook et la politique

    Fake news et ingérence russe : les deux années qui ont ébranlé Facebook

     

     La Une de "The Wired". Montage Obs. (Capture d'écran)

    Le magazine "Wired" publie une enquête fleuve sur les deux dernières années au sein du réseau social, secoué par la mise en cause des fake news et des manipulations russes.

    Par 

    Le mensuel "Wired" a consacré à plusieurs reprises sa couverture au fondateur de Facebook. Mais celle qu'il a publiée le 12 février tranche avec les précédentes : le visage tuméfié du PDG illustre un article fleuve (68.000 signes !), "Les deux années qui ont ébranlé Facebook - et le monde", une enquête sur les événements de 2016 et 2017, entre tech, presse et politique, avec en toile de fond la controverse des "fake news" et l'élection de Donald Trump.

    Pour le réaliser, ses deux auteurs ont discuté "avec 51 employés ou ex-employés de Facebook", dont beaucoup ont demandé à rester anonymes. Un salarié en poste a même demandé à son interlocuteur d'éteindre son téléphone, au cas où l'entreprise chercherait si son smartphone a été proche de celui de quelqu'un chez Facebook...

    En 2016 : "Facebook peut-il vous sauver la vie ?" En 2018, un portrait de Zuckerberg retouché sans commentaire, en mode "Fight Club".

     

    Voici un résumé de cette enquête.

    1 – Fuites et licenciements

    Février-mars 2016. Une note de Mark Zuckerberg à tous les employés mentionne que sur un mur d'affichage libre au siège de Facebook, à Menlo Park (Californie), les mots "Black Lives Matter" ont été rayés et remplacés par "All Lives Matter". Il critique cette suppression et annonce une enquête sur cet acte.

    Un jeune employé en CDD, Benjamin Fearnow, prend une capture d'écran du mémo et l'envoie à un de ses amis, Michael Nuñez, qui travaille pour le site d'actualité tech Gizmodo et en tire un article. Une semaine plus tard, Fearnow transmet à Nuñez une autre info : l'entreprise a proposé à ses salariés d'envoyer des questions à Zuckerberg pour une réunion générale. Une des questions les plus votées est "Quelle responsabilité a Facebook pour aider à empêcher d'avoir un président Trump en 2017 ?"

    Fearnow travaille à New York, dans une équipe appelée Trending Topics. Ce groupe de 25 personnes vérifie les actualités collectées par un algorithme, afin d'écarter canulars et infos bidon et de mettre en avant les actualités importantes pas assez visibles, pour qu'elles soient intégrées au fil d'actualités des utilisateurs.

    Au lendemain de son second message à son ami de Gizmodo, Fearnow est convoquée à une vidéoconférence. La directrice des enquêtes, Sonya Ahuja, lui demande s'il a été en contact avec Nuñez, ce qu'il nie. Elle lui affirme alors avoir les messages que Nuñez et lui ont échangé sur Gchat (un logiciel de vidéochat), et Fearnow est licencié sur le champ.

    Un second salarié de Trending Topics, Ryan Villarreal, qui plusieurs années avant avait partagé une colocation avec Fearnow et Nuñez, est interrogé le même jour par Ahuja. Villareal assure n'avoir pris aucune capture d'écran, et donc encore moins avoir transmis des infos à Nuñez. Mais la directrice des enquêtes relève qu'il a "liké" l'histoire du mémo sur Black Lives Matter, et qu'il est ami avec Nuñez sur Facebook. Villareal est à son tour licencié.

    2 – Un biais de gauche ?

    Mai 2016. Nuñez a continué ses recherches sur Trending Topics, et discuté avec un troisième ex-salarié de cette équipe. Il publie un article, "D'anciens employés de Facebook : nous supprimions de façon routinière des articles conservateurs", selon lequel des articles favorables à Trump sont régulièrement supprimés. L'article, très partagé dans les heures qui suivent, enclenche une controverse qui va marquer les deux années qui suivent.

     

    Facebook : mais si, nous aimons les conservateurs !

    Facebook a toujours eu l'obsession de se présenter comme neutre, un simple relais technologique. La plateforme est ainsi protégée par une loi qui exclut la responsabilité de l'intermédiaire pour les messages postés par les utilisateurs. Si le réseau social créait ses propres contenus, sa responsabilité pourrait perdre son immunité, au péril de son existence.

    L'article de Gizmodo amène un sénateur républicain, John Thune, à écrire à Facebook pour demander des éclaircissements. Or Thune n'est pas n'importe qui : il dirige au Sénat la commission du Commerce, laquelle supervise la Federal Trade Commission, une agence gouvernementale qui a été très active dans les enquêtes sur Facebook. L'entreprise répond au sénateur qu'après une analyse des Trending Topics, elle estime les accusations de Gizmodo fausses.

    Facebook veut à tout prix faire la paix avec la droite : des animateurs télé, des membres de think tank, un conseiller de la campagne de Trump, 17 personnalités influentes au total sont invités au siège de Menlo Park, une semaine après l'article de Gizmodo.

    La principale retombée de la controverse sur les Trending Topics, selon une dizaine d'employés et ex-employés, est que Facebook est devenu soucieux de ne rien faire qui semble diminuer les articles de droite, laissant ainsi le champ libre à ce qui allait venir.

    3 – Rencontre avec Murdoch et menace de représailles

    Juillet 2016. Mark Zuckerberg participe à une conférence dans l'Idaho, où des dirigeants discutent de façon informelle. Il y a une rencontre privée avec Rupert Murdoch, le propriétaire de l'empire de presse News Corp (comprenant la chaîne télé Fox News), et Robert Thomson, le PDG de ce groupe de presse. Les deux hommes expliquent à Zuckerberg leurs griefs contre Facebook et Google.

    Ils reprochent aux deux géants d'accaparer presque tout le marché publicitaire en ligne ; ils déplorent que l'algorithme de Facebook ait été modifié sans consulter ses partenaires de presse. Si le réseau social ne propose pas un meilleur accord aux médias que ses offres d'alors, menacent-ils, ils vont le dénoncer fortement, et lui mener la vie dure aux Etats-Unis, comme ils l'ont fait contre Google en Europe.

    Menace de "simple" lobbying, ou de possibles campagnes de presse ? Zuckerberg se méfie d'autant plus de News Corp qu'en 2007, une série de plaintes contre le réseau social ont été déposées, pour des contenus inappropriés et des mineurs exposés à des prédateurs.

    Or l'enquête interne de Facebook a conclu que la plupart des comptes Facebook alors en cause étaient des comptes bidon créés probablement par ou pour News Corp afin de permettre cette campagne. Une soixantaine d'employés sont recrutés par Facebook pour travailler aux partenariats avec l'industrie des actualités.

    4 – Facebook vire ses journalistes, Trump mise sur les réseaux sociaux

    Août 2016. Toute l'équipe de journalistes chargée des Trending Topics est licenciée, et ses responsabilités sont transférées à une équipe d'ingénieurs à Seattle. Peu après, l'algorithme maison laisse passer des articles bidon.

    Parallèlement, l'équipe de campagne de Trump exploite à fond les possibilités de Facebook et de ses propres fichiers sur ses sympathisants, en envoyant des messages publicitaires ciblés. Trump balance des textes comme "Cette élection est truquée par les médias qui diffusent des accusations fausses et dénuées de réalité, et des mensonges éhontés, pour faire élire Hillary la pourrie !" Ce genre de messages obtient des centaines de milliers de "J'aime", de commentaires et de partages, et l'argent afflue.

    Alors que les messages plus nuancés de la campagne d'Hillary Clinton obtiennent moins d'écho. "Au sein de Facebook, presque tout le monde parmi les dirigeants voulaient que Clinton gagne, mais ils savaient que Trump utilisait mieux la plateforme. S'il était un candidat pour Facebook, elle était une candidate pour LinkedIn", note "Wired".

    Une nouvelle espèce d'arnaqueurs en ligne apparaît, diffusant des articles viraux et totalement bidonnés. Ils ont vite remarqué que les sujets pro-Trump marchent très bien, et sortent par exemple un article prétendant que le pape soutient Donald Trump, qui obtient près d'un million de réactions sur Facebook.

     

    En Macédoine, Trump est une machine à cash pour des sites d’info crapuleux

    "À la fin de la campagne, les histoires bidon en tête sur la plateforme obtenaient plus d'engagements [likes, commentaires et partages] que les articles sérieux en tête."

    5 – Zuckerberg ne voit aucun problème, puis la guerre aux fake news est déclarée

    Novembre 2016. L'élection de Donald Trump plonge les dirigeants de Facebook dans la stupeur et l'inquiétude à l'idée que leur outil soit mis en cause. Deux jours après la victoire de Trump, Zuckerberg déclare lors d'une conférence que les réseaux sociaux influencent peu le vote des gens :

    "L'idée que des fake news dans Facebook – dont, vous savez, c'est une très petite quantité du contenu – aient influencé l'élection d'une façon ou d'une autre, je pense que c'est une idée sacrément dingue."

    Ce commentaire passe mal, y compris au sein de Facebook. Un ancien cadre explique qu'il fallait faire comprendre au PDG qu'il se trompait, "ou sinon, la compagnie allait devenir un paria comme Uber était en train de l'être". Un employé dit à "Wired" qu'en regardant Zuckerberg, il pensait à Lennie dans "Des souris et des hommes" : un colosse qui n'a aucune notion de sa force.

     

    Facebook ne lutte pas assez contre les infos bidon, selon des employés

    Une semaine après son haussement d'épaules, Zuckerberg esquisse un mea culpa : il promet que Facebook prend au sérieux la désinformation, et présente un plan en 7 points pour la combattre. 

    Quelques semaines plus tard, Facebook annonce deux choses : il coupera les revenus publicitaires des usines à fausses nouvelles et rendra plus facile pour ses utilisateurs de signaler des articles qu'ils pensent faux.

    En décembre, l'entreprise annonce qu'elle va, pour la première fois, introduire du fact-checking. En l'externalisant : l'idée est de déléguer la tâche à des journalistes ailleurs.

    En janvier 2017, Facebook annonce le recrutement de Campbell Brown, une ex-présentatrice de CNN, chargée du "Facebook Journalism Project". En gros, selon les sources de "Wired", il s'agit de formaliser et rendre plus publics les efforts déjà entamés par le réseau social.

    Les dénégations initiales de Zuckerberg ont énervé une chercheuse en sécurité, Renée DiResta, qui étudie depuis des années la diffusion de la désinformation sur la plateforme. Elle a noté que si on rejoint un groupe anti-vaccins, l'algorithme propose d'adhérer à des groupes complotistes comme ceux croyant que la Terre est plate ou des adeptes du Pizzagate.

    En mai, DiResta publie un article où elle compare les diffuseurs de fausses nouvelles sur les réseaux sociaux aux manipulations du trading haute fréquence sur les marchés financiers. Pour elle, les réseaux sociaux permettent à des acteurs malveillants d'opérer à grande échelle, et de faire croire avec des bots et des comptes sous fausse identité à des mouvements importants sur le terrain.

    Avec Roger McNamee, un actionnaire de Facebook furieux des réponses pleines d'autosatisfaction qu'a renvoyées l'entreprise à ses courriers d'alerte, et Tristan Harris, ancien de Google devenu célèbre pour pointer les dangers des services numériques, les trois dénoncent dans les médias les dangers que ferait peser Facebook pour la démocratie américaine.

    6 – 2017 : révélations sur les publicités russes

    Pendant la campagne pour l'élection présidentielle, les équipes de Facebook ont remarqué des attaques de pirates présumés proches du gouvernement russe, dérobant des documents (hors du réseau social) puis créant des comptes bidon avec des identités usurpées. Mais le réseau social n'y décèle pas une opération d'ensemble.

    Au printemps 2017, l'équipe de sécurité dirigée par Alex Stamos rédige un rapport sur la façon dont la Russie et des services de renseignement ont utilisé Facebook. Le 27 avril 2017, au lendemain de la convocation par le Sénat du directeur (ensuite chassé par Trump) du FBI James Comey, le rapport de Stamos est publié. Titré "Information Operations and Facebook" [PDF], il explique comment une puissance étrangère pourrait utiliser Facebook pour manipuler les gens.

    Le rapport, pauvre en exemples, est critiqué à l'extérieur par maints spécialistes en sécurité, d'autant qu'ils s'étonnent que l'entreprise ait mis si longtemps à comprendre que des usines russes de trolls ont exploité sa plateforme. Facebook approfondit ses analyses, et découvre un ensemble de comptes créés par l'Internet Research Agency (réputée liée au Kremlin), se faisant passer pour des activistes américains.

    La page Blacktivist par exemple, qui diffusait des articles sur les brutalités contre des Noirs, avait plus d'abonnés que celle, vérifiée, du vrai mouvement Black Lives Matter.

     

     

    Après un débat interne chez Facebook (divulguer ou pas des données sur des utilisateurs, et créer ainsi un dangereux précédent?), un billet de blog est publié en septembre 2017, par Stamos. Il annonce que les Russes ont acheté pour 100.000 dollars environ 3.000 messages publicitaires destinés à influencer la politique américaine pendant la campagne électorale de 2016. Tout est fait dans le message pour minimiser l'impact de ces révélations.

     

    Comment les Russes ont trollé la campagne américaine de 2016 sur les réseaux sociaux

    Un chercheur, Jonathan Albright, découvre alors des données encore accessibles, et peut estimer que les messages des comptes russes sous fausse identité ont en fait été partagés plus de 340 millions de fois.

    7 – Sale moment devant le Congrès, et un Zuckerberg... transformé ?

    Septembre 2017. Le trio McNamee, Harris et DiResta conseille les parlementaires qui enquêtent sur l'ingérence russe et s'apprêtent à interroger les responsables des réseaux sociaux. Ils aident alors les députés et les sénateurs à préparer les questions qu'ils vont leur poser.

    Le 1er novembre, Colin Stretch, vice-président de Facebook, est mis sur le gril par une série de questions dérangeantes. Les jours suivants, la vague de critiques continue à pleuvoir sur le réseau social, y compris d'anciens prestigieux : l'ex-président de Facebook Sean Parker, l'ancien responsable de la protection de la vie privée Sandy Parakilas, puis Chamath Palihapitiya, ex-vice-président.

     

    Facebook, Google : les "hérétiques de la Silicon Valley" nous alertent

    Le réseau social est aussi accusé d'avoir permis la diffusion de propagande mortelle contre les Rohingyas en Birmanie et d'avoir servi les méthodes brutales de Duterte à la tête des Philippines. Mais ses résultats sont plus florissants que jamais.

    Janvier 2018. Mark Zuckerberg annonce, comme chaque début d'année, ses bonnes résolutions. Et cette fois il ne s'agit pas de ses habituels défis personnels (apprendre le chinois mandarin, lire 25 livres, etc.), mais de "réparer Facebook", reconnaissant que l'entreprise a un rôle à jouer "qu'il s'agisse de protéger notre communauté contre les abus et la haine, de se défendre contre l'ingérence de nations-Etats, ou de s'assurer que le temps passé sur Facebook est du temps bien employé" (un terme qu'on dirait emprunté à Tristan Harris).

    Comment va évoluer Facebook ? Selon un dirigeant cité par "Wired" :

    "Toute cette année a complètement changé son techno-optimisme [de Mark Zuckerberg]. Ça l'a rendu beaucoup plus paranoïaque quant aux façons dont des gens peuvent abuser de ce qu'il a construit."

    T. N.

  • Démocratie facebookienne.

    Facebook: un test à la con et soudain la démocratie s'effondre

    Titiou Lecoq —  — mis à jour le 23 mars 2018 à 11h16

    On savait que nos données étaient siphonnées par nos réseaux sociaux préférés. On ne savait pas qu'on pouvait s'en servir pour nous manipuler au point de mettre en péril la démocratie.

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    Tout va bien! | geralt via Pixabay License by

    Temps de lecture: 5 min

    Écrire au sujet d’internet est un excellent moyen de déprimer. Là, par exemple, je m’apprête à vous parler de Facebook et de Cambridge Analytica et je sais que certains vont souffler d'ennui alors qu'il s’agit de comprendre comment en répondant à des tests psychologiques à la con sur Facebook, du genre «quel Télétubbies êtes-vous?», vous pouvez ébranler la démocratie.

    En vrai, le test en question ne s’appelait pas «kelteletubbiesvousetes» mais «thisisyourdigitallife». Ces tests, qu’on voit passer par dizaines sur Facebook, ne sont pas mis au point par l’entreprise. Ils sont proposés par des applications tierces. Et quand on les fait, on accepte certaines conditions. Ici, on acceptait que l’appli accède à certaines de nos données soi-disant à des fins de recherches universitaires. (C’était un mensonge mais en même temps, comme personne ne lit les conditions exactes avant de cliquer sur «accepter» c’est un mensonge que peu de gens avaient vu…).

     

    Cette appli ne se contentait pas d’enregistrer vos réponses et vos données, elle siphonnait également celles de vos amis. 270.000 électeurs américains ont fait ce test. L’entreprise en question a récupéré les données de cinquante millions de personnes. (Beauté de la connexion des humains entre eux.) C’est particulièrement pervers parce que même si vous vous méfiez de ces tests et que vous ne les faites pas, il suffit qu’une seule personne parmi vos amis le fasse pour qu’une partie de vos datas soit aspirée.

    Internet is the new «Monde du silence»

    Ensuite, le créateur de cette app a transmis ces données à Cambridge Analytica sans prévenir Facebook – d’après ce que dit Facebook. Quand le réseau social a appris cette «fuite», il n'a même pas prévenu les utilisateurs. (Internet is the new Monde du silence de Cousteau.)

    Finalement, de quoi est accusé Facebook? Pas d’avoir manipulé le scrutin. Le paradoxe c’est que Facebook se retrouve impliqué dans cette affaire qui aurait aidé à l’élection de Donald Trump alors que Mark Zuckerberg est démocrate. Et je veux bien croire qu’il est lui-même troublé d’avoir créé une machine qui sert les intérêts de ses adversaires. (L’enquête de Wired traduite sur l’Obs est super.)

    On reproche à Facebook de mal protéger les données des utilisateurs parce que c’est précisément grâce à elles que le réseau gagne de l’argent. Mais il a l’obligation de contrôler ce que font les applications tierces. «With great power comes great responsability»: autrement dit, quand on crée une plate-forme centralisatrice qui permet ce genre de détournements, on porte la responsabilité des dérives possibles.

    Que s’est-il passé ensuite? Cambridge Analytica fonctionne comme une agence de pub pour les politiques. Un candidat les engage pour se faire élire. L'entreprise analyse l’électorat et cible le plus finement possible les électeurs pour donner le bon message à la bonne personne et qu’elle mette le bon bulletin dans la bonne urne. (Leur vidéo de présentationressemble à s'y méprendre à mes pires cauchemars numériques.)

    C’est comme la publicité ciblée. On peut se dire «bah oui, quitte à se coltiner de la pub, autant qu’elle soit pertinente en me proposant un produit qui peut m’intéresser.»
    Le problème n’est pas nouveau. 
    Obama a utilisé le même genre de méthodes dans ses campagnes électorales, en profitant d’une législation encore floue à l’époque. Ses équipes avaient réalisé un maillage et un profilage très fin des électeurs. Ils pouvaient venir sonner à votre porte en sachant qu’un membre de votre famille était atteint d’un cancer –et évidemment vous vanter les bienfaits de l’Obamacare.

    Le problème c’est qu’un président, ce n’est pas un tube de dentifrice. En délivrant un message politique différent à chaque catégorie d’électrices et d'électeurs, un message répété à l’infini, un message qui joue sur des émotions, on se situe exactement dans l’inverse du débat d’idées. Une membre de l’équipe numérique de campagne de Donald Trump a expliquéqu’une mère de famille intéressée par la garde d’enfant ne voudrait pas voir une pub pleine de guerre et de violence. L’équipe de Trump lui montrait alors un spot doux et chaleureux: «Il nous arrivait assez souvent de produire trente-cinq ou quarante-cinq mille itérations de ce type de pub au quotidien.»

    D'anciens agents des services secrets britanniques et israéliens recrutés

    On est dans une forme de manipulation psychologique et émotionnelle. Cambridge Analytica explique que le vote se joue sur deux émotions: la peur et l’espoir. Et que les gens ne savent pas que quelque chose leur fait peur tant qu’on ne leur a pas montré. Évidemment, à Athènes, des orateurs pouvaient user de démagogie, mais ils le faisaient face à l'ensemble des citoyens en même temps. Ils n'allaient pas chez les votants la nuit pour les harceler avec leurs pires craintes. Cette manipulation est très efficacement renforcée par l’usage des fake news. (L’un des principaux investisseurs de Cambridge Analytica est également un des fondateurs de Breitbart News, site d'extrême droite soupçonné de fake news.)

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    Cambridge Analytica ne s’arrête pas là. Dans un court et incroyable reportage (en anglais mais je vous le conseille), Channel 4 a filmé un dirigeant de l’entreprise en train d’expliquer qu’ils font appel à des sous-traitants qui recrutent des anciens agents des services secrets britanniques et israéliens: «On a employé une organisation différente pour un projet très réussi dans un pays d’Europe de l’Est, personne ne savait qu’ils étaient là, ils sont venus, ils ont fait le boulot, ils sont partis, et ils nous ont fourni du très bon matériel.»

    Cambridge Analytica est payé pour pratiquer une forme de 
    «highjacking»de la démocratie. Savoir à quel point il fonctionne est impossible. Si vous avez une opinion désastreuse de Donald Trump, vous aurez tendance à penser que sa victoire est la preuve de la réussite de ces techniques de manipulation. Si vous détestez Obama, vous pourrez en tirer la même conclusion. On ne sait pas ce qui se passe dans la tête d'un électeur ou d'une électrice au moment de choisir un bulletin. Mais peu importe leur efficacité réelle, leur véritable impact sur nos vies démocratiques, ces pratiques sont condamnables. Il s'agit d'un détournement du modèle démocratique dans son fonctionnement même. Cambridge Analytica affirme l’avoir fait aux États-Unis, au Mexique, en Malaisie, avoir travaillé pour la campagne pro-Brexit, et bosser en ce moment au Brésil et en Chine.

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    Tout cela est rendu possible par notre utilisation plus ou moins volontairement aveugle d’une plate-forme centralisée et privée à laquelle on n'a pas suffisamment demandé de compte.

    Ce texte est paru dans la newsletter hebdomadaire de Titiou Lecoq. Pour vous abonner c'est ici. Pour la lire en entier:

     

  • Supprimer Facebook

    Pour ma part, c'est fait. Compte supprimé. Quant à ma "vie sociale", elle ne passe pas par Facebook. Il ne s'agit, pour moi, que de la possibilité de partager des articles ou des réflexions. Depuis un moment, je m'interroge sur la portée réelle des écrits. Et comme je n'ai pas de réponse, je n'ai aucune raison de valider cette atteinte à la vie privée et de devenir une proie supplémentaire pour tous les marchands ou les manipulateurs d'opinion. Quant à la "visibilité" et la "publicité" envers mes romans, je n'ai jamais eu la moindre preuve que Facebook ait été d'une quelconque utilité. Ce blog a davantage d'importance au regard du nombre de visiteurs et de pages lues. Il reste maintenant à Facebook de revoir sa copie et d'apporter les preuves irréfutables que ce réseau social n'a aucune autre intention que de "rapprocher" les individus... Personnellement, je n'y crois pas. Il suffit de lire les écrits de Zuckerberg ou de Sheryl Sandberg...Ils savaient très bien ce qu'ils faisaient. Ils pensaient juste que ça ne se saurait jamais.

    Quant à l'impact des suppressions de compte, elle est gigantesque...C'est l'avantage des réseaux sociaux...Des millions d'utilisateurs...Tout va très vite et quand la machine s'emballe les dégâts financiers sont énormes. 24 milliards d'euros de perdus à la bourse de Wall street en deux jours...Que des millions d'utilisateurs suppriment leur compte, c'est le meilleur moyen pour pousser Zuckerberg à entendre la colère. 

     


     

     

    Supprimer Facebook est un privilège

    April Glaser — Traduit par Jean-Clément Nau —  — mis à jour le 24 mars 2018 à 11h58

     

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    À un doigt de désinstaller Facebook | Kirill Kudryavtsev / AFP

     

    Temps de lecture: 7 min

    Facebook est au cœur d’une polémique de grande ampleur. Beaucoup de gens sont en colère –et ils ont bien raison. L’entreprise a permis à des milliers de concepteurs d’applications d’extraire leurs données, par l’intermédiaire de jeux chronophages et autres quiz en ligne sans queue ni tête.

    Pour couronner le tout, un lanceur d’alerte et deux spectaculaires dossiers de l'Observer et du New York Times viennent de nous apprendre que l’un de ces développeurs a recueilli les données de plus de cinquante millions d’utilisateurs Facebook, avant de les partager avec la firme Cambridge Analytica, responsable du ciblage des électeurs pour la campagne de Donald Trump –une firme qui s’est enorgueillie de disposer de 230 millions de profils psychologiques d’électeurs américains, qu’elle utilise pour cibler les émotions des internautes à l’aide de publicités numériques, dans le but d’influencer le résultat des élections.

     

    Abus de confiance

    Nous avons subi tout cela pour avoir le privilège de regarder les photos de bébé de nos proches. Le jeu en valait-il réellement la chandelle?

     

     

    Que Cambridge Analytica ait ou non exagéré le volume réel de ses données –seuls 139 millions d’électeurs ont voté à l’élection présidentielle de 2016, la question centrale de la controverse ne peut être balayée d’un revers de main: le prix à payer pour être sur Facebook est-il trop élevé?

    Facebook a demandé notre confiance, et nous lui avons donnée –comme nous lui avons donné nos photos, nos pensées, nos «j’aime» et nos partages. Bien sûr, nous savions parfaitement que ces informations aideraient Facebook à nous «vendre» aux publicitaires.

    Ce que la plupart d’entre nous ignoraient, en revanche, c’est que les développeurs d’applications ont longtemps eu accès à nos données (ils n'ont perdu ce droit qu'il y a quelques années), même si cette information était mentionnée dans les conditions d’utilisation.

    De nombreux utilisateurs ne pensaient pas que ces concepteurs d’application enfreindraient ces conditions pour vendre nos données au plus offrant, y compris aux collaborateurs de certains partis politiques. On ne peut parler d’une défaillance de sécurité de la plateforme, comme l’a souligné Facebook, mais on peut parler d’abus de confiance.

    Instinct compréhensible mais injuste

     

     

     

    Conséquence: #DeleteFacebook (#SupprimeFacebook). Le hashtag Twitter est né à la suite des révélations portant sur Cambridge Analytica. Dans la nuit du mardi 20 mars, Brian Acton, co-fondateur de WhatsApp –société vendue à Facebook pour seize milliards d’euros– l’a twitté, précédé de ces mots: «Il est temps». Le hashtag a soudain pris des airs de mouvement.

    Brian Acton@brianacton

    It is time.

    Informations sur les Publicités Twitter et confidentialité

    Supprimer Facebook est un instinct bien compréhensible. Le faire d’un coup sec, comme un sparadrap qu’on arrache. Redécrocher son téléphone; appeler les gens. Utiliser Twitter ou Instagram –ce dernier appartient à Facebook, mais bon, il est principalement constitué de photos de voyage ensoleillées. Écrire une lettre, comme au bon vieux temps! Parler à ses voisins! Remplir le vide social d’une manière ou d’une autre, mais laisser Facebook derrière soi, pour de bon. Ce serait visiblement la solution la plus logique: toute personne en colère contre Facebook ferait mieux de changer de crémerie.

     

     

    Je comprends cette réaction –mais j’estime également qu’il s’agit d’une réaction injuste: supprimer Facebook relève du privilège. Ce réseau social s’est spécialisé dans de nombreux domaines, si bien que pour d’innombrables personnes, l’abandonner tout à fait s’avérerait autodestructeur. Ces personnes méritent d’être mieux traitées. Ce scandale ne doit pas nous faire fuir. Nous devons exiger l’avènement d’un meilleur Facebook.

     

     

     

    J’ai moi-même fait une croix sur Facebook, il y a quelques années. J’ai toujours un compte, mais je n’y retourne que par curiosité, pour poster un article ou pour donner quelques nouvelles. Je n’ai pas téléchargé l’appli mobile, et je ne vais sur le site qu’une fois par semaine environ. Seulement, je pouvais me permettre de quitter Facebook.

    Cette décision n’a pas été sans conséquences négatives. J’ai perdu de vue certains amis. Je ne sors plus beaucoup et je rate des événements sympas. Je ne fais plus vraiment partie des différentes scènes culturelles locales. Je rate des occasions de voir de vieilles connaissances lors de leurs passages en ville. À l’époque où je promouvais des vernissages et où je réservais des places de concerts, je créais systématiquement des événements Facebook; si je recommençais, il me faudrait à nouveau passer par Facebook. Cette mise en retrait m’a reposé l’esprit –mais tout le monde ne peut pas se permettre d’en faire autant.

     

     

    Contrairement au fait d’abandonner la télévision hertzienne et la radio, qui sont elles aussi gratuites –si l’on excepte le coût d’avoir à endurer la publicité, le fait d’abandonner Facebook revient à vivre une vie beaucoup plus solitaire. Facebook, c’est vos amis, votre scène culturelle, votre communauté; pour de nombreuses personnes, Facebook est en train de devenir internet en lui-même, et internet est en train de devenir Facebook.

    En supprimant Facebook, votre entreprise aura peut-être plus de mal à trouver des clients. Votre famille refusera peut-être de changer de réseau social. Personne ne crée d’événements ailleurs. Pour de nombreuses personnes, le fait d’abandonner Facebook est tout bonnement inimaginable.

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    Effet de réseau et dépendance

    C’est ce qu’on appelle l’effet de réseau –une sorte de monopole naturel. La migration vers un autre réseau social ne fonctionne que si suffisamment de personnes acceptent de le faire. Autrement dit, si vous désirez avoir une vie sociale, si vous voulez pendre part à des discussions politiques, si vous souhaitez promouvoir votre travail… Facebook demeure votre unique option viable.

     

     

    Lorsque j’ai fait une croix sur Facebook côté vie personnelle, j’ai dû continuer de l’utiliser côté professionnel: les médias ont besoin de Facebook, eux aussi. Une énorme proportion de mon lectorat trouve mes articles via Facebook –et si ces personnes les apprécient, elles peuvent les partager au même endroit.

    Je dépendais déjà professionnellement de Facebook avant d’être journaliste. Lorsque je militais pour défendre la vie privée en ligne et lutter contre la surveillance numérique au sein de l’Electronic Frontier Foundation, nous postions nos billets de blog et nos événements… sur Facebook –c’était même l’un de nos principaux vecteurs de communication.

    Mes emplois précédents fonctionnaient de la même manière. Chaque campagne, chaque projet que j’organisais devait être présent sur Facebook. Avant l'arrivée du réseau social, les militants envoyaient beaucoup d’emails et passaient de nombreux coups de téléphone. Ça fonctionnait, mais lorsque tout le monde s'est mis à rejoindre Facebook, nous avons dû y passer nous aussi. Faire le contraire, c’était prendre le risque de devenir invisible.

     

     

    C’est la même chose pour les petites entreprises: parfois, la page Facebook est la seule présence en ligne d’une enseigne. Si vous ne travaillez pas dans le domaine du service et que vous n’avez pas pignon sur rue, Yelp ne sera pas forcément adapté à votre commerce. Malgré tous ses points noirs, Facebook est devenu un mal nécessaire pour de nombreuses personnes, qui ne peuvent se permettre de faire sans, personnellement comme professionnellement.

     

     

    Dans les pays où le numérique est peu présent, Facebook constitue souvent une porte d’entrée vers l’ensemble d’internet. Le programme Free Basics de Facebook est en place dans soixante-trois pays et municipalités en Afrique, en Asie et en Amérique latine; il offre un accès libre à Facebook et à une poignée de sites partenaires –il est toutefois impossible d’accéder aux autres sites ou à ses emails. Pour ces utilisateurs, Facebook est peu ou prou synonyme d’internet.

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    Mauvais message

     

     

     

    Mais allez-y, supprimez Facebook, si vous pouvez vous le permettre. Cette firme ne mérite sans doute pas votre confiance et votre participation; en la mettant de côté, vous aurez plus de temps libre à consacrer à de meilleures occupations. Mais si vous ne pouvez pas lui tourner le dos, vous n’avez pas à vous en vouloir.

    C’est pour cette raison que #DeleteFacebook est un mauvais message: il sous-entend qu’il s’agit simplement d’un choix relevant du consommateur. En réalité, toute solution au problème sous-jacent devra venir de Facebook lui-même –modifier le service pour que ses utilisateurs se sentent en sécurité– ou du gouvernement –qui devra peut-être intervenir pour pointer du doigt le système commercial de Facebook dans son ensemble.

     

     

    Si vous pensez que Facebook mérite d’être supprimé en raison des griefs évoqués ci-dessus, alors appelez vos élus pour qu’ils encadrent le fonctionnement de cette firme et celui d’autres entreprises –comme Google, qui récolte nos informations personnelles pour vendre des publicités adaptées à nos recherches en ligne. Ces sociétés n’ont aucune intention de s’auto-réglementer; la chose est de plus en plus évidente. Par ailleurs, des sujets comme la vie privée, la sécurité et le bien-être des utilisateurs sont particulièrement importants pour les personnes qui ne peuvent se permettre d’abandonner Facebook.

     

     

    Les États-Unis ne disposent d’aucune loi fédérale exhaustive régissant la vie privée en ligne. En attendant, ces sociétés comptent aujourd’hui parmi les entités les plus puissantes et les plus riches de notre planète –et ce en grande partie parce que leur collecte de données est peu réglementée. Plus nous apprendrons de détails sur cette surveillance orchestrée par les entreprises, plus il deviendra difficile d’éluder la question.

    Il y a quelques mois à peine, des journalistes ont appris que Facebook autorisait les publicitaires à cibler les utilisateurs à partir de mots clés offensants, tel que «déteste les juifs» ou «comment brûler les juifs». Facebook savait que Cambridge Analytica avait obtenu les données de dizaines de millions d’utilisateurs de manière non réglementaire, et il ne l’a jamais annoncé publiquement. Il a fallu attendre deux années –et que des équipes de journalistes consacrent des dossiers exposant l’envergure nauséabonde de l’affaire– pour que le réseau social se décide enfin à passer aux aveux.

     

     

    Si vous avez décidé de supprimer Facebook, je suis donc de votre côté –mais seulement jusqu’à un certain point. Parce qu’en tant qu’utilisateurs et citoyens de Facebook, il est aussi de notre devoir de plaider pour une plateforme plus sûre, pour toutes les personnes qui ne peuvent se permettre d’en sortir.

     

     

  • De l'amour

    " Il nous faudra bien répondre à notre véritable vocation, qui n'est pas de produire et de consommer jusqu'à la fin de nos vies, mais d'aimer, d'admirer et de prendre soin de la vie sous toutes ses formes."

    Pierre Rabhi


     

    Ils sont nombreux ces philosophes, ces sages, ces "sauvages" perdus dans leurs forêts tropicales, leurs montagnes, leurs déserts, ils sont nombreux ces humains à expliquer que rien de bon n'adviendra à l'humanité tant qu'elle traitera les animaux et la création entière comme des "choses" secondaires.

    Même les gens qui disent aimer la nature n'aiment bien souvent que leur jardin et leur animal de compagnie mais ils continuent à manger de la viande, à manger des poissons, à consommer sans modération, inconscients de tout ce que leurs actes produisent de souffrances.

    Non, il est impossible, absolument impossible d'aimer la nature comme un simple moment d'apaisement, un terrain de jeu, un outil, une opportunité dont il faut "profiter", une ressource, il est absolument impossible d'aimer la Terre comme un simple terrain d'exploitation, une source de profit et de plaisirs.

    Je ne supporte plus ce mensonge planétaire. 

    J'en ai assez d'analyser l'étendue du désastre, l'immensité de cette dévastation. 

    Qu'est-ce que ça m'apporte ? Quel impact ce que j'en dis peut-il avoir ?

    Rien, assûrément. 

    J'ai mangé de la viande pendant cinquante ans.

    J'ai consommé sans trop réfléchir, sans même chercher à savoir, à connaître la vérité.

    Je me suis contenté de "suivre".

    Et maintenant ?

    J'écris, je partage des articles et je cherche à limiter, limiter, limiter encore mon impact. 

    Et je sais que finalement, il n'y aura qu'une fois mort que je ne participerai plus à ce désastre.

    Que je ne revienne pas, surtout.

    Qu'il me soit épargné de vivre de nouveau ce conflit intérieur.

    Car pour écrire ceci, j'ai utilisé l'électricité nucléaire, j'ai utilisé un ordinateur contenant des terres rares, j'ai contribué à l'envoi à travers les océans de milliards de produits manufacturés.

    Alors, avant d'éteindre, je regarde l'amour.

    Chez les animaux.

    L'amour réel, puisqu'eux ne détruisent rien. 

     

     

     

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