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  • Lettres aux écoles 2

    "Le savoir ne conduit pas à l'intelligence. Nous accumulons beaucoup de savoir sur bien des choses, mais il semble presque impossible d'agir intelligemment selon ce que nous avons appris. Les écoles, les collèges, les universités cultivent les connaissances sur l'univers, la science, l'économie, la techonologie, la psychologie mais ces établissements aident rarement un être humain à exceller dans la vie de tous les jours. Les savants soutiennent que les êtres humains ne peuvent évoluer que grâce à de vastes accumulations d'informations et de connaissances. L'homme a pourtant vécu des milliers et des milliers de guerres. Il a amassé beaucoup de connaissances sur les diverses façons de tuer et ce sont précisément ces connaissances qui l'empêchent de mettre fin à toutes ces guerres. Nous acceptons les guerres comme une façon de vivre et toutes les brutalités, la violence et le meurtre comme faisant partie du cours normal de notre vie. Nous savons que nous ne devons pas tuer notre prochain mais le fait de le savoir reste totalement étranger à l'acte de tuer. Le savoir n'empêche pas de tuer les animaux et de détruire la terre. Le savoir ne peut pas fonctionner au moyen de l'intelligence mais l'intelligence peut fonctionner en utilisant le savoir. Le savoir ne peut résoudre nos problèmes humains. C'est l'intelligence qui le peut. "


    Un regard sur l'Histoire montre à quel point tout cela est exact. Les progrès de la médecine sont des progrès mécaniques, les progrès de la qualité de vie sont des progrès mécaniques. Même s'ils représentent une avancée qu'il n'est pas question de renier, ils sont vides d'une substance pourtant indispensable. C'est cette intelligence. Ce regard existentiel sur le réel. Et non seulement sur la réalité.

    L'école s'attache à transmettre les connaissances qui entretiennent la réalité mais à travers le voile des conditionnements. Il ne s'agit pas de tendre vers un individu lucide, capable d'une observation de tous les phénomènes inhérents à cette réalité mais uniquement de conduire l'individu à un statut de citoyen consommateur.

    La crise actuelle fait d'ailleurs voler en éclat bien des illusions. A travers les générations, le rôle de l'école a été de porter les enfants à un statut social plus favorable que celui des parents. Les études sont destinées à fournir un diplôme et une qualité de vie supérieure à cette vie des ancêtres. L'objectif a pu être atteint depuis plusieurs générations parce que la croissance économique répondait aux ambitions. Des ambitions honorables. Mes parents ont eu une vie professionnelle bien plus difficile que la mienne. Je ne parle pas de celle de mes grands-parents. Je ne renie pas les structures qui m'ont permis de devenir instituteur.

    Mais on voit bien aujourd'hui le désoeuvrement des adultes qui voient s'effondrer leurs désirs de participer à cette vie sociale proportionnellement à leur engagement dans les études. Le cas de la jeunesse espagnole est dramatique. Ces gens qui se considèrent comme "inexistants", vides de tout, abandonnés. Loin de moi l'idée de les critiquer. Ils ne sont que des victimes d'un fonctionnement archaïque. Tout ce savoir qui se révèle inapplicable se transforme en gouffre, un néant qui les absorbe parce que toute leur existence s'est construite sur ce concept. Le savoir devait les projeter vers le haut mais c'était en fait une échelle mouvante et elle vacille, elle tremble, elle projette en bas les moins solides. Le système sauve toujours en priorité les individus les plus rentables. D'autres chercheront dans des voies parallèles et non "légales" à sauver leur mise. Et puis certains en s'écroulant emporteront avec eux des victimes choisies au hasard des rencontres. Les quatre adolescents qui ont abattu leur "camarade" et brûlé son corps. Désoeuvrement, le vide des existences, aucune valeur humaine, juste une errance nourrie par le désoeuvrement des adultes, par les images multiples d'un monde sordide. Ces drames ont toujours existé. Ils ne sont pas modernes. Ce qui l'est par contre, c'est leur mise à jour à une échelle gigantesque. Le même fonctionnement pervers que celui de "l'art" qui utilise la violence, la folie, toutes les dérives les plus épouvantables. La télévision n'est pas responsable, l'art n'est pas un multiplicateur. Tout ça n'est qu'un reflet. Le miroir n'est pas la réalité. Que des individus choisissent d'agrandir la dimension du miroir ne change pas cette réalité. Elle peut avoir un effet facilitateur sur des individus qui sont sur le fil du rasoir. C'est certain. Mais il est inutile d'analyser l'image reflétée. Cette futilité qui consiste à condamner les projecteurs d'images, c'est consternant.

    Si l'éducation n'est pas au service de l'intelligence, si elle ne favorise pas le développement intérieur, si elle ne stimule pas les explorations émotionnelles, les observations lucides, si elle se soumet uniquement à l'accumulation des savoirs avec une unique intention sociale, alors elle fabrique les scissions, les ruptures, les désillusions, les échecs, les images brisées d'une réalité inaccessible.

    Cette impression de voir pousser des plantes alors qu'elles ne sont plus ancrées dans la terre. C'est une élévation illusoire, une suspension au-dessus d'un vide existentiel. Certains parviendront, par tous les moyens, à se maintenir dans des altitudes favorables à l'assouvissement de leurs désirs. Beaucoup retomberont au sol.

      Est-ce que l'école doit participer à cette réalité, est-ce que l'école a pour mission d'englober les individus dans l'illusoire ascension sociale ?

    Il n'est pas question de brûler le système. Il s'agit de l'amener à s'observer. Mais le système en lui-même n'existe pas...Chaque individu construit le système. Il devient nécessaire de mettre un voile sur le miroir. De se détacher du reflet et d'apprendre à ne plus apprendre les reflets. C'est à la source intérieure qu'il faut remonter. 

     

  • Lettres aux écoles : Krishnamurti (1)

    LETTRES AUX ECOLES

    Un ouvrage indispensable, incontournable et méconnu...

     

    Je le relis pour la nième fois.

     

     


     

    "Quand l'enseignant et l'enseigné ont à coeur de comprendre vraiment l'importance extraordinaire de la relation, ils établissent alors entre eux, dans l'école, une relation juste. Cela fait partie de l'éducation et a une autre dimension que le simple enseignement des matières scolaires...

    La relation requiert beaucoup d'intelligence. On ne l'acquiert pas en achetant un livre et on ne peut pas l'enseigner. Elle n'est pas la somme d'une grande expérience. Le savoir n'est pas l'intelligence. L'intelligence peut se servir du savoir. Le savoir peut être astucieux, brillant et utilitaire mais ce n'est pas l'intelligence. L'intelligence apparaît naturellement et facilement quand on perçoit toute la nature et la structure de la relation. C'est pourquoi il importe d'avoir du loisir afin que le maître et l'élève puissent calmement et sérieusement parler de leur relation dans laquelle ils percevront leurs vraies réactions, leurs susceptibilités et les barrières qui les séparent, au lieu de les imaginer et de les déformer pour se faire plaisir mutuellement ou bien de les supprimer pour amadouer l'autre."

    Krishnamurti


     

    L'immense problème au regard de cette relation vient du fait que les enfants rencontrent immanquablement dans leur parcours scolaire, cet enseignant qui n'agit que frontalement, qui nourrit et entretient les conflits par son attitude destructrice. Dès lors, la peur est ancrée. La peur de revivre ce cauchemar. Si un autre ensignant cherche pour sa part à établir une relation juste, cette peur va se muer en colère, un sentiment de revanche, au plus profond de l'inconscient, comme un traumatisme qui remonte à la surface, des émotions bridées, étouffées, qui soudainement jaillissent parce que l'enfant sent que les menaces n'existent plus, que le danger est inexistant. Au lieu de profiter de cette situation favorable, la peur emmagasinée, l'humiliation vécue, la colère ressassée, vont guider cette révolte jusque-là contenue. C'est comme un ressort comprimé qui reprend sa forme initiale mais en portant désormais les traces des coups reçus. La justesse du comportement est rendue impossible par la souffrance. Même si l'enseignant concerné n'en est pas responsable. Il faudrait à l'enfant une aide immense pour qu'il parvienne à établir en lui l'observation de sa dérive. Mais le courant a également une force immense... C'est pour l'enseignant un travail gigantesque. Il doit avant même de pouvoir oeuvrer à cette "intelligence" libérer l'esprit de ce qui l'encombre. Un travail bien plus long qu'il n'en a fallu pour que le traumatisme s'installe.

    Imaginons maintenant qu'il ne s'agisse pas d'un seul enseignant humiliant mais de plusieurs...Et pendant plusieurs années...

    Que deviendra cette intelligence ? Elle sera fossilisée dans la douleur. Quant au savoir, il sera limité par la place prise par cette douleur.


     

    "La bonté (Intelligence, Plénitude, Lucidité) ne peut s'épanouir dans un climat de peur. Il existe toutes sortes de peurs, la peur immédiate et la peur à venir. La peur n'est pas un concept mais l'explication de la peur est conceptuelle et ces explications varient d'un spécialiste à l'autre ou d'un intellectuel à l'autre mais l'explication n'est pas importante. Ce qui compte, c'est d'affronter le fait même de la peur.

    L'enseignant, ne doit pas éveiller la peur chez l'élève. La peur, sous toutes ses formes, rend l'esprit infirme, entraîne la destruction de la sensibilité et un rétrécissement des sens. La peur est le lourd fardeau que l'homme a toujours porté. Elle a donné naissance à diverses formes de superstition, religieuse ou scientifique. On vit désormais dans un monde de faux-semblants et le monde conceptuel dans son essence est né de la peur.

    Si dans la relation, il existe la moindre crainte, l'enseignant ne peut pas aider l'élève à se libérer de ses peurs. L'élève arrive avec tout un arrière-plan dans lequel existent la peur, l'autorité et toutes sortes de tensions."


     

    Il est aisé de comprendre qu'aucun enseignant ne peut accompagner un enfant s'il n'a lui-même instauré l'observation constante, approfondie, honnête, lucide de ses propres peurs.

    Combien d'enseignants ont réellement accompli cette tâche ? 


    "Affronter le réel, le présent et la peur est la plus haute tâche de l'enseignant ou de l'éducateur. Il lui appartient non pas de promouvor seulement un excellent niveau scolaire mais, ce qui est bien plus important, de donner à l'élève et à lui-même la liberté psychologique. Quand vous comprenez la nature de la liberté, vous éliminez alors toute compétition, que ce soit sur le terrain des jeux ou dans la salle de classe. Est-il possible d'éliminer complétement l'évaluation comparative sur le plan scolaire et sur le plan éthique ? Est-il posible d'aider l'élève à ne pas penser en termes de compétition dans le domaine scolaire, tout en excellant dans ses études, ses actes et sa vie quotidienne ? Veuillez garder présent à l'esprit que notre objet est l'épanouissement de la bonté et que cet épanouissement est impossible là où existe la moindre compétition. La compétition n'existe que lorsqu'il y a comparaison et la comparaison n'engendre pas l'excellence.

    Nos écoles ont été crées non pas pour former de simples carriéristes mais pour promouvoir l'excellence de l'esprit. "


  • Apprentissage de l'absence

    L'enseignement tel qu'il est pratiqué est un apprentissage de l'absence dès lors que le retour vers soi est nié. L'intention d'un enseignant est de former l'enseigné à une réponse mais sans que le fonctionnement inhérent à cette réponse soit analysé. Il s'agit bel et bien d'une violence parce que l'enseigné subit un apprentissage dans lequel il n'existe pas mais qui est destiné à lui donner une certaine existence ; une existence qui correspond à ce que l'enseignant attend. Il n'est pas question pour l'enseigné de "se" connaître mais juste de connaître. C'est le combat entre l'avoir et l'être.

    "J'ai la bonne réponse mais je ne sais pas, en moi, qui connaît la réponse. Je ne suis pas celui qui connaît mais celui que l'enseignant à former à savoir. "

    L'enseignement est une camisole de force dès lors qu'il n'est pas initialement porté par le développement existentiel de l'enseigné. Et il ne faut pas s'étonner que les enseignés finissent par se rebeller contre l'autorité qui enseigne. Si l'enseignement ne conduit pas l'enseigné à oeuvrer à sa propre connaissance mais uniquement à une connaissance technique, de quelque ordre qu'elle soit, il ne s'agit que de la possibilité donnée aux enseignants de se conforter dans l'accomplissement d'une tâche cognitive et les enseignés qui n'y parviennent pas deviennent des résistants qu'il faut forcer à la soumission. 

    L'enseignement est un acte violent à travers lequel l'absence des enseignés est réclamée. Une absence existentielle. Chaque individu possède une nature. Dans une classe d'école primaire, ces individus sont des enfants. Leur fonction est d'être élève. Si la fonction prend le pas sur la nature et finit par s'imposer comme une identification, l'enseignement agit en sorte que l'élève soit présent et l'enfant absent. Il est indispensable d'établir une distinction extrêmement claire entre ce que l'enfant fait et qui correspond à une fonction provisoire et sa nature d'enfant. Si cette nature est bafouée parce que la fonction le condamne à porter une étiquette qui peut se révéler dévastatrice au regard de l'enseignant, l'enfant n'est plus.

    Cette violence-là est éminemment destructrice.

    L'énorme problème posé par les enseignements programmés, c'est justement qu'ils sont programmés. Impossible d'y échapper. Dès lors, il est absolument vital de les accompagner d'une démarche existentielle, philosophique, un regard intérieur, un ancrage sur le réel et non seulement sur cette réalité rapportée. Le réel est intérieur, la réalité est extérieure. Si cette réalité s'impose, il est évident que se posera un jour ou l'autre de savoir qui est "réellement" là. L'enfant ou l'élève. S'il ne reste que l'élève et que l'enfant n'a fait que subir et se conforter aux apprentissages, c'est une perdition de soi qui s'est jouée pendant des années.

    Que reste-t-il de nos enfants quand ils quittent le système scolaire ? Ont-il perdu en cours de route l'être réel ? S'est -il métamorphosé en diplômé ? Mais qui est diplômé ? Juste un élève ou un individu éveillé à soi ? Qu'a-t-il appris sur lui ? Juste qu'il a été un bon élève ? Et maintenant que se termine cette perdition de soi, comment va se dérouler la suite ? Eh bien, le désastre continuera mais en étant salarié...Etre payé pour se perdre...Mais se réjouir de pouvoir enfin consommer et d'apaiser les douleurs...Parce qu'elles sont toujours là les douleurs. Fossilisées. Et elles sont rentables, elles participent à la croissance puisqu'il faut bien les taire. Consommer, consommer, s'agiter, appréhender la réalité proposée en s'illusionnant de certitudes.

    Le conditionnement de l'enfance a fini son oeuvre.

    L'adulte est là.

    Et puis parfois, la bombe des émotions ravalées explose. La réalité n'est plus qu'un cauchemar et l'être réel est mort. Il a tout perdu. La réalité et le réel. Il n'y a plus rien. Crise économique, crise amoureuse, crise familiale, crise professionnelle...Toutes les étiquettes se déchirent. Il ne reste que la haine, la violence, la folie, le fanatisme, l'errance. Plus aucune estime de soi puisque la réalité est un cauchemar et que l'individu ne se croyait exister qu'à travers cette réalité. Le mal est fait. Il ne reste qu'à le propager. Plus aucune estime pour les autres. Et c'est alors que faire du mal finit par faire du bien. Tout a volé en éclat. Plus aucune valeur humaine puisque cet être réel est mort depuis longtemps.

     

    Je suis effaré parfois d'imaginer que parmi les enfants que je croise, il y aura peut-être un adulte assassin. Car tous les assassins ont été enfants, élèves, étudiants, diplômés, salariés ou "cancres" et chômeurs. Cette réalité qui est imposée à chaque individu est un champ de batailles. On y trouve les armes, on apprend même aux enfants à s'en servir. La compétition, la comparaison, le classement, l'honneur ou l'humiliation. 

     

    Et je vis là-dedans depuis trente ans. Je croise des vies pendant dix mois de classe. Pendant dix mois, je tente de dresser devant eux le miroir de ce qu'ils sont, l'horizon de ce qu'ils veulent être. Non pas dans la réalité mais dans le réel.

     

    Dans quelque semaines, un nouveau Président nommera un nouveau Ministre de l'Education Nationale. Et "on" nous dira qu'on ne sy' prenait pas comme il faut mais que maintenant, tout va aller beaucoup mieux parce qu'on va nous apprendre à travailler correctement.

     

    Et je continuerai à oeuvrer pour le réel. Nature et fonction. Jamais dans l'ordre inverse.

  • Musique

    Voilà un moment que je n'avais pas été bouleversé par une musique...C'est fait.

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  • Dans dix mille ans.

    "Le plus grand bonheur de l'homme qui réfléchit, c'est, après avoir cherché à comprendre ce qui peut être compris, d'adorer ce qui est incompréhensible. "

    Goethe


    "L'homme ne doit jamais cesser de croire que l'incompréhensible peut se comprendre, sans cela il renoncerait aux recherches. "

    Goethe


     

    Au regard des drames incessants générés par l'espèce humaine, il m'est impossible d'adorer l'incompréhension qui en résulte.

    Pour avoir lu quelque peu Goethe, je sais qu'il s'agissait chez lui de l'intuition créatrice. Je ne suis pas celui qui crée mais celui qui perçoit "ce qui crée en moi". Le domaine de l'ineffable contenu dans l'âme ou l'esprit ou toute autre entité inexplorée par la raison.

    Une distinction dès lors entre l'incompréhension perçue par le mental et celle qui concerne la dimension spirituelle de l'individu.

    Il est donc question de chercher à comprendre les fonctionnements de l'humain et par conséquent ses dysfonctionnements, sans pour autant exclure ou ignorer dans cette quête rationnelle, l'inexpliqué, l'irrationnel, l'incompréhensible. Non, parce que cet espace restera inaccessible mais parce qu'il s'agit d'user d'une autre méthode.

    "La grandeur de l'homme, c'est qu'il est un pont et non une fin. "


    Nietzsche

    Le piège du rationnel déploie ses entraves lorsque l'homme finit par être persuadé que la dimension rationnelle, scientifique, sociale, cognitive, expérimentale suffit à dresser un état des lieux.

    Nous sommes d'un lieu dont nous n'avons pas la carte. Et de tirer quelques traits sur l’ineffable ne dessine pas l'Univers.

     

    Il restera inévitablement pour moi une question essentielle :

    La présence de l'espèce humaine répond-elle à une finalité?

    Y-a-t-il dans cette Création une intention insaisissable ?

    Si c'est non, alors il ne reste qu'à tenter de gérer au mieux ou au moins pire, les aléas du hasard, nourri par les egos tourmentés.
    Développer les connaissances, expliquer les comment, cartographier le visible, panser les plaies des pensées déplaisantes, rectifier les choix après en avoir subi les conséquences. Les occasions ne manquent pas. Chaque lever de soleil dévoile les effets nocifs des egos intoxiqués.

     

    Si c'est oui, alors il reste à accepter l'idée que nous sommes un pont. Non pas une multitude de ponts identifiés à des egos individualisés mais "UN" pont vers une dimension inconnue.

    Le concept déifié est suranné. Il a depuis longtemps montré les déviances qu'il génère. L'humain ne peut pas être un pont bâti avec du béton armé. Les citadelles ont des portes closes. S'il ne s'agit que d'un pont levis cloisonnant les enceintes, rien n'est possible. Et les Dieux anciens ne sont que des seigneurs armés.

    L'intention ne se lit pas dans les Textes sacrés dès lors que leurs interprétations sont des sacrements honorant les egos, les scissions, les barrières, les contrôles identitaires à l'entrée des ponts levis.

    Où se cache l'intention ?

    "L'Univers est une vaste pensée. En chaque particule, chaque atome, chaque molécule, chaque cellule de matière, vit et œuvre, à l'insu de tous, une omniprésence. "

    Jean Guitton.

    La Nature se pense et nous en sommes ses excroissances. Nulle entité à l'image de l'homme, nul Dieu dispensant des paroles, nul prophète annonçant des paradis. Tout est ici. « Le labeur des brins d'herbe n'a pas moins d'importance que le tournoiement des étoiles » écrivait Walt Whitman, le chant de la mésange a des intonations liturgiques, le frissonnement des arbres dans la brise est une messe à entendre. Quand on ferme les portes des églises, on ne voit plus le ciel, ni les montagnes, ni les nuages, et quand on chante des louanges, on n'entend plus les mésanges.

    Les temples sont des autels à sacrifices. Des arrachements d'âmes et des congélations de cœur.

    Tout est déjà là. Il n'y avait rien à bâtir, rien à écrire, rien à inventer. Nous n'avions qu'à jouir du présent et nous nous sommes acharnés à l'envelopper de papiers décoratifs jusqu'à en oublier le trésor. Et chaque parcelle de l'humanité se bat pour imposer ses propres enluminures.

     

    Je n'attends rien de la science. Ni de la physique quantique ni du reste. A moins que les explorateurs s’abstiennent enfin de planter un drapeau au sommet de leurs connaissances.

    Comme un étendard à la pointe de leur donjon.

     

    Toujours des citadelles et des seigneurs armés entretenant des contingents d’adorateurs.

    La poésie a un avantage incontournable. Elle ne cherche pas à expliquer, elle sait déjà et se plaît à aimer, simplement.

    C’est sans doute ce que Goethe voulait exprimer dans cette idée de « l’incompréhensible. »

     Cet amour-là existera-t-il dans dix mille ans ? Cet amour de la Terre et de l’espace intérieur dont elle est le reflet.

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  • Joe Kals

    Il est arrivé ...

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