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  • Crise(suite)

    Le XXI° siècle vient de commencer pour de bon.

    MICHEL DRAC

    Crise Systémique Globale - Eté 2009 : Cessation de paiement du gouvernement américain
    - Communiqué public GEAB N°28 (15 octobre 2008) -



    A l'occasion de la parution du GEAB N°28, LEAP/E2020 a décidé de lancer une nouvelle alerte dans le cadre de la crise systémique globale car nos chercheurs estiment qu'à l'été 2009,(un peu en avance sur le calendrier en fait, il a fallu attendre l’été 2011 pour que le relèvement du plafond de la dette entre sur le devant de la scène…) le gouvernement américain sera en cessation de paiement et ne pourra donc pas rembourser ses créditeurs (détenteurs de Bons du Trésor US, de titres de Fanny Mae et Freddy Mac, etc.). Cette situation de banqueroute aura bien évidemment des conséquences très négatives pour l'ensemble des propriétaires d'actifs libellés en dollars US. Selon notre équipe, la période qui s'ouvrira alors deviendra propice à la mise en place d'un « nouveau Dollar » destiné à remédier brutalement au problème de la cessation de paiement et de la fuite massive de capitaux hors des Etats-Unis. Ce processus découlera des cinq facteurs suivants qui sont analysés plus en détail dans le GEAB N°28 :

    1.L'évolution récente, à la hausse, du Dollar US est une conséquence directe et provisoire de la chute des bourses mondiales

    2.Le « baptême politique » de l'Euro vient juste d'avoir lieu donnant une alternative « de crise » au Dollar US, en tant que « valeur-refuge » crédible

    3.La dette publique américaine s'enfle de manière désormais incontrôlable

    4.L'effondrement en cours de l'économie réelle des Etats-Unis empêche toute solution alternative à la cessation de paiement

    5.« Forte inflation ou hyper-inflation aux Etats-Unis en 2009 », là est la seule question.

    Mais on peut déjà se faire une idée de l'évolution à venir en regardant l'Islande que notre équipe suit à la loupe depuis début 2006. Ce pays constitue en effet un bon exemple de ce qui attend les Etats-Unis, et également le Royaume-Uni. On peut considérer, comme d'ailleurs bon nombre d'Islandais aujourd'hui, que l'effondrement du système financier islandais est venu du fait qu'il était surdimensionné par rapport à la taille de l'économie du pays.



    Evolution de l'inflation en Islande 2003-2008 - Source Banque centrale d'Islande
    L'Islande s'est en fait prise en matière financière pour le Royaume-Uni (1). Comme le Royaume-Uni en matière financière s'est lui-même pris pour les Etats-Unis et que les Etats-Unis se sont pris pour la planète entière, il n'est pas inutile de méditer le précédent islandais (2) pour appréhender le cours des évènements des douze prochains mois à Londres et Washington (3).

    Nous assistons en effet actuellement à un double phénomène historique :

     

    -d'une part, depuis le mois de Septembre 2008 (comme annoncé dans le GEAB N°22 de Février 2008), l'ensemble de la planète est désormais conscient de l'existence d'une crise systémique globale caractérisée par un effondrement du système financier américain et sa contagion au reste de la planète.

    -d'autre part, un nombre croissant d'acteurs mondiaux entreprennent d'agir par eux-mêmes devant l'inefficacité des mesures préconisées ou prises par les Etats-Unis, pourtant centre du système financier mondial depuis des décennies. L'exemple du 1° Sommet de l'Euroland (ou Eurozone ), qui s’est tenu Dimanche 12 octobre 2008 et dont les décisions, par leur ampleur (près de 1.700 milliards EUR) et leur nature (4), ont permis un retour de confiance sur les marchés financiers de toute la planète, est à ce titre tout-à-fait exemplaire du « monde d'après-Septembre 2008 ».



    Carte des garanties de dépôts bancaires dans l'Union européenne Source AFP - 09/10/2008
    Car il y a bien un « monde de l'après-Septembre 2008 ». Pour notre équipe, il est désormais évident que ce mois restera dans les livres d'histoire de l'ensemble de la planète comme celui « datant » le déclenchement de la crise systémique globale ; même s'il ne s'agit en fait que de la phase de « décantation », la dernière des quatre phases de cette crise identifiée dès Juin 2006 par LEAP/E2020(5). Comme toujours quand il s'agit de grands ensembles humains, la perception du changement par le plus grand nombre n'intervient que lorsque le changement est en fait déjà bien engagé.

    En l'occurrence, Septembre 2008 marque l'explosion majeure du « détonateur financier » de la crise systémique globale. Selon LEAP/E2020, ce second semestre 2008 est en effet le moment où « le monde plonge au cœur de la phase d'impact de la crise systémique globale » (6). Ce qui veut dire pour nos chercheurs qu'à la fin de ce semestre, le monde entre dans la phase dite de « décantation » de la crise, c'est-à-dire la phase où l’on voit les conséquences du choc se mettre en place. C'est de facto la phase la plus longue de la crise (entre trois et dix ans selon les pays) et celle qui va affecter directement le plus grand nombre de personnes et de pays. C'est l'étape qui va voir également se dégager les composantes des nouveaux équilibres mondiaux dont LEAP/E2020 présente deux premières illustrations graphiques dans ce GEAB N°28 (7).

    Ainsi, comme nous l'avons répété à plusieurs reprises depuis 2006, cette crise est beaucoup plus importante, en termes d'impact et de conséquences, que celle de 1929. Historiquement, nous sommes tous les premiers acteurs, témoins et/ou victimes d'une crise qui affecte toute la planète, avec un degré sans précédent d'interdépendance des pays (du fait de la globalisation de ces vingt dernières années) et des personnes (le degré d'urbanisation, et donc de dépendance pour les besoins de base - eau, nourriture, énergie, ... - est aujourd'hui sans précédent dans l'Histoire). Cependant, le précédent des années 1930 et ses terribles conséquences destructrices semblent à nos chercheurs assez présents dans les mémoires collectives pour nous permettre, si les citoyens sont vigilants et les dirigeants lucides, d'éviter un bis repetita conduisant à une (ou des) conflagration(s) majeure(s).

    Europe, Russie, Chine, Japon,... constituent sans aucun doute les acteurs collectifs pouvant assurer que l'implosion en cours de la puissance dominante de ces dernières décennies, à savoir les Etats-Unis, ne conduise pas la planète dans une catastrophe. En effet, à l'exception de l'URSS de Gorbatchev, les empires ont tendance à tenter vainement d'inverser le cours de l'Histoire quand ils sentent leur puissance s'effondrer. C'est aux puissances partenaires de canaliser pacifiquement le processus, ainsi qu'aux citoyens et élites du pays concerné de faire preuve de lucidité pour affronter la période très pénible qui se prépare.

    Evolution des emprunts des institutions financières US auprès de la Réserve fédérale américaine (08/01/1986 – 09/10/2008) - Source Federal Reserve Bank of St Louis
    La « réparation d'urgence » des canaux financiers internationaux, réalisée avant tout par les pays de la zone Euro en ce début de mois d'Octobre 2008 (, ne doit pas masquer trois faits essentiels :

    -cette « réparation d'urgence », nécessaire pour éviter une panique qui menaçait d'engloutir tout le système financier mondial en quelques semaines, ne traite provisoirement qu'un symptôme. Elle ne fait qu'acheter du temps, deux à trois mois maximum, car la récession globale et l'effondrement de l'économie américaine (le tableau ci-dessus montre ainsi la vertigineuse croissance des fonds prêtés aux banques américaines par la Réserve fédérale) vont s'accélérer et créer de nouvelles tensions économiques, sociales et politiques qu'il faut traiter par anticipation dès le mois prochain (une fois les « paquets financiers » mis en œuvre.)

    -même s'il était absolument nécessaire de remettre en marche le système de crédit, les gigantesques moyens financiers consacrés sur toute la planète aux « réparations d'urgence » du système financier mondial seront autant de moyens qui ne pourront pas être mis à disposition de l'économie réelle dans les mois à venir pour faire face à la récession globale

    -la « réparation d'urgence» constitue une marginalisation, et donc un affaiblissement supplémentaire des Etats-Unis, puisqu'elle met en place des processus contraires à ceux prônés par Washington pour les 700 Milliards USD du TARP de Hank Paulson et Ben Bernanke : une recapitalisation des banques par les gouvernements (décision qu'Hank Paulson est obligé de suivre maintenant) et une garantie des prêts interbancaires (en fait les gouvernements de l'Euroland se substituent aux assureurs de crédits, une industrie au cœur de -la finance mondiale et essentiellement américaine depuis des décennies). Ces évolutions détournent toujours plus de relais décisionnels et de flux financiers hors de l'orbite américaine à un moment où l'économie des Etats-Unis et l'explosion de leur dette publique (9) et privée en auraient plus que jamais besoin ; sans même parler des retraites qui s'envolent en fumée (10).

    Le dernier point illustre comment, dans les mois à venir, les solutions à la crise et ses différentes séquences (financière, économique, sociale et politique) vont diverger de plus en plus : ce qui est bon pour le reste du monde ne le sera pas pour les Etats-Unis (11) et désormais, Euroland en tête, le reste du monde semble déterminer à faire ses propres choix.

    Le choc brutal que générera la cessation de paiement des Etats-Unis à l'été 2009 est en partie une conséquence de ce découplage décisionnel des grandes économies du monde par rapport aux Etats-Unis. Il est prévisible et peut être amorti si l'ensemble des acteurs commencent dès maintenant à l'anticiper ; c'est d'ailleurs l'un des thèmes développés dans ce GEAB N°28. LEAP/E2020 espère seulement que le choc de Septembre 2008 aura « éduqué » les responsables politiques, économiques et financiers de la planète afin qu'ils comprennent qu'on agit mieux par anticipation que dans l'urgence. Il serait dommage que l'Euroland, l'Asie et les pays producteurs de pétrole, tout comme les citoyens américains d'ailleurs, découvrent brutalement au cours de l'été 2009, à la faveur d'un week-end prolongé ou d'une fermeture administrative des banques et bourses pour plusieurs jours sur le territoire américain, que leurs Bons du Trésor US et leurs Dollars US ne valent plus que 10% de leur valeur car un « nouveau Dollar » vient d'être instauré (12).


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    Notes:

    (1) L'Islande a adopté depuis plus de 10 ans tous les principes de dérégulation et de financiarisation de l'économie qui ont été développés et mis en œuvre aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. Reykjavik était devenu une sorte de « Mini-Me » financier de Londres et Washington, pour reprendre le personnage du film très britannico-américain Austin Powers. Et les trois pays ont entrepris de jouer financièrement à « la grenouille qui veut se faire aussi grosse que le boeuf », pour reprendre la fable de Jean de la Fontaine dont la fin est fatale à la grenouille.

    (2) Ainsi la bourse islandaise s'est effondrée de 76% après avoir été fermée quelques jours pour « éviter » la panique ! Source : MarketWatch, 14/10/2008

    (3) A ce titre, attardons-nous sur le montant du « paquet financier » annoncé par Londres, soit 640 milliards EUR dont 64 milliards EUR pour recapitaliser les banques et 320 milliards EUR pour renflouer les dettes à moyen terme de ces mêmes banques (source : Financial Times, 09/10/2008). Avec une économie en chute libre à l 'image du marché immobilier, une inflation galopante, des retraites par capitalisation qui s'évanouissent en fumée, et une monnaie au plus bas, à part accroître la dette publique et affaiblir encore plus la Livre, on voit mal comment cela peut « sauver » des banques déjà très mal en point. A la différence des banques des pays de la plupart de la zone Euro, le système financier britannique, comme son homologue américain, est au cœur de la crise, et non pas une victime collatérale. Et Gordon Brown peut bien jouer à Churchill et Roosevelt réunis (Source : Telegraph, 14/10/2008), mais dans sa méconnaissance évidente de l'Histoire, il oublie que ni Churchill ni Roosevelt n'étaient aux commandes de leurs pays depuis 10 ans quand ils ont dû affronter chacun leur « grande crise » (cela vaut d'ailleurs pour les Etats-Unis et l'administration Bush - Paulson et Bernanke inclus - qui viennent tous du « problème » et font donc très peu probablement partis de la « solution »). Sans compter que Roosevelt et Churchill organisaient les sommets comme Yalta ou Téhéran en laissant Français et Allemands à la porte, alors que c'est lui qui a dû rester à la porte du Sommet de l'Euroland.

    (4) Source : L'Express, 13/10/2008

    (5) Source GEAB N°5, 15/05/2006

    (6)Source GEAB N°26, 15/06/2008

    (7)LEAP/E2020 présente ainsi une synthèse de ses anticipations sur la phase de décantation de la crise grâce à une carte du monde de l'impact de la crise différenciant entre 6 grands groupes de pays ; ainsi qu'un calendrier anticipatif 2008-2013 des 4 séquences financière, économique, sociale et politique pour chacune de ces régions.

    ( Car c'est bien la zone Euro, l'Euroland, qui a permis d'arrêter la spirale de panique globale. Depuis des semaines, les initiatives américaines et britanniques se sont succédées sans effet. C'est l'irruption d'un nouvel acteur collectif, le « sommet de l'Euroland » et ses décisions d'envergure, qui ont constitué le phénomène nouveau et rassurant. C'est d'ailleurs un nouvel acteur que Washington et Londres ont systématiquement empêché d'émerger depuis le lancement de l'Euro il y a 6 ans. Et il a fallu toute une mise en scène diplomatique (réunion préalable, photo de groupe pré-sommet,... ) pour permettre au Premier Ministre britannique de faire croire qu'il n'était pas marginalisé dans ce processus, alors qu'il n'appartient de facto pas aux sommets de la zone euro. Dans ce GEAB N°28, LEAP/E2020 revient sur ce phénomène et les conséquences systémiques durables de la tenue du 1er sommet de l'Euroland.

    (9)Le plan de sauvetage financier américain a déjà accru de 17.000 USD la dette de chaque Américain. Source : CommodityOnline, 06/10/2008

    (10) Ce sont en effet 2.000 milliards USD de retraites par capitalisation qui ont disparu en fumée ces dernières semaines aux Etats-Unis. Source : USAToday, 08/10/2008

    (11) En tout cas à court terme. Car notre équipe est persuadée que pour le peuple américain, à moyen et long termes, il n'est pas mauvais du tout que le système dominant à Washington et New-York soit fondamentalement remis en cause. C'est en effet ce système qui a plongé ce pays dans les problèmes dramatiques où des dizaines de millions d'Américains se débattent aujourd'hui, comme l'illustre parfaitement cet article du New York Times du 11/10/2008

    (12) Même si c'est une mesure de peu d'ampleur par rapport à la perspective de cessation de paiement des Etats-Unis, ceux qui pensent qu'il est temps de réinvestir dans les marchés financiers peuvent trouver utile de savoir que le New York Stock Exchange vient de réviser tous ses seuils d'interruption des cotations pour cause de chute trop forte des cours. Source : NYSE/Euronext, 30/09/2008

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    26-10-2008


    par Jan Dahinten et Andrew Roche


    SINGAPOUR/LONDRES, 26 octobre (Reuters) - Les grandes banques centrales devraient lancer une nouvelle initiative d'urgence coordonnée la semaine prochaine pour calmer la panique sur les marchés financiers, qui pourraient tanguer davantage avec des indicateurs économiques allant dans le sens d'une récession.

    La Réserve fédérale américaine devrait procéder mercredi à une baisse marquée de ses taux d'intérêt, à la suite de la chute des marchés boursiers et des changes dans les économies des pays développés et dans celles des émergents en Asie et Amérique latine.

    L'estimation du Produit intérieur brut américain du troisième trimestre publiée jeudi devrait elle marquer une contraction de 0,5% de l'activité au troisième trimestre, après une croissance de 2,8% au deuxième trimestre.

    "De plus en plus, il y a des signes d'une récession profonde et synchronisée", constate Bruce Kasman, économiste chez JPMorgan. "Il est encore trop tôt pour mesurer l'ampleur de ce creux, les perspectives dépendant de l'effet des politiques publiques pour limiter la crise financière".

    La probabilité d'une baisse de taux d'intérêt de la Fed américaine de 50 points de base ressortait désormais dimanche dans les futures sur les taux à 74%, et à 26% pour une baisse de 75 points de base, à 0,75%.

    Les dirigeants européens et asiatiques ont de leur côté serré les rangs ce weekend pour rassurer des investisseurs confrontés à la pire crise depuis 80 ans.



    PROTEGER L'ECONOMIE REELLE

    "Nous devons utiliser tous les moyens pour éviter que la crise financière n'ait un impact sur l'économie réelle", a estimé le Premier ministre chinois, Wen Jiabao, lors de la conférence de presse de clôture du sommet ayant réuni les 27 Etats membres de l'UE et 16 Etats asiatiques.

    La situation de l'économie chinoise reste globalement bonne malgré les défis posés par la crise financière mondiale, a estimé de son côté le gouverneur de la banque centrale chinoise, Zhou Xiaochuan, cité par des médias locaux dimanche.

    Zhou a expliqué que le système financier chinois était stable et que les banques se trouvaient globalement dans une bonne situation pour affronter la crise mais il a prévenu que Pékin devait rester prudent afin de parer aux risques.

    Le ministre japonais de l'Economie, Kaoru Yosano, a déclaré dimanche que le gouvernement devrait renforcer son plan de sauvetage des banques et le porter à 10.000 milliards de yens (84 milliards d'euros), contre 2.000 milliards de yens prévus pour l'instant.

    La Corée du Sud, dont les marchés actions et la devise ont aussi été touchés par la tempête sur les marchés financiers, a estimé nécessaires des mesures d'urgence pour soutenir l'économie. Certains analystes tablent sur une baisse de taux d'intérêt de la banque centrale sud-coréenne lundi.

    La banque centrale du Koweit a elle été contrainte de sauver la Gulf Bank, qui a essuyé des pertes sur des opérations sur des dérivés, et le gouvernement de l'Emirat a déclaré qu'il allait garantir les dépôts bancaires des établissements locaux.

    L'Arabie saoudite a présenté de son côté un projet de dépôt de 10 milliards de riyals (2,13 milliards de dollars) auprès de la Saudi Credit Bank, pour développer les taux à intérêt zéro destinés à des citoyens pauvres.

    Les Bourses du Golfe sont tombées dimanche à des plus bas de plusieurs années. Celles du Qatar et d'Oman ont perdu plus de 8%, Dubaï a abandonné 5,53% et l'indice de la place saoudienne a reculé de 1,83%, après avoir perdu 8,7% samedi.

    Les gouvernements de par le monde ont promis au total environ 4.000 milliards de dollars pour soutenir les banques et relancer les marchés monétaires et ils envisagent des règles financières plus strictes pour qu'une telle crise ne se reproduise pas.

    (Amusant, n’est-ce pas ?...)

    Certains pays comme la Hongrie, l'Islande, la Biélorussie ou la Serbie, se sont tournés vers le Fonds monétaire international pour soutenir leur secteur financier.



    ACCORD DU FMI AVEC L'UKRAINE

    Le FMI a annoncé dimanche avoir signé un accord de principe portant sur un prêt de 16,5 milliards de dollars à l'Ukraine, pour aider ce pays à équilibrer sa balance des paiements courants face à la crise financière internationale.

    Le Fonds devrait finaliser cette semaine un accord avec l'Islande, dont le système financier menace de s'écrouler.

    En Russie, des responsables ont assuré ce weekend que la banque centrale russe avait les moyens de contrôler des mouvements brusques du rouble mais qu'elle ne voyait pas le besoin de limiter les mouvements de capitaux ou de changer la marge de fluctuation de la devise nationale.

    Les marchés vont à présent scruter une salve de résultats d'entreprises la semaine prochaine et se préparer à des chiffres décevants et à des perspectives moroses, pour ce qui devrait être un mauvais trimestre.

    A partir du moment où les banques occidentales sont entrées dans la crise financière, le monde est entré dans une crise économique et donc sociale. Tout l'occident s'est construit sur le fonctionnement et l'extrême puissance des banques. Les hommes politiques alliés aux argentiers ont laissé faire et se sont gavés. Les hedge funds ont été créés avec leur assentiment.

     
    La crise obligataire démarrera en 2009 et là, on verra vraiment la puissance de cette crise.
    Actuellement le dollar monte de façon totalement injustifiée. Les Chinois le soutiennent parce qu'ils ne veulent pas se retrouver avec des bons du trésor qui ne valent plus rien. S'ils se décident à tout vendre, les USA seront en faillite réelle et devront appeler le FMI à l'aide, comme l'Islande ou la Biélorussie...Impressionnant, non!
    Et du coup les hedge funds, les banquiers, les milliardaires, tous les possesseurs d'or physique et papier, dérivés(warrant, turbo), pièces, napoléon etc...vendent tout leur stock parce qu'ils doivent rembourser leurs pertes, débloquer les positions en SRD (levier 5!!!), les assureurs comme AIG doivent récupérer du cash pour rembourser les particuliers qui se retirent du marché, des milliards de dollars, rembourser les prêts qu'ils ont pris auprès des banques qui réclament elles-mêmes les soldes, effet domino...Les plans financiers sont destinés à arrêter l'effondrement des pièces. Mais l'endettement, comment on le gère lorsque l'économie réelle s'écroule?...C'est là qu'on va voir les dégâts... La première erreur dans ce piège à cons a été de laisser couler Lehman Brothers. Quand on met en place un jeu de domino on ne renverse pas la première pièce.

    Site Contre Info

    http://contreinfo.info/

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    Publication originale Washington post, traduction Contre Info

    24/10/2008
    Devenu célèbre pour avoir prédit la crise des "subprimes", l'économiste américain Nouriel Roubini reste toujours aussi pessimiste à court terme. Lors d'une conférence à Londres, hier, l'économiste américain a estimé que les autorités boursières pourraient être amenées à fermer les Bourses jusqu'à deux semaines, face aux ventes paniques des hedge funds.
    Ce dernier estime en effet que des centaines de fonds spéculatifs sont au bord de la défaillance, sous la pression des demandes de retrait de leurs clients, ce qui pourrait les forcer à procéder à des ventes massives sur les marchés : "Nous avons atteint une situation de panique pure. Ne soyez pas surpris si les autorités décident dans les prochains jours de fermer les marchés pour une semaine ou deux (...) Nous payons le prix pour la plus grande bulle d'actifs et de crédit de l'histoire !", a ajouté ce professeur de l'université de New York, pour qui cette crise marquera "le début du déclin de l'Empire financier américain".
    Lors de cette même conférence, d'autres experts ont prédit une hécatombe pour les hedge funds... Ainsi, Emmanuel Roman, le patron de GLG Partners, l'un des plus grands fonds d'Europe, a estimé que 25% à 30% des 8.000 fonds spéculatifs dans le monde allaient disparaître, selon un "processus darwinien", soit par faillite, soit en clôturant des fonds aux bénéfices insuffisants. Ce phénomène sera "une bonne chose à long terme", mais restera dans l'histoire comme "l'un des plus grands fiascos bancaires du siècle" , a-t-il ajouté.
    Selon l'institut Hedge Fund Research, les investisseurs ont retiré environ 31 Mds$ des fonds pendant le trimestre juillet-septembre. Malgré cela, à fin septembre, les actifs des seuls fonds spéculatifs américains s'élevaient encore à 1.700 Mds$...
    Par V.A

    09-08-2011

    par Andy Sullivan

    Pour éviter un défaut de paiement de la dette publique américaine, les démocrates majoritaires au Sénat cherchaient samedi à prendre l'initiative en ajustant leur plan de réduction du déficit aux éventuelles possibilités de compromis avec une opposition républicaine divisée.

    A l'approche de la date couperet du 2 août, les divergences des deux camps font encore obstacle à un compromis, les dirigeants démocrates accusant leurs homologues républicains d'obstructionnisme.

    Le président Barack Obama est intervenu pour la deuxième fois de la semaine afin d'exhorter les parlementaires des deux bords à conclure un accord et à repousser le spectre d'un défaut qui serait à ses yeux "impardonnable".

    "Il y a maintes façons de résoudre ce problème", a dit le chef de la Maison blanche dans son allocution radio-diffusée hebdomadaire. "Le Congrès doit trouver un terrain d'entente sur un plan que les deux parties puissent approuver à la Chambre. Et il doit s'agir d'un plan que je puisse signer d'ici mardi."

    Le Sénat a rejeté vendredi soir comme prévu une proposition républicaine de réduction du déficit votée peu avant par la Chambre des représentants, dominée par les républicains. Mais son adoption par la chambre a suscité l'espoir qu'elle s'intègre à un compromis final.


    PROJET DÉMOCRATE MODIFIÉ

    L'atmosphère a cependant viré à l'aigre au Sénat, les dirigeants démocrates accusant Mitch McConnell, chef du groupe républicain à la chambre haute, de refuser de leur parler.

    Le chef de la majorité démocrate au Sénat, Harry Reid, a modifié son projet de réduction du déficit en reprenant des éléments d'une proposition précédente de Mitch McConnell dans l'espoir de rallier des voix républicaines.

    Mais il a repoussé une suggestion de Mitch McConnell qui proposait que l'on vote immédiatement sur ce plan remanié. Ce qui laisse penser que Harry Reid ne dispose pas encore de soutiens suffisants.

    Le Sénat devrait voter sur ce projet dimanche matin, en vue d'une adoption définitive lundi matin, peu avant l'ouverture des marchés. La Chambre des représentants doit quant à elle voter samedi vers 18h00 GMT sur une version du plan de Harry Reid. Le gouvernement pourrait se trouver à court de fonds mardi pour payer ses créanciers si le Congrès ne relève pas le plafond de la dette, actuellement fixé à 14.300 milliards de dollars.

    "Le pays est en crise. Ce n'est pas le moment de faire de la politique à la petite semaine", a déclaré le sénateur démocrate Charles Schumer lors d'une conférence de presse.

    Certains espèrent voir les tractations menées en coulisses déboucher sur un compromis durant le week-end. Selon des démocrates, de nombreux élus républicains de la base y sont prêts même si ce n'est pas le cas de Mitch McConnell.

    Ce dernier veut s'assurer que la Maison blanche est partie prenante pour que tout projet final obtienne l'aval de Barack Obama, déclarent des collaborateurs d'élus républicains.


    NOTE SOUVERAINE

    Investisseurs et gouvernements étrangers resteront dans l'incertitude jusqu'au bout, du fait notamment que des questions de procédure rendent difficile au Congrès de transmettre un accord à Barack Obama avant lundi soir.

    La proposition révisée de Harry Reid, qui fixerait la baisse du déficit à 2.200 milliards de dollars sur dix ans, intègre des éléments d'un "plan de soutien" d'abord avancé par Mitch McConnell. La nouvelle version permettrait à Barack Obama de relever en trois temps le plafond de la dette pour couvrir les besoins d'emprunt en 2012, année où le président briguera sa réélection.

    Le président démocrate et ses alliés avaient espéré éviter des votes parlementaires en série avant l'élection.

    Le texte adopté par la Chambre prévoyait 917 milliards de dollars d'économies sur les dix prochaines années ainsi qu'un relèvement pour quelques mois seulement du plafond de la dette d'un montant de 900 milliards de dollars, avant une nouvelle décision au printemps 2012, en pleine année électorale.

    Le Trésor, qui a atteint son plafond d'endettement en mai et a besoin du feu vert du Congrès pour emprunter davantage, a averti qu'il serait à court d'argent mardi, ce qui fait courir aux Etats-Unis le risque d'un défaut de paiement vis-à-vis de leurs créanciers, d'un abaissement de leur note souveraine et de graves dysfonctionnements dans les versements fédéraux.

    Barack Obama a dit que les querelles politiques pourraient provoquer la perte du triple A des Etats-Unis, leur note souveraine qui leur permet de se financer à des taux avantageux.

    Si le pays perd son triple A, a-t-il expliqué, ce sera "parce que nous n'avons pas un système politique AAA à la hauteur de notre note souveraine".

    Le jeu politique qui s'éternise provoque l'inquiétude des marchés, mais aussi des acteurs de l'économie mondiale.

    Robert Zoellick, le président de la Banque mondiale, a estimé vendredi que les Etats-Unis jouaient avec le feu.

    La Chine, premier créancier des Etats-Unis, a dénoncé vendredi une économie mondiale "prise en otage" par des "jeux politiques dangereusement irresponsables". Samedi, le Quotidien du Peuple déplore que la perspective de l'élection de 2012 paralyse la situation. "La farce qui se déroule sur la scène politique américaine a montré au monde entier où sont les problèmes politiques des Etats-Unis", écrit le quotidien.

    L'agence de notation Moody's a apporté un peu de répit aux marchés en annonçant vendredi qu'une absence d'accord à Washington ne provoquerait sans doute pas immédiatement la dégradation de la note souveraine AAA des Etats-Unis.

    (avec Michael Erman, David Gaffen et Richard Cowan; Gregory Schwartz, Henri-Pierre André et Philippe Bas-Rabérin pour le service français)


    Ils vont être fâchés les Chinois si le dollar est dévalué avec leurs milliards de Bons du Trésor américain...Des centaines de millions qui vont brûler comme le vulgaire papier que c'est au final. Les USA, par contre, vont mécaniquement réduire leur dette...Bras de fer.

    Personnellement, je rêve d'un peuple instruit.
    Ce qui signifierait qu'il n'y aurait pas cette acceptation aveugle à des choix catastrophiques sur le long terme, mais politiquement intéressant sur le court terme, c'est à dire une réelle démocratie dans laquelle l'usage du référendum serait à la base de toute décision. C'est ce qui se passe chez les Indiens Kogis par exemple. Le problème de nos sociétés occidentales vient de la masse dans le sens où elle représente une sorte de "boulet" que les politiciens et les financiers s'efforcent de traîner après les avoir amadoués alors que c'est au peuple d'imposer par des systèmes démocratiques les choix qui les concernent.
    Le fonctionnement de l'Europe est incompréhensible pour la majorité des gens. C'est devenu une gigantesque machine politico financière, dé corrélée de la réalité des peuples. C'est encore pire aux USA où les sondages faits ces derniers jours sur la population montrent un consternant niveau d'ignorance quant à la gravité de la situation économique du pays.
    C'est à la base qu'il faut tout reprendre. Internet aurait pu jouer ce rôle d'ouverture des consciences et de cet engagement dont je rêve de la part des peuples. Je continue à y croire.
    Tiens, au fait, les Républicains et les Démocrates sont sur le point de signer un consensus sur le relèvement de la dette aux USA. Avec une économie obligatoire de 1000 milliards sur dix ans. Sauf que depuis dix ans, les USA s'endettent de 2000 milliards de plus par an...Le Medicare va très vite disparaître. Mais pas les dividendes versés aux actionnaires. APPLE a davantage de cash (76 milliards en caisse ce jour) que le gvt américain (73 miiliards). Ces 73 milliards lui permettent d'honorer ces créances jusqu'au mardi 2 août...


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    Mais à quoi bon prêcher ces milliards de somnambules, qui marchent au chaos d'un pas égal, sous la houlette de leurs séducteurs spirituels et sous le bâton de leurs maîtres ? Ils sont coupables, parce qu'ils sont innombrables, les masses de perdition doivent mourir, pour qu'une restauration de l'homme soit possible. Mon prochain n'est pas un insecte aveugle et sourd, mon prochain n'est pas un automate spermatique [...]. Que nous importe le néant de ces esclaves ? Nul ne les sauve ni d'eux-mêmes ni de l'évidence, tout se dispose à les précipiter dans les ténèbres, ils furent engendrés au hasard des accouplements, puis naquirent à l'égal des briques sortant de leur moule et les voici formant des rangées parallèles et dont les tas s'élèvent jusqu'aux nues. Sont-ce des hommes ? Non. La masse de perdition ne se compose jamais d'hommes [...]. »Bréviaire du Chaos »Caraco

    http://drorlof.blogspot.com/2007/11/in-girum-imus-nocte.html

     

    « Quelles que soient les tentatives pour sauver le système économique mondial, elles échoueront à plus ou moins court terme pour une raison simple : la crise n'est plus conjoncturelle mais structurelle.

    C'est toute la structure même du système qui se disloque. L'économie financière vis à vis de l'économie réelle a atteint un tel poids qu'une crise majeure est désormais inévitable. Et le pire, c'est que tout cela s'est fait au prix d'un endettement irresponsable et même irrationnel.

    Enfin, le seul point positif est que le mythe de la croissance perpétuelle va se terminer. Avec un monde fini, des ressources naturelles finies, la croissance ne peut être exponentielle et permanente, c'est un leurre. On l'a alimenté par des richesses virtuelles, une tertiarisation à outrance, un endettement kafkaïen et maintenant, on arrive au point de non retour. »

    Le Condor.

     

    Pour résumer très brièvement…

    Crise de liquidité paralysant le commerce et l'industrie.
    Reprise de l'inflation.
    Menace de récession des US avant l'Europe.
    Les états étranglés par les dettes souveraines.
    La zone euro intenable ce qui nécessitera de percer l'abcès.

    Conclusion : Faites un potager.

  • Crise.

    J’essaie depuis plusieurs années de comprendre les mécanismes économiques, financiers, bancaires. Etant donné que j’ai juste mon BAC littéraire, c’est une tâche qui s’est révélée ardue et il m’a fallu lire beaucoup et garder pas mal de données pour entrevoir le début d’une compréhension. Au vu de cette crise systémique, j’ai repris d’anciens documents et j’ai tout relu. Consternant de voir à quel point l’entêtement des dirigeants et leur vision court-termiste et mercantile ont pu générer un « monstre » qu’ils ne maîtrisent plus du tout.
     

     

     

    « Si tout ceci ressemble à un château de cartes, c’est bien parce que c’en est un. Et il va s’effondrer, avec de sérieuses conséquences non seulement pour les banques et les investisseurs, mais aussi pour l’économie dans son ensemble. »


    Par Steven Pearlstein, Washington Post, 5 décembre 2007 

    Selon le journaliste écossais Charles Mackay, les hommes deviennent fous en masse, mais retrouvent la raison un par un.

    Nous en sommes seulement au début du processus qui verra le monde financier retrouver la raison après l’éclatement de la plus grande bulle du crédit que le monde ait connue.

    Tout le monde semble admettre maintenant qu’il y aura de nombreux emprunts impayés et que le prix des logements va chuter nationalement pour la première fois depuis la grande dépression. Des prêteurs et des fonds d’investissement sont en faillite, et les banques ont procédé à de douloureuses dépréciations et viré leurs directeurs. Il y a également un large consensus sur le fait qu’une récession est à l’horizon.

    Mais croyez moi, nous n’avons encore rien vu.

    Ce qu’il faut bien comprendre c’est que, contrairement à ce que vous avez entendu le président Bush déclarer, il ne s’agit pas uniquement d’une crise de l’immobilier et des emprunts hypothécaires. Les géants financiers qui ont créé, packagé, noté et assuré tous ces emprunts subprimes, sont les mêmes, administrés par les mêmes dirigeants, touchant les mêmes primes, utilisant les mêmes techniques financières et de gestion du risque, que ceux qui ont créé, packagé, noté et assuré les emprunts du secteur de l’immobilier d’entreprise, des crédits de cartes de paiement et des crédits finançant le rachat d’entreprises.

    Il est très peu vraisemblable que ces établissements ait fait un meilleur travail dans ces autres secteurs que dans celui des emprunts hypothécaires. Mais l’étendue de leurs erreurs de jugement ne sera révélée que lorsque l’économie ralentira - ce qu’elle va sûrement faire.

    Au cœur de ce désastre en cours, se trouvent les Collateralized Debt Obligation (CDO) (produits obligataires structurés) qui ont été à l’origine du boom dans l’immobilier et le crédit au début des années 2000. Durant les dernières années, le marché des CDO a explosé, donnant lieu non seulement à des prêts hypothécaires, mais à une expansion de toutes les formes de crédit. Selon certaines estimations, l’en cours des CDO serait de près de 2 000 milliards.

    Mais commençons tout d’abord par les CDO adossés à des emprunts immobiliers.

    Aujourd’hui, tout le monde sait que la plupart des créances sur ces emprunts ne sont plus détenues par les banques jusqu’au remboursement. Elles sont regroupées par paquets et vendues à des investisseurs, de façon semblable à des bons.

    Dans la version la plus simple, chaque investisseur possédait un petit pourcentage de l’ensemble, et recevait la même rémunération que les autres. Puis quelqu’un a eu l’idée d’améliorer le système en vendant ces actifs en tranche, correspondants à différents niveaux de risque de crédit. Avec ce montage, si un emprunt du paquet était en défaut de paiement, seules les tranches les plus risquées absorberaient toutes les pertes avant de perdre toute valeur, puis le processus se répéterait de tranche en tranche selon un risque décroissant.

    Grâce à ce découpage, les crédits hypothécaires ont pu être répartis entre les différentes familles d’investisseurs. Les tranches les plus risquées, avec les notes les plus basses, étaient cédé à des fonds d’investissements à la recherche de hauts rendements et acceptant les risques inhérents. Les plus sûres, offrant un rendement inférieur, et notées « AAA » comme les bons du Trésor, ont été achetées sur les marchés monétaires et par les fonds de pensions évitant les investissements risqués. Les tranches les moins recherchées étaient celles du milieu, nommées « mezzanines, » qui présentaient des rendements moyens avec un risque supposé modéré.

    Suivez moi bien, maintenant, c’est là que cela devient intéressant. Car nous en arrivons au moment ou les banques ont eu la riche idée d’acheter des groupes de tranches mezzanine dans différents paquets. Puis, en utilisant des modèles informatiques sophistiqués, elles se sont persuadées, tout comme les agences de notation, qu’en répétant ce même processus de découpage, elles pouvaient se servir de ces actifs mezzanine pour créer une nouvelle famille de titres, certains à risques, certains mezzanines, mais la plupart pourvus de la note AAA que la plupart des investisseurs recherchaient.

    C’était une « merveilleuse » combinaison d’alchimie financière, qui a permis aux banques de Wall Street et aux agences de notations d’empocher des milliards de dollars de rémunération. Tant d’argent emprunté a été utilisé - pour acheter les emprunts initiaux, acheter les tranches de CDO, puis acheter les tranches de CDO de tranches de CDO - donnant au système un tel effet de levier, que les retours sur investissements - au moins sur le papier - étaient très attractifs. Et ont bien sûr attiré les fonds d’investissements britanniques, les banques allemandes, les villages norvégiens et les fonds de pensions de Floride.

    Ce que nous savons aujourd’hui, c’est que les banques d’investissement et les agences de notation ont sous-estimé le risque que les défaillances d’emprunteurs puissent atteindre des niveaux tels que même les investissements notés « AAA » perdent leur valeur.

    Une étude réalisée par Eidesis Capital, un fonds spécialisé dans les CDO, estime que pour les CDO créés durant les années 2006 et 2007, à l’exception de ceux des tranches AAA qui perdront de 6 à 31%, les autres investisseurs vont perdre toute leur mise.

    Les analystes de JP Morgan qui ont observé ce secteur, évaluent les pertes totales à au moins 300 milliards, pour la plupart encore dissimulées. Ceci inclut au moins 30 milliards de dépréciations supplémentaires dans les plus grandes banques et les fonds d’investissement, et beaucoup plus pour les fonds spéculatifs qui pour la plupart se refusent à reconnaître la réalité.

    Pendant ce processus de liquidation, les agences de notations sont en train de mener une réévaluation à la baisse qui forcera de nombreuses banques, fonds de pensions et fonds intervenant sur les marchés monétaires à vendre leurs CDO sur un marché si déserté par les acheteurs, que lors d’une vente récente, E-Trade n’a réussi à obtenir que 27 centimes du dollar pour un portefeuille pourtant très bien noté.

    Dans le même temps, les banques qui sont forcées de conserver les CDO dans leurs livres de comptes seront obligées de mettre de côté une grande partie de leur capital comme réserve de garantie, ce qui réduira considérablement la quantité d’argent disponible pour attribuer de nouveaux crédits.

    Les conséquences ne s’arrêtent pas là. Les pertes sur les CDO menacent maintenant la note « AAA » de plusieurs compagnies d’assurances qui ont acheté des titres de CDO ou ont assuré les CDO contre les pertes. Ces assureurs fournissant également leur garantie aux investisseurs pour les bons émis par les collectivités locales, les états et les municipalités ont revu à la baisse leurs émissions de bons, face à des investisseurs réticents.

    Si tout ceci ressemble à un château de cartes, c’est bien parce que c’en est un. Et il va s’effondrer, avec de sérieuses conséquences non seulement pour les banques et les investisseurs, mais aussi pour l’économie dans son ensemble.

    Ce n’est pas là seulement un avis personnel. Mais c’est la raison pour laquelle les banques gardent leurs liquidités, ce qui fait que l’en cours des crédits bancaires et du papier commercial se réduit drastiquement.

    C’est pourquoi les fonctionnaires du Trésor travaillent à plein temps pour tenter de lutter contre la marée montante des défaillances d’emprunteurs.

    C’est pourquoi les fonctionnaires du budget des Etats et de la Fédération anticipent une diminution sévère des revenus fiscaux l’an prochain.

    Et c’est pourquoi la Réserve Fédérale met désormais de côté ses craintes au sujet de l’inflation et du dollar en se dirigeant résolument vers une baisse des taux d’intérêts et en injectant des liquidités dans le système bancaire.

    Ce n’est peut-être pas 1929, mais on peut parier que c’est bien plus grave que la crise financière de 1987, celle des Caisses d’Epargne de 1990 ou l’éclatement de la bulle Internet de 2001.

    Ce système a conduit à la mise en faillite de Lehman Brothers avec les conséquences que l’on sait…

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    Un article de Michel Drac

    Chronique d'une crise annoncée  26/10/08
    Je poursuis, au risque de lasser, ma modeste réflexion sur la crise économique en cours. Après avoir analysé la situation mondiale (basculement du centre de gravité de l’économie globalisée vers l’Asie), la situation des Etats-Unis (crise structurelle induite par la dérive inégalitaire du capitalisme, renforcée par le libre-échange et artificiellement différée par une bulle monétaire et d’endettement) et les conditions de sortie probables de la crise (gestion par la stagflation dans le cadre d’une négociation mondiale, risques de dérapage réels mais gérables), je vais maintenant essayer de faire le point sur la situation de l’Europe, et plus particulièrement de la France.

    Où en sommes-nous ?
    La crise américaine nous a maintenant rattrapés dans sa dimension financière. Cette contamination, sur le plan strictement financier, a été extrêmement rapide (beaucoup plus rapide que la contamination par la crise de 1929).

    Le 15 septembre 2008, Lehman Brothers fait faillite, discrètement poussée dans la tombe par sa rivale JP Morgan, et non secourue par un secrétaire au trésor, Henri Paulson, qui vient quant à lui d’une autre rivale, Goldman Sachs. Quinze jours plus tard, les européennes Dexia, Fortis et Hypo Real Estate sont au bord du gouffre. Il faut que les gouvernements français, hollandais, belges et allemands volent à leur secours. La purge de la finance américaine s’est répercutée en deux semaines seulement, et avec une intensité qui en dit long sur l’imbrication des intérêts entre les systèmes bancaires américains et européens.

    Très vite, les marchés s’affolent. Les banques ne se prêtent plus du tout entre elles, ce qui déclenche une famine de crédits générale, au moment précis où de nombreux acteurs, chancelants, ont désespérément besoin de liquidités. Il est intéressant de noter qu’en l’occurrence, cet affolement a été irrationnel, plus irrationnel encore que lors des krachs « ordinaires ». La panique a gagné très vite, parce que c’était (pour la première fois dans l’histoire du capitalisme depuis 1929) le cœur bancaire du système financier qui s’avérait non fiable. En quelques jours, les marchés ont adopté des valorisations des actifs qui ne peuvent s’expliquer que par l’anticipation d’une récession sévère et prolongée. Si l’on reprend mon article « Quand l’imprévisible est certain », c’est l’entrée de l’Europe directement dans la phase 3 du cycle de krach, pratiquement sur l’heure, dès le déclenchement de la phase 1 (qui est représentée, chez nous, par le contre-choc de Lehman Brothers).

    On assiste alors à des phénomènes relativement comiques. Ainsi, dans les jours qui suivent l’annonce du plan Paulson (850 milliards de dollars injectés, donc mesure inflationniste), le dollar remonte contre l’euro. Explication : craignant que le système financier international ne fasse complètement faillite, le capital se réfugie aux USA (énorme demande de bons du trésor), persuadé que même si c’est de là que la crise est partie, c’est aussi là que pour finir, l’argent sera le plus en sécurité – sous-entendu : la faillite des USA engendrant celle de la planète, elle n’aura pas lieu, alors que dans le cas des pays européens, sait-on jamais… Paradoxe : alors même que l’Amérique entérine sa faillite partielle, cette faillite américaine profite momentanément aux Américains, parce qu’elle fait redouter la faillite totale de leurs satellites.

    Confrontées à la débâcle impressionnante des bourses du monde entier, les banques centrales tentent une opération spectaculaire : l’abaissement simultané de tous les taux directeurs, partout dans le monde, ou presque. Résultat : néant. Le marché remonte une heure, puis il reprend son trend baissier. Du jamais vu.

    Le 5 octobre, les Européens se réunissent pour tenter de définir un plan d’action. Echec : l’Allemagne fait la mauvaise tête. Alors, dans la semaine du 6 au 10 octobre, la tendance « bear » se transforme en krach galopant, accéléré par la spéculation frénétique des petits malins qui jouent la baisse sur le marché à terme. Pratiquement toutes les places perdent entre 15 % et 20 % de leur capitalisation boursière. Le 10 octobre au soir, on peut très sérieusement se demander si la finance mondialisée ne va pas imploser à très brève échéance, complètement, provoquant un phénomène jamais vu : la crise systémique globale, authentiquement globale.

    Le 12 octobre, un G7 exceptionnel est organisé. Entre temps, les Allemands sont venus à composition : à leur tour, ils ont été rattrapés par la crise, avec la faillite de Hypo Real Estate. On remarquera à ce sujet que cette faillite est arrivée juste à propos pour obliger le seul pays européen vraiment récalcitrant à s’aligner sur la proposition anglaise : un plan de soutien massif, en Europe comme aux USA. On en déduira ce qu’on pensera pouvoir en déduire, pour ma part, je me bornerai à relever la coïncidence.

    Le G7 du 12 octobre prend un ensemble de décisions qui ressemblent à une « opération de la dernière chance » à l’échelle mondiale. Les Européens vont mettre en place un plan de 1.700 milliards d’euros (presque un an du PIB français), les Américains vont rajouter au plan Paulson une « rallonge » de 250 milliards de dollars. A la demande des Britanniques (y compris les conservateurs !), les gouvernements (y compris américain) s’engagent désormais à nationaliser les banques plutôt que de les laisser tomber en faillite. La garantie des dépôts bancaire devient théoriquement illimitée, mais à quel coût ! Au total et compte tenu des injections réalisées précédemment, la masse financière que la sphère publique met à disposition du secteur bancaire se montera donc à 3.500 milliards de dollars (2.200 milliards en Europe, 1.300 milliards aux USA). La France contribuera à hauteur de 360 milliards (40 milliards pour des mesures de recapitalisation, 320 milliards pour un fonds de garantie des prêts interbancaire).

    Le 13 octobre, les marchés repartent à la hausse, shootés par cet énorme soutien public. Pratiquement toutes les places boursières gagnent 10 % ou presque. Le taux du marché interbancaire se détend enfin, les banques se prêtent à nouveau entre elles. En apparences, la crise est en voie de résolution.

    En réalité, les difficultés ne font que commencer.

    Y a-t-il un pilote dans l’avion ?
    Pour commencer, personne ne peut décemment garantir que les 3.500 milliards de dollars injectés par la puissance publique vont suffire à surmonter le credit crunch (crise du crédit) en cours de déploiement.

    Si l’on s’en tient dans un premier temps aux dettes stricto sensu, sans prendre en compte le marché des dérivés, les données sont les suivantes, pour les principales économies du monde occidental :

    En milliards de dollars PIB nominal Dette totale en % PIB Dont privé Dont public
    Etats-Unis 14 000 34 300 245% 150% 95%
    Allemagne 3 300 6 900 210% 140% 70%
    Grande-Bretagne 2 700 5 800 215% 170% 45%
    France 2 600 4 200 160% 95% 65%
    Italie 2 100 3 200 195% 85% 110%
    Autres pays occidentaux 9 000 14 400 160% 115% 55%
    TOTAL Am Nord + Europe 33 700 68 800 205% 130% 75%

    L’Occident dans son ensemble apparaît donc endetté à hauteur de 205 % de son PIB. Compte tenu de la structure du PIB des pays occidentaux, cela représente à peu près neuf années de production industrielle. Certes, les Etats-Unis établissent un record historique, avec leurs douze ans de production engagée par l’endettement ( !). Mais le reste de l’Occident est à peu près sur les mêmes ordres de grandeur – et la France est loin d’être le plus mauvais élève de la classe, quoi qu’on en dise. Compte tenu des 50 % à 100 % du PIB en endettement caché que représente notre nationale « bulle des retraites des fonctionnaires », nous sommes tout bonnement dans la moyenne.

    Peut-on rembourser une dette de 68 trillions de dollars, avec un PIB de 32 trillions ? Réponse : non. La dette, pour être remboursée, doit être prélevée sur les revenus. Une dette de 205 % du PIB représente des intérêts à 11 % du PIB, si l’on admet un taux de rémunération du capital à 5 % (norme de ces dernières années). Comme la croissance des pays occidentaux plafonne à 2 % (version optimiste), et en admettant une inflation de l’ordre de 3 % (pour laisser une marge aux prêteurs à 5 %) une fois défalquée la fausse croissance générée jusqu’ici par l’endettement, les 6 % restants sont structurellement non remboursables (à peu près la moitié). C’est une situation de faillite, dont nous ne pourrions sortir que par une formidable croissance durable (de l’ordre des + 7 % des trente glorieuses) combinée avec un étalement des remboursements sur de nombreuses décennies (moratoire ou quasi-moratoire sur les intérêts). Etant donné qu’il n’y aura ni moratoire (comment faire avaler aux créanciers ?) ni rebond de la croissance (par quel miracle ?), on peut considérer que l’Occident est en dépôt de bilan.

    Sur les 68 trillions de dettes accumulées qui « financent » l’actif des créanciers, une très forte proportion ne sera pas remboursée – ou alors, en monnaie de singe. Et le montant de l’impasse est beaucoup, beaucoup plus élevé que 3,5 trillions. Il serait présomptueux de se risquer à un calcul précis, mais il est probable que cette impasse se chiffrera en fin de compte en dizaines de milliers de milliards de dollars. Il faut bien le comprendre : les 3,5 trillions déjà annoncés par Paulson & co, c’est juste le début des festivités.

    Outre ce problème central de l’endettement total des acteurs non financiers, un facteur aggravant : la finance spéculative mondialisée, totalement dérégulée, a prouvé de manière éclatante qu’en dépit des assurances des néolibéraux, le jeu des acteurs dans un environnement dérégulé ne converge pas vers les meilleurs choix économiques. Cette finance est devenue complètement folle. Pour dégager toujours plus de rentabilité, les fonds spéculatifs ont utilisé des effets de levier monstrueux, prenant des positions à terme disproportionnées, pour faire travailler un argent qu’ils n’avaient pas.

    Le marché des dérivés a atteint des proportions inimaginables. On a calculé que le total de ces marchés avoisine 450 trillions de dollars, soit plus de 5 ans du produit brut mondial. C’est de la démence pure et simple : aussi longtemps que les bulles spéculatives ont été prolongées à la hausse, les acteurs de ces marchés délirants s’en sont sortis par la cavalerie. A présent que les bulles implosent, une à une (immobilier, subprimes, matières premières, bientôt sans doute les crédits Alt-A à peine moins pourris que les subprimes…), les acteurs des marchés dérivés vont se retrouver massivement confrontés à des engagements qu’ils ne peuvent pas assumer.

    Fondamentalement, les marchés dérivés ne modifient guère les équations économiques réelles. Mais ils vont contribuer à rendre l’affaire proprement ingérable, puisqu’ils vont fonctionner comme un accélérateur de faillite. Les fonds spéculatifs parient un argent qu’ils n’ont pas, mais leurs créanciers s’attendent à être payés avec cet argent qui n’existe pas. On arrive là à des niveaux d’absurdité tels que la modélisation économétrique devient impossible. Il n’y a plus de pilote dans l’avion, et s’il y en avait un, il n’aurait pas de tableau de bord !

    Quand la finance virtuelle contamine l’économie réelle
    Au total, la richesse des pays occidentaux (somme des patrimoines particuliers et collectifs) doit avoisiner 90 trillions de dollars. Nous avons une dette collective équivalente à environ 75 % de ce montant, et une partie importante de cette dette ne pourra pas être remboursée. Il faut donc s’attendre à une révision brutale de notre richesse collective, quand il va s’avérer que nos 90 trillions d’actifs sont contaminés par 10, 20 ou 30 trillions de passif irrécouvrable. Très schématiquement, pour solder l’affaire, il faudrait spolier les occidentaux de 15 à 30 % de leur patrimoine. Et d’une manière ou d’une autre, c’est bien ce qui va se passer.

    Bien sûr, dire les choses comme ça, c’est simplifier à outrance. En pratique, la spoliation peut prendre des formes très diverses. Mais en pratique, beaucoup de gens croient aujourd’hui qu’ils possèdent quelque chose, et vont s’apercevoir demain qu’ils ne possèdent plus rien. Il faut bien comprendre cette idée, tellement simple qu’elle heurte l’entendement : quand il y a des gens qui ont des créances et qu’il s’avère que ces créances sont irrécouvrables, il y a des gens, les mêmes ou d’autres, qui perdent leurs avoirs. Forcément.

    Pour l’instant, une spoliation directe, sous forme de gel des comptes bancaires par exemple, ne semble pas à l’ordre du jour. Comme on pouvait s’y attendre, les classes dirigeantes s’apprêtent à gérer la crise par la stagflation. Plutôt que d’anéantir l’argent, ils vont le dévaluer. C’est la dynamique qui s’est enclenchée avec le plan Paulson, et que le « plan européen » du 12 octobre a poursuivie – et qui sera poursuivie, encore et encore, dans les mois et les années qui viennent.

    Bien entendu, le pouvoir économique n’annoncera pas brutalement cette entreprise de résorption de l’endettement par l’inflation. Pour l’instant, la communication organisée par les dirigeants est d’une grande habileté. Comme il n’est évidemment pas question de faire appel public à l’épargne (difficile de trouver beaucoup d’acheteurs d’obligations par les temps qui courent), et comme il n’est pas non plus question d’officialiser le déficit public comme arme de destruction financière massive (éviter la panique), on entretient pour l’instant le flou. En France, on nous explique que la garantie de 320 milliards d’euros qui vient en appui du plan d’injection de capital de 40 milliards ne sera probablement pas utilisée. Eu égard aux véritables enjeux, qui se chiffrent en milliers de milliards, nous avons là une sorte de trait d’esprit comique involontaire – mais pour l’instant, cela suffit à tranquilliser le public.

    En l'occurrence, il y a de très fortes chances pour que les garanties soient sollicitées. S'il n'y a plus de confiance entre les banques, c'est pour une bonne raison. C'est parce qu'elles savent qu'il y a, dans le système, des milliers de milliards de dollars de dettes qui ne seront jamais remboursées par les débiteurs eux-mêmes. A partir de là, le seul moyen de sortir de la crise, c'est que quelqu'un rembourse les dettes : soit les créanciers (annulation de la dette), soit le consommateur (inflation), soit l'Etat, c'est-à-dire le contribuable. C’est aussi simple que cela.

    La suite du film est déjà écrite.

    La contamination de la crise financière à l’économie réelle est inévitable, dès lors que le système n’a pas été mis en redressement judiciaire pur et simple. Les signaux se multiplient d’ores et déjà, à la mi-octobre :

    - Le moral des investisseurs est en chute libre, en Europe comme aux USA.

    - La production industrielle est en baisse aux USA, elle ne se maintient en Europe que grâce à une excellente performance allemande, pour l’essentiel conjoncturelle.

    - Le chômage entame sa remontée, au fur et à mesure que l’économie réelle entre en phase de rétractation.

    - Le seul moyen d’enrayer un cercle vicieux de la récession serait, dans l’esprit du système actuel, le soutien à la consommation. Mais ce soutien est impossible, sauf à remettre en cause les conséquences de la dérive inégalitaire du capitalisme. A présent que le moteur de la dette est tombé en panne (impossible de continuer à faire croître un endettement déjà vertigineux), c’est au contraire la contraction de la demande qui est à l’ordre du jour. Tous ces propriétaires de maisons qui vont voir leur capital fondre (et continuer à devoir rembourser leurs prêts), tous ces détenteurs de portefeuilles d’action qui vont voir leur portefeuille fondre, tous ces petits cadres flippés par l’angoisse du chômage : tous ces gens-là vont devoir se serrer la ceinture. Très vite, les secteurs fortement dépendants de la confiance des ménages vont entrer en contraction. Aux Etats-Unis, les ventes des chaînes de magasin sont en train de caler, mais les biens de consommation ne sont pas, à ce stade, le problème essentiel. Les biens d'équipement, l'automobile, le logement : krach de la demande en perspective !

    Pour empêcher la récession déflationniste qui menace, les autorités vont injecter de la monnaie, toujours plus de monnaie. On va assister à une course de vitesse entre déflation par contraction de la demande et inflation par création monétaire – et comme l’inflation fait moins mal sur le coup, c’est elle qui gagnera : les autorités feront ce qu’il faut pour ça.

    Très vite, nous allons voir se tendre les relations entre le système bancaire et le régulateur, parce que les banques vont avoir tendance à conserver les liquidités que les autorités leur injecteront. C’est qu’elles ont leurs propres problèmes : anticipant les défauts de paiement potentiellement monstrueux des acteurs spécialisés dans l’effet de levier tous azimuts, les banques vont reconstituer un matelas de sécurité, de sorte que pour injecter dans la demande 1 euro, il faudra que les autorités en créent par exemple 2.

    C’est pourquoi, très vite, le pouvoir va se retrouver pris en tenaille entre deux des cinq risques que je mentionnai dans mon article précédent :

    - Le gel économique par accroissement de la pression sur les consommateurs, qui ne pourra être combattu qu’en injectant toujours plus de monnaie dans le circuit,

    - Le risque de voir les créanciers de l’Occident (le Japon, en particulier) taper du poing sur la table si leurs avoirs en dollars sont dévalués dans des proportions insupportables.

    (C’est en fait la Chine qui a tapé sur la table en août 2011)

    Obligés de piloter à la fois les contraintes internes (limiter la récession) et externes (éviter l’effondrement des monnaies occidentales), les autorités vont piloter à vue. Nous risquons d’assister à une politique de « stop and go » accélérée, qui pourrait présenter un caractère assez surréaliste, avec une alternance déconcertante de mesures inflationnistes et de retour forcé à l’orthodoxie monétaire. Il en résultera un dérèglement général des prix, et nous verrons certainement des phénomènes très étranges, avec des « poches de déflation » au milieu d’une toile de fond inflationniste.

    Le déficit budgétaire américain est déjà en forte augmentation. Cela va s’accentuer, et il est très probable que le fameux « critère de Maastricht » de 3 % de déficit public va voler en éclat très rapidement dans la zone euro. (C’est fait…)

    Déjà, la très vertueuse Allemagne de Merkel a annoncé qu’elle renonçait à son objectif d’équilibre structurel des comptes publics.

    Malgré cela, les marges de manœuvre pour mener des politiques de compensation des effets sociaux de la crise seront très limitées, de sorte que l’accompagnement de la population précaire sera relativement restreint. D’ores et déjà, on sent monter la grogne sociale. Des salariés de l'automobile ont manifesté vendredi midi au Mondial de l'Automobile à Paris pour exprimer leur ras-le-bol face à la multiplication des plans sociaux. C’était un coup de semonce. Nous allons assister à des conflits de classe plus durs, qui recouvriront d’ailleurs souvent un conflit générationnel implicite. Ces salariés de l’automobile se comportaient en pratique comme des trentenaires producteurs en révolte contre la dictature des actionnaires sexagénaires du vieux baby-boom et des quinquagénaires consommateurs du jeune baby-boom : tout un symbole.

    Dans ces conditions, le pouvoir soldera la crise sur la partie de la population qui risque le moins de faire « péter le système » par une révolte ouverte. Le solde des 10, 20 ou 30 trillions de dollars fictifs qui gonflent pour l’instant les fonds de retraite des baby-boomers sera probablement trouvé en grande partie sur ces mêmes fonds de retraite. On ne peut pas s’empêcher d’y voir une forme de justice : après tout, cette génération du baby-boom est la principale responsable du désastre. Elle n’a pas fait d’enfants, elle en paiera le prix quand les fonds de retraite auront implosé. Des vieux pauvres qui meurent seuls, vous en verrez beaucoup dans les vingt ans qui viennent.

    Le délicat partage du fardeau
    Confrontés à des tensions internes de plus en plus ingérables, les Etats vont entrer en compétition pour savoir qui doit porter le fardeau de la catastrophe. Il était visible, le 5 octobre, que le « Prime » britannique Gordon Brown a eu beaucoup de mal à faire avaler son « plan Paulson européen » aux Italiens (Berlusconi s’est lâché au sujet du système financier international, avant de se rétracter en catastrophe) et surtout aux Allemands. L’image restera, pour l’Histoire, d’Angela Merkel faisant la bise à Nicolas Sarkozy devant les caméras. Mais dans la coulisse, on ne devait pas franchement jouer love story.

    Le retour des égoïsmes nationaux est à l’ordre du jour. Il n’est pas certain que la soi-disant Union dite Européenne y survive bien longtemps. Si les critères de Maastricht explosent, ils ne le feront pas forcément partout dans l’euroland de manière synchrone, ni dans les mêmes proportions. L’Allemagne, dont la population est traditionnellement très disciplinée, possède une étonnante aptitude à se mobiliser. Ce n’est pas le cas de l’Italie et de la France. L’Etat de l’endettement privé en Angleterre est tel qu’en cas de krach financier provoquant l’implosion de la City, on peut vraiment se demander ce qui va se passer Outre Manche. (On vient d’en avoir un aperçu…)

    La France, qui paye aujourd’hui pour l’Europe bien plus qu’elle n’en retire, risque d’être le maillon faible. Vers le retour du Franc ? – L’hypothèse, farfelue il y a peu, prend de plus en plus consistance.

    Pour l’instant, les européens ont fait front commun. Mais c’est un front contraint. Il est de plus en plus clair que c’est la pression mise par Washington sur l’Union Européenne qui a enclenché la dynamique de soutien à la bourse. Le sommet de Paris, purement européen, le 5 octobre, n’avait débouché que sur un constat de désaccord. C’est le G7, aux USA, qui a tranché.

    C’est à ce niveau-là que se trouve la coordination, et il est clair que l’Union Européenne, en l’occurrence, est un non-acteur. De toute manière, les vraies décisions seront prises largement en fonction des accords entre Japon, Chine et USA (avec la Russie dans le rôle peu confortable d’ennemi potentiel de l’empire américain en implosion). Dans l’histoire, les « zéropéens » bruxellois comptent pour assez peu de choses. Raison pour laquelle, sans doute, ils vont très largement payer une crise née aux USA, et résultant principalement de la politique américaine. La gestion du risque numéro 3 (explosion du consensus USA-UE si la baisse du dollar transfère le mécanisme de délocalisation vers l’Europe) va se faire tout bonnement en imposant à l’Europe de payer pour la faillite américaine, ce qui va reporter sur l’euro une partie de la baisse prévisible du dollar. C’est le mouvement auquel nous assistons depuis deux semaines : légère baisse de l’euro face au dollar, baisse prononcée du couple dollar-euro face au Yen.

    Ah, on donnerait cher pour être petite souris, et pour assister aux négociations entre asiatiques et américains ! Pour l’instant, on remarquera simplement que nous assistons à l’accouchement pénible d’un Nouvel Ordre Mondial – un ordre vraiment nouveau, cette fois-ci.

    Le risque 4 (les rivalités exacerbées dans le cadre de la redéfinition du système financier international) est maintenant avéré, mais les asiatiques devraient se montrer bons camarades, car ils ont une trouille bleue de la faillite américaine, et cela pour deux raisons excellentes :

    - Ils possèdent probablement quelque chose comme 6 trillions de dollars d’actifs aux USA, essentiellement en bons du trésor (perte actuelle : probablement déjà plusieurs centaines de milliards).

    - Ils savent très bien que si l’Amérique implose, elle peut devenir folle et utiliser le dernier argument qui lui reste : la plus grande armée du monde.

    D’un autre côté, Chinois et Japonais ne peuvent pas tolérer que l’Amérique transforment leurs actifs en brouettes de monnaie weimarienne…

    C’est de la balance entre ces deux termes du dilemme que dépendra leur attitude face à Washington, et on commence, à condition d’y regarder de près, à pouvoir deviner comment la question sera résolue. La semaine dernière, une discrète dépêche d’agence nous informait que le groupe bancaire japonais Mitsubishi UFJ Financial prenait une participation de 21% dans la banque américaine Morgan Stanley, émanation de JP Morgan, cœur du cœur du capitalisme anglo-saxon depuis 150 ans. Or, et c’est là que réside la véritable nouvelle, les Japonais ne se contentent pas de mettre au pot. Ils acquièrent un siège au conseil d'administration.

    Je crois que cette dépêche d’agence annonce en filigrane ce que sera l’issue de la crise sur le plan géostratégique : l’Amérique reconnaît qu’elle doit désormais associer l’Asie au leadership mondial. A ce stade, j’en ai conscience, cette thèse n’a pour tout soutien qu’une affaire emblématique et marginale – un détail dans l’Histoire, un petit détail de rien du tout. Mais franchement, ça paraît tellement logique.

    Le prix de ce condominium sera probablement, pour l’Asie, la renonciation à une grande partie de ses créances américaines. Une crise d’ajustement très violente attend maintenant la Chine, et dans une moindre mesure le Japon. En Chine, il faut s’attendre à des mouvements assez rudes. Pour l’instant, le marché intérieur n’est pas organisé pour offrir des débouchés satisfaisants à l’industrie chinoise, et les transferts de technologie ne sont pas achevés. La crise américaine, d’une certaine manière, survient dix ans trop tôt pour la Chine – et c’est sans doute pour cette raison que les Japonais vont sauter sur l’occasion pour pérenniser leur alliance avec les USA, quitte à la réviser.

    En partie ruiné par la faillite américaine, le système chinois va devoir gérer une rétraction considérable de ses débouchés. Plusieurs indices laissent penser que cette rétraction a d’ailleurs déjà commencé. Les secteurs de l’industrie chinoise les plus dépendants de la consommation occidentale sont entrés en crise de la demande. L’industrie du jouet, par exemple, a perdu presque la moitié de ses fabricants en moins d’un an. Paradoxe : l’Amérique peut faire de sa faillite une arme géostratégique redoutable.

    D’autres pays vont souffrir de la crise américaine. L’Iran est en crise économique. Des troubles sociaux sont à craindre à brève échéance. L’inflation est déjà de plus de 25 % en rythme annuel dans ce pays confronté à un ensemble de déséquilibres structurels profonds. La baisse de la demande pétrolière, et donc des cours, ne va rien arranger. Spectacle étonnant : l’Amérique est en train d’imploser économiquement, mais cette implosion risque d’être, pour elle, l’occasion de nuire à ses ennemis.

    Les scénarios pour l’Europe

    Déflation ou inflation ?

    Et concrètement, que va-t-il maintenant se passer pour nous, grouillots de base d’un Occident en faillite ?

    Je ne suis pas devin (et d’ailleurs, vous aurez le droit dans quelques mois de vous moquer de mes prédictions), mais ce qui me paraît le plus probable, c’est une crise en deux temps :

    - d’abord une récession assez violente et déflationniste,

    - ensuite une longue période de stagnation accompagnée d’une violente inflation.

    Une déflation, pour commencer, parce que les acteurs économiques en situation de pré-faillite vont chercher à vendre leurs actifs, coûte que coûte, pour trouver des liquidités. Ce sont surtout les actions, l’immobilier et les matières premières (bulles spéculatives en voie d’implosion) qui vont souffrir. Les prix des marchandises seront stables, la crise de la demande compensant largement les créations monétaires, dans un premier temps. Baisse des actifs, stabilité des prix à la consommation : on a déjà un début de concrétisation de ce mécanisme dans le découplage observé depuis quelques mois dans l’immobilier, avec des prix à l’achat qui baissent, et des loyers qui montent.

    Ce contexte déflationniste, qui va rappeler les conséquences immédiates de la crise de 1929, durera sans doute un an ou deux, pas plus. Cette période devrait logiquement voir se dérouler une récession assez violente. Je m’étais risqué à estimer une contraction mécanique de l’activité, simplement par implosion des secteurs virtuels/fictifs, de l’ordre de 6 % aux USA. A cela pourrait s’ajouter l’impact sur l’économie réelle, par contrechoc. Je ne serais pas surpris que nous assistions à une récession pire que celle de 1993, avec une baisse du PIB américain de 10 % au moins, étalée sur deux ou trois ans, et un choc moindre, mais tout de même très significatif, en Europe. Sortez les mouchoirs.

    Ensuite, la résorption de l’énorme dette irrécouvrable (10, 20, 30 trillions ?) va s’étaler sur de nombreuses années. A ce moment-là, les déficits budgétaires exploseront, la zone euro sera complètement réaménagée, et la planche à billets va chauffer pour de bon. La croissance sera faible, parce que les fondamentaux de la production ne seront pas au rendez-vous, et parce que la désorganisation générale des prix va décourager l’activité. Cependant, nous n’assisterons probablement pas à un crash intégral comme celui des années 30. Les gouvernements ne referont pas les erreurs de l’entre deux guerres. Il y aura une forte inflation (la valeur de la monnaie pourrait être divisée par deux ou trois, si la dette irrécouvrable est intégralement monétisée), mais l’affaire sera gérée sur la durée, au moins une décennie. Vous ne verrez pas les spectacles terrifiants de l’Allemagne de 1923, ni les 10 millions de chômeurs qui amenèrent Hitler aux portes du pouvoir dès 1932. Mais vous verrez une longue stagflation, morose et caractérisée certainement, ici ou là, par de très fortes tensions sociales.

    L’ajustement de la structure de classe
    La grande inconnue, c’est la manière dont le pouvoir va gérer les conséquences sociopolitiques de cette période de déclin.

    Il faut se souvenir, à ce propos, que nous assistons en réalité à un retour à la normale. En 1950, 90 % de la population stagnait sous un salaire annuel inférieur à 10.000 euros actuels. Pas de télévision, pas de téléphone portable (pas de téléphone du tout, d’ailleurs, très souvent), pas de vacances ou alors au Crotoy, pas de voiture, un costume solide par an, et de la viande une fois tous les dix jours. C’est en gros le niveau de vie actuel des neuf dixièmes de l’humanité – en fait, c’est même mieux !

    Depuis 60 ans, deux phénomènes majeurs avaient en Occident modifié cet état des choses :

    - Entre 1950 et 1980, le revenu moyen exprimé en euro constant avait à peu près été multiplié par 2,5 (plus ou moins selon la façon de redresser les prix). Puis, pendant le quart de siècle suivant, il a encore progressé d’environ 35 %, soit sur l’ensemble de la période un quadruplement du niveau de vie.

    - Entre 1950 et 1980, la structure de classe avait subi une déformation considérable. Alors qu’en 1950, cette structure était constituée par une énorme base très resserrée (80 % de la population enfermée aux alentours du salaire minimal de survie) prolongée par un « pic » très étroit (10 % de la population vivant dans l’aisance), en 1980, les gros bataillons appartenaient à une vaste classe moyenne, oscillant en termes de revenue dans un rapport de 1 à 3. Depuis 1980, cette structure a eu tendance à se rapprocher progressivement de la configuration de 1950, mais nous n’avons jusqu’ici fait qu’une très faible partie du chemin nécessaire pour revenir au modèle traditionnel : une base pauvre et égalitaire, une toute petite minorité très riche.

    Ce que nous allons vivre maintenant, c’est le retour aux conditions de 1950. Certes, ce ne sera pas une reproduction à l’identique. Nous aurons toujours des téléphones portables, des ordinateurs et, hélas, des télévisions. Mais le niveau de vie des occidentaux va régresser considérablement en moyenne, et la structure de classe a de fortes chances de revenir à un modèle proche de celui qui prévalait avant les trente glorieuses.

    - Baisse du niveau de vie : inéluctable, sauf à changer radicalement les termes de l’équation. Les occidentaux produisent aujourd’hui, individuellement, à peu près trois fois plus, en termes de production réelle (industrie, agriculture, services productifs) que les asiatiques. Ils consomment environ dix fois plus (compte tenu du niveau de vie très bas des masses chinoises). Dès lors que les termes de l’échange seront rééquilibrés entre les pays émergents et l’Occident, mécaniquement, nous ne pourrons plus consommer que ce que nous produisons. Et d’ailleurs, comment voudriez-vous que perdure la situation actuelle ? Sauf à imaginer un énorme accroissement de la production mondiale (contrainte écologique), nous allons forcément devoir consommer moins, puisque notre production ne justifie pas notre niveau de vie.
    (Cette conséquence me réjouit…La décroissance devient nécessaire pour des raisons économiques alors que les raisons écologiques restaient ignorées)


    - Déformation de la structure de classe : la crise va surtout percuter les classes moyennes et populaires. Les riches s’en sortiront plutôt bien. Certes, quelques-uns vont tomber. Mais dans l’ensemble, ils ont les moyens d’échapper aux conséquences de l’effondrement. D’abord la part des dépenses contraintes est plus faible pour eux, donc si leurs revenus baissent, leur niveau de vie n’est pas affecté, ou très peu. Ensuite, ils ont la possibilité d’échapper à l’inflation plus facilement que les pauvres. Quand l’argent se dévalue, ce sont les acteurs qui maîtrisent les instruments financiers performants qui s’en sortent le mieux. Ceux qui vont payer ? Les petits rentiers (retraités, classes moyennes), qui verront leurs économies fondre, et leurs retraites réduites à néant (ou peu s’en faudra). Les salariés, qui risquent fort, en période d’inflation, d’être payés avec une monnaie dévaluée sans réévaluation des salaires « en temps réel ». Et puis il y a les pauvres naïfs qui se sont endettés sur quarante ans pour acheter une cage à lapin dont la valeur va être divisée par deux.

    (Mais là, on peut « espérer » une réaction commune de cette masse…Juste un petit espoir…)

    Il n’y a guère de doutes : l’issue de la crise, telle qu’elle semble être configurée, est pour la société occidentale un retour à la structure duale des sociétés « d’avant les trente glorieuses ». Un retour vers le passé qui, d’ailleurs, est aussi un alignement sur la structure générale des sociétés humaines – partout ailleurs dans le monde, on en est encore à la situation « d’avant les trente glorieuses ». En pratique, ce que la crise à venir nous promet, c’est l’effacement des gains apportés par le progressisme, tel qu’il se manifesta concrètement en Occident, dans la foulée du New Deal américain, à l’époque où le capitalisme, menacé par l’URSS, était obligé de faire des concessions aux travailleurs.

    On parle beaucoup, actuellement, sur Internet ou ailleurs, de la question de savoir si cet ajustement est programmé. Des éléments le laissent penser : on a du mal à croire que les dirigeants occidentaux ont fabriqué sans s’en rendre compte une bulle d’endettement presque aussi grosse que l’économie elle-même. Mais au fond, quelle importance ? Que la crise soit l’instrument d’une politique délibérée de guerre de classes, ou qu’elle soit le résultat d’une guerre de classe inconsciente dont elle va maintenant devenir l’argument, qu’est-ce que ça change ?

    La grande question, la seule vraie question en fait, qui se pose à nous désormais, c’est : comment les sociétés occidentales vont-elles réagir à ce grand ajustement en préparation ?

    Tout indique que le pilotage de la mutation sera chaotique. Quelques faits divers récents montrent clairement que l’hyperclasse est tout à fait insouciante à cet égard. Le risque numéro 5, « l’incapacité des capitalistes occidentaux à comprendre qu’il n’est pas de leur intérêt de procéder à un ajustement trop brutal sur la structure de classes », est à mon humble avis LE risque principal qui pèse sur nous.

    Les dirigeants de la compagnie américaine AIG ont passé des vacances dans un complexe luxueux de Californie quelques jours à peine après le sauvetage de l'assureur pour 85 milliards de dollars ! Ceux de Dexia organisèrent un gueuleton à 300 euros par tête de pipe pour fêter le sauvetage de leur société aux frais du contribuable ! Comment qualifier ces comportements ? Indécence est un mot trop faible. Obscénité serait plus juste. Que signifie cette obscénité ? Que l’hyperclasse a perdu le sens de la mesure.

    Plusieurs faits divers récents indiquent qu’aux Etats-Unis, où la crise est plus avancée que chez nous, un désespoir impressionnant est en train de monter dans la classe moyenne. Un petit cadre de la finance en proie à de graves difficultés financières a tué récemment cinq membres de sa famille à Los Angeles, avant de mettre fin à ses jours. Cette tragédie a marqué les Américains, et elle a reçu un écho médiatique disproportionné. Régulièrement, on entend parler de suicides de personnes obligées de quitter leur demeure saisie. Les associations de psychologues et psychiatres ont fait état d’une augmentation de l’ordre de 50 % des demandes d’aide psychologique. L’impact serait d’ores et déjà très supérieur à celui du 11 septembre 2001.

    Quand on compare l’attitude des dirigeants du capitalisme mondialisé et l’état d’esprit de la population, on se demande où on va. Ou plutôt, non : on ne se le demande même plus. Il est évident que l’hyperclasse n’est pas capable de modérer ses exigences, pas capable de gérer prudemment l’ajustement de la structure de classe. Nous allons probablement assister à une lutte des classes ouvertes, et potentiellement très brutale. Il est très probable que cela sera, pour l’oligarchie, l’occasion d’accélérer le mouvement vers un gouvernement mondial, ou en tout cas vers un gouvernement unique de l’hémisphère occidental. Et il est certain que cela sera, pour les peuples, la dernière chance avant une longue nuit – la dernière chance de se révolter.

    Depuis 1989, en Occident, fondamentalement, nous ne faisions que prolonger la même courbe.

    Cette courbe est cassée.

    Donc on ne peut plus la prolonger.

    L’avenir est ouvert.
    ___________________________________________________________________________
    Le XXI° siècle vient de commencer pour de bon.

    MICHEL DRAC

    Crise Systémique Globale - Eté 2009 : Cessation de paiement du gouvernement américain
    - Communiqué public GEAB N°28 (15 octobre 2008) -



    A l'occasion de la parution du GEAB N°28, LEAP/E2020 a décidé de lancer une nouvelle alerte dans le cadre de la crise systémique globale car nos chercheurs estiment qu'à l'été 2009,(un peu en avance sur le calendrier en fait, il a fallu attendre l’été 2011 pour que le relèvement du plafond de la dette entre sur le devant de la scène…) le gouvernement américain sera en cessation de paiement et ne pourra donc pas rembourser ses créditeurs (détenteurs de Bons du Trésor US, de titres de Fanny Mae et Freddy Mac, etc.). Cette situation de banqueroute aura bien évidemment des conséquences très négatives pour l'ensemble des propriétaires d'actifs libellés en dollars US. Selon notre équipe, la période qui s'ouvrira alors deviendra propice à la mise en place d'un « nouveau Dollar » destiné à remédier brutalement au problème de la cessation de paiement et de la fuite massive de capitaux hors des Etats-Unis. Ce processus découlera des cinq facteurs suivants qui sont analysés plus en détail dans le GEAB N°28 :

    1.L'évolution récente, à la hausse, du Dollar US est une conséquence directe et prov

  • La déception.



    La déception.

    Une réflexion suite à une discussion sur un forum que j’apprécie particulièrement.

     

    Dans le concept du "dé-penser," que j’ai déjà développé, je me demande s'il n'est pas nécessaire d'abandonner toute idée de volonté étant donné que l'individu se soumet dès lors à la désillusion d'une volonté insuffisante...

    La volonté implique encore une fois une projection temporelle. Lorsque je grimpe un col à vélo, si je me place dans la situation de volonté, je cours le risque de considérer que cette volonté soit un espoir : "Pourvu que j'ai la volonté d'aller jusqu'en haut..." Il convient dès lors que cette volonté reste impliquée dans l'instant présent, qu'elle ne soit même pas le moteur de ma progression dès lors qu'elle prendrait la place de la mise en action de mes forces physiques. L'état de conscience se doit de rester ancré dans ce potentiel physique et ne pas être "alourdi" par des pensées illusoires.

    Ca n'est pas la "volonté pensée" qui peut me permettre d'arriver en haut mais la "volonté active".

    J'en ai subi souvent des "décrochages" physiques dans des montées interminables et lorsque j'essayais d'observer ce qui s'était passé, je réalisais que ma "volonté pensée" avait pris le pas sur la lucidité afférente à mes ressources physiques, comme si cette pensée était venue "enivrer" la réalité de mon corps. Lorsque cette "pensée volonté" finit par lâcher prise, la chute est particulièrement violente, comme un élastique qui lâche...

    Le "dé-penser" n'est absolument pas un abandon mais une exploitation constante de la réalité. Je ne suis que ce que mon corps produit et non ce que mon mental voudrait produire.
    Walter Bonatti dans l'ascension des Drus en solo parle "d'état de grâce". Je me demande si cet état de grâce n'est pas justement un état de "dé-penser" qui permet d'explorer et d'exploiter la quintessence de l'individu. Il n'y a pas d'autre objectif que le pas que je fais. Même pas celui que je vais faire. Juste celui que je fais.

    Est-ce que j’aurais raison d’être déçu par le fait que les médias ne s’intéressent pas à mes écrits et que dès lors, les lecteurs éventuels n’en entendent jamais parler ? Absurde.

    J'écris pour moi avant tout, pour comprendre, aller au plus profond parce que la pensée est volage et que l'écrit propose au contraire une analyse approfondie, une autopsie du corps spirituel, un arrachement des vieilles peaux. Des éditeurs m’ont reproché d’être un "donneur de leçon". « Ca énerve le lecteur et il préfère aller voir ailleurs »...

    Chose curieuse, les enfants qui lisent "Jarwal le lutin" ne me renvoient pas cette conclusion. Ils prennent tout simplement, sans se sentir "attaqués" ou pris en défaut. Il y a là quelque chose qui m'échappe...

    Je n’ai aucun espoir par rapport à Jarwal, ni envers mes autres livres. Je ne dis pas que l'espoir est à bannir mais qu'il s'agit de l'identifier, d'analyser son apparition et de comprendre la menace qu'il fait peser sur l'individu. Si l'individu laisse l'espoir le guider, il ne peut pas ensuite se plaindre de la déception qui survient. Il est le seul responsable alors qu'il cherchera bien souvent des "coupables extérieurs"...

    La vie n'a aucun espoir mais les pensées de l'individu en fabriquent un. Les pensées commentent la vie en lui donnant un apparat alors qu'elle n'en a aucun besoin.

    L'espoir, j'ai laissé tomber depuis un moment, je sais que ça n'est qu'une illusion, tout comme le fait d'être déçu. Il s’agit du même fonctionnement.

    Pour Jarwal le lutin, si je me dis que ça va être le succès et que c'est un gros plantage,  je serai le seul responsable de ma désillusion. J'ai écrit une histoire, j'ai fait ce que je pouvais pour la promo, le reste ça ne m'appartient pas. Même pas la peine que je m'en préoccupe. L'espoir, dans ce sens là, ça n'est que le ferment du malheur.

    Ca ne m'empêche pas de me lancer dans des travaux, des projets, j'écris par exemple le tome 3 de Jarwal. Mais ce qui m'importe, c'est justement de me détacher totalement de toute forme d'espoir pour être pleinement investi dans ce que je fais et non dans ce que je pourrais espérer de ce que je fais. C'est l'acte qui m'importe et non ses conséquences.

     

    On ne peut être déçu que de ce qu'on a espéré. C'est pour ça que je n'espère rien. Espérer, pour moi, ça n'est pas vivre mais espérer vivre. Etre déçu n'est que le résultat et c'est tout aussi faux que l'espoir. La vie ne peut pas être déçue mais je peux me décevoir de ce que je fais de la vie. Alors je m'en tiens à la vie en moi.

    Cette attitude est perçue parfois comme une absence de sentiments et d’émotions. Les sentiments ne peuvent-ils exister que dans l'accomplissement d'un objectif ?

    Si j'entre dans cette démarche, j'en oublie le sentiment généré par l'acte lui-même et c'est là, à mon sens, que se trouve l'erreur. Mes sentiments, je les éprouve dans l'acte lui-même et non dans ce qu'il contient. Prenons encore le cas du vélo. Si je me mets en tête d'atteindre un col et que mon bonheur ne peut exister que dans cet objectif, je me prive de tout ce que cette ascension contient, comme si la vie ne pouvait être vécue que dans la projection temporelle : "Je serai heureux quand je serai en haut. " Et bien non, je suis heureux de chaque effort et il m'arrive d'en rire tout seul ! Cette vie en moi, je la reçois avec une conscience infinie, parce que chaque instant est un bonheur. Le sommet n'est qu'un point géographique qui sert à atteindre cette plénitude. Juste un prétexte mais qui ne représente en aucun cas une pression que je m'impose. On n'a pas fait notre traversée du Jura à vélo par exemple. Je n'en suis pas déçu pour autant parce que chaque instant vécu contenait tout ce que je pouvais saisir. Et ce qu'on a vécu regorge de bonheurs assouvis. On n'a pas fait la traversée en entier ! Et alors ? Où est le problème ? On a pédalé, on a ri ensemble, on a partagé des moments remplis de bonheurs tout simples. Si on considérait cet objectif tronqué comme une déception, c'est nous et nous seuls qui fabriquerions notre déception. Ca n'est pas cette expérience qui serait un "échec" mais juste le commentaire intérieur qu'on élaborerait. Et cette déception nous empêcherait de garder en nous cette joie saisie au vol. C'est elle qui poserait un voile sombre sur cette expérience.
    Lorsque j'écris par exemple, je ne le fais pas avec l'objectif d'être lu par des millions de lecteurs ! Ca serait absurde et cette pression me priverait de ce bonheur de construire une phrase, un chapitre, une histoire. Mon seul objectif est de mettre en forme ce que je porte. Et je suis immensément heureux de sentir parfois cette fluidité de mon raisonnement, ce flot continu des mots qui s'enchaînent.
    Est-ce que l'amour que j'ai fait pour ma femme et mes enfants par exemple devraient porter un objectif autre que ce bonheur constant à saisir ? Est-ce qu'il y a une intention secrète, quelque chose que je chercherais à obtenir en retour ou est-ce qu'il s'agit juste d'honorer, à chaque instant, cette chance immense de pouvoir donner cet amour que je porte ?
    Je suis rempli d'émotions, j'en suis gavé jusqu'à plus soif mais il n'y a aucune intention derrière tout ça, je ne suis pas déçu de ce que je pouvais espérer parce que je n'espère rien justement. Je vis.

    Si je considérais que la vie se doit de répondre à des espoirs, cela signifierait que la vie elle-même a un espoir autre que la vie elle-même, comme si la création n'était pas achevée et qu'il faudrait atteindre un autre niveau. Je pense au contraire que de vouloir autre chose que ce que la vie apporte est le meilleur moyen pour ne pas être en vie mais de rêver de l'être.
    Le rêveur est un être endormi. Et quand il se réveille, il sombre dans le cauchemar qu'il a lui-même fabriqué en voilant la vie des illusions de son sommeil.

     

    Le désir a une intention et le sentiment est son parfum. Lorsqu'on aime la réalité de l'instant, il n'y a aucun désir puisque la projection temporelle a pris fin. Dès lors, les sentiments ne sont plus asservis à ce désir carcéral. Il ne reste qu'une infinie liberté. Et l'émotion est ineffable.

    La déception est dès lors inconcevable.

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  • On the road again.

    Dans deux jours, deux mois de vacances s'ouvrent.

    Retour fin août.

    Une belle vidéo pour vous souhaiter un bél été.

     

    http://www.youtube.com/watch?v=_VMoQnHWAZs&feature=related

     

    En route pour les montagnes et l'altitude.

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  • Contre pouvoir culturel.

    Etant donné qu'il ne faut surtout pas tenter de comprendre le monde actuel à travers les médias officiels, il convient de chercher ces sites qu'on peut qualifier de "contre pouvoir culturel."

     

    http://www.cadtm.org/Francais

     

    https://sites.google.com/site/glasnostsurfukushima/

     

     

    A partager bien entendu.

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  • Terrorisme gouvernemental

    On n'en parle plus mais je me souviens très bien de cet article...

     

    http://www.lemonde.fr/societe/article/2010/12/20/des-primes-variables-pour-les-recteurs-d-academie_1456066_3224.html

     

    Ce qui est certain, c'est qu'ils vont bien la toucher leur prime. Le nombre de suppressions de postes est effarant. Instituteur, professeurs en collèges, au lycée, à la FAC, psychologues scolaires, maîtresses E, rééducateurs (il n'y en a quasiment plus et la formation n'existe plus), conseillers pédagogiques, infirmières, responsables de CDI, surveillants, toute l'Education nationale se vide comme une outre percée.

    Depuis cinq ans, j'ai 30 élèves de CM2 en moyenne. Quand ils sont tous en classe, ils restent très peu de place pour circuler...

    Les petites écoles de montagne ferment les unes après les autres.

     

    Descendons la pyramide hiérarchique pour voir ce que ça donne. Et bien, les Inspecteurs de circonscription subissent une pression énorme. Certains s'en contentent et approuvent et mettent une pression énorme sur les enseignants. D'autres tentent de soutenir les enseignants et connaissent la réalité du terrain... Ceux-là ne sont pas bien nombreux.

     

    Les paperasses en tous genres donnent à l'école française une allure d'administration à la Kafka... Projets d'école, statistiques, progressions, enquêtes, graphiques, pourcentages, évaluations nationales, tableaux de présence, programmations, multiplication des enseignements, réunions, réunions, réunions...

    "Il faut rendre ce dossier pour hier au plus tard..."

     

    Pour les élèves, la situation est tout aussi catastrophique. Les dégâts collatéraux sont importants. Difficultés à se concentrer dans des classes surchargées, impossibilité d'établir des échanges oraux, programmes à finir, conflits incessants, difficultés relationnelles, décalage complet de l'école et du monde extérieur, programmes à finir, pression des inspecteurs, conflits relationnels, chahut, stress, conflits, programmes à finir, pas le temps de discuter, pas de psychologue ou alors un secteur gigantesque, des horaires d'usine, programmes à finir, inspection à venir, projets d'école à refaire, quinze enfants en souffrance psychologique, comportements difficiles, pas le temps, programmes à finir,des sanctions qui renforcent les conflits, pas le temps de discuter, programmes à finir...

     

    Des parents qui font au mieux ou au pire. Le Centre médico psychopédagogique a fermé, il faut aller à la ville voisine mais il n'y a pas de place avant trois mois. Pas d'assistante sociale non plus. Pas d'éducateurs de rues. Il y a bien le foyer pour jeunes mais un animateur pour une ville, c'est peu...  

    Des charges émotionnelles qui gonflent, des bombes à retardement, des jeunes qui vont à l'école avec le noeud au ventre, ou la haine, ou la peur, la rage, violences verbales, violences physiques...On va embaucher au collège des surveillants mal payés. Non, ils n'auront pas le temps de discuter et d'ailleurs, on ne le leur demande pas. Juste des sanctions ou rien. Le réglement, le réglement... On peut même envoyer l'armée, pourquoi pas. Des bérets verst dans les couloirs, mais non , ça n'est pas choquant, c'est l'époque qui veut ça...

    Et puis, on mettra aussi des policiers dans les rues. Y'en a plein les rues aux USA et tout va bien là-bas...

    Ah, j'oubliais les profs qui n'ont plus d'enveloppe budgétaire pour le soutien aux enfants en difficulté. On supprimera des heures à la rentrée mais on dira que le dispositif est toujours en place.

    Non, il est impossible de changer les ordinateurs du collège. Windows 95, ça marche très bien.

    Non, il n'y a pas de budget pour le renouvellement des livres du CDI. On va scotcher les couvertures de La Contesse de Ségur, ça ira bien...

    Et les profs ont leur programme à finir avec trente élèves dont certains sont des bombes à retardement...

    Et puis, un jour, à la sortie du collège, il y a une bombe qui explose...

     

    Terrorisme gouvernemental. Je travaille pour des terroristes. Mais, moi, je n'ai pas le droit d'allumer une mèche. Devoir de réserve.

    Si ce blog disparaît dans quelques jours, vous saurez pourquoi.

    Les moteurs de recherche trouvent très rapidement le mot "terrorisme". Associé au mot "gouvernemental", on peut appeler ça une mèche courte (Pour ceux et celles qui connaissent la réplique culte de James Cobburn, dans "Il était une fois la Révolution)."

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  • Culture et Internet.

    Une lettre ouverte personnelle sur "FRENCHWRITERS".

     

    http://www.frenchwritersworldwide.com/author-s-open-letter/culture-et-internet

     

    Le contre pouvoir médiatique d'Internet...

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  • Lynchage médiatique

    Voilà le courrier que j'envoie mardi à diverses personnalités parisiennes...

     

    "Monsieur.

     

    Je vous adresse ces trois exemplaires de mes romans car je revendique le droit au lynchage médiatique. En effet, je ne suis qu’un instituteur perdu dans une petite vallée des Alpes, je ne connais personne dans le gotha des people, je n’ai pas accès aux médias et, comme de surcroît, je suis pétri de principes moraux, je suis condamné à rester incognito et à continuer à vendre mes écrits dans des volumes misérables.

    Je réclame par conséquent le droit à bénéficier de ce lynchage médiatique si puissant pour les ventes, cette reconnaissance de tous, cette mise en lumière, l’intégration à cette masse frénétique des stars conspuées mais rentables.

     

    Je n’ai pas de femme de ménage à disposition et même si c’était le cas, une agression sexuelle proférée par un instituteur n’intéresserait personne d’autre que le correspondant local du journal régional. Insuffisant pour doper les ventes de mes romans. Je pourrais à la rigueur agresser la dame qui fait le ménage dans ma classe le soir, quand l’école est déserte et qu’elle manie avec dextérité le manche…à balai. Je pourrais facilement la menacer de la faire renvoyer si elle venait à se plaindre. Je lui suis supérieur tout de même. Mais voilà, j’ai des principes moraux intangibles et je n’arrive pas non plus à me faire à cette idée d’une quelconque supériorité sociale. C’est tellement stupide.

     

    Bon, alors, je pourrais m’en prendre à mes élèves et pratiquer des attouchements sexuels. Jamais, ils ne se plaindraient, ils auraient trop peur. Mais rien que d’avoir écrit ça, j’ai envie de vomir. Et je n’ai même pas d’histoire de pédophilie à dénoncer, ni actuelle, ni ancienne. Et d’ailleurs, si jamais, je venais à être informé de quoique ce soit de ce genre, je déclencherais aussitôt un tsunami policier et judiciaire. Ça me semble tellement évident. 

    Toujours ces principes moraux qui me condamnent à rester incognito.

     

    Je pourrais peut-être proférer des paroles racistes envers les enfants maghrébins de ma classe mais, moi, je ne suis pas un politicien et je serais certainement condamné, je perdrais mon poste et je ne pourrais plus subvenir aux besoins de ma famille. De toute façon, je respecte ces enfants tout autant que les autres.

     

    Je pourrais éventuellement entrer en string dans un magasin et brailler comme un goret dans un mégaphone ou encore mieux pendant la montée des marches au festival de Cannes, là où je serais filmé mais c’est tout simplement ridicule et c’est une des grossières erreurs de l’évolution des espèces de n’être pas parvenu à tuer tous ceux qui postulent volontairement au ridicule et à l’outrage. Le problème de la surpopulation aurait été réglé.

     

    Je pourrais aussi raconter dans mes romans mes turpitudes adultères et révéler au grand jour, la vie privée de mes amantes mais je n’en ai pas étant donné que j’aime infiniment la femme qui partage mes jours et que je me satisfais de contempler la beauté ineffable de la gente féminine. Et d’ailleurs, il aurait fallu que je sois déjà un célèbre ex présentateur du journal de TF1 pour que ça ait une incidence réelle sur la vente de mes romans.

     

    Voilà  d’ailleurs, le fond du problème. Pour exploser les scores des écrits, aussi insignifiants soient-ils, il faut déjà être célèbre. Je n’ose imaginer les ventes des prochains livres de tous les protagonistes de ces différentes affaires. Leurs ignominies sont si bien mises en scène.

     

    Alors que moi, simple instituteur, ma vie ne sera jamais étalée au grand jour, c’est trop insignifiant. Je n’aurai jamais l’aura de ces puissants, je n’aurai jamais cette couverture médiatique.

     

    Et mes principes moraux me condamnent à l’anonymat.

     

    Je pourrais essayer de passer dans une télé réalité mais je ne suis pas une blonde à forte poitrine, ni un ancien sportif, ni un éphèbe, ni un macho décérébré, ni un border line, ni un acteur délaissé, enfin rien de tout ce qui remplit les castings. Juste un instituteur totalement basique.

     

    C’est pour toutes ces raisons que je réclame votre indulgence et souhaite par-là bénéficier de toutes les critiques les plus virulentes, que mes écrits soient vilipendés, qu’ils soient jetés en pâture dans les griffes les plus acérées de vos chroniqueurs les plus acerbes, qu’ils abandonnent toute retenue et profitent de cette opportunité pour mettre en lumière leurs talents. Je suis tout disposé à subir les pires outrages et à en remercier les auteurs.

    Je ne cherche pas la reconnaissance du milieu littéraire mais juste l’étalage au grand jour de mes insuffisances d’écrivain. Ce lynchage médiatique sera pour moi un fabuleux tremplin. Comme pour tous les autres.

     

    Mes principes moraux m’interdisent toute autre voie.

    Je compte sur votre rage.

     

    Recevez Monsieur l’assurance de mes sincères salutations.

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