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François Béranger
- Par Thierry LEDRU
- Le 23/10/2011
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François Béranger
PARIS-LUMIÈRE
Texte écrit en 1978................ Et on continue, on continue, les murs sont de plus en plus épais, l'armée des citoyens grossit irrémédiablement...............Les rebelles se battront un jour pour sauver les quelques lopins de terre qui n'auront pas été dévastés.........;
Autrefois y avait des gens
Qui ont dit faisons des villes
Pour enterrer nos frayeurs
Ce sera plus simple à plusieurs
Ce sera plus simple à beaucoup
Derrière nos murs de pierre
L'oeil collé aux meurtrières
De chasser les hordes de loups
De chasser tout ce qu'est pas nous
Etrangers pestiférés
Truands saltimbanques filous
Juifs errants et faux prophètes
Jour et nuit de la lumière
Temples d'or chatoyants
Rumeurs douces de la vie
Tous les samedis la fête
L'âge d'or des villes vint
Villes phares éblouissants
Vers qui vont tous les désirs
Et les rêves de continents
Et puis les villes ont grandi
Sont devenues boulimiques
Monstrueuses et hystériques
Bouffant tout ne rendant rien
Gigantesques tentaculaires
Boursouflées et hydropiques
Pestilentielles et criardes
Villes mutilées dans leur corps
Qui exhalent des senteurs
De mille tortures chimiques
Cadavre très avancé
Nous nous sommes les produits
D'une de ces saloperies
Ça s'appelle Paris Lumière
Ça agonise comme Venise
"Sous les ponts de Paris
Coule la Seine"... et la merde
Nous nous sommes les produits
D'une de ces saloperies
Où l'un est l'ennemi de l'autre
Retranché aveugle et muet
Chacun fait sa propre geôle
Dans un désert surpeuplé
Des millions de morts s'agitent
Dans un flot d'indifférence
Tu me croises je te croise
Et vite nos regards s'évitent
On se frôle par accident
C'est la décharge électrique
Les nourritures éclectiques
Ensachées dans du plastique
Vont faire de nous des mutants
Grosses têtes et corps éthiques
Et bientôt le Centième Plan
Bétonnera notre cerveau
Plus jamais d'insurrection
Grâce au conditionnement
Alors nous naïvement
Pour nous sauver du néant
Par nos guitares fluettes
Nos ridicules voix aphones
On balance nos curieux chants
Chants dérisoires inutiles
Essayant juste un moment
D'être avec vous vous avec nous
Puis après comme si souvent
Dans la salle morte et déserte
La solitude va rentrer
Nous aider à tout ranger
Dans la nuit les bagnoles vont
Vers l'hôtel aseptisé
Dont les murs pissent une musique
De pauvres musiciens châtrés
Et dans le lit seul et froid
Mains en coquille sur le sexe
Comme un foetus dans un ventre
Rêves enluminés d'enfant
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Pirates des Caraïbes...
- Par Thierry LEDRU
- Le 23/10/2011
- 0 commentaire
MESSAGE DE L'HEBERGEUR;
Depuis cette nuit, des pirates informatiques lancent des attaques en direction de nos serveurs. Des techniciens sont mobilisés depuis le début de la nuit pour contrer ces attaques qui sont d’une ampleur unique. Ces pirates sont bien organisés et envoient des milliers de requêtes à la seconde depuis plusieurs serveurs piratés : cela a pour conséquence d’empêcher tout accès à e-monsite et à vos sites.
Il s’agit donc « juste » d’une attaque par déni de service (voir définition sur wikipedia) qui n’a aucun impact sur les données : c’est juste l’accès qui est impossible. Donc, il n’y a aucun risque de perdre des données : quand l’attaque sera contrée vous retrouverez vos sites et vos données comme avant.
Nous faisons le nécessaire pour rétablir l’accès rapidement mais il faut comprendre que ce genre d’attaque qui a clairement comme but de nous nuire est indépendant de notre volonté et imprévisible (les plus grands sites ont subi et subiront ce genre d’attaque).
Nous sommes bien sûr désolé, d’autant plus que cela ne tombe pas au meilleur moment…
Nous vous tiendrons informé sur le blog et sur notre page facebook des évolutions.
EDIT 13h40 : 2/3 des sources d’attaques ont été maîtrisées. Mais cela n’est pas suffisant pour que l’accès soit remis en place.
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Vertiges de l'Amour à vélo.
- Par Thierry LEDRU
- Le 22/10/2011
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Oui, je sais, c'est un titre un peu inhabituel ici ^^
Mais encore une fois, j'ai pu réaliser aujourd'hui à quel point cette activité ouvre un espace extraordinaire.
La Savoie n'est pas réputée pour ses mornes plaines et une virée en vélo, par ici, est toujours redoutable, dès lors qu'on s'attelle à maintenir un rythme élevé. Bosses, descentes, faux plats montants, murs, longues montées en lacets et quelques plats en fond de vallée.
On entre vite dans la concentration si on veut tenir...
"Appuie, monte la jambe, souffle, souffle, serre le ventre, pousse avec les abdos, ne bouge pas les épaules, arrondis le dos, ne t'occupe pas de la brûlure, oublie-la, oublie tout, laisse les gestes trouver leur auto-suffisance."
C'est là qu'il est possible de franchir un seuil. Lorsque tout se fait mécaniquement, lorsque le corps a trouvé cette symphonie intérieure, un accord parfait entre les muscles, le souffle, la circulation du sang, l'exploitation totale de l'énergie cachée.
Il arrive toujours un moment où il n'y a plus rien de pensé, plus aucune intention, plus rien de réfléchi. Tout se fait. C'est d'ailleurs à partir de là que la vitesse augmente encore. Parce qu'il n'y a aucune inquiétude, aucune idée d'économie, aucune réticence à aller puiser au plus profond. Il ne s'agit pas d'ivresse parce que sinon, la maîtrise du geste volerait en éclat. Je l'appelle l'euphorie. Un sentiment extraordinaire de puissance. Combien de fois il m'est arrivé de sourire et même de rire dans ce bien-être.
Aujourd'hui, j'essaie d'appliquer cette méthode à d'autres domaines. Tout lâcher. Ne rien retenir, plonger au plus profond et découvrir l'immensité de ce pouvoir. Etre là et soustraire toute forme de pensées réductrices, craintives, toute idée d'économie.
On pourrait penser que c'est épuisant mais c'est secondaire à mes yeux. Ce qui m'importe, c'est de ne rien manquer de ce que je suis.
Alors bien sûr, en fin de virée, tout à l'heure, j'ai pris des crampes. Mais je n'avais rien mangé depuis le matin. Hypoglicémie. La leçon est évidente. Il ne faut rien négliger...
Il est en tout cas déconcertant de constater, quand on observe ce jaillissement de l'énergie, qu'il est dépendant du retrait complet du mental, comme si celui-ci, dans ses arabesques chaotiques, instaurait un fardeau, une sorte d'enceinte et que le corps ne pouvait pas se révéler à lui-même tant que le mental l'entravait.
Il n'est jamais aussi beau de faire l'amour que dans cette complète absence de pensées. Et c'est là que l'osmose des partenaires est la plus flamboyante. Parce qu'ils sont eux-mêmes en osmose avec ce corps et l'énergie qu'il contient.
On ne s'endort jamais aussi bien que dans cette absence de pensées.
On ne travaille jamais aussi bien que dans cette absence de parasites, lorsqu'il ne reste qu'une unique pensée, associée à ce travail à mener.
Il me semble que cette exploration corporelle est un cheminement indispensable. Je ne parle pas d'une activité physique liée à une activité professionnelle, quotidienne ou même une activité physique modérée. Il s'agit bien d'une recherche effrénée de l'énergie, une tentative prolongée pour entrer dans ce champ démentalisé.
Les adeptes du zazen le pratiquent mais il me manquerait le bonheur du geste et les horizons des montagnes; Ca n'est pas pour moi. Ou pas encore tout du moins. Peut-être qu'avec l'âge et les limitations naturelles.
Je sais bien aussi que dans le cas d'efforts physiques intenses, les endorphines entrent dans la danse et que leurs effets sont puissants mais dans ce que je cherche à atteindre, il y a une part volontaire, il ne s'agit pas uniquement de pousser la machine jusqu'à l'extase endomorphique mais d'accompagner ce fonctionnement naturel par un travail mentalisé, dans un premier temps, puis une concentration sur un geste particulier pour finir par m'extraire de ce travail pour n'être plus que le geste simple.
S'il ne s'agissait que de l'effet des endorphines, il me faudrait bien plus de vingt minutes de vélo pour y parvenir.
Je ne suis pas mes pensées, c'est une évidence. Je ne suis pas non plus mon corps étant donné que celui-ci se renouvelle et se transforme constamment. Les scientifiques nous ont expliqué qu'en sept ans, les cellules d'un individu se sont totalement transformées. Les cellules apparaissent et meurent mais "je" survis.
Le corps est une partie de ce "je" qui survit mais il n'en est pas la Source. Il est absurde et totalement insignifiant de nous identifier à notre enveloppe tout autant qu'à notre mental.
La seule entité qui soit identifiable durant toute la vie d'un être vivant, c'est l'Energie. Et c'est elle qui me fascine. Mes "performances" physiques n'ont aucun intérêt pour elles-mêmes. Elles ne sont qu'un moyen. Le moyen d'entrer dans cet Amour de l'Energie, dans ce vertige incommensurable, non pas un vertige nauséeux mais une montée verticale vers les altitudes de la conscience. En sachant qu'il n'y a aucune limite, aucun plafond, aucune zone infranchissable. C'est un sommet sans fin.
Je ne sais pas où j'en suis et ça m'est totalement égal. Je suis là où je peux être.
C'est ce vertige de l'Amour qui m'émeut jusqu'aux larmes.
VERTIGES
EXTRAIT
"Le glacier s'étire devant lui, nonchalamment, maquillé par endroits d'embruns scintillants. Des clairières de lumière guident les présents de l'astre vers des étendues insatiables. Dans cette cérémonie amoureuse, tout n'est qu'offrande.
Comme un somnambule fasciné, il chemine lentement entre les crevasses ouvertes. Il perçoit dans ses os les craquements de la glace et son sang est teinté par la nuit bleutée. Il se croyait vidé de tout mais il comprend maintenant qu'il s'est simplement retourné...Son intérieur est dehors...il a déjà ressenti cela, autrefois, sur un sommet...Peut-être n'est-ce pas si loin d'ailleurs. Il ne parvient plus à distinguer le temps qui passe. Il est assailli de sensations inconnues. Il saisit avec une précision extrême la rotation de la Terre, les courants d'air dans l'atmosphère, les soulèvements des océans aimantés par la lune, les mouvements indicibles de la croûte terrestre. Il en est presque effrayé. Tout ce qu'il capte est si éloigné de l'humain.
Pourquoi lui donne-t-on à connaître tout cela ? Qui est responsable ?
Il ne distingue plus son corps.
Il regarde sa main et il aperçoit dans les rides des sillons d'étoiles filantes. Il emmène cette main vers l'endroit supposé de sa joue mais il ne reçoit aucune information connue. Il a peur de disparaître dans l'espace et simultanément, il comprend que c'est déjà fait.
Il ne s'agit plus seulement d'une cellule au bout d'un doigt, travaillant aveuglément pour cette zone limitée, ignorante du corps qui la porte, il ne s'agit plus d'un individu vivant à l'intérieur d'un espace inconnu, insensible à l'immensité qui le contient. Il est entré ailleurs...Dans une dimension synergique, dans un état d'ultime clairvoyance.
La cellule, au bout du doigt, est intimement liée au Tout...Et dans son entité, simple et unique, le Tout est inscrit.
Il devine alors combien il n'est pas lui mais bien plus. Sans savoir ce que c'est. Il est incapable de poursuivre sa découverte. Tout va trop loin. Il a l'impression brutalement que sa conscience est en expansion, qu'elle s'est inscrite dans le même élan qui porte l'Univers, qu'à l'intérieur de son crâne un processus s'est engagé, qu'il ne contrôle rien et que ce n'est qu'un début.
Il voudrait être sûr de ne rien oublier mais sitôt pensée, l'idée disparaît. Il en ressent une profonde injustice. Plus il tente de se concentrer, moins il comprend. Il doit s'abandonner, il le sent, tout ce qui se passe d'ailleurs n'est que ressenti. La raison est trop restrictive, il faut s'en dépouiller, ne rien vouloir, ça serait encore trop humain et l'humain est si faible. Il faut autre chose et c'est en lui. Il en est certain. Mais où ?
Devenir la sensation pure.
Ne pas vivre dans le monde mais vivre du monde.
Non, la solution n'est pas en lui, il le sent, il le sait, la solution, c'est le monde.
Etre soi, c'est se défaire de soi et entrer dans la complicité avec l'espace, avec la matière vivante qui grandit inexorablement, comme sa conscience.
L'Univers est en lui, il le comprend enfin et il s'étend avec lui, sur sa lancée.
Il dérive dans des courants de lumières inconnues. L'étendue des révélations qui s'éveillent le bouleverse.
Une étrange impression de chaleur se pose sur son visage. Pourtant, rien à l'horizon, n'indique la venue du soleil. Il voudrait comprendre mais aussitôt prononcée, cette volonté anéantit toutes ses chances de saisir. Il ne doit pas vouloir...Il cesse de penser et se laisse porter par sa marche lancinante.
Il écoute avec sa peau, et de nouveau une tiédeur le frôle.
Des courants solaires se sont glissés dans la nuit. Eclaireurs de l'astre, ils annoncent au monde l'élévation prochaine. Des effluves bienfaisants caressent sa peau. Il est heureux."
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Fichage des enfants (école)
- Par Thierry LEDRU
- Le 21/10/2011
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http://www.vousnousils.fr/2011/10/21/maternelle-les-enfants-sont-deja-beaucoup-evalues-515284Le projet d'évaluer les élèves de maternelle inquiète. Le ministre de l'Education nationale, Luc Chatel, a tenu à rassurer en plaidant pour un « repérage précoce » des difficultés. Néanmoins le malaise persiste. Entretien avec le Dr Geneviève Serre, pédopsychiatre et responsable du centre départemental du langage à l'hôpital Avicenne à Bobigny (AP-HP).Que pensez-vous du projet évoqué par le ministère (lire encadré) d'apprécier les lacunes dans la maîtrise du langage et aussi le comportement des élèves de grande section de maternelle ?
J'y suis opposée car les enfants de grande section ne sont pas en âge d'être classés dans des catégories. Dans l'outil présenté, il y a un côté très prédictif avec évaluation des capacités langagières mais aussi du comportement, or l'enfant se construit aussi à partir de ce que l'adulte se représente de lui. Cela me rappelle la levée de boucliers, il y a quelques années, face au projet de détecter dès la crèche et l'école maternelle les enfants qui présentaient des troubles du comportement avec l'idée d'une prédiction à long terme (ndlr : en 2006, le collectif « Pas de zéro de conduite pour les enfants de trois ans » s'était élevé contre le projet de loi et l'idée de créer un carnet de comportement en maternelle). Et puis cette évaluation a déjà lieu : les médecins scolaires doivent effectuer un bilan obligatoire en grande section.
En France, environ 10% des enfants d'une classe d'âge sont pourtant atteints de troubles du langage. Le dispositif n'a-t-il pas le mérite de prendre en compte un problème persistant ?
Oui, mais que va-t-on faire des résultats obtenus ? Aujourd'hui, les enfants de maternelle sont déjà beaucoup évalués. Au centre du langage, de nombreux parents arrivent avec les carnets et les points rouges, orange ou verts de leurs enfants. Je trouve ça terrible et c'est souvent très dur à vivre pour eux. Je crains aussi que les enfants de migrants ne soient mis à l'index avec un tel dispositif alors que l'école doit justement leur permettre si nécessaire d'apprendre le français. Et le risque existe que les établissements soient comparés entre eux, ce qui insécurisera les enfants, les parents et les enseignants.
Le projet du ministère
Un protocole d'évaluation a été présenté jeudi 13 octobre par la direction de l'enseignement scolaire . Face au tollé que le "document de travail" a suscité, Luc Chatel, ministre de l'Education, a fait machine arrière le 19 octobre. Les termes de « risque » et de « haut risque » pour classer les enfants seront finalement retirés du projet de « repérage précoce », facultatif, des élèves en difficultés. Il a par ailleurs été précisé que les données resteront à l'échelle de la classe, sans inscription au livret scolaire.
Les enseignants sont-ils aptes, formés et habilités à repérer des troubles du comportement et du langage ?
S'il s'agit de repérer les prérequis nécessaires à l'apprentissage de la lecture en CP, les instituteurs savent très bien le faire. S'il s'agit au contraire de diagnostiquer les élèves souffrant de dyslexie, il faut entre autres un bilan d'un orthophoniste, ce n'est pas du ressort des enseignants. Mais on ne peut pas dire si un élève de maternelle sera dyslexique alors qu'il ne sait ni lire ni écrire. Les enfants changent très vite à cet âge, ils mûrissent. Dans le document du ministère, une représentation de l'élève idéal est induite et cela me gêne. On a l'impression que l'objectif est normatif alors qu'à 5 ans il me semble qu'on doit avoir le droit de ne pas être dans la norme ! L'objectif premier de l'école devrait être d'aider les enfants à être autonomes, à avoir du plaisir à penser et à apprendre.
En admettant que l'on puisse détecter certains troubles de l'apprentissage avant l'entrée au CP, à qui devrait revenir la charge d'aider les enfants à « redresser la barre » : des enseignants bien formés ou des « rééducateurs » extérieurs ?
Il est important de repérer un enfant qui a des difficultés pour travailler avec lui, en petit groupe par exemple, sur ses lacunes. Le vrai problème, me semble-t-il, c'est qu'une fois les difficultés repérées, quels moyens donne-t-on ? Les solutions ne sont pas toutes à l'extérieur de l'école. Elles existent, il faut nouer des partenariats, mais il existe déjà les RASED et un système de santé scolaire, avec des psychologues et des médecins, sur lequel il faut s'appuyer. Et curieusement cette étape, fondamentale, on n'en entend pas du tout parler dans le projet.
Charles Centofanti
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Il faut savoir que ces RASED sont en voie de disparition. Les postes de "maîtres G" ont déjà été supprimés, les postes de "maître E" suivent la même voie et les psychologues scolaires voient leur secteur agrandir année après année étant donné que les départs à la retraite conduisent à des fermetures de poste définitifs.
Ce que tout cela signifie est très simple. Les évaluations des enfants ne sont QUE des fichages. Ce qui devrait être entamé dès l'identification d'une difficulté relève du défi insurmontable de la part des enseignants qui voient leurs effectifs gonfler année après année. L'individualisation est brisée dès l'école maternelle.
Il n'y a acune intention d'aide de la part du gouvernement mais uniquement une identification et par conséquent un "enfermement" de ces enfants dans un JUGEMENT très subjectif étant donné qu'il est établi par l'enseignant seul sur la base de données nationales.
Je vois passer tous les ans des évaluations en CM2 qui n'ont pour seul objectif que l'établissement de statistiques, de graphiques, de pourcentages. Aucune considération existentielle, aucune intention humaine mais la limitation de l'enfant à son statut d'élève.
L'élève n'est qu'un "objet" politique.
L'enfant n'est qu'un consommateur en devenir.
Je précise que je n'attends rien de mieux de la part du prochain gouvernement.
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L'oubli et le pardon.
- Par Thierry LEDRU
- Le 19/10/2011
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LE PARDON ou L’OUBLI.
Une réflexion associée à l’idée que nos parcours de vie sont inévitablement alourdis par des évènements traumatisants et que nous les portons comme des fardeaux éternels.
Par quoi faut-il passer pour s’en libérer ?
Le pardon ?
L’oubli ?
Ou un autre « travail » ?
J’ai connu des expériences douloureuses. J’en ai terriblement souffert. Elles sont toutes reliées, imbriquées, elles se sont toutes nourries les unes les autres, comme un enchaînement imparable, une condamnation inéluctable. Comme si le premier drame avait créé en moi une route que je ne pouvais que suivre. Je sais aujourd’hui qu’il n’en était rien, qu’il ne s’agissait pas d’une condamnation mais de cette fameuse identification à laquelle le mental s’accroche parce qu’il s’agit pour lui d’un cheminement connu.
J’avais seize ans. J’ai découvert avec une violence extrême le monde de l’hôpital, de la souffrance, de la détresse, de la mort. Je veillais mon frère, cliniquement mort. Trois mois de calvaire. Et puis des mois de doutes, de peurs, d’espoir, de rémissions, de luttes, d’avancées, de progrès...
Un élément déclencheur, lui-même nourri par l’enfance, l’adolescence, les relations familiales, les questionnements existentiels. Mon engagement auprès de mon frère était généré par l’image que j’avais de moi et que les autres propageaient, entretenaient… Un garçon fragile, maladif, hyper sensible, timoré, introverti.
L’hôpital s’est révélé une opportunité. Découvrir ce que je portais au plus profond, briser cette image pesante, sortir de ce carcan, de cette identification de l’enfant chétif. Mais je ne l’ai pas compris à cette époque, rien n’était conscient. J’étais juste entré en lutte. Pour mon frère mais bien aussi pour moi… Je ne l’ai compris que bien plus tard.
Peu de choses sont conscientes d’ailleurs, sur le moment, tout au long de notre existence et encore moins à l’adolescence.
Je n’ai rien oublié de cette époque. Je n’ai jamais essayé d’oublier d’ailleurs, ni même d’entretenir les souvenirs. Ils étaient là et il a fallu que j’apprenne à vivre avec. Tout le problème vient de l’intérêt qu’on leur porte. Là encore, il s’agit d’identification. Comme si ce passé, aussi violent soit-il, reste ancré en nous, comme une teigne. Il faut comprendre ce fonctionnement pour s’en défaire.
Je ne l’avais pas compris et j’étais tombé dans un autre rôle.
Je ne pense pas que l’oubli nous appartienne. Il me semble néfaste de vouloir y imposer une quelconque volonté. Lorsqu’un arbre perd une de ses branches sous le poids de la neige ou les effets d’une tempête, il ne cesse pas pour autant de grandir. Il cicatrise la plaie et continue sa progression vers la lumière. Aucun arbre ne reste figé sur la douleur, aucun arbre ne dévie sa croissance pour rester fixé sur cette plaie. On n’a jamais vu la cime d’un arbre effectuer une courbe pour se pencher sur la marque d’un traumatisme. L’arbre est porté par la Vie. Et la Vie n’a que faire des blocages. On en voit de ces arbres dont la croissance est déviée par un accident de parcours mais elle n’est pas arrêtée.
On parle chez les humains de « sidération ». Et bien, nous devrions apprendre à vivre comme les arbres.
Quand on essaie d’oublier, on doit identifier et réactiver ce qu’on cherche à oublier et dès lors on le réinstalle… Fonctionnement d’humain… Un piège intraitable qu’on se fabrique.
Nous ne pouvons pas oublier volontairement. Mais nous pouvons laisser l’oubli s’installer.
Il est de toute façon une autre leçon à saisir dans le comportement des arbres. Demandez leur ce qu’ils ont fait hier et vous les entendrez rire.
Ce Temps qui nous obsède est une aberration psychologique, une damnation si nous n’y prêtons pas garde.
La question même de l’oubli est une insulte à la Vie. La Vie n’a pas de temps. Elle est. Lorsque nous nous accrochons à des souvenirs ou lorsque nous en souffrons, nous nous retirons de la Vie pour nous complaire ou nous faire souffrir de nos « conditions de vie ».
J’aurais pu mourir à petit feu dans les traumatismes de ma vie si j’avais continué à « penser » que ces évènements ou ces conditions rencontrées au fil du temps représentaient la Vie elle-même. Une effroyable erreur dans laquelle j’ai longtemps erré.
J’identifie trois voies dans l’existence. Elles sont représentées par une balance à plateau. Dans un plateau viennent s’accumuler les évènements favorables, ceux qui nous comblent de bonheur. A l’opposé se concentrent les évènements douloureux. L’individu inconscient dépense une énergie considérable pour tenter de maintenir l’équilibre. Il en va des évènements qui se sont réellement produits mais également de ceux qui entrent dans la dimension du fantasme. Parfois, seuls les fantasmes parviennent à remplir le plateau des évènements positifs… On entre dans le domaine de l’illusion. Et c’est effroyablement destructeur, une addiction redoutable.
On voit même des actes qui n’existent pas pour eux-mêmes mais pour un éventuel objectif à atteindre, une chimère ou un projet tout à fait honorable mais dont la projection temporelle va venir consommer à elle toute seule une énorme énergie. Jusqu’à faire courir le risque que le projet échoue. Et l’individu verra le plateau des évènements négatifs pencher fortement alors que ce projet était destiné à l’origine à venir charger le plateau des évènements positifs.
Tout ça ne signifie pas qu’on doive abandonner tout projet mais qu’il convient de ne pas y apporter autre chose que la réalité.
Il en est de même avec les souvenirs.
Ils n’ont aucune autre existence que celle qu’on veut bien leur accorder.
Si on parvient à laisser l’oubli s’installer et non à vouloir qu’il s’installe, on entre dans la voie du Milieu. L’acceptation. Pas question de laisser-aller ou d’abandon. Il s’agit d’une voie éminemment difficile et qui réclame une totale exigence. En Occident, l’acceptation, tout comme le fatalisme ou le lâcher-prise, sont des notions négatives. Totale incompréhension de ce qu’elles représentent.
L’individu qui souhaite se libérer de l’alternance des deux plateaux de la balance, de ce gaspillage énergétique constant, de cette accumulation d’illusions, se doit d’œuvrer en pleine conscience.
Il ne doit jamais l’oublier. C’est la seule chose existentielle qui mérite de ne pas l’être.
Qu’en est-il du pardon ?
Est-ce que je dois me pardonner d’avoir été inconscient de tout pendant si longtemps ? Il ne servirait à rien en tout cas que je me le reproche. Ca serait de nouveau un ancrage dans le Temps. Ce que j’ai été n’est plus, ce que je serai n’existe pas. Le pardon porte en lui une attache au passé. Etant donné que ce passé n’a aucune réalité, il m’est inutile de m’inquiéter sur un éventuel pardon à m’accorder.
De plus, les erreurs que j’ai commises m’ont amené là où je suis. Elles ont participé à mon chemin, elles l’ont balisé. Il est inutile de les renier, de les maudire, des les conspuer tout comme il est inutile d’honorer indéfiniment les réussites. Au risque d’entretenir les deux plateaux de la balance.
Ce que j’appelle, la Voie du Milieu, correspond pour moi à l’idée que la Vie a une intention. Et que la seule intention que je puisse tenter de maintenir est de comprendre ce que la Vie propose.
L’oubli ou le pardon entrent dans la même dimension que l’espoir ou le fantasme. Des illusions psychologiques qui n’ont rien à voir avec le phénomène de la Vie.
Pardonner aux autres est-il possible ?
C’est l’arbre encore qui donne la réponse. Il n’en veut pas à la tempête qui lui a cassé une branche. Il ne s’intéresse qu’à la lumière du jour. C’est la Vie qui l’emporte. La tempête est une épreuve qu’il a franchie et ressasser l’évènement ne ferait que prolonger la lutte alors qu’elle est terminée. Que ferait-il d’un fardeau quand il s’agit de grandir ? L’humain voit dans cette attitude un abandon, une lâcheté, une vengeance ignorée.
Il en oublie sa tâche. Celle d’aller voir plus haut. C’est la Vie qu’il méprise et par conséquent lui-même.
Mon frère est mort et j’honore sa mémoire en bénissant la Vie.
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Rire jaune...
- Par Thierry LEDRU
- Le 16/10/2011
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SAO PAULO, 19 septembre (Reuters) - Les pays "BRICS" ont déjà acheté de la dette via le Fonds européen de stabilité financière (FESF) et pourraient en acheter davantage, contribuant ainsi à soutenir les économies de zone euro dans la tourmente, rapporte lundi un journal brésilien.
"Nous sommes ravis de voir que des pays BRICS investissent déjà dans notre dette", déclare Christophe Frankel, directeur financier du FESF, dont les propos sont rapportés par le journal Valor Economici.
"Cela représente une diversification très intéressante de notre base d'investisseurs."
Les BRICS désignent le groupe de pays formé par le Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine, et l'Afrique du Sud.
Le FESF, mis en place en mai 2010 pour financer les plans de sauvetage du Portugal et de l'Irlande, a par ailleurs organisé plusieurs téléconférences avec les banques centrales de ces pays, rapporte le journal.
Le fonds est noté AAA par les agences de notation, ce qui signifie que l'investissement dans cette dette comporte un risque quasi-nul.
La proposition lancée la semaine dernière par le Brésil de venir en aide à la zone euro n'avait reçu qu'un accueil mitigé des autres pays BRICS.
Les ministres des Finances de ces grands pays émergents prendront une décision sur la possibilité de venir en aide à la zone euro lors d'une réunion à Washington le 22 septembre. (Raymond Colitt et Luciana Lopez, Catherine Monin pour le service français, édité par Jean Décotte)
Reuters 2011_____________________________________________________________________________________________________________________________
Maastricht, le foutage de gueule de première classe. Bon à mettre dans le livre des records.
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Le jour où je me suis aimé...
- Par Thierry LEDRU
- Le 15/10/2011
- 1 commentaire
Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
j’ai compris qu’en toutes circonstances,
j’étais à la bonne place, au bon moment.
Et alors, j’ai pu me relaxer.
Aujourd’hui je sais que cela s’appelle… l’Estime de soi.Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
j’ai pu percevoir que mon anxiété et ma souffrance émotionnelle
n’étaient rien d’autre qu’un signal
lorsque je vais à l’encontre de mes convictions.
Aujourd’hui je sais que cela s’appelle… l’Authenticité.Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
J’ai cessé de vouloir une vie différente
et j’ai commencé à voir que tout ce qui m’arrive
contribue à ma croissance personnelle.
Aujourd’hui, je sais que cela s’appelle… la Maturité.Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
j’ai commencé à percevoir l’abus
dans le fait de forcer une situation ou une personne,
dans le seul but d’obtenir ce que je veux,
sachant très bien que ni la personne ni moi-même
ne sommes prêts et que ce n’est pas le moment…
Aujourd’hui, je sais que cela s’appelle… le Respect.Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
j’ai commencé à me libérer de tout ce qui n’était pas salutaire,
personnes, situations, tout ce qui baissait mon énergie.
Au début, ma raison appelait cela de l’égoïsme.
Aujourd’hui, je sais que cela s’appelle… l’Amour propre.Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
j’ai cessé d’avoir peur du temps libre
et j’ai arrêté de faire de grands plans,
j’ai abandonné les méga-projets du futur.
Aujourd’hui, je fais ce qui est correct, ce que j’aime
quand cela me plait et à mon rythme.
Aujourd’hui, je sais que cela s’appelle… la Simplicité.Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
j’ai cessé de chercher à avoir toujours raison,
et je me suis rendu compte de toutes les fois où je me suis trompé.
Aujourd’hui, j’ai découvert … l’Humilité.Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
j’ai cessé de revivre le passé et de me préoccuper de l’avenir.
Aujourd’hui, je vis au présent, là où toute la vie se passe.
Aujourd’hui, je vis une seule journée à la fois.
Et cela s’appelle… la Plénitude.Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
j’ai compris que ma tête pouvait me tromper et me décevoir.
Mais si je la mets au service de mon cœur,
elle devient une alliée très précieuse !
Tout ceci, c’est… le Savoir vivre.Kim Mc Millen
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l'Histoire
- Par Thierry LEDRU
- Le 15/10/2011
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Un exemple de la complexité du travail pour les enseignants quand des programmes évoluent sans cesse et n'offrent plus de cohésion, ni de ligne directrice. En attendant les prochaines élections, le prochain ministre, la prochaine réforme. Et pour les parents l'achat de nouveaux livres...Et pour les élèves, cette impression dérangeante d'être des cobayes.
Ce que nos enfants n'apprennent plus au collège
Mots clés : histoire de France, collège, programme scolaire
Dimitri Casali Mis à jour
778 : Roland sonnant du cor, à la bataille de Roncevaux, où les Sarrasins ont battu l'armée franque. A son côté, son épée Durandal. L'épisode a peu à voir avec la réalité historique, mais il a nourri l'imaginaire français. (Rossignol/Editions Hoebeke)Le saviez-vous ? Clovis, Saint Louis ou François I er , mais aussi Henri IV, Louis XIV ou Napoléon ne sont plus étudiés dans les collèges français ! Rayés des programmes ou relégués en option. Raison invoquée par l'Education nationale: il faut consacrer du temps, entre la sixième et la cinquième, à «l'enseignement des civilisations extra-européennes», de l'empire du Mali à la Chine des Hans. C'est ce scandale pédagogique et culturel que dénonce l'historien Dimitri Casali dans son salutaire Altermanuel d'histoire de France (Perrin), dont Le Figaro Magazine publie des extraits. Superbement il lustré, l'ouvrage se présente comme un complément idéal aux manuels scolaires recommandés (ou imposés) par les professeurs de collège. Qui fixe les programmes scolaires en histoire ? L'enquête du Figaro Magazine montre que la question engage l'avenir de notre société.
Clovis, Charles Martel, Hugues Capet, Louis IX, dit Saint Louis, François Ier, Louis XIII ont disparu des instructions officielles de sixième et de cinquième. Le programme de sixième passe sans transition de l'Empire romain au IIIe siècle à l'empire de Charlemagne, soit une impasse de six siècles. Les migrations des IVe et Ve siècles (les fameuses «invasions barbares»), pourtant fondamentales dans l'histoire de l'Europe, ne sont plus évoquées.
Ces absences sont incompréhensibles. Comment comprendre la naissance du royaume de France sans évoquer Clovis? Comment mesurer «l'émergence de l'Etat en France » sans appréhender le règne de Louis IX? La Renaissance sans connaître François Ier? «L'affirmation de l'Etat » sans expliquer Louis XIII et Richelieu? Tous les historiens s'accordent sur l'importance de ces personnages et de leur œuvre, non seulement politique, mais aussi économique et culturelle.
Le règne de Louis XIV est quant à lui relégué à la fin d'un programme de cinquième qui s'étend sur plus de mille ans d'Histoire. Faire étudier aux élèves en fin d'année scolaire cette longue période (1643-1715) tient de la mission impossible, sachant que les enseignants peinent à boucler des programmes surchargés. Ce règne est de plus noyé dans un thème «L'émergence du "roi absolu" » qui s'étend du début du XVIe siècle au début du XVIIIe siècle. C'est ainsi tout un pan de l'histoire de France qui risque d'être partiellement ou - au pire - pas du tout traité. Le règne de Louis XIV est pourtant décisif, tant dans l'affirmation du «pouvoir absolu» que dans le rayonnement de la civilisation française, en France et à l'étranger, à la fin du XVIIe et au début du XVIIIe siècle. Le Brun, Le Nôtre, Hardouin-Mansart, Lully, La Fontaine, Corneille... Autant d'artistes et d'écrivains qui risquent de n'être jamais évoqués dans les classes.
A côté des «oubliés» et des «relégués» des programmes, il y a les «optionnels»... L'une des originalités des nouveaux programmes réside en effet dans le système des options, censé permettre à l'enseignant de construire son propre parcours pédagogique. Si cette démarche est intéressante, elle n'en montre pas moins rapidement ses limites... Ainsi, dans le thème 1 («Les bouleversements culturels et intellectuels») de la partie IV («Vers la modernité») du programme de cinquième, les enseignants doivent faire étudier «la vie et l'œuvre d'un artiste ou d'un mécène de la Renaissance ou un lieu et ses œuvres d'art». Ils pourront donc enseigner, par exemple, Léonard de Vinci ou Laurent de Médicis ou la chapelle Sixtine, mais pas les trois. Dans le thème 2 («L'émergence du "roi absolu"») de la partie IV, ils doivent choisir un règne entre le XVIe siècle et 1715. François Ier, Henri IV, Louis XIII ou Louis XIV. Le choix est impossible.
Parmi ces périodes optionnelles figure le premier Empire (1804-1815). En classe de quatrième, dans le seul chapitre consacré à la Révolution et l'Empire, «La fondation d'une France moderne», l'étude doit être menée à travers un sujet donné. Il y a cinq propositions, dont trois excluent totalement la période impériale:
- Invention de la vie politique;
- Le peuple dans la Révolution;
- La Révolution et les femmes;
- La Révolution, l'Empire et les religions;
- La Révolution, l'Empire et la guerre.
Bref, le premier Empire ne donnera lieu, au mieux, qu'à un éclairage thématique. Dans trois cas sur cinq, il ne sera pas étudié ! Ajoutons que cette période a disparu du nouveau programme de seconde.
A-t-on peur des grands personnages?
Elevé sur le pavois par ses soldats, comme le veut la coutume, Clovis est reconnu roi des Francs, à Tournai, en 481. Agé de 15 ans, il est alors maître de toute la Gaule. (Editions Hoebeke)Clovis, Louis IX, François Ier, Louis XIII, Louis XIV, Napoléon Ier... La disparition ou l'amenuisement de ces souverains et de leur règne laisseraient-ils penser qu'ils n'ont plus de réalité historique? Leur importance n'est pourtant pas remise en cause par les historiens. Comment expliquer alors «l'optionnalisation» du premier Empire en quatrième et sa disparition en seconde? S'agirait-il de gommer un régime jugé trop autoritaire, trop militariste et trop expansionniste? De même, Clovis et Louis IX, dit Saint Louis, seraient-ils devenus trop politiquement «connotés» pour être cités dans les instructions officielles? La même question peut être posée concernant la relégation du règne de Louis XIV en fin de programme de cinquième. Pourquoi faire disparaître ou réduire des règnes notamment caractérisés par le rayonnement de la France à l'étranger? Il est à craindre que la règle du «politiquement correct» ait été appliquée aux programmes, conception moralisatrice de l'enseignement qui tient de la manipulation de l'Histoire.
Faire étudier aux élèves Clovis, François Ier ou Napoléon Ier n'a pourtant rien de réactionnaire en soi. Il ne s'agit bien évidemment pas d'en revenir à une lecture hagiographique, providentielle, épique, patriotique ou dogmatique des «grands personnages», que des générations d'historiens ont bien heureusement remise en cause et déconstruite. Au contraire, il faut présenter aux élèves la complexité de ces hommes, inscrits dans leur époque, sans anachronisme, ni tabou, ni mythologie, et à la lumière des dernières recherches historiques. C'est justement l'étude de leur vie, de leurs actions, de leurs œuvres, de leurs façons de concevoir le monde qui les débarrassera des clichés, des stéréotypes et des images d'Epinal. L'Histoire est toujours la meilleure réponse au mythe. Ces personnages ont aussi une valeur pédagogique car ils permettent d'humaniser une Histoire souvent désincarnée, et sont susceptibles de susciter chez les enfants une véritable émotion, assez proche de celle ressentie lors d'un spectacle.
Ce ne sont pas seulement des personnages historiques, des périodes et des règnes majeurs qui sont écartés, réduits à la portion congrue ou devenus optionnels. Des textes fondateurs, des traités et des lois décisives sont tout simplement passés à la trappe: le serment de Strasbourg (842), l'un des plus anciens textes en langue romane, le lointain ancêtre du français; le partage de Verdun (843), qui dessine une nouvelle carte de l'Europe d'où sont issus les Etats européens; l'ordonnance de Villers-Cotterêts (1539), qui impose l'usage du français dans l'administration à la place du latin, constituant ainsi une étape clé dans l'unification du royaume de France. La relégation du règne de Louis XIV en fin de programme de cinquième rend extrêmement difficile sinon impossible l'étude de la révocation de l'édit de Nantes (1685), qui marque l'interdiction du protestantisme en France et entraîne l'exil de plus de 250.000 protestants. L'histoire des arts n'est pas épargnée. Le précédent programme de quatrième prévoyait l'étude d'extraits du Bourgeois gentilhomme (1670), des Châtiments (1853) et des Misérables (1862), permettant d'inscrire Molière et Victor Hugo dans leur époque, de mesurer l'importance historique de leur œuvre et de faire prendre conscience aux élèves de leur génie littéraire. Or, les deux plus grands auteurs de la littérature française ont disparu des nouveaux programmes...
Le risque du «zapping» historique
Les instructions officielles imposent l'étude de plusieurs civilisations extra-européennes à certaines périodes:Au choix, «la Chine des Hans à son apogée», c'est-à-dire sous le règne de l'empereur Wu (140-87 avant J.-C.), ou «l'Inde classique aux IVe et Ve siècles», au sein de la partie «Regards sur des mondes lointains» représentant 10 % du temps consacré à l'Histoire de la classe de sixième - Au choix, l'empire du Ghana (VIIIe-XIIe siècles), l'empire du Mali (XIIIe-XIVe siècles), l'empire Songhaï (XIIe-XVIe siècles) ou le Monomotapa (XVe-XVIe siècles), au sein de la partie «Regards sur l'Afrique» représentant 10 % du temps consacré à l'Histoire de la classe de cinquième. Cette partie comprend l'étude de la naissance et du développement des traites négrières (traites orientales et internes à l'Afrique noire).
La connaissance des histoires de la Chine, de l'Inde ou de l'Afrique est importante et passionnante, notamment à l'heure de la mondialisation. Cependant, force est de constater que, mathématiquement, ces nouvelles thématiques s'intègrent dans les programmes aux dépens de parties capitales de l'histoire de France ou de l'Europe. Il ne s'agit pas, bien sûr, d'établir une quelconque hiérarchie aberrante entre les civilisations: le règne de Louis XIV (1643-1715) n'est ni supérieur ni inférieur à celui de Kankou Moussa, roi du Mali de 1312 à 1332. Il faut tout simplement parvenir à un bon équilibre entre l'étude de l'histoire de France et celle des civilisations extra-européennes.
Le contraste est saisissant avec le nouveau programme de seconde qui est, quant à lui, marqué par un européocentrisme caricatural. Le monde n'y est en effet perçu qu'à l'aune de l'Europe: «Les Européens dans le peuplement de la Terre», «Nouveaux horizons géographiques et culturels des Européens à l'époque moderne»... L'ancienne partie consacrée à «La Méditerranée au XIIe siècle: carrefour de trois civilisations», qui permettait de mesurer les échanges, les contacts (pacifiques et conflictuels) et les influences entre l'Occident chrétien, l'Empire byzantin et le monde musulman a disparu, au profit d'une lecture strictement européenne du Moyen Age. Il aurait bien mieux valu prioriser en collège l'étude de l'histoire du bassin méditerranéen, de la France et de l'Europe pour approfondir au lycée l'étude des civilisations extra-européennes en leur consacrant une vraie place dans les programmes, bien loin du «zapping» proposé en cinquième.
La place des traites négrières dans les programmes de collège soulève un autre questionnement. Elles sont mentionnées cinq fois dans le seul encadré du programme consacré à la partie «Regards sur l'Afrique», avant de donner lieu à un thème du programme de quatrième, «Les traites négrières et l'esclavage», puis à une étude de l'abolition de l'esclavage en France en 1848 dans le thème 2. Il aurait probablement mieux valu resserrer l'étude des différentes traites négrières sans, bien entendu, dénaturer cette réalité historique fondamentale.
L'histoire de France facilite l'intégration
L'argument souvent utilisé selon lequel ces nouveaux programmes ont notamment été conçus pour épouser la diversité culturelle des élèves est contestable. Ce raisonnement risquerait d'aboutir à un éparpillement des thèmes et des champs d'étude, rendant encore plus difficile l'assimilation des connaissances. Pourquoi ne pas considérer que les élèves, quelle que soit leur origine, sont français et, à ce titre, ont droit à l'histoire de France la plus complète? Il serait ainsi particulièrement intéressant d'intégrer dans les programmes des séquences de cours sur l'histoire de l'immigration en France et en Europe, du Moyen Age à nos jours. Pourquoi ne pas proposer des dossiers consacrés à ces immigrés qui ont fait la France, qu'ils soient des anonymes ou des « grands personnages»? Selon une enquête de l'Ined (rapport «Trajectoires et origines», 2010), bien que de nationalité française, 37 % des jeunes d'origine étrangère ne se sentent pas français. Pour épouser la diversité culturelle des élèves, rien ne vaut l'histoire de France... Les parcours de Blaise Diagne, premier ressortissant d'Afrique noire à devenir ministre, ou de Romain Gary (Roman Kacew de son vrai nom) sont, à ce titre, exemplaires. «Je n'ai pas une goutte de sang français dans mes veines mais la France coule dans mes veines», aimait à rappeler ce dernier. En étudiant les Guyanais Félix Eboué et Gaston Monnerville, premier homme noir à devenir président du Sénat, on peut montrer toute l'importance de l'Outre-Mer dans l'histoire de France. La culture est la base de notre société et cette culture est notamment fondée sur la connaissance de l'histoire du pays où l'on vit, quelle que soit son origine géographique. Comme dit l'adage, on ne comprend que ce que l'on connaît. L'Histoire est une garantie d'intégration, car elle est un moyen d'accéder aux modes de compréhension de notre société.
Rétrograde, la chronologie ?
La disparition de dates et de périodes capitales de l'histoire de France ainsi que le système des options aboutissent à une Histoire à trous, lacunaire, atomisée, qui rend beaucoup plus difficile l'assimilation par les élèves de la chronologie, cette juste représentation de la profondeur historique. Le nouveau programme de première est à ce titre édifiant. Il repose sur un système de modules non pas chronologiques mais thématiques, qui peuvent être disposés dans n'importe quel ordre: «La guerre au XXe siècle»; «Le siècle des totalitarismes»; «Les Français et la République»... Avec ce système, il devient beaucoup plus difficile d'expliquer le rôle déterminant de la Première Guerre mondiale dans la genèse des totalitarismes, ou même le rôle du totalitarisme nazi dans le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale. La chronologie serait-elle devenue démodée? Un comble, car l'Histoire est comme une langue dont la chronologie est la grammaire. Sans elle, notre connaissance du passé est vouée à l'anachronisme, cette incapacité d'inscrire un événement ou un personnage dans son contexte. Sans elle, nous sommes voués à l'amnésie...»