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Coronavirus : collaborateur du professeur Raoult.
- Par Thierry LEDRU
- Le 24/03/2020
L'avis d'un chercheur de l'IHU.
On sent qu'il en a gros, comme dirait Perceval et Karadoc ^^
Plus sérieusement, pour commenter ce qu'il se passe devant l'IHU, c'est juste la résultante d'un fiasco gouvernemental dans la gestion de cette crise. Il y a clairement, une fois de plus, une perte de confiance dramatique envers les dirigeants...Je pense que la sortie de crise sanitaire sera suivie d'une crise politique d'envergure...Des têtes vont tomber...
A Marseille devant l'IHU du Pr Raoult : «On attend que ça passe et au pire, on meurt ?»
Devant l'IHU de Marseille dirigé par Didier Raoult, les gens font la queue pour se faire depister du COVID 19. Photo Olivier Monge pour Libération Lundi, il y avait foule devant l’Institut hospitalo-universitaire pour se faire dépister. Ici, les tests sont pratiqués sur toutes les personnes fébriles et les patients ont l'espoir d'être traités à la chloroquine.
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A Marseille devant l'IHU du Pr Raoult : «On attend que ça passe et au pire, on meurt ?»
La file d’attente fait des courbes jusqu’à l’entrée de l’hôpital de la Timone, à Marseille. Lundi, en fin de matinée, ils étaient déjà plusieurs centaines à s’être spontanément présentés à l’Institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée Infection pour faire le test de dépistage du Sars-CoV-2. Les quelques policiers qui patrouillent n’ont pas grand-chose à faire : chacun tient sa distance de sécurité, l’attente est calme, presque silencieuse, avec le téléphone portable pour seule compagnie. Sylvie, 61 ans, et Mike, 59 ans, sont arrivés à 7 heures du matin. Trois heures plus tard, le couple est sur le point d’entrer. «Ça fait plusieurs jours que j’ai des symptômes, souffle la sexagénaire derrière son masque. Hier, j’ai vu un reportage à la télé qui m’a fait peur. Alors quand j’ai lu sur Internet que l’IHU testait tout le monde…»
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Colère
Comme beaucoup ce matin, le couple est tombé sur le communiqué publié dimanche par l’équipe du professeur Didier Raoult, directeur de l’IHU, assurant que des tests seraient pratiqués sur place «pour tous les malades fébriles». Dounia, 31 ans, ne ressent pas grand-chose, «juste un peu d’essoufflement quand je monte les escaliers», a-t-elle remarqué. Mais il y a deux jours, son mari, qui s’était présenté spontanément à l’IHU, a été testé positif au coronavirus. Depuis, il est traité à la chloroquine chez lui. «Mais moi, qui dors avec lui, on ne m’a rien dit, regrette Dounia. Alors, j’ai préféré venir. Je travaille dans un foyer de jeunes, si je suis positive, je ne veux pas transmettre le virus.»
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Emmanuel, lui, n’était pas sorti de chez lui depuis une semaine, suivant la consigne des autorités, attendant sagement que ses «signes grippaux» passent d’eux-mêmes. C’est une copine infirmière qui lui a conseillé d’aller se faire dépister. Depuis deux heures qu’il attend, ce thérapeute de 47 ans trompe le stress en feuilletant un livre sur «une technique d’éveil spirituel». Mais rien ne calme sa colère : «Je trouve ça scandaleux que l’on se retrouve dans un merdier pareil à cause de ce gouvernement, s’énerve-t-il, planquant sa bouche derrière son écharpe. Rien n’a été préparé et maintenant, on nous demande de payer la note… Alors si je suis testé positif, bien sûr que je prendrai le traitement à la chloroquine de Raoult !» Le nom du directeur de l’IHU fuse régulièrement dans les conversations. «C’est lui qui a raison, plaide un quinqua masqué. C’est quoi le plan B, on attend chez nous que ça passe et au pire, on meurt ? Autant savoir si on est porteur, pour se soigner et aussi pour éviter de contaminer les autre
Devant l’IHU de Marseille. Photo Olivier Monge. Myop pour Libération
Plébiscite
Assise sur les marches à l’entrée de l’IHU, une femme s’énerve contre les journalistes. «C’est à cause de vous qu’au début, Raoult est passé pour un fou, c’est une honte !» hurle-t-elle, provoquant les applaudissements. «Soutien au PrRaoult, au personnel soignant et aux ambulanciers» : le plébiscite s’affiche même version banderole, accrochée le matin même par des ambulanciers venus en cortège. «On a de la chance de l’avoir ici, insiste Sylvie. Vous vous rendez compte, ce qui se passe dans l’est de la France ?» L’infirmière de 43 ans fait la queue comme les autres, assise sur une chaise de camping qui traînait dans son coffre de voiture. «Je travaille ce soir à l’hôpital, mais comme j’ai 38 °C de fièvre, je veux vérifier avant d’y aller, explique-t-elle. Je pensais qu’ils feraient une file spéciale pour les soignants, mais non…»
Soignants ou pas, malades ou inquiets, tout le monde suit en effet le même parcours. Il est 11 h 30, Dounia sort à peine : «A l’accueil, on a d’abord pris les infos de base avant de me donner un masque et de prendre ma température. Après, on est répartis en deux files : ceux qui ont des symptômes et ceux qui n’en ont pas.» Les malades sont reçus par un médecin. Les autres, comme Dounia, font leur test eux-mêmes, guidés par un infirmier. «J’aurai les résultats dans 48 à 72 heures… Si c’est positif, c’est eux qui m’appellent sous 24 heures.»
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Devant la sortie, un groupe de jeunes gens débriefent après leur passage : tous travaillent dans une plateforme d’Amazon, près d’Aix-en-Provence. «Une fille a été testée positive chez nous, raconte Loïc, 35 ans. Hier, on a fait une réunion sur le parking pour avoir des réponses de la boîte, qui ne fait rien… Et puis dans la nuit, une autre femme est partie à l’hôpital. On s’est tous mis en arrêt de travail et on est venus ce matin faire le test.»
Loïc veut vite rentrer chez lui maintenant, pour attendre les résultats. «Quand j’étais dedans, je leur ai dit que j’avais acheté deux grandes casseroles. Tous les soirs, je vais me casser les bras pour les applaudir !» Il est 13 h 30. Derrière lui, en quelques heures, la file s’est encore allongée.
Devant l’IHU de Marseille. Photo Olivier Monge. Myop pour Libération
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Coronavirus : un autre point de vue
- Par Thierry LEDRU
- Le 24/03/2020
Les avis les plus importants sont à mes yeux, ceux émanant du milieu scientifique. Ils sont parfois opposés, parfois contradictoires, mais ils sont en général argumentés et normalement, dépassionnés...
En voici un autre :
ENTRETIEN AVEC UN JEUNE RETRAITÉ DE LA RECHERCHE PHARMACEUTIQUE
« Ce qui préside à la gestion de cette crise sanitaire n’obéit pas à une logique de santé, mais à des impératifs économiques, c’est-à-dire politiques. »
paru dans lundimatin#235, le 23 mars 2020
Face aux accès de conspirationnisme qui fleurissent à chaque fois qu’une population en danger se trouve réduite à l’impuissance, face à un amateurisme gouvernemental qui ne trouve que les coups de menton autoritaires pour refouler l’évidence de ses propres errements et accuse sa propre population de la « mise en danger la vie d’autrui » dont il est lui-même l’artisan, nous avons choisi de nous tourner vers un médecin ami de lundimatin qui, après une carrière de généraliste, a passé trente ans à développer plusieurs des molécules-phares de l’industrie pharmaceutique française. Jeune retraité, nous avons jugé qu’il était assez détaché des intérêts de ses anciens employeurs pour nous livrer une analyse dessillée de la situation comme des pistes thérapeutiques possibles.
- Question : Bonjour, docteur. Pour commencer nous aimerions comprendre comment se déroule le développement d’une molécule jusqu’à parvenir à un médicament. Dans quelle temporalité se situe-t-on ?
- La logique d’un protocole de recherche en pareille situation est très simple : elle est empirique. Les chercheurs extrapolent a) à partir des expériences passées sur des virus similaires quel produit antiviral pourrait avoir un effet sur le covid 19 ; en suivant cette piste, ils testent des produits antiviraux plutôt récents ; c’est ce qui amène à tester le remdesivir, qui a été testé chez l’animal contre le virus Ebola ou le Kaletra, qui est utilisé dans les trithérapies contre le VIH ; b) à partir de l’expérience passée, quel produit connu, ou non connu comme spécifiquement antiviral, pourrait être utile et c’est comme cela que la combinaison Plaquenil-Zithromax a été choisie empiriquement et testée sur quelques patients. Les essais thérapeutiques se déroulent, eux, à partir d’un rationnel théorique. Dans un contexte de recherche normal, on commence par tester le produit en biologie : les virus en culture d’abord puis sur un tissu animal infecté enfin sur des espèces animales in vivo (souris, rats, lapins, cochons, chiens, singe). Si les résultats sont positifs, on passe chez l’homme. On teste d’abord la toxicité du produit chez des volontaires sains (jusqu’à 30 volontaires) en augmentant les doses pour connaître le seuil de toxicité puis, en ayant une valeur sur la concentration tissulaire non toxique chez le volontaire sain, on teste le produit sur des tissus humains infectés par le virus. Une fois toutes ces données analysées, on passe chez le malade avec un essai non comparatif sur 20 à 30 patients avec 1 ou 2 doses de produit pour connaître la réaction du malade (les paramètres que l’on mesure peuvent être l’état de santé du malade en général ou un paramètre secondaire comme la charge virale) ; c’est l’essai préliminaire qu’a fait le professeur Raoult. Si tout est positif et cohérent, on monte un essai comparatif avec 2 ou 3 doses de produit pendant une ou deux semaines, en fonction de la durée de vie du produit dans l’organisme, avec si possible un groupe placebo. Par exemple, dans un essai en double aveugle (c’est-à-dire que ni le médecin ni le malade ne connaissent les doses testées), on va tester 1 mg deux fois par jour pendant une semaine chez 20 patients, 5 mg chez 20 autres patients, 10 mg chez 20 autres et un placebo chez 20 derniers patients. Ces essais préliminaires sont faits chez des patients plutôt solides. Ainsi, on détermine la dose optimale que l’on va tester ensuite en double aveugle contre placebo ou un produit de référence (s’il en existe) dans une population plus nombreuse (quelques centaines de patients ) et moins sélective (jeunes, vieux, hommes, femmes, etc.). On parle alors d’essais de phase III. On fait en général 2 ou 3 essais pour être sûrs des résultats. En situation normale, les essais chez l’homme durent plusieurs années. En cas d’urgence sanitaire, le processus est le même avec moins de malades dans chaque essai et une prise de risque plus grande. Pour un produit classique qui deviendra un médicament, il se passe en moyenne 10 ans entre le début de la recherche biologique et la fin des essais thérapeutiques. En urgence pour un produit nouveau, cela prendra une à deux années. Pour un produit sur le marché depuis des décennies, un à trois mois peuvent suffire. Les produits testés actuellement (en dehors du Plaquenil) sont nouveaux, en général issus des centres de recherche qui sont majoritairement anglo-saxons mais les Européens, Indiens et Chinois sont aussi actifs.
- Et concernant les vaccins ?
- Pour les vaccins, le process est identique mais plus long car le temps de production des anticorps pour chaque personne testée est variable (une à quelques semaines voire mois) et la production d’anticorps plus ou moins intense selon le patient. Même en cas d’urgence sanitaire, il faut compter un à deux ans pour mettre au point un vaccin contre une nouvelle maladie. Il faut savoir que les efforts de recherche sur les précédentes épidémies du même type sont en général menés par les milieux académiques plus que par l’industrie pharmaceutique, sauf lorsqu’une population occidentale est aussi atteinte comme pour le SIDA. C’est que les épidémies similaires touchaient plus souvent des pays « en développement », et donc des populations pauvres, peu solvables qui n’intéressent pas beaucoup l’industrie privée a priori. C’est terrible, mais c’est ainsi. Dans les vingt dernières années, on a vu s’imposer une répartition tacite des axes de recherche : au public, toujours moins financé, la recherche fondamentale ; au privé la recherche appliquée, qui aboutit à la commercialisation de médicaments. Dans le cas présent, il y a fort à parier que, des populations riches étant concernées et la clientèle étant mondiale, la course de vitesse entre firmes va accélérer tous les protocoles de recherche, car il faut savoir que c’est le premier qui arrive sur le marché qui, classiquement, définit le prix du médicament.
- Pourquoi l’essentiel des molécules mises à l’essai en France sont-elles américaines ?
- Parce que c’est là que se trouvent le plus grand nombre de centres de recherche. C’est là qu’est l’argent. À part Sanofi et Mérieux, il n’y a pas de compétiteur français de taille dans ce domaine. Dès qu’un chercheur obtient des résultats significatifs en France, il est courtisé par l’industrie américaine qui lui offre des ponts d’or et des moyens de recherche sans commune mesure.
- Que pensez-vous de la piste chloroquine / azythromycine ?
- Je ne suis pas un spécialiste de la question. Tout ce que je peux dire, c’est que l’hydroxychloroquine est un antipaludéen de synthèse de plus de 20 ans d’âge, l’azythromycine, un antibiotique de type macrolide également bien connu, capable de bien se concentrer dans les poumons avec une activité bactéricide moyenne. Les autorités ne veulent pas s’engager pour l’heure à promouvoir ce type d’association car les essais formels, bien structurés n’ont pas encore été menés comme pour un produit pharmaceutique classique et que se pose dès lors pour elles un problème de responsabilité juridique (ce qui n’empêche nullement que les médecins y aient recours sans attendre, plutôt que de regarder mourir leurs patients). Par ailleurs, l’industrie pharmaceutique qui non seulement a l’oreille de tous les ministres de la santé depuis des lustres mais détient aussi tous les moyens de développement n’est sûrement pas intéressée pour faire un plan de développement long et coûteux pour un produit peu cher et, qui plus est, « génériquable » (5 euros la boîte de 30 comprimés de Plaquenil). Tant que la recherche et le développement seront entre les mains d’intérêts privés eux-mêmes soumis aux cours boursiers, ce seront tendanciellement les opportunités de marché qui détermineront les axes de développement clinique, et tant que l’on persistera dans la voie d’une privatisation rampante de l’hôpital public par l’imposition d’une logique comptable d’inspiration manageriale, les choix thérapeutiques seront plutôt guidés par des options budgétaires que par le souci strict de la santé du patient.
- Pourquoi tout ce débat absurdement passionné autour du professeur Raoult quand ce qui est en jeu est une piste thérapeutique ?
- J’ai connu le professeur Raoult. Il est de ma génération. C’est un éminent chercheur en virologie clinique, au parler rude, à la forte personnalité. Son tort est de ne pas donner dans les mœurs de cour qui sont habituellement la norme dès lors que l’on s’élève, en France, dans l’échelle hiérarchique. Il dit ce qu’il pense d’un point de vue purement scientifique, quitte à provoquer, sans se soucier de la politique. Il avait déjà critiqué la ligne officielle d’imposition des onze vaccins par Agnès Buzyn. Autant dire qu’il accumule les crimes de lèse-majesté. Là, il s’est permis de critiquer la stratégie d’ensemble, effectivement aberrante, du gouvernement. Voilà qui est impardonnable. À la fin, il y a de grandes chances que l’option qu’il défend finisse par devenir la doxa gouvernementale : on va dépister en masse et traiter précocement ceux chez qui il n’y aura pas de contre-indication à l’hydroxychloroquine, simplement parce qu’il n’y a pas d’autre piste thérapeutique à court terme. Tout le tort de cette situation revient au gouvernement : à force d’incurie, d’impréparation, de déni, il a fini par produire un effet de panique dans la population qui se rend compte qu’il n’y a pas de pilote à bord. Et ce n’est certainement pas Jérôme Salomon, qui depuis ses trente ans fréquente plus les milieux ministériels que les paillasses, qui pourrait l’être. Rien n’est plus stressant que de voir ces gouvernants se donner des airs d’assurance martiale alors qu’il est patent qu’ils ne font que bricoler et inventer des éléments de langage à même de couvrir l’étendue de leurs propres manquements. Rien n’est plus contre-productif que de prétendre que tout est sous contrôle alors que chaque jour atteste de combien l’on est débordé. Comment ne pas avoir des montées d’angoisse quand un secrétaire d’Etat certifie face caméra que non, il n’y a pas de pénurie de masque, alors que ses propres collègues ont renoncé à le nier ? Le confinement, qui est le prix à payer par la population pour la branquignolerie et l’avidité de ses dirigeants, conduit logiquement à tourner tout cela en rond dans sa tête. Ce qui est criminel chez nos gouvernants, c’est leur façon de simuler qu’ils font autre chose qu’improviser, de faire croire qu’ils gouverneraient quoi que ce soit dans cette affaire. Cette situation de détresse où chacun se rend compte que sa vie se trouve entre les mains d’une bande d’incapables qui en rajoutent dans l’arrogance produit logiquement le besoin de trouver un sauveur. Et puisque la politique a déçu, on se tourne logiquement vers la science. Le Pr Raoult est le candidat idéal pour cet investissement affectif déplacé qu’il n’a lui-même pas demandé. Il faut redescendre et revenir au fond du débat. Celui-ci est simple : selon les standards classiques de développement d’un produit anti-infectieux, le Plaquenil n’a pas encore fait les preuves solides de son efficacité ; à ce stade, c’est une hypothèse de travail prometteuse mais à confirmer ; il faut prendre sereinement les quelques semaines de test nécessaires pour la valider. Ensuite, la capacité de production suivra sans problème. Il faut procéder avec méthode, malgré l’anxiété liée à la situation.
- Pourquoi, d’après vous, a-t-on renoncé si tôt à une politique de dépistage de masse qui aurait permis d’isoler les porteurs du virus et de les traiter précocement plutôt que d’en venir à traiter chacun, indistinctement, comme un pestiféré potentiel ?
- Au départ, je n’ai pas bien compris non plus, puis je me suis informé. Cela paraîtra absurde, et peut donner l’impression que, sous les apparences d’un pays à la modernité clinquante, se cache une réalité digne du Tiers-Monde. Les autorités ont produit toutes sortes d’arguments pour camoufler la triste et misérable vérité : au départ, c’est à cause du manque de masques pour protéger les préleveurs (infirmières à domicile, techniciens et biologistes des laboratoires de biologie médicale) ! Les biologistes de ville ont été, comme souvent, les grands oubliés des personnels de santé alors que les laboratoires d’analyses de biologie médicale sont ceux qui prélèvent et réalisent les diagnostics. Ils n’étaient même pas dans la première liste officielle des personnels de santé pour l’attribution des masques donc : sans protection de leur personnel, impossible de prélever. Quand le problème des masques a été plus ou moins réglé, il y a eu un manque notoire de milieu de transport (éprouvettes spécifiques car il faut un milieu qui ne détruit pas les virus prélevés, des écouvillons du malade au labo d’analyse). Puis, quand ce problème a été réglé, il y a eu pénurie de tests disponibles. Par ailleurs, le dosage fait appel à la biologie moléculaire dont beaucoup de labos de ville n’ont pas la pratique ni le matériel. Ensuite, il y a la complexité relative de l’examen pour un diagnostic fiable dès le début des symptômes (et même avant) qui est fait en biologie moléculaire (c’est un examen spécialisé, ce n’est pas une glycémie ; il ne se fait donc pas sur n’importe quel automate), donc certains labos ont à s’équiper. Il faut préciser que le test est très fiable à condition que le prélèvement nasal soit très précautionneux afin d’éviter des faux négatifs. Enfin, et je dirais surtout au vu de la logique de ceux qui nous gouvernent, il faut savoir que le test a le malheur d’être remboursé par la sécurité sociale. Tester 67 millions de personnes à un centaine d’euros le test coûterait « un pognon de dingue ». C’est ici toujours la même logique comptable, gestionnaire et pour tout dire économique qui nous a mené dans ce cul-de-sac sanitaire, et qui empêche que l’on en sorte. C’est triste à dire, mais ce qui préside à la gestion de cette crise sanitaire n’obéit pas à une logique de santé, mais à des impératifs économiques, c’est-à-dire politiques.
- Qu’est-ce que vous inspire la situation ?
- Ce qui me paraît scandaleux, c’est que depuis cinquante ans toutes les épidémies de ce type, malgré des extensions et des cinétiques variables, obéissent au même schéma : elles naissent le plus souvent en Asie pour se répandre ensuite à la faveur de la circulation mondiale des marchandises et des personnes ; or on n’a pas été foutus, quand en début janvier les premières nouvelles nous sont parvenues de Chine, d’envoyer immédiatement une équipe pour aller au contact et prendre la mesure de ce qui se passait à Wuhan, qui ne manque pas de connexions avec la France, ni d’ailleurs ensuite en Corée du Sud. Ces messieurs de la santé publique ont préféré rester à la cour, dans leurs ministères et manger dans les bons restaurants plutôt que de prendre le risque de sortir de leur milieu de culture et affronter la situation sur le terrain. On a là un symptôme sûr d’une organisation sociale sub-claquante. Depuis vingt ans que les risques de pandémie virale, bactériologique ou parasitaire se précisent, aucun plan concerté mondial n’a été vraiment mis sur pied ; les études sur ces pandémies, leur pourquoi et la résolution de ces crises, certainement parce qu’on les croyait réservées aux pauvres, sont justement le parent pauvre de la recherche mondiale (seule la Chine a investi massivement dans ce domaine) ; il n’y a aucune cellule d’alerte multidisciplinaire capable d’étudier le phénomène immédiatement sur place dès le début de chaque épidémie et de donner des recommandations à mettre en œuvre rapidement avant sa propagation élargie. En théorie, malgré la destruction organisée de l’hôpital public, notre organisation sanitaire est en mesure de circonscrire une pareille épidémie à condition qu’elle soit très réactive. Cela revêt une importance d’autant plus grande que de telles pandémies ont vocation à se répéter du fait de la mobilité internationale des humains et des marchandises, d’une population toujours plus nombreuse, de la concentration de celle-ci dans les villes, de la paupérisation induite par la logique capitaliste, du ravage écologique et de l’absence de toute éducation sanitaire de masse. À moins que tout cela ne cesse..."
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Coronavirus : la chloroquine
- Par Thierry LEDRU
- Le 24/03/2020
Oui, je sais, je ne parle plus que du coronavirus...En même temps, ça concerne plus d'un milliard d'individus et on en fait partie...Et c'est une situation éminemment compliquée.
Le professeur Raoult et la chloroquine, par exemple.
Je connais un tout petit peu les procédures d'AMM (autorisation de mise sur le marché) pour un médicament, les trois phases expérimentales indispensables pour parvenir à décrocher ce graal, la complexité extrême et la rigueur absolue qui est réclamée par les instances de contrôle etc et...
Dans le cas de la chloroquine, rien n'est validée par la démarche scientifique reconnue comme étant la seule valable. On est dans le flou artistique le plus complet.
Alors, venant d'une sommité comme celle du professeur Raoult, on peut se dire que l'urgence lui donne raison mais il n'en reste pas moins, que pour être objectif, on se doit d'écouter les analyses contradictoires.
Celle-ci reprend l'essentiel.
N'importe quelle société médicale qui aurait présenté un dossier comme celui-là se serait fait dézinguer dans les grandes tailles et aurait ruiné sa réputation à tout jamais.
J'ai vu également à quel point le professeur Raoult s'est fait laminer dès le début et j'imagine un peu l'effet que ça a dû faire sur lui...On ne parle pas d'un étudiant ou d'un novice...
Il ne s'agit donc pas ici de chercher à comprendre les rouages de cet imbroglio politico-scientifique entre Buzyn, son mari ex patron de l'Inserm, Raoult, les labos qui bossent pour sortir un traitement et tout ce qu'on ne peut même pas imaginer et qui est très éloigné du seul objectif sanitaire, il s'agit juste de comprendre que les procédures suivies dans le cas de la chloroquine sont obsolètes dans le cadre scientifique.
Maintenant, je connais également des cas de sociétés qui ont été dézinguées par les instances de contrôle pour des détails mineurs qui ne s'accordaient pas avec les protocoles alors que le traitement en lui-même était fiable, avec une toxicité nulle, et que toutes les études faites étaient positives, sauf...un point...Et ce point envoyait l'ensemble aux calandes grecques (c'est très long de refaire une phase expérimentale) et avec l'obligation de trouver de quoi payer de nouveau des études considérablement chères (ce qui conduit parfois la société elle-même à disparaître ou à prendre un retard considérable avant de pouvoir se financer...) ...
Donc, je ne sais pas ce qui se passe derrière tout ça mais je sais un peu à quel point tout cela est extrêmement complexe et rigoureux.
Trop ou pas assez, je n'ai pas les compétences pour le dire.
J'espère que la chloroquine sera efficace pour les malades. Pour le reste, j'essaie juste de rester objectif : cette étude scientifique n'est pas valable mais je suppose que le professeur Raoult sait ce qu'il fait et que ça marchera sur le plus grand nombre.
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Coronavirus : redistribuer les cartes
- Par Thierry LEDRU
- Le 24/03/2020
Redistribuer l'argent, pour être plus clair.
"L'opportunité de transformation". J'en ai déjà parlé ici.
Rien n'est réglé sur la crise sanitaire elle-même, les conflits d'intérêt, les règlements de compte, les magouilles, les dysfonctionnements, les Busyn et consorts, les masques de protection, les respirateurs, le délabrement des services hospitaliers, le personnel qui il y a quelques mois était aspergé de gaz lacrymo et matraqué et qui aujourd'hui est encensé par les politiques...il y aurait tant à dire encore...
Mais, il adviendra un moment où la crise sanitaire sera réglée (avant la suivante) et où il faudra affronter la crise économique. Et celle-là va durer encore plus longtemps et aura des répercussions pendant des années, ne serait-ce qu'en raison de l'endettement des Etats.
Donc, il va falloir réfléchir sérieusement à ce qu'on veut désormais. Rétablir le système au mieux, alors qu'il montre actuellement toutes ses failles, ou élaborer et organiser un système différent.
Des initiatives émergent. En voici une :
© DR PARTAGES
Le collectif "Il faut sauver" lance une pétition pour que la crise sanitaire actuelle soit l'occasion de repenser notre système économique. Composé entres autres de scientifiques, il souhaite que les aides financières versées par le gouvernement aillent en direction des initiatives locales.
Par Flore Caron
"Nous souhaitons saisir l’opportunité de cette crise sanitaire et économique sans précédent pour transformer notre système en profondeur". Telle est la phrase d'introduction de la pétition lancée par le collectif "Il faut sauver", composé de scientifiques, de fonctionnaires, d'étudiants, d'entrepreneurs, d'entreprises, de municipalités, etc. Ses membres considèrent la crise sanitaire actuelle comme "une opportunité pour effectuer un virage écologique et social" sur le plan politique. La pétition a, pour l'heure, recueilli plus de 250 signatures.
Pour Nicolas Plain, scientifique et réalisateur du film documentaire "Il faut sauver les Alpes", deux options s'offrent au gouvernement. "Soit on continue d’appliquer les vieilles recettes, on essaie de mettre des pansements sur le système actuel pour le faire repartir et ne pas tomber dans la récession. Par exemple, nationaliser Air France, qui repose beaucoup sur le pétrole pour fonctionner. Mais on repartirait dans un système qui n’est pas viable pour atteindre la neutralité carbone en 2050 et respecter l’accord de Paris, considère-t-il. Soit on se dit que c’est l’opportunité pour faire une transition écologique et sociale. On pourrait lancer des secteurs comme l’industrie locale moins intensive, les transports décarbonée ou l’agriculture biologique."
"'Il faut sauver' est un collectif informel mais on est en train de le formaliser", explique Nicolas Plain. Un site internet est notamment en cours de création. L'objectif est d'en faire "un marmiton [site de recettes de cuisine, NDLR]" des initiatives locales. "Il y a plein de solutions que les personnes ont créées après de longues années de réflexion. Nous, on va mettre en open source toutes ces idées et les citoyens n’auront plus qu’à se servir."
Des "recettes" partagées
Parmi ces "recettes", se trouve par exemple celle de la "remorque partagée". Un système qui permet à plusieurs producteurs locaux de fonctionner ensemble : ils se partagent une remorque avec laquelle ils partent faire les marchés. Et à chaque fois, un seul producteur s'y rend pour vendre les produits de tout le monde. "En un an, les quatre producteurs qui ont lancé ce système ont économisé 1000 heures de travail et 2,2 tonnes de CO2 par an", affirme le scientifique.
Pour lui, les aides versées actuellement par le gouvernement en raison de la crise sanitaire devraient se tourner vers ce type d'initiatives au lieu d'aider un système qui, selon lui, n'est pas pérenne. Le ministère de l'Economie a en effet affiché à plusieurs reprises son soutien envers les entreprises. "Face à l’épidémie du Coronavirus Covid-19, le gouvernement est en solidarité totale avec les entreprises et leurs salariés, et continuera d'être pleinement mobilisé dans les jours et les semaines à venir", est-il notamment inscrit sur le site du gouvernement. Bercy a notamment annoncé mardi 17 mars que 45 milliards d’euros d'aides seraient consacrés aux entreprises et aux salariés. Concernant Air France, qui devrait voir son activité diminuer de 90 % dans les prochaines semaines, le gouvernement envisage plusieurs solutions dont la nationalisation de la compagnie aérienne ou encore le versement d'aides publiques.
Créer de nouveaux types d'emplois
"Au lieu de mettre des millions pour sauver Air France, on pourrait mettre des millions pour créer de nouveaux types d’emplois et accélérer la transition écologique et sociale, estime quant à lui Nicolas Plain. Il faut qu'on fasse confiance aux organismes et aux institutions locaux. Il faut qu’on redonne l'argent à ceux-là parce que ce sont des acteurs clefs de cette transition."
"Cette crise va redistribuer les cartes. Il va y avoir des sociétés qui vont avoir du mal à fonctionner, des personnes qui vont perdre leur travail, etc. Mais l’idée c’est vraiment de créer de nouveaux types d’emplois", affirme Nicolas Plain. Avant la crise on voyait déjà un virage. Les citoyens avaient de plus en plus envie de s’engager pour ces questions-là. À présent, soit on continue notre chemin et on va droit dans le mur soit on s'engage dans un système plus pérenne." -
THÈME : Coronavirus (13)
- Par Thierry LEDRU
- Le 22/03/2020
MARS 2020
Inutile de présenter le thème...
Je me suis dit qu'il était temps que je compile avant de ne plus m'y retrouver. On est loin de la sortie...
Coronavirus : Mise en quarantaine
Coronavirus et les scientifiques
Coronavirus et baisse de la pollution
Coronavirus : Pénurie de médicaments
Coronavirus : juste une alerte de plus.
Coronavirus : vers un confinement total ?
Coronavirus : Détresse respiratoire sévère
Coronavirus : Une interrogation...
Coronavirus : masques de protection
Coronavirus : soutenir les scientifiques.
Coronavirus : le Professeur Raoult
Coronavirus : Concours Lépine gouvernemental...
Coronavirus : constat et état des lieux
Coronavirus : responsabilités de l'Etat.
Coronavirus : le milieu médical
Coronavirus : Le professeur Raoult contre l'ANSM.
Coronavirus : l'argent, le profit, la rentabilité...
Coronavirus : redistribuer les cartes
Coronavirus : un autre point de vue
Coronavirus : collaborateur du professeur Raoult.
Coronavirus : les héros de l'hôpital
Coronavirus : Raoult, Levy, Buzyn
Coronavirus : le savon et le lavage des mains
Coronavirus : chloroquine et les autres...
Coronavirus : refus pour des tests
Coronavirus : l'état et la chloroquine
Coronavirus : Surveiller les ordonnances
Coronavirus : dette des Etats.
Coronavirus : "Monsieur le Président"
Coronavirus : crise écologique
Coronavirus : immunité collective
Coronavirus : USA, diabète, NASH...
Coronavirus : confinement et emprisonnement des animaux
Coronavirus : à propos des masques...
Coronavirus : la guerre des masques
Coronavirus : confinement et vie sauvage
Coronavirus : Méditation planétaire
Coronavirus : l'immunité collective
Coronavirus : Chine, le risque de deuxième vague.
Coronavirus : Du sang sur les mains.
Coronavirus : pénurie de médicaments
Coronavirus : tuto pour un masque maison
Coronavirus : le savoir-faire français.
Coronavirus : un confinement particulier
Coronavirus : Justice populaire
Coronavirus : Immunité collective (3)
Coronavirus : Marie Tabarly et le confinement
Coronavirus : Simplicité volontaire
Coronavirus : Le système bancaire
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"Il vaut mieux prévenir que guérir"
Coronavirus : info gouvernement
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Coronavirus : l'argent, le profit, la rentabilité...
- Par Thierry LEDRU
- Le 22/03/2020
Juste pour information parce que ça restera, je pense, assez confidentiel...Vu que c'est partout pareil...Le capitalisme libéral dans toute son horreur. Il ne reste plus qu'aux états à nationaliser tout ce qui concerne la protection sanitaire et l'affaire sera réglée. Oui, je sais, je rêve, ça n'arrivera jamais...
pour info:
https://www.levif.be/actualite/europe/coronavirus-en-pleine-crise-epidemique-une-entreprise-italienne-vend-500-000-tests-aux-etats-unis/article-normal-1267229.html
Coronavirus : en pleine crise épidémique, une entreprise italienne vend 500 000 tests aux Etats-Unis
20/03/20 à 15:52
Produits par une compagnie de Brescia, en plein coeur de la zone la plus sévèrement touchée par l'épidémie, les tests auraient pu subvenir aux besoins de toute la moitié nord du pays. A la place, ils ont été vendus aux Etats-Unis, écrit le quotidien italien La Reppublica
En France, Emmanuel Macron a parlé d'une "guerre" contre le coronavirus. Une guerre, oui. Mais une guerre d'un genre nouveau. Tous contre tous, sans alliances. Les nations et leurs dirigeants semblent être revenus à la logique du chacun pour soi. Chacun use de ses propres moyens pour s'assurer les armes qui permettront de lutter contre la propagation du virus : kits de tests, gants, masques, appareils respiratoires.
C'est dans ce contexte que mercredi l'Amérique a célébré en grande pompe l'arrivée sur le sol de l'Union de plus de 500 000 tests permettant de diagnostiquer le coronavirus. Un stock impressionnant. En comparaison, l'Italie, depuis le début de l'épidémie, n'en a pas fabriqué plus de 100.000. Sauf que justement l'avion qui a assuré cette livraison providentielle provenait... de la base militaire américaine d'Aviano, en Vénétie. Il y avait donc en Italie une réserve colossale de kits de tests, a quelques kilomètres de l'épicentre de l'épidémie qui met à genoux le pays depuis près d'un mois. Des tests dont les hôpitaux italiens manquent cruellement et dont ils ont besoin pour endiguer le mal qui touche la péninsule.
L'annonce de cette livraison transatlantique a été faite sur Instagram par un compte du ministère des armées montrant également une photo de l'avion et de sa cargaison. Un post très vite supprimé. Mais la nouvelle a été ensuite confirmée par un général du Pentagone, Paul Friedrichs, qui, alors qu'il expliquait lors d'un point presse le fonctionnement d'un test standard, a admis que les Etats-Unis en avaient importé d'Italie.
. © Capture d'écran Instagram
Le demi-million de tests en question a été fabriqué par l'entreprise Copan Diagnostics à Brescia, la ville qui se trouve en ce moment-même en première ligne de la lutte contre le nouveau coronavirus; L'ambassadeur américain en Italie Lewis Einsenberg l'a confirmé au journal La Repubblica : "Nous nous réjouissons que Copan Diagnostics continue d'assurer la production de tests en quantité suffisante pour l'Italie tout en assurant les ventes à l'étranger, et les Etats-Unis continueront d'acheter des tests à des entreprises italiennes selon les nécessités et les quantités disponibles."
"Nous n'étions pas tenus de prévenir les autorités italiennes"
Sauf que justement, non. L'Italie n'a pas de tests en quantité suffisante, au contraire. Tous les jours des milliers de personnes se voient expliquer qu'elles ne seront pas testées et doivent simplement rester chez elles en attendant l'apparition éventuelle de symptômes graves. Même les membres du personnel soignant qui sont en première ligne depuis le début de la pandémie et donc les plus à risques de contracter le virus n'y ont pas droit. Ils se demandent légitimement ce qui a pu mener à la situation dans laquelle une entreprise italienne a vendu à un autre pays plus de tests qu'il n'en a été utilisé dans une péninsule qui est désormais le pays ou le coronavirus a causé le plus de décès.
Copan Diagnostics a assuré que "tout a été fait à la lumière du jour. Nous n'étions pas tenus de prévenir les autorités italiennes. Ces tests sont un produit qui est en vente libre, et nous sommes une entreprise leader qui exporte dans le monde entier. D'ailleurs tous ces tests ont été achetés non pas par le gouvernement américain mais par des clients et distributeurs privés. Ils n'ont été acheminés par un vol militaire que parce qu'il n'y avait pas de vols commerciaux disponibles."
Une explication dont on peut légitimement douter compte-tenu des informations qui circulent sur les méthodes agressives du gouvernement américain pour se fournir en moyens de lutte contre le virus. La Maison Blanche est ainsi soupçonnée d'avoir offert une somme mirobolante au laboratoire allemand CureVac pour obtenir l'exclusivité du vaccin expérimental contre la maladie Covid-19. En ce moment-même, des ventes aux enchères ont lieu partout dans le monde ou notamment des masques et des appareils respiratoires sont vendus à des prix exorbitants. Un enjeu économique où c'est le plus fort qui gagne. Comme lors d'une guerre. Mais une guerre où chacun combat pour soi. Sans alliances. -
Coronavirus : Le professeur Raoult contre l'ANSM.
- Par Thierry LEDRU
- Le 22/03/2020
J'ai déjà écrit ici tout le bien que je pense de ce professeur.
Il est évident que la période n'a rien à voir avec les épisodes précédents, que les protocoles de mise sur le marché d'un médicament sont obsolètes dans un tel contexte.
J'imagine combien tous les patrons de laboratoire doivent haïr ce trublion ce soir...Des milliards qui risquent de leur passer sous le nez avec une "vulgaire" chloroquine à quelques centimes la molécule...De toute façon, il suffit de voir comment le professeur Raoult a été "dézingué" dans les médias et même par une partie du milieu scientifique pour comprendre qu'il dérange fortement... Je rappelle par exemple que l'ex ministre Buzyn a qualifié la chloroquine de toxique alors qu'elle est utilisée à une échelle mondiale depuis des décennies. Je rappelle également que son mari était le patron de l'Inserm et que maintenant, il bosse pour le gouvernement... C'était en 2018 mais rien ne disparaît sur le net...Et on va encore dire que je suis "complotiste"...Non, je suis extrêmement méfiant. C'est différent.
Le mari d’Agnès Buzyn nommé au Conseil d’État, alors qu’il est médecin
Yves Levy, ancien président de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), a été nommé "conseiller d’État en service extraordinaire" par le gouvernement lors du conseil des ministres du mercredi 10 octobre. Une nomination qui a été pointée du doigt car Yves Levy se trouve être le mari de la ministre de la Santé Agnès Buzyn.
Le professeur Didier Raoult, le 26 février 2020, à Marseille (Bouches-du-Rhône). (GERARD JULIEN / AFP) L'institut hospitalo-universitaire Méditerranée Infection, dirigé par le professeur Didier Raoult à Marseille, assure le dépistage de toutes les personnes "fébriles" qui s'y présentent, à rebours des consignes nationales, a-t-il annoncé dimanche 22 mars dans un communiqué.
IHU Méditerranée Infection@IHU_Marseille
Communiqué de l'IHU Méditerranée Infection du 22/03/2020https://www.mediterranee-infection.com/epidemie-a-coronavirus-covid-19/ …
IHU Méditerranée Infection@IHU_Marseille
736 personnes parlent à ce sujet
Le fait qu'il soit possible de se faire tester directement à cet IHU, alors que les autorités en France ont fait le choix de réserver les tests à certaines populations (fragiles, âgées, femmes enceintes, etc.), a été évoqué sur les réseaux sociaux ces derniers jours dans de nombreux messages, dont certains montraient en outre de longues files d'attente devant le bâtiment.
Traitement à la chloroquine
"Nous avons décidé pour les tous les malades fébriles qui viennent nous consulter, de pratiquer les tests pour le diagnostic d'infection à Covid-19", précise l'IHU. Dans un communiqué, l'Agence régionale de santé rappelle pourtant qu'"en phase épidémique, le principe est de ne plus tester systématiquement".
En outre, les médecins signataires du communiqué de l'IHU, dont le Pr Didier Raoult, annoncent que tous les patients atteints du Covid-19, "dont un grand nombre peu symptomatiques ont des lésions pulmonaires au scanner", sont traités par l'association d'hydroxychloroquine - un dérivé de la chloroquine, une molécule utilisée contre le paludisme - et d'azithromycine. "Dans les cas de pneumonie sévère, un antibiotique à large spectre est également associé", ajoutent les médecins.
"Nous pensons qu'il n'est pas moral que cette association ne soit pas incluse systématiquement dans les essais thérapeutiques concernant le traitement de l'infection à Covid-19 en France", écrivent-ils. Depuis l'apparition du nouveau coronavirus en Chine, le Pr Raoult défend l'usage de la chloroquine contre la maladie, s'attirant les critiques de nombreux autres spécialistes, qui estiment notamment que les essais qu'il mène à l'IHU auprès de 24 patients ne répondent pas à tous les critères nécessaires. Le gouvernement a de son côté salué des essais "prometteurs", et annoncé mardi qu'ils allaient être étendus."
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Coronavirus : le milieu médical
- Par Thierry LEDRU
- Le 22/03/2020
C'est effarant, consternant, dramatique.
Comment un "état providence" peut-il avoir sabordé à ce point le secteur médical dans son ensemble ? Il n'y a même pas d'égalité quant aux soins. On le sait. "Eux", les nantis ne manqueront de rien. Et les médecins, les infirmières, les chirurgiens, l'ensemble du personnel hospitalier, eux qui consacrent leurs vies aux autres, ils se retrouvent comme des tireurs sénégalais en première ligne avec des fusils datant de Napoléon III...
J'espère de tout coeur qu'il y a aura des conséquences politiques, que personne n'oubliera, même lorsque la sitation sera sous contrôle, que les plaintes en justice seront reçues, que des têtes tomberont car elles ont du sang sur les mains.
Rappelons-nous aussi que le personnel hospitalier a été maltraité par les forces de l'ordre quand elles ont manifesté. Les images sont là, les témoignages sont innombrables.
Il ne faudra rien oublier.
Manque de masques, de blouses, d'appareils respiratoires, de moyens : une cinquantaine de médecins renommés de la région Auvergne-Rhône-Alpes signent une lettre ouverte pour s'inquiéter de l'épidémie de coronavirus Covid-19. Photo d'archive. / © A. Marchi / MaxPPP PARTAGES
"Le gouvernement fait-il vraiment la guerre au coronavirus?" C'est ainsi que débute la lettre ouverte, signée par 52 médecins, chirurgiens, urgentistes etc, renommés qui refusent de "choisir entre un malade grave que nous allons soigner et un très grave que nous allons laisser mourir."
Par Renaud Gardette
Ils sont chefs de services, urgentistes, réanimateurs, chirurgiens etc : une cinquantaine de médecins renommés ont signé une lettre ouverte pour alerter et réclamer plus de moyens, plus de masques, plus d'appareils respiratoires, d'organisation et de transparence pour faire face à l'épidémie de coronavirus Covid-19.
"Chaque jour ça s'aggrave"
Une responsable de service, anonyme, et signataire de la tribune, nous a livré son témoignage aux bords des larmes par téléphone pour alerter sur l'absence de masques protecteurs dans son établissement de la région.
"Notre direction compte les masques. Ceux qui sont vraiment protecteurs sont réservés pour les cas de Covid-19. Et pour les autres, au lieu de les changer régulièrement, on nous dit qu'il faut les économiser. Donc on les garde. Chaque jour les choses s'aggravent, et ça va devenir dramatique. Je suis très très inquiète. En réunion, on les garde. Et avec les patients, on ne les change que 2 fois, pas plus. Il n'y a qu'au bloc opératoire que l'on arrive encore à les changer à chaque intervention. Mais pour combien de temps?"
Des renforts de masques ont été promis officiellement: "Je ne comprends pas qu'il n'y en ait déjà plus. Pourquoi on n'en a pas plus? On nous en promet, mais vont-ils arriver avant le début du pic de l'épidémie? On espère qu'ils vont arriver."
La lettre ouverte
Ils réclament un dépistage systématique pour tous, tout en s'interrogeant: "pourquoi certains ministres, footballeurs et princes ont droit à ce dépistage systématique sans symptômes clairs, mais pas le grand public ?" comme le fait remarquer un des signataires, qui préfère rester anonyme.
"Le gouvernement fait-il vraiment la guerre au coronavirus? "
Dans leur lettre ouverte, les médecins sonnent la charge.
"Alors que nous manquons déjà de lits de réanimation, de masques, de respirateurs, de bras, la loi d’urgence sanitaire prise par le gouvernement mercredi 18 mars donne tous les droits aux préfets, aux employeurs pour remettre en cause le code du travail et les statuts de la fonction publique. Etait-ce réellement l’urgence? Mais rien sur les usines réquisitionnées pour fabriquer masques, respirateurs.
Rien sur la réouverture des lits nécessaires.
Rien sur le dépistage systématique qui a fait ses preuves en Allemagne et en Corée du Sud."
Les médecins signataires s'inquiètent du manque de logistique, pour déployer tous les moyens nécessaires face à l'épidémie.
"Où sont les masques? "
"Qu'en est-il aujourd'hui, dans notre pays de cette logistique nécessaire pour gagner le combat contre le coronavirus? Le pouvoir exécutif semble en décalage entre les annonces rassurantes, la volonté affichée de transparence et la réalité du terrain que les soignants font remonter sans cesse et de tous lieux. Deux exemples, ils sont aussi simples que vitaux.
Alors que depuis des années les structures hospitalières sont matériellement asphyxiées par les enveloppes budgétaires, on nous annonce la fabrication de masques sans que soient donnés d'éléments précis: combien sont produits? Où? Quels délais? Quels moyens de livraison? Quels modes de distribution?
"De 26.000 lits à 13.000 lits"
Alors que depuis des années, les politiques gouvernementales ont supprimé des milliers de lits de réanimation et soins intensifs (passant d'environ 26.000 lits à 13.000), le pouvoir exécutif nous annonce la mise en oeuvre de moyens exceptionnels. Soit, mais la logistique étant cruciale, la confusion est mortelle: combien de respirateurs sont en cours de fabrication?
A ce jour, quel préfet est en mesure de répondre aux soignants qui sont sur le front?
La responsabilité, l'urgence, du gouvernement est de fournir les armes et les moyens de combattre. La transparence est d'en rendre compte précisément.
Nous médecins, refusons de devoir choisir entre un malade grave que nous allons soigner et un très grave que nous allons laisser mourir.
Nous médecins refusons d’exposer nos équipes avec des recommandations qui ne reposent pas sur les données acquises de la science mais sur les possibilités réduites de recours aux meilleurs soins (...).
Ils ont considérablement détruit notre système hospitalier depuis des années et des années. Nous ne pouvons pas attendre la fin de l’épidémie c’est maintenant tout de suite qu’il faut prendre les mesures pour le rétablir. Et pour cela on ne peut compter que sur la mobilisation en direction du gouvernement."
Des masques périmés depuis 2001
Selon nos informations, actuellement, au CHU de Grenoble (Isère), 95 lits de réanimation auraient été installés, dédiés uniquement au Covid-19. L'hôpital attend donc le pic de l'épidémie, avec pour l'instant 2 malades soignés sur place. Cette organisation a pu voir le jour grâce à "une bonne entente avec les cliniques privées" nous dit-on.
Mais sur le renfort de matériel : rien. "Les appareils respiratoires en renfort, on n'a pas vu la queue d'un seul" déplore un médecin anonyme.
Des masques FFP2 ont été distribués samedi 21 mars au matin dans le service d'un hôpital de la région: "Ils sont périmés depuis 2001! Le coton s'effiloche de partout..." alerte un responsable. "Les infirmières étaient plutôt en colère."
Des discussions seraient toujours en cours pour répartir les appareils respiratoires et le matériel nécessaire entre les cliniques privées et les hôpitaux publics de la région.
"Je comprends la colère"
Dans une conférence de presse samedi 21 mars, Olivier Véran ministre de la Santé dit "comprendre la colère" des soignants. Il indique que l'Etat dispose d'un stock de 86 millions de masques, dont 5 millions FFP2. 70 millions de masques ont déjà été distribués depuis février.
Par ailleurs les autorités ont commandé "250 millions de masques" qui seront livrés progressivement.
Dans les 15 jours à venir, une distribution massive doit être organisée pour tous les professionnels de santé avec une répartition par quotas, selon les métiers.
Pour les médecins de ville et les pharmaciens, ce sera 18 masques par semaine. Les services des urgences devraient être approvisionnées en masques FFP2. Les centres de secours doivent recevoir 50 masques par semaine, et par structure.
Les pharmaciens lancent le système D : un appel aux dons
Alors que le confinement général n'en est qu'à ses premiers jours, c'est déjà le système D pour fournir de l'aide aux infirmières ou aux médecins de villes qui manquent de tout.
Une pharmacie du 3e arrondissement de Lyon se propose de faire le relais entre les entreprises qui auraient du matériel à donner, faute de travail, et les soignants.
"On cherche des sur-blouses et des charlottes surtout" nous précise sa responsable qui restera anonyme. "On a des orthophonistes ou des gens qui ne travaillent pas qui nous donnent ce qu'ils ont, des masques, des gants etc." nous dit-elle. "Les infirmières manquent de sur-blouses surtout, on essaye d'en acheter en plastique, pour l'alimentaire. On n'a pas le droit de les vendre bien-sûr en tant que pharmacie, donc on les donne. On essaye de trouver des solutions. On peut essayer de faire le relais! Les charlottes de chantier ou de cantine aussi sont intéressantes. Il doit y en avoir quelque-part."
Des habits alimentaires pour les infirmières? Selon cette responsable, les soignants en ont tellement besoin aujourd'hui qu'elles affirment : "c'est mieux que rien".