"Ce ne sont ni la politique, ni les religions en place, ni l’accumulation de connaissances scientifiques qui vont résoudre nos problèmes — pas plus que les psychologues, les prêtres, les spécialistes.
La crise, elle est dans notre conscience, c’est-à-dire dans notre esprit, dans la manière que nous avons de considérer le monde sous un angle étriqué et limité.
C’est là qu’est la crise.
L’esprit humain a évolué sur des millions et des millions d’années, il est conditionné par le temps et l’évolution.
Un esprit conditionné de la sorte, avec la conscience étroite, limitée, exclusive qui est la sienne — considérant la crise qu’il traverse dans le monde actuel — peut-il jamais être changé ?
Peut-il amener un changement radical au sein de ce conditionnement ?"
La définition du cœur est complexe.
Pendant longtemps, les scientifiques l’ont défini uniquement comme un muscle ; le cerveau contrôlant tout le corps et le cœur n’étant qu’une pompe faisant circuler le sang. Puis, tout en gardant les propriétés d’un muscle, le cœur a été considéré comme une glande secrétant des hormones. Récemment, de nouvelles fonctions lui ont été attribuées par la découverte de neurones à l’intérieur de celui-ci. Cette découverte pourrait permettre de mieux comprendre, sans pour autant chercher à en donner une nouvelle interprétation.
En effet, d’un point de vue scientifique, nous savons maintenant qu’il existe une communication entre le cœur et le cerveau. Elle est en fait un dialogue dynamique, continu et bidirectionnel, chaque organe influençant continuellement la fonction de l’autre.
Le cœur communique avec le cerveau et le corps de quatre façons :
Communication neurologique (système nerveux)
Communication biophysique (pression des ondes)
Communication biochimique (hormones)
Communication énergétique (champs électromagnétiques)
Cette nouvelle évidence scientifique montre que le cœur utilise ces méthodes pour envoyer à notre cerveau d’importants signaux émotionnels et intuitifs. En accord avec cette compréhension du cœur en perpétuelle communication avec le cerveau, les scientifiques découvrent que nos cœurs pourraient être en fait la « force intelligente » derrière les pensées intuitives et les sentiments que nous éprouvons. Brièvement, voici la description des différents modes de communication.
1- Communication neurologique
Les neurologistes ont découvert qu’il y a plus de 40.000 cellules nerveuses (neurones) dans le cœur seul, ceci signifie que le cœur a son propre système nerveux indépendant, parfois appelé le cerveau dans le cœur.
Actuellement on considère que le nombre de connexions entre les neurones détermine l’efficacité du cerveau ; plus il y a de connexions, plus le cerveau est performant.
Il existe donc de sorte un cerveau dans le cœur. Quel est son rôle exactement ? Tout reste à découvrir, des recherches sont réalisées dans ce sens.
Deux études centrées au départ sur les interactions neurologiques démontrent que les signaux afférents que le cœur envoie au cerveau durant les émotions positives peuvent modifier activement le cerveau de plusieurs façons. Nous savons donc maintenant que le cœur a une influence sur le cerveau.
2- Communication biophysique
Un rythme cardiaque cohérent conduit à augmenter la synchronisation cœur-cerveau. Plus le cœur bat régulièrement, plus le cerveau est performant au niveau des fonctions de l’esprit (perception, langage, mémoire, raisonnement, décision, mouvement...).
3- Communication biochimique
Le cœur est la glande endocrine la plus importante du corps. En réponse à notre expérience du monde, il produit et libère une hormone majeure FAN - Facteur Atrial Natriurétique - qui affecte profondément chaque opération du système limbique, ou ce qu’on réfère comme étant le « cerveau émotionnel ». Le lien entre nos émotions et le cœur est ainsi dévoilé. On ressent les émotions au niveau du cœur, pourtant c’est au niveau du cerveau qu’elles sont gérées.
4- Communication énergétique
La communication énergétique du cœur est référée sous l’expression communication cardio-électromagnétique. Le cœur est le plus puissant générateur d’énergie électromagnétique dans le corps humain, produisant la plus grande partie du champ électromagnétique rythmique des organes du corps.
Cela signifie que le cœur a une grande influence sur les autres organes du corps.
Le champ électrique du cœur est environ 60 fois plus important en amplitude que l’activité électrique générée par le cerveau. Pourtant le nombre de neurones dans le cœur est nettement inférieur à celui dans le cerveau (40.000 neurones dans le cœur contre environ 100 milliards de neurones dans le cerveau).
Le cœur a un champ d’énergie électromagnétique 5.000 fois supérieur à celui du cerveau et ce champ peut être mesuré avec un magnétomètre jusqu’à 10 pieds au-delà du corps.
Une certaine recherche suggère que le champ du cœur est un porteur important d’informations. Les signaux électromagnétiques générés par le cœur transmettent une information qui peut être reçue par les autres et ont la capacité d’affecter les autres autour de nous.
Lorsque les gens sont touchés ou sont à proximité, le signal des battements du cœur est enregistré dans les ondes du cerveau de l’autre personne.
L’influence d’une personne sur une autre serait donc expliquée par un phénomène physique. Le cœur exerce sur son environnement une influence que l’on ne peut négliger.
La science avancera dans sa voie rationnelle et la spiritualité continuera à oeuvrer dans son espace. Dans dix mille ans, on en saura davantage.
Vous êtes déjà si misérables que vous ne pouvez le devenir plus. Quels genre d'homme doivent être les Européens? Quelle espèce de créature choisissent-ils d'être, forcés de faire le bien et n'ayant pour éviter le mal d'autre inspiration que la peur de la punition? (...) L'homme n'est pas seulement celui qui marche debout sur ses jambes, qui sait la lecture et l'écriture et montrer mille exemples de son industrie...
En vérité mon cher frère, je te plains du plus profond de mon âme. Suis mon conseil et devient Huron. Je vois clairement la profonde différence entre ma condition et la tienne. Je suis le maître de ma condition. Je suis le maître de mon corps, j'ai l'entière disposition de moi-même, je fais ce qui me plaît, je suis le premier et le dernier de ma nation, je ne crains absolument aucun homme, je dépends seulement du Grand Esprit.
Il n'en est pas de même pour toi. Ton corps aussi bien que ton âme sont condamnés à dépendre de ton grand capitaine, ton vice-roi dispose de toi. Tu n'as pas la liberté de faire ce que tu as dans l'esprit. Tu as peur des voleurs, des assassins, des faux-témoins, etc. Et tu dépends d'une infinité de personne dont la place est située au-dessus de la tienne. N'est-ce pas vrai ?"
Kondiarionk, chef Huron, s'adressant au baron de Lahontan, lieutenant français en Terre-Neuve
"Etre surdoué ne signifie pas être plus intelligent que les autres, mais fonctionner avec un mode de pensée, une structure de raisonnement différente. L'intelligence de l'enfant surdoué est atypique. C'est cette particularité qui rend souvent difficile son adaptation scolaire, mais aussi son adaptation sociale. C'est aussi grandir avec une hypersensibilité, une affectivité envahissante, qui marquent la personnalité."
Psychologue-clinicienne, spécialiste des surdoués, Jeanne Siaud-Facchin a été membre du laboratoire d'exploration fonctionnelle cognitive de l'hôpital de la Salpêtrière à Paris, puis attachée à l'Unité d'adolescents du Pr Rufo, à l'hôpital de la Timone à Marseille. Depuis une dizaine d'année, elle s'occupe des personnes surdouées, plus particulièrement des enfants. Elle a créé en 2003, à Marseille, CogitoZ, le premier centre français consacré à la prise en charge des troubles de l'apprentissage. Dans son cabinet, elle reçoit les familles, fait passer des tests de QI, explique aux parents les particularités de leurs enfants et les conseille. Jeanne Siaud-Facchin voit des enfants qui souffrent et elle juge ceci inacceptable : elle sait qu'un enfant surdoué peut être heureux et équilibré si on sait s'en occuper. Elle a publié chez Odile Jacob en 2002 "l'Enfant surdoué, l'aider à grandir, l'aider à réussir", en 2006 "Aider l'enfant en difficulté scolaire" et, en 2008, "Trop intelligent pour être heureux ? L'adulte surdoué" Elle a également postfacé "Trouble Tête" de Mathilde Monaque, témoignage sur la dépression écrit par une adolescente surdouée.
Quelques extraits: "Etre surdoué, c'est penser dans un système différent, c'est disposer d'une forme d'intelligence particulière. C'est aussi grandir avec une hypersensibilité, une affectivité envahissante, qui marquent la personnalité."
Particularités sur le plan affectif ... "... être d'une sensibilité extrême, muni de multiples capteurs branchés en permanence sur ce qui l'entoure .... capacité étonnante de ressentir avec une grande finesse l'état émotionnel des autres. Véritable éponge, l'enfant surdoué est, depuis toujours, littéralement assailli par des émotions, des sensations, des informations multiples qu'il lui est le plus souvent difficile de vivre, d'intégrer et d'élaborer." Pourquoi est-on surdoué ? "... composante génétiquement programmée ... mais pas programmable ..." "... ne peut jamais s'acquérir ... On l'a ou on ne l'a pas, c'est tout ... " L'hypersensibilité "... s'observe chez tous les enfants surdoués. Elle est plus ou moins perceptible selon les aménagements effectués par l'enfant, ... " ... est à la fois un atout, par la finesse perceptive de l'environnement qu'elle permet, mais aussi une source de souffrances et de blessures affectives. L'enfant surdoué, branché en permanence sur son environnement affectif, sur le monde émotionnel, est constamment bombardé d'informations sensorielles, assailli de messages affectifs." Perception sensorielle exacerbée (= "hyperesthésie") Vue: voit/retient mille et un détails Ouïe: récolte en même temps des informations diverses en provenance de sources multiples. Odorat: distingue un grand nombre d'odeurs (même quasiment pas perceptibles) Goût: différencie des saveurs très proches, souvent gastronome. Toucher: réactivité tactile très élevée, aime/recherche le contact physique, indispensable à son équilibre affectif.
L'interview de Jeanne Siaud-Facchin sur le site de ça se discute (émission du 9 avril 2003 : "Génies et surdoués : sont-ils condamnés à vivre dans un monde à part ?") Ecoutez Jeanne Siaud-Facchin (MP3-4,5MB!) décrire l'enfant surdoué chez Jean-Luc Delarue ("Ca se discute") Transcription pour les connexions lentes :
Delarue : "Jeanne, vous êtes psychologue-clinicienne, attachée à l'Unité d'adolescents de l'Hôpital de la Timonne à Marseille, où vous vous occupez plus particulièrement d'enfants et de personnes surdoués. Comment réagissez-vous à ce qui a été dit jusqu'à présent, sur le QI qui n'est pas quantifiable, etc ?"
Jeanne Siaud-Facchin (JSF) : "Il y a beaucoup, beaucoup de choses à dire; le QI, pas quantifiable, bien sûr, c'est vrai, on ne mesure pas l'intelligence; les tests de QI ne visent pas à mesurer l'intelligence, mais à évaluer le fonctionnement intellectuel d'un enfant, simplement pour pouvoir le comparer et avoir un indice diagnostique. Un QI ne "fait" pas un diagnostic : on parle d'abord d'un enfant et il me paraît incontournable d'avoir une approche globale de l'enfant et de bien comprendre quel est le sens, et la place, de cette particularité intellectuelle dans la dynamique globale de l'individu.
Mais c'est vrai que d'avoir un QI élevé, c'est, d'abord et surtout, pas tellement être quantitativement plus intelligent que les autres, mais surtout, je crois, avoir un fonctionnement qualitativement très différent au niveau intellectuel, càd avoir une forme d'intelligence différente, un système de pensée qui est très différent, qui décale beaucoup par rapport à l'école et qui explique d'ailleurs les difficultés scolaires que rencontrent beaucoup de ces enfants à l'école.
Mais c'est aussi et surtout une hypersensibilité, une hyperaffectivité extrêmement envahissantes, et qui marquent considérablement la personnalité : - ils voient ce que d'autres ne voient pas, - ils perçoivent ce que d'autres ne perçoivent pas, - ils ressentent avec une force inouïe les émotions environnantes et ça leur donne une forme de lucidité exacerbée sur le monde, qui peut être extrêmement douloureuse ..."
Claude Hagège : "L'hémisphère droit !"
JSF : Oui, de toutes façons, l'hémisphère droit; on sait à quel point les enfants surdoués effectivement fonctionnent beaucoup en activant leur hémisphère droit, avec toute la créativité, toute l'intuition que ça suppose, mais aussi l'ingérence affective constante, présente dans tous les actes de la vie des enfants surdoués, et y compris bien sûr dans l'acte cognitif, dans l'acte intellectuel.
Ils ne peuvent pas s'empêcher de penser, ils ne peuvent pas s'empêcher de réfléchir, ils ne peuvent pas, quelque part, s'empêcher de créer, ils ne peuvent pas s'empêcher de ressentir; la moindre variation émotionnelle dans l'environnement va être perçue par ces enfants-là, et c'est dificile de tout ressentir tout le temps, d'être bombardé émotionnellement de tas de choses.
Ce sont des enfants à risque et il faut s'en préoccuper, il faut apporter des réponses, scolaires, au niveau des familles, des parents, pour les aider. Quand on voit Bernard (adulte détecté sur le tard), c'est quand-même terrifiant d'en arriver là. Je crois que ce qui est important aussi aujourd'hui pour lui, c'est de donner sens à ce qu'il a vécu, de pouvoir avoir une forme de recul sur son histoire, sur ce qu'il a pu ressentir, ce qu'il a pu vivre. Et c'est important de dépister, même plus tard ...
La famille de Marseille, moi, je crois que ce qui les sauve, c'est d'être en groupe, c'est d'être en bande, parce que justement ça les structure, ça leur permet d'avoir des repères identificatoires, qui est quelque chose de très difficile pour ces enfants-là, qui n'arrivent pas à se repérer dans le regard des autres, qui se sentent très souvent seuls, même quand ils sont avec les autres, qui ressentent souvent cette espèce de décalage avec les autres, et qui font des efforts terribles pour s'intégrer.
Je crois que ce qui est très douloureux aussi, c'est que, quelque part, l'intelligence est un double mal : - d'abord, l'intelligence peut faire souffrir; - et personne ne songe à plaindre quelqu'un d'intelligent; on ne dit pas : "Ah, tiens, oui, il est sympa, mais le pauvre, il est intelligent !"; ça ne traverse évidemment l'idée de personne, et pourtant ..., et pourtant ...
Delarue : Pourtant, ce sont les imbéciles qui sont heureux ...!
JSF : Non, enfin, en tous cas, je pense que l'insouciance permet une certaine sérénité, et ces enfants et ces adultes sont tout, sauf insouciants ! Ils ont au contraire une conscience aiguisée des choses et de la vie.
Delarue : Mais alors, il faut qu'ils trouvent une passion, un moyen de ...
JSF : Il faut d'abord qu'ils trouvent des gens qui soient capables de les entendre, de les comprendre, de les reconnaître, de les accepter; et de les accompagner pour les aider à grandir, à s'épanouir, à mettre à profit leur immense richesse, non seulement intellectuelle, mais aussi affective, et leur permettre d'être ce qu'ils sont tout simplement.
Accepter la différence, quelle qu'elle soit, pour ce qu'elle est, avec ses côtés formidables, ses côtés plus compliqués; être surdoué, c'est complexe !
J'ai été invité à participer à une réunion de parents d'enfants intellectuellement précoces.
Et bien, si je savais depuis longtemps déjà que l'enseignement était parfois désastreux pour les enfants en difficulté scolaires, j'ai pu prendre conscience que ça l'était tout autant avec les enfants à "haut potentiel. "
Quel gâchis, quel désastre. C'est effarant. Et la douleur de ces parents, leurs inquiétudes, leurs perdtions parfois sont des révélateurs indéniables de l'incapacité du système à prendre en considération la différence. Toutes les différences d'ailleurs;
"Il faut rentrer dans le moule même s'il est considérablement étroit. "
Pour ce qui est des enseignants, le problème est très simple. Ces enfants-là mettent à jour toutes leurs insuffisances. Non pas seulement professionnelles mais également existentielles. Toutes ces questions sur l'objectif final de l'enseignement. S'il s'avère que cet objectif est l'obtention d'un diplôme et l'accession à la vie professionnelle, il est évident que les EIP (enfants intellectuellement précoces) font voler en éclat l'insignifiance de ce but.
La pensée en arborescence est une caractéritique commune chez ces enfants. A la question très simple de savoir quelle est la singularité commune entre le chat et la souris, un EIP va répondre qu'il s'agit de deux prédateurs, le chat envers la souris, la souris envers le fromage, que ce sont deux rodeurs, deux mammifères, qu'ils peuvent tous les deux être domestiqués, qu'ils vivent principalement sous les climats tempérés, qu'on en trouve des traces depuis l'Antiquité, dans des récits mythologiques, etc etc...La réponse tout simple que ce sont deux animaux ne lui viendra pas à l'esprit.
L'effervescence intellectuelle est une particularité qui peut finir par les placer en difficulté. Ils finiront par ne plus rien répondre.
A écouter ces parents, je réalisais que les difficultés de leurs enfants concernaient principalement le monde extérieur. Ou en tout cas qu'il s'agissait des difficultés les plus présentes dans l'esprit des parents. Après avoir abordé les "débats-philo" que je fais en classe avec mes élèves, il est rapidement apparu que la dimension intellectuelle ne représentait pas le seul problème...La dimension existentielle occupe bien entendu une place considérable dans l'esprit de ces enfants.
L'immense difficulté vient du fait que leur potentiel intellectuel les place justement dans une situation particulière au regard des apprentissages cognitifs et que la dimension existentielle s'en trouve reléguée au second plan alors qu'elle est, à mon sens, la source même de toutes les difficultés.
Je repensais à ce travail que je fais dans ma classe au sujet de l'attention et de la concentration. L'attention se porte sur l'environnement et la pensée en arborescence incite encore plus à cette attention. Une pensée précise va se trouver connectée à un réseau infini de pensées parce que la pensée initiale génère un phénomène d'attention qui vient dessiner en eux un emboîtement intellectuel nourri par la profusion de leurs connaissances et l'insatiable curiosité qui les anime.
La concentration aurait pour tâche de les amener à "peindre en jaune fluo" la pensée intiale et à éliminer toutes les autres. Mais cela semble quasiment impossible dans le registre intellectuel. Cela peut par contre s'avérer envisageable s'il s'agit d'une démarche existentielle. Parce que cette fois, ils deviennent le sujet d'étude. La philosophie existentielle ou la spiritualité est une observation des phénomènes intérieurs et non une accumulation de savoirs cognitifs. L'observation du penseur par le penseur lui-même favorise la rupture avec les chaînes de pensées; Jusqu'à ne plus penser au penseur et en oublier la pensée elle-même.
Il me semble évident que le travail sur la gestion des émotions est une priorité. Perceptions sensorielles à l'origine des émotions et la multiplication des émotions aboutissant au sentiment. Rien que d'effectuer ce cheminement leur permettrait d'établir cette observation interne et à se détourner provisoirement de ce monde extérieur qui les assaille.
Il est étonnant en tout cas de constater que ce potentiel intellectuel est accompagné par une effervescence émotionnelle. J'aimerais comprendre ce que cela cache.
Rien ne prédestinait Tristan Medelec à embrasser une profession de technicien à la télévision…
Issu d’une famille bourgeoise et intellectuelle, le jeune Tristan avait une vie agréable, pratiquement sans heurt…
A 18 ans, il choisit de devenir artiste peintre sans grande conviction.
Habité par un grand vide, il cherche sa voie en tâtonnant, adulescent vivant la bohème comme si l’évidence allait devenir réalité.
Orphelin à vingt ans, cette disparition lui transperce le corps et l’esprit…
Il se retrouve seul avec sa sœur, vivant d’une somme conséquente reçue en héritage, il n’a donc pas l’obligation de travailler pour subvenir à ses besoins et s’enferme confortablement dans une oisiveté, un bulle hermétique impénétrable, carapace contre l’adversité du monde.
Le commencement de sa vie d’adulte, apparaît comme une parenthèse intemporelle, nourrit d’une sexualité débridée à la recherche d’affections fugaces mais combien nécessaires pour se sentir exister et combler ses manques. Le capital épuisé, un cousin lui suggère de devenir éclairagiste, il deviendra preneur de son pour France 2.
Le hasard fait que son premier baptême du feu allait lui ouvrir un destin imprévisible…Sans qualification il apprendra sur le terrain, et deviendra le témoin privilégié des évènements, des comportements, des réactions, dont il n’avait jamais soupçonné l’existence dans le genre humain…
« Ce jour-là, Mercredi 22 juin 1994, la radio confirma que le Conseil de Sécurité de L’ONU venait d’adopter la résolution 929 qui donnait droit à l’armée française de mener une opération à but humanitaire autorisant la force au Rwanda. Inutile de dire que France2, se devait de couvrir un tel événement qui allait permettre à nos soldats de se distinguer pour une juste cause… Et devenir par la force des choses un des feuilletons médiatiques de l’été… »
Tristant Medelec, avait déjà voyagé avec ses parents et sa sœur, au Sénégal, dans des ghettos d’occidentaux, sans vraiment prendre conscience de la réalité locale. Les premières visions des africains coiffés de bérets, vêtus de treillis et harnachés de kalachnikov perturbèrent ces souvenirs imagés de léthargie africaine envoûtante, classés dans le rayon folklore de son enfance.
Le cruel jaillissait d’un coup devant lui..
« Des enfants s’agglutinaient autour de nous. Et un petit gars haut comme trois pommes d’environ cinq ou six ans me montra le sommet de son crâne avec le bout du doigt. Traversé par une entaille encore sanguinolente… Un autre guère plus vieux s’approcha à son tour, et remua le petit bout de bras qu’il lui restait et qu’un vieux bandage crasseux recouvrait… »
La part d'enfance qui sommeille encore en lui, s'en trouve boulversée.
Les évènements du génocide que tout un chacun a suivi en son temps sur les chaînes de télévision sont nombreux et inoubliables de part leurs atrocités. Graduellement Medelec, qui ne maîtrisait pas toutes les subtilités géopolitiques et diplomatiques des évènements historiques qu’il couvrait, se rend compte qu’il est associé en tant français libérateurs mais acclamés par les Hutus assassins. Lui, qui était si fier de ses principes humanistes et démocratiques d'occident, sent la méprise de la situation créant en lui un mal être empli de culpabilité.
Pascal Querou nous écrit un livre entre l' autobiographie et la fiction romancée empli d’humanité, il peint avec ses mots ses ressentis d’homme vulnérable toutes les facettes de l’humanité qu’il découvre pendant son activité professionnelle, que ce soit l’adaptation instantanée d’une équipe d’hommes et de femmes de télévision qui se connaissent à peine, et qui réagissent spontanément à des situations complètement chaotiques ou encore les regards insoutenables des africains blessés.Les horreurs de la guerre ethnique organisée ne peuvent que choquer les esprits même si dans le feu de l’action le travail d’information passe en première ligne.
L’hommeprofondément bon se pose toutes les questions spirituelles et éthiques sur le genre humain qui s’autodétruit dans la rage dépuratrice, mais les images atroces restent imprimées dans sa mémoire et l’apparition de troubles somatiques correspond à un moment particulier où le deuil subit un blocage sélectif en rapport avec le retour de la problématique historique.
Ce roman est une fresque faite de craquelures psychologiques ressenties par un homme qui regarde et entend ce que les autres protagonistes semblent vivre autrement que lui-même.
Dans les formes les plus abstraites de l’intelligence, les facteurs affectifs interviennent toujours…l’homme cherche l’équilibre entre l’assimilation des faits et l’accommodation de son être face à des situations extérieures qui le déséquilibrent.
Le monde des médias et de l’information est traversé part une palette de caractères humains et d' hommes nourris d’ expériences vivantes qui modifient leurs personnalités intrinsèques.
On rencontre des rédacteurs aveuglés par les tumultes extraordinaires des situations exposées, prêts à tout, pour devenir les barons de l’information. Certains aristocrates du reportage sont jalousés par les médiocres, condamnés à couvrir l’actualité la plus banale. Chacun recherchant la reconnaissance de sa personnalité à travers l' activité journalistique et caressant l’espoir d’un regard soutenu de la direction, avec pour questionnement : la télévision peut-elle vous rendre fou ?
Medelec y répond : "Car j’avais la certitude que la télévision rendait fou. Dans le sens où les moins scrupuleux souvent implicitement encouragés par une partie de leur hiérarchie et aveuglés par leur ego difforme, n’hésitaient pas à surenchérir sur l’ampleur d’un événement pour lui donner un caractère exceptionnel. Et le transformer en avatar sensationnel… ou en aléa sordide. Pour d'autres une certaine déontologie et un sens de la qualité paraissaient une conception poussiéreuse du métier…le racolage organisé par la création de nouvelles chaînes de télévision, avait amplifié un style très décontracté, qualifié de méthodes de voyous par les plus intègres"
Ce roman n’est pas anodin …il met en exergue la situation professionnelle de ces personnes qui prennent beaucoup de risques pour nous informer des évènements que nous ne voudrions pas voir.
Nos jeunes étudiants diplômés, face à un avenir professionnel incertain et un monde d’une dureté révoltante, font le choix d’un métier qui, à défaut d’être payant, s’inscrit dans une quête de sens, un goût d’aller voir ailleurs, de mieux comprendre ce monde de plus en plus étroit, mais complexe..
On dira qu’ils sont téméraires, naïfs, idéalistes : « Cette peur qui me donnait un sentiment de vie extrême. Comme si chaque seconde comptait double ou triple… et cette sensation me remplissait entièrement. Et rendait tout le reste complètement insignifiant… ».
Mais ce sont des humains comme les autres. La disparition de nos journalistes de guerre, nous rappelle à la fois la brutalité insensée de la guerre et le courage de ceux qui ont choisi de s’en faire les témoins. Aux dernières nouvelles …
Morts aussi à Homs en Syrie,Gilles Jacquier ( janiver2012 ) et Anthony Shadid ( février2012 ), tous deux âgés de 43 ans et pères de famille. Anne Nivat, récemment expulsée de russie pour son travail de terrain à la fois très humain, lucide et surtout critique, est une jeune mère aussi.
Remi Ochlik, jeune photographe français de 28 ans, vient d’être tué en Syrie, tout comme sa collègue américaine Marie Colvin. En 2004, à 20 ans, il avait choisi de partir en Haïti dans l’indifférence générale, lors de la chute du président Aristide. Il a été aux premières loges du printemps arabe en 2011, en Tunisie, en Égypte et en Libye. Il a remporté plusieurs prix d’excellence pour son travail.
Pascal Querou, vitrail d'une cathédrale humaine, ose partager sa fragilité et la part de féminité qui l'habite. Un rayon de lumière rassurant parcourt ce roman, symbole de l'amour de sa compagne qui en filigrane lui éclaircit son histoire personnelle, et donne encore un sens à sa vie.
La façon de penser qui nous a mis dans la situation dans laquelle on est, est une façon de penser insuffisante pour s'en sortir. "
A.Einstein.
Une nouvelle façon de vivre ne peut émerger qu'après y avoir pensé mais bien davantage après avoir analysé, autopsié, disséqué les cheminements de la pensée qui ont contribué à l'élaboration de cette vie "intellectualisée".
On ne peut rien créer de nouveau sans que l'état des lieux ait été au préalable effectué. Cette patience et ces efforts ne seront envisageables que si l'individu sait exactement quel est le niveau de connaissance personnelle dont il dispose. Imaginons une maison dont on souhaite renouveler l'aménagement intérieur. Il est indispensable d'en connaître les dimensions, l'architecture et la mesure de tous les meubles qui s'y trouvent. Inutile de vouloir entreprendre quelques travaux intérieurs tant que la constitution de cet espace intérieur n'est pas exactement cartographiée. Se lancer dans la tâche avant d'avoir réalisé cet état des lieux n'aboutira qu'au chaos.
Il convient par conséquent d'y penser. Une pensée à la fois. Et l'explorer jusqu'à son épuisement.
Tant que ce travail n'est pas devenu constant, sans aucun déni, sans aucun délai, l'individu parlera de liberté à atteindre et se constituera des chaînes. Les chaînes de ses intentions, de ses espoirs, de ses attentes alors qu'il n'est même pas au bord du quai et qu'il lui est impossible d'entamer le moindre voyage. Il est figé dans le chaos de ses pensées. Le seul voyage libérateur, c'est celui que l'on entreprend sans intention de liberté. Parce que le travail est déjà fait. Le voyage contribuera au saisissement de la plénitude. Non pas à son élaboration mais à sa validation. Elle est là parce que les pensées ne sont déjà plus des pressions mais juste des phénomènes identifiés qu'il est aisé de déposer lorsqu'ils n'ont aucune utilité.
Il est donc indispensable d'analyser nos habitudes parce qu'elles sont la jonction entre nos pensées et nos actes. Tant que ces pensées sont des flux inconsidérés de formatages répétés, il ne s'agit pas de pensées mais de phénomènes de pensées. La pensée appartient à l'individu alors que les phénomènes de pensées sont les conséquences de l'intrusion forcenée des systèmes éducatifs, historiques, sociaux, religieux, politiques, édiatiques, culturels.
"Ça pense en moi mais "Je" ne pense pas".
Les habitudes qui sont issues des pensées maîtrisées et non des phnéomènes de pensées ne sont pas des habitudes mais des constructions parce qu'elles sont évolutives. L'individu qui crée en lui la constance de l'analyse n'est pas dans une habitude répétitive et inconsciente mais dans un cheminement d'éveil. L'habitude convient à un mental perverti et soumis. Pas à un esprit qui s'éveille.
Celui qui médite quotidiennement n'est pas dans une habitude passive mais dans l'absorption d'une nourriture spirituelle dont la qualité ne pourra que se renforcer.
Celui qui est dans la répétition mécanique des schémas de pensées et d'actes n'est pas dans une démarche évolutive mais dans une extension horizontale dont le matérialisme servira d'étendard. A défaut de posséder une vie intérieure. La société de consommation se nourrit de ces individus-là. Et elle les "consomme..."
Il s'agit donc de cesser de penser à travers des schémas instaurés mais d'élaborer son propre axe vertical; Ni guide, ni gourou, ni ahsram, ni philosophie adorée. Krishnamurti, lui-même, n'a cessé de le répéter.
"Celui qui marche dans les pas d'autrui ne laisse pas ses propres traces". Denis Diderot.
Un dessin animé très bien construit, clair, précis et effroyablement révélateur de ce qui se passe partout en Europe, sauf désormais en Islande puisque le peuple a mis les banquiers en prison...