Là-Haut
  • BLOG
  • Livre d'or
  • Editions du 38
  1. Accueil
  2. Blog

Blog

  • Coronavirus : responsabilités de l'Etat.

    • Par Thierry LEDRU
    • Le 22/03/2020

    https://www.huffingtonpost.fr/entry/la-crise-du-coronavirus-va-etre-analysee-comme-lune-des-plus-grandes-defaillances-de-letat_fr_5e74d161c5b6f5b7c542be09?utm_hp_ref=fr-

    La crise du coronavirus va être analysée comme l'une des plus grandes défaillances de l'État

    Il y a eu imprévoyance caractérisée puisque prévenue en janvier, la direction générale de la santé n’a pas jugé utile de commander des millions de masques, de gants, de gels hydroalcooliques et de tests.

    •  
    •  
    • Corinne LepageAvocate, ancienne ministre de l'Environnement, députée européenne de 2009 à 2014, Présidente de CAP21/Le Rassemblement Citoyen

    Face à la propagation du coronavirus et pour désengorger l'hôpital Emile Muller de...

    SEBASTIEN BOZON VIA GETTY IMAGES

    Face à la propagation du coronavirus et pour désengorger l'hôpital Emile Muller de Mulhouse, un hôpital militaire de campagne est installé et des soldats français patrouillent lors de son installation, le 20 mars 2020, au quatrième jour de confinement.

    Nous savons tous que la confiance est le socle de la démocratie et que sans confiance dans la parole publique, il ne peut y avoir de débat démocratique. Cette défiance qui se généralise a pour corollaire la montée du populisme, le développement massif des fake news ou du complotisme.

    Ce que nous avons vécu depuis le début de l’année en ce qui concerne la crise du coronavirus sera très probablement analysé comme une des plus grandes défaillances qui puissent être reprochée à notre État, non seulement sur le plan du fonctionnement démocratique pour les raisons que l’on indiquera ci-dessous, et sur le plan tout simplement de la protection des personnes physiques qui demeure le premier objectif d’un État. On rappellera que le droit à l’intégrité de la personne est le premier des droits de l’Homme.

    Une politique d’imprévoyance caractérisée

    Une politique de déni de la gravité de la situation qui a fait assimiler le Covid-19 à une “grippette” ce qu’il n’était évidemment pas et qui conduit à écarter les scénarios les plus pénalisants connus dès l’origine mais considérés comme improbables. C’est une violation majeure du principe de précaution qui, en présence d’un risque incertain mais dont les conséquences pouvaient être gravissimes, exige que les mesures de précaution soient prises, ce qui n’a pas été le cas. Cette politique de déni a non seulement eu des conséquences très graves sur les mesures prises mais également sur l’état d’esprit de notre population et notamment tous les moins de 70 ans qui ont considéré qu’ils ne risquaient rien, puisque c’était la doxa officielle. D’où “le retard à l’allumage” de la prise de conscience y compris après l’annonce de mesures de confinement, sans que le mot ne soit utilisé par le chef de l’État.

    Le droit à l’intégrité de la personne est le premier des droits de l’Homme. Il y a eu violation majeure du principe de précaution.

    Une politique d’imprévoyance caractérisée puisque prévenue courant janvier, la direction générale de la santé n’a pas jugé utile de commander des millions de masques, de gants, de gels hydroalcooliques et bien sûr de tests. Cette politique gravement fautive a mis en danger des centaines de milliers de personnes voire davantage à commencer par les soignants qui ne disposent même pas des moyens de se protéger! C’est stupide et criminel alors même que les considérations budgétaires n’auraient même pas dû être prises en compte, non seulement parce qu’il s’agissait de la vie des gens mais encore parce que le rapport coût/avantage était évidemment en sens inverse.

    Une politique de communication biaisée

    Une politique de communication biaisée est mise en place, destinée à cacher cette erreur de départ d’une part et l’imprévoyance d’autre part. Dire depuis des semaines, et bien avant que nous arrivions en phase 3, que les tests étaient inutiles et devaient être réservés aux cas les plus graves. De même, nous voyons bien que les pays du monde qui ont mis en place des tests à très grande échelle ont des taux de létalité plus faibles (0,2% en Corée du Sud et en Allemagne).

    Même si effectivement seuls les masques FFP2 protègent totalement, affirmer que les autres masques ne servaient à rien a été contre-productif et ne servait à répondre qu’à la pénurie actuelle. Les masques doivent aujourd’hui être destinés aux personnels les plus exposés faute de préparation, alors que les masques simples sont des facteurs de diminution du risque avant confinement et désormais pour les sorties autorisées, à commencer par les publics les plus vulnérables, les travailleurs les plus exposés... Du reste dans les pays voisins, ces masques semblent être considérés comme un minimum. 

    Enfin, des décisions d’une parfaite incohérence puisque pour des raisons politiciennes et non de santé publique (car les raisons de santé publique ne pouvaient conduire qu’à une décision différente) les élections municipales ont été maintenues. Ainsi, nos concitoyens se sont-ils vus conspués pour avoir pris le soleil dimanche alors même qu’ils étaient vivement encouragés à aller voter le même jour. Comment pouvoir croire à un danger majeur lié à la rencontre des autres lorsque l’État lui-même vous invite à aller voter, sans du reste la plupart du temps protéger convenablement les membres des bureaux de vote? Alors, aujourd’hui, l’État sanctionne le défaut de confinement, car le confinement intégral est devenu une nécessité absolue. Mais n’est-il pas responsable en premier chef des difficultés avec lesquelles nos concitoyens se plient à cette discipline? Certes, l’appel au civisme est nécessaire et même indispensable. Mais il ne peut y avoir de civisme sans respect absolu par l’État des règles d’honnêteté, de transparence dans la prise de décision et de mise en place des moyens nécessaires à la sauvegarde des personnes. Or, si les moyens nécessaires à la sauvegarde de l’économie sont mis en place, ceux nécessaires à la sauvegarde des personnes ne le sont toujours pas. 

    Aujourd’hui, l’État sanctionne le défaut de confinement. Mais n’est-il pas responsable en premier chef des difficultés avec lesquelles nos concitoyens se plient à cette discipline?

    Ce sont donc les bases du pacte démocratique et républicain qui sont à refonder tant en ce qui concerne les priorités qu’en ce qui concerne le mode de gouvernance. C’est évidemment valable pour les deux parties. 

    Les citoyens non respectés

    Du côté citoyen, le sens de la responsabilité doit évidemment être développé. Mais, cela signifie un mode de gouvernance refondu. Il repose tout d’abord sur une profonde solidarité entre les concitoyens, à l’opposé des divisions qui n’ont fait que s’accroître au cours des dernières années. Solidarité et interdépendance sont une évidence. Cela signifie d’une manière générale, qu’il ne pourra plus être possible dans l’avenir de considérer que l’avis des citoyens dans les différentes procédures de concertation, consultation ou autres enquêtes publiques diverses et variées sont sans intérêt. La considération et le respect des citoyens doit être un impératif et la co-construction devenir une habitude. On ne peut pas en même temps appeler à la responsabilité, au civisme, au rôle essentiel du citoyen et l’oublier ultérieurement. 

    Du côté des gouvernants, la gouvernance est à réinventer. Information ne signifie pas communication et toute information doit être exacte et véridique. La confiance implique d’admettre que le décideur public peut avoir un doute, une ignorance, une difficulté et qu’il est préférable de l’admettre plutôt que de la camoufler dans une communication qui entretient la défiance. La question des priorités doit impérativement être revue. Il est évident que la priorité absolue donnée à la réduction du déficit budgétaire a été tragique pour l’hôpital et le service public sanitaire. Et de plus, ce choix se révélera très probablement à long terme comme infiniment plus coûteux pour les dépenses publiques que ne l’aurait été le maintien à niveau élevé du service public hospitalier. Le même constat peut être fait dans d’autres services publics comme la police, la justice et même dans une certaine mesure l’éducation. Le retour aux besoins fondamentaux d’une Nation, à un service public digne de ce nom (ce qui ne signifie pas que tout doit être dans le service public) sera une exigence évidente.

    Le principe de précaution ignoré

    L’utilisation du principe de précaution, qui en l’espèce a été manifestement ignoré puisque les scénarios les plus pénalisants -qui se révèlent les bons, malheureusement- ont été écartés, probablement pour des raisons budgétaires et des erreurs de jugement. C’est précisément parce que l’on peut se tromper qu’il est essentiel, en cas d’incertitude avec des risques graves de prendre toutes les mesures de précaution qui peuvent l’être même si elles se révèlent ultérieurement inutiles. Il est clair que le principe de précaution a très mauvaise presse dans certains milieux économiques, à Bercy et dans les hautes sphères du pouvoir. Il serait très utile que le droit soit appliqué et que ce principe qui a une valeur constitutionnelle, rappelé par le conseil constitutionnel récemment, soit effectivement appliqué.

    On ne peut pas en même temps appeler à la responsabilité, au civisme, au rôle essentiel du citoyen et l’oublier ultérieurement.

    Enfin, le mode de prise de décision lui-même est interpellé. Le conseil scientifique qui entoure le président de la République pour ses décisions est une excellente initiative. Mais, on peut s’interroger sur la manière dont la décision relative au maintien des élections a été prise car le président de ce comité a paru particulièrement évasif à ce sujet. La différenciation entre évaluation du risque et gestion du risque est absolument essentielle et la gestion ne peut être que l’affaire du politique, qui en prend la responsabilité sur la base de l’évaluation faite par les experts.

    Bien d’autres sujets pourraient être abordés et le seront dans les jours et les semaines qui viennent. 

    Le drame du COVID 19 laissera plus que des traces. Le Président de la République a parlé de rupture à juste titre. Ce n’est qu’à ce prix que la confiance pourra de nouveau avoir un sens et une réalité.

    À voir également sur Le HuffPost: Du mal à respecter le confinement? Un psychiatre vous explique pourquoi

    LIRE AUSSI

    • "On nous a envoyés 'au front' des municipales et le danger du coronavirus était partout"
    • BLOG - Les caissiers qui se dévouent pour nous, applaudissons-les aussi!
    • "Médecin généraliste, je fais face aux patients non protégés, au SAMU injoignable, aux tensions"

  • Coronavirus : constat et état des lieux

    • Par Thierry LEDRU
    • Le 21/03/2020

     

    Il y a vraiment beaucoup de choses intéressantes à lire sur le net dans cette période. Et on a tout notre temps pour ça...Etablir un constat, faire un état des lieux, tenter des projections...Essayer déjà d'identifier les erreurs commises, se réjouir des décisions efficaces, se concerter, échanger, comparer les expériences, écouter les scientifiques, les soutenir sans aucune arrière-pensée, sans aucun espoir mercantile...Hum, sur ce dernier point, je pense qu'on en est loin...Un virus planétaire qui envoie l'économie du monde à la cave, qui fort probablement reviendra dès qu'il pourra, dès que l'occasion se présentera...C'est un ticket de loto sans précédent pour les laboratoires pharmaceutiques...Elle est là d'ailleurs la guerre, une guerre économique...

     

     

    Anthropo-logiques

     

     

    http://jdmichel.blog.tdg.ch/archive/2020/03/18/covid-19-fin-de-partie-305096.html

    Être humains en 2020, mais quelle histoire !

         
    • Accueil
    • Archives
    • À propos
    • La revue des blogs
    • Notes
    • Catégories
    • Archives

    • COVID-19 : APPEL AU CALME !
    • Page d'accueil
    • En guerre ?! Non, complètement dépassés...
    •  

    mercredi 18 mars 2020 10h42*

     

    Covid-19 : fin de partie ?!

     

    Telle était la tonitruante affirmation proférée le 26 février dernier par le meilleur infectiologue au monde (selon le classement expertscape), accueillie pourtant avec scepticisme et même sarcasmes par la communauté scientifique. Trois semaines plus tard, la réalité est en train de lui donner raison. Révélant au passage que nous aurions à peu près tout faux face au virus. Ce qui est en fait une excellente nouvelle !

    Nous voici donc nous dit-on en « état de guerre ». Nouveauté certes pour nos générations qui (sauf pour les plus anciens) n’ont connu que des temps de paix. L’Europe est sous un quasi-couvre-feu, avec une restriction massive des libertés individuelles et une casse économique et sociale qui promet d’être dramatique. Les discours des chefs d’état s’enflamment à qui mieux mieux: nous sommes « attaqués », l’ennemi est « invisible », « sournois », « redoutable » mais nous en viendrons à bout ! Ce genre de vocabulaire paraît d’un autre âge. La réalité est plus prosaïque : nous subissons la contamination à large échelle par un virus qui est un pur produit de la rencontre entre la bêtise humaine (l’entassement dans des cages d’animaux sauvages de diverses espèces dans des marchés insalubres…) et de l’inventivité du vivant. La bestiole a donc franchi la barrière inter-espèces et s’est propagé à partir de là entre humains. Ce n’est pas une guerre, nous ne pourrons jamais vaincre ou éradiquer cette créature. Nous prémunir contre ses dégâts si, puis nous aurons à apprendre à vivre avec elle. Ce qui réclame une autre intelligence que celle des slogans martiaux sanitaires…

    Précaution liminaire

    Je l’ai dit et le répète : en ces temps de mobilisation collective, nous avons tous à respecter scrupuleusement les mesures qui sont imposées. Même si on doute de celles-ci ou qu’on les trouve inadaptées, aucun d’entre nous ne peut se donner le droit de suivre sa propre idée. Cette compliance -que je n’ai cessé de prôner- m’habite inconditionnellement.

    Par contre, cette obéissance civile ne doit surtout pas conduire à une interdiction de penser ou de parler. Nous vivons des temps hautement traumatiques, avec des dégâts sur la population qui seront considérables. Donner sens à ce que nous vivons, nous renseigner, oser poser des questions est non seulement un droit inaliénable mais aussi une nécessité vitale !

    J’ai lu passablement de commentaires ironiques sur le nombre soudain de virologues ou d’épidémiologies amateurs s’exprimant sur les réseaux sociaux, ce que je peux comprendre. Mais je pense à l’inverse que plus les citoyennes et citoyens s’intéresseront à ce qui nous arrive, plus ils s’informeront ou même se documenteront, mieux cela nous aidera à mettre en dialogue ce que nous vivons, ce qui essentiel à la fois pour notre santé psychique individuelle et notre résilience collective.

    On m’a parfois objecté que j’avais une responsabilité en tant que scientifique, que les analyses que je pouvais faire (toutes pertinentes qu’elles soient) risquaient d’être mal interprétées ou pousser les gens à faire n’importe quoi. Je le rappelle donc : nous avons tous à suivre sans discuter les instructions des autorités. Et abstenons-nous strictement de toute automédication, en particulier en ce qui concerne les substances que je mentionnerai plus loin. Utilisées hors suivi médical strict, elles peuvent en effet être dangereuses. Ceci posé, allons-y !

    D’où je parle…

    Je suis anthropologue de la santé et expert en santé publique. Mon métier consiste depuis plus de 30 ans à étudier les pratiques des soins et les dispositifs sanitaires. J’arrive à un âge où l’on sait (hopefully) qu’on n’est pas le nombril du monde et (sauf exception) qu’on n’a pas inventé le fil à couper le beurre. J’ai quelques références dans mon domaine, comme celle d’être (malgré  l'embarrassante immodestie de ce propos) un des meilleurs connaisseurs actuels des processus de salutogenèse et de rétablissement ainsi que des déterminants de la santé. Ce qui m’a valu d’être invité à enseigner dans une quinzaine de programmes universitaires et de hautes écoles en santé (Facultés de médecine de l’UNIGE et de l’UNIL, EPFL, IHEID, Universités de Montréal, Fribourg, Neuchâtel, etc.) J’ai exercé ma profession hors des milieux académiques, préférant agir au sein des politiques de santé ainsi que sur le terrain. J’ai créé différents dispositifs socio-sanitaires innovants, en particulier en santé mentale, dont certains font encore référence aujourd’hui.

    Je m’excuse pour ce petit étalage. C’est le prix à payer pour me prévaloir d’une (modeste) compétence quant à ce que je vais maintenant avancer.

    Banal ou pas banal ?

    Depuis le début de l’émergence du coronavirus, je partage mon analyse qu’il s’agit d’une épidémie  banale. Le terme peut choquer quand il y a des morts, et a fortiori dans la crise sanitaire et la dramaturgie collective hallucinée que nous vivons. Pourtant, les données sont là : les affections respiratoires habituelles que nous vivons chaque année font bon an mal an 2'600'000 morts à travers le monde. Avec le Covid-19, nous en sommes, au quatrième mois, à 9'000 décès, et avec le pays initialement le plus touché qui est parvenu à juguler l'épidémie. Nous sommes très très loin d'avoir un effet statistiquement significatif au regard de la mortalité habituelle et en particulier de la surmortalité saisonnière.

    Je l’ai dit et je le répète : le même traitement politique ou journalistique appliqué à n’importe quel épisode de grippe saisonnière nous terrifierait tout autant que l’épidémie actuelle. Comme la mise en scène (avec décompte en live des victimes) de n’importe quel problème sanitaire d’envergure, qu’il s’agisse des maladies cardiovasculaires, des cancers ou aux effets de la pollution atmosphérique nous ferait frissonner d’effroi tout autant et même infiniment plus !

    Nous savons aujourd’hui que le Covid-19 est bénin en l'absence de pathologie préexistante. Les plus récentes données en provenance d'Italie confirment que 99% des personnes décédées souffraient d'une à trois pathologies chroniques (hypertension, diabète, maladies cardiovasculaire, cancers, etc.) avec un âge moyen des victimes de 79,5 ans (médiane à 80,5) et très peu de pertes en-dessous de 65 ans.

    Italy chronic.png

     Les quatre plus grands facteurs à l'origine des maladies chroniques étant :

    - La malbouffe.

    - La pollution.

    - Le stress.

    - La sédentarité.

    Les maladies chroniques seraient évitables à 80% si nous nous donnions les moyens de protéger la population plutôt que de sacrifier sa santé au profit d'intérêts industriels. Nous avons depuis des décennies accordé des facilités coupables à des industries hautement toxiques au détriment du bien commun et de la santé de population (pour un développement de ce constat, se référer à l’article suivant).

    Il faut oser le dire : ce n’est pas le virus qui tue (il est bénin pour les personnes en bonne santé), ce sont les pathologies chroniques qu’on a laissé se développer depuis des décennies.

    Stats et probas en folie

    Il y a un autre problème : les taux en particulier de complications et de mortalité qu’on nous brandit sous le nez jour après jour ne veulent rien dire. En l’absence de dépistage systématique de la population, nous n’avons aucune donnée fiable à laquelle référer les données dont nous disposons (nombre de cas déclarés et de décès).

    C’est un classique en épidémiologie : si vous ne dépistez que les morts, vous parviendrez à 100% de taux de mortalité ! Si vous ne testez que les cas critiques, vous en aurez moins mais encore beaucoup plus qu’en réalité. Si vous dépistez beaucoup, vous aurez beaucoup de cas alors que si vous dépistez peu, le nombre de cas sera faible. La cacophonie actuelle ne permet juste pas d’avoir la moindre idée de la progression réelle du virus et de sa diffusion.

    Les estimations les plus crédibles laissent penser que le nombre de personnes déclarées est très largement inférieur (dans un facteur allant  selon les meilleures estimations jusqu'à 1/47) au nombre de personnes réellement infectées, dont à peu près la moitié ne se rendra même pas compte qu’elle a contracté le virus. Pour un redoutable tueur, il est parfois plutôt sympa…

    Nous n’avons donc à ce stade aucune idée de l’ampleur réelle de la propagation du virus. La bonne nouvelle est que les données réelles (en particulier les taux de complications et de mortalité) ne peuvent être que largement inférieures à ce qui est couramment avancé. La mortalité réelle, comme annoncé dans un précédent article, doit en fait s'établir au plus à 0,3% et probablement encore moins. Soit moins du dixième des premiers chiffres avancés par l’OMS.

    Les dernières statistiques en provenance de Chine évaluent à 800'000 le nombre de personnes infectées (et donc très probablement immunisées) pour 3'118 décès. Soit effectivement un taux de mortalité de 3/1000.

    Fin du monde ou pas ?!

    Pareillement, les projections qui sont faites pour imaginer le nombre de morts possibles sont rien moins que délirantes. Elles reposent sur un « forçage » artificiel et maximal de toutes les valeurs et coefficients. Elles sont faites par des gens qui travaillent dans des bureaux, devant des ordinateurs et n’ont aucune idée ni des réalités de terrain, ni de l’infectiologie clinique, aboutissant à des fictions absurdes. On pourrait leur laisser le bénéfice de la créativité et de la science-fiction. Malheureusement, ces projections, littéralement psychotiques, font des dégâts massifs.

    Mon expérience en santé mentale me fait éviter strictement les expressions toutes faites comme « schizophrénie » ou « psychose », qui sont à peu très toujours utilisées abusivement et d’une manière désobligeante pour les personnes concernées. Médicalement, la psychose se caractérise par des distorsions cognitives, perceptuelles et affectives entraînant une perte de contact avec la réalité. Ici, le terme est hélas pleinement indiqué.

    J’en appelle à mes collègues de la Faculté de médecine et autres instituts universitaires pour qu’ils arrêtent de produire et de colporter des modélisations fausses et anxiogènes. Ces experts se protègent en reconnaissant par précaution de langage le caractère outrancier de leurs formalisations, les journalistes le mentionnent scrupuleusement (c’est à leur crédit), on n'en construit pas moins diligemment un sentiment de fin du monde qui non seulement n’a absolument pas lieu d’être, mais de surcroît est lui-même profondément nocif !

    On peut certes donner crédit à nos dirigeants d’envisager le pire du pire du pire sur la base de ces élucubrations pour ne surtout pas prendre le moindre risque qu’il se produise. En attendant, on construit une hallucination -collective- sur la base de chiffres qui ne veulent rien dire.  La réalité, à nouveau, est que cette épidémie est largement moins problématique et dangereuse que ce qui est affirmé, le visionnement de la première vidéo référencée en fin d’article donnera au lecteur (ou la lectrice) les éléments nécessaires à comprendre le bien-fondé de cette affirmation.

    Oui, mais tous ces morts et ces services engorgés ?!

    C’est hélas le vrai point noir : s’il n’y avait pas ces cas graves, l’épidémie serait insignifiante. Il se trouve qu’elle entraîne des complications rares mais redoutables. Comme me l'écrivait le Dr Philippe Cottet, en première ligne aux HUG : « il faut le dire, les pneumonies virales sont rarissimes d’habitude en Suisse. Elles ont un tableau clinique fruste et d’évolution parfois fulminante, dont les signes annonciateurs sont difficilement identifiables face aux cas plus bénins. C’est un réel challenge clinique, sans compter le nombre de cas simultanés... »

    C’est l’existence de ces cas graves (estimés de manière absurde à 15% des cas, probablement en réalité 10 fois moins) qui justifie que l’on ne s’en remette pas simplement à l’immunité de groupe. On nomme ainsi ce processus par lequel chaque personne qui contracte le virus et n'en meurt pas s’immunise, la multiplication des immunisés conduisant à un effet collectif de protection immunitaire…

    En l’absence -jusqu’à il y a peu- de traitement pour protéger ou guérir les personnes à risque, le choix de laisser l’immunité se construire en laissant circuler le virus est apparu comme étant trop dangereux. Le risque pour les personnes vulnérables est tel qu’il s’avèrerait éthiquement indéfendable de prendre cette direction, du fait de la gravité des conséquences possibles.

    C'est une des difficultés de la santé publique : la médecine comme le journalisme travaillent dans le cas particulier. En médecine, c'est pour cela par exemple qu'il n'y a pas "remède-miracle". Chaque personne sera susceptible de réagir différemment à un traitement.

    En journalisme, on cherche à illustrer une thématique avec des cas particuliers, en montrant donc des images et paroles souvent choquantes. En santé publique, on n'agit pas à ce niveau "narratif" singulier. On collecte des données pour voir les contours exacts d'une problématique. Ainsi en Italie, seuls 7 des 2'500 premiers décès concernaient des personnes âgées de moins de 50 ans. Ces cas existent, mais ils sont heureusement marginaux.

    Un possible motif d'inquiétude en revanche est cette affirmation qu'il y aurait des personnes jeunes en quantité non négligeable atteintes de pneumonie et placées sous assistance respiratoire. Elles semblent heureusement survivre, mais c'est bien le nombre de lits en soins intensifs qui est dès lors à risque de poser problème si l'encombrement des services der réanimation se poursuivaient.

    C’est dans ce paradoxe compliqué entre la très grande innocuité du virus pour l'immense majorité des gens et sa dangerosité extrême dans certains cas que nous sommes trouvés coincés. Nous avons alors adopté des mesures absolument contraires aux bonnes pratiques : renoncer à dépister les personnes possiblement malades et confiner la population dans son ensemble pour enrayer la diffusion du virus. Mesures à vrai dire moyenâgeuses et problématique puisqu’elles ne ralentissent l’épidémie qu’au risque de phénomènes de rebond potentiellement encore pires. Et qu’elles enferment tout le monde alors qu’une faible minorité seulement est concernée. Toutes les recommandations en santé publique sont à l’inverse de dépister le plus de cas possibles, et de confiner uniquement les cas positifs le temps qu’ils ne soient plus contagieux.

    Le confinement général constitue un pauvre pis-aller face à l'épidémie dès lors qu’on manque de tout ce qui permettrait de lutter efficacement contre elle…

    Pourquoi en est-on arrivé là ? Simplement parce que nous avons défailli à mettre d’emblée en place les bonnes réponses. Le manque de tests et de mesures de dépistage en particulier est emblématique de ce naufrage : alors que la Corée, Hong-Kong et la Chine en faisaient la priorité absolue, nous avons été d’une passivité invraisemblable à organiser la mise à disposition de quelque chose de techniquement simple.

    Les pays mentionnés ont mis à profit l’intelligence artificielle notamment pour identifier les chaînes de transmissions possibles pour chaque cas positifs (avec les smartphones, on peut par exemple faire l’inventaire des déplacements et donc des contacts que les personnes infectées ont eu avec d’autres personnes dans les 48h précédent l’apparition des symptômes).

    Enfin, nous avons réduit de manière importante la capacité de nos hôpitaux au cours de la décennie écoulée et nous retrouvons en manque de lits de soins intensifs et de matériel de réanimation. Les statistiques montrent que les pays les plus touchés sont ceux qui ont réduit massivement les capacités des services de soins intensifs.

    Hôpitaux suisse.png

    Rien de tout ceci n’a été pensé, alors que le risque de pandémie est un risque sanitaire majeur. La vérité, c’est que nous avons été complètement dépassés. C’est évidemment plus facile de jouer sur les métaphores guerrières que de reconnaître notre tragique impréparation…

    Fin de partie ?!

    Le premier expert mondial en matière de maladies transmissibles s’appelle Didier Raoult. Il est français, ressemble au choix à un Gaulois sorti d’Astérix ou un ZZ top qui aurait posé sa guitare au bord de la route. Il dirige l’Institut hospitalier universitaire (IHU) Méditerranée-Infection à Marseille, avec plus de 800 collaboratrices et collaborateurs. Cette institution détient la plus terrifiante collection de bactéries et de virus « tueurs » qui soit et constitue un des meilleurs centres de compétences en infectiologie et microbiologie au monde. Le Pr Raoult est par ailleurs classé parmi les dix premiers chercheurs français par la revue Nature, tant pour le nombre de ses publications (plus de deux mille) que pour le nombre de citations par d’autres chercheurs. Il a suivi depuis le début du millénaire les différentes épidémies virales qui ont frappé les esprits et noué des contacts scientifiques étroits avec ses meilleurs collègues chinois. Parmi ses hauts faits, il a découvert des traitements (notamment avec la chloroquine…) qui figurent aujourd’hui dans tous les manuels d’infectiologie au monde.

    Le 26 février, il publiait donc une vidéo retentissante sur un canal en ligne (comprenant le mot « tube ») pour affirmer : « Coronavirus, fin de partie ! »

    La raison de son enthousiasme ? La publication d’un essai clinique chinois sur la prescription de chloroquine, montrant une suppression du portage viral en quelques jours sur des patients infectés au SARS-CoV-2. Des études avaient déjà montré l’efficacité de cette molécule contre le virus en laboratoire (in vitro). L’étude chinoise confirmait cette efficacité sur un groupe de patients atteints (in vivo). Suite à cette étude, la prescription de chloroquine fut incorporée aux recommandations de traitement du coronavirus en Chine et en Corée, les deux pays qui sont le mieux parvenus à juguler l’épidémie…

    La chloroquine est une molécule mise sur le marché en 1949, largement utilisée comme antipaludique. Tous les voyageurs des pays tropicaux se souviendront des comprimés de nivaquine (un de ses noms commerciaux) qui leur étaient prescrits à titre préventif contre la malaria. Ce remède a ensuite été remplacé par d’autres pour certaines zones géographiques, restant en usage pour certaines destinations.

    L’hydroxychloroquine (nom commercial : plaquenil) a quant à elle été préparée en 1955 et présente une hydroxylation sur un des deux groupes éthyle de la chaine latérale.

     

    So what ?!

    Pourquoi vous parler de cela ? Eh bien parce que le Pr Raoult et ses équipes sont les meilleurs spécialistes actuels au monde de l’utilisation de la chloroquine. Il avait notamment eu l’idée géniale de l’essayer contre des bactéries intracellulaires (qui pénètrent les cellules comme les virus), en particulier les Ricksettia. L’IHU de Marseille dispose donc d’une expérience clinique et pharmacologique sans équivalent quant à l’usage de cette molécule.

    La chloroquine a également démontré une puissante efficacité thérapeutique contre la plupart des coronavirus, dont le redouté SRAS de sinistre mémoire. Raoult trouva donc dans l’essai clinique chinois la confirmation que la chloroquine était aussi indiquée contre le Covid-19.

    Il fut toutefois accueilli comme un cheveu sur la soupe, ses confrères dénigrant d’emblée sa proposition. Les journalises du Monde allèrent même jusqu’à qualifier sa communication de « fake news », accusation reprise sur le site du ministère de la santé pendant quelques heures avant d’être retirée.

    Le Pr Raoult obtint pourtant dans la foulée l’autorisation de conduire un essai clinique sur 24 patients dans son service et fut appelé à faire partie du comité pluridisciplinaire de 11 experts formé en mars par l'exécutif français, afin "d'éclairer la décision publique dans la gestion de la situation sanitaire liée au coronavirus".

    Les résultats de l’essai clinique étaient attendus avec impatience, en premier chef par votre serviteur. Nous savons la prudence requise face à de substances prometteuses et l’importance de ne rien avancer avant que la recherche confirme ou non une hypothèse La science n’est ni divination ni magie, elle est observation, test, puis le cas échéant validation.

    Les résultats de son étude clinique sont sortis hier, confirmant l’obtention d’effets thérapeutiques spectaculaires. La méthodologie est robuste, puisque l’IHU de Marseille a pu comparer la négativation du portage viral chez les patients qui ont suivi le protocole avec des patients d’Avignon et de Nice qui n’ont pas reçu le traitement.

    « Ceux qui n’ont pas reçu le Plaquenil [médicament à base d’hydroxychloroquine] sont encore porteurs à 90 % du virus au bout de six jours, tandis qu’ils sont 25 % à être positifs pour ceux qui ont reçu le traitement », explique le professeur Raoult.

    Mais ça ne s’arrête pas là :  l’IHU Méditerrannée- Infection conseille (comme d’autres) depuis longtemps de donner concomitamment un antibiotique dans les infections virales respiratoires « parce qu’elles se compliquent surtout de pneumopathies. Donc tous les gens qui présentaient des signes cliniques qui pouvaient évoluer vers une complication bactérienne de pneumopathie, on leur a donné de l’Azithromycine. Il a été démontré que ça diminue les risques chez les gens qui ont des infections virales. L’autre raison, c’est que l’Azithromycine a montré en laboratoire qu’elle était efficace contre un grand nombre de virus, bien que ce soit un antibiotique. Donc quitte à choisir un antibiotique, on préférait prendre un antibiotique efficace contre les virus. Et quand on compare le pourcentage de positifs avec l’association hydroxychloroquine et Azithromycine, on a une diminution absolument spectaculaire du nombre de positifs. » ajoute-t-il.

     

    Portage viral ?

    Une étude publiée dans la revue Lancet le 11 mars avait entretemps révélé une donnée nouvelle mais essentielle : le temps de portage viral (durée entre le début et la fin de l’infection- et donc de contagiosité possible) s’avère supérieur à ce que l’on croyait, avec une durée moyenne de 20 jours. Avec l’association hydroxychloroquine / azithromycine, cette durée est réduite à 4-6 jours.

    La réduction drastique du temps de portage viral donne non seulement l’espoir de traiter les cas critiques, mais aussi de réduire le temps nécessaire à une personne infectée pour ne plus être contagieuse. Et donc présente des perspectives énormes pour prévenir la propagation du virus. Cette nouvelle est bien sûr la meilleure nouvelle que l’on pouvait attendre. Les autorités et les scientifiques l’ont donc accueillie avec joie penserez-vous…

    Eh bien que nenni ! Les réactions qui se sont fait entendre disputaient dans un premier temps la bêtise à la méchanceté.

    Certes, ni les études chinoises, ni l’essai clinique marseillais n’a valeur de preuve (« evidence ») selon les critères de la recherche scientifique. Une réplication des résultats par d’autres équipes est requise, sans même parler d’une étude randomisée en double-aveugle, le top of the pop des méthodologies de recherche.

    Mais diable ! nous sommes dans une situation d’urgence. La chloroquine est un des médicaments les mieux connus et les mieux maîtrisés (en particulier par l’IHU de Marseille). On peut donc tabler sur une très solide expérience relative au sujet de sa prescription. Se réfugier derrière un intégrisme procédural est éthiquement indéfendable dès lors qu’on parle d’un médicament qu’on connaît par cœur, qui a déjà démontré son efficacité sur d’autres coronavirus, confirmée sur celui-ci par deux essais cliniques, et alors que des vies sont en jeu jour après jour !

    Raoult a relevé avec ironie qu’il n’était pas impossible que la découverte d’un nouvelle utilité thérapeutique pour un médicament tombé de longue date dans le domaine public soit décevant pour tous ceux qui espèrent un prix Nobel grâce à la découverte fracassante d’une nouvelle molécule ou d'un vaccin… sans oublier la perspective des dizaines de milliards de dollars de revenus à prendre, là où la chloroquine ne coûte littéralement rien.

    Célébration des soignants !

    Depuis quelques jours, la population confinée s’exprime chaque jour pour rendre hommage aux soignants et les soutenir dans les circonstances éprouvantes qu’ils vivent. Il s’agit d’une belle expression de solidarité, évidemment méritée par des professionnel-les remarquables d’abnégation et d’engagement, au front de cette lourde souffrance et de ce nouveau danger.

    Dans les cercles des sommités, les choses sont hélas en général moins reluisantes. La recherche et l’autorité médicales sont aussi souvent faites de mesquineries, de manipulations, de malhonnêtetés ou d’abus en tous genres, ainsi que de pitoyables mais violents combats d’ego.

    Sur BFM TV, le Dr Alain Durcadonnet cassait aussitôt du sucre sur le dos de Raoult en rappelant qu’une conclusion scientifique se publiait dans des revues scientifiques et non pas par vidéo… Ceci alors, que dans sa communication, le Pr Raoult (le chercheur français qui, rappelons-le, a le plus publié dans les revues scientifiques dans son domaine) venait évidemment de préciser que l’article décrivant son essai clinique avait été envoyé pour publication à une revue à comité de lecture. Cette anecdote montrant le niveau, comme les suivantes.

    Le 1er mars, bien après la publication du premier essai clinique chinois, le directeur général de l'Assistance Publique - Hôpitaux de Paris, Martin Hirsch, disait ainsi au micro d’Europe 1 : "La chloroquine marche très bien dans une éprouvette, mais n’a jamais marché chez un être vivant", ce qui était déjà parfaitement faux !

    Dans les retours de la presse nationale, l’insistance est mise lourdement sur le risque du surdosage avec la chloroquine, effectivement toxique au-delà de 2 gr/jour en l’absence de comorbidité somatique. Les chinois ont privilégié des doses de 2x 500 mg/jour pendant leur essai. Raoult et son équipe, trouvant ce dosage excessif, préférant opter pour 600mg/jour. L’objection est donc d’une consternante vacuité- rappelons que nulle équipe clinique ne connaît mieux cette molécule que celle de Méditerranée-Infection. Cela reviendrait à dire à une équipe de neurologues au sujet du Dafalgan : ouh là là, attention, il peut être toxique s’il est mal utilisé, donc ce n’est vraiment pas une bonne idée d'envisager de traiter les maux de tête avec ce médicament !

    On invoqua (si, si, lisez la presse !) les risques liés à une utilisation prolongée, là où le traitement proposé dure en moyenne 6 jours.  L’IHU dispose de surcroît de l’expérience de prescriptions exceptionnelles au long cours (jusqu’à deux ans !) dans le cadre du traitement de certaines bactéries intracellulaires. On a beau savoir qu’il est bon d’être charitable avec son prochain, des fois la bêtise combinée à la malhonnêteté rendent la chose ardue...

    D’autres insistèrent (et insistent encore) sur le fait qu’on ne peut tirer de conclusions définitives sur la base d’essais cliniques. Ce qui est tout-à-fait juste dans l’absolu mais s’applique mal au cas présent, étant donnée la parfaite connaissance de cette molécule ! Situation absurde résumée ainsi par Raoult : « Il y a une urgence sanitaire et on sait guérir la maladie avec un médicament que l'on connaît parfaitement. Il faut savoir où on place les priorités. » Face à la réalité de l'épidémie, il préconise d’arrêter de s'affoler et de détecter les malades sans attendre que leur cas s'aggrave pour mieux les traiter.

    Le problème va plus loin…

    La solitude de la compétence extrême ?! Raoult explique comment Emmanuel Macron est venu le chercher après sa première annonce publique du 26 février et l’étrange expérience qui a été depuis la sienne dans le cercle d’experts qui conseille le martial président. A la question posée par un journaliste de Marianne : « Y êtes-vous  entendu ? », il répond : « J'y dis ce que je pense, mais ce n'est pas traduit en acte. On appelle cela des conseils scientifiques, mais ils sont politiques. J'y suis comme un extra-terrestre. »

    C’est sa certitude, évidemment inconfortable pour les autorités : avec les mesures prises actuellement contre l’épidémie, on marche sur la tête. Nos pays ont renoncé (contrairement aux Chinois et aux Coréens) au dépistage systématique au profit d’un confinement dont le Pr Raoult souligne qu’il n’a jamais été une réponse efficace contre les épidémies. C’est un réflexe ancestral de claustration (comme à l’époque du choléra et du Hussard sur le toit de Giono). Confiner chez eux des gens qui ne sont pas porteurs du virus est infectiologiquement absurde- le seul effet d’une telle mesure est de détruire l’économie et la vie sociale. Un peu comme bombarder une ville pour en éloigner les moustiques porteurs de malaria…

    La seule voie qui fasse sens selon lui est de confiner les porteurs du virus uniquement, et de les traiter en cas de besoin soit pour éviter de terribles complications comme celles que l’on voit, soit pour réduire le temps pendant lequel elles sont contagieuses.

    En Suisse comme en France (et partout en Occident), la décision prise est de confiner les gens chez eux, malades ou non. Quand ils sont malades, on attend qu’ils aillent mieux puis (du fait de la durée de portage viral), on les laisse ressortir alors qu’ils sont en fait encore contagieux ! Les personnes à risque, elles, développent parfois des complications, en particulier une détresse respiratoire aiguë qui les conduit aux urgences. Elles viennent alors engorger les services de soins intensifs, et, pour certains malades, y mourir alors qu’affirme Raoult, on aurait pu les traiter avant !

    Confiner l’ensemble de la population sans dépister et sans traiter, c’est digne du traitement des épidémies des siècles passés.

    La seule stratégie qui fasse sens est de dépister massivement, puis confiner les positifs et/ou les traiter, tout comme les cas à risque puisque c’est possible, comme on le voit en Chine et en Corée, qui ont intégré l’association de dépistages massifs avec la prescription de chloroquine dans leurs treatment guidelines.

    Ni Hong Kong ni la Corée, deux territoires qui ont connu les plus faibles taux de mortalité face au Covid-19 n’ont imposé de confinement aux personnes saines. Elle se sont simplement organisées différemment.

    La décadence de l’Occident

    Elle est hélas criante et révélée ici dans toute sa crudité… Nous disposons d’une médecine de qualité, mais d’une santé publique moyenâgeuse. Le leadership technologique et scientifique est passé à l’Extrême-Orient depuis longtemps déjà, et notre nombrilisme intellectuel nous fait souvent nous raccrocher aux lanternes du passé plutôt qu’à la science d’aujourd’hui.

    Des tests systématiques seraient faciles à instaurer, pour autant qu’on en fasse une priorité sanitaire et que l’on s’organise, ce que les Coréens ont fait en un temps record. En Europe, nous avons été complètement dépassés, comme si nous vivions dans un autre temps. Les autorités comprennent maintenant qu’il s’agit d’une priorité absolue -suivant en cela les recommandations insistantes de l’OMS.

    Produire les tests ne présente aucune difficulté :« C’est de la PCR [réaction en chaîne par polymérase] banale que tout le monde peut faire, la question c’est l’organisation, pas la technique, ce n’est pas la capacité de diagnostic, nous l’avons, commente Raoult. C’est un choix stratégique qui n’est pas celui de la plupart des pays technologiques, en particulier les Coréens qui font partie, avec les Chinois, de ceux qui ont maîtrisé l’épidémie en faisant dépistage et traitement. On est capables dans ce pays comme n’importe où de faire des milliers de tests et de tester tout le monde. »

    Certes, des régimes politiques plus disciplinés ou même autoritaires ont un avantage de compliance sociale, mais la question n’est pas là. Le problème, c’est bien nous. La France s’enfonce dans des polémiques sans fin avant même que qui que ce soit ait ouvert la bouche, pendant que son jupitérien président s’envole dans des pérorations antiques sur l’« état de guerre » en se contemplant dans un miroir… Dans notre pays, le Conseil fédéral a réagi sans agitation ni malice, mais en donnant comme toujours l’impression qu’on le réveillait déplaisamment de sa sieste.

    Bref, pour notre pays qui se targue de sa qualité d’innovation et de biotech, c’est encore un peu la fête au village…

    Le changement c’est maintenant ?!

    Heureusement, on peut espérer que le vent change vite et bien. Le ministère de la santé français vient de mandater le CHU de Lille pour un essai visant à répliquer les résultats obtenus à Marseille. Rappelons que des essais probants ont déjà été menés en Chine et en Corée -mais en France on tient en général que ce qui vient de l’étranger est indigne du génie français.  Quelques services hospitaliers et leurs médecins-chefs sont capables d’envisager qu’ils se sont trompés, c’est par exemple le cas du Pr Alexandre Bleibtreu de l’Hôpital de la Pitié-Salpêtrière, qui a tweeté récemment avec humour :

    Bleibtreu.png

    L’intérêt pour la chloroquine est désormais mondial avec des équipes travaillant aux quatre coins du monde. Si l’efficacité aujourd’hui très probable du médicament se confirme, ce sera un major game-changer.

    Une fois les personnes à risque de complications diligemment traitées, les innombrables infections bénignes dues au SARS-CoV-2, que nous serons très nombreux à vivre, pourvoiront l’immunité de masse qui ravalera cette « pandémie » au rang de sale mésaventure.

    Le dépistage de masse est désormais enfin une priorité sanitaire. Le temps d’organiser la capacité d’analyses des laboratoires, nous y aurons tous progressivement droit. Le laboratoire Sanofi vient par ailleurs de proposer au gouvernement français de produire gratuitement un million de de doses de chloroquine.

    Et si la molécule ne tenait pas ses promesses ? C’est bien sûr une hypothèse possible, même si elle est à ce stade peu probable. D’autres médicaments sont actuellement en voie d’examen, notamment des antiviraux connus (comme le Favipiravir) testé en Chine également avec des premiers résultats cliniques encourageants. Selon une nouvelle tombée ce matin :

    "La Chine a achevé une recherche clinique sur le favipiravir, un médicament antiviral présentant une bonne efficacité clinique contre le nouveau coronavirus (COVID-19).

    Le favipiravir, médicament antigrippal dont l'utilisation clinique a été approuvée au Japon en 2014, n'a provoqué aucune réaction adversaire évidente dans l'essai clinique, a révélé Zhang Xinmin, directeur du Centre national du développement biotechnologique de Chine relevant du ministère des Sciences et des Technologies, lors d'une conférence de presse.

    Le favipiravir a été recommandé aux équipes de traitement médical et devra être inclus le plus vite possible dans le plan de diagnostic et de traitement du COVID-19, a-t-il fait savoir."

    Ce qui est frappant autour de la chloroquine, c’est la religiosité du débat que cette option provoque  -un classique toutefois en science. Raoult est décrit comme une espèce de gourou (malgré ses états de service scientifiques remarquables) et on décrit la « croyance » en ce médicament comme étant l’attente d’un « remède-miracle » qui égarerait les gens en faisant miroiter des « espoirs impossibles ».

    Heureusement, il reste une démarche qui s’appelle la science et qui vise justement à passer du registre des opinions (chacun voit le monde à sa manière) au savoir (ce que l’on a éprouvé, vérifié et validé indépendamment des opinions personnelles).

    Si les résultats obtenus à Marseille et Chine se démentent, alors l'hallucination collective dans laquelle nous sommes engoncés se poursuivra, avec de très lourdes conséquences sur notre société, nos mode de vie, notre santé psychique et sociale. Si en revanche ils se confirment, on aura fait un pas de géant pour sortir de cette lourde gonfle, et ce sera alors bel et bien « Fin de partie ! pour le Covid ». Nous aurons appris bien des choses au passage.

    Hommage aux autorités

    Il n’est pas dans mes habitudes d’être complaisant avec les autorités. J’ai trop souvent vu les ravages de la flatterie et de la veulerie (comme de la critique gratuite ou du procès d'intention) pour tomber dans le piège. Ici, on entend bien des critiques qui me semblent injustes. Oui, notre système de santé n’en est pas vraiment un, on a une industrie de la maladie – ce qui n’est pas pareil. Oui, nos réponses sanitaires sont incroyablement poussiéreuses et même dépassés. Oui, le Conseil fédéral a des godasses de plomb -ce a aussi d'ailleurs parfois ses avantages.

    Mais je tiens à dire mon sentiment que la réaction des autorités fédérales et cantonales a été proportionnée à ce que nous savions et ne savions pas. Il est facile de dire qu’il aurait fallu fermer les frontières il y a un mois dans un monde où la menace était encore peu visible et où nous aurions été les seuls à le faire.

    Tout fermer conduit inévitablement à un désastre économique et social. En l’absence des moyens d’appliquer la meilleure stratégie (dépistage – confinement – traitement), recourir à un « lock-down » est une mesure archaïque et peu efficace, mais la seule qu'il était possible de prendre.

    A Genève en particulier, le Conseil d’Etat (avec MM. Mauro Poggia et Antonio Hodgers en première ligne) a été solide, humain, rassurant, et clair, agissant avec calme et un indéniable sens de la proportionnalité.

    Une fois l'urgence passée, il faudra bien en revanche que les responsables sanitaires et politiques rendent des comptes sur la manière dont ils se seront révélés totalement pris de court par un risque sanitaire parfaitement identifié, avec une situation en l'occurrence très peu grave par rappor

  • Coronavirus : Concours Lépine gouvernemental...

    • Par Thierry LEDRU
    • Le 21/03/2020

     

    Non mais franchement, ils n'ont honte de rien...Ca fait des années que la recherche et l'innovation sont bridées par des coupes budgétaires dantesques. Léo, notre benjamin est en doctorat écologie et il est dégoûté, à se demander si ça vaut le coup d'aller jusqu'au bout...

    Et là, le gvt nous sort un concours Lépine sur le covid...
    à mettre en lien avec ceci : 
    https://universiteouverte.org/…/coronavirus-la-science-ne-…/

    Coronavirus : soutenir les scientifiques.

    "Dans mon équipe, nous avons participé à des réseaux collaboratifs européens, ce qui nous a conduits à trouver des résultats dès 2004. Mais, en recherche virale, en Europe comme en France, la tendance est plutôt à mettre le paquet en cas d’épidémie et, ensuite, on oublie. Dès 2006, l’intérêt des politiques pour le SARS-CoV avait disparu ; on ignorait s’il allait revenir. L’Europe s’est désengagée de ces grands projets d’anticipation au nom de la satisfaction du contribuable. Désormais, quand un virus émerge, on demande aux chercheur·ses de se mobiliser en urgence et de trouver une solution pour le lendemain. Avec des collègues belges et hollandais·es, nous avions envoyé il y a cinq ans deux lettres d’intention à la Commission européenne pour dire qu’il fallait anticiper. Entre ces deux courriers, Zika est apparu…"

     

    https://www.defense.gouv.fr/aid/appels-a-projets/appel-a-projets-lutte-covid-19?fbclid=IwAR2f-xkXzWHG5ZHrFMgniqzLyI7SD5s3v8Swa7wSPkykVORA_NgQjbmrzT8

    Appel à projets de solutions innovantes pour lutter contre le COVID-19   

    Mise à jour  : 19/03/2020 - Direction : AID

    Cet appel à projets du ministère des Armées, lancé par l’Agence de l’Innovation de Défense (AID), dans le cadre du plan gouvernemental de lutte contre le COVID-19, vise à disposer de propositions pour lutter contre la pandémie de COVID-19. Il porte sur la recherche de solutions innovantes, qu'elles soient d’ordre technologique, organisationnel, managérial ou d’adaptation de processus industriels, qui pourraient être directement mobilisables afin de : protéger la population, soutenir la prise en charge des malades, tester la population, surveiller l’évolution de la maladie au niveau individuel et l’évolution de la pandémie, ou aider à limiter les contraintes pendant la période de crise.

    Important : les projets devront être d’une maturité technologique suffisante pour être employables pendant l’actuelle pandémie. Ces solutions innovantes devront être facilement et rapidement reproductibles et s'appliquer à l'échelle de l'ensemble du territoire national dans l'enveloppe budgétaire définie. 

    Un budget de 10 000 000€ TTC est prévu pour cet appel à projets, qui vise à financer un à plusieurs projets d’intérêt.  

    Pour permettre le soutien d’un maximum de projets prometteurs, sauf exceptions dûment justifiées, les projets retenus par cet appel à projets ne seront pas cumulables avec les financements flash mis en place par l’UE ou l’ANR : 

    • Appel à projets de l’Agence nationale pour la recherche (ANR) :

    https://anr.fr/fr/detail/call/appel-a-projets-flash-covid-19/

    • Appel à projets de la Commission européenne :

    https://ec.europa.eu/info/news/startups-and-smes-innovative-solutions-welcome-2020-mar-13_en

       

    Les propositions de réponse sont attendues et évaluées au fil de l'eau jusqu’au 12 avril 2020. Les propositions tardives pourront être étudiées mais les chances de succès seront fortement réduites. 

        

    Ce que nous recherchons 

       

    Nous avons identifié un certain nombre de domaines et de situations concrètes pour lesquels nous pressentons des améliorations possibles : 

    • Protections individuelles ou collectives, soignants et populations (e.g. masques, « hygiaphones de fortune », concepts innovants de protection, de barrières, techniques de recyclage, Do It Yourself, etc.) ;
    • Gestion de la distance de sécurité entre individus ;
    • Automatisation de tâches pour le prélèvement, le nettoyage du matériel ou des salles ;
    • Facilitation du déploiement d’hôpitaux de campagne en soutien aux populations ; 
    • Gestion de crise, aiguillage, structuration/modularité des chaînes de prise en charge (e.g. gestion logistique, RH, etc.) ;
    • Production de nouvelles solutions de décontamination pour tout type de surface, pour petits et grands matériels, pour les espaces de vie, etc. ;  
    • Capacité de production en masse de solutions de décontamination ; 
    • Soutien à la prise en charge médicale (production du matériel ou traitement manquant, concept de recyclage, de détournement ou autre idée permettant de pallier ces manques) ;
    • Détection du virus dans l’environnement ; 
    • Diagnostic et autodiagnostic rapide et conduite à tenir associée - dépistage massif - dépistage participatif ; 
    • Gestion de l’impact psychologique individuel et sociétal (communication et sensibilisation sur la crise et l’épidémie, amélioration de la perception du risque d’épidémie, gestion de l’après crise, etc.) ;
    • Facteurs de limitation des déplacements et lutte contre la transgression ;
    • Amélioration du travail à distance (outils de continuité numérique, sécurisation, etc.) ;
    • Amélioration de la vie en isolement à domicile (numériques mais aussi hors solutions numériques) ;
    • Autres thèmes dûment argumentés.

       

    Nous ne sommes pas seulement intéressés par des technologies nouvelles ; le caractère innovant des propositions pourra consister à réorienter des technologies ou des processus industriels existants (par exemple détourner une usine de production de parfum pour en faire du gel hydroalcoolique).

    Nous acceptons les propositions provenant de tous types d’opérateurs : académiques, petites, moyennes entreprises, entreprises de taille intermédiaire, grands groupes. Des groupements constitués de ces différents types d’opérateurs seront possibles. En fonction du vecteur de financement ou d’acquisition utilisé, des restrictions sur l’origine ou la taille des opérateurs économiques pourront être appliquées.

    Les propositions internes des personnels civils et militaires du ministère des Armées sont également les bienvenues.

       

    Ce dont nous ne voulons pas

       

    Votre proposition ne doit pas proposer une innovation en cours de maturation qui n’a aucune chance d’être employée pour lutter contre l’actuelle pandémie.

           

    Contenu de la proposition

        

    Compte tenu de l'urgence du projet, la présentation et les justificatifs devront être les plus concis et précis possibles. La proposition doit contenir les documents suivants :

    • le descriptif technique de la solution proposée et le cas d’usage (utilisateur, situation d’emploi) auquel cette solution répond.
    • le plan projet comprenant :
      • Un planning des développements et de la mise en service identifiant les jalons et les livrables permettant de suivre l’avancement du projet ; 
      • Une décomposition du prix de la proposition, en distinguant le cas échéant la part financée par le ministère des Armées et d’autres sources de financement. Le déposant pourra utilement proposer des éléments optionnels dans sa proposition.
    • Un document de justification explicitant l’apport du projet pour chacun des 3 critères d’évaluation infra (impact, crédibilité, calendrier).

    Le dossier total ne dépassera pas 30 pages.

         

    Sélection des projets d'intérêt

          

    Critères obligatoires

    Les propositions seront analysées au regard des critères obligatoires ci-dessous :

    • La solution proposée s’inscrit dans le périmètre de l’appel à projets (cf. « Ce que nous recherchons » et « Ce dont nous ne voulons pas ») ;
    • La proposition contient un plan projet ;
    • La proposition justifie l’intérêt du projet pour chacun des trois critères d’évaluation présentés infra.

    Seules les propositions remplissant l’ensemble des critères obligatoires seront analysées au fil de l’eau lors de la sélection des projets.

         

    Critères d'évaluation

    Un comité d’évaluation impliquant différents experts du ministère des Armées évaluera les propositions au fur et à mesure de leur réception. Les évaluateurs ne sont pas autorisés à entrer en contact avec les déposants concernant leur proposition. Les évaluateurs ne pourront utiliser les informations contenues dans les propositions qu’aux seules fins de l’évaluation.

    Cette évaluation sera fondée sur les 3 critères suivants :

    • Impact : les bénéfices anticipés (pour la population, les cycles de décision, les personnels de santé…) ;
    • Crédibilité : tout élément de preuve, scientifique ou technique, permettant de confirmer la faisabilité du projet ;
    • Calendrier : délai de mise en œuvre de la solution.

    Le choix de financer une proposition est fondé sur les résultats d’évaluation, sur le coût de chaque proposition vis-à-vis du budget disponible et sur des considérations d’ordre stratégique pour la personne publique.

    Les déposants dont la proposition n’aura pas été retenue pourront demander un avis synthétique sur leur proposition. 

        

    Modalités pratiques

       

    Budget et contractualisation 

    L’AID prévoit un budget total de 10 000 000 € TTC, visant à financer entre un et plusieurs projets.   

         

    Date limite de remise des propositions 

    Les propositions de réponse sont attendues et évaluées au fil de l'eau jusqu’au 12 avril 2020. Les propositions tardives pourront être étudiées mais les chances de succès seront fortement réduites. 

      

    Les propositions émises par les opérateurs économiques (personnes morales) doivent être déposées à l’adresse suivante : 

    https://www.demarches-simplifiees.fr/commencer/appel-a-projets-aid-covid-19

    Les propositions émises par les personnels civils et militaires du ministère des Armées (personnes physiques) doivent être déposées à l’adresse suivante : 

    https://www.demarches-simplifiees.fr/commencer/appel-a-projets-aid-covid-19-innovateurs-minarm 

    Un accusé sera transmis dès réception de la proposition.

    Important : en remettant son dossier, le déposant accepte sans réserve les conditions de l’appel à projets.

         

    Questions

    Vous pouvez poser toute question relative à l’appel à projets via l’adresse suivante : 

    agenceinnovation.dir.fct(a)intradef.gouv.fr

     

  • Coronavirus : le Professeur Raoult

    • Par Thierry LEDRU
    • Le 21/03/2020

    Là, très clairement, "il en a gros"

    Il suffit de regarder la méthode suivie par la Corée du sud pour voir qu'il a raison. 

    Diagnostic de très grande ampleur et traitement. Le confinement total n'est du coup pas nécessaire. Ce qui est indispensable, c'est un confinement ciblé. 

    Oui, mais en France, il n'y avait pas tests en grande nombre, donc pas moyen d'isoler et de traiter les personnes contaminées. 

    • SAMEDI 21/03/2020 à 07H22 - Mis à jour à 14H18
    • | SANTÉ
    • | MARSEILLE,ÉDITION MARSEILLE

    Coronavirus : "Je ne suis pas un outsider, je suis en avance", entretien avec le professeur marseillais Didier Raoult

    Entre matamore et maths à mort, l'infectiologue revient sur les critiques et les enjeux du moment

    Par Alexandra Ducamp

    Le patron de l'IHU est convaincu de la pertinence de l'hydroxychloroquine pour traiter les patients atteints de Covid-19.
    Le patron de l'IHU est convaincu de la pertinence de l'hydroxychloroquine pour traiter les patients atteints de Covid-19.PHOTO GEORGES ROBERT

    Il n'en démord pas. Malgré l'écho donné à la défiance politique et médicale concernant son essai clinique, le patron de l'IHU est convaincu de la pertinence de l'hydroxychloroquine pour traiter les patients atteints de Covid-19. Malgré la psychose médiatique et son décompte mortuaire quotidien, il le répète : on a plus de chance de mourir d'autre chose que du virus chinois. Alors qu'hier soir le président du Conseil scientifique Jean-François Delfraissy appelait solennellement à une stratégie de dépistage massif, Didier Raoult, lui, l'avait préconisée et mise en place dès l'arrivée des premiers rapatriés de Wuhan. Dans les couloirs de l'IHU, on glisse que dans cette crise sanitaire, "il a mis ses couilles sur la table". L'histoire dira si le détonnant Pr Raoult avait raison. Rencontre.

    627 morts en une journée et 40 000 cas de Covid-19 en Italie, on n'en est plus à la "grippette" dont vous parliez il y a quelques semaines...
    Pr Didier Raoult : Vraisemblablement, vous ne comprenez pas du premier coup. Toutes les situations doivent être mises en perspective. Sur quelle maladie infectieuse toute la presse s'est-elle excitée l'année dernière ? La rougeole. À la fin, il y a eu 1 000 cas avec un mort et il y avait une annonce tous les jours dans les médias. Le monde de l'information vit dans un monde parallèle au mien, celui de l'observation. On est passé d'une exagération à une déconnection. Il y a dans le monde 2,6 millions de morts d'infections respiratoires par an, vous imaginez que les 5 000, 10 000 ou même 100 000 vont changer les statistiques ?

    On ne parle pas de statistiques, on parle d'êtres humains, de populations entières confinées...
    Pr Didier Raoult : De quoi voulez-vous parler d'autres ? Les gens meurent, oui. La plus grande surmortalité de ces dernières années en France, c'était en 2017 : 10 000 morts supplémentaires en hiver, on ne sait pas même pas si c'est de la grippe. 10 000 morts, c'est beaucoup. Mais là, on en est à moins de 500. On va voir si on arrive à en tuer 10 000, mais ça m'étonnerait.

    L'argument statistique est donc le seul prisme...
    Pr Didier Raoult : À Marseille, nous avons diagnostiqué 120 cas positifs, il y avait deux morts de plus de 87 ans. Ils mourraient aussi l'année dernière. Sur 100 prélèvements de gens qui ont une infection respiratoire, ce sont plutôt des cas graves, quand on teste 20 virus et 8 bactéries, il y en 50 % dont on ne sait pas ce qu'ils ont, c'est notre grande ignorance. Pour tous les autres, il y a 19 virus saisonniers, qui tuent aussi. Les coronavirus endémiques tuent plus ici que le chinois. Je confronte en permanence les causes de mortalité dans toute la région à cette espèce de soufflet anxiogène qui monte : pour l'instant, on a plus de chance de mourir d'autres choses que du Covid-19. Le grand âge, les comorbidités et la prise en charge tardive sont des facteurs de mortalité. C'est peut-être inentendable, mais c'est la réalité. La seule chose qui m'intéresse sont les datas, les données brutes. Les données vont rester, les opinions, elles, changent... Je ne dis pas l'avenir, mais je ne suis absolument pas terrifié.

    "Dans mon monde, je suis une star mondiale"

    Comment expliquez-vous la situation dans l'est de la France ?
    Pr Didier Raoult : Je suis scientifique, c'est ce qui manque dans ce pays ; une grande partie du monde politique et administratif réagit comme vous (les médias, NDLR). Nous, nous ne devons pas réagir comme ça. Les seules données qui m'intéressent ce sont les données d'observation, je n'ai pas d'opinion. Il n'y a que la presse qui parle de ce qui se passe dans l'Est, moi, je n'ai pas de données. Pour l'Italie, on disait pis que pendre, j'ai reçu une analyse, c'est comme ailleurs, ce sont des gens de plus de 75 ans. Les Japonais ont fait un très beau modèle expérimental en confinant les croisiéristes assez âgés sur le Diamond Princess. On a bien vu que c'était contagieux, 700 l'ont chopé. Mais en dépit d'une population très fragile, il n'y a eu qu'1 % qui sont morts. C'est la réalité observée. Quand il y aura 1 000 morts dans l'Est, je dirai oui, c'est grave.

    Et aussi Le vrai du fake : "Le coronavirus circule-t-il vraiment dans l'air ?"

    Vous êtes en permanence à contre-courant du discours...
    Pr Didier Raoult : Ce n'est pas parce qu'il y a quelques personnes qui pensent certaines choses à Paris, que je suis à contre-courant. Dans mon monde, je suis une star mondiale, je ne suis pas du tout à contre-courant. Je fais de la science, pas de la politique. Les maladies infectieuses, ce n'est pas très compliqué, c'est diagnostic et traitement. C'est le B-A ba, si les gens ne connaissent pas le B-A ba des maladies infectieuses ou de la chloroquine qui s'apprend en troisième année de médecine, je n'y peux rien. Je vais pas refaire l'éducation de ceux qui refont le monde sur les plateaux-télé. Je me fous de ce que pensent les autres. Je ne suis pas un outsider, je suis celui qui est le plus en avance. La vraie question est : comment ce pays est arrivé dans un tel état que l'on préfère écouter les gens qui ne savent pas que plutôt ceux qui savent ?

    24 patients sont suivis dans l'essai clinique, combien de personnes ont été traitées depuis...
    Pr Didier Raoult : On en a traitées d'autres mais je ne vous dirai pas combien. J'en informerai d'abord le ministère.

    Après six jours de traitement, la charge virale de 75% des patients est négative, sont-ils pour autant guéris ?
    Pr Didier Raoult : Ils sont guéris du virus. Mais si vous avez des lésions pulmonaires, elles ne disparaîtront pas en trois jours. Nous ne savons pas pour le moment non plus si, une fois guéri, vous pouvez retomber malade, cela n'a pas été décrit par les Chinois qui ont deux mois d'avance sur nous.

    Quid des 25 % qui sont toujours positifs ? Leur situation s'aggrave-t-elle comme on le dit autour des 7e et 8e jours ?
    Pr Didier Raoult : Nous n'avons pas eu d'aggravation dans les cas traités mais nous ne voyons pas de gens dans des états graves. Pour l'instant, les cas graves sont ceux qui ne sont ni détectés, ni traités et qui arrivent avec une insuffisance respiratoire très grave. Ils vont directement en réanimation et ils vont mourir là-bas. Si on dépiste et que l'on traite les gens précocement il y a forcément plus de chance de les sauver que 48 heures avant la phase terminale.

    Votre stratégie depuis le début de l'épidémie est de mobiliser tout l'IHU pour faire du dépistage massif, pourquoi, cela n'a pas été une stratégie nationale dès l'origine ?
    Pr Didier Raoult : Ce n'est pas ma stratégie, c'est du bon sens. Je ne sais pas pourquoi ce n'est pas une stratégie nationale, c'est un choix politique. Moi, je fais mon devoir, point final. Je fais ce que je dois faire, je joue ma partition dans une pièce. Mais ce n'est pas moi qui ai inventé le théâtre, ni le texte. Je suis le seul à avoir une pensée classique sur les maladies infectieuses alors que tout le monde perd ses nerfs...

    Quid des effets secondaires du traitement à l'hydroxychloroquine ?
    Pr Didier Raoult : Ce qu'on dit sur les effets secondaires est tout simplement délirant. Ce sont des gens qui n'ont pas ouvert un livre de médecine depuis des années. Plus d'un milliard de gens en ont bouffé, les personnes qui souffrent de lupus en prennent pendant des décennies... Je connais très bien ces médicaments, j'ai traité 4 000 personnes au Plaquénil depuis 20 ans. Ce n'est pas moi qui suis bizarre, ce sont les gens qui sont ignorants. On ne va pas m'apprendre la toxicité de ce médicament.

    Le gouvernement a annoncé élargir les essais sur l'hydroxychloroquine mais par des équipes indépendantes de la vôtre, pourquoi ?
    Pr Didier Raoult : C'est normal. Jusqu'il y a 30 ou 40 ans, en faisant face à des maladies qu'on soignait mal ou pas, la méthodologie, on s'en foutait un peu. Le premier type qui avait une infection à staphylocoque, on lui donnait de la pénicilline, il était guéri et tout le monde était content. Au fur et à mesure où l'on a été de plus en plus compétent, il a fallu faire des études en double aveugle, puis rendre publiques des données pour ne pas qu'il y ait des tricheurs, notamment en raison des enjeux financiers. Aujourd'hui, on sait par les Chinois que le portage moyen du virus est de 20 jours. Nous, nous avons les moyens de mesurer la charge virale, on voit qu'elle baisse, donc c'est que ça marche. On n'avait pas besoin de groupe témoin. Je suis content de l'élargissement des essais avec des médicaments, qui marchent, je suis juste un docteur. Si vous avez des doutes sur ma crédibilité, ce n'est pas mon problème. Il y a des gens soignés dans le monde entier, je ne me sens pas plus responsable des malades de Paris que de Corée. Ce seront les plus intelligents qui seront le mieux soignés. Je n'essaie pas d'être arrogant. Si les gens ne veulent pas regarder les chiffres, je n'y peux rien. Nous avons réalisé les 2/3 des tests de France, on a mis en place une machine de guerre. Après, on ne peut pas faire boire un âne qui n'a pas soif.

    Coronavirus : suivez toutes nos infos en direct

  • Coronavirus : soutenir les scientifiques.

    • Par Thierry LEDRU
    • Le 20/03/2020

    Cette crise met en lumière l'énorme malaise qui touche le milieu scientifique depuis des années. Un malaise très profond quant à leur considération.

    Aujourd'hui, les scientifiques sont appelés à la rescousse par les gouvernements mais ils savent très bien que la raison profonde de ce nouvel intérêt est purement économique. Le coronavirus est en train de mettre par terre la croissance mondiale. Je lis pas mal de documents éménant des milieux financiers et la puissance de cette crise financière dépasse tout ce qui a déjà été vécu dans les crises précédentes et personne n'est capable, aujourd'hui, de présager des dégâts. Des millions d'emplois sont menacés sur l'ensemble de la planète, des centaines de milliers d'entreprises, des banques qui risquent d'imploser (il faut voir les graphiques boursiers sur six mois, c'est apocalyptique...)

    Les scientifiques sont donc écoutés et vénérés pour mettre un terme à ce virus. Sauver des vies. Sauver l'économie. Eviter un chaos social. Des milliards ont déjà été débloqués aux USA et en Europe, en Chine, au Japon. De l'argent comme si ça tombait du ciel. De l'endettement pour des décennies et avec une économie qui restera considérablement impactée par cette crise...Personne ne sait où on va.

    Les scientifiques sont donc aujourd'hui vénérés parce qu'ils détiennent peut-être la sortie de crise sanitaire et donc économique. Le coronavirus les a rappelés aux bons souvenirs des gouvernants. Ils ne se font aucune illusion. Ils souffrent depuis bien trop longtemps des restricitons budgétaires pour croire encore aux paroles politiciennes. 

    Léo, notre benjamin, est en doctorat, en écologie. Tout ce qu'il nous dit de l'Université et du milieu de la recherche est à pleurer. Ils travaillent tous avec des moyens de plus en plus limités et des contraintes de plus en plus fortes. A en arriver à penser que toutes ces années d'études sont inutiles, qu'elles ne mèneront à rien...La même souffrance que les personnels hospitaliers qui savent qu'ils n'ont plus les moyens de soigner correctement. 

    Ces scientifiques qui sont écoutés aujourd'hui ne le sont que parce que la crise est réelle. Tout ce qui relève de l'anticipation liée au dérèglement climatique, aux atteintes à la biodiversité, à toutes les études qui mettent en avant l'impact dévastateur de l'exploitation humaine, tout cela n'est toujours pas pris en considération. Pourquoi ? Parce que la crise en'est pas encore suffisamment visible. Parce qu'elle n'impacte pas l'économie, qu'elle ne menace pas la paix sociale. Alors, les gouvernants font des colloques ,des conférences, ils discutent et rentrent chez eux parce que finlament, l'économie tourne encore meme si les températures montent inexorablement. Tout ce que les scientifiques expliquent depuis plus de trente ans ne relève pas d'un virus. C'est une projection dont on ne parvient pas à estimer clairement l'échéance ultime. Sauf qu'à vouloir attendre l'échéance, on s'enlève la possibilité de régler le problème. Il n'y aura pas de vaccin au réchauffement climatique. Une fois la machine emballée, personne ne pourra l'arrêter. 

    Quand j'ai commencé à parler de "survivalisme" sur ce blog et de tout ce que ça implique comme changement d'attitude, le compteur journalier des visites a dégringolé de 50 % en quelques mois.

    Depuis le début de l'année et encore plus depuis le début de cette crise sanitaire, le compteur s'affolle à la hausse.

    De la même façon, je lis sur le net de plus en plus de gens qui en parlent. Non pas dans des termes apocalyptiques, avec entassement d'armes au fond d'un blockaus mais dans une dynamique spirituelle de décroissance et d'anticipation.  Avec l'arrivée du covid19 aux USA, les ventes d'armes ont explosé. Ici, ce sont les ventes de papier toilette, de sac de riz, de pâtes... Tout cela relève juste de la peur et de l'absence de réflexion.

    De notre côté, nous vivons confinés, depuis bien longtemps. Par choix. La consommation est réduite au minimum. Nos journées ne changent pas aujourd'hui de ce qu'elles étaient il y a une semaine, en dehors du fait que nous ne pouvons plus monter sur les sommets...

     

    « Quand un virus émerge, on demande aux chercheurs de trouver une solution pour le lendemain, ensuite on oublie »

     

    PAR BRUNO CANARD/UNIVERSITÉ OUVERTE 20 MARS 2020

    • Poster

    •  

    Bruno Canard, directeur de recherche au CNRS, travaille depuis vingt ans sur les coronavirus. Avec très peu de moyens. Il est en colère contre les pouvoirs publics qui se sont désengagés de ces grands projets de recherche, et dont on semble (re)découvrir aujourd’hui le caractère vital pour nos sociétés alors qu’Emmanuel Macron annonce « augmenter de 5 milliards d’euros notre effort de recherche ».

    « Je suis Bruno Canard, directeur de recherche CNRS à Aix-Marseille. Mon équipe travaille sur les virus à ARN (acide ribonucléique), dont font partie les coronavirus.

    En 2002, notre jeune équipe travaillait sur la dengue, ce qui m’a valu d’être invité à une conférence internationale où il a été question des coronavirus, une grande famille de virus que je ne connaissais pas. C’est à ce moment-là, en 2003, qu’a émergé l’épidémie de SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère) et que l’Union européenne a lancé des grands programmes de recherche pour essayer de ne pas être pris au dépourvu en cas d’émergence. La démarche est très simple : comment anticiper le comportement d’un virus que l’on ne connaît pas ? Eh bien, simplement en étudiant l’ensemble des virus connus pour disposer de connaissances transposables aux nouveaux virus, notamment sur leur mode de réplication.

    Cette recherche est incertaine, les résultats non planifiables, et elle prend beaucoup de temps, d’énergie, de patience. C’est une recherche fondamentale patiemment validée, sur des programmes de long terme, qui peuvent éventuellement avoir des débouchés thérapeutiques. Elle est aussi indépendante : c’est le meilleur vaccin contre un « scandale Mediator-bis ».

    L’Europe s’est désengagée de ces grands projets d’anticipation au nom de la satisfaction du contribuable

    Dans mon équipe, nous avons participé à des réseaux collaboratifs européens, ce qui nous a conduits à trouver des résultats dès 2004. Mais, en recherche virale, en Europe comme en France, la tendance est plutôt à mettre le paquet en cas d’épidémie et, ensuite, on oublie. Dès 2006, l’intérêt des politiques pour le SARS-CoV avait disparu ; on ignorait s’il allait revenir. L’Europe s’est désengagée de ces grands projets d’anticipation au nom de la satisfaction du contribuable. Désormais, quand un virus émerge, on demande aux chercheur·ses de se mobiliser en urgence et de trouver une solution pour le lendemain. Avec des collègues belges et hollandais·es, nous avions envoyé il y a cinq ans deux lettres d’intention à la Commission européenne pour dire qu’il fallait anticiper. Entre ces deux courriers, Zika est apparu…

    La science ne marche pas dans l’urgence et la réponse immédiate

    Avec mon équipe, nous avons continué à travailler sur les coronavirus, mais avec des financements maigres et dans des conditions de travail que l’on a vu peu à peu se dégrader. Quand il m’arrivait de me plaindre, on m’a souvent rétorqué : « Oui, mais vous, les chercheur·ses, ce que vous faites est utile pour la société… Et vous êtes passionnés ».

    Et j’ai pensé à tous les dossiers que j’ai évalués.

    J’ai pensé à tous les papiers que j’ai revus pour publication.

    J’ai pensé au rapport annuel, au rapport à 2 ans, et au rapport à 4 ans.

    Je me suis demandé si quelqu’un lisait mes rapports, et si cette même personne lisait aussi mes publications.

    J’ai pensé aux deux congés maternité et aux deux congés maladie non remplacés dans notre équipe de 22 personnes.

    J’ai pensé aux pots de départs, pour retraite ou promotion ailleurs, et aux postes perdus qui n’avaient pas été remplacés.

    J’ai pensé aux 11 ans de CDD de Sophia, ingénieure de recherche, qui ne pouvait pas louer un appart sans CDI, ni faire un emprunt à la banque.

    J’ai pensé au courage de Pedro, qui a démissionné de son poste CR1 au CNRS pour aller faire de l’agriculture bio.

    J’ai pensé aux dizaines de milliers d’euros que j’ai avancé de ma poche pour m’inscrire à des congrès internationaux très coûteux.

    Je me suis souvenu d’avoir mangé une pomme et un sandwich en dehors du congrès pendant que nos collègues de l’industrie pharmaceutique allaient au banquet.

    J’ai pensé au Crédit Impôt Recherche, passé de 1.5 milliards à 6 milliards annuels (soit deux fois le budget du CNRS) sous la présidence Sarkozy.

    J’ai pensé au Président Hollande, puis au Président Macron qui ont continué sciemment ce hold-up qui fait que je passe mon temps à écrire des projets ANR.

    J’ai pensé à tou·tes mes collègues à qui l’ont fait gérer la pénurie issue du hold-up.

    J’ai pensé à tous les projets ANR que j’ai écrits, et qui n’ont pas été sélectionnés.

    J’ai pensé à ce projet ANR Franco-Allemande, qui n’a eu aucune critique négative, mais dont l’évaluation a tellement duré qu’on m’a dit de la re-déposer telle quelle un an après, et qu’on m’a finalement refusé faute de crédits.

    J’ai pensé à l’appel Flash de l’ANR sur le coronavirus, qui vient juste d’être publié.

    J’ai pensé que je pourrais arrêter d’écrire des projets ANR.

    Mais j’ai pensé ensuite aux précaires qui travaillent sur ces projets dans notre équipe.

    J’ai pensé que dans tout ça, je n’avais plus le temps de faire de la recherche comme je le souhaitais, ce pour quoi j’avais signé.

    J’ai pensé que nous avions momentanément perdu la partie.

    Je me suis demandé si tout cela était vraiment utile pour la société, et si j’étais toujours passionné par ce métier ?

    Je me suis souvent demandé si j’allais changer pour un boulot inintéressant, nuisible pour la société et pour lequel on me paierait cher ?

    Non, en fait.

    J’espère par ma voix avoir fait entendre la colère légitime très présente dans le milieu universitaire et de la recherche publique en général. »

    Bruno Canard, directeur de recherche CNRS à Aix-Marseille

    Cette tribune a été initialement publiée sur le site Université ouverte, le 4 mars 2020. Université ouverte est un site qui regroupe « des outils pour la mobilisation de l’enseignement et de la recherche, sur la précarité des étudiante·s comme des travailleur·ses, sur la Loi de Programmation Pluriannuelle de la Recherche et sur les retraites ».

  • Coronavirus : masques de protection

    • Par Thierry LEDRU
    • Le 19/03/2020

    Voilà la confirmation de ce que j'écrivais précédemment...Si rien ne change après cette crise, vraiment, ça sera à désespérer des "élites"...

     

    Depuis plusieurs années, la France s'en est remise aux capacités industrielles de la Chine, aux dépens de la production nationale. L'Asie, fort logiquement, n'a pas pu maintenir ses exportations dans une période de crise continentale, d'où la situation de pénurie actuelle. Olivier Véran a d'ailleurs souligné que "les crises sanitaires pouvaient parfois entraîner des crises industrielles", en référence aux fabricants chinois défaillants.

    Ce retard à l'allumage français a donc plusieurs explications, résume Jean-Paul Ortiz, président de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF). Ce dernier estime notamment que "les difficultés d'approvisionnement n'ont pas été suffisamment anticipées" et que "cette histoire de coronavirus va remettre en question certains aspects de la mondialisation" en ce qui concerne la capacité française à produire du matériel sanitaire en période de crise."

    Les hôpitaux sont sous tension et réclament davantage de matériel pour protéger le personnel soignant. Les approvisionnements en masques sont serrés et l'Etat a dû relancer à la hâte la fabrication de ces précieuses protections.

    Un patient sous assistance respiratoire est transféré à l\'hôpital de Strasbourg (Bas-Rhin), le 16 mars 2020.
    Un patient sous assistance respiratoire est transféré à l'hôpital de Strasbourg (Bas-Rhin), le 16 mars 2020. (PATRICK HERTZOG / AFP)
    avatar

    Fabien MagnenouFrance Télévisions

    Mis à jour le 19/03/2020 | 18:07
    publié le 19/03/2020 | 17:37

    PartagerTwitterEnvoyer

    LA NEWSLETTER ACTUNous la préparons pour vous chaque matin

    France Télévisions utilise votre adresse email afin de vous adresser des newsletters. Pour exercer vos droits, contactez-nous. Pour en savoir plus, cliquez ici.

    imageil y a 5 minutes

    DIRECT. Coronavirus : le bilan en Italie atteint 3 405 morts et dépasse désormais celui de la Chine

    "Nous avons assez de masques aujourd'hui pour permettre aux soignants d'être armés face à la maladie et de soigner les malades, a assuré le ministre de la Santé, Olivier Véran, mardi 17 mars sur France Inter. Mais en fonction de la durée de l'épidémie, nous ne savons pas si nous en aurons suffisamment à terme." La question du matériel sanitaire est cruciale pour combattre l'épidémie de Covid-19. Face à la trop faible quantité de stocks disponibles, l'inquiétude est palpable dans les couloirs des hôpitaux, d'autant que les vols et les disparitions compliquent encore la donne (12 500 masques au CHU de Montpellier...).

    >> Retrouvez les dernières informations sur l'épidémie de coronavirus dans notre direct

    "Je sais qu'il y a des problèmes de masques qui me remontent, et qui sont ubuesques", a notamment déclaré sur franceinfo Eric Caumes, chef du service des maladies infectieuses de la Pitié-Salpêtrière à Paris. Il faut distinguer les masques chirurgicaux, destinés aux malades pour protéger leur entourage, et les masques respiratoires dits "FFP2", qui protègent le porteur contre l'inhalation d'agents infectieux. Dans un courrier adressé à une élue, que franceinfo a pu consulter, un médecin hospitalier de Grenoble (Isère) livre par exemple cet édifiant constat.

    Les stocks sont très faibles. Aussi, en prévision, les équipes d'hygiène nous demandent de ne pas jeter les masques en fin de journée qui sont récupérés pour pouvoir être réutilisés après stérilisation, si la situation tourne à la catastrophe.un médecin de Grenoble à une élue

    L'épidémie est certes inédite, mais comment la France en est-elle arrivée à cette situation de pénurie ?

    En mai 2009, lors de l'épidémie de grippe A (H1N1), les stocks de masques FFP2 relevant du ministère de la Santé étaient évalués à 580 millions d'unités (dont 229 millions étaient périmés) : 463 millions pour le stock stratégique et 117 millions pour le stock des établissements de santé. Le Sénat, il est vrai, faisait alors mention de "difficultés" dans le suivi du "stock national santé", éparpillé dans 72 sites en France. Au mois de juin de la même année, 400 millions de masques FFP2 supplémentaires avaient été commandés, précisait alors un rapport (document en pdf) du sénateur centriste Jean-Jacques Jégou.

    Un masque de type FFP2 photographié à l\'Institut Robert Koch de Nuremberg (Allemagne), le 28 février 2020. Ce matériel \"coque\" ou en \"bec de canard\" est utilisé par les professionnels de santé pour les protéger contre l’inhalation d’agents infectieux.
    Un masque de type FFP2 photographié à l'Institut Robert Koch de Nuremberg (Allemagne), le 28 février 2020. Ce matériel "coque" ou en "bec de canard" est utilisé par les professionnels de santé pour les protéger contre l’inhalation d’agents infectieux. (DANIEL KARMANN / DPA / AFP)

    Deux ans plus tard, en 2011, "une grande concertation a été organisée" pour déterminer le matériel dont la France avait besoin en cas "de nouveaux épisodes viraux", expliquait Olivier Véran, le 3 mars dernier. Le ministre de la Santé affirmait que ces réflexions n'avaient alors pas débouché sur la mise en place d'une réserve de masques FFP2. En résumé, si le ministre explique qu'"il n'y a pas de stock d'Etat" pour les FFP2, la France dispose tout de même, début mars, d'une réserve de 145 millions de masques chirurgicaux (anti-projections) – le ministre évoque désormais 100 millions d'unités.

    Assemblée nationale✔@AssembleeNat

    "Prévoir et se préparer, c'est indispensable et nécessaire": @doorjean (LR) se félicite du plan de prévention, mis en œuvre depuis 2004 et demande au Gvt quel est l'état de tous les masques FFP2 et des respirateurs commandés en 2006 #DirectAN #QAG

    Vidéo intégrée

    22

    16:26 - 3 mars 2020

    Informations sur les Publicités Twitter et confidentialité

    36 personnes parlent à ce sujet

    Mais "que sont devenues les commandes des masques FFP2 et chirurgicaux [passées en 2009] ?", s'interroge le député LR Jean-Pierre Door, contacté par franceinfo. "Ces dernières années, il n'y a pas eu d'épisodes nécessitant leur utilisation et j'aimerais donc savoir ce que sont devenus les achats." Nous avons transmis la question à Jérôme Salomon, directeur général de la Santé. Mardi, lors de son point de situation quotidien, ce dernier a expliqué qu'il existait des stocks stratégiques "de masques chirurgicaux", sans toutefois mentionner des réserves nationales de FFP2.

    Beaucoup d'entreprises et d'institutions ont des masques de cette époque, qui sont parfois de type FFP2. Ces entreprises peuvent les mettre à disposition et certaines l'ont fait.Jérôme Salomon, directeur général de la Santé

    Contactée à ce sujet, Santé publique France n'a pas encore répondu à nos questions sur les ressources disponibles en masques FFP2. La direction générale de la Santé n'a pas apporté d'explication plus détaillée après notre requête.

    Un stock de 600 millions de masques FFP2 en 2011

    Ce problème mérite un coup d'œil dans le rétroviseur. Le 1er juillet 2011, le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) émettait un avis (document en pdf) sur la stratégie à adopter concernant les stocks de masques respiratoires. L'idée était la suivante : il convenait d'équiper en FFP2 les professionnels de santé tandis que les masques chirurgicaux étaient recommandés pour les professions de la vie générale (éboueurs, boulangers…).

    Après les commandes post-grippe A (H1N1), les stocks étaient alors au plus haut et le ministre de la Santé de l'époque, Xavier Bertrand, n'a pas eu besoin de passer de nouvelles commandes. La France disposait en effet de 600 millions de masques FFP2, en phase avec "la valeur cible fixée", selon cet extrait d'une note confidentielle de la direction générale de la santé datée du 27 juillet 2011, que franceinfo a pu récupérer.

    Extrait d\'une note confidentielle de la Direction générale de la santé du 27 juillet 2011.
    Extrait d'une note confidentielle de la Direction générale de la santé du 27 juillet 2011. (FRANCEINFO)

    Les réserves sont donc immenses mais, problème, ces masques équipés d'une membrane filtrante et d'élastiques ont une durée de vie évaluée à quatre ou cinq ans. Un nouveau fonctionnement a donc été mis en place pour la suite : la question des stocks de masques est gérée chaque année par le ministre de la Santé lors de l'examen du projet de loi santé. Il convient d'en assurer la continuité, pour éviter l'obsolescence du parc.

    Le tournant a lieu en 2013, avec la "nouvelle doctrine" du secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN), qui considère notamment que "le recours systématique aux masques de protection respiratoire de type FFP2 a montré ses limites en termes d'efficacité car la gêne voire la difficulté respiratoire liées à leur port, conduisent à un faible taux d'utilisation", peut-on lire dans ce document. Ce changement de modèle est évoqué deux ans plus tard dans un rapport sénatorial : "Le stock national géré par l'Etablissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires [Eprus] concerne désormais uniquement les masques de protection chirurgicaux à l'attention des personnes malades et de leurs contacts." Ce stock est géré depuis 2016 par Santé publique France et correspond aux 100 millions d'unités récemment évoquées par Olivier Véran.

    Produire et/ou acheter en urgence

    Par ailleurs, "la constitution de stocks de masques de protection des personnels de santé [notamment FFP2] sont désormais à la charge des employeurs". La nouvelle doctrine suppose donc de ne pas "renouveler certains stocks arrivant à péremption", car la responsabilité est désormais transférée "vers d'autres acteurs", à savoir les établissements de santé et médico-sociaux pour leurs personnels. Dans une logique d'harmonisation, ceux-ci font toutefois des points réguliers avec la direction générale de la santé (DGS).

    Cette mission relevant désormais des établissements, les réserves d'Etat en FFP2 ont donc fondu année après année. Mais au-delà des stocks, qui ont une durée de vie limitée, ce sont surtout les capacités de production qui priment, explique à franceinfo un bon connaisseur du dossier. La France a désormais besoin de 50 millions de masques chaque semaine, contre quatre à cinq en temps normal. Dans ce contexte, un stock de 600 millions de masques ne représente donc qu'une avance d'une dizaine de jours. Le plus important est d'être en mesure de produire ou d'acheter vite. Et beaucoup.

    Aurait-il alors fallu passer des commandes massives il y a plusieurs semaines, dès le début de l'épidémie ? Autre problème ! Depuis plusieurs années, la France s'en est remise aux capacités industrielles de la Chine, aux dépens de la production nationale. L'Asie, fort logiquement, n'a pas pu maintenir ses exportations dans une période de crise continentale, d'où la situation de pénurie actuelle. Olivier Véran a d'ailleurs souligné que "les crises sanitaires pouvaient parfois entraîner des crises industrielles", en référence aux fabricants chinois défaillants.

    Ce retard à l'allumage français a donc plusieurs explications, résume Jean-Paul Ortiz, président de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF). Ce dernier estime notamment que "les difficultés d'approvisionnement n'ont pas été suffisamment anticipées" et que "cette histoire de coronavirus va remettre en question certains aspects de la mondialisation" en ce qui concerne la capacité française à produire du matériel sanitaire en période de crise.

    Quand vous avez des patients intubés, vous ne pouvez pas leur mettre un masque pendant les soins. Si les médecins ne peuvent s'en protéger avec des masques FFP2, c'est une catastrophe..Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF à franceinfoà franceinfo

    Face à ces difficultés, la France a finalement passé "les commandes publiques les plus massives qui soient" auprès de "quatre grandes entreprises sur le territoire national" capables de confectionner les masques. Il leur a été demandé "de fonctionner jour et nuit, H-24 et sept jours sur sept", a expliqué le ministre de la Santé. Contacté, le groupe Kolmi-Hopen est littéralement débordé et n'a pas pu nous répondre. "Nous avons une demande pour 350 millions de masques de la part des distributeurs européens, expliquait déjà fin janvier son PDG, Gérald Heuliez, à Ouest-France. Inutile de vous dire qu'on ne peut la satisfaire."

    L\'entreprise Kolmi-Hopen consacre désormais l\'intégralité de son activité à la production de masques.
    L'entreprise Kolmi-Hopen consacre désormais l'intégralité de son activité à la production de masques. (KOLMI-HOPEN)

    Pour rattraper le retard, le Premier ministre, Edouard Philippe, a également réquisitionné début mars par décret "l'ensemble des stocks et productions de masques sur le territoire national". Cela concerne à la fois les fameux masques FFP2 et les masques anti-projections, détenus par les personnes privées, morales et par les "entreprises qui en assurent la fabrication ou la distribution". Au début du mois, deux opérations nationales de déstockage ont permis de fournir 25 millions de masques aux personnels de santé.

    La plupart des grands CHU, notamment dans les zones où l'épidémie est la plus intense, ont été livrés aujourd'hui [mardi]. Le reste se fera au plus tard [mercredi] matin.Jérôme Salomon, directeur général de la santémardi 17 mars

    Pour surmonter ce manque, la débrouille est donc de mise. En Nouvelle-Aquitaine, deux millions de masques périmés issus de stocks de "plusieurs administrations et collectivités" vont être distribués aux médecins libéraux et aux établissements de santé. "L'inquiétude des professionnels de santé est légitime", a reconnu Michel Laforcade, directeur général de l'Agence régionale de santé (ARS). Si le délai de péremption est dépassé, ces masques présentent tout de même "les mêmes garanties" que les autres, a-t-il ajouté, précisant que "la seule fragilité" pouvait se trouver au niveau des élastiques. Le ministère des Armées a également déstocké cette semaine cinq millions de masques chirurgicaux au bénéfice du ministère de la Santé.

    Florence Parly✔@florence_parly

    Le ministère des Armées livre 5 millions de masques chirurgicaux au @MinSoliSante.

    Chaque effort compte.

    Voir l'image sur TwitterVoir l'image sur TwitterVoir l'image sur TwitterVoir l'image sur Twitter

    2 273

    22:01 - 18 mars 2020

    Informations sur les Publicités Twitter et confidentialité

    1 070 personnes parlent à ce sujet

    Au niveau local, certaines mairies fouillent également dans les armoires : la mairie de Montargis (Loiret), par exemple, va fournir 5 000 masques à l'hôpital local. Jérôme Salomon a également encouragé "les entreprises privées qui en ont encore à les offrir aux hôpitaux" afin d'aider "les professionnels de santé en première ligne". Il a ajouté que les masques étaient des "denrées rares" et "un bien précieux". Personne ne le contredira parmi les professionnels de santé.

  • Coronavirus : USA

    • Par Thierry LEDRU
    • Le 19/03/2020

    Quinze jours de confinement...Inévitablement insuffisant.

    Les informations tombent les unes après les autres.

    Il va falloir apprendre à vivre différemment... Et les conséquences économiques ne sont même pas prévisibles à ce jour. 

    Des milliards qui apparaissent aux quatre coins du monde, lancés comme des confettis par toutes les banques centrales. Ils savent où on va et ça n'est pas réjouissant. Mais cet argent n'aura d'utilité qu'à partir du moment où le virus sera circonscrit... Quand ? Beaucoup parlent d'un an désormais. Maintenant, si ces mannes financières ne sont destinées qu'à relancer la machine sans rien y changer, on aura manqué une opportuiné majeure de revoir l'intégralité du système...Jusqu'à la prochaine fois. 

    https://news.yahoo.com/u-virus-plan-anticipates-18-190626012.html?.tsrc=daily_mail&uh_test=2_15

    U.S. Virus Plan prévoit une pandémie de 18 mois et des pénuries généralisées
    Un plan du gouvernement fédéral visant à combattre le coronavirus a averti les décideurs la semaine dernière qu’une pandémie « durera 18 mois ou plus » et pourrait inclure des « vagues multiples », ce qui entraînerait des pénuries généralisées qui nuiraient aux consommateurs et au système de santé du pays.

    Le plan de 100 pages, daté de vendredi, le jour même où le président Donald Trump a déclaré une urgence nationale, décrit un sombre pronostic pour la propagation du virus et décrit une réponse qui activerait les agences à travers le gouvernement et pourrait employer des pouvoirs présidentiels spéciaux pour mobiliser le secteur privé Parmi les « décisions fédérales clés supplémentaires » énumérées parmi les options pour Trump était d’invoquer la Loi de 1950 sur la production de défense, une loi de l’époque de la guerre de Corée qui autorise un président à prendre des mesures extraordinaires pour forcer l’industrie américaine à accroître la production d’équipement et de fournitures essentiels comme des ventilateurs, des respirateurs et des équipements de protection pour les travailleurs de la santé.

    « Des pénuries de produits peuvent se produire, ce qui a une incidence sur les soins de santé, les services d’urgence et d’autres éléments de l’infrastructure essentielle », a averti le plan. « Cela comprend des pénuries potentiellement critiques de diagnostics, de fournitures médicales (y compris l’ÉPI et les produits pharmaceutiques) et de personnel à certains endroits. » L’EPI fait référence à l’équipement de protection individuelle.

    Le plan se poursuit : « Les gouvernements des États et les administrations locales, ainsi que les infrastructures et les communications essentiellesLe plan, qui était non classifié mais portant la mention « À l’usage officiel seulement // Non pour distribution ou diffusion publique », a été communiqué au New York Times alors que Trump intensifiait ses efforts pour freiner la propagation du virus. Après des semaines à minimiser la gravité de la pandémie, affirmant qu’elle disparaîtrait miraculeusement, Trump a commencé à adopter un ton plus sobre lors d’une conférence de presse vendredi annonçant l’urgence nationale." 

  • Coronavirus : Détresse respiratoire sévère

    • Par Thierry LEDRU
    • Le 19/03/2020

    Pour réaliser ce ce que ça signifie. 

    Ce qui m'interroge encore plus sur la gestion de cette crise et les avis divergents dans le milieu scientifique. L'impression de plus en plus incompréhensible que nous n'avons pas été clairement informés. Et que les gouvernements n'ont pas voulu porter atteinte à l'économie de façon radicale. Sauf que maintenant, le mal est encore plus sévère.

     

    Hugo Clément

    7 h · 

    Témoignage de Caroline Aliane, victime d'une détresse respiratoire sévère en 2010, alors qu'elle était âgée de 39 ans et enceinte. Elle souhaite témoigner pour vous alerter sur ce que traversent aujourd'hui les personnes touchées par une forme grave de coronavirus.
    La lecture est éprouvante, mais indispensable. Merci Caroline pour ce texte coup de poing.

    TEMOIGNAGE :

    "Ben on ne va quand même pas rester enfermés ?", voilà ce que j'ai entendu.
    Balades en famille à pied, à vélo. Ben quoi faut pas déconner après 6 mois de flotte, il fait enfin beau...
    Même pas peur !
    Dans le Bas-Rhin, les médecins des hôpitaux alertent déjà : ils ont déjà été confrontés au choix des personnes à mettre sous respirateur, donc à celles qu'on laisse mourir.
    Sympa de devoir dire à une famille "Désolés, on a préféré choisir la femme qui n'a qu'un gosse que celle qui en a 3", ou "On comprend bien madame mais votre mari a 10 ans de trop par rapport au monsieur d'à côté."
    PLUS ASSEZ DE RESPIRATEURS ARTIFICIELS.
    Ils sont obligés de transférer des malades via des hélicoptères de l'armée.
    Toujours pas peur ?

    Alors c'est quoi une détresse respiratoire sévère ?
    Ce sont tes poumons qui se détériorent à une vitesse grand V. Tu sais, un peu comme une plante qui se fane filmée en accéléré.
    D'abord tu respires mal, puis de plus en plus mal. Et t'as mal, tu ne peux plus bouger le haut de ton corps. Non non, parce que toute ta poitrine te fait mal, tu n'arrives plus à te tourner dans ton lit. Et quand tu tousses, la vache, t'as l'impression que tes poumons vont se décoller. Alors tu vas à l'hosto quand c'est plus "gérable".
    Tu as une radio par jour, pour suivre l'état de tes poumons. Tu as besoin de 2 personnes pour te soulever, te retourner, te surélever du lit, parce que tu as tellement mal, que tu ne peux plus bouger, ni même prendre appui. Tu craches du pus, des trucs verts quoi, puis du sang, et là, c'est pas bon du tout. Les médecins essayent de te mettre une VNI respiratoire (Ventilation non invasive). C'est tout simple, c'est un masque qui respire à ta place, et toi t'es réveillé. On arrive à te le mettre le 2e jour, parce que le 1er, tu t'es tellement affolé à l'idée d'oublier ta respiration pour laisser la machine le faire à ta place que les médecins ont laissé tomber (surtout une belle désaturation). Non mais t'as vraiment cru que ce serait easy ?
    Au passage tu ne communiques plus qu'avec une ardoise Veleda parce que tu ne peux plus parler, puis tu peux de moins en moins écrire, et de manière de plus en plus illisible, parce que tu n'as même plus la.force de tenir un stylo, plus de préhension, de muscles. Promis si j'ai une photo je la rajouterai. Le reste désolée, j'ai pas d'images quel dommage.
    Pis ça marche pas, ça va pas mieux du tout, et même ça empire. DETRESSE RESPIRATOIRE SÉVÈRE.
    Toujours pas peur ?
    Alors, y'a un gentil monsieur avec sa blouse qui te dit qu'il va falloir t'endormir. Il emploie des mots gentils pour pas que tu aies peur, mais tu comprends que tu vas être mis dans un coma artificiel, vue la douleur ressentie, ce putain d'air qui ne passe plus, ces tentatives de soins sans effet, tous ces médecins qui te regardent d'un air grâve. À ce moment là, tu penses que tu vas tout simplement mourir.
    Et toi, tu dors, tu "comates"... pendant ce temps-là, ta famille te voit bleu, te voit marron, gris même, entendent qu'il vaut mieux rester près de toi parce que demain, ben on ne sait pas, et que c'est bien que tu aies arrêté de fumer sinon tu serais déjà mort, et que si tu t'en sors, tu auras peut-être besoin d'une trachéotomie à vie.
    Pis dis donc, miracle, ça va mieux. Comme plein de malades du COVID-19.
    T'as moins peur là hein ?
    Ben ouais, sauf que tu te réveilles de ton coma, et ça dure 3 jours ! 3 jours où tu es dans le pâté total, attaché parce que tu essayes d'arracher tes tuyaux (parce que tu ne captes plus rien). Et tu baves, et tu baves encore, pendant des heures sur ton oreiller, sur toi, devant tes proches que tu entends seulement.
    Puis on vient te dire qu'on va te désintuber. Putain ils sont combien autour de moi ? 4 ? 5 ? Pour ça ?
    Ah ben oui... je comprends, deux qui te tiennent, un qui te désintube, les autres trou de mémoire, ils te pardonneront. Mais alors ça fait mal ce gros tube qui ressort, et qu'est ce que tu dégueules, un véritable jet ! De quoi tu sais pas, mais un jet énorme.
    Après ça, surpriiiiise, tu ne peux plus parler, t'as une corde vocale HS.
    Après quelques jours, on essaye de te réalimenter à base de mixé. T'as déjà goûté un veau aux olives mixé toi ? Bah.. prends une boite pour chat, c'est pareil.
    Mais bon, tes poumons vont mieux et iront mieux maintenant, même si les médecins pensent qu'il y aura des séquelles. Séquelles, à ton âge ? Ben merde, t'es jeune !
    Puis on te réapprend à t'asseoir d'abord, à te tenir debout sans tomber dans les pommes, et à marcher le cul à l'air dans les couloirs, avec juste une blouse transparente ouverte dans le dos, pas même nouée (pas question de pyjama en réanimation, ni de prendre le temps, à l'essentiel), tu n'es vraiment plus à une humiliation près. Et comme tous les soignants sont contents de te voir debout, ben ils te regardent tous dans le couloir, avec ton cul à l'air (bon en fait à poil). Mais rassure toi, t'as pas la force de râler, ni l'envie, parce que tu n'es plus qu'une mécanique qui tente de mettre un pied devant l'autre, et tu es tellement reconnaissant...
    Non, tu n'es plus à une humiliation près... parce qu'avant celle-là (j'ai oublié le plus drôle), tu as appris à demander le "bassin". On te met une sonde urinaire mais je t'assures que tu n'arriveras pas à te retenir de chier pendant 3 semaines. Tu essayes, mais un jour tu le réclames ce "bassin", en demandant pardon... ce putain de bassin. Quant à la sonde, faut qu'elle soit bien mise, sinon tu te pisses dessus, parce que tu ne te sens même plus pisser. Alors donc non, tu n'es plus à une humiliation près.
    Puis tu réalises ce qu'est ton corps : un truc informe qui pèse 40 kg (pour 1m71) sans plus aucun muscle, à cause du curare qu'on t'a filé, avec des poils de 3 cm de long, partout. Et là tu pleures, si si... parce que trop c'est trop.
    Ensuite vient la rééducation pulmonaire, la rééducation orthophonique, et un jour tu rentres chez toi (au bout de 51 jours).
    Rassuré ? Moins peur maintenant ?
    Bon, tu oublieras que ton cerveau marchera mieux que ton corps, alors parfois quand tu presseras le pas, tu te casseras la gueule la tête la première devant chez toi, comme une grosse merde, parce que l'oxygène, ben il ne circule plus assez vite dans ton corps.
    Alors tu continues tes rééducations, puis tu mettras un an à te remettre de tout ça, physiquement, parce que moralement c'est autre chose. Tu auras peur chaque soir, enfin peur, t'auras des angoisses, des vraies, celles qui font que tu as peur de ne pas te réveiller si jamais tu t'endors. Ça passe, plus ou moins selon les sujets.
    Les "autres" traumatismes ? Ça dépendra de toi. Il y en a qui choisissent de VIVRE, de comprendre ce qu'est LA VIE, et de tout relativiser.
    C'est "juste" ça, une détresse respiratoire sévère. Juste ça. Tu veux tenter ? Allez ?
    Alors putain de bordel de merde, quand tu vois ces chiffres galopant de l'Italie dont nous prenons le chemin (si si rappelle toi les leurs il y a quelques jours, relis le début), arrête de sortir dehors si ce n'est pas une sortie NÉCESSAIRE. Ne me dis pas "Ben je ne vais quand même pas rester enfermée ?".
    Si si, tu vas rester enfermée, et ne prendre aucun risque pour foutre la paix aux hôpitaux, parce que 15 jours, ou même un mois dans ta putain de petite vie à regarder le temps qui passe, c'est très certainement moins contraignant que de te retrouver sur un.lit d'hôpital, ou à la morgue, si tu n'as pas la chance de profiter de ce formidable respirateur artificiel.
    Quant aux autres, tes voisins, tes copains, ta famille, ils s'en porteront mieux aussi, parce que risquer de se choper cette saloperie de COVID-19 à cause d'un con qui ne se sent pas concerné, c'est vraiment pas terrible. Faudrait voir à penser collectif, parce qu'à force de se balader, on va nous confiner tout court (faudra pas pleurer), et ça va durer encore plus longtemps.
    Maintenant si t'as toujours pas compris, la posologie c'est relire 3 fois avant chaque coucher."

     

    Cette vidéo explique également que seul le port de masque par l'ensemble de la population restait l'option optimale. Sauf qu'il n'y a pas assez d'entreprises fabriquant ces fameux masques. Il n'y a qu'à voir la pénurie dans le milieu médical lui-même...Conclusion : développer dans le pays lui-même, et non à l'autre bout de la planète, les entreprises chargées de la fabrication des "barrières virales", masques et gants. 

  • Préc.
  • 185
  • 186
  • 187
  • Suiv.
Derniers billets
  • Contre la montre
  • Mutation des pouvoirs
  • "Au fait, c’est quoi la biodiversité"?
  • Fleur Breteau : "cancer colère"
  • Canicule et agriculture
  • Runaway train
  • Carte IGN au 25/000 ème
  • TOUS, SAUF ELLE : coma.
  • A travers le tunnel
  • Sit around the fire
  • Blatten
  • Une lassitude mentale
  • Continuer, malgré tout.
  • Discopathie dégénérative
  • Inviter les oiseaux
Pages
  • COMMENTAIRES DES ROMANS
  • JUSQU'AU BOUT (roman)
  • JARWAL, le gardien du livre
  • A CŒUR OUVERT (roman)
  • TERRE SANS HOMMES (roman)
  • THÈMES
  • LES HÉROS SONT TOUS MORTS (rom
  • LÀ-HAUT (roman)
  • GOUTTE D'EAU (Nouvelle)
  • APPRENDS À ECOUTER. (Nouvelle)
  • LE DÉSERT DES BARBARES (roman)
  • TOUS, SAUF ELLE. (roman)
  • CAHIER DE NUIT (école)
  • DÉLIVRANCE (récit)
  • LES ÉGARÉS (roman)
  • VERTIGES (roman)
  • KUNDALINI. (roman)
  • SEXUALITÉ SACRÉE
  • NOIRCEUR DES CIMES (roman)
  • SUR L'ÉCOLE
  • L'ENFANT INTERIEUR ( nouvelle)
Statistiques

Aujourd'hui

307 visiteurs - 622 pages vues

Total

1306964 visiteurs - 3679842 pages vues

Contenu

Nombre de pages : 22

ANNEE 2025
ANNEE 2024
ANNEE 2023
ANNEE 2022
ANNEE 2021
ANNÉE 2020
ANNÉE 2019
ANNÉE 2018
ANNÉE 2017
ANNÉE 2016
ANNEE 2015
ANNEE 2014
ANNEE 2013
ANNEE 2012
ANNEE 2011
ANNEE 2010
ANNEE 2009
Blog - derniers billets
  • Contre la montre
  • Mutation des pouvoirs
  • "Au fait, c’est quoi la biodiversité"?
  • Fleur Breteau : "cancer colère"
  • Canicule et agriculture
  • Runaway train
  • Carte IGN au 25/000 ème
  • TOUS, SAUF ELLE : coma.
  • A travers le tunnel
  • Sit around the fire
  • Blatten
  • Une lassitude mentale
  • Continuer, malgré tout.
  • Discopathie dégénérative
  • Inviter les oiseaux
  • Les 50 ans d'un chef d'oeuvre : The Köln concert
  • "Do it" de Jerry Rubin
  • Une guerre haut perchée.
  • Il s'agira d'un épuisement
  • L'imaginaire de l'impuissance
  • Mortelle chaleur
  • Panne électrique
  • Asservir les générations futures
  • Jung : sur la souffrance
  • Explorer la conscience
  • Diversité fantôme
  • "Les danseurs aux pieds nus"
  • L'oppression du monde humain.
  • Trump et la décroissance
  • Coupes rases.
Dernières photos
  • Img 3526
  • Img 3540
  • Pa070082
  • 317091951 1259161974939952 1819921480321576554 n
  • Gtmc ete 2012 86
  • Gtmc ete 2012 5
  • 26047096 10212518345106629 1620776375030693137 n
  • Portrait Thierry
  • 10924136_10204740334900584_5114904372498433235_o