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  • SOS bonheur

    A LIRE ABSOLUMENT

     

    http://www.bdcentral.com/jvanhamme/oneshots/sosbonheur.html

     

    Une société idéale, où tout le monde est heureux… mais tout à un prix, et c’est, dans ce cas-ci, la liberté individuelle. Tout écrivain agréé par l’État doit publier des histoires optimistes et insipides sous peine de se voir retirer sa pension. Aucune controverse n’est permise. Autrement dit, toute forme d’art doit devenir propagande de l’État bienfaiteur. Ça ne rappelle pas le communisme de l’ancienne U.R.S.S., où toute forme de liberté d’expression vous conduisait inévitablement au goulag ? Sans C.U, qui est devenue obligatoire, un individu n’existe pas, et devient un paria. Les enfants nés dans l’illégalité parce qu’ils venaient en troisième doivent se cacher, et prennent le titre peu avantageux d’illegs.

    Ceux qui sont affiliés ont le droit à la gratuité la plus totale des soins médicaux, mais doivent s’astreindre constamment à un régime et à des exercices obligatoires. Ceux qui se « désaffilient » doivent s’attendre au pire en cas de maladie, puisque les seuls docteurs existant travaillent tous pour le gouvernement et qu’il est illégal d’aider un « désaffilié ». Finalement, si vous avez un emploi, mieux vaut ne pas poser de questions concernant l’entreprise pour laquelle vous travaillez. Rien n’est irremplaçable, n’est-ce pas ? Faites votre ouvrage dans la joie et la bonne humeur !

    Insidieusement, le scénario démolit (comme une statue qui s’effrite) tous les idéaux qui font de l’État-Providence un distributeur de bonheur. Le prix, pour certains, est trop élevé, et mènera directement à la révolte. Et si, même au cœur d’un élan révolutionnaire dicté par la liberté, Big Brother veillait toujours ?

    Toujours d’actualité, S.O.S. Bonheur est un classique que tous devraient lire. Réflexion et distraction : n’est pas un mélange harmonieux ? Un bémol, cependant : le dessin n’est pas brillant, et la coloration pastel est sans nuances. On peut même dire qu’il rend la BD difficile à aborder, comme on mange une huître pour le goût tout en en détestant la texture. Ce n’est qu’après quelques dizaines de pages que l’on peut s’y habituer, quoique, encore… Un seul personnage se démarque des autres par la qualité de ses expressions, par son charisme, son caractère et la subtilité de ses traits : le commissaire Carelli.

    En somme, S.O.S. Bonheur comporte inmanquablement une touche de génie. Il vaut la peine d’être savouré et resavouré malgré son dessin. En espérant que certains en tireront des leçons qui repousseront de quelques années encore la montée au pouvoir de Big Brother…

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  • Musique : Evpatoria report

    Je l'ai mis dans la rubrique MUSIQUE.

    http://www.youtube.com/watch?v=iRMR9ro_5Pk&NR=1

     

    Dans la veine de "Godspeed you black emperor" mais moins sombre.

    "Explosions in the sky" aussi mais avec davantage de cordes, violons, violoncelles...

    Magnifique.

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  • Andreï Tarkovski

    Une lueur au fond du puits ?

    http://www.nouvellescles.com/article.php3?id_article=666

     

    Voici la dernière interview donnée par le cinéaste Andreï Tarkovski, le 28 avril 1986, malade au lit, dans son appartement parisien. Il n’a été publié que dans Nouvelles Clés.

    Ses principaux films : Andreï Roublev, Solaris, Le miroir, Stalker, Sacrifice.


    Nouvelles Clés : On sent que le genre humain vous a déçu. Quand on voit vos films, on a presque honte d’y appartenir. Y a-t-il encore une lueur au fond du puits ?

    Andreï Tarkovski : Discuter d’optimisme et de pessimisme est idiot. Ce sont des notions vides de sens. Les gens qui se couvrent d’optimisme le font pour des raisons politiques ou idéologiques. Ils ne veulent pas dire ce qu’ils pensent. Comme dit un proverbe russe, un pessimiste est un optimiste bien informé. La position de l’optimiste est idéologiquement maligne, elle est théâtrale, et elle est dénuée de toute sincérité. Par contre, l’espoir est le propre de l’homme. C’est l’avantage de l’être humain. Il naît avec l’espoir. On ne perd pas l’espoir face à la réalité parce qu’il est irrationnel. Il se renforce chez l’homme contre toute logique. Tertulien disait et il avait raison : "je crois parce que c’est absurde de croire." L’espoir a plutôt tendance à se renforcer même face au plus sordide de notre société actuelle. Tout simplement parce que l’horreur, tout comme le beau, provoque des sentiments qui, chez un croyant renforcent l’espoir.

    N. C. : Quels ont été les rêves qui vous ont le plus marqué dans votre vie ? Avez-vous des visions ?

    A. T. : Je sais beaucoup de choses sur mes rêves. Ils sont pour moi d’une très grande importance. Mais je n’aime pas les dévoiler. Ce que je peux vous dire, c’est que mes rêves sont en deux catégories. Il y a les rêves prophétiques que je reçois du monde transcendant, de l’au-delà. Puis il y a les rêves quelconques qui viennent de mes contacts avec la réalité. Les rêves prophétiques me viennent au moment de l’endormissement. Lorsque mon âme se sépare du monde des plaines et monte vers les sommets des montagnes. Une fois l’homme séparé du monde des plaines, il commence tout doucement à se réveiller. Au moment où il se réveille, son âme est encore pure et les images sont encore pleines de sens. Ce sont ces images que l’on rapporte de là-haut qui nous libèrent. Mais le problème, c’est que très vite, elles se mélangent avec les images des plaines et il devient difficile de le retrouver. Ce qui est certain, c’est que là-haut, le temps est réversible. Ce qui me prouve que le temps et l’espace n’existent que dans leur incarnation matérielle. Le temps n’est pas objectif.

    N. C. : Pourquoi n’aimez-vous pas votre film Solaris ? Serait-ce parce qu’il est le seul à ne pas être douloureux ?

    A. T. : Je pense que la notion de conscience qui s’y matérialise est assez bien exprimée. Le problème, c’est qu’il y a trop de gadgets pseudo-scientifiques dans le film. Les stations orbitales, les appareils, tout cela m’agace profondément. Les trucs modernes et technologiques sont pour moi des symboles de l’erreur de l’homme. L’homme moderne est trop préoccupé par son développement matériel, par le côté pragmatique de la réalité. Il est comme un animal prédateur qui ne sait que prendre. L’intérêt de l’homme pour le monde transcendant a disparu. L’homme se développe actuellement comme un ver de terre : un tuyau qui avale de la terre et qui laisse derrière lui des petits tas. Si un jour la terre disparaît parce qu’il aura tout mangé, il ne faudra pas s’en étonner. A quoi cela sert-il d’aller dans le cosmos si c’est pour nous éloigner du problème primordial : l’harmonie de l’esprit et de la matière ?

    N. C. : Comment vous situez-vous par rapport à ce qu’on appelle la "modernité" ?

    A. T. : Comme un homme... qui a un pied sur le pont d’un premier bateau, l’autre sur le pont d’un second bateau... L’un des bateaux va tout droit, et l’autre dévie vers la droite. Petit à petit, je me rends compte que je tombe à l’eau. L’Humanité est actuellement dans cette position.

    Je pressens un avenir très sombre, si l’homme ne se rend pas compte qu’il est en train de se tromper. Mais je sais que tôt ou tard il prendra conscience. Il ne peut pas mourir comme un hémophile qui se serait vidé de son sang pendant son sommeil parce qu’il se serait égratigné avant de s’endormir. L’art doit être là pour rappeler à l’homme qu’il est un être spirituel, qu’il fait partie d’un esprit infiniment grand, auquel en fin de compte il retourne. S’il s’intéresse à ces questions, s’il se les pose, il est déjà spirituellement sauvé. La réponse n’a aucune importance. Je sais qu’à partir de ce moment-là, il ne pourra plus vivre comme avant.

    N. C. : Aussi étrange que cela puisse paraître, les gens qui aiment vos films aiment aussi la science fiction de Spielberg, qui est lui aussi fasciné par les enfants. Avez-vous vu ses films et qu’en pensez-vous ?

    A. T. : En posant cette question, vous montrez que vous n’en avez rien à foutre. Spielberg, Tarkovski... tout cela pour vous se ressemble. Faux ! Il y a deux sortes de cinéastes. Ceux qui voient le cinéma comme un art et qui se posent des questions personnelles, qui le voient comme une souffrance, comme un don, une obligation.

    Et les autres, qui le voient comme une façon de gagner de l’argent. C’est le cinéma commercial : E.T., par exemple, est un conte étudié et filmé pour plaire au plus grand nombre : Spielberg a atteint là son but et c’est tant mieux pour lui. C’est un but que je n’ai jamais cherché à atteindre. Pour moi tout cela est dénué d’intérêt. Prenons un exemple : à Moscou, il y a dix millions d’habitants, touristes compris, et seulement trois salles de concert de musique classique : la salle Tchaïkovsky, la grande et la petite salle du conservatoire. Très peu de place, et pourtant, cela satisfait tout le monde. Pourtant personne ne dit que la musique ne joue plus aucun rôle dans la vie en URSS. En réalité, la présence même de ce grand art spirituel et divin est suffisant. Pour moi, l’art des masses est absurde. L’art est surtout d’esprit aristocratique. L’art musical ne peut être qu’aristocratique, parce qu’au moment de sa création il exprime le niveau spirituel des masses, ce vers quoi elles tendent inconsciemment. Si tout le monde était capable de la comprendre, alors le chef oeuvre serait aussi ordinaire que l’herbe qui pousse dans les champs. Il n’y aurait pas cette différence de potentiel qui engendre le mouvement.

    N. C. : Pourtant en URSS vous êtes extrêmement populaire. Quand on veut voir vos films, on se bat devant les caisses...

    A. T. : Primo, en URSS je suis considéré comme un metteur en scène qui fut interdit, ce qui excite le public. Secondo, j’espère que les thèmes que j’essaye de réaliser viennent du fond de l’âme, à tel point que cela devient important pour bien d’autres que moi. Tertio, mes films ne sont pas une expression personnelle mais une prière. Quand je fais un film, c’est comme un jour de fête. Comme si je posais devant une icône une bougie allumée ou un bouquet de fleurs. Le spectateur finit toujours par comprendre lorsqu’on lui parle avec sincérité. Je n’invente aucun langage pour paraître plus simple, plus bête ou plus intelligent. Le manque d’honnêteté détruirait le dialogue. Le temps a travaillé pour moi. Quand les gens ont compris que je parlais une langue naturelle, que je ne faisais pas semblant, que je ne les prenais pas pour des imbéciles, que je ne dis que ce que je pense, alors ils se sont intéressés à ce que je faisais.

    N. C. : Pensez-vous comme Soljénitsyne que le monde occidental est fichu et que la réalité ne peut venir que de l’Est ?

    A. T. : Je suis loin de toutes ces prophéties. Etant orthodoxe, je considère la Russie comme ma terre spirituelle. Je n’y renoncerai jamais, même si je ne devais jamais la revoir. Certains disent que la vérité viendra de l’Occident, d’autres de l’Orient, mais, et heureusement, l’histoire est pleine de surprises. En URSS nous assistons à un réveil spirituel et religieux. Cela ne peut être qu’un bonne chose. Mais la troisième voie est loin d’être trouvée.

    N. C. : Qu’y a-t-il au-delà de la mort ? Avez-vous déjà eu l’impression de faire un voyage dans cet au-delà ? Quelles ont été vos visions ?

    A. T. : Je ne crois qu’une une seule chose ; l’âme humaine est immortelle et indestructible. Dans l’au-delà, il peut y avoir n’importe quoi, cela n’a aucune espèce d’importance. Ce qu’on appelle la mort, n’est pas la mort. C’est une nouvelle naissance. Une chenille se transforme en cocon. Je pense qu’il existe une vie après la mort, et c’est cela qui se révèle angoissant. Cela serait tellement plus simple de se concevoir comme un fil de téléphone qu’on débranche. On pourrait alors vivre comme on veut. Dieu n’aurait plus aucune espèce d’importance.

    N. C. : Quand avez-vous découvert que vous aviez une mission à accomplir et que vous en étiez redevable à l’humanité ?

    A. T. : C’est un devoir devant le Dieu. L’humanité vient après. L’artiste collecte et concentre les idées qui sont dans le peuple. Il est la voix du peuple. Le reste n’est que travail et servitude. Ma position esthétique et éthique se définit par rapport à ce devoir.

    N. C. : Quelle est la dernière chose que vous aimeriez dire aux hommes avant de quitter cette terre ?

    A. T. : L’essentiel de ce que j’ai à dire est dans mes films. Il m’est impossible de monter sur une tribune que d’ailleurs personne ne m’a construite.

    N. C. : Dans votre livre Le Temps Scellé, vous dites : "L’occident crie sans cesse : Regardez ! Ceci est moi ! Regardez comme je souffre ! Comme j’aime ! Moi ! Je ! Mien... !" Comment avez-vous résolu le problème de l’ego en tant qu’artiste célèbre ?

    A. T. : Je n’ai pas encore résolu ce problème. Mais, j’ai toujours senti sur moi l’influence et le charme de la culture orientale. L’homme oriental est appelé à se donner en cadeau à tout ce qui existe. Alors qu’en Occident, l’important est de se montrer, de s’affirmer. Cela me paraît pathétique, naïf et animal, moins spirituel et moins humain. En cela je deviens de plus en plus oriental.

    N. C. : Pourquoi avez-vous renoncé à tourner la vie d’Hoffmann ?

    A. T. : Je n’ai pas renoncé à ce film. Je l’ai remis à plus tard. Tourner Sacrifice était plus essentiel. La vie d’Hoffmann était destinée à être un film romantique. Or, le romantisme est un phénomène typiquement occidental. C’est une maladie. Quand l’homme vieillit, il voit sa jeunesse comme les romantiques voient le monde. L’époque romantique était spirituellement riche, mais les romantiques n’ont pas su utiliser leur énergie comme il le fallait. Le romantique embellit les choses, il fait ce que je fais lorsque je ne me suffis pas à moi-même : je m’invente moi-même, je ne crée plus le monde, je l’invente.

    N. C. : Pourquoi au commencement y avait-il le verbe, comme le rappelle la phrase finale de Sacrifice ?

    A. T. : Nous sommes très fautifs envers le verbe. Le verbe n’a de force magique que lorsqu’il est vrai. Aujourd’hui le verbe est utilisé pour cacher les pensées. En Afrique, on a découvert une tribu qui ne connaît pas le mensonge. L’homme blanc a essayé de leur expliquer et ils n’ont pas compris. Essaye de comprendre la mystique de ces âmes-là, et tu sauras pourquoi au début il y avait le verbe. L’état du verbe démontre l’état spirituel du monde. Actuellement l’écart entre le verbe et ce qu’il signifie ne fait que s’amplifier. C’est très étrange. C’est une énigme !

    N. C. : Vivons-nous la fin du monde ou la fin d’un monde ?

    A. T. : Une guerre nucléaire maintenant ? Cela ne sera même pas une victoire du diable. Cela sera comme... comme un enfant qui joue avec des allumettes et qui met le feu à la maison. On ne pourra même pas l’accuser de pyromanie. Spirituellement, l’homme n’est pas prêt à vivre ses bombes. Il n’est pas encore mûr. L’homme doit encore apprendre de l’histoire. Et s’il y a bien une chose qu’on a appris d’elle, c’est qu’elle ne nous a jamais rien appris. C’est une conclusion extrêmement pessimiste. L’homme répète sans cesse ses erreurs. C’est horrible. Encore une énigme ! Je crois qu’il nous faut fournir un travail spirituel très important pour que l’histoire passe enfin à un niveau élevé... Le plus important est la liberté de l’information que l’homme doit recevoir sans contrôle. C’est le seul outil très positif. La vérité non contrôlée est le début de la liberté.

    -  Un remake de son film Solaris a été réalisé en 2003 par Steven Soderbergh, avec George Clooney, Natascha McElhone, Jeremy Davies...

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  • Lumière intérieure.

    Merci à Peau d'âme.

    "Notre peur la plus profonde n’est pas que nous ne soyons pas à la hauteur.

    Notre peur la plus profonde est que nous sommes puissants au-delà de toute limite.

    C’est notre propre lumière et non pas notre obscurité qui nous effraie le plus.

    Nous nous posons la question : « Qui suis-je, moi, pour être brillant, radieux, talentueux et merveilleux ? » En fait, qui êtes-vous pour ne pas l’être ?

    Vous êtes un enfant de Dieu. Vous restreindre, vivre petit, ne rend pas service au monde.

    L’illumination n’est pas de vous rétrécir pour éviter d’insécuriser les autres.

    Nous sommes nés pour rendre manifeste la gloire de Dieu qui est en nous.

    Elle ne se trouve pas seulement chez quelques élus : elle est en chacun de nous et au fur et à mesure que nous laissons briller notre propre lumière, nous donnons inconsciemment aux autres la permission de faire de même.

    En nous libérant de notre propre peur, notre présence libère automatiquement les autres. -

    - Extrait du discours prononcé par Nelson Mandela lors de son intronisation à la présidence de la République de l’Afrique du Sud en 1994, écrit par Marianne Williamson. -



    A chacun(e), à la lecture de ce texte, de respecter ses propres croyances en remplaçant Dieu par l'Univers, le Guide intérieur, le Hasard, la Vie, ou toute autre "dimension supérieure". Il ne s'agit bien entendu pas ici de religion, mais de spiritualité.

    Le risque, bien entendu, est d'imaginer que cette lumière puisse être nourrie par la possession, la puissance, l'influence, la manipulation... Et c'est bien justement ainsi qu'elle est souvent vécue. Il suffit pour en prendre conscience de regarder l'état de ce monde, de cette humanité.

    Nous ne partageons pas nos lumières intérieures pour créer des passerelles mais pour éblouir nos semblables, les aveugler même parfois et paraître ainsi du haut de notre puissance comme un phare alors que nous ne diffusons que des brûlures, des souffrances...

    L'idée de cette lumière se doit d'être accompagnée d'une infinie humilité. Nous ne pouvons rayonner que pour nous-mêmes. Si cela peut servir à éclairer nos semblables, ça ne sera qu'un bonheur supplémentaire mais pas une finalité.

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  • Economie...

    Hier à Wall Street, un trader s'est trompé et a vendu pour 16 Milliards au lieu de 16 Millions d'actions d'un blue chip (Procter et Gamble). Tous les logarythmes informatiques se sont emballés et le Dow Jones a sombré de 9% en quelques secondes en faisant sauter tous les stops vente automatiques.

    1000 Milliards de capitalisation se sont envolés...

    Dans quel monde virtuel vivent ces gens là ?

    La dette mondiale représente 3000 Milliards...Et les Etats de l'UE emprunte pour prêter de l'argent à la Grèce qui n'arrrive plus à rembourser sa dette...On fabrique de la dette pour rembourser de la dette.

    Les agences de notation dégradent un Etat en lui attribuant une mauvaise note et les banques gagnent de l'argent avec des ventes à découvert...Elles achètent une action en misant sur une baisse au lieu d'acheter en misant sur une hausse. Les agences de notation favorisent donc leurs alliés bancaires et les petits actionnaires voient leur mise disparaître en une journée. Panique générale sur les marchés, les traders "vadent" à tout va en pariant sur une baisse et entretiennent dès lors la baisse...Lorsque le cours est tombé à un seuil intéressant ils rachètent par millions et déclenchent un rachat des dernières vades pour miser cette fois sur la hausse. Des milliards changent de mains en une journée. Les banques se renflouent en utilisant les sommes astronomiques que les Etats leur ont prêté lorsqu'elles ont sombré parce que les mécanismes qu'elles avaient elles-mêmes mises en place leur ont explosé à la figure. Faillite de Lehman Brothers par exemple avec les "subprimes"...

    Et on recommence aujourd'hui les mêmes errances, les mêmes magouilles.

    Trois morts en Grèce pendant les manifestations. Sans parler des suicides consécutifs aux innombrables faillites, saisies, tous ces gens jetés à la rue. La Californie est en faillite et ne subsiste que sur l'accroissement de sa dette.

    Nous sommes sans doute à la veille d’une crise systémique mondiale.

    En 2007, état des lieux économique. Résumé succinct :
    USA (plus de 25% du PIB mondial)
    1)Epargne négative des ménages pour la première fois depuis 1929. Les Américains n’éprouvent plus le besoin d’épargner puisque leur patrimoine se valorise très substantiellement. Grâce au crédit pas cher de ces dernières années, ils utilisent le levier de la dette pour accélérer cet enrichissement. Le PIB mondial est de l’ordre de 35.000 milliards de $, les crédits hypothécaires américains de l’ordre de 12.000 milliards de $ (le tiers du PIB mondial et environ 80% de la valeur de leurs actifs immobiliers). Certains organismes financiers sont même allés jusqu’à prêter des sommes supérieures à 110% de la valeur des actifs financés. La finance dans toute sa splendeur.
    2)Déficit des paiements courants record de l’ordre de 7% du PIB américain. Qui démontre que les Américains consomment plus qu’ils ne produisent et vendent à l’étranger. Les US empruntent tous les jours à l’étranger 2 milliards de $. C’est astronomique et cela se cumule.

    Pour se financer à l’extérieur, il y a les pays producteurs de matières premières et surtout de pétrole qui dégagent des excédents considérables ces dernières années (une sorte d’impôt mondial pour financer la conso américaine), la Chine (l’ouvrier chinois moyen épargne 50% de ses revenus, les systèmes de protections sociales étant peu développés dans le plus grand des pays communistes…), le Japon comme d’habitude (mais de moins en moins) et d’autres pays Russie, Europe et le recyclage d’argent pas toujours très propre.

    Et il y a les fameux carry trades, on emprunte des yens à 0.5% que l’on revend pour acheter des $ et que l’on place sur des Tbonds ou des emprunts hypothécaires bien sur.

    Si on ajoute les LBO, les hedge funds, les fonds de private equity, les fonds de fonds et autres instruments de spéculation extrêmes à levier CDO etc on arrive à un cocktail explosif à base de dette sur dette. En effet un premier emprunteur finance avec effet levier 4 un placement dans un fonds qui lui-même utilise un levier 4 pour placer dans un CDO ou autre etc. On arrive très rapidement à des leviers considérables, un investissement de 1.000.000 de $ peut être financé par seulement 20.000 $ de fonds propres, le reste n'est que de la dette.

    Tant que le système est toujours alimenté, cela va très bien puisqu’on peut toujours revendre plus cher ce que l’on avait acheté précédemment à un nouveau joueur. Tout le monde gagne de l’argent, tout le monde s’enrichit. C’est formidable. C’est la croissance mondiale. Les BRIC peuvent construire des usines et des infrastructures énormes puisque leur marché est immense.

    Mais voilà, un jour tout s’arrête brusquement. Pourquoi ? Pour diverses raisons (hausse des taux monétaires, perte de confiance dans le système, cycles classiques, on a ce qui nous faut, on n’achète plus rien….). Le premier signe en a été la baisse de l’immo aux US, baisse des prix, baisse des transactions, baisse des constructions.

    Et là c’est la CATA et le système se déroule dans l’autre sens à vitesse grand V. Les "subprimes" ont été l'élément déclencheur.

    Quand il y a surendettement, la banque saisit le bien et le vend aux enchères, (cela prend du temps mais aux US c’est quand même assez rapide) et cette vente alimente elle-même la spirale baissière des prix. Il s’ensuit des faillites personnelles bien sûr mais ce qui a été nouveau par rapport à une crise cyclique plus classique ce sont des faillites d’établissements financiers. Celles qui avaient emprunté pour prêter n'ont pas pu rembourser les "géants" et elles ont sombré en entraînant jusqu'aux géants...


    L’immobilier américain est à la base de plus du tiers des emplois créés ces dernières années (constructions, agences, financements, mobiliers etc).
    Si les prix baissent de 20%, le patrimoine des ménages américains devient négatif en valeur nette.
    Si le consommateur américain arrête de consommer, tout s’arrête. C'est effrayant mais c'est comme ça...

    Derrière, bien sur, chute des matieres premieres, surcapacité gigantesque dans les BRIC, faillites bancaires etc etc. Et la boucle est bouclée.

    2010 maintenant. Depuis plusieurs mois, la Fed ne peut plus monter ses taux sinon tout s’écroule.

    On fabrique de la monnaie, on augmente la masse monétaire et on créé un risque gigantesque d'inflation. Le retour de bâton pourrait être bien plus violent que le coup de bambou actuel. Crise de 1929 bis...

    Où on va ?

    Bienvenue sur Terre petit d'homme. Tu dois déjà des milliers d'euros. Je suis désolé d'être aussi brutal. C'est le monde que les adultes t'ont préparé.

     

     

     

  • Joëlle Maurel

    Une personnalité importante qui m'a beaucoup apporté à travers ses travaux.

     

    http://www.europsy.org/aft/pg223.html

     

    "S'autoriser à cheminer vers soi" est un livre essentiel à mes yeux (ou mon esprit)...

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  • Tao Te King de Lao Tseu

    Tao To King

    C'est l'ouvrage de base du Taoïsme, qui fait partie des mouvements philosophico-relgieux de Chine, et a fort influencé le bouddhisme, surtout le zen.

    D'une immense richesse et d'une complexité infinie dans sa profondeur. Une vie n'y suffit pas...

     

     

     

    La voie que l'on peut définir
    n'est pas le Tao,
    la Voie éternelle.
    Le nom que l'on peut prononcer
    n'est pas le Nom éternel.
    Ce qui ne porte pas de nom,
    le non-être,
    est l'origine du ciel et de la terre.
    Ce qui porte un nom
    est la mère
    de tout ce que nous percevons,
    choses et êtres.
    Ainsi à celui qui est sans passion
    se révèle l'inconnaissable,
    le mystère sans nom.
    Celui qui est habité
    par le feu de la passion
    a une vision bornée.
    Désir et non désir,
    ces deux états
    procèdent d'une même origine.
    Seuls leurs noms diffèrent.
    Ils sont l'Obscurité
    et le Mystère.
    Mais en vérité c'est
    au plus profond de cette obscurité
    que se trouve la porte.
    La porte de l'absolu
    du merveilleux.
    Le Tao.

     

    DEUX

    Le monde discerne la beauté,
    et, par là
    le laid se révèle.
    Le monde reconnaît le bien
    et, par là
    le mal se révèle.
    Car l'être et le non-être
    s'engendrent sans fin.
    Le difficile et le facile
    s'accomplissent l'un par l'autre.
    Le long et le court
    se complètent.
    Le haut et la bas
    reposent l'un sur l'autre.
    Le son et le silence
    créent l'harmonie.
    L'avant et l'après se suivent.
    Le tout et le rien
    ont le même visage.
    C'est pourquoi
    le Sage s'abstient de toute action.
    Impassible,
    il enseigne par son silence.
    Les hommes,
    autour de lui,
    agissent.
    Il ne leur refuse pas son aide.
    Il crée sans s'approprier
    et
    oeuvre sans rien attendre.
    Il ne s'attache pas
    à ses oeuvres.
    Et, par là,
    il les rend éternelles.

     

    TROIS

    Il ne faut pas exalter
    les hommes de mérite
    afin de ne pas éveiller
    de ressentiments.
    Il ne faut
    ni priser les biens rares,
    car ce serait inciter au vol,
    ni exhiber les choses enviables,
    pour ne pas troubler les coeurs.
    Aussi,
    le Sage,
    dans son gouvernement,
    fait le vide dans le coeur de ses sujets.
    Il détruit en eux
    désir et passion
    qui peuvent les troubler,
    mais veille à bien les nourrir.
    Il doit affaiblir leur volonté
    tout en fortifiant leur corps.
    Il doit obtenir
    que le peuple soit ignorant
    mais satisfait
    et que la classe cultivée
    n'ose agir.
    S'il pratique le non-agir,
    l'harmonie est préservée.
    L'ordre est maintenu.
    L'empire gardé.

     

    QUATRE

    Le Tao est le vide,
    mais le vide
    est inépuisable.
    C'est un abîme vertigineux.
    Insondable.
    De lui
    sont sortis
    tous ceux qui vivent.
    Eternellement,
    il émousse ce qui est aigu,
    dénoue le fil des existences,
    fait jaillir la lumière.
    Du rien, crée toute chose.
    Sa pureté est indicible.
    Il n'a pas de commencement.
    Il est.
    Nul ne l'a engendré.
    Il était déjà là
    quand naquit le maître du ciel.

     

    CINQ

    Le ciel et la terre sont indifférents
    aux passions humaines.
    Pour eux,
    les vivants
    ne sont que chiens de paille.
    Ephémères.
    Le Sage n'a pas d'affection.
    Pour lui aussi,
    les hommes
    ne sont que chiens de paille.
    Entre le ciel et la terre,
    l'espace est
    comme un soufflet de forge.
    Il est vide
    mais pas épuisé.
    Soit qu'il s'enfle,
    soit qu'il s'abaisse,
    il est toujours prêt à servir,
    toujours inépuisable.
    L'homme qui veut saisir l'espace
    n'étreint que le vide.
    Mieux vaut se fondre dans ce vide,
    dans ce vide immense,
    dans ce vide merveilleux.
    C'est le vide sublime,
    c'est le Tao.

     

    SIX

    L'esprit de l'Obscurité
    est immémorial, éternel.
    C'est le principe féminin
    des origines.
    Les racines du ciel et de la terre
    s'élancent de sa porte mystérieuse.
    Toujours renouvelé,
    il se répand dans l'univers.
    Indéfiniment.
    Il ne s'épuise jamais.

     

    SEPT

    Le ciel et la terre sont éternels.
    Ils n'ont pas de vie propre.
    Voilà pourquoi ils sont éternels.
    Ainsi, la première place
    revient au Sage
    qui a su s'effacer.
    En oubliant sa personne,
    il s'impose au monde.
    Sans désirs pour lui-même,
    ce qu'il entreprend est parfait.
    Il s'était assis
    à la dernière place.
    C'est pour cela
    qu'il se retrouve
    à la première.

     

    HUIT

    La grande perfection
    est comme l'eau.
    Comme elle,
    elle dispense ses bienfaits
    aux dix mille êtres
    et ignore les luttes.
    Comme elle,
    elle se détourne des obstacles
    et les évite,
    descend vers la vallée
    et demeure là
    où les hommes
    ne peuvent pas habiter.
    C'est pourquoi
    elle est proche du Tao.
    Dans tout et pour tout,
    la perfection commande l'humilité.
    Elle demande au coeur
    d'être profond comme un puits.
    Dans les rapports avec les autres
    elle réclame des trésors de patience.
    De la parole,
    elle attend la vérité.
    Quand il faut gouverner,
    elle impose la loyauté et l'ordre.
    Quand il faut agir
    elle exige la compétence.
    Elle s'exerce
    au moment opportun
    et ne lutte jamais.
    Ainsi,
    elle ne peut s'égarer.

     

    NEUF

    Peut-on conserver plein
    ce qui veut déborder ?
    Le tranchant aiguisé
    ne peut que s'émousser,
    et aucune salle
    ne peut être gardée
    si elle contient
    or et joyaux.
    Avoir de l'orgueil
    pour sa puissance et sa richesse
    attire l'infortune.
    Si tu fais de grandes oeuvres,
    termine-les
    puis efface-toi.
    Telle est la loi du ciel.

     

    DIX

    Accorder le corps et l'âme
    afin qu'ils voguent à l'unisson
    et ne se séparent pas.
    Concentrer sa force vitale
    et la rendre docile
    comme celle du nouveau-né.
    Au-delà du réel,
    scruter le miroir
    poli par le regard de l'âme
    et se laisser aspirer
    par la lumineuse obscurité.
    Ménager le peuple
    sans intervenir.
    Rester serein,
    comme la femme,
    lorsque s'ouvrent et se referment
    les portes de l'existence.
    Garder son ignorance
    et voir les choses
    dans leur lumière.
    Donner la vie
    et la protéger.
    Produire sans s'approprier.
    Agir sans rien attendre.
    Diriger sans dominer.
    Tel est le chemin
    de la mystérieuse perfection.

     

    ONZE

    Les rayons de la roue
    convergent au milieu.
    Ils convergent vers le vide.
    Et c'est grâce à lui
    que le char avance.
    Un vase est fait d'argile
    mais c'est son vide
    qui le rend propre à sa tâche.
    Une demeure est faite de murs
    percés de portes
    et de fenêtres,
    mais c'est leur vide
    qui la rend habitable.
    Ainsi,
    l'homme construit des objets,
    mais c'est le vide
    qui leur donne sens.
    C'est ce qui manque
    qui donne
    la raison d'être.

     

    DOUZE

    Les cinq couleurs
    aveuglent l'homme.
    Les cinq notes
    assourdissent ses oreilles.
    Les cinq saveurs
    rendent sa bouche insensible.
    Les courses et la chasse
    égarent son esprit.
    Les richesses
    l'empêchent de progresser.
    Ainsi
    le Sage tourne
    son regard en lui-même et,
    loin du tumulte et des passions,
    exerce librement son choix.

     

    TREIZE

    Supporte la disgrâce
    D'une cour égale.
    Accepte l'adversité
    comme inséparable
    de la condition humaine.
    Que faut-il comprendre par
    Supporte la disgrâce d'un cour égal ?
    La disgrâce n'est pas pire
    que la faveur.
    Toutes deux engendrent la crainte.
    Ne soit donc affecté
    ni par la perte
    ni par le gain.
    Que faut-il comprendre par
    L'adversité est inséparable
    de la condition humaine ?
    L'homme a un corps,
    c'est pourquoi
    le malheur a prise sur lui.
    S'il n'en possédait point,
    quel événement
    pourrait le frapper ?
    C'est pourquoi,
    à celui qui se soucie des autres
    autant que de lui-même
    on peut confier le monde.
    Seul celui qui aime les autres
    autant que lui-même
    est digne de les gouverner.

     

    QUATORZE

    Mes yeux s'écarquillent,
    et je ne le vois pas :
    il s'appelle l'Invisible.
    Mon ouïe est en alerte,
    et je ne l'entends pas :
    il s'appelle l'Inaudible.
    Mes mains se tendent
    et ne rencontrent rien :
    il s'appelle l'Impalpable.
    Trois aspects indéfinis
    qui font l'unité.
    En haut
    il n'est pas lumineux,
    en bas
    il n'est pas obscur.
    Son éternité défie même le temps.
    Il n'a pas de nom.
    Il vient d'un monde
    où rien de sensible n'existe.
    Car la lumière
    appelle l'obscurité
    et l'obscurité
    existe par la lumière.
    Le Tao
    est une forme sans forme,
    une image sans image.
    Il est l'Indéterminé.
    Si l'on marche devant lui,
    on ne voit pas son principe.
    Si l'on va derrière lui,
    il paraît sans fin.
    En suivant l'antique voie,
    on maîtrise le présent.
    Car le Tao
    est le fil qui guide l'homme
    à travers le temps.

     

    QUINZE

    Les grands sages de l'Antiquité
    étaient si éloignés
    des autres hommes
    par l'étendue de leur connaissance
    et la profondeur de leur pensée
    qu'on ne pouvait
    espérer les comprendre.
    Peut-on les décrire ?
    Ils étaient attentifs
    comme l'homme qui traverse
    l'eau tumultueuse et glacée
    d'un torrent.
    Prudents
    comme le voyageur
    averti d'un danger.
    Réservés
    comme le visiteur
    qui reçoit l'hospitalité.
    Insaisissables
    comme la glace
    qui font.
    Simples
    comme le bois brut
    que l'on vient de débiter.
    Ils étaient emplis d'espace infini
    comme la vallée.
    Insondables
    comme une eau dormante.
    Celui qui suit le Tao peut,
    sans trouble intérieur,
    attendre que l'eau pure
    se décharge des limons.
    Immobile et calme,
    il verra se présenter
    l'heure d'agir.
    Il ne désire
    que l'infini du vide.
    C'est pourquoi
    les hommes peuvent par moment
    le mépriser,
    le croyant loin de la vérité,
    car ils ignorent sa sagesse.

     

    SEIZE

    Ayant atteint le vide parfait,
    je me laisse porter
    par l'aile puissante du silence.
    Je contemple
    l'agitation des hommes.
    Retourner à son origine...
    Retourner à son origine,
    c'est retrouver le repos.
    Le repos,
    c'est le retour
    dans sa demeure véritable.
    C'est renouer avec son destin.
    Ce retour est la loi éternelle.
    Connaître la loi éternelle,
    c'est être éclairé.
    L'ignorer,
    c'est la confusion et, par là,
    c'est le malheur.
    celui qui connaît la loi
    possède le savoir.
    Il se montre, alors, impartial.
    Impartial,
    il agit royalement.
    Royal, il atteint le divin.
    Le divin atteint,
    il est uni au Tao
    et se trouve
    désormais
    au-delà de tout péril.
    Rien ne peut le surprendre.
    Rien ne peut l'émouvoir.
    Rien ne peut le toucher.
    Pas même la mort.

     

    DIX-SEPT

    Des grands souverains d'antan
    le peuple ne connaissait que le nom.
    Ce furent des rois aimés et loués.
    Puis en vinrent d'autres
    qu'il craignit.
    Puis d'autres qu'il méprisa.
    A celui qui n'a pas confiance
    le peuple ne peut faire confiance.
    L'énergie du grand souverain
    ne se dissipe pas en paroles.
    Elle suscite toute vocation
    et toute action.
    Alors le peuple dit :
    C'est nous qui avons fait tout cela.
    Il dit aussi :
    Nous sommes libres.

     

    DIX-HUIT

    Autrefois le Tao régnait.
    L'homme suivait
    l'ordre de la nature.
    Puis il advint une époque
    où le Tao fut oublié et ce fut alors
    l'ère de la justice des hommes.
    Puis ce fut l'époque
    de l'intelligence et de l'habileté.
    et les ambitions
    ne connurent plus de bornes.
    La paix quitta les familles.
    Mais c'est dans l'adversité
    que se révèlent
    les fils respectueux.
    L'Etat sombra dans le désordre.
    Mais c'est pendant l'anarchie
    que surgissent
    les serviteurs loyaux.
    Ainsi le Tao
    est toujours près de l'homme
    pour le secourir.

     

    DIX-NEUF

    Renoncez au savoir,
    ne vous mêlez plus de morale.
    Le peuple
    s'en trouvera cent fois mieux.
    Abandonnez toute justice humaine
    et chassez ses lois.
    Le peuple redécouvrira
    les vertus familiales.
    Renoncez au luxe,
    bannissez le profit.
    Il n'y aura plus de voleurs
    ni de bandits.
    Renoncez à tout cela
    et croyez
    en l'inutilité de l'apparat.
    Soyez simples,
    demeurez fidèles à vous-mêmes.
    Rejetez de vos cours
    l'égoïsme et les désirs.
    La voie s'ouvrira
    devant vous.

     

    VINGT

    Renoncez à l'étude
    et vous connaîtrez la paix.
    Entre oui et non
    la frontière est bien mince.
    Le bien et le mal sont entremêlés.
    La peur qu'éprouve
    le commun des mortels
    ne doit pas effleurer votre cour.
    Les hommes courent
    aux festins de la vie.
    Ils cueillent les fleurs du printemps,
    du printemps qui annonce la vie.
    Mais moi seul reste calme,
    étranger au tumulte,
    comme le nouveau-né
    qui n'a pas encore souri.
    Je suis seul.
    Immobile.
    Je parais démuni de tout,
    je parais ignorant,
    je parais abandonné,
    sans but, sans logis.
    La multitude s'affaire
    à accroître ses biens.
    Moi seul ne possède rien.
    L'homme de la foule
    a des idées sur tout.
    Moi seul hésite.
    L'homme de la foule
    est actif, efficace.
    Seul,
    je reste immobile.
    Je regarde sans voir.
    Mes pensées, égarées,
    m'échappent pour danser,
    dans les nuages et le vent,
    parmi les vagues de l'océan.
    La multitude des hommes s'affaire,
    réalise,
    construit.
    Je demeure absent,
    délaissé,
    inutile.
    Et pourtant,
    mes haillons cachent
    la plus grande des richesses.
    Seul,
    je diffère des autres.
    Je suis l'enfant
    de la Mère universelle.
    L'enfant du Tao.

     

     

     

    VINGT ET UN

    La grande Vertu
    vient du Tao.
    Le Tao est vague,
    imperceptible,
    insaisissable !
    Oh, qu'il est vague,
    imperceptible,
    insaisissable !
    Et pourtant
    en son sein est la vérité.
    Oh, qu'il est insaisissable,
    imperceptible !
    Et pourtant
    en son sein est la forme des choses.
    Il est si sombre,
    si ténébreux !
    Et pourtant
    en lui est l'essence vraie de l'être.
    Cette essence
    est la vérité rayonnante
    et la vérité cachée.
    Depuis l'aube des âges
    son nom nous a été transmis
    et de lui naissent tous les êtres.
    Comment peut-on connaître
    les voies de la création ?
    Par lui.
    Par le Tao.

     

    VINGT-DEUX

    Ce qui est incomplet
    s'accomplira.
    Ce qui est courbé
    deviendra droit.
    Ce qui est vide
    sera rempli.
    Ce qui est usé
    deviendra neuf.
    N'avoir rien
    et se sentir comblé.
    Etre riche,
    et garder sa simplicité.
    Ainsi est le sage.
    Il embrasse l'Unité.
    Il vit caché
    et pourtant tous le voient.
    Il ne s'affirme pas
    et pourtant il s'impose.
    Il ne se vante pas,
    et son mérite éclate.
    Absent à lui-même,
    sa présence s'accroît.
    Etant sans ambition,
    il ne heurte personne.
    Il ne lutte point.
    Ainsi
    nul ne peut l'égaler.
    Ce qui est incomplet
    sera achevé.
    Cette sentence ancienne
    est pleine de vérité
    car seul celui qui plie
    reste intègre.
    Reste humble
    et garde l'esprit ouvert :
    tu recevras le monde.

     

    VINGT-TROIS

    Préserve-toi par le silence.
    L'ouragan ne hurle pas
    toute une matinée.
    L'orage ne dure pas tout un jour.
    Qui produit
    l'ouragan et la pluie ?
    Ce sont
    le ciel et la terre.
    Si ciel et terre
    ne produisent rien d'éternel,
    comment l'homme le pourrait-il ?
    Celui qui suit la loi s'accorde au Tao.
    Sa volonté et ses principes
    sont ceux du Tao.
    Avec lui il agit
    et avec lui il s'abstient.
    Le Sage épris d'absolu
    y trouve la plénitude.
    En suivant la voie
    on trouve la voie.
    En se conformant à la vertu
    on devient la vertu.
    Mais
    si on pense au crime
    on recueille la honte du crime.
    C'est pourquoi l'action
    comme l'inaction
    traduisent l'invisible harmonie
    Ou la foi est totale,
    ou elle n'est pas.

     

    VINGT-QUATRE

    Qui marche sur la pointe des pieds
    perd l'équilibre
    et tombe à terre.
    Qui avance à grand pas
    s'essouffle vite
    et est dépassé.
    Celui qui se met en vue
    reste dans l'ombre
    et personne ne voit son mérite.
    L'homme imbu de lui-même
    perd l'estime d'autrui.
    Qui se glorifie n'est pas considéré.
    Qui se gonfle d'orgueil
    ne peut pas progresser.
    Qui vit ainsi
    est malade de l'âme.
    Ces laideurs ne salissent pas
    celui qui suit la voie.

     

    VINGT-CINQ

    Une puissance
    indéfinissable et confuse
    existait depuis l'éternité.
    Elle était
    avant la naissance
    du ciel et de la terre.
    Perfection indéterminée.
    Energie éternelle.
    Mouvement sans fin.
    Mouvement immuable.
    Force unique.
    Omniprésente.
    Impérissable.
    Sans nom
    mais connue de tous.
    Mère et principe créateur
    de l'univers.
    Nul ne connaît son nom.
    On l'appelle le Tao.
    Il échappe à toute définition.
    Invisible, il est immense.
    Immobile, il se propage à l'infini.
    En fuyant, il revient.
    Ainsi, immense est le Tao.
    Immenses
    le ciel et la terre.
    Immense
    l'être.
    Quatre immensités dans l'univers,
    dont l'être.
    L'homme épouse
    le rythme de la terre,
    la terre s'accorde
    avec le ciel,
    le ciel s'harmonise
    avec le Tao.
    Le Tao est la loi,
    la voie de la nature.
    Et la voie demeure,
    éternelle.

     

    VINGT-SIX

    Le lourd est la racine du léger.
    L'immobilité
    est mère du mouvement.
    C'est pourquoi
    le Sage se déplace
    avec un seul bagage :
    le Tao.
    Partout où il va,
    il reste détaché et serein.
    Spectateur des merveilles.
    Spectateur de la vie.
    Ainsi
    le Maître des milles choses
    doit préférer son peuple
    à lui-même.
    Car
    agir avec légèreté,
    c'est perdre sa racine,
    s'agiter,
    c'est perdre
    la maîtrise de soi.

     

    VINGT-SEPT

    Celui qui sait marcher
    ne laisse pas de traces.
    Celui qui sait parler
    garde ses paroles.
    Celui qui sait compter
    n'a pas de boulier.
    Celui qui sait garder
    n'a que faire de verrous et de clefs.
    Celui qui sait lier
    n'a pas besoin de liens
    et nul ne peut défaire
    les noeuds qu'il a serrés.
    Ainsi
    le Sage
    se dédie au secours des hommes.
    Il n'en rejette aucun.
    Il veille à préserver les êtres,
    sans en excepter aucun.
    Il est dans la lumière.
    Tout plein de soleil.
    Le Sage est le maître
    de celui qui ne l'est pas
    et ce dernier est la matière
    sur laquelle il agit.
    Ainsi,
    ils ont besoin l'un de l'autre.
    Voilà une vérité.
    Une vérité subtile.
    Car tout ce qui
    est essentiel pour l'homme,
    tout ce qui lui est indispensable,
    reste une énigme.
    C'est l'inconnu
    pour lequel
    on lutte et on travaille.
    C'est l'inconnu
    qui nous donne
    la force de vivre,
    la force d'espérer,
    la force de croire.
    Car ce que l'homme
    veut savoir
    lui reste inconnu.
    A jamais.

     

    VINGT-HUIT

    Celui qui est conscient de sa force
    mais garde la douceur de la femme,
    est le creuset de l'univers.
    Etant le creuset de l'univers,
    il fait un avec le Tao
    et redevient pur comme l'enfant.
    Celui qui connaît
    l'étendue de son savoir
    et garde la simplicité dans son coeur,
    est le modèle du monde.
    Etant le modèle du monde,
    il rejoint le Tao
    et son espace infini.
    Celui qui connaît la gloire
    mais garde son humilité
    possède la vertu du monde.
    Etant la vertu du monde,
    il atteint la plénitude du Tao
    et revient à l'unité originelle,
    cette unité d'où provient toute chose.
    Le Sage participe alors
    à l'harmonie universelle.
    Grain de lumière,
    il se répand dans l'univers
    et revient à la grande lumière.
    Et il retrouve
    l'infini.

     

    VINGT-NEUF

    Celui qui veut posséder le monde
    et lui imprimer sa marque
    ne peut y réussir.
    Je le sais.
    Le monde est une entité sacrée.
    La main de l'homme
    ne peut le modeler.
    En voulant le changer
    on le détruit.
    Quand on croit le tenir
    on le perd.
    C'est ainsi
    que l'homme s'éloigne
    du chemin de la vertu.
    Car
    parmi les hommes
    les uns marchent en avant
    et les autres s'attardent.
    Les uns ont un souffle léger,
    les autres une haleine puissante.
    Certains sont forts,
    d'autres faibles.
    Les uns renversent
    ce que d'autres ont bâti.
    Aussi
    le Sage évite l'excès,
    l'incohérence
    et toute extrême.
    Il vit dans la vérité.

     

    TRENTE

    Un souverain
    instruit dans la voie du Tao
    renonce à conquérir le monde
    par la force.
    Car il sait qu'à l'attaque
    succède la riposte.
    Là où sont passées les armées,
    ne restent que des ruines
    et ne poussent que des ronces.
    Les grandes guerres
    amènent des années de disette.
    C'est pourquoi
    l'homme éclairé
    se montre résolu
    sans tomber dans l'excès.
    Il parvient à ses fins
    mais n'en tire aucune gloire.
    Il mène à bien ses entreprises
    sans offenser ni détruire.
    Il agit sans orgueil
    et ne combat que par nécessiter.
    Il ne trouble pas
    la grande harmonie.
    La force use celui qui l'utilise,
    car elle va à l'encontre du Tao.
    Et ce qui va contre le Tao
    va à sa perte.

     

    TRENTE ET UN

    Les armes les plus belles
    ne sont que des engins de mort.
    L'humanité les a en horreur.
    Celui qui suit la voie du Tao
    en détourne ses regards.
    L'homme de bien
    se place à gauche
    du maître de maison.
    L'homme de guerre
    s'installe à sa droite.
    Les armes n'apportent que la mort.
    Le bon souverain
    en détourne le regard.
    Il ne les prend
    que s'il n'a pas d'autre choix.
    Pour lui,
    les trésors suprêmes sont le calme
    et la paix.
    La victoire ne le remplit pas de joie,
    car se réjouir
    serait se glorifier
    d'avoir ordonné la mort.
    Celui qui se glorifie
    de la mort d'autres hommes
    ruine sa destinée
    et ne pourra pas gouverner.
    Dans les jours heureux,
    la place d'honneur
    se trouve à gauche.
    Dans les jours de malheur,
    elle est à droite.
    L'aide de camp
    se place à gauche,
    le chef de guerre
    s'installe à droite.
    Ainsi
    la guerre se conduit
    comme des funérailles.
    Le chef triomphant
    préside au festin de la victoire
    comme s'il assistait
    à l'office funèbre
    de ceux qu'il a fait tuer.
    Car ayant fait tuer beaucoup d'hommes,
    Il doit maintenant en porter le deuil.

     

    TRENTE-DEUX

    Le Tao ne peut être défini.
    Etant insaisissable,
    il échappe à toute emprise.
    Si les souverains
    se conformaient au Tao,
    ils verraient
    les dix mille êtres se remettre
    entre leurs mains.
    L'harmonie du ciel et de la terre
    emplirait l'univers
    et une douce rosée
    descendrait sur les hommes.
    La paix universelle
    ferait la joie de tous les peuples.
    Et puis les hommes
    furent séparés
    par contrées et par nations,
    et distingués
    chacun par un nom.
    Et
    avec le nom surgit la division.
    Par le Tao
    on connaît les limites du danger.
    Car le Tao,
    dans l'univers,
    est comme le fleuve,
    dont le flot,
    depuis toujours,
    va rejoindre la mer.

     

    TRENTE-TROIS

    Celui qui connaît les hommes
    acquiert la sagesse.
    Celui qui se connaît lui-même
    possède la lumière.
    Celui qui conduit les hommes est fort.
    Mais celui qui se maîtrise lui-même
    détient la vraie puissance.
    Celui qui se contente de ce qu'il a
    est le vrai riche.
    Etre sans désir,
    c'est posséder le monde.
    C'est suivre la voie.
    Si celui qui persévère
    fait preuve de volonté,
    celui qui demeure
    dans l'ordre des choses
    est le Sage absolu.
    Celui qui meurt
    mais reste
    dans le souvenir des hommes
    a touché à l'éternité.

     

    TRENTE-QUATRE

    Le Tao se répand comme un flot.
    Sa puissance est sans limite.
    Les dix mille êtres
    naissent et vivent de lui
    sans qu'il en soit l'auteur.
    Il poursuit son oeuvre éternelle
    sans vouloir rien imposer.
    Il commande aux hommes
    sans s'en déclarer le maître.
    Il est sans désir
    et dénué d'ambition.
    On peut le dire petit.
    Quelle erreur :
    il est immense,
    incommensurable.
    Les dix mille êtres
    retournent à lui
    sans qu'il ne demande rien.
    On peut alors le dire immense,
    et nul ne peut le cerner.
    Le sage ignore sa grandeur,
    ainsi
    elle se réalise d'elle-même.
    A l'infini.

     

    TRENTE-CINQ

    Celui qui suit le Tao
    peut parcourir le monde
    en toute quiétude.
    Il trouvera partout
    paix,
    équilibre,
    sécurité.
    Il s'avance,
    impassible,
    dans la sérénité.
    Musique et bonne table
    attirent le passant.
    Mais la bouche qui parle du Tao
    ne le retient pas.
    Car
    ce qu'elle dit est sans saveur :
    on le regarde
    et on ne le voit pas,
    on l'écoute,
    et on ne l'entend pas.
    Pourtant,
    celui qui puise dans le Tao
    a puisé l'inépuisable.

     

    TRENTE-SIX

    On ne peut réduire
    que ce qui est déployé.
    On ne peut affaiblir
    que ce qui est puissant.
    On ne peut abattre
    que ce qui est élevé.
    Ainsi pour recevoir,
    il faut avoir donné.
    C'est la loi de la nature.
    La douceur et la faiblesse
    triomphent de la dureté
    et de la force.
    Que le poisson qui brille
    demeure au sein des profondeurs !
    Les secrets du royaume
    doivent être ainsi
    maintenus cachés
    au regard des hommes.

     

     

    TRENTE-SEPT

    Le Tao n'agit pas
    par lui-même.
    Et pourtant
    il n'est rien qu'il n'accomplisse.
    Si seulement les rois et les princes
    pouvaient s'y tenir,
    les dix mille êtres
    les suivraient dans cette voie.
    Dans la voie du bonheur,
    dans la voie de la perfection.
    Et si
    malgré tout
    ils voulaient encore agir,
    la simplicité suprême du Sans-Nom
    les assagirait.
    Ils deviendraient
    alors
    sans désir,
    en paix,
    et,
    partant,
    l'univers
    se transformerait.
    de lui-même.

     

    TRENTE-HUIT

    L'homme de haute vertu
    est au-dessus de la vertu,
    c'est pourquoi il est vertueux.
    L'homme de moindre vertu,
    se dit vertueux
    c'est pourquoi
    il ne l'est pas.
    L'homme de haute vertu
    la pratique sans y penser.
    L'homme de moindre vertu
    l'utilise pour atteindre un but.
    Et pourtant
    il ne l'atteint pas.
    Le véritable homme de bien
    agit
    sans avoir de raisons de le faire.
    L'homme de justice
    agit
    car il a des raisons de le faire.
    L'homme qui se conforme au rites
    agit
    et veut les imposer par la force.
    Ainsi,
    si l'on oublie le Tao,
    il reste la vertu.
    Si l'on se détourne de la vertu,
    il reste la bonté.
    Lorsque la bonté est perdue,
    il reste la justice.
    Lorsqu'on abandonne la justice,
    on recourt aux rites.
    Or,
    Les rites ne sont que l'apparence
    de la vérité
    et de la sincérité.
    Ils sont
    aussi
    l'amorce de la confusion.
    La connaissance et l'intelligence
    ne sont pour le Tao
    que des fleurs sans parfum.
    Elles sont
    souvent
    la source de l'erreur.
    C'est pourquoi
    le Sage puise au tréfonds des choses
    sans s'arrêter aux apparences.
    Il contemple le fruit
    plutôt que la fleur.
    Il ignore l'une
    et cueille l'autre.

     

    TRENTE-NEUF

    Voici ce qui,
    depuis les origines,
    a atteint l'unité :
    Le ciel
    parce qu'il est pur.
    La terre
    parce qu'elle est stable.
    Les esprits
    parce qu'ils sont transcendants.
    Les vallées
    parce qu'elles sont riches en eau.
    L'humanité
    parce qu'elle se reproduit.
    Les souverains et les gouvernants
    parce qu'ils donnent l'exemple.
    C'est l'unité qui les rend parfaits.
    Si le ciel n'était plus pur,
    certainement
    il s'effondrerait.
    Si la terre n'était plus stable,
    elle s'écroulerait.
    Si les esprits n'étaient plus
    transcendants,
    ils s'évanouiraient.
    Si les vallées n'étaient plus humides,
    elles deviendraient des déserts.
    Si les dix mille êtres
    cessaient de se reproduire,
    ils disparaîtraient.
    Si les souverains et les gouvernants
    renonçaient au pouvoir,
    leurs pays tomberaient dans le chaos.
    La noblesse repose sur l'humilité.
    Ce qui est grand
    prend appui sur ce qui est infime.
    Ainsi
    les souverains et les gouvernants
    se nomment-ils eux-mêmes
    orphelins,
    hommes sans valeur
    et
    de peu de mérite.
    Ils montrent par là
    leur compréhension
    de l'ordre profond des choses.
    L'honneur suprême
    est en dehors de l'honneur.
    Car le Sage ne cherche
    ni a briller
    comme le jade,
    ni a être rejeté
    comme un caillou.
    Il vit au-dessus
    de l'estime
    et du mépris.

     

    QUARANTE

    L'immobilité
    est le mouvement du Tao.
    Dans sa faiblesse
    réside sa puissance.
    Tous les êtres de ce monde
    sont nés du visible.
    Le visible procède de l'invisible.
    Car
    tout est
    et
    n'est rien.

     

    QUARANTE ET UN

    Lorsqu'un esprit sage
    entend parler du Tao,
    il s'applique à le suivre.
    Lorsqu'un esprit moyen
    entend parler du Tao,
    tantôt il y pense,
    tantôt il l'oublie.
    Lorsqu'un esprit superficiel
    entend parler du Tao,
    il éclate de rire.
    Mais,
    s'il n'en était pas ainsi,
    Le Tao ne serait pas le Tao.
    C'est pourquoi
    la sagesse nous enseigne que
    la voie étincelante paraît sombre.
    La voie qui progresse semble reculer.
    La voie juste semble pleine d'embûches.
    La vertu parfaite semble semble vide de sens.
    La vertu généreuse semble inutile.
    La vertu la plus ferme semble fragile.
    La vérité bien ancrée a l'air de vaciller.
    Un très grand carré
    nous empêche de voir ses points extrêmes.
    Le trop grand vase est impossible à modeler.
    La musique céleste est au-delà des sons.
    Le Tao est caché.
    Il n'a pas de nom
    Il est
    et
    il n'est pas.
    Mais c'est lui
    qui maintient le monde.
    Il en est le sens.

     

    QUARANTE-DEUX

    Le Tao engendra UN.
    Un engendra Deux.
    Deux engendra Trois.
    Trois engendra les dix mille êtres
    et
    tout ce qui est vivant.
    Les dix mille êtres
    portent l'obscurité
    sur leurs épaules
    mais serrent
    dans leurs bras
    la lumière.
    Chacun d'eux a été engendré
    par ce souffle divin
    que l'on nomme harmonie.
    Les hommes redoutent
    d'être pauvres,
    délaissés,
    sans valeur
    ou sans mérite.
    Et pourtant,
    les souverains et les princes sages
    se nomment eux-mêmes ainsi :
    sans valeur,
    sans mérite.
    C'est pourquoi,
    parmi les êtres,
    celui qui s'élève
    se diminue,
    et
    celui qui se diminue
    s'élève.
    Et le violent qui veut s'imposer
    par la violence
    mourra par la violence.
    Ceci est un des fondements
    de l'enseignement.
    Une des vérités
    du Tao.

     

    QUARANTE-TROIS

    Dans l'univers,
    le plus faible
    vient à bout du plus fort.
    Seul ce qui est sans substance
    peut pénétrer un espace plein.
    Par là
    le Sage reconnaît
    la vertu du non-agir.
    Enseigner
    sans la parole,
    entreprendre
    sans agir.
    Voilà la vertu.
    Cela est difficile à comprendre
    pour la plupart des hommes.
    Là pourtant
    se trouve la vérité.
    Car le plus souple
    gagnera le plus fort
    et rien
    ne saurait égaler
    la puissance
    du non-dire
    et
    du non-faire.

     

    QUARANTE-QUATRE

    De la gloire ou de la santé,
    quel est le plus important ?
    De la santé ou de la richesse,
    quel est le plus précieux ?
    Du gain ou de la perte,
    quel est le plus honteux ?
    L'homme trop passionné s'expose à la souffrance.
    L'avare qui prévoit et amasse subit de lourdes pertes.
    Celui qui se contente de ce qu'il a
    reste serein.
    Celui qui sait se réfréner tient à distance le danger.
    Par là
    son existence sera préservée.
    Car qui aura trop aimé
    sera frustré.
    Et qui aura trop amassé
    ne possèdera rien.

     

    QUARANTE-CINQ

    La perfection achevée
    semble imparfaite.
    Et pourtant
    elle rayonne sans fin.
    La plénitude parfaite
    paraît vide.
    Et pourtant
    elle est intarissable.
    Elle donne sans jamais s'épuiser.
    Une franchise extrême semble fausse.
    Une habileté extrême entrave le geste.
    Une éloquence extrême ne persuade personne.
    le mouvement triomphe du froid,
    et c'est l'immobilité
    qui triomphe
    de l'ardeur.
    C'est dans le calme
    et la sérénité que
    réside le bonheur,
    car la quiétude et l'immobilité
    règlent le monde.
    Ainsi est-il.

     

    QUARANTE-SIX

    Quand un peuple suit le Tao,
    les chevaux de guerre
    restent à la ferme
    et labourent les champs.
    Quand un peuple a perdu le Tao,
    les chevaux de guerre
    sont aux portes de la ville
    prêts à la bataille
    et les champs restent incultes.
    Il n'est pas de plus grave erreur
    que d'écouter ses désirs.
    Il n'est pas de plus grande misère
    que de ne savoir se contenter.
    Il n'est pas de pire fléau
    que l'envie de posséder.
    C'est pourquoi
    celui qui limite ses désirs
    ne saurait manquer de rien.
    Ses granges seront pleines,
    ses champs cultivés
    et son coeur
    comblé de joie.
    ainsi veut la loi.

     

    QUARANTE-SEPT

    Sans franchir sa porte,
    connaître le monde entier.
    Sans regarder par la fenêtre,
    entrevoir le chemin du ciel...
    Plus on voyage,
    plus la connaissance s'éloigne.
    C'est pourquoi
    le Sage connaît sans se mouvoir,
    comprend sans examiner
    et
    accomplit sans agir.

     

    QUARANTE-HUIT

    En s'adonnant à l'étude,
    on s'accroît chaque jour.
    En se consacrant à la voie,
    on diminue chaque jour.
    Et l'on continue de diminuer
    jusqu'au jour où l'on cesse d'agir.
    N'agissant plus,
    il n'est rien,
    désormais,
    qu'on ne puisse accomplir.
    La conduite du royaume
    revient
    à qui demeure au-dessus de l'action.
    Celui qui lutte
    pour gagner le royaume
    ne l'obtient jamais.

     

    QUARANTE-NEUF

    Le Sage
    n'a pas de conscience propre,
    il est la conscience de l'univers.
    Il est bon avec le juste,
    mais bon aussi
    avec celui qui ne l'est pas,
    car la plus grande vertu
    est la bonté.
    Il est loyal avec le fidèle,
    loyal aussi
    avec celui qui ne l'est pas,
    car la plus grande vertu
    est la loyauté.
    Le Sage est humble et modeste
    aux yeux du plus grand nombre.
    Il paraît faible et désarmé.
    Mais le peuple retient son souffle
    et
    se fait attentif
    devant cet homme
    semblable à un petit enfant.
    Car son coeur
    peut contenir
    le monde entier.

     

    CINQUANTE

    Où s'arrête la vie,

  • L'enfant et la mort

    Dans ma classe de CM2, nous avons souvent des discussions qui pourraient passer pour "étranges" à un visiteur...

    La conscience, l'âme, l'esprit, le mental, l'amour, la vie, la mort, l'égo, l'identification, la personnalité, l'attachement, le temps, l'espoir, la réalité...

    Entre le début de l'année et aujourd'hui, le cheminement est immense. L'écoute et la participation, le sérieux et l'engagement, le désir de partager, les pudeurs oubliées, cette envie d'avancer, il est parfois difficile de passer à autre chose tant ils ont de choses à exprimer... Je réalise à quel point ils vivent dans des carcans de non-dits parce qu'ils ne sont pas assez écoutés et à quel point la classe peut leur offrir l'opportunité de se dévoiler, de se révéler, à eux-mêmes, aux autres, ce bonheur dans leurs yeux, nos rires parfois, cette évolution dans la maîtrise da la langue, dans l'expression fine de leurs pensées...

    De grands et beaux moments...

    Aujourd'hui, Mina nous a lu un texte qu'elle avait écrit dans le cadre d'un travail d'expression écrite.

    Sujet libre mais avec cinq "phrases obligées" qu'il faut insérer dans l'histoire.

    Mina  nous a raconté que pour elle la Mort est malheureuse de la tâche qui lui incombe. Elle ne l'a pas choisie. C'est la Vie qui l'a créée et elle est à son service. C'est la Vie qui décide de l'existence ou de la fin de l'existence. la Mort n'est que l'ouvrier de cette fin que la Vie a décidée. Ce n'est donc pas la Mort qui surgit mais la Vie qui décide de se retirer. Et cette mission est si douloureuse pour la Mort que toutes les larmes qu'elle a versées depuis l'apparition de la vie et le début de sa mission ont fini par former les océans et la montée des eaux sur la planète n'est que la conséquence des larmes que la Mort verse infiniment...

    Cet autre regard, cette imagination fertile, de quel droit les adultes se permettent-ils de les contenir, de les formater, de les rediriger ?

    Les grandes découvertes scientifiques ont d'ailleurs parfois été générées par des esprits imaginatifs. Alfred Wegener et la tectonique des plaques en est un exemple parfait.

    Mina a peut-être raison. Et d'ailleurs, si je parviens à me libérer moi-même de cette "raison" cartésienne qui nous isole de notre imaginaire, quelle est l'importance de savoir si elle a raison ou pas ? Ca n'en a aucune. Dans son esprit, la Mort est soumis à la Vie et elle aimerait bien un peu moins de travail. On peut imaginer à notre tour cette Mort devant emporter un enfant malade. Un ordre insupportable pour elle. Pourquoi la Vie le délaisse-t-il ? On pourrait imaginer que la Mort dans une rencontre avec la Vie essayerait de la convaincre d'être moins dure... Après tout.

    Pourquoi notre vision de cette Mort impitoyable ne serait-elle pas une erreur ? Parce que historiquement, les hommes ont toujours vu la Faucheuse comme un ennemi impitoyable. Inconscient collectif auquel un esprit d'enfant n'appartient pas encore. Une liberté en sursis.

    Ca n'est pas à moi d'aller resserrer les anneaux de la chaîne. Même si je suis un fonctionnaire enseignant.

    J'aimerais tant que Mina reste libre. Et tous les autres.