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  • L'inquiétude moderne

    "A mesure qu'on va vers l'Ouest, l'agitation moderne devient de plus en plus grande, si bien qu'aux yeux des Américains, les habitants de l'Europe représentent un ensemble d'êtres, amis du repos et du plaisir, tandis qu'en réalité, ils vont croisant leur vol continuel comme des abeilles et des guêpes. Cette agitation est si grande que la culture supérieure n'a plus le temps de mûrir ses fruits : c'est comme si les saisons se succédaient trop rapidement. Par manque de repos, notre civilisation court à une nouvelle barbarie. A aucune époque, les gens actifs, c'est à dire les gens sans repos, n'ont été plus estimés. Il y a donc lieu de mettre au nombre des corrections nécessaires que l'on doit apporter au caractère de l'humanité, la tâche de fortifier dans une large mesure l'élément contemplatif. Quand ton regard aura pris assez de force pour voir le fond dans la fontaine sombre de ton être et de tes connaissances, peut-être aussi, dans ce miroir, les constellations lointaines des civilisations de l'avenir te deviendront visibles. "

    Nietzsche.


    Je me permets de rappeler les dates : Nietzsche : 1844-1900.

    Il y a de quoi réaliser à quel point la philosophie ne représente plus rien. En dehors des sphères intellectuelles. C'est à dire le néant.

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  • Moebius

    Il faisait partie des Plus Grands Vivants.

    Maintenant, il appartient aux Plus Grands Eternels.

    Moebius est parti. Ses dessins restent.

     

    http://www.lemonde.fr/culture/article/2012/03/10/six-dessins-de-moebius-par-lui-meme_1656011_3246.html

    Les dessins de Moebius par lui-même

    LEMONDE.FR | 10.03.12 | 14h05

    Il n'est jamais trop tard pour corriger une injustice. Géant incontestable de la BD mondiale, icône vivante pour plusieurs générations d'auteurs, défricheur insatiable de nouveaux horizons, Jean Giraud n'a, étonnamment, jamais eu les honneurs d'une exposition à la mesure de son aura.

    Celui que l'on peut considérer comme "le plus grand auteur français de bande dessinée en activité" a certes vu son travail accroché dans de nombreux festivals spécialisés, en France comme à l'étranger. Il lui est également arrivé de faire des incursions dans le monde de l'art contemporain par le biais d'expositions collectives. Mais de grande rétrospective dédiée à lui seul, jamais !

    La faute, diront certains, au mépris avec lequel les réseaux culturels institutionnels ont toujours traité la bande dessinée. La faute aussi, sans doute, au brouillage de pistes sciemment organisé par Jean Giraud lui-même, l'homme aux deux pseudonymes : Gir, avec lequel il a dessiné la série western Blueberry dans une veine réaliste ; et Mœbius, versant fantastique et onirique de sa dualité, incarné à travers les personnages d'Arzach, de l'Incal ou encore du Major.

    MÉTAMORPHOSE

    Quelle que soit sa vocation, l'exposition que lui consacre la Fondation Cartier à partir du 12 octobre ne fait pas, en tout cas, dans la demi-mesure : plus de 400 pièces balayant 50 ans de carrière – dessins, peintures, croquis, ektachromes… - envahissent l'espace du boulevard Raspail jusqu'au 12 mars.

    Le thème retenu, car il en fallait un face à l'énormité du fond proposé par l'artiste âgé de 72 ans, est celui de la métamorphose, un sujet omniprésent dans son œuvre. La curiosité la plus attendue est la projection du tout premier film d'animation réalisé (en 3D) par Mœbius : un court-métrage de 10 mn, inspiré d'une histoire peu connue, La Planète Encore. Là est une autre singularité du co-créateur du magazine Métal Hurlant : malgré de nombreuses collaborations ponctuelles dans le cinéma (auprès de Luc Besson, James Cameron, René Laloux, Steven Lisberger…), jamais Gir/Mœbius ne s'était essayé à la réalisation avant cela.

    Alors que sort opportunément en librairie une suite à Arzach - 35 ans après le choc créé par le premier album, entièrement muet - Le Monde Magazine a demandé l'impossible à son créateur : choisir, et commenter, six de ses dessins exposés à la Fondation Cartier. Moebius par Giraud, en quelque sorte. Et vice-versa.

    • Les animaux de Mars

    "Ce dessin est issu d'un petit carnet que ma maison d'édition (Mœbius Productions) va bientôt publier. Ce travail part d'un postulat selon lequel le geste inconscient participe de la création. Le jeu consiste ainsi à prendre une plume et à jeter sur une feuille des traits nettoyés de toute intention, en essayant le plus sincèrement possible de n'avoir aucun but.

    Je me retrouve alors devant une sorte tâche de Rorschach, les conditions du hasard ayant été créées en jouant avec ma propre main, voire en fermant les yeux ! Ce n'est qu'ensuite que je reprends ma raison, et mon savoir-faire, pour tirer une forme de ces lignes. Après quelques dessins, l'idée est apparue que j'avais créé des animaux fantastiques. Je les ai localisés sur Mars car cette planète a souvent servi d'écran de projection à l'imaginaire."

    • Blueberry

     

    Blueberry.

    BlueberryMoebius / Fondation Cartier

    "Le cinéma est le réservoir d'images de Blueberry. J'ai toujours essayé, dès mon plus jeune âge, de faire du cinéma sur papier. Quand je travaille sur cette série, une musique très symphonique va jusqu'à jouer dans ma tête - genre Dimitri Tiomkin ou Maurice Jarre.

    Concernant le personnage, je lui ai donné les traits de nombreux acteurs à la mode de films d'action : Belmondo bien sûr, mais aussi Bronson, Eastwood, Schwarzenegger… J'ai même utilisé Keith Richards (le guitariste des Rolling Stones) ou Vincent Cassel (qui a campé le rôle de Blueberry au cinéma). A chaque fois, je rajoutais un nez cassé, ainsi qu'une coupe de cheveux à la Mike Brant ! Beaucoup de réalisateurs m'ont également inspiré. Blueberry doit beaucoup à Sam Peckinpah (La Horde sauvage m'a bouleversé). Il y a aussi du Sergio Leone chez lui. Mais pour ce qui est de son amitié avec les Indiens, je suis plus proche de John Ford qui, toute sa vie, a été écartelé entre le machisme blanc de la conquête de l'ouest et la conscience qu'il avait des minorités opprimées."

    • Arzach

     

    Arzach.

    Arzach.Moebius / Fondation Cartier

    "Arzach est l'enfant fécond de la création de Métal Hurlant. Plusieurs raisons m'ont conduit à lui redonner vie à travers un nouvel album. D'abord, Arzach a formulé de lui-même une demande implicite d'exister en débarquant dans Inside Mœbius, le journal intime où je me mets en scène avec mes personnages. Vient ensuite le fait d'une logique éditoriale : ma petite maison d'édition, qui réalisait jusque-là des publications somme toute confidentielles, a décidé de passer à quelque chose de plus orthodoxe, dans l'espoir que cela nous permette d'en vivre car pendant des années Blueberry a été le sponsor personnel de Mœbius.

    Si j'ai décidé à faire parler Arzach dans ce nouvel album alors qu'il était muet dans le premier, c'est que le contexte n'est plus le même. A l'époque, Métal Hurlant vivait constamment dans le danger de mourir. Nous ne savions jamais si nous allions sortir le numéro suivant. La garantie de l'étonnement éditorial était notre propre étonnement. D'où ce personnage sans parole ni référence culturelle que je faisais le soir après le boulot – après Blueberry, quoi. C'était une façon d'être provocant. Il était impossible, 35 ans plus tard, de reconstituer artificiellement le même environnement."

    • Inside Mœbius

    "Mon ambition, à travers ce récit introspectif dessiné sans crayonné est d'arriver à cette leçon que nous donne à tous Wolinsky. Quand je l'ai connu, celui-ci dessinait de manière très besogneuse. Jusqu'au jour où il s'est complètement libéré en se disant : je vais dessiner comme on écrit, sans préoccupation graphique et avec le souci d'être "parlant".

    Ce nettoyage très soixante-huitard de l'esthétique m'a bien plu. C'est ce que j'ai essayé de faire dans ce journal intime, en ajoutant délibérément une touche d'humour. Il y a pourtant toujours eu de l'humour dans mon travail, mais un humour clandestin – un peu comme chez quelqu'un qui devrait être sérieux et ne peut pas s'empêcher de glisser des blagues en espérant que ça ne va pas être vu. Dans Inside, je cite des auteurs de référence, comme Gotlib ou Edika, en m'accusant de vouloir me mesurer à ces géants. C'est aussi un moyen de m'avouer à moi-même que j'ai l'esprit assez potache."

    • Les carnets du Major

    La chasse au major.

    La chasse au major.Moebius / Fondation Cartier

    "Cette bande dessinée pleine de délire et de divagation a été réalisée sur une période de dix ans avec parfois de longues périodes de jachère au milieu. Elle a été faite, également, de manière totalement improvisée, case après case, un peu à la manière d'un musicien de jazz devant créer une tension entre la rigueur d'une ligne mélodique établie et une libération absolue de cette même ligne.

    J'aime beaucoup procéder ainsi : faire un premier dessin sans idée préconçue et sans l'idée d'en faire un deuxième derrière ; le deuxième dessin peut alors être en totale contradiction avec le premier ou sa continuation sous un autre angle, peu importe. Je vois cela comme un jeu de reconstitution où l'inconnu ne viendrait pas du passé mais de l'avenir. On peut évidemment relier cette archéologie à rebours à l'inconscient, mais aussi à ce que l'on décrit dans les états de transe ou dans l'étude de la mère de toutes les religions, la religion chamanique. Le Major, qui n'est autre qu'un avatar de moi-même, est le fruit de cette réflexion que j'applique modestement en faisant des petits Mickeys."

    • La Planète Encore

     

    La planète encore.

    La planète encore.Moebius / Fondation Cartier

    "Cette image de synthèse est tirée de mon tout premier film d'animation en tant que réalisateur. J'ai été mêlé à plusieurs projets cinématographiques en tant que réalisateur dans le
    passé mais aucun n'a vu le jour. Je ne dirais pas que le cinéma m'a laissé au bord du chemin.
    C'est plutôt moi qui l'ai laissé passer. Cela aurait été à moi de m'investir sérieusement en tant que producteur, comme je l'ai fait avec ce court-métrage. Il est malheureusement difficile d'avoir plusieurs vies simultanément.

    Faire du Mœbius sans la moindre concession tout en continuant Blueberry demande déjà un investissement interne considérable. Je me tire d'ailleurs le chapeau car j'ai réussi à me trahir sans me quitter… Bref, je n'avais pas de place à accorder au cinéma. Pour se lancer dans le cinéma, il faut être Cortez : brûler ses vaisseaux et ne plus rien avoir d'autre à faire."

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  • Égrégore (2)

    Gurdjieff l'avait évoqué. La plus dangereuse mécanisation consiste à être soi-même une machine.
     

    Au Japon, le drame humain lié au tsunami et à la radio activité est inimaginable, certains quartiers de Tokyo sont plus irradiés que Tchernobyl... Le traumatisme est effroyable, mais je ne parviens pas à comprendre comment l'humain peut en arriver là... Il me semble que cette cassure entre l'humain et la nature est absolue, qu'il existe désormais une négation complète de l'univers du vivant et je ne vois pas la nature comme responsable de quoi que ce soit.

    C'est la mécanisation de l'existence qui porte en elle les causes de ce désastre. Une certaine forme de folie, d'aveuglement qui consiste à penser que l'homme est au-dessus de tout, qu'il possède le pouvoir, jusqu'à en oublier les lois naturelles. Construire des villes dans des fonds de vallée, en bord de mer, dans un pays sujet aux pires séismes, pour développer des industries, nucléaires ou autres, accroître les richesses, pousser les individus dans une voie unique de profits, sans garder à l'esprit que tout peut disparaître en quelques instants, c'est mener les hommes à la mort.

    Le Japon s'est construit dans cette voie. Les individus sont mécanisés, extraits de leur lien avec la nature, ignorant des réalités, envoûtés par une idée de croissance agissant comme un aimant. Tout miser sur l'énergie nucléaire dans un pays sujet aux séismes...C'est consternant. Développer des villes côtières sans aucune protection contre les tsunamis, c'est hallucinant. Non seulement, la nature est ignorée mais la vie humaine elle-même est bafouée. Rien ne compte en dehors de cette course à la croissance.

    On joue avec des allumettes parce qu'on a construit des camions de pompiers. On est dans l'absurde.
     

    Tout aussi absurde d'ailleurs de ne plus parler du Japon aujourd'hui, comme si tout cela devait être effacé des mémoires, que seuls les Japonais étaient concernés. 
     

    Les humains sont donc de véritables machines travaillant seulement sous la pression d'influences extérieures.

    Les gouvernants, eux-mêmes, sont des machines. Ils ne sont pas des conducteurs de machines. Ils vivent eux aussi sous les influences d'égrégores qui les dépassent.
     

    Un égrégore est, dans l'ésotérisme, un concept désignant un esprit de groupe, une entité psychique autonome ou une force produite et influencée par les désirs et émotions de plusieurs individus unis dans un but commun. Cette force vivante fonctionnerait alors comme une entité autonome. Le terme, apparu dans la tradition hermétiste, a été repris par les surréalistes, qui l'ont chargé d'un fort potentiel subversif.
     

    Autant cet égrégore peut avoir un effet positif lorsqu'il est associé à une élévation spirituelle, autant il peut devenir la source d'un conditionnement lorsque des intentions perverses le sous-tendent...
     

    Les connaissances qui sont développées depuis la révolution industrielle ne sont pas attachées à une voie spirituelle mais à une mécanisation des individus. La croissance est l'intention première.

    La médecine, par exemple, est de la mécanique. L'aspect holistique de l'homme est ignoré.

    La psychologie qui ne fonctionnerait pas en systémique est de la mécanique. Et encore doit-elle prendre en considération le sous-développement spirituel de l'individu.

    L'environnement est d'ailleurs un mot très révélateur dans l'usage qu'on en fait actuellement. On considère à travers ce terme que la nature nous environne, ce qui revient à dire que nous n'en faisons pas partie, que nous nous en sommes extraits, que nous sommes des entités à part. L'environnement est ce qui est extérieur à nous. Consternant. Nous sommes l'environnement étant donné que nous sommes autour de nous-mêmes et non à l'intérieur...

    On voit ce que cette "philosophie" donne avec l'exemple de la catastrophe au Japon. Et il est évident que nous allons entendre des "machines" accuser la nature d'être cruelle. C'est logique dans ce fonctionnement. Il faut un coupable. Et c'est la nature. Puisqu'elle est la seule vivante et que nous sommes des machines malmenées par sa violence. Effrayant.

    Combien de fois j'ai entendu des journalistes dire : "La montagne a tué" lorsque des alpinistes ou des skieurs sont emportés. Comme si la montagne avait eu une intention...Comme si ce tsunami était responsable de ces milliers de morts...On regarde la situation à l'envers.

    C'est un drame humain qui concerne des machines. C'est ça la première catastrophe. C'est ce que l'homme est devenu le plus dramatique.

    Nous sommes notre propre environnement parce que nous vivons dans une agitation mécaniste qui nous a privé de notre propre centre. Nous ignorons jusqu'à l'existence du noyau.
    Là où l'expression écologiste est encore plus absurde, c'est lorsque nous prenons en considération le fait que chacun de nos actes a une influence sur nous-mêmes en portant atteinte à l'environnement. Nous sommes impliqués dans cet environnement que nous voyons comme extérieur. Il n'y a pas d'extérieur. Il n'y a qu'une bulle existentielle dans laquelle chaque individu est relié, chaque être vivant, chaque phénomène nourri par le flux vital. Lorsque nous comprendrons que la disparition des orangs-outans est une atteinte à nous-mêmes, nous comprendrons qu'il n'y a pas d'environnement mais une unité absolue.

     

    Les scientifiques dénoncent l'acidité de plus en plus forte des océans et des dangers immenses que cela fait courir à toute la chaîne alimentaire. Comment est-il possible que les humains en viennent à ignorer la source de toute la vie ? L'Océan... La Source de vie.

    Sommes-nous donc condamnés à être des assassins jusqu'à ce qu'il n'y ait plus rien ?

  • Philosenfants (école)

    Je suis toujours aussi ébahi par l'intérêt extraordinaire des enfants pour des questions à visées philosophiques. Je pourrais passer des journées entières à parler avec eux, de tout ce qui les touche et qu'ils ne parviennent pas à exprimer parce qu'ils ne sont pas assez sollicités, parce qu'ils ne sont pas assez amenés à observer ce qui se passe en eux, parce que le monde adulte ne considère pas assez que leur interrogations silencieuses méritent d'être écoutées, partagées, assouvies, parce que l'aspect cognitif de l'école se doit d'être mis en avant, qu'ils doivent réussir leurs "études"...

    Mais c'est la Vie en soi qu'il faut étudier !

    Et amener par mimétisme des enfants à penser que les questions existentielles sont des pertes de temps qui disparaîtront avec l'âge adulte est une condamnation de l'individu.

    On a parlé du "désir mimétique" aujourd'hui. Une heure à analyser les comportements associés à la dérive des individus qui se perdent dans des "conflits" d'ego et des actvités insignifiantes.

    "Les gens ne devraient pas tant penser à ce qu'ils doivent faire mais bien davantage à ce qu'ils doivent être". Maître Eckhart.

    Une élève a lu ce texte affiché au mur de la classe, parmi d'autres, et elle a demandé ce que ça signifiait. Elle avait elle-même la réponse d'ailleurs. Il a juste suffi que je la mette sur la voie et qu'elle sente qu'elle pouvait exprimer ce qu'elle portait. 

    "Si tu n'es pas toi-même, qui pourrait l'être à ta place ?" Henry David Thoreau.

    Toujours le même chemin de lucidité, toujours ces textes et citations philosophiques qui tapissent les murs de la classe et qui sont bien plus importants que les tables de multiplication ou les règles d'orthographe.

    C'est parce qu'ils peuvent échanger, interroger, partager, raconter, explorer les émotions associées à toutes ces questions vitales qu'ils sont disponibles ensuite pour apprendre ce qu'ils doivent acquérir pour continuer à progresser "scolairement".

    Toujours cette impression qu'en concentrant le travail à son aspect cognitif, en bridant l'aspect existentiel, nous formons des jarres en ignorant la qualité des nourritures qu'elles transportent. Le contenant et le contenu...Est-ce que le fait de "juger" de la qualité scolaire d'un enfant, je suis capable de "juger" de la qualité humaine de l'enfant ? Absolument pas.

    Je rencontre tous les ans des enfants qui sont "performants" scolairement et qui sont perdus dans leur connaissance d'eux-mêmes, qui ne sont pas capables d'établir durablement cette observation de leur fonctionnement et qui sont juste "soumis" ou formatés à des réponses liées à des apprentissages techniques. Mais dès que j'aborde avec eux des discussions d'ordre existentiel, il n'y a plus personne. Comme un gouffre immense qui souvre en eux et que les savoirs scolaires ne peuvent combler. Ils ne savent pas ce qu'ils font, ils ne savent pas ce qu'ils vivent, ils sont vécus...

    D'autres sont en conflit permanent avec d'autres enfants ou d'autres adultes, n'ont aucune limite, aucune conscience morale, tout leur est permis, ils n'ont aucun regard sur leur attitude et se laissent aller à toutes leurs impulsions.

    "Vérifie toujours à chaque instant, que tes pensées, tes choix, tes décisions et tes actes sont à l'image de la personne que tu es et de celle que tu veux être. "

    Toujours les amener à établir cette vigilance envers ce qu'ils font afin que ça corresponde à ce qu'ils veulent être. Bien souvent, ces enfants-là se placent en "victimes", essaient de justifier leurs actes, renvoient la faute sur les autres et sont incapables d'observer ce qu'ils ont déclenché. Ils n'en voient que les effets. Qu'on ne vienne pas me dire que ce travail d'exploration de l'individu est du temps perdu. C'est long à mettre en place et j'ai parfois l'impression d'un travail inutile...Je me force à oublier l'intention et j'accepte l'idée des errances.

    Je sais bien aussi que le collège ne proposera pas ce genre de "développement personnel" parce que le système ne le permet pas, que l'organisation est beaucoup trop rigide et que les professeurs vivent eux aussi une pression beaucoup trop importante pour qu'ils s'autorisent ce genre de travail.

    J'entends parfois d'anciens parents d'élèves me dire que la transition avec le collège est vraiment très difficile pour leur enfant, que la pression scolaire est énorme et que tout le reste est rejeté. La prise en considération de l'individu est quasi inexistante. Les rébellions se multiplient, les échecs s'installent. Quand je reçois dans ma classe d'anciens élèves, je suis effaré de ce qu'ils racontent...L'impression qu'ils montent au "front", qu'ils y sont en danger.

    Je ne comprends pas ce déni de l'existence...Comment peut-on envisager participer à la construction du contenant si le contenu ne devient qu'un poison qu'il faut ingérer de force. Le contenant sera immanquablement "souillé", avili, dégradé étant donné qu'il est intoxiqué par le gavage permanent qu'il subit.

    Quand je regarde la population obèse américaine, j'ai une image matérielle de ce contenant perverti par le contenu ingéré. Malbouffe, malculture, malexistence. Un résumé effroyable de combien d'existences...

    Que l'école participe à cette extinction des élans existentiels des enfants me désole au plus haut point. Un mal qui me ronge.

    Le ministre actuel veut instaurer une "morale laïque". Bien, mais de quoi s'agit-il ? Une nouvelle matière, avec un programme, des évaluations, toujours le fonctionnement compétitif, comparatif ? Mais dans ce cas-là, on travaille à l'envers. On réduit l'humain encore une fois, on ne le porte pas, on l'encadre, on ne l'élève pas, on le formate. Cette "morale", je la nomme philosophie existentielle et elle est constante, elle n'appartient pas à un horaire, à un cadre précis, elle est à la source de tout ce qui se passe en classe. Je ne l'évalue pas par une norme chiffrée et qui serait inévitablement subjective mais juste par le bonheur que les enfants éprouvent à être là, à se grandir grandir, à s'observer, à oeuvrer à ce bonheur de la vérité en eux.

    Le reste ne sera jamais et encore qu'un conditionnement et le résultat sera encore et toujours la disparition de l'individu. Les gouvernants s'imaginent que l'école participe à l'émergence des citoyens. Vaste fumisterie. Il n'y a pas de citoyens quand il n'y a pas, a priori, d'individus.

    Il n'y a qu'une masse inconsciente qui noie ses errances intérieures dans les possessions matérielles et l'insignifiance. 

    Beaucoup s'en contentent. Certains se révoltent. Beaucoup aussi en meurent.

     

  • L'Islande

    Faut vraiment que j'aille faire un tour là-bas...

     

    http://fr.news.yahoo.com/lislande-juge-son-ancien-premier-ministre-pour-la-154342299.html

     

    REYKJAVIK (Reuters) - Le procès de l'ancien Premier ministre islandais Geir Haarde s'est ouvert lundi, dans ce qui semble être un cas unique au monde de poursuites engagées contre un responsable politique pour la crise financière de 2008.

    Le Parlement islandais s'est prononcé en 2010 en faveur de la comparution de Geir Haarde devant une cour spéciale qui n'avait jamais été saisie depuis sa création en 1905.

    L'ancien chef du gouvernement, de 2006 à début 2009, est accusé de manquements manifestes pour son incapacité à prendre des mesures susceptibles d'éviter l'effondrement du système bancaire islandais fin 2008. Il lui est aussi reproché son inaction face aux banques, qui ont gonflé leurs bilans jusqu'à un niveau représentant neuf fois la taille de l'économie du pays dans les années précédant la crise.

    Geir Haarde, qui dément les accusations portées à son encontre, risque deux ans de prison en cas de condamnation.

    "Aucun d'entre nous n'avait réalisé à l'époque que quelque chose clochait au sein du système bancaire lui-même, comme il semble désormais que cela fut le cas", a-t-il répondu lundi au procureur spécial chargé de l'enquête.

    Après des années d'expansion par endettement, les principales banques d'Islande se sont écroulées fin 2008 lorsque la faillite de Lehman Brothers a gelé les échanges internationaux de liquidités entre établissements.

    Elles ont été secourues par des fonds publics et l'Islande a dû emprunter environ 10 milliards de dollars auprès du Fonds monétaire international (FMI) et d'autres créanciers.

    Omar Valdimarsson, Bertrand Boucey pour le service français

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  • Aux enseignants et parents d'élèves

    Un arrêté rédigé par le ministère dans l'urgence au lendemain des élections professionnelles de 2011 dont le taux de participation a été très faible.
     EXTRAIT DU PROJET DE B.O.
      Enseignements élémentaire et secondaire
      Vacances scolaires
      Calendrier scolaire des années 2013-2014, 2014-2015 
      Article 1 - Le présent arrêté fixe le calendrier scolaire national des années 2013- 2014 et 2014-2015.
      Article 2- L'année scolaire s'étend du jour de la rentrée des élèves au jour  précédant la rentrée suivante. 

      Annexe 1
    > > > > > Année scolaire 2013-2014
    > > > > > Périodes Zone A Zone B Zone C
     Début des vacances d'été des élèves Samedi 12 juillet 2014

     Début des vacances d'été des enseignants (*) Samedi 19 juillet 2014 
     
    A lire attentivement et à diffuser
     
    Objet : ce qui attend les profs : à faire suivre absolument
    > >

    Infos à lire et à suivre pour vérification....Tenons-nous prêts.
    A tous ceux qui ne se demandaient pas encore, « pourquoi est-ce que je fais ce métier déjà…….. ? »  au secours !!! Regardez ce qui nous attend :

      EXCLUSIVITÉ (information sous embargo)  :  Une source ministérielle préférant rester anonyme dévoile les premiers éléments du B.O. fixant les vacances scolaires à partir de l'année scolaire 2013-2014.

    > > Annexe 2
    > > > > > Année scolaire 2014-2015
    > > > > > Périodes Zone A Zone B Zone C
    > > > > > Rentrée des enseignants (**) Lundi 25 août 2014 Rentrée scolaire des élèves Lundi 1 septembre 2014 


    > >   (*) Huit demi-journées en juillet (ou un horaire équivalent), prises en dehors des  heures de cours, seront consacrées à l'aide personnalisée en direction des élèves présentant des difficultés.
    > >

      (**) quatre demi-journées fin août seront consacrées à l'accueil des stagiaires et des étudiants sur poste remplaçant
    > > deux demi-journées fin août seront consacrées à la préparation des évaluations de rentrée
    > > deux demi-journées fin août seront consacrées à de la télé formation          et pourtant nous ne sommes pas payés > > pendant les vacances...alors ils nous rajoutent du travail, ça veut dire qu'il faudrait qu'on paye pour travailler bientôt !!!
    > >

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    > >  IL FAUT REVOIR LE TEMPS DE TRAVAIL DES ENSEIGNANTS !

    LE DECRET DE 1950  EST VRAIMENT TROP VIEUX ! 
    > >  
    > > Actuellement, le temps de travail d'un enseignant de collège ou de lycée est de 18  heures par semaine. C'est, pour les professeurs certifiés, le seul élément fixe et clair  relatif au temps de travail qui leur est demandé. Il a été fixé par une décret datant de 1950. 
    > > Rendez-vous compte! 18 heures par semaines! Quel salarié ne voudrait pas travailler aussi peu pour d'aussi bons salaires? Comment le législateur a-t-il pu créer en 1950 un statut aussi avantageux? 
    > > En fait, ce temps a été conçu en prévoyant qu'un enseignant travaille 1,5 heures chez lui pour une heure devant élève afin de préparer ses cours, évaluer les élèves et actualiser ses connaissances dans sa discipline. Cela fait 18 fois 2,5 heures (1 devant  les élèves et 1,5 à la maison), soit 45 heures hebdomadaires. En effet, le temps de travail légal de l'époque s'il était légalement de 40 heures par semaine, était en réalité de environ 42 h par semaine, sur 50 semaines. Mais que s'est-il passé depuis pour les enseignants? Rien ! Alors que pour les autres salariés il y a eu la troisième semaine de congé payé en 1956, puis quatre en 1969. Les 40 heures réelles ont été atteintes au début des années 70 (elles étaient un droit depuis 1936). Mais ça n'est pas fini : il y a eu les 39 heures et la cinquième semaine en 1982,  puis les 35 heures en 2000. 

    En somme le temps de travail hebdomadaire pour les salariés a baissé de 25 %. Mais les enseignants doivent toujours le même service. C'est au moins un enseignant qui écrit cela vous dîtes-vous, en lecteur éclairé! Certes je l'avoue, je fais partie de ces privilégiés. Car, comment peut-on parler de temps de travail sans parler des vacances? Eh bien justement, le législateur a tout prévu et cela de deux façons. D'abord 45 heures dues quand les autres devaient 42, ça c'est pour les petites vacances (Toussaint, Noël...). Donc notre temps de travail était annualisé. 
    > >  Mais, et les deux mois d'été alors ? Là, c'est un tout petit peu plus compliqué. Certains enseignants ne le savent même pas, d'ailleurs. Cela se situe au niveau de la grille des salaires. Notre grille a été, elle aussi, fixée en 1950 au même niveau que les autres cadres de la fonction publique recrutés avec un concours au niveau bac + 3. Mais à cette grille, il nous a été retiré deux mois de salaires, puis le résultat a été divisé par 12. (Par exemple si un inspecteur des impôts est payé 2000 € par mois il recevra 24 000 € par an, alors que pour la même qualification, un enseignant recevra aussi 2000 €  par mois mais sur 10 mois, soit 20 000 € par an. Cette somme est ensuite divisée par 12 et donne 1667 € par mois). 
    > > Eh oui, chers lecteurs, les enseignants ne sont pas payés pendant les grandes vacances. 
    > > Oui bon d'accord, peut-être que nous ne sommes pas si privilégiés que cela concernant le temps de travail. Mais côté salaires, quand même, nous ne sommes pas à plaindre ! Eh bien soit, comparons. Nous sommes nettement en dessous de la moyenne des cadres du privé comme du public (qu'on nous prouve le contraire). Mais, à mes yeux, l'exemple le plus frappant de la dégradation de la valeur que la nation accorde à ceux  qui éduquent ses enfants est le suivant. Le salaire de départ d'un enseignant en 1970  était 2 fois supérieur au SMIC. Aujourd'hui, il n'est plus que 1,2 fois plus élevé. 
    > > Autrement dit si, comme le PS l'a écrit dans son projet, le SMIC augmentera de 25 % au cours des cinq ans à venir (et l'UMP l'a augmenté au même rythme annuel dès cette année), un enseignant débutant gagnera moins que le SMIC. 
    > > Faudra-t-il en arriver là pour que la société se rende compte de la dégradation de  notre situation ?

    Alors oui le décret de 1950 est vieux ! Il est vraiment temps de le toiletter comme le disent nos gouvernants !
    Mais dans quel sens ?
    > >  PS : Ce texte est libre de droits. Vous pouvez le faire circuler autant que vous le voulez.

    Christian LANNOY
    > >  
    ch.lannoy@gmail.com

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  • Le Loup et le Chien

    Merci à Françoise pour ce rappel de mes années d'école primaire.

    Qu'avons-nous fait du Loup en nous ?...

     

    La Fontaine.

    Un Loup n'avait que les os et la peau ;
            Tant les Chiens faisaient bonne garde.
    Ce Loup rencontre un Dogue aussi puissant que beau,
    Gras, poli, qui s'était fourvoyé par mégarde.
            L'attaquer, le mettre en quartiers,
            Sire Loup l'eût fait volontiers.
            Mais il fallait livrer bataille
            Et le Mâtin était de taille
            A se défendre hardiment.
            Le Loup donc l'aborde humblement,
        Entre en propos, et lui fait compliment
            Sur son embonpoint, qu'il admire.
            Il ne tiendra qu'à vous, beau sire,
    D'être aussi gras que moi, lui repartit le Chien.
            Quittez les bois, vous ferez bien :
            Vos pareils y sont misérables,
            Cancres, haires, et pauvres diables,
    Dont la condition est de mourir de faim.
    Car quoi ? Rien d'assuré, point de franche lippée.
            Tout à la pointe de l'épée.
    Suivez-moi ; vous aurez un bien meilleur destin.
        Le Loup reprit : Que me faudra-t-il faire ?
    Presque rien, dit le Chien : donner la chasse aux gens
            Portants bâtons, et mendiants;
    Flatter ceux du logis, à son maître complaire ;
            Moyennant quoi votre salaire
    Sera force reliefs de toutes les façons :
            Os de poulets, os de pigeons,
    ........Sans parler de mainte caresse.
    Le loup déjà se forge une félicité
            Qui le fait pleurer de tendresse.
    Chemin faisant il vit le col du Chien, pelé :
    Qu'est-ce là  ? lui dit-il.  Rien.  Quoi ? rien ? Peu de chose.
    Mais encor ?  Le collier dont je suis attaché
    De ce que vous voyez est peut-être la cause.
    Attaché ? dit le Loup : vous ne courez donc pas
        Où vous voulez ?  Pas toujours, mais qu'importe ?
     Il importe si bien, que de tous vos repas
            Je ne veux en aucune sorte,
    Et ne voudrais pas même à ce prix un trésor.
    Cela dit, maître Loup s'enfuit, et court encor.

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  • Comme c'est beau...

    En fermant les yeux...

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