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  • Le renforcement identitaire.

    Le moi dérivé qui s'est exclu de l'unicité a besoin d'interrelations pour renforcer constament son identité. Cette existence se limite dès lors à une accumulation d'expériences nourries par les schémas mentaux. En psychologie, on appelle cela le "renforcement positif". On ne peut reprocher aux individus d'oeuvrer ainsi à cette extension du domaine d'influence et à cette consommation effrénée d'énergie puisqu'ils ne font que reproduire avec application le formatage qu'ils ont subi. De la même façon, ces individus ne peuvent reprocher à l'existence de les blesser dans cette quête de reconnaissance. Dès lors qu'on attend d'autrui le renforcement psychologique inhérent à l'identité du moi dérivé, il faut en assumer les effets inverses. Les émotions néfastes associées à la vie amoureuse, professionnelle, familiale, sociale ne sont que des interprétations inévitables de cette "réalité" générée par le paradigme. Si j'ai besoin d'affirmer mon identité à travers les activités humaines, ces mêmes activités humaines sont à même décorner cette identité. C'est le phénomène des plateaux de la balance. Il n'y a pas de juste milieu mais une alternance conflictuelle entre ce qui est vécu de façon positive et ce qui est vécu de façon douloureuse. Lorsqu'on regarde l'existence du haut de son piédestal, on court le risque d'en tomber.

    La vie sociétale au coeur du paradigme de la dualité génère une défense constante de l'individu sous la forme d'une justification, d'une comparaison, d'une compétition exacerbées par la confrontation permanente avec les individus qui fonctionnent dans les schémas identiques. L'école est le lieu d'apprentissage de ce moi dérivé...C'est absolument effrayant d'ailleurs que ce cadre d'évolution soit sali de la sorte par des intrusions matérialistes inhérents au paradigme.

    L'accumulation de connaissances qui est vidée de son sens spirituel participe activement et aveuglément au formatage du moi dérivé. 

    Il suffit de lancer avec de jeunes enfants une discussion touchant à la perception de la Vie pour réaliser à quel point ils sont déjà manipulés, à quel point ils ont déjà adhéré à une vision matérialiste de la Vie. Ils ne sont pas coupables mais uniquement victimes. Ces garçons qui veulent devenir footballeur pour devenir millionnaires...Ils connaissent même la couleur de la dernière voiture de luxe de leur joueur millionnaire préféré.

    Renforcement du sens du moi dérivé. Les publicitaires connaissent parfaitement les fonctionnements et les manipulations à entretenir. A ce propos, la Saint-Valentin se rapproche pour vous rappeler que vous êtes amoureux ou amoureuse... Au cas où vous auriez oublié de le montrer à chaque jour qui passe.

    Les prochaines élections présidentielles vont également pouvoir jouer leur rôle de rassembleur. Un tel appartient à ce groupe et s'oppose à celui de l'adversaire de son idole. PSG/ OM, le choc de la ligue de foot, jusqu'à se balancer des boules de pétanque à la figure. L'imagination du moi dérivé est sans limite.

    Je me demande parfois s'il y a quelque chose à attendre de ces individus. Puisqu'ils sont persuadés d'appartenir à la "bonne" société, au bon groupe politique, au bon groupe social, d'écouter la bonne musique, d'aller en vacances dans les bons endroits, d'être de bons parents, de bons amis, de bons voisins, de bons supporters, de bons amants, de posséder une bonne voiture, un bon portefeuille, une bonne femme pour certains...Le comble de l'ignominie. 

    On pourrait penser que toutes ces appartenances identitaires sont dérisoires, infantiles, immatures. Ouvrons un livre sur les deux guerres mondiales pour en voir les effets les plus fous. Ouvrons les yeux sur l'état de la planète pour en deviner les effets les plus destructeurs. Le pire est àvenir. L'humanité n'est plus la seule concernée.

    Extension du domaine de la lutte. Il y a désormais l'humanité comme un corps encapsulé et l'environnement comme un corps à exploiter. Jusqu'à l'outrage.     

  • Des étapes spirituelles.

    Ce système scolaire dans lequel l'apprentissage cognitif est la seule référence aboutit à un système pervers de croyances. Les diplômes représentent la validation administrative des étapes dans l'accumulation de ces croyances. Je parle de croyances étant donné que ces savoirs contribuent à l'égarement de l'individu dans l'idée que ce qu'il fait, produit, réalise durant ce cheminement cognitif LE représente, que ce qu'il fait correspond à ce qu'il est et que la "réussite" dans ce parcours scolaire contribue à son être et par-dessus tout à la conscience unitaire de la Vie. Les concepteurs de la bombe nucléaire, les chimistes de Monsanto, les ingénieurs de chez Dassault, sont tous des gens hautement diplômés et ils sont à des années lumière de la moindre conscience unifiée. Ils oeuvrent à la validation de leurs études dans l'exploration de leur ego en ayant abandonné toute forme d'empathie avec le flux vital. Leurs croyances les nourrissent et ils se sentent certainement redevables de ce que le système scolaire leur a permis de devenir. Des fanatiques. 

     

    C'est parce que l'enseignement actuel exclut la dimension spirituelle que ces croyances s'établissent avec une telle force. Le pouvoir, la puissance, la compétition sociale, la comparaison, l'envie, la rentabilité, la technicité jusqu'à l'absurde, le profit, le mensonge, la soumission, la compromission, toutes les dérives actuelles sont les conséquences d'une déshumanisation de l'enseignement. 

     

    Je me demande d'ailleurs comment justifier l'idée qu'une société malade puisse s'ériger en formateur de jeunes esprits ? Comment peut-on considérer que les pairs, dans leurs dérives anciennes, puissent oeuvrer au Bien-être des individus ? 

    Il me vient parfois à l'esprit que cette société agit comme un incubateur. Elle favorise l'éclosion de ses prochaines victimes. Victimes spirituelles à une échelle gigantesque. Jusqu'au sans domicile qui deviendra une victime physique. En passant par les suicidés, les intoxiqués, les déjantés, tous ceux qui se seront perdus en cours de route, qui auront quitté l'axe principal pour s'aventurer sur des chemins de traverse. Il y a des rescapés. Ceux qui basculent pour une raison qui parfois leur échappe dans cette dimension spirituelle dont ils ont été privés durant leur survie.

     

    J'essaie d'identifier depuis quelques temps les étapes de ce cheminement. C'est flou encore...

    1 ) La socialisation.

    C'est l'intégration à la famille et à l'environnement socio-culturel. Cette construction du Moi contribue bien entendu à l'identification et à un engrenage qui peut durer une vie entière...Le lien avec la dimension spirituelle est inexistant ou très limité. L'individu est conditionné par la société où il vit et l'enseignement scolaire s'est chargé de lui faire admettre l'idée qu'il sera ce qu'il fera dans cette société.

    Kipling disait : "Tu seras un Homme, mon fils..."

    L'enseignement et la société qu'elle sert répète : "Vous serez des consommateurs, chers enfants et vous contribuerez également, pour les meilleurs d'entre vous à faire consommer la masse."

    Il n'y a bien entendu pas de prise en considération de l'individu mais bien uniquement celle de la masse toute puissante.

     

    2) La rupture.

    Il suffit parfois d'un évènement, un choc émotionnel, un flash existentiel. La maladie, la souffrance psychologique, la douleur physique...L'individu n'y est pour rien, il ne maîtrise rien. La prise de conscience qui en résulte provoque des questionnements insolubles, un foisonnement insoumis d'interrogations, comme si avait volé en éclat une chape de plomb sur la conscience. C'est la fusion avec l'âme, et plus profondément encore avec l'Esprit. Dans une vision ternaire de l'Homme, le mental est un ouvrier au service de l'âme, l'âme étant le miroir se tournant simultanément vers ce mental qu'elle dirige et l'Esprit qui l'illumine. L'Esprit est à la source de la conscience unifiée alors que jusqu'ici, le mental évoluait dans une dimension duale : moi et mon environnement. Cette étape déclenche une découverte anarchique de l'inconscient alors que jusqu'ici il était nié et repoussé, n'apparaissant que dans des actes inconsidérés et inexpliqués. La création artistique vient s'adjoindre bien souvent à cette exploration. Cette sublimation des mondes intérieurs permet la cartographie des mondes inconnus dont les effluves remontaient parfois, de façon sporadique, à la surface de la vie évènementielle.

     

    3) Exploration.

    Il s'agit d'oeuvrer désormais, de façon organisée, à cette exploration de l'inconscient et de favoriser l'émergence de la conscience sacrée, et non seulement de la conscience du Moi. Les identifications vont se dissoudre, les attachements vont se perdre, les conditionnements vont se révéler.

    Le danger est de se croire arrivé...Alors qu'on vient de faire le premier pas.

     

    4) ?

    Je ne sais pas de quoi il s'agit. Mais les horizons sont immenses.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

  • L'enseignement spirituel

    L'enseignement scolaire actuel exclut totalement la dimension spirituelle de l'individu. La classe de philosophie de terminale n'est qu'une accumulation de savoirs aboutissant à une évaluation chiffrée comme si le but essentiel de la philosophie tenait dans un cadre aussi restrictif. C'est consternant et ça contribue au rejet quasi général de ce regard porté sur l'existence. Pour ma part, la philosophie n'est même pas une finalité. Elle n'est qu'un moyen de tendre vers une complétude de l'individu, une unification de l'ego avec l'inconscient, du moi avec le Soi qui le contient, une observation lucide des conditionnements et leur analyse. La philosophie pour elle-même n'a pas plus d'intérêt que la connaissance de la carte du monde. Il ne s'agit que de l'image d'un territoire mais son exploration rend nécessaire l'engagement du marcheur. Sortir d'une classe de terminale en  se contentant de connaître la carte sans que cela n'ait déclenché le désir absolu de se lancer sur la route intérieure est un échec cuisant pour l'éducation nationale. Il faudrait que ce mammouth cherche à connaître, sur le long terme, le nombre d'individus ayant éprouvé cet amour des horizons intérieurs. Le constat serait effrayant. 

    La philosophie est bien autre chose qu'une matière scolaire. Luc Ferry disait qu'il était inutile de chercher à initier de jeunes enfants à une démarche philosophique. Je suis d'accord avec lui s'il s'agissait de l'enseigner comme cela est fait en France. Mais pour ma part, je mets bien autre chose dans le terme que ce simple épandage de notions diverses dans des esprits en friche. Lorsque je travaille avec mes élèves sur la gestion des émotions, nous faisons de la philosophie puisque l'objectif est de vivre mieux comme l'entendait Sénèque. Pour Luc Ferry, la philosophie est un moyen d'épandre sur les autres ses connaissances. Evidemment, il trouverait humiliant que ça soit vers de jeunes enfants. Il a une trop haute estime de lui. 

    Et bien, je pense, pour le vivre depuis trente ans, qu'il est bien plus délicat d'initier de jeunes esprits que de formater des adolescents. Ceux-là, n'ayant justement jamais eu à s'observer réellement, en dehors du prisme étroit de leur vie sociale. 

    Lorsqu'une élève me dit, après  notre discussion sur le chemin éclairé par les lampadaires qu'on allume,que les zones d'ombres lui apparaissent beaucoup moins inquiétantes dès lors qu'on sait qu'il est bon et reposant de venir se ressourcer sous les lumières acquises, et bien, je sais qu'il s'agit de philosophie. Puisqu'elle vivra mieux.

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  • Apprentissage existentiel. (école)

    J'utilise parfois une métaphore pour montrer aux enfants le chemin qu'ils parcourent dans les apprentissages cognitifs. Il s'agit des lampadaires. Sur le chemin de la connaissance, ils vont rencontrer un lampadaire qu'il s'agit d'allumer. C'est le travail qu'ils vont fournir qui va alimenter en énergie la colonne jusqu'à atteindre l'ampoule d'où jaillira la lumière. Cette lumière va éclairer le chemin qui se présente devant eux et ils devineront dans l'obscurité la silhouette du lampadaire suivant. Il faudra qu'ils s'aventurent sur le chemin en profitant de la lumière du lampadaire qu'ils viennent d'allumer, ils devront accepter de progresser dans une semi-obscurité, des zones d'ombres, ils devront éviter les pièges sur le chemin, des trous, des ornières, les fossés du bas-côté...

    Si l'exploration se révèle trop pénible, ils pourront toujours venir se ressourcer à la lumière du lampadaire allumé. Il n'y a aucun échec dans ce repos nécessaire, juste une accumulation des nourritures indispensables pour se projeter de nouveau sur la route. Avancer en terrain inconnu dans un état de stress, de peur, de tension, n'est nullement favorable. Les émotions génèrent des obstacles illusoires, comme des fardeaux qui viennent compliquer davantage la tâche. 

    On peut utiliser également la progression des alpinistes sur une montagne himalayenne. Ils vont se charger de tout le matériel nécessaire pour aller installer le premier camp. Ils vont monter lentement pour que leur organisme s'habitue à la pression de l'environnement. Quand ils atteindront un replat favorable à l'installation du camp 2, ils s'accorderont un repos prolongé afin que leur organisme récupère des efforts produits et accumulent les forces nécessaires pour la suite. Ils repartiront lorsque le cheminement aura été minutieusement observé aux jumelles, discuté, préparé, que chacun connaîtra sa tâche, que le matériel indispensable aura été réparti dans les sacs. Il est possible que la montée vers le camp 3 n'aboutisse pas au premier essai. Trop difficile. Ils poseront le matériel et redescendront au camp 2 reprendre des forces. Aucun échec dans cette décision mais l'acceptation des délais, la reconnaissance en eux de leurs faiblesses. Ils doivent s'accorder ce repos, peut-être même redescendre jusqu'au camp 1 pour que ce repos soit encore plus bénéfique.

    Cette validation des connaissances, ce repli vers des territoires connus, ce repos nécessaire avant une nouvelle exploration, une nouvelle avancée en terrain inconnu, les enfants le vivent continuellement. Il est indispensable de leur faire comprendre qu'il n'y a aucun échec dès lors que l'individu reste engagé dans le cheminement à venir. Avancer coûte que coûte est un risque inutile et dangereux. C'est soit une prétention exacerbée, soit une inconscience. Nullement une sagesse.

    Qu'en est-il au regard de l'apprentissage existentiel ? La différence essentielle, à mes yeux, se trouve sur l'absence de balisage. Dans l'aprentissage cognitif, chaque étape à venir est connue, répertoriée, cadrée, préparée. L'enfant avance dans un terrain qui lui est inconnu mais l'enseignant en connaît chaque étape.

    Dans l'apprentissage existentiel ou spirituel, chaque individu avance dans un territoire qui a certainement été parcouru par d'autres explorateurs mais leur expérience ne peut pas l'aider. Il n'y a pas de chemin commun.

    Dans les apprentissages cognitifs, les routes sont partagées par des millions de voyageurs. Seul, le temps nécessaire à chacun variera. Quelles que soient les routes choisies, elles ont déjà été parcourues et les balisages installés.

    Dans le domaine spirituel, je ne pense pas que les routes empruntées par les prédécesseurs puissent permettre une avancée certaine. Il ne s'agirait que d'une illusion. Le fait de connaître un peu les écrits de Krishnamurti ne me fait pas progresser sur le chemin que cet homme a emprunté. Je reste immanquablement sur un chemin personnel. Sans doute que les réflexions qui me sont proposées participeront à l'accumulation de l'énergie interne indispensable à l'éclairage de mes lampadaires mais ça ne sera jamais les lumières des autres explorateurs.

    Le marcheur spirituel est seul sur son chemin. C'est peut-être cette solitude qui rebute tant les humains. 

    L'accumulation des savoirs cognitifs favorise les rencontres mais surtout les comparaisons entre individus, la compétition et la hiérarchie, et ces phénomènes générés par l'école elle-même contribuent tous ensemble à l'image de l'ego. L'individu se construit non pas dans l'estime de soi au regard des savoirs acquis mais au regard de son positionnement par rapport aux autres. Au lieu donc de se réjouir de l'avancée, chacun est confronté à la déception de ne pas être le premier...L'apprentissage devient par conséquent une accumulation de déceptions ou de pressions sans cesse renouvelées pour préserver le niveau atteint par rapport aux autres. Le bonheur du savoir est souillé. 

    Dans l'exploration spirituelle, il n'y a aucun palier identifiable, aucun diplôme, aucune étape commune. Et par conséquent aucune comparaison possible.

    "Ah, je suis plus éveillé que toi ! "

    Absurdité totale qui confère à son propriétaire la nécessité de retourner avant même le premier lampadaire...Il n' a rien compris. D'un point de vue spirituel.

    La méditation avec les enfants contribue très favorablement à ce retour sur soi et à la bienveillance que l'enfant doit s'accorder à lui-même. L'état méditatif est un état de paix.

    Il serait absurde d'amener les enfants à comparer leurs états méditatifs. Il s'agirait d'une atteinte à la méditation elle-même. 

    La méditation est une dimension intime. Aucune injonction de commentaires envers les enfants ne serait judicieuse. Les commentaires ne seront que volontaires.  

    Il s'agit d'inviter les enfants à créer en eux un espace imperméable à toutes intrusions extérieures. Il serait contradictoire que l'école s'immisce dans ce refuge et vienne y réclamer un rendu.. L'apprentissage existentiel est un chemin vers la quiétude, la solitude intérieure. L'école peut présenter le chemin mais aucunement s'y inviter elle-même.

    C'est pour cela que la méditation à l'école, comme toute autre dimension de développement personnel, ne peut et ne doit contribuer à hiérarchiser les enfants par l'entremise d'évaluation formative.

    La méditation à l'école est une activité "extra-scolaire" et il est essentiel que les enfants en aient conscience pour que la méditation elle-même devienne possible...

     

  • Existence et essence.

    Une problématique qui me tourne dans la tête depuis un moment...

    L'essence est ce que l'individu porte avant que l'éducation ne vienne y développer une personnalité fluctuante et amovible.

    Sartre disait que l'existence précède l'essence, dans ce sens, que rien au ciel n'est écrit...Pourtant, lui comme Heidegger, bien que niant l'idée d'une dimension "à postériori", proposaient de pénétrer au coeur même du "Néant" pour découvrir la source créatrice de "l'être".

    Je me demande pour ma part si ces deux dimensions, plutôt que d'être antinomiques, ne seraient pas indissociables et qu'il est absurde de chercher à les opposer. Je vois dans cette lutte intestine bien davantage des conflits d'ego qu'une recherche salutaire... Conflits intellectuels. 

    L'existence est un chemin proposé aux êtres pour remonter à la source créatrice et par conséquent à l'essence. Il n'est pas question de savoir si l'essence permet l'existence ou si l'existence est primoridale, comme s'il s'agissait d'une course en ligne, mais juste de relier les deux entités, celle de l'esprit et celle du matériel, pour élever l'individu.

    En dehors de ce travail, il n'y a qu'une série d'évènements qui relèvent bien cette fois du néant...Ce qui est absurde, c'est de ne pas entamer cette exploration.

    Dans le chamanisme, il existe une vision ternaire de l'homme et du monde. Un monde matériel ou physique, un monde inconscient ou souterrain et un monde d'en haut, spirituel et lumineux. L'arbre en est le symbole. Rien en lui n'est séparé, il forme un tout harmonieux et il ne peut se défaire d'une partie de lui-même. Dans cette vision du monde, l'individu est placé au centre, au niveau du tronc et il doit apprendre à saisir ce qui le constitue dans son unité, l'existence tout comme l'essence. L'existence s'étendra dans une dimension matérielle et évènementielle. L'analyse lucide de cette existence génèrera une conscience active entre le monde souterrain de l'inconscient et celui de l'esprit, entre les profondeurs et les cieux.

    Sans cette existence physique, il ne peut pas y avoir d'exploration de l'essence. Sans l'essence créatrice, il n'y a pas d'existence possible mais juste une extension horizontale. Une essence à qui aucune existence ne serait attribuée ne serait qu'une entité invisible figée dans l'éternité. Aucun intérêt. Cette entité figée, c'est celle des Dieux. A mes yeux, leur place n'est pas enviable.

  • La réalité et le réel.

    On peut faire une distinction entre le monde de la réalité, c'est à dire la dimension dans laquelle nous évoluons, et le monde du réel, c'est à dire la dimension que nous pouvons explorer lorsque l'individu s'est "réalisé". Il s'agit à mes yeux de cet espace dans lequel l'individu s'est extrait des codes et des conditionnements inhérents à son statut.

    Si quelqu'un me dit : "Vous êtes instituteur", je me dois de répondre que c'est faux. Je ne "suis" pas instituteur mais j'exerce la profession d'instituteur.

    De la même façon, si quelqu'un me dit : "Vous êtes bien Thierry Ledru", je me dois de lui répondre encore que c'est faux. Je ne "suis" pas Thierry Ledru mais juste une forme prise par la Vie. Le concept associé à mon nom n'est qu'une étiquette qui permet à autrui de m'identifier. Si par exemple, je m'étais appelé Théodore Duchmol et que j'ai été élevé par les mêmes parents et que j'ai connu la même existence, je serais toujours le même. Si par contre, je m'étais bien appelé Thierry Ledru mais que j'ai été élevé par d'autres parents et que j'ai connu une autre existence, je ne serais absolument pas le même.

    L'étiquette sociale se constitue. Elle n'existe pas a priori. C'est une réalité progressive. Le réel, par contre, existe lorsque je me libère de ces étiquettes. La réalité est un monde conceptuel permettant à l'individu de créer du sens pour son existence. Le risque est que l'individu s'identifie à ce sens alors qu'il n'est qu'une apparence. On pourrait même dire que cette réalité est totalement intellectuelle. Elle s'établit à travers la pensée. Elle n'a aucune existence matérielle. Il s'agit uniquement de costumes associés à des rôles et à des évènements qui s'accumulent et à travers lesquels la pensée prend forme. Mais si on prive l'individu de ces fonctionnements mécaniques et que sa pensée se libère de cette pression, il ne disparaît pas pour autant. C'est une réalité signifiante construite sur l'intellect social institué. Elle n'est pas matérielle étant donné que ce sont les pensées qui lui donnent cette apparence. Je ne suis pas propriétaire d'une maison. C'est totalement absurde. Il ne s'agit que d'un papier administratif. Je ne suis pas propriétaire d'un bout de terre. Je ne suis pas instituteur, je ne suis pas père de trois enfants. Je suis celui par qui la Vie s'est chargée de donner forme à trois existences. Il m'incombe par contre d'accompagner ces trois existences. Mais je ne "suis" pas pour autant père. Je suis une forme prise par la Vie. Dans la réalité, je me suis identifié à des devoirs, des exigences, des rôles, des comportements, des responsabilités. Tout cela ne me constitue pas, ce sont des costumes. Cela ne signifie pas qu'ils ne sont pas importants mais je dois faire une distinction entre cette réalité sociale et le réel.

    L'énorme erreur de cette société moderne est d'avoir donné à la réalité une place prédominante et d'avoir par conséquent créé de toute pièce un assemblage disparate dans lequel l'individu perd de vue le réel. C'est une pression constante qui n'a rien à voir avec le phénomène vital. Nous en oublions par conséquent que nous sommes en Vie pour nous attacher uniquement à exister. L'existence est un phénomène social. la Vie est un phénomène originel. 

    On peut par conséquent établir une distinction entre le "réalisateur" et "l'acteur".

    Le réalisateur est l'individu qui se réalise à travers l'exploration du phénomène vital.

    L'acteur se contente de tenir des rôles auxquels il est parfaitement identifié et qui remplissent son existence. Il n'en est pas toujours heureux d'ailleurs mais il reste malgré tout attaché à ces rôles puisqu'ils lui donnent ce sentiment d'exister. C'est totalement insignifiant mais il prolonge aveuglément les comportements dont il a hérité. Le réel lui est totalement inconnu.

    Le monde de la réalité est un monde clos malgré la multitude de voies qu'il propose. Il est clos parce qu'il n'ouvre pas un espace intérieur mais uniquement la multiplication des illusions de la pensée. J'aurais pu être avocat, médecin, ouvrier, maçon, célibataire, Anglais, Belge, Indien, Chinois, pauvre, riche, malade, handicapé, blond, roux, gros, maigre, chauve, barbu etc etc etc...Tout ça n'aurait rien changé au réel en moi mais aurait changé la réalité dans laquelle j'aurais évolué. On pourrait croire que la multitude des voies générées par la réalité propose des horizons immenses mais il n'en est rien étant donné que ces horizons, d'un point de vue spirituel, n'en sont qu'un. L'individu dépense une énergie considérable à explorer des voies illusoires balisées de panneaux variés mais c'est une extension horizontale alors que la voie spirituelle constitue une voie verticale à l'intérieur de l'individu. Victor Hugo, Nietzsche, Baudelaire, tous ont parlé de ce "gouffre" en nous.

    De quoi se constitue ce réel ? Selon certain scientifiques, Fritjof Capra par exemple, notre univers physique ne se constitue pas de matière mais d'une force appelée énergie. La matière serait uniquement la forme condensée de cette énergie. Elle existe sous la forme de particules de plus en plus infimes, les unes à l'intérieur des autres pour finalement se réduire à l'état d'énergie pure. D'un point de vue physique, tout ce qui existe serait énergie et l'être humain ferait partie intégrante de cette énergie. Cette énergie émet des vibrations, à des vitesses variées et ces vibrations correspondraient à la qualité même de l'énergie. La pensée elle-même serait une énergie relativement subtile. Une des lois de l'énergie est qu'un niveau vibratoire d'énergie tend à attirer l'énergie de même qualité et de même vibration.

    On voit immmédaitement que le maintien du fonctionnement de conscience actuel correspond à une énergie commune. Les individus vibrent de façon identique et favorisent l'hégémonie d'une forme de pensée. C'est une aimantation qui s'entretient elle-même. Étant donné que cette forme d'énergie aboutit à des conditionnements planétaires, l'humanité ne parvient pas à s'extraire de cette qualité basse d'énergie. Il faut imaginer un champ énergétique incommensurable à l'intérieur duquel les individus évoluent, tous de façon identique puisqu'ils vibrent tous avec la même "qualité"...

    Il est évident que les Kogis, par exemple, ne sont pas inclus dans ce champ énergétique.

    Pour notre part, quel que soit, le type d'existence dans lequel nous évoluons, il n'y a aucune liberté spirituelle tant que nous sommes associés à cette énergie basse. Bill Gates n'est pas plus libre que le SDF du pont de l'Alma... Mais le SDF rêve évidemment de la vie de Bill Gates. On ne peut pas lui en vouloir. C'est une "réalité" si parfaite...

    Il est 4h10 du matin et je suis devant l'ordinateur. Impossible de dormir. Cette impression que ce réel est là et me tend les bras. Il y a quelque chose d'immense à comprendre.

  • Si un jour

    Si un jour, en cherchant à ouvrir ce blog, vous tombez sur une page qui vous dit que le site n'existe plus, c'est parce que je l'aurai supprimé. Je ne m' en sors plus avec la nouvelle version de l'hébergeur et j'en ai ras le bol de passer des heures à essayer de gérer tout ça. Je ne suis pas informaticien. Et ça ne m'intéresse pas.

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