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Le moi dominateur
- Par Thierry LEDRU
- Le 12/02/2012
Le véritable problème de la planète ne vient pas des ressources disponibles mais des ressources existentielles. Cette exploration-là n'en est qu'à ses balbutiements et la catalepsie que nous connaissons entretient le pillage des ressources et l'inégalité dans la distribution de ces ressources. Le monde occidental profite à outrance de ses avancées technologiques et de son aveuglement existentiel pour piller le reste du monde et nourrir dans les pays émergents le désir de parvenir à ce soi-disant bien être matériel. Bien entendu que la situation des pays occidentaux est préférable à celle des populations confrontées à la misère, à la famine, à la soif, aux maladies. Je sais très bien que je vis infiniment mieux que la plupart des Africains. Ce que je conteste, c'est l'imposition forcenée du paradigme matérialiste sur les populations indigènes qui ont établi depuis des millénaires un équilibre particulier avec la nature.
La vision du monde prédominante repose sur l'exploitation des ressources naturelles et la soumision des ethnies qui vivent dans les territoires concernés. Les Conquistadors justifiaient la colonisation par l'évangélisation. L'enrichissement restait la motivation première. Aujourd'hui, le fonctionnement est le même. La colonisation n'a jamais cessé. Les justifications religieuses n'ont plus cours. Elles ont été remplacés par le sacro saint progrès...Progrès dans l'affaiblissement progressif des ressources. Les ethnies n'y gagnent rien. Il suffit de regarder les populations déracinées qui hantent les bidonvilles de toutes les mégapoles de la planète.
C'est un fonctionnement court-termiste. le Moi exige l'accomplissement de ses intentions matérielles. Il n'y a aucune visée existentielle, aucune philosophie, aucune unité. Nous fonctionnons dans un registre essentiellement individualiste. Même l'idée de nation est un leurre. C'est une valeur qui contribue essentiellement à l'extension du Moi. Il ne s'agit pas de créer une unité planétaire mais de contribuer à la formation d'un Moi national. Le Moi français contre le Moi chinois, arabe, asiatique, un jour peut-être le moi extraterrestre. On reste dans le conflit d'intérêt.
Quand je tente de me projeter dans l'avenir, je ne parviens pas à voir la moindre éclaircie. La paradigme ayant institué la vision dualiste de l'existence des egos ne laisse paraître aucune faiblesse.
La conclusion s'impose d'elle-même. Rien ne se fera volontairement.
La rupture surviendra lorsque l'équilibre sera rompu, lorsque l'exploitation aura atteint un seuil limite et que le système s'effondrera de lui-même.
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Le lac Vostok
- Par Thierry LEDRU
- Le 11/02/2012
Tiens, en voilà un bon scénario de film. Une bactérie remontée à la surface, qui élimine les scientifiques sur place et qui s'étend à toute la planète; Ca leur apprendra à forer aussi profond que la bêtise humaine;
http://www.lepoint.fr/science/lac-de-vostok-nous-sommes-obliges-de-croire-les-russes-sur-parole-10-02-2012-1430134_25.php
Selon Yves Frenot, président du Comité pour la protection de l'environnement en Antarctique, en forant jusqu'au lac, la Russie n'a enfreint aucune réglementation internationale.
Les chercheurs russes de la station de Vostok le 5 février, le jour où ils ont atteint le lac sous une couche de 3 769 mètres. © AP/Sipa
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Survival
- Par Thierry LEDRU
- Le 11/02/2012
http://www.survivalfrance.org/peuples/dongria/montagnesacree
Les Dongria Kondh
Victoire sur un géant minier
Les Dongria Kondh ont gagné une bataille sans précédent pour sauver leurs terres et leurs forêts du projet de mine à ciel ouvert de la compagnie britannique Vedanta.
Vedanta Resources comptait exploiter une mine de bauxite à ciel ouvert sur la montagne Niyamgiri en Inde.
La mine aurait détruit les forêts dont dépendent les Dongria Kondh et anéanti la vie de milliers d’autres Kondh vivant dans cette région.
Au cœur du conflit se trouve la montagne sacrée des Dongria Kondh, ‘la montagne de la loi’. Les Dongria vénèrent son sommet qu’ils considèrent comme le domaine de leur dieu et protègent les forêts qui s’y trouvent.
Vedanta Resources veut exploiter la bauxite que renferme son sommet.
Les Dongria Kondh y perdraient tous leurs moyens de subsistance, leur identité même et leur site le plus sacré.
Comme d’autres peuples indigènes qui ont été déplacés ailleurs dans le monde, leur santé en serait affectée, ils perdraient leur autosuffisance et leurs connaissances expertes des collines, des forêts et des systèmes agricoles qu’ils ont sauvegardés jusqu’à présent.
La souffrance
D’autres groupes kondh subissent les effets destructeurs de la présence d’une raffinerie construite par Vedanta et fonctionnant au pied des collines de Niyamgiri.
Les villageois qui ont été déplacés à cause de la raffinerie ont subi menaces et intimidations. Ils ont à la fois perdu leur territoire et leurs moyens de subsistance.
Ils souffrent également de graves problèmes de santé dus à la pollution de la raffinerie qu’ils accusent d’être responsable d’affections de la peau, de maladies du bétail et de la destruction de leurs récoltes.
L’office du contrôle de pollution du gouvernement d’Orissa a estimé que les émissions chimiques de la raffinerie étaient ‘alarmantes’ et ‘continuelles’.
Agissez maintenant pour aider les Dongria Kondh
Écrivez une lettre au Premier Ministre de l’Inde pour lui faire part de votre préoccupation.
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Basse synergie
- Par Thierry LEDRU
- Le 11/02/2012
Le besoin constant de soutenir le moi dérivé aboutit à une vision extrêmement courte des effets générés par les actes. Il n'y a aucune compassion envers les générations futures. Elles n'existent même pas à moins qu'elles puissent autoriser par leur venue prochaine la validation des actes présents. Les industriels alliés des politiciens qui combattent les ethnies de la planète pour s'attribuer leurs richesses naturelles utilisent le prétexte de l'aprovisionnement des générations actuelles et même futures en énergies fossiles et autres minéraux. Vaste mensonge qui n'a pour autre but que de maintenir le flux des richesses pour quelques privilégiés, au détriment de communautés entières et de l'équilibre naturel; La société indienne Vedanta en est un des nombreux exemples;
On a ici le détail d'une des affaires.
Il est indispensable de connaître tous les actes qui contribuent à cette basse synergie. Et à les combattre à notre mesure;
Bulletin Oeconomia Humana
Mai 2010, volume 8, numéro 4
Vedanta Resources et les Dongria Kondh : une histoire de responsabilité sociale ?
Par Kristell Labous et Anne de Malleray, candidates au Master développement durable de l'Université Paris DauphineCatégorie: RSE
Vedanta Resources, une compagnie minière, siégeant à Londres, exploite de nombreuses mines d’aluminium, de cuivre, de zinc et de plomb en Inde, en Australie et en Zambie. En projet depuis 1997, la mine de bauxite située dans l’état indien d’Orissa n’est pas en activité. Elle se situe en effet sous la colline sacrée des Dongria Kondh, une tribu de 9000 personnes dont le mode de vie ancestral serait menacé par l’ouverture de la mine. Ce conflit local est devenu international : l’ONG Survival International, spécialisée dans la défense des droits des tribus et peuples indigènes s’est saisie du sujet et a porté plainte devant l’OCDE pour non respect des droits de l’homme et des libertés. Cette plainte a donné lieu à une condamnation par le gouvernement britannique en octobre 2009. La même année, Amnesty International a lancé sa campagne.
L’affaire a pris une ampleur médiatique à la sortie du film Avatar, en décembre 2009. Les ONG ont fait le parallèle entre la situation des Na’vi, la tribu du film, et celle des Dongria Kondh, ce qui a valu de nombreux articles dans la presse internationale.
Depuis 2007, des investisseurs retirent leurs actions de la société Vedanta, cotée à la bourse londonienne. Ainsi, l’Eglise d’Angleterre, après de nombreux avertissements, s’est retirée du capital de la compagnie, l’Etat norvégien ou encore le fonds de pension de la major britannique BP également.
Contre toute attente, la compagnie minière ne réagit que très peu aux pressions médiatiques. Elle dément le rapport publié par Amnesty International, a refusé de collaborer à l’enquête menée par l’OCDE sur la véracité des faits allégués par Survival International. Elle se contente uniquement de publier son rapport de développement durable annuel, d’informer ses investisseurs sur ses projets, de tenir quelques blogs sur les impacts positifs de la raffinerie de bauxite déjà implantée au pied de la colline Niyamgiri et de poursuivre ses projets auprès de la communauté locale indienne (implantation d’écoles, projet d’université en Inde…). Cette passivité nous a amené à nous interroger sur la stratégie de l’entreprise.
Pour répondre à cette question, nous nous sommes intéressées tout d’abord à l’émergence du problème social sur la scène médiatique internationale, dans un second temps au rôle de l’Etat, régulateur et arbitre, et dans un dernier temps à la stratégie de l’entreprise face à cet environnement hostile et complexe.
Pour comprendre l’émergence de ce conflit local sur la scène internationale, il nous a semblé pertinent de l’analyser selon une approche constructiviste. Le modèle de l’arène publique d’Hilgartner et Bosk (1988) offre un cadre d’analyse pour expliquer la sélection qui s’opère, dans l’espace public, entre les différents enjeux sociaux. Selon ces auteurs, la capacité d’attention de l’opinion et des institutions est limitée, c’est pourquoi une compétition s’installe entre les différents problèmes sociaux émergents. Différents critères opèrent pour permettre à un conflit de faire surface : la dramatisation, le principe de nouveauté, la culture, le contexte politique et l’espace disponible dans l’opinion publique. Concernant le cas de Vedanta Resources, la dramatisation a eu lieu à la sortie du film Avatar : l’ONG Survival International publie en février 2010 un appel à James Cameron dans la revue hollywoodienne Variety. Comparer la situation des Dongria Kondh à celle des Na’vi a suscité l’intérêt de tous les médias internationaux. L’enjeu, pour les ONG est désormais de conserver l’attention des médias pour maintenir la pression de l’opinion publique sur la compagnie minière. Nous pouvons aussi nous référer au principe de caractérisation formulé par Joel Best (2005) pour expliquer l’émergence de problème social. Premièrement, il faut souligner le fait que les ONG, impliquées dans le conflit, défendent les droits de l’homme et non la protection de l’environnement. Même si les impacts environnementaux sont mis en avant, la priorité dans ce conflit est de défendre les droits des peuples autochtones, dont les Dongria Kondh font partie. Dans un second temps, ce conflit peut être caractérisé comme un enjeu économique et politique pour l’Etat d’Orissa et l’Etat indien. En effet, le développement économique de l’Inde est une priorité pour le gouvernement et pour l’Etat d’Orissa, le plus pauvre en Inde. Concernant l’OCDE et les actionnaires, l’enjeu semble davantage correspondre à la responsabilité sociale et à l’éthique des affaires. Chaque acteur interprète ici le conflit entre les Dongria Kondh et Vedanta Resources selon sa propre culture, son propre point de vue, ce qui conduit à la complexification du problème.
Vedanta Resources est également confronté à un autre acteur dominant : l’Etat. Plusieurs Etats interviennent dans le conflit : l’Etat indien, l’Etat d’Orissa, l’Etat britannique et l’Etat norvégien. Nous avons identifié différents rôles qu’endosse l’Etat selon la relation qu’il entretient avec l’entreprise. L’Etat d’Orissa soutient Vedanta Resources depuis le début du projet d’exploitation minière. Riche en métaux, notamment en bauxite, c’est l’Etat le plus pauvre d’Inde. Ainsi depuis 2002, le gouvernement d’Orissa a signé 54 accords d’exploitation minière. De plus, l’Etat d’Orissa a engagé son entreprise d’Etat Orissa Mining Corporation dans un consortium avec Vedanta Resources pour l’exploitation de la mine de Lanjigarh. Ce soutien est un soutien financier, économique et politique, l’Etat d’Orissa souhaitant développer l’économie locale autour du secteur minier. L’Etat indien a une position plus ambigüe : le Ministère de l’Environnement souhaite préserver les forêts de cette région et maîtriser l’exploitation forestière, tandis que le gouvernement indien espère développer économiquement son pays; Anil Argawal, président directeur de Vedanta Resources, disposant d’une fortune personnelle de 6 milliards de dollars, les enjeux économiques entre Vedanta Resources et l’Inde sont considérables. La divergence des intérêts indiens a conduit l’Etat indien à des décisions contradictoires : l’autorisation d’exploitation fut accordée en 2009 par la Cour Suprême indienne, un rapport recommande au Ministère de l’Environnement d’interdire l’exploitation et le gouvernement indien n’a toujours pas rendu sa décision. Ainsi le dossier est en suspens depuis 2006.
Concernant l’Etat britannique et l’Etat norvégien, les positions sont différentes de celles de l’Inde. L’Etat britannique héberge le siège londonien de Vedanta Resources depuis quelques années désormais. L’entreprise a donc la nationalité britannique. De ce fait, l’ONG Survival International a pu déposer une plainte auprès du point de contact national britannique de l’OCDE, selon le principe qu’une entreprise multinationale, dont le siège se situe dans un Etat membre de l’OCDE, doit respecter les principes directeurs de l’OCDE (Droits de l’Homme universels, transparence, droits du travail internationaux…). Selon l’ONG, l’entreprise aurait violé les droits des peuples autochtones. Le point de contact national britannique après avoir mené une enquête sur la véracité des faits a statué favorablement à la demande de Survival International, déçu de l’absence de réponse de la part de la compagnie minière. Malgré l’absence de force obligatoire des recommandations de l’OCDE, cette condamnation du point de contact national britannique signale à l’entreprise la nécessité d’être responsable socialement. C’est une intervention indicative et non normative de l’Etat britannique. Cette décision a ensuite été reprise médiatiquement par les ONG et les journaux internationaux. Pour l’Etat norvégien, actionnaire de Vedanta Resources, l’absence de considération à l’égard des Dongria Kondh relève d’un manque d’éthique des affaires, c’est pourquoi, l’Etat norvégien s’est retiré du capital. Cette intervention relève du champ des normes incitatives. L’Etat souhaite faire pression sur l’entreprise par une intervention financière. Toutefois, nous relevons que Vedanta Resources n’a pas réagi aux différents retraits de ces plus gros actionnaires. Est-ce dû au fait que l’entreprise est détenue majoritairement par la famille Argawal ? Dans le cas de Vedanta Resources, aucun Etat n’a pour l’instant pris de mesures coercitives. L’Etat indien pourrait condamner la compagnie minière pour la pollution de la rivière de Lanjigarh par la raffinerie de bauxite, il n’en est rien actuellement. La décision finale d’exploiter la mine de bauxite peut constituer, si elle est négative, une sanction. Nous supposons également que l’ONG pourrait saisir la Cour de Justice de la Communauté Européenne pour violation du droit communautaire et ainsi faire condamner Vedanta Resources. Cependant, un tel procès peut prendre plusieurs années avant d’aboutir, et la situation d’urgence des Dongria Kondh ne permet sûrement pas à l’ONG de recourir à ce type de procédure.
Dans un dernier temps, nous avons analysé le comportement de l’entreprise à l’égard de ses parties prenantes, que nous avions identifié précédemment. Selon le cadre d’analyse de Mitchell, Agle et Wood, les parties prenantes peuvent être classées selon leur degré d’influence sur l’entreprise. Celui-ci peut s’évaluer en fonction du nombre d’attributs que possèdent les parties prenantes : légitimité, urgence et pouvoir. Cette classification des parties prenantes nous a permis d’identifier quatre groupes. Le premier constitué de l’Etat d’Orissa et de l’Etat indien dispose des trois attributs : la légitimité au regard de Vedanta Resources du fait que le territoire concerné soit sous l’autorité des deux Etats, le pouvoir de sanctionner par l’autorisation ou l’interdiction d’exploiter et l’urgence pour Vedanta Resources d’exploiter le plus rapidement possible la mine de bauxite. Le deuxième est constitué de l’Etat britannique, des ONG et des communautés locales. Ce groupe dispose de la légitimité et du pouvoir. L’Etat britannique dispose de la légitimité au regard de sa compétence sur une entreprise de sa nationalité, du pouvoir de sanctionner, mais l’Etat britannique ne l’utilise pas. Il ne dispose donc pas de l’urgence. Concernant les ONG et les communautés locales, elles disposent de la légitimité d’agir, elles sont directement concernées par les activités de la compagnie minière, elles disposent du pouvoir médiatique et de l’opinion publique, mais au regard de l’entreprise, l’urgence ne leur est pas attribuée. La compagnie minière ne réagit pas à leurs revendications et ne répond pas à leurs attentes. La dernière entité est l’OCDE, qui dispose de l’urgence et de la légitimité. En effet, l’OCDE est légitime d’intervenir dans un conflit entre une ONG et une entreprise multinationale depuis la mise en place des points de contact nationaux. L’urgence a permis au point de contact britannique de rendre une décision rapide et de condamner l’entreprise, ce qui l’obligerait à réagir. Cependant, Vedanta Resources semble n’accorder que peu de pouvoir à l’OCDE, puisqu’elle ne répond pas à sa demande de lui apporter des preuves de son innocence. Les mesures indicatives de l’OCDE ne semblent pas ennuyer Vedanta Resources, qui reste silencieuse sur cette affaire.
Pour conclure sur les comportements de l’entreprise face à son environnement, Vedanta Resources use de trois stratégies différentes : l’évitement, la compétition et la non coopération. Ces trois stratégies ont pour cible des parties prenantes différentes en fonction des intérêts que porte l’entreprise à celles-ci. Nous pouvons ici faire le parallèle entre les stratégies déployées par l’entreprise et le classement que nous avons fait précédemment des parties prenantes. En effet, nous remarquons que la considération pour autrui coïncide avec le nombre d’attributs dont disposent les parties prenantes. Ainsi l’Etat d’Orissa et l’Etat indien disposent des trois attributs et Vedanta Resources adopte un comportement de collaboration pour le premier et un comportement de compétition pour le deuxième. Les autres parties prenantes ne possèdent que deux attributs. De ce fait l’entreprise semble négliger leur importance et leur potentiel d’influence sur les activités de l’entreprise. En effet, en optant pour une stratégie de non coopération à l’égard des ONG et de l’OCDE, elle fait abstraction de leur poids international et notamment des conséquences médiatiques d’une telle campagne. Pour les Dongria Kondh, principaux concernés par les conséquences de l’ouverture de la mine, elle ne prend pas en compte la légitimité et le pouvoir dont disposent les communautés locales. Vedanta Resources semble ne pas se soucier de son image dans la région, ni de son intégration dans la communauté locale. Ces comportements trahissent une stratégie uniquement économique, écartant toute responsabilité sociale dans la région. -
Le renforcement identitaire.
- Par Thierry LEDRU
- Le 11/02/2012
Le moi dérivé qui s'est exclu de l'unicité a besoin d'interrelations pour renforcer constament son identité. Cette existence se limite dès lors à une accumulation d'expériences nourries par les schémas mentaux. En psychologie, on appelle cela le "renforcement positif". On ne peut reprocher aux individus d'oeuvrer ainsi à cette extension du domaine d'influence et à cette consommation effrénée d'énergie puisqu'ils ne font que reproduire avec application le formatage qu'ils ont subi. De la même façon, ces individus ne peuvent reprocher à l'existence de les blesser dans cette quête de reconnaissance. Dès lors qu'on attend d'autrui le renforcement psychologique inhérent à l'identité du moi dérivé, il faut en assumer les effets inverses. Les émotions néfastes associées à la vie amoureuse, professionnelle, familiale, sociale ne sont que des interprétations inévitables de cette "réalité" générée par le paradigme. Si j'ai besoin d'affirmer mon identité à travers les activités humaines, ces mêmes activités humaines sont à même décorner cette identité. C'est le phénomène des plateaux de la balance. Il n'y a pas de juste milieu mais une alternance conflictuelle entre ce qui est vécu de façon positive et ce qui est vécu de façon douloureuse. Lorsqu'on regarde l'existence du haut de son piédestal, on court le risque d'en tomber.
La vie sociétale au coeur du paradigme de la dualité génère une défense constante de l'individu sous la forme d'une justification, d'une comparaison, d'une compétition exacerbées par la confrontation permanente avec les individus qui fonctionnent dans les schémas identiques. L'école est le lieu d'apprentissage de ce moi dérivé...C'est absolument effrayant d'ailleurs que ce cadre d'évolution soit sali de la sorte par des intrusions matérialistes inhérents au paradigme.
L'accumulation de connaissances qui est vidée de son sens spirituel participe activement et aveuglément au formatage du moi dérivé.
Il suffit de lancer avec de jeunes enfants une discussion touchant à la perception de la Vie pour réaliser à quel point ils sont déjà manipulés, à quel point ils ont déjà adhéré à une vision matérialiste de la Vie. Ils ne sont pas coupables mais uniquement victimes. Ces garçons qui veulent devenir footballeur pour devenir millionnaires...Ils connaissent même la couleur de la dernière voiture de luxe de leur joueur millionnaire préféré.
Renforcement du sens du moi dérivé. Les publicitaires connaissent parfaitement les fonctionnements et les manipulations à entretenir. A ce propos, la Saint-Valentin se rapproche pour vous rappeler que vous êtes amoureux ou amoureuse... Au cas où vous auriez oublié de le montrer à chaque jour qui passe.
Les prochaines élections présidentielles vont également pouvoir jouer leur rôle de rassembleur. Un tel appartient à ce groupe et s'oppose à celui de l'adversaire de son idole. PSG/ OM, le choc de la ligue de foot, jusqu'à se balancer des boules de pétanque à la figure. L'imagination du moi dérivé est sans limite.
Je me demande parfois s'il y a quelque chose à attendre de ces individus. Puisqu'ils sont persuadés d'appartenir à la "bonne" société, au bon groupe politique, au bon groupe social, d'écouter la bonne musique, d'aller en vacances dans les bons endroits, d'être de bons parents, de bons amis, de bons voisins, de bons supporters, de bons amants, de posséder une bonne voiture, un bon portefeuille, une bonne femme pour certains...Le comble de l'ignominie.
On pourrait penser que toutes ces appartenances identitaires sont dérisoires, infantiles, immatures. Ouvrons un livre sur les deux guerres mondiales pour en voir les effets les plus fous. Ouvrons les yeux sur l'état de la planète pour en deviner les effets les plus destructeurs. Le pire est àvenir. L'humanité n'est plus la seule concernée.
Extension du domaine de la lutte. Il y a désormais l'humanité comme un corps encapsulé et l'environnement comme un corps à exploiter. Jusqu'à l'outrage.
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Des étapes spirituelles.
- Par Thierry LEDRU
- Le 05/02/2012
Ce système scolaire dans lequel l'apprentissage cognitif est la seule référence aboutit à un système pervers de croyances. Les diplômes représentent la validation administrative des étapes dans l'accumulation de ces croyances. Je parle de croyances étant donné que ces savoirs contribuent à l'égarement de l'individu dans l'idée que ce qu'il fait, produit, réalise durant ce cheminement cognitif LE représente, que ce qu'il fait correspond à ce qu'il est et que la "réussite" dans ce parcours scolaire contribue à son être et par-dessus tout à la conscience unitaire de la Vie. Les concepteurs de la bombe nucléaire, les chimistes de Monsanto, les ingénieurs de chez Dassault, sont tous des gens hautement diplômés et ils sont à des années lumière de la moindre conscience unifiée. Ils oeuvrent à la validation de leurs études dans l'exploration de leur ego en ayant abandonné toute forme d'empathie avec le flux vital. Leurs croyances les nourrissent et ils se sentent certainement redevables de ce que le système scolaire leur a permis de devenir. Des fanatiques.
C'est parce que l'enseignement actuel exclut la dimension spirituelle que ces croyances s'établissent avec une telle force. Le pouvoir, la puissance, la compétition sociale, la comparaison, l'envie, la rentabilité, la technicité jusqu'à l'absurde, le profit, le mensonge, la soumission, la compromission, toutes les dérives actuelles sont les conséquences d'une déshumanisation de l'enseignement.
Je me demande d'ailleurs comment justifier l'idée qu'une société malade puisse s'ériger en formateur de jeunes esprits ? Comment peut-on considérer que les pairs, dans leurs dérives anciennes, puissent oeuvrer au Bien-être des individus ?
Il me vient parfois à l'esprit que cette société agit comme un incubateur. Elle favorise l'éclosion de ses prochaines victimes. Victimes spirituelles à une échelle gigantesque. Jusqu'au sans domicile qui deviendra une victime physique. En passant par les suicidés, les intoxiqués, les déjantés, tous ceux qui se seront perdus en cours de route, qui auront quitté l'axe principal pour s'aventurer sur des chemins de traverse. Il y a des rescapés. Ceux qui basculent pour une raison qui parfois leur échappe dans cette dimension spirituelle dont ils ont été privés durant leur survie.
J'essaie d'identifier depuis quelques temps les étapes de ce cheminement. C'est flou encore...
1 ) La socialisation.
C'est l'intégration à la famille et à l'environnement socio-culturel. Cette construction du Moi contribue bien entendu à l'identification et à un engrenage qui peut durer une vie entière...Le lien avec la dimension spirituelle est inexistant ou très limité. L'individu est conditionné par la société où il vit et l'enseignement scolaire s'est chargé de lui faire admettre l'idée qu'il sera ce qu'il fera dans cette société.
Kipling disait : "Tu seras un Homme, mon fils..."
L'enseignement et la société qu'elle sert répète : "Vous serez des consommateurs, chers enfants et vous contribuerez également, pour les meilleurs d'entre vous à faire consommer la masse."
Il n'y a bien entendu pas de prise en considération de l'individu mais bien uniquement celle de la masse toute puissante.
2) La rupture.
Il suffit parfois d'un évènement, un choc émotionnel, un flash existentiel. La maladie, la souffrance psychologique, la douleur physique...L'individu n'y est pour rien, il ne maîtrise rien. La prise de conscience qui en résulte provoque des questionnements insolubles, un foisonnement insoumis d'interrogations, comme si avait volé en éclat une chape de plomb sur la conscience. C'est la fusion avec l'âme, et plus profondément encore avec l'Esprit. Dans une vision ternaire de l'Homme, le mental est un ouvrier au service de l'âme, l'âme étant le miroir se tournant simultanément vers ce mental qu'elle dirige et l'Esprit qui l'illumine. L'Esprit est à la source de la conscience unifiée alors que jusqu'ici, le mental évoluait dans une dimension duale : moi et mon environnement. Cette étape déclenche une découverte anarchique de l'inconscient alors que jusqu'ici il était nié et repoussé, n'apparaissant que dans des actes inconsidérés et inexpliqués. La création artistique vient s'adjoindre bien souvent à cette exploration. Cette sublimation des mondes intérieurs permet la cartographie des mondes inconnus dont les effluves remontaient parfois, de façon sporadique, à la surface de la vie évènementielle.
3) Exploration.
Il s'agit d'oeuvrer désormais, de façon organisée, à cette exploration de l'inconscient et de favoriser l'émergence de la conscience sacrée, et non seulement de la conscience du Moi. Les identifications vont se dissoudre, les attachements vont se perdre, les conditionnements vont se révéler.
Le danger est de se croire arrivé...Alors qu'on vient de faire le premier pas.
4) ?
Je ne sais pas de quoi il s'agit. Mais les horizons sont immenses.
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L'enseignement spirituel
- Par Thierry LEDRU
- Le 04/02/2012
L'enseignement scolaire actuel exclut totalement la dimension spirituelle de l'individu. La classe de philosophie de terminale n'est qu'une accumulation de savoirs aboutissant à une évaluation chiffrée comme si le but essentiel de la philosophie tenait dans un cadre aussi restrictif. C'est consternant et ça contribue au rejet quasi général de ce regard porté sur l'existence. Pour ma part, la philosophie n'est même pas une finalité. Elle n'est qu'un moyen de tendre vers une complétude de l'individu, une unification de l'ego avec l'inconscient, du moi avec le Soi qui le contient, une observation lucide des conditionnements et leur analyse. La philosophie pour elle-même n'a pas plus d'intérêt que la connaissance de la carte du monde. Il ne s'agit que de l'image d'un territoire mais son exploration rend nécessaire l'engagement du marcheur. Sortir d'une classe de terminale en se contentant de connaître la carte sans que cela n'ait déclenché le désir absolu de se lancer sur la route intérieure est un échec cuisant pour l'éducation nationale. Il faudrait que ce mammouth cherche à connaître, sur le long terme, le nombre d'individus ayant éprouvé cet amour des horizons intérieurs. Le constat serait effrayant.
La philosophie est bien autre chose qu'une matière scolaire. Luc Ferry disait qu'il était inutile de chercher à initier de jeunes enfants à une démarche philosophique. Je suis d'accord avec lui s'il s'agissait de l'enseigner comme cela est fait en France. Mais pour ma part, je mets bien autre chose dans le terme que ce simple épandage de notions diverses dans des esprits en friche. Lorsque je travaille avec mes élèves sur la gestion des émotions, nous faisons de la philosophie puisque l'objectif est de vivre mieux comme l'entendait Sénèque. Pour Luc Ferry, la philosophie est un moyen d'épandre sur les autres ses connaissances. Evidemment, il trouverait humiliant que ça soit vers de jeunes enfants. Il a une trop haute estime de lui.
Et bien, je pense, pour le vivre depuis trente ans, qu'il est bien plus délicat d'initier de jeunes esprits que de formater des adolescents. Ceux-là, n'ayant justement jamais eu à s'observer réellement, en dehors du prisme étroit de leur vie sociale.
Lorsqu'une élève me dit, après notre discussion sur le chemin éclairé par les lampadaires qu'on allume,que les zones d'ombres lui apparaissent beaucoup moins inquiétantes dès lors qu'on sait qu'il est bon et reposant de venir se ressourcer sous les lumières acquises, et bien, je sais qu'il s'agit de philosophie. Puisqu'elle vivra mieux.
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Apprentissage existentiel. (école)
- Par Thierry LEDRU
- Le 04/02/2012
J'utilise parfois une métaphore pour montrer aux enfants le chemin qu'ils parcourent dans les apprentissages cognitifs. Il s'agit des lampadaires. Sur le chemin de la connaissance, ils vont rencontrer un lampadaire qu'il s'agit d'allumer. C'est le travail qu'ils vont fournir qui va alimenter en énergie la colonne jusqu'à atteindre l'ampoule d'où jaillira la lumière. Cette lumière va éclairer le chemin qui se présente devant eux et ils devineront dans l'obscurité la silhouette du lampadaire suivant. Il faudra qu'ils s'aventurent sur le chemin en profitant de la lumière du lampadaire qu'ils viennent d'allumer, ils devront accepter de progresser dans une semi-obscurité, des zones d'ombres, ils devront éviter les pièges sur le chemin, des trous, des ornières, les fossés du bas-côté...
Si l'exploration se révèle trop pénible, ils pourront toujours venir se ressourcer à la lumière du lampadaire allumé. Il n'y a aucun échec dans ce repos nécessaire, juste une accumulation des nourritures indispensables pour se projeter de nouveau sur la route. Avancer en terrain inconnu dans un état de stress, de peur, de tension, n'est nullement favorable. Les émotions génèrent des obstacles illusoires, comme des fardeaux qui viennent compliquer davantage la tâche.
On peut utiliser également la progression des alpinistes sur une montagne himalayenne. Ils vont se charger de tout le matériel nécessaire pour aller installer le premier camp. Ils vont monter lentement pour que leur organisme s'habitue à la pression de l'environnement. Quand ils atteindront un replat favorable à l'installation du camp 2, ils s'accorderont un repos prolongé afin que leur organisme récupère des efforts produits et accumulent les forces nécessaires pour la suite. Ils repartiront lorsque le cheminement aura été minutieusement observé aux jumelles, discuté, préparé, que chacun connaîtra sa tâche, que le matériel indispensable aura été réparti dans les sacs. Il est possible que la montée vers le camp 3 n'aboutisse pas au premier essai. Trop difficile. Ils poseront le matériel et redescendront au camp 2 reprendre des forces. Aucun échec dans cette décision mais l'acceptation des délais, la reconnaissance en eux de leurs faiblesses. Ils doivent s'accorder ce repos, peut-être même redescendre jusqu'au camp 1 pour que ce repos soit encore plus bénéfique.
Cette validation des connaissances, ce repli vers des territoires connus, ce repos nécessaire avant une nouvelle exploration, une nouvelle avancée en terrain inconnu, les enfants le vivent continuellement. Il est indispensable de leur faire comprendre qu'il n'y a aucun échec dès lors que l'individu reste engagé dans le cheminement à venir. Avancer coûte que coûte est un risque inutile et dangereux. C'est soit une prétention exacerbée, soit une inconscience. Nullement une sagesse.
Qu'en est-il au regard de l'apprentissage existentiel ? La différence essentielle, à mes yeux, se trouve sur l'absence de balisage. Dans l'aprentissage cognitif, chaque étape à venir est connue, répertoriée, cadrée, préparée. L'enfant avance dans un terrain qui lui est inconnu mais l'enseignant en connaît chaque étape.
Dans l'apprentissage existentiel ou spirituel, chaque individu avance dans un territoire qui a certainement été parcouru par d'autres explorateurs mais leur expérience ne peut pas l'aider. Il n'y a pas de chemin commun.
Dans les apprentissages cognitifs, les routes sont partagées par des millions de voyageurs. Seul, le temps nécessaire à chacun variera. Quelles que soient les routes choisies, elles ont déjà été parcourues et les balisages installés.
Dans le domaine spirituel, je ne pense pas que les routes empruntées par les prédécesseurs puissent permettre une avancée certaine. Il ne s'agirait que d'une illusion. Le fait de connaître un peu les écrits de Krishnamurti ne me fait pas progresser sur le chemin que cet homme a emprunté. Je reste immanquablement sur un chemin personnel. Sans doute que les réflexions qui me sont proposées participeront à l'accumulation de l'énergie interne indispensable à l'éclairage de mes lampadaires mais ça ne sera jamais les lumières des autres explorateurs.
Le marcheur spirituel est seul sur son chemin. C'est peut-être cette solitude qui rebute tant les humains.
L'accumulation des savoirs cognitifs favorise les rencontres mais surtout les comparaisons entre individus, la compétition et la hiérarchie, et ces phénomènes générés par l'école elle-même contribuent tous ensemble à l'image de l'ego. L'individu se construit non pas dans l'estime de soi au regard des savoirs acquis mais au regard de son positionnement par rapport aux autres. Au lieu donc de se réjouir de l'avancée, chacun est confronté à la déception de ne pas être le premier...L'apprentissage devient par conséquent une accumulation de déceptions ou de pressions sans cesse renouvelées pour préserver le niveau atteint par rapport aux autres. Le bonheur du savoir est souillé.
Dans l'exploration spirituelle, il n'y a aucun palier identifiable, aucun diplôme, aucune étape commune. Et par conséquent aucune comparaison possible.
"Ah, je suis plus éveillé que toi ! "
Absurdité totale qui confère à son propriétaire la nécessité de retourner avant même le premier lampadaire...Il n' a rien compris. D'un point de vue spirituel.
La méditation avec les enfants contribue très favorablement à ce retour sur soi et à la bienveillance que l'enfant doit s'accorder à lui-même. L'état méditatif est un état de paix.
Il serait absurde d'amener les enfants à comparer leurs états méditatifs. Il s'agirait d'une atteinte à la méditation elle-même.
La méditation est une dimension intime. Aucune injonction de commentaires envers les enfants ne serait judicieuse. Les commentaires ne seront que volontaires.
Il s'agit d'inviter les enfants à créer en eux un espace imperméable à toutes intrusions extérieures. Il serait contradictoire que l'école s'immisce dans ce refuge et vienne y réclamer un rendu.. L'apprentissage existentiel est un chemin vers la quiétude, la solitude intérieure. L'école peut présenter le chemin mais aucunement s'y inviter elle-même.
C'est pour cela que la méditation à l'école, comme toute autre dimension de développement personnel, ne peut et ne doit contribuer à hiérarchiser les enfants par l'entremise d'évaluation formative.
La méditation à l'école est une activité "extra-scolaire" et il est essentiel que les enfants en aient conscience pour que la méditation elle-même devienne possible...
Par Guy Savoy
En atteignant la surface du lac Vostok, enfoui sous 4 kilomètres de glace en Antarctique, les Russes ont-ils pris un risque insensé en matière de contamination bactérienne ? Sous prétexte de vouloir découvrir une vie autonome depuis au moins un million d'années, ne l'ont-ils pas condamnée à mort ipso facto ? Les scientifiques russes qui ont conduit le forage affirment avoir pris toutes les mesures possibles et imaginables pour que leur foreuse n'introduise pas d'organismes étrangers dans les eaux du lac, et, inversement, pour que des germes - éventuellement pathogènes - du lac ne remontent pas en surface.
Dans le document qu'ils ont remis l'an dernier au Comité pour la protection de l'environnement (CPE) en Antarctique, et que Le Point.fr s'est procuré, les autorités russes écrivent : "La couche de kérosène-fréon dans le trou de forage constitue une barrière biologique efficace au transport de matériel biologique depuis la surface par les équipements de forage et le câble. Par conséquent, les risques potentiels de contamination des eaux relictuelles (protégées de toute concurrence extérieure, NDLR) du lac, en utilisant la méthode russe, sont réduits au minimum." C'est cette notion du "risque minimum" qui pose problème à de nombreux scientifiques et à plusieurs pays, qui condamnent l'initiative russe. Simple rappel : les experts de l'atome japonais ne parlaient-ils pas également de risque minimum quant à la fusion simultanée du coeur de plusieurs centrales nucléaires nippones ? On connaît la suite...
Dans les clous
Reste qu'en poursuivant leur forage jusqu'à la surface du lac Vostok, les Russes n'ont enfreint aucune réglementation internationale. Ils sont restés totalement dans les clous, selon Yves Frenot, directeur de l'Institut polaire français Paul Émile Victor (Ipev), qui préside le Comité pour la protection de l'environnement en Antarctique. "Les Russes ont fourni l'étude d'impact réclamée par le Protocole de Madrid pour toute activité en Antarctique. Ils l'ont rendue publique, à la fois dans leur pays et à l'international comme le veut la procédure, puis l'ont soumise en 2003 au CPE pour discussion", précise Frenot. L'étude a été très contestée par la communauté scientifique internationale. "Elle était très sceptique quant aux capacités d'atteindre le lac Vostok sans contamination par le fluide de forage, et, par conséquent, elle encourageait vivement les Russes, d'une part, à faire des essais préliminaires dans des lacs plus petits pour tester leur technologie et, d'autre part, à attendre que la technologie s'améliore avant de travailler en grandeur nature à Vostok", poursuit le directeur de l'Ipev.
Après sept ans de réflexion, les Russes ont donc produit l'an dernier un document répondant point par point aux craintes émises par le CPE. Grosso modo, ils ont répété qu'ils avaient revu tous leurs calculs, qu'ils étaient sûrs de leur coup, et que, donc, plus rien ne les empêchait de percer les derniers mètres jusqu'à la surface du lac. Et ce en toute légalité. "Effectivement, confirme Yves Frenot, l'étude d'impact finale ne repasse pas devant le comité. La Fédération de Russie est juste tenue de la faire circuler. L'autorisation définitive de forer est donnée par l'autorité compétente nationale. Il n'y a aucun moyen d'empêcher une activité de se faire à partir du moment où l'autorité compétente nationale délivre une autorisation."
Aucune obligation
Pire que cela, le Protocole de Madrid ne prévoit aucun contrôle de l'activité sur place. Les scientifiques russes n'ont de comptes à rendre à personne, sinon à leurs propres autorités. Aucune délégation internationale ne pourra se rendre spécialement sur place pour vérifier les travaux de forage. "On peut le regretter, mais c'est comme cela. On attend avec impatience que les Russes nous rendent compte de leurs travaux, qu'ils nous expliquent s'ils estiment que c'est un succès, s'il y a eu contamination ou non, mais surtout ce qui leur permet de l'affirmer. Mais là, une fois encore, ils ne sont pas obligés de nous faire ce rapport", note Yves Frenot. On imagine facilement qu'en cas de contamination de la surface par des bactéries du lac, les Russes n'aillent pas le crier sur les toits. "Nous sommes obligés de croire les Russes sur parole", poursuit-il.
L'enjeu scientifique en vaut-il la chandelle ? Le responsable du forage parle d'une avancée pour l'espèce humaine aussi importante que le jour où l'homme est allé dans l'espace. Petite plaisanterie qu'il ne faut pas prendre au sérieux. Dans leur enthousiasme, les Russes auraient un peu trop tendance à vouloir nous faire prendre des vessies pour des lanternes. Par exemple, lorsqu'ils parlent d'une grande avancée attendue en matière climatique, elle est généralement considérée comme fausse par tous les paléoclimatologues du monde.
Plaisir médiatique
Les carottages actuels ou à venir dans la calotte glaciaire fournissent suffisamment d'informations sans avoir à explorer le lac Vostok. Quant à la découverte d'une vie "extraterrestre" extraordinaire, il existe encore sur Terre et sous les océans de très nombreuses formes de vies isolées et inconnues pour satisfaire la curiosité de milliers de scientifiques. Bref, les Russes se sont surtout fait un grand plaisir médiatique en perçant le lac Vostok et en prenant le risque d'une contamination. Sans doute réduit, mais bien réel. Maintenant, on peut aussi penser au risque pris par les Américains le jour où ils ont posé le pied sur la Lune. Celui de la polluer biologiquement ou, au contraire, de rapporter sur Terre des germes nocifs. Qui s'en soucie, aujourd'hui ?