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  • Aimer

    Aimer signifie-t-il que l'on aime en l'autre l'amour qu'il a pour nous ? Lorsque nous aimons, désirons-nous principalement que l'on nous aime, être pour l'autre sa raison de vivre, sa lumière, une indispensable dépendance ? Puisque dans cette dépendance, nous trouverions la dimension de notre importance, la possibilité de prendre forme, comme une entité qui ne pourrait s'éveiller proportionnellement qu'aux regards qu'on lui porte ?

    Etre aimé produirait en nous la reconnaissance dont nous avons besoin pour nous aimer nous-mêmes. Si l'autre m'aime, c'est que je mérite d'être aimé et par conséquent je m'aime. L'autre ne serait donc que le miroir dont nous avons besoin pour pouvoir nous contempler dans l'amour propre, celui qui nous comble de bonheur même s'il est généré par une dépendance...Car il est évident qu'il faut s'inquiéter de la rupture éventuelle étant donné que le miroir en sera irrémédiablement brisé.

    Si l'autre en me quittant brise le reflet dont je me nourris, que reste-t-il de moi ? Des morceaux épars qu'il ne reste qu'à balayer. A moins de retrouver rapidement un autre miroir, celui qui me permettra de recoller les morceaux et de continuer cette mascarade...  "Vite, vite, présentez-moi des miroirs que je puisse reprendre forme. J'ai tellement besoin de me voir dans les prunelles de l'être qui m'aime"...

    Mensonges répétés, conditionnements entretenus, le spectacle aux alentours est constitué principalement de cette folle farandole des coeurs brisés, c'est un schéma usité mais qui a la peau dure, génération après génération...

    La rupture...Quelle en est la raison principale ? Le fait que l'être aimé ne veuille plus ou ne puisse plus renvoyer l'image de nous-même que nous aimons, celle dans laquelle nous nous reconnaissons et que nous souhaitons prolonger.

    L'être aimé, sans doute lui-même engagé dans une évolution verticale, ne parvient plus à préserver l'image constituée dans les premiers jours, semaines, mois, années de cette union. Quelque chose a changé, insidieusement parfois. Bien souvent, les deux reflets vont se ternir simultanément, phénomène de vases communicants,  ou de la véritable vase après l'eau cristalline...

     

    Les deux miroirs, après s'être aimés mutuellement en répondant favorablement aux attentes de l'autre, afin de pouvoir s'aimer soi-même, en viendront à se voiler, à se ternir, à se brouiller.

    Ce n'est pas le fait que l'autre change qui soit gravissime mais le fait que le reflet ayant changé, je ne puisse plus me reconnaître. Cette image que l'autre me renvoie me déstabilise parce qu'elle ne ressemble plus à l'image que j'avais de moi-même...Mais alors, qui suis-je ?

    Si d'ailleurs, l'un des miroirs finit par se briser sous le poids de la douleur, il convient de comprendre que cette souffrance insoutenable n'est pas générée par l'autre mais par le désamour de nous-mêmes que ce changement considérable entraîne. Je me suis brisé parce que j'ai refusé de changer l'image que j'avais de moi, alors qu'il s'agissait peut-être d'une opportunité de transformation favorable. Je n'ai rien appris et je vais vite recoller les morceaux auprès d'un miroir qui me ressemblera vraiment, quelqu'un qui me comprendra et ne me demandera pas de changer, un véritable amour en quelque sorte...

    Conditionnements répétés, engrenages sans fin...

     

    Vladimir Jankélévitch, entre autres, s'est opposé à cette version de l'amour. Pour lui, j'aime en l'autre ce qui est différent de moi et non pas ce qui m'est semblable et me réconforte.  "L'autre n'est pas un autre moi-même, c'est un autre que moi-même." Dans cet amour, ce n'est pas moi que j'aime mais ce que l'autre m'apporte, cette complémentarité qui fait d'un couple une entité autre que le toi et le moi associé...

    L'idée semble effectivement plus positive que la précédente...Encore faut-il que chaque individu soit solidement constitué. Qu'en sera-t-il dans cette relation si l'un des individus cherche en l'autre sa propre complémentarité, quelque chose qui le remplisse parce qu'il ne se voit que comme un récipient vide ?

    "Les rapports humains vécus à la périphérie de nous-mêmes ne sont en général que des substituts : souffrant de notre incomplétude, nous exigeons de l'autre qu'il comble notre vide et corresponde à notre attente. A travers la relation, nous recherchons ainsi vainement la plénitude de l'unité." Gilles Farcet.

     

    Cette différence de l'autre qui nous surprend et nous plaît, nous la voyons comme l'opportunité d'une construction intérieure.

    "Mais oui, bien sûr, c'est de ça dont j'avais besoin, cette énergie que je n'ai pas, cette joie de vivre, cette effervescence ou cette sérénité, cette lucidité, cette rationnalité ou cette exubérance, tout ce que je ne possède pas et que je vais pouvoir saisir grâce à l'autre"..

    Nouvelle mascarade, nouvelle errance.

    L'amour n'a pas pour finalité de nous construire, nous ne pouvons pas être ce que l'autre porte car nous ne serions jamais nous-mêmes.

    Oui, peut-être, mais je ne sais pas ce que je suis...Sans l'autre, je suis perdu.  

    Faut-il pour autant entraîner l'autre ? En avons-nous le droit ou ne s'agit-il pas plutôt d'une prise d'otage ?

     

    Il n'y aurait donc pas d'autre alternative que d'être soi pour aller vers un autre soi. L'Amour serait un accompagnement et non une tentative de formation.

    Pas question d'amour intentionnel, juste un amour inconditionnel de l'autre, non pas seulement pour ce qu'il est mais parce qu'il est la représentation incarnée de notre façon d'aimer la vie.

     

    Ce que j'aime dans la femme que j'aime c'est la façon dont elle aime la vie. Et c'est pour ça que je l'aime. Ce qui me permet d'aimer la vie en elle. Cet Amour là est d'abord l'Amour de la Vie. Nous n'en sommes que les supports.

     

     

  • L'Aubrac.

    On revient d'un raid en VTT dans l'Aubrac. Les sacoches avec la tente, les vêtements, de la nourriture, de l'eau... 15 kilos. L'autonomie, les bivouacs dans la nature, le silence, la solitude.

    Une terre que nous ne connaissions pas encore.

    Les plateaux granitiques sont d'une beauté fulgurante. L'étendue couverte d'alpages et de blocs épars, comme un peuple figé dans l'écoulement du Temps. Le ciel, les nuages, le silence, le vent, un rapace qui plane, parfois l'absence totale de toutes traces humaines en dehors de la piste sur laquelle je roule. Une voie romaine sur laquelle des milliers de pas ont résonné, des croix de granit qui jalonnent les chemins, des milliers de prières insérées dans la mémoire des pierres, un espace figé sur lequel le Temps s'écoule comme une carresse, pas de chocs brutaux mais un polissage lent, infini, constant, fidèle.

    Et puis les gens de là-haut, des paysans qui aiment leur terre, la rudesse du climat qui les a burinés à coups de vent et de soleil, et de pluie et de neige, de travail et d'amour. Un monde à part. Effrité par le progrès qui monte inexorablement du fond des vallées. Et c'est là le drame, comme une contamination inexorable, un poison édulcoré qui suinte au fil des routes, les fils électriques, la compétition, les profits, les rendements, l'Europe, Bruxelles, les quotas, un assemblage terriblement corrosif, des coups de burin dans une vie ancestrale.

    Un vieux monsieur était venu sur une crête avec son tracteur, une espèce d'antiquité, il n'avait rien à faire là, c'était juste pour "voir" qu'il a dit, il était assis sur un bloc et il regardait. En dedans surtout. Avec sa femme ils avaient eu sept enfants, six filles et un garçon. Elles sont toutes parties vivre en ville et le garçon a repris la ferme, il vit seul, comme beaucoup d'hommes là-haut...La vie est dure. Il ne faisait aucun reproche, c'est comme ça qu'il disait, c'est le progrès qui les appelle, on n'y peut rien. Il nous a raconté son enfance dans le hameau où il est né et qu'il n'a jamais quitté, il a repris la ferme de ses parents, il s'est marié avec une fille du hameau voisin.

    Autrefois les gens venaient faire cuire le pain une fois par mois au four, c'était la fête, les enfants se voyaient offrir des morceaux de pain, les morceaux qui n'avaient pas assez cuits parce que les miches se touchaient dans le four, ils faisaient des réserves, c'était comme de la brioche, tout le monde discutait, tout le monde se connaissait, et quand les fermiers montaient les bêtes après l'hiver, c'était encore la fête, lui, il était très doué pour dresser les boeufs, il avait bien gagné sa vie autrefois, on venait lui acheter ses boeufs depuis l'Ardèche, il avait une bonne renommée, ses boeufs savaient travailler, il n'y avait pas de tracteur...Il aimait bien quand le hameau se regroupait pour aller foiner, des heures avec la faux, y'avait des gars qui savaient bien chanter, parfois c'était comme sur un grand voilier qu'il disait, "notre terre, c'était comme un bateau, et le capitaine c'était la Nature."

    Bien sûr que la vie est dure là-haut mais c'est un lien entre les hommes. Le progrès a tout cassé parce qu'il a obligé les hommes à naviguer tout seul. La médecine, l'instruction, le confort...Des progrès dit-on. Il faudrait pouvoir soupeser avec tout ce qui a été dilapidé, volé, perdu, brisé.

    Le vieux paysan, lui, n'a aucun doute. Et n'a plus aucun espoir.

    "Cette vie est finie."

     

    A voir.

    http://www.dailymotion.com/video/x7gr4i_paris-cinema-2008-raymond-depardon_shortfilms

    "La vie moderne", Raymond Depardon. 

     
     

     

     

  • Les milliardaires vous remercient.

     http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/les-milliardaires-vous-remercient-79022

     

    Les 1000 milliardaires recensés sur cette planète vous remercient pour votre formidable aptitude à les enrichir quotidiennement, en privilégiant leurs produits manufacturés des clopinettes aux milliards esclaves soupe payée des pays sous développés, et que vous achetez cent fois plus cher chez vos commerçants locaux. Les 500 grandes multinationales qui contrôlent 52% du produit social et détiennent davantage que les 133 pays les plus misérables, sont ravis que vous vous précipitiez dans nos grandes surfaces tueuses de petits commerces, car cela profite encore à nos banques. Celles-ci peuvent donc ainsi racheter avec les intérêts de vos emprunts les faillites de vos centre villes, pour qu’ils puissent y installer leurs robots distributeurs inhumains mais bien plus rentables, puisque ne payant pas d’impôts. Les 358 familles les plus riches qui possèdent la moitié de la fortune mondiale se régalent à l’idée qu’en achetant plutôt chez eux, vous vous gaussez de paraître plus riches que vous n’êtes, et apprécient nettement la pub pour leurs nom désormais célèbres. Elles se réjouissent que vous les payiez très cher et que vous ayez la gentillesse de bien vouloir les porter en circulant en ville, afin que tout votre petit monde les voient, les envient, et ainsi les achètent à leur tour. Merci de participer à favoriser leurs commerces et leurs modes très vite obsolètes, mais aussi rapidement renouvelées. Les milliardaires du monde entier et leur cohorte des plus balles filles du monde qui font la queue devant leurs néons fluorescents, remercient également vos armées de bien vouloir, aux frais de vos peuples de fourmis ouvrières contribuables, faire respecter l’ordre dans les couloirs que franchissent nos yacht en acajou pour pouvoir en paix rejoindre nos nombreux paradis fiscaux. Ces endroits magiques qui ne figurent pas sur google, puisque de petites mains habiles les cachent via photoshop sous des forêts vierges ou des nuages, nous y vivons nus tous ensemble, en pensant à vous. Nous y tournons même régulièrement les films que vous vous appliquez à aller voir goulument sur le net, auxquels vous vous abonnez consciencieusement, et que nous vous remercions encore une fois de bien vouloir payer au prix fort. Ceci nous finance largement notre manège et nous encourage à continuer encore longtemps, puisque c’est à vous que nous devons de nous gaver quotidiennement de caviar, de Champagne, de truffes y compris celle des filles, et donc avec ces ribambelles, de sexe. Nous tenons à remercier particulièrement les plus abrutis d’entre vous, qui, bien que premières victimes de notre désopilante escroquerie, continuent avec une touchante candeur à défendre avec zèle nos solides intérêts. Continuez donc bien sagement à vous en prendre aux fonctionnaires feignants, aux cloportes gauchistes et aux grévistes preneurs d’otage et autre salaud comme Chavez. Pendant que l’on fait assassiner peinard les journalistes quotidiens au Honduras et les syndicalistes tout frais du jour en Colombie dans la plus exquise des confidentialités, rien ne se sait et tout se poursuit. Ainsi, personne n’ose imaginer comment dans le silence le plus effroyable, nous pouvons continuer d’exploiter confortablement et à notre profit la cocaïne qui nous enrichit comme rien d’autre. Merci également de nous laisser exploiter les dernières ressources planétaires tout en salopant la chose avec une certaine désinvolture, et surtout parce que vous allez les payer au bout de la chaine de distribution, avec le supplément que représente l’horrible problème posé par vos déchets qui débordent dans vos poubelles et infesteront vos vies et celles de vos générations futures. Merci encore, de soutenir les contre-réformes consistant à vous déposséder (au nom de la compétitivité ) de vos derniers droits sociaux, à nous aider à éradiquer enfin l’éducation, la culture et toutes formes de connaissances, aiguisant un tant soi peu votre lamentable esprit critique, et même de revendiquer avec un charmant enthousiasme le travail dominical comme liberté supplémentaire. Merci encore une fois d’avoir cautionné l’élection de votre actuelle marionnette au pouvoir et son programme tentant à falsifier votre organe de la justice, afin que celle-ci n’atteigne plus jamais le sommet de la pyramide que nous représentons ni son cortège d’affaires juteuses, et dont les gigantesques profits nous aideront immanquablement à nous y maintenir définitivement. Merci de bien continuer à faire taire les esprits critique et sensés qui essayent tous les jours de vous ouvrir les yeux sur notre funeste système, de les piétiner vulgairement, de les traiter de tous les noms devant l’assemblée des mécréants qui vous écoutent et vous imitent sans réfléchir. Merci de continuer à jeter l’opprobre sur les minorités telles que les Roms, les arabes, les catholiques, les musulmans, les jeunes, les Talibans, les soixantehuitards, les marginaux enclavés, les poètes romantiques, les communistes, les socialistes, les défenseurs de la nature, les militants courageux mais seuls contre tous, et de prendre ainsi les gants de notre magnifique campagne de cassage et de saccage de toute opposition à notre nouvel ordre mondial universel et au dessus de toutes les lois savamment concoctée dans nos écoles inabordables et auto proclamées d’utilité publiques. Merci d’être si aveugles, mais tampon bien utile pour que progresse indéfiniment notre Bulle Dozer social. Merci surtout de dépenser votre énergie à vous dévorer entre vous, à vous défouler consciencieusement sur du bouc émissaire à forte teneur appauvrie, car sans cela, je dois bien vous l’avouer, à 1000 contre 6 milliards, on aurait quand même un peu de mal à garder nos distances. Tant d’aveuglement nous semble presque émouvant…merci encore ! " Bien sur que nous sommes en pleine lutte des classes, mais c’est ma classe, la classe des riches, qui fait la guerre, et c’est nous qui gagnons " Warren Buffet - 2006 - spéculateur milliardaire

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  • Vacances

    Je suis très peu à la maison. Les montagnes sont si belles.

    Massif des bauges, de Belledonne, massif du Dévoluy (voir les nouvelles photos)

    Jeudi, on part pour le tour en VTT de l'Aubrac et de la Margeride, un raid en autonomie complète, sacoches avec tentes, duvets, vêtements, nourriture...Huit, dix jours de vélo.

     

    Finalement, qu'y a-t-il de mieux que l'effort long, des heures durant, pour être avec soi-même, avec la Nature, avec la Vie ?

    Je ne connais rien de mieux. 

     

    On the road again.

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  • Il ne reste qu'à applaudir.

    Lettre de Jacques Bouveresse, philosophe français, à Mme Valérie Pécresse, ministre de l’Enseignement supérieur, en réaction à l’attribution d’une Légion d’honneur qu’il n’a jamais demandée, Jacques Bouveresse nous a transmis la lettre (en date du 17 juillet 2010) par laquelle il a refusé cet « honneur ».

    ...

    Madame la ministre,

    Je viens d’apprendre avec étonnement par la rumeur publique et par la presse une nouvelle que m’a confirmée la lecture du Journal officiel du 14 juillet, à savoir que je figurais dans la liste des promus de la Légion d’honneur, sous la rubrique de votre ministère, avec le grade de chevalier.

    Or non seulement je n’ai jamais sollicité de quelque façon que ce soit une distinction de cette sorte, mais j’ai au contraire fait savoir clairement, la première fois que la question s’est posée, il y a bien des années [1], et à nouveau peu de temps après avoir été élu au Collège de France, en 1995, que je ne souhaitais en aucun cas recevoir de distinctions de ce genre. Si j’avais été informé de vos intentions, j’aurais pu aisément vous préciser que je n’ai pas changé d’attitude sur ce point et que je souhaite plus que jamais que ma volonté soit respectée.

    Il ne peut, dans ces conditions, être question en aucun cas pour moi d’accepter la distinction qui m’est proposée et – vous me pardonnerez, je l’espère, de vous le dire avec franchise – certainement encore moins d’un gouvernement comme celui auquel vous appartenez, dont tout me sépare radicalement et dont la politique adoptée à l’égard de l’Éducation nationale et de la question des services publics en général me semble particulièrement inacceptable.

    J’ose espérer, par conséquent, que vous voudrez bien considérer cette lettre comme l’expression de mon refus ferme et définitif d’accepter l’honneur supposé qui m’est fait en l’occurrence et prendre les mesures nécessaires pour qu’il en soit tenu compte.

    En vous remerciant d’avance, je vous prie, Madame la ministre, d’agréer l’expression de mes sentiments les plus respectueux.

    Jacques Bouveresse


    Source : http://blog.agone.org/post/2010/07/26/Il-ne-peut-etre-question-en-aucun-cas-pour-moi-d%E2%80%99accepter-l-honneur-suppose-qui-m-es

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  • Discours de la servitude volontaire

    Etienne de la Boétie en 1549

    Un texte d'actualité...

    "L’état de nature voudrait donc que les sociétés soient « égalitaires » où personne ne pourrait détenir du pouvoir sur les autres. C’est-à-dire le contraire de la servitude que connaissent les peuples. La première cause de la servitude est donc l'oubli de la liberté, et la coutume de vivre dans une société hiérarchisée où règne la domination des uns sur les autres. "La première raison de la servitude volontaire, c'est l'habitude"; "la première raison pour laquelle les hommes servent volontairement, c'est qu'ils naissent serfs et qu'ils sont élevés dans la servitude".

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Discours_de_la_servitude_volontaire

    L’une des raisons de ce maintien de la servitude est que les tyrans usent de plusieurs stratagèmes pour affaiblir le peuple. D'abord, le peuple est engourdi par le théâtre et les passe-temps ludiques. La Boétie condamne ainsi ces « drogueries » : Les théâtres, les jeux, les farces, les spectacles, les gladiateurs, les bêtes curieuses, les médailles, les tableaux et autres drogues de cette espèce étaient pour les peuples anciens les appâts de la servitude, la compensation de leur liberté ravie, les instruments de la tyrannie. Le tyran allèche ses esclaves pour endormir les sujets dans la servitude. Il accorde des largesses à son peuple sans que celui-ci se rende compte que c'est avec l'argent même soutiré à ses sujets que ces divertissements sont financés. Ils font parfois, avant de commettre leurs crimes, de beaux discours sur le bien général et la nécessité de l'ordre public. D'autres utilisent l'artifice de la religion pour susciter la crainte du sacrilège, utilisant la tendance de l'ignorant à la superstition. La Boétie, dans un siècle pourtant marqué par les guerres de religion, distingue Dieu du pouvoir. Le pouvoir n’est pas d’origine divine, mais vient bien de la servitude des hommes.

  • L'expérience de ma vie

    Le match  de tennis Mahut-Isner à Wimbledon, 11h de match sur trois jours, 70 à 68 au cinquième set, tous les recodres pulvérisés mais surtout une attitude extraordinaire des deux hommes et puis cette itw.

    http://www.lequipe.fr/Tennis/breves2010/20100629_200600_mahut-l-experience-de-ma-vie.html

    En tout humilité je sais de quoi il parle. Cette sensation indéfinissable d'être au meilleur de soi, dans une dimension inconnue et pourtant qui transcende l'individu, c'est là, en nous, et seule quelques expériences, quelques situations particulières parviennent à le mettre à jour.

    Merci, merci, merci à ces deux joueurs, à ces deux hommes.

  • Un gouvernement monarchique

    Le principe fondamental du gouvernement démocratique et populaire, c’est-à-dire le ressort essentiel qui le soutient et le fait mouvoir (…), c’est la vertu (…)." C’est en ces termes qu’en 1794 Robespierre définissait les principes de morale politique devant présider à la conduite des affaires publiques. Ce n’est pas pêcher par anachronisme que d’affirmer que cette logique garde, aujourd’hui encore, toute sa validité. Pourtant, le dernier ouvrage d’Yvan Stefanovitch, La caste des 500. Enquête sur les princes de la République, tend à mettre en lumière la tendance de la classe politique hexagonale à former un microcosme de plus en plus fermé et fort de privilèges exorbitants. Quelles sont la signification et les implications de l’existence même de la "Caste", cette excroissance que l'on ne retrouve pas sous une telle forme dans les autres démocraties occidentales? S’il est difficile de contester que cette "Caste" existe en soi, existe-t-elle pour soi ? Si à l’évidence les "500 princes de la République" ont en commun divers vues, parcours et intérêts, partagent-ils réellement une conscience de "Caste" ?

    La politique, un métier à part entière ?

    Yvan Stefanovitch renforce le constat selon lequel la politique est devenue un métier. Il n’est d’ailleurs pas le seul à le penser et à l’écrire, à l’étranger comme dans l’Hexagone. C’est, par exemple, le cas de Peter Oborne en Grande-Bretagne. Ce journaliste politique a, en effet, publié en 2007 un livre au titre éloquent : The triumph of the political class. Cette professionnalisation de la vie politique est allée de pair avec une certaine oligarchisation, laquelle n’est toutefois ni un phénomène récent ni propre à la politique. Elle représente la tendance manifestée par un groupe social restreint, collectivement défini à travers la naissance, la fonction et les possessions, à se réserver l’essentiel du pouvoir, sous la forme d’une oligarchie. En grec, d’ailleurs, oligarchia signifie commandement de quelques uns. L’oligarchie s’oppose, par définition, à la fois à la monarchie et à la démocratie. Pourtant, c’est ce qui semble se passer en France avec l’émergence de véritables dynasties républicaines, avec tous les paradoxes que l’expression suppose et toutes les virtualités antidémocratiques que la généralisation du phénomène implique.

    Particulièrement discrète, cette "Caste" compterait environ 500 membres cumulant mandats parlementaires et territoriaux. Ils vivent pour et de la politique. Certes ils incarnent la Nation, mais depuis les années 1970 les membres de ladite caste ne font l’objet d’aucune forme de contrôle. "Conjuguant la visibilité de leurs fonctions avec l’opacité de leurs moyens, de leurs privilèges et de leur pouvoir" , les informations les concernant ne sont pas pléthore. Bien qu’opaque et relativement officieuse, la "Caste" serait incontournable. L’essence de son pouvoir est "monarchique". Yvan Stefanovitch avance, à cet égard, deux éléments explicatifs : d’une part, les évolutions de la législation n’ont pas suffi à enrayer la montée en puissance du cumul des mandats ; de l’autre, les lois de décentralisation adoptées depuis 1982 ont élargi les champs de compétence des collectivités territoriales et ont permis aux parlementaires de se hisser à la tête d’exécutifs locaux. "Ainsi débarrassés du contrôle tatillon des préfets, continue Y. Stefanovitch, ces énarques, fonctionnaires et apparatchiks de parti sont devenus les princes de la République, parlementaires respectés à Paris, voire ministres, et roitelets féodaux dans leur lointaine province."


    Titre du livre : La Caste des 500. Enquête sur les princes de la République
    Auteur : Yvan Stefanovitch
    Éditeur : Jean-Claude Lattès
    Collection : T'as pas cent balles
    Date de publication : 20/01/10
    N° ISBN : 2709629879

     

    L’incroyable défense d’Eric Woerth

    http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/l-incroyable-defense-d-eric-woerth-77237

    On savait que Nicolas Sarkozy était un champion de la défausse, voilà qu’il vient d’être rejoint par Eric Woerth qui vient de gagner la médaille d’or du cynisme et de l’invraisemblable. Ce cher (ah ah) homme a utilisé deux arguments :

    - il n’est au courant de rien (classique)
    - ce n’est pas un hasard si l’affaire sort maintenant (archi-classique) c’est parce qu’il est en première ligne dans le dossier des retraites
     Notre cher ex-ministre du budget et toujours trésorier de l’UMP et ex-trésorier de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy prend les Français pour le peuple le plus bête de la terre.
     
    Revenons au second argument  : il n’y a aucune coïncidence si cette affaire sort maintenant. En effet avec un courage admirable il se bat comme un lion pour la cause des retraites - que n’oublions pas avait été déjà résolu avec brio par un certain Fillon du gouvernement Villepin - pour le bien de la nation et des générations futures. Ses ennemis politiques, honteux et acerbes adversaires, usent de toutes les armes les plus immondes pour l’attaquer, et c’est pour cette raison que l’affaire famille Woerth-Bettencourt sort maintenant, à la date D et à l’heure H. N’ayant rien à reprocher à ce valeureux ministre on le traîne dans une fange épaisse et malodorante, lui qui est propre comme un sou neuf, lui qui est innocent comme l’enfant qui vient de naître.
     
    Le simple constat des faits démonte comme à la foire au trône cet argument - s’il est classique il n’en est pas moins odieux et une insulte à l’intelligence - foireux. En effet si l’on croit le ministre cela voudrait dire - suivez bien mon raisonnement - :
    • que cet enregistrement du majordome de madame Bettencourt n’a été fait qu’en prévision de la future réforme des retraites, tout en sachant à l’avance que ce serait un an et demi plus tard Woerth le futur ministre ;
    • que la fille de Liliane Bettencourt n’a remis à la police cet enregistrement qu’uniquement pour mettre des bâtons dans les roues du cher ministre et certainement pas pour servir ses intérêts ;
    • que le procès, qui va avoir lieu début juillet, n’a eu sa date fixée qu’uniquement en prévision anticipée de la future nomination de Woerth au ministère du travail et que la justice avait calculé la date en regard de celle de déclaration d’Eric Woerth des décisions sarkozyennes pour régler le problème des retraites.
    Passons maintenant au premier. Woerth ignore tout. Il ne sait même rien de la fortune de madame Bettencourt, la femme la plus riche de France, lui qui a été tout à la fois ministre du budget - ce qui est moralement complètement incompatible - et trésorier de l’UMP, ce qu’il est toujours, ayant été temporairement trésorier de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy. Il est bon de rappeler comme l’a noté le Matin, que ce même Woerth est allé en Suisse récupérer des fonds pour le candidat Nicolas (un prénom qui doit être le point commun des insulteurs majeurs) Sarkozy au début de l’année 2007 : 
    Ce 23 mars 2007, Eric Woerth, alors trésorier de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, était venu en ami à Genève. Patrick Devedjian, à l’époque député des Hauts-de-Seine, l’accompagnait. Cette visite en Suisse avait un but : récolter de l’argent pour financer l’« effort de guerre » du candidat de la droite, opposé à sa rivale socialiste, Ségolène Royal. Le comité de soutien UMP Suisse avait vu grand pour accueillir les émissaires de Sarkozy : une réception à l’Hôtel Crowne Plaza en début de soirée, suivie d’une réunion au Caviar House, dans la très chic rue du Rhône, avec le « premier cercle », autrement dit, les donateurs les plus fortunés.
     
    Il paraît d’une absurdité totale qu’un trésorier de parti, ministre, dont la femme travaille dans la finance ignore qu’en Suisse il y ait de l’argent qui provienne de la fraude fiscale et que vraisemblablement des chèques reçus pour la campagne de Nicolas Sarkozy venaient de banques qui y participent.
     
    Woerth atteint dans cet argument l’Himalaya du mépris de l’intelligence des Français. De plusieurs choses l’une :
    •  soit en tant que ministre il est d’un incompétence rare car il ignore tout de la première fortune de France - qu’est-ce qu’il faisait donc au ministère du budget ? - soit il ment ;
    • soit en tant que trésorier de l’UMP il avait un poste fictif soit il connaissait d’évidence les plus grands donateurs à son parti - comme le prouve l’article du Matin ainsi que le repas offert au Bristol à ceux-ci avec la présence de Nicolas Sarkozy, alors Président de la République(ce qui n’est qu’un scandale de plus) et il ment ;
    •  soit son épouse (que les conversations enregistrées donc libres et par évidence ne pouvant être un jeu pour accuser l’un ou l’autre), engagée à sa demande (selon ces mêmes conversations enregistrées) dans la société qui gère la fortune de la fortunée dame, n’ignorait rien de ce à quoi sert ce genre d’officine (la fraude fiscale massive) - et le double fait d’être l’épouse d’un ministre et que celui-ci fût celui du budget ne fait qu’empirer les choses - et cela est gravissime (je serais Hermès, je ne serais pas très heureux de cette nouvelle recrue) soit c’est un engagement fictif pour complaire à un ministre du budget et c’est à nouveau gravissime. L’un c’est dire que la femme du ministre - au passage il ment quand il dit qu’il a révélé la liste des fraudeurs, il n’a fait qu’en parler et n’a fait que négocier avec certains fraudeurs - qui a pour vocation de lutter contre l’évasion fiscale, l’organise, l’autre c’est dire que l’on a engagé sa femme fictivement pour obtenir en échange un retour de son ministre de mari car c’est sur son insistance que cela fut fait.
    Ce cher ministre semble de tous les coups. N’oublions pas au passage que ce même Woerth avait pour collaboratrice dans son cabinet la femme d’Imad Lahoud, celui qui a accusé Villepin, ce qui au moins aurait dû faire dresser les oreilles de Zig et Puce les deux juges qui ont oublié aussi d’interroger MAM, dans cette fameuse affaire Clearstream (20 minutes) : Plus loin, on apprend que le 5 mai 2005, c’est l’actuel ministre du Budget, Eric Woerth, qu’invite Imad Lahoud, dont l’épouse, Anne-Gabrielle Heilbronner, dirige alors le cabinet. De même, l’actuelle secrétaire d’Etat à l’Economie numérique, Nathalie Kosciusko-Morizet, a partagé à deux reprises avec son époux, à l’époque cadre chez EADS, la table d’Imad Lahoud.
     
    On ne peut que se joindre aux diverses voix (comme Eva Joly par exemple traitée d’extrême gauche par le Woerth - et si demander que la justice soit faite et qu’un peu de probité habite le pouvoir est d’être d’extrême gauche je le serais volontiers, mais il y a d’autres petites détails de l’extrême gauche qui ne conviennent pas à mon petit esprit) qui demandent une mise à l’écart de Woerth du pouvoir en y ajoutant une note spéciale pour nous avoir pris pour les plus demeurés de la planète. Il suffit (comme l’on disait au XIXème siècle) ! Il y en a plus qu’assez de ces hommes de pouvoir qui mentent comme il respirent, qui vont au pied du mur de Berlin avant même que les faits ne se soient passés, qui ignorent tout de la la fortune de la plus fortunée famille de France tout en recevant d’elle des chèques (légaux) pour leur campagne électorale, don que la moralité, étant donné le poste de ministre, aurait dû faire refuser. Il y en a plus qu’assez de ces officines de communication qui pour tout fait odoriférant ressortent les mêmes rengaines (on ne sait rien, ce n’est pas le hasard si on m’attaque c’est que je suis au plus fort du combat pour l’honneur et la gloire de la France et des Français), avec leurs story tellings, leurs éléments de langage et l’immense mépris qu’ils ont de nous et l’insulte insupportable à notre intelligence.
     
    J’allais oublier : les cris d’orfraie, les grandes et bruyantes déclarations d’honneur (détruit), de probité (souillée), de moralité (bafouée), d’intégrité (dégradée), d’âme pure et salie. Un peu comme les vases communicants : plus les voix sont fortes, plus il y a de chance que le mal soit profond.
     
    Les journaux étrangers sont effarés. Les journaux français sont effarants. Dans certains pays ce serait le déchaînement massif et de longue durée. Nous on a des Santini qui restent au ministère poursuivi par la justice, des fraudeurs du fisc directeur de cabinet de la ministre du budget, un président qui touche un salaire illégal pendant 3 mois et s’inscrit illégalement après la date de clôture des listes.
     
    Que la justice passe !

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