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  • Réchauffement climatique : mécanisme et évolution

    SAVOIRS

    Jean Jouzel : "Il y a un risque qu’il ne soit trop tard pour lutter efficacement contre le réchauffement climatique"

    25.07.2018 (MIS À JOUR À 23:27)

    Par Tara Schlegel et Eric Chaverou

    Entretien |

    Canicule en France, en Suède ou au Japon, avec des records de chaleur dans le monde entier et des incendies meurtriers. "Le réchauffement climatique est bien là", explique le climatologue Jean Jouzel, qui détaille son mécanisme et son évolution.

    Incendie à Kineta, près d'Athènes, le 24 juillet 2018. La Grèce n'avait pas connu autant de victimes (80 morts, au moins 187 blessés) depuis 2007 Incendie à Kineta, près d'Athènes, le 24 juillet 2018. La Grèce n'avait pas connu autant de victimes (80 morts, au moins 187 blessés) depuis 2007 • Crédits : Valérie Gache - AFP

    Un record absolu de chaleur a été battu en Suède, près du cercle polaire, à Kvikkjokk, le 17 juillet dernier avec 32.5°C !

    Plus largement, la Scandinavie vit des températures inédites et l'Organisation météorologique mondiale (OMM) prévoit des températures supérieures à la normale jusqu'à début août, de l'Irlande aux pays Baltes, en passant par la Scandinavie. La canicule a aussi investi le Japon, la Grèce, la Sibérie ou Los Angeles, avec des dizaines de morts, notamment liées à des incendies géants. En décembre dernier, pour la première fois, une étude publiée dans le "Bulletin of the American Meteorological Society" concluait que le réchauffement était le seul responsable du record de chaleur global pour 2016 et d'une canicule extrême en Asie.
    Climatologue et glaciologue, ancien vice Président du groupe scientifique du GIEC, 
    Jean Jouzel revient sur les causes de ce réchauffement climatique et ce que l'on peut en attendre.

    Etes-vous surpris par l’ampleur de ces incendies ? 

    Non. C’est malheureusement ce qui est envisagé en cas de réchauffement climatique et le réchauffement climatique est bien là. Dans le cas de la Grèce, ce sont des périodes de sécheresse autour de la Méditerranée, avec on l’a vu, malheureusement, pas mal de morts. Et c’est une situation assez exceptionnelle dans le Grand Nord, en Scandinavie. Mais elle va normalement devenir de plus en plus fréquente.
    On est vraiment dans le contexte du réchauffement climatique lié aux activités humaines, et ces événements – feux de forêts en Europe et décès liés aux canicules - vont se multiplier.

    Dans le Nord de l’Europe, les températures sont inégalées. Comment cela peut-il s’expliquer ?

    Oui, ce sont des records. Des températures qui vont au-delà de 30 degrés, voire 35 degrés, au Nord du cercle polaire sont inédites dans ces régions. C’est lié à un système de hautes pressions qui se maintient et qui risque de se maintenir jusqu’à la fin de ce mois. S’y ajoute une période de sécheresse extrêmement longue. Nous avons donc tous les ingrédients pour des feux de forêts. En plus, ces pays ne sont pas du tout préparés aux incendies.

    Il faut voir aussi que le réchauffement climatique en Scandinavie est en moyenne deux fois plus rapide qu’il ne l’est à l’échelle de la planète. Il y a donc une amplification des températures dans les hautes latitudes nord qui est très visible depuis un siècle et qui va se poursuivre.

    Cela est lié en particulier à la fonte des glaces de mer et des surfaces enneigées. Il y a moins de zones enneigées actuellement qu’il y a trente, quarante, cinquante ans. Or ces surfaces ont la propriété de renvoyer une large partie du rayonnement solaire vers l’atmosphère. (principe de l'albédo)

    Ce n’est pas le cas des zones de forêts, de toundra ou de l’océan libre qui ont remplacé la neige. Elles absorbent au contraire largement la chaleur et les rayonnements solaires. Cela explique en partie le fait que les températures augmentent deux fois plus rapidement dans les régions de l’Arctique qu’elles n’augmentent en moyenne globale.

    Ces zones de hautes pressions qui stagnent sur la Scandinavie sont conjoncturelles, mais sommes-nous aussi face à un phénomène de long terme ?

    C’est effectivement la question. Tout le problème est de savoir si ces zones de haute pression sont liées au réchauffement climatique global. D’après les météorologues, elles devraient se prolonger toute la semaine. En tous cas, elles s’inscrivent dans un réchauffement climatique que nous décrivons depuis longtemps. 

    A l’échelle planétaire, 2018 est la troisième année la plus chaude que nous ayons connue, après 2016 et 2017. On reste bien dans un contexte de réchauffement global avec des records qui sont battus. Et cela va devenir de plus en plus fréquent dans le monde, à mesure que le réchauffement climatique va se mettre en place.

    Il va falloir s’y habituer. C’est ce que nous disons, nous, climatologues depuis trente ans.

    Par exemple en France, même d’ici 2025, on aura des températures record de 2 à 3 degrés plus chaudes qu’elles ne le sont actuellement. Aujourd’hui, les températures record tournent autour de 42, 43 degrés en France. A l’échelle d’une dizaine d’années, elles pourraient arriver à 45 degrés. Et si le réchauffement climatique n’était pas maîtrisé, on pourrait aller au-delà de 50 voire 55 degrés dans certaines régions de l’Hexagone, dès la deuxième moitié de ce siècle.

    Et en Europe, si rien n’est fait pour lutter contre le réchauffement climatique, pratiquement deux tiers des habitants auront à faire face à des extrêmes climatiques. En cas de réchauffement non maîtrisé, il risque d’y avoir d’ici la deuxième moitié du siècle, 50 fois plus de décès liés aux catastrophes climatiques qu’actuellement. Aujourd’hui, on déplore 3 000 décès par an, on risque d’avoir 150 000 décès par an, en Europe, liés essentiellement aux périodes de canicule.

    On a ce sentiment que l’Europe est un continent moins vulnérable que d’autres, ce qui est bien le cas. Mais l’Europe est quand même très vulnérable au réchauffement climatique. On le vit actuellement avec le problème de ces feux de forêts très importants. Ces risques vont aller en s’amplifiant. Ce sont des choses que nous répétons continuellement, depuis vingt ans, trente ans. Mais il faut vraiment que les gens aient à faire face à ces difficultés pour qu’ils en prennent conscience. Et malheureusement, il y a un risque qu’il ne soit trop tard pour lutter contre le réchauffement climatique de façon efficace. C’est aussi très clair. On rentre dans un autre monde, c'est maintenant qu'il faut agir.

     • Crédits : Visactu

    Sommes-nous entrés dans la phase d’emballement du réchauffement climatique qui est très redoutée ?

    Non. Ce qui se produit en Europe actuellement est dans la ligne de ce qu’on anticipe. Il n’y a pas de déraillement du train, et on en est bien loin. Le problème est que même sans être sortis des clous en matière de climat, la montée normale des températures que l’on envisage se traduit forcément par des extrêmes plus extrêmes et en particulier des vagues de chaleur qui deviennent de plus en plus fortes. Cette année, c’est en Europe. En 2010, c’était plutôt en Russie. On battra de plus en plus fréquemment des records, c’est inhérent au réchauffement moyen des températures.

    Tout ce réchauffement est-il attribuable aux gaz à effet de serre ?

    L’essentiel de ce réchauffement est attribué aux activités humaines.

    En premier lieu, notre utilisation de combustible fossile, qui dégage du gaz carbonique – premier contributeur à l’augmentation de l’effet de serre. Les activités agricoles contribuent aussi aux émissions de méthane et de protoxyde d’azote. Mais pour 80%, il s’agit des gaz carboniques qui sont liés à notre utilisation du pétrole et du gaz. Et, si nous voulons être en mesure de tenir l’objectif de l’accord de Paris, il faut aller très rapidement vers une transition énergétique qui nous amène vers une société bas carbone. 

    Il faut voir que nous sommes partis pour des réchauffements de 3 degrés et demi en moyenne globale, donc des étés de plus en plus chauds et des décès de plus en plus importants, y compris en Europe. Il faut prendre la mesure de ces projections qui sont à la disposition de tous les citoyens et de tous les médias. Mais ce sont des choses, je le répète, que l’on dit depuis trente, quarante ans.

    Le réchauffement climatique est-il d'origine humaine ?

    Le réchauffement climatique est-il lié à l’activité humaine ?

    Notre pays ne semble pas tenir ses objectifs en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

    Oui, la France s’est fixée comme objectif de diminuer ses émissions polluantes de 20% en 2020 et de 40% en 2030. Or si l’on regarde 2017, les émissions ont augmenté de 3% par rapport à l’année précédente. Nous ne sommes pas du tout sur la trajectoire dans laquelle un pays comme le nôtre devrait s’inscrire. Alors que nous sommes – à travers l’accord de Paris – aux avant-postes de la lutte contre le réchauffement climatique.

      • Crédits : Sophie Ramis, Kun Tian, Gillian Handyside, Iris de Véricourt - AFP

    Tara Schlegel et Eric Chaverou

     

  • L'eau et l'élevage intensif

    16 000 litres d'eau potable pour produire un kilo de viande bovine.

    Le problème n'est pas l'élevage mais l'alimentation humaine. L'élevage intensif n'en est que la conséquence.

    Donc ?...


     

    Aux États-Unis, le Colorado s'étend sur plus de 2300 km et fournit en eau potable plus de 40 millions de personnes. Mais la sécheresse et l'activité humaine ont considérablement fait baisser le niveau d'eau.FRANCE 2

    C'est le fleuve le plus célèbre de l'Ouest américain. Depuis des millions d'années, le Colorado semble s'écouler paisiblement dans les canyons ocres qu'il a sculptés. Le fleuve parcourt plus de 2300 km, depuis les montagnes Rocheuses, jusqu'à son delta, situé au Mexique. Source de frisson pour les touristes, il alimente en eau plus de 40 millions de personnes.

    Mais les spécialistes sont inquiets, après 19 années de sécheresse consécutives. Le fleuve est en danger et son débit diminue d'année en année. Les lacs artificiels qui ont été créés sur son passage pour servir de réservoirs aux plus grandes villes de l'Ouest se vident progressivement. Sur le lac Powell, situé entre l'Arizona et l'Utah, par exemple, Marlon Duke, de l'agence d'Etat de gestion de l'eau, montre les signes de cette baisse du niveau. "On utilise plus d'eau que le lac n'en a reçu", analyse-t-il. 

    Une importante surexploitation

    La sécheresse n'est la seule en cause : lacs artificiels, barrages gigantesques et canaux de dérivation ont largement participé à son tarrissement. Dans les sept Etats qu'il traverse, le fleuve est détourné par la main de l'homme et est puisé, parfois jusqu'à l'excès. Son eau alimente des champs d'agriculture intensive (luzerne, coton, bétail), dont certains sont situés en plein désert. Leur situation est critique. 

    "Comme on n'a pas vu de pluies ce printemps, notre réservoir n'a pas reçu assez d'eau", explique ainsi Nancy Caywood, propriétaire d'une importante exploitation agricole. Et les autorités lui ont coupé l'accès aux canaux d'irrigation. "C'est tragique pour nous, on perd beaucoup d'argent."

    Des solutions alternatives 

    Certains trouvent des parades. Dans un golf de Casa Grande (Arizona), on arrose les greens en plein désert avec de l'eau recyclée. "On ne pompe ni dans les nappes phréatiques, ni dans les canaux, on retraite les eaux usées. Il s'agit d'eau impropre à la consommation", explique Larry Rains, le manager. 

    Mais ces solutions apparaissent dérisoires. Au bout de son voyage dans l'Ouest américain, le Colorado asséché n'arrive plus à rejoindre son estuaire dans la mer.

     


     

    Des sécheresses, il y en a eu évidemment et pas juste ces dernières années mais l'autre problème et dont on ne parle pas assez, c'est la transformation de la nature par l'activité humaine et cette transformation réduit considérablement la capacité de cette nature à survivre "naturellement" à des épisodes de sécheresse. Encore une fois, on voit l'impact à "LONG TERME" de l'humain lorsque celui-ci cherche prioritairement à rentabiliser à court terme son travail...


    "Pour ne rien arranger, la Suède est recouverte de moitié par les forêts, mais seul 2% d'entre elles sont naturelles. Le reste est composé de pins sylvestres et de feuillus plantés pour l'industrie papetière et le bois. "Ces forêts plantées par l'homme sont beaucoup plus fragiles que les forêts naturelles. Elles sont faites de monocultures peu résistantes au changement climatique et aux incendies et elles empêchent toute pérennité de la biodiversité", analyse la militante, qui rappelle qu'une forêt naturelle serait "plus résiliente" face au réchauffement."

    Depuis le mois de mai, quasiment aucune goutte d'eau n'est tombée dans le pays scandinave, d'habitude si frais, et les températures dépassent même les 30°C. De nombreux incendies se sont déclarés. Reportage.

    La forêt de Ljusdal en Suède, le 25 juillet 2018.
    La forêt de Ljusdal en Suède, le 25 juillet 2018. (ELISE LAMBERT / FRANCEINFO)

    Oloff Brink a tout perdu en quelques jours. Le 16 juillet, un gigantesque incendie s'est déclaré dans la forêt de Ljusdal, commune du centre de la Suèdebrûlant quasiment tous les arbres de sa famille. Sur les 460 hectares que possèdent les Brink, historique famille de forestiers de la région, il n'en reste plus que cent, toujours menacés par les flammes. "Mon héritage s'est envolé d'un coup. Cette forêt que je connais par cœur depuis que je suis petit n'existe plus", déplore cet homme de 23 ans.

    Assis dans le jardin fleuri de sa maison en bois verni, le jeune Suédois aux cheveux dorés a le regard triste. Il y a quatre ans, Oloff Brink a arrêté ses études en informatique pour reprendre l'exploitation forestière de son père, certain que la solitude du travail dans les bois lui conviendrait mieux que les bureaux.

    Mes projets ont été détruits par la météo. Un été caniculaire s'est installé juste après l'hiver, il n'y a même pas eu de printemps.Oloff Brinkà franceinfo

    Depuis le mois de mai, quasiment aucune goutte d'eau n'est tombée en Suède, pays d'habitude si frais, traversé de multiples cours d'eau et lacs. Selon l'Institut suédois de météorologie et d'hydrologie (SMHI), certaines régions reçoivent depuis le début du mois de juin 75% de précipitations en moins par rapport à la normale. À Ljusdal, le thermomètre atteint plus de 30°C, soit cinq à dix degrés de plus que d'habitude. Cela fait au moins 260 ans que le royaume n'a pas connu une telle sécheresse, rapporte le site The Local (en suédois).

    Des incendies au-dessus du cercle polaire

    La pelouse de la famille Brink, normalement si verdoyante à cette saison, a pris une couleur jaune pâle et craquelle sous le moindre pas. Dans le potager, les salades hier gorgées d'eau de pluie sont arrosées par un jet automatique. Afin de fuir cette chaleur "insupportable", Oloff Brink s'est aménagé une petite chambre dans le hangar à bétail. Il y fait 18°C, "le maximum que je puisse supporter", sourit le jeune homme. "Je n'ai jamais connu un été aussi chaud depuis que je suis né", renchérit son père, Björn Brink, en s'essuyant le front.

    Face à la chaleur, Oloff Birk s\'est aménagé une chambre dans le hangar réservé au bétail de sa maison à Färila, le 25 juillet 2018.
    Face à la chaleur, Oloff Birk s'est aménagé une chambre dans le hangar réservé au bétail de sa maison à Färila, le 25 juillet 2018. (ELISE LAMBERT / FRANCEINFO)

    La sécheresse est si intense et la chaleur si élevée qu'une cinquantaine d'incendies se sont déclarés en une semaine dans tout le pays, brûlant près de 30 000 hectares de forêt. Selon le service d'alerte suédois, une trentaine de feux sont toujours actifs le 26 juillet, principalement dans les régions de Gävleborg, Dalécarlie, Jämtland et Västernorrland. Des feux ont également été repérés en Laponie suédoise, au-dessus du cercle polaire : autour de la ville de Jökkmokk, destination du grand nord prisée des touristes, pas moins de cinq incendies ont été recensés. À Ljusdal, où les feux sont les plus violents, les autorités ont évacué plusieurs villages proches de la forêt.

    "On m'a réveillé à 2 heures du matin pour que je parte, raconte Ivan Halvarsson, 68 ans, habitant du village Huskölen, à l'orée des bois de Jämtland. J'ai juste eu le temps de prendre quelques vêtements et des photos. Je suis logé chez des amis en attendant, mais je ne sais pas quand je pourrai revenir", soupire ce Suédois à la silhouette ronde.

    On est très inquiets pour notre maison mais que peut-on faire ? Nous n'avons plus qu'à espérer et attendre.Ivan Halvarssonà franceinfo

    Depuis le début des incendies, tous les secours du pays, pompiers et protection civile, ont été mobilisés. Certains pompiers partis en vacances ont été rappelés et 500 militaires sont venus en renfort. Malgré l'ampleur du dispositif, la Suède, sous-équipée pour ce genre d'interventions, a dû solliciter l'aide de ses voisins en activant le mécanisme européen de sécurité civile. L'Italie, l'Allemagne, la Norvège, la Pologne et la France ont répondu à l'appel en envoyant plusieurs contingents de femmes et d'hommes et du matériel. Le 19 juillet, un convoi de 44 camions de pompiers et 139 sapeurs-pompiers de Pologne a traversé le pays sous les applaudissements des habitants.

    Des pompiers français installent leurs affaires dans le camp de base de Färila, le 24 juillet 2018.
    Des pompiers français installent leurs affaires dans le camp de base de Färila, le 24 juillet 2018. (ELISE LAMBERT / FRANCEINFO)

    "Si sec que l'eau ne suffit pas à stopper le feu"

    "Je n'ai jamais connu autant de feux de cette ampleur simultanément, reconnaît Peter Hertzmann, pompier volontaire depuis onze ans dans la commune de Jarvsö. Il fait si sec que l'eau ne suffit pas à stopper le feu." Même l'aide des agriculteurs arrivés en renfort avec leurs camions-citernes ne permet pas d'en venir à bout. "Le temps de se réapprovisionner en eau, le feu est déjà reparti", déplore le cinquantenaire à l'allure sportive.

    Il n'y a pas assez de pompiers en Suède et nous manquons de matériel. Avant l'aide européenne, nous n'avions pas assez d'avions pour survoler la forêt. Or, y pénétrer en camion ou à pieds est devenu trop dangereux.Peter Hertzmannà franceinfo

    À Färila, l'Agence de suédoise de protection civile (MSB) a construit un camp en douze heures pour accueillir les secours français, venus pour une durée indéterminée. "D'habitude, on se sert de ces camps lors des catastrophes naturelles ou les crises humanitaires en Afrique, en Asie... C'est la première fois en Suède", lâche l'athlétique Bobby Rose, chef des opérations du MSB. Malgré la chaleur suffocante, une dizaine de bénévoles sont venus prêter main forte et apporter des vivres. "Je suis en vacances, j'ai du temps. C'est la première fois qu'on vit une telle sécheresse, ça m'inquiète beaucoup", murmure Mikaël Wikström, en plein montage de ventilateurs.

    Mikael Wikström et Anders Carlström montent des ventilateurs dans le camp de base pour les pompiers à Färila (Suède), le 24 juillet 2018.
    Mikael Wikström et Anders Carlström montent des ventilateurs dans le camp de base pour les pompiers à Färila (Suède), le 24 juillet 2018. (ELISE LAMBERT / FRANCEINFO)

    Côté français, le lieutenant-colonel des pompiers Jean-Paul Monet reste optimiste, mais prudent. "Le feu se propage ici à 3 km/h, moitié moins que dans le sud de la France ou en Grèce, explique-t-il d'un ton calme. Mais la tourbe est si sèche que le feu repart toujours. On essaye de le contenir en creusant des tranchées, en arrosant les lisières, c'est un travail très dur." Afin d'éviter tout nouveau départ de feu, le gouvernement a interdit les feux de camp et les barbecues dans plusieurs régions, y compris dans les jardins privés, note The Local.

    "Je perds 2 500 euros par jour"

    Les conséquences de cette sécheresse sur l'agriculture et l'élevage sont déjà visibles. Par manque de foin, certains éleveurs assurent avoir commencé à abattre leurs animaux. Certains sont transformés en biocarburant ou vendus à la consommation. Pour écouler le stock, "des épiceries ne vendent plus que de la viande suédoise", reprend le pompier Peter Hertzmann. Pour la fédération des agriculteurs suédois, il s'agit de la pire crise depuis plus de 50 ans. "La perte est déjà estimée à plus de 2 milliards de couronnes suédoises", soit 194 millions d'euros, explique un porte-parole à l'AFP.

    À Ljusdal, l'heure est à l'inquiétude. Dans son exploitation de 1 400 hectares pour 11 000 vaches, Janna Hansson craint les prochains mois, même si de son propre aveu, il n'est pas le plus à plaindre. À la tête d'une des plus grosses fermes laitières du pays, ce Suédois à la taille imposante prévoit une baisse de sa production de 50% cette année à cause de la chaleur.

    Janna Hansson dans son exploitation laitière à Ljusdal (Suède), le 26 juillet 2018.
    Janna Hansson dans son exploitation laitière à Ljusdal (Suède), le 26 juillet 2018. (ELISE LAMBERT / FRANCEINFO)

    "Le sol est trop sec et il ne pleut pas, alors on manque de foin, raconte-t-il en marchant, suivi de près par son chien. Lors de la dernière moisson, on a récolté seulement 30% de la production habituelle." Le bétail a déjà entamé les réserves de l'hiver et montrerait des signes de "stress" face aux températures. "Les vaches produisent moins de lait. Depuis le début de l'été, je perds 2 500 euros par jour", reprend l'éleveur, fatigué par ces derniers jours. 

    L'entreprise est solide donc on devrait s'en sortir, mais j'ai peur que ce temps devienne la norme.Janna Hanssonà franceinfo

    Oloff et Björn Brink, les forestiers, ont perdu 12 millions de couronnes avec les incendies, soit près de 200 000 euros de capital. "On a une assurance, mais on ne sait pas combien elle nous remboursera. Et quand bien même, il faut des dizaines d'années pour que la forêt repousse, prévient Björn Brink. Ça, personne ne peut le compenser."

    La preuve du réchauffement en cours ?

    Cette sécheresse exceptionnelle et ces incendies sont-ils liés au réchauffement climatique ? Comme à chaque fois, les scientifiques sont divisés sur la question. Pour Lina Burnelius, spécialiste des forêts à Greenpeace Suède, le lien est indéniable : les feux sont essentiellement le résultat de l'activité humaine.

    Ces incendies sont la partie visible du réchauffement climatique. C'est une première pour la Suède mais de nombreux pays du Sud sont touchés depuis longtemps.Lina Burneliusà franceinfo

    Pour ne rien arranger, la Suède est recouverte de moitié par les forêts, mais seul 2% d'entre elles sont naturelles. Le reste est composé de pins sylvestres et de feuillus plantés pour l'industrie papetière et le bois. "Ces forêts plantées par l'homme sont beaucoup plus fragiles que les forêts naturelles. Elles sont faites de monocultures peu résistantes au changement climatique et aux incendies et elles empêchent toute pérennité de la biodiversité", analyse la militante, qui rappelle qu'une forêt naturelle serait "plus résiliente" face au réchauffement.

    Mais d'autres spécialistes se montrent plus prudents. "On ne peut pas affirmer que les feux sont liés au réchauffement, estime ainsi Erik Kjellström, climatologue au SMHI. L'Europe traverse depuis quatre mois un système de haute pression qui provoque la hausse des températures et la baisse des précipitations, mais cela pourrait se produire sur une planète plus froide." En revanche, "les incendies de cette ampleur sont de plus en plus nombreux, tout comme les hivers très froids".

    La forêt de Ljusdal en Suède, le 25 juillet 2018.
    La forêt de Ljusdal en Suède, le 25 juillet 2018. (ELISE LAMBERT/FRANCEINFO)

    En attendant, la chaleur n'est pas prête de retomber sur le royaume scandinave. Des pics à 35°C sont attendus dans le week-end et les autorités mettent en garde contre les risques de nouveaux départs de feu. Les plus pessimistes affirment qu'il faudra attendre les premières neiges pour que la situation se résorbe complètement (mais ce ne sera pas avant octobre). "Si on veut rester positifs, on se dit qu'affronter une telle sécheresse c'est de l'expérience pour le futur, pressent le pompier Peter Hertzmann. À l'avenir, on sera obligés de prendre en compte ces risques dans nos vies."

     


     

    Pour le climatologue du CNRS Robert Vautard, les vagues de chaleur que connaissent de nombreux pays "sont une conséquence directe du réchauffement climatique".

    Au cœur de Stockholm (Suède) des gens se font bronzer, le 16 juin 2018. Depuis plusieurs semaines, le pays connaît un épisode de chaleur exceptionnel. 
    Au cœur de Stockholm (Suède) des gens se font bronzer, le 16 juin 2018. Depuis plusieurs semaines, le pays connaît un épisode de chaleur exceptionnel.  (HOSSEIN SALMANZADEH / AFP)

    Vous n'avez pas pu y échapper : le thermomètre s'affole ces derniers jours. Jusqu'à 38°C sont attendus dans l'Hexagone, jeudi 26 juillet. La France, ainsi que plusieurs pays d'Europe du Nord, vivent depuis quelques semaines un épisode de chaleur particulièrement intense. Mais ce n'est rien comparé à ce que nous connaîtrons d'ici quelques décennies, prévient Robert Vautard, climatologue au CNRS et directeur de recherche au Laboratoire des sciences du climat et de l'environnement (LSCE). Interrogé par franceinfo, ce spécialiste affirme que "les températures extrêmes que l’on subit cet été vont devenir la norme"

    >> DIRECT. Canicule : 18 départements toujours en vigilance orange, jusqu'à 38 degrés attendus jeudi

    Franceinfo : Peut-on imputer les vagues de chaleur actuelles au changement climatique ?

    Robert Vautard : D’une manière générale, oui. Il n’y a plus de doutes là-dessus. On est capable de démontrer scientifiquement que les vagues de chaleur sont une conséquence directe du réchauffement climatique, contrairement aux cyclones ou aux fortes pluies, pour lesquels il est encore difficile d’établir un lien de causalité.

    On sait notamment que les gaz à effet de serre et les activités humaines augmentent directement la fréquence des vagues de chaleur.

    Le problème est qu’on est arrivés à un point de non retour.Robert Vautard, climatologueà franceinfo

    Pourquoi ?

    On ne pourra pas revenir à un climat normal, même en diminuant nos émissions de CO2. On pourra les contenir et en limiter la progression mais les températures dépendent des gaz à effet de serre qui se trouvent déjà dans l’atmosphère et faire redescendre les niveaux de CO2, c’est extrêmement difficile. Contrairement à la pollution atmosphérique, dont les particules retombent assez vite, ces émissions de gaz à effet de serre ne retombent pas, ou extrêmement lentement. On a tendance à l'oublier.

    Aujourd’hui, on se retrouve avec des étés étouffants. Mais avec l’augmentation actuelle des émissions de CO2, il faudra s’y habituer car les épisodes caniculaires deviendront la norme.Robert Vautardà franceinfo

    Que peut-on faire en priorité pour lutter contre ce réchauffement climatique ?

    À notre niveau, il faut d’abord que l'on ait une prise de conscience. Le changement climatique ne sera pas un problème dans vingt ou trente ans. C’est maintenant. On en subit même déjà les conséquences aujourd’hui puisque l’on doit déjà s’adapter, particulièrement en été avec ces vagues de chaleur. Cette prise de conscience peut paraître évidente mais force est de constater que, pour le gouvernement américain par exemple, ce n’est pas du tout une priorité. Malgré les bonnes intentions affichées des politiques, le climat reste quand même au second plan par rapport à des sujets qu’ils jugent plus immédiats.

    La deuxième étape, c’est l’action. Il faut agir un peu à tous les niveaux. Cela commence par recourir au maximum à une énergie zéro carbone, qui n'émet pas de CO2 : ce n’est pas difficile et c’est déjà en cours. On est sur la bonne voie. Même si, aujourd’hui, le problème n’est pas tellement en France ou en Europe mais dans les pays émergents. Il ne faut pas les blâmer mais il faut plutôt réfléchir à les aider pour qu’ils se développent d’une façon différente de la nôtre. Ce n’est pas un défi uniquement pour eux : il nous concerne tous.

    Dans les villes, la situation s'annonce particulièrement difficile…

    Les villes ont un climat vraiment particulier, surtout en été. Le peu de présence de végétation notamment fait que l’énergie est piégée la journée dans la ville et a du mal à s’évacuer la nuit. Cela crée un îlot de chaleur urbain qui fait que les températures redescendent beaucoup moins vite la nuit, contrairement aux campagnes environnantes.

    La persistance de températures élevées la nuit pose un gros problème de santé car on sait que pendant les périodes de forte chaleur, le corps a besoin de se reposer la nuit.Robert Vautard, climatologueà franceinfo

    On est capable d'absorber des températures assez fortes la journée, à condition de se reposer après.

    Jean Jouzel, climatologue et vice-président du Giec, affirmait que l’on pourrait même atteindre les 50 degrés dans l'est de la France, dans la deuxième partie du XXIe siècle. Vous confirmez ?

    Bien sûr. Si le réchauffement climatique augmente de 3 ou 4 degrés, on a des scénarios dans lesquels les écarts à la normale d’aujourd’hui seront beaucoup plus importants. L’été 2003 en région parisienne était 3 degrés plus chaud que la normale.

    Dans certaines de nos simulations climatiques, d’ici la fin du siècle, on aura des étés qui iront jusqu’à 10 degrés au-dessus de la normale. Est-on prêt à supporter ça ?Robert Vautard, climatologue."


     

  • Arnaud Ferreira

    Arnaud est un ancien élève et c'est que du bonheur de le voir évoluer dans sa passion de la musique electro.

    Un Grand est en train d'émerger et comme en plus, c'est un gars bien, une belle personne, ça me plaît de partager sa page.

    https://www.facebook.com/Arnaud-Ferreira-924430724240372/…

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    Arnaud Ferreira

     

    Pour moi, il ne s'agit pas de se limiter à aimer ou pas ce style musical mais à se réjouir de voir un jeune se démener et travailler dans la création artistique et je sais oh combien c'est un travail de longue haleine.

    Une musique de film ça : Un thriller à la Ridley Scott ou Denis Villeneuve. Chapeau bas Arnaud.

     

  • Vertiges de l'amour en montagne

    Quatre jours dans le massif du Dévoluy. Quasiment personne, sept personnes croisées en tout sur des sommets. Des papillons en pagaille, des sauterelles par milliers dans les alpages, des chamois surpris de voir des bipèdes, des gypaètes majestueux, des chevreuils, des marmottes, des vautours, les petits passereaux qui vivent encore là-haut, un lieu préservé, l'eau potable des torrents de montagne, des chemins balisés ou des montées "à vue", en terrain d'aventure, les fameuses "randonnées du vertige".

    Et le silence absolu de la nuit, des étoiles plein les cieux. Et nous deux. Que du bonheur.

    L'Obiou. Une montagne unique, incomparable, puissante, complexe. Troisième fois qu'on monte au sommet mais cette fois, on a emprunté une voie un peu particulière puisqu'il faut grimper dans des passages si étroits qu'on doit enlever le sac à dos et le hisser avec la corde ! Trois personnes au sommet dont un gars qui était monté pour sauter avec une "aile"...Terriblement impressionnant...Quelques secondes de chute libre et puis un vol plané avant d'ouvrir le parachute...

    Et puis, la recherche compliquée d'une grotte au fond de laquelle on trouve un mur de glace. Des pentes raides, des éboulis, des couloirs ruiniformes où il faut rester très concentré. Pas grand-monde dans le secteur. Comme dans tout le massif d'ailleurs.

    En quatre jours et des paquets de kilomètres, on a vu très, très peu de randonneurs. Et pourtant, cette nature est d'une beauté à couper le souffle. Des torrents le soir pour se baigner et le lac du Sautet dans son écrin. Des chamois, des papillons multicolores, le silence, le camion posé au bout des pistes forestières, une solitude incroyable.

    Le Grand Ferrand est avec l'Obiou le sommet emblématique du Dévoluy. La voie normale emprunte déjà quelques passages escarpés mais comme on la connaissait déjà, on est parti dans un autre itinéraire. Plus compliqué... Bon, très clairement, à plusieurs endroits, la chute est interdite et on était soulagé quand on est sorti des gradins herbeux, terreux et couverts de pierrailles pour rejoindre la voie normale. La corde était plus symbolique qu'autre chose vu qu'il n'y a pas d'ancrage vraiment "béton" même en utilisant des coinceurs et des sangles. "Terrain d'aventure", comme on dit ou "randonnée du vertige". 

    Alors, on a cherché, on a pris notre temps, on s'est assuré au mieux, le regard attentif sur soi et sur l'autre et on est allé en haut. "Le tunnel de la cloche" qui traverse la paroi et débouche dans la falaise est un moment à part...La suite, sur les arêtes, est effectivement une randonnée du vertige...Grandiose.

    Des heures de marche, juste Nathalie et moi, un biscuit au sommet, rien d'autre, plus aucun besoin de nourriture en journée de marche, quelques mots, la recherche de l'itinéraire, l'étude de la carte, la recherche d'une trace, d'un cairn, le bonheur de l'effort long et du corps en action.

    Le privilège de vivre tout cela à deux. Vertiges de l'amour.

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    JARWAL le lutin est toujours avec moi, Là-Haut.

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  • Ecriture de romans et recherches documentaires

    Dans l'écriture de la trilogie en cours, "Les héros sont tous morts", "Tous, sauf elle" et "Il faudra beaucoup d'amour", je ne compte plus les documents, livres et vidéos que j'ai étudiés, les liens que je conserve, plus de cent actuellement et bien évidemment, tout ce que j'y ai appris. Rien de réjouissant d'ailleurs. 

    Terrorisme, ressources de la planète, sphère financière, survivalisme, biologie, médecine, peuples premiers, factions religieuses de l'Islam, centrales nucléaires, informatique et cyber attaque, stocks stratégiques de carburant, réseau électrique, écologie...

    C'est ce dernier thème qui occupe mon esprit ces jours-ci et je suis tombé là-dessus.

    La "platisphère", terme utilisé en 2003 par le couple Zettler, scientifiques de renom. 

    Les déchets plastiques deversés dans l'Océan voient proliférer sur eux de nouvelles bactéries, comme celle du vibrion choleare...

    On va où là ?...

    Je pensais écrire une série d'anticipation et je me retrouve constamment rattrapé par l'actualité...

    J'en arrive parfois dans ce travail d'écriture à me sentir dépasser par l'ampleur de la tâche au regard de la vitesse de propagation du cauchemar humain et par l'infinie petitesse actuelle des noeuds de résistance. Il me devient difficile de me projeter certains jours dans un horizon lumineux.

    Un sentiment partagé quant à la justification de ce travail. L'impression d'écrire une trilogie que personne n'aura envie de lire.

    Parfois, j'arrête, je me mets en mode "pause et rêverie" et j'écoute de la musique.

    Très important la musique. L'humain sait faire de très belles choses aussi. Tout n'est pas perdu.

     


     

    PLANÈTE

    Des colonies de microbes dans la plastisphère océanique

    ACTUALITÉClassé sous :OCÉAN , ÎLE DE DÉCHETS , CONTINENT DE PLASTIQUE

    La plastisphère, ce nouvel écosystème marin qui se développe sur les déchets plastiques, grouille de microbes et de bactéries en tout genre. S'il est difficile de prévoir les effets qu'aura ce nouveau monde sur l'océan, on peut d'ores et déjà affirmer qu'il modifie le développement des micro-organismes et pourrait bien transporter des maladies.

    Ce macrodéchet de plastique a été découvert dans la zone d'accumulation est de l'océan Pacifique, durant l'expédition 7e continent, le mois dernier. Les mollusques s'en servent au même titre que les rochers ou récifs. Ces déchets de plastique sont aujourd'hui de véritables nouveaux récifs, nids de microbes en tout genre, tels que le choléra. © Soizic Lardeux, OSL

    Ce macrodéchet de plastique a été découvert dans la zone d'accumulation est de l'océan Pacifique, durant l'expédition 7e continent, le mois dernier. Les mollusques s'en servent au même titre que les rochers ou récifs. Ces déchets de plastique sont aujourd'hui de véritables nouveaux récifs, nids de microbes en tout genre, tels que le choléra. © Soizic Lardeux, OSL 

    Les débris marins les plus abondants sont les déchets plastiques. Sur les 260 millions de tonnes de plastique produites chaque année, 10 % finit sa course en mer. La circulation océanique entraîne les déchets loin des côtes, dans les gyres océaniques où ils s'accumulent et se dégradent lentement. Ces zones d'accumulation sont souvent appelées continents de plastique ou îles de plastique. La notion de plaque macroscopique de plastique est trompeuse, on devrait plutôt parler de soupe de plastique microscopique. Néanmoins, l'abondance du matériau dans l'océan a conduit à la prolifération de milliers de bactéries, fondant un nouvel écosystème, la « plastisphère ».

    Ce nouvel habitat océanique soulève un grand nombre de questions. Les nouvelles conditions environnementales vont-elles favoriser le développement d'espèces au détriment d'autres ? En quoi la prolifération de la vie marine à même ces déchets plastiques pourrait-elle modifier la chaîne alimentaire ? À leur mort, ces organismes vont-ils plonger au fond de l'océan ou seront-ils ingérés ? Quel impact la plastisphère peut-elle avoir sur l'océan ? Difficile de répondre maintenant, mais une équipe du Woods Hole Oceanographic Institution (WHOI) donne quelques éléments d'analyse.

    Une ciliée Suctoria couverte de bactéries symbiotiques et des diatomées, fixées sur un morceau de plastique fissuré et altéré. © Erik Zettler, Sea Education Association

    Une ciliée Suctoria couverte de bactéries symbiotiques et des diatomées, fixées sur un morceau de plastique fissuré et altéré. © Erik Zettler, Sea Education Association 

    L'équipe a étudié des débris plastiques récoltés en différents points du gyre de l'Atlantique nord, à partir de filets au maillage microscopique. La plupart des débris récupérés ne dépassaient pas le millimètre, mais abritaient une riche vie microbienne. Les résultats de l'analyse, publiés dans la revue Environmental Science & Technology, font état de plus d'un millier d'espèces différentes développées sur un seul microdéchet de plastique.

    Le plastique au temps du choléra

    Sur un bout de plastique d'à peine la taille d'une épingle, les chercheurs ont trouvé des organismes autotrophes (phytoplancton et bactéries), des animaux et bactéries qui s'en nourrissaient et des prédateurs plus gros encore. Ils ont par ailleurs identifié de véritables relations symbiotiques entre certains de ces organismes. La plastisphère peut être vue comme un nouveau récif microbien.

    Étudiées à partir de microscopie électronique à balayage et de techniques de séquençage des gènes, les bactéries montrent un développement différent de celles qui grandissent sur des récifs naturels. Le plastique se dégrade moins vite que le bois ou les plumes sur lesquels elles vivent normalement, et fournit des éléments nutritifs bien inhabituels. L'équipe montre notamment que les microbes sont capables de dégrader le plastique. Ils ont observé des fissures et des puits microscopiques dans le matériau, qui révèlent que les bactéries s'attaquent aux chaînes d’hydrocarbures.

    Les débris de plastique représentent donc un nouvel écosystème, mais pourraient bien être aussi un nouveau mode de transport, vecteur de microbes nocifs. Sur un des plastiques étudiés, la population dominante appartenait au genre Vibrio, qui comprend les bactéries du choléra et les bactéries vectrices de maladies gastrointestinales. L'équipe du WHOI espère pour la suite être en mesure d'identifier et de séquencer toutes les bactéries que l'on peut trouver dans ces milieux, pour ainsi parvenir à développer des cultures en laboratoire et étudier leur mode de fonctionnement. 

  • Monarchie républicaine

    Ce que je retiens surtout de cette affaire, c'est que le comportement de ces gens est à l'image du "matraquage" social orchestré par M Macron. La pensée prend forme dans la matière, c'est inéluctable. Je ne suis donc absolument pas surpris de la tournure des événements...On est dans la logique des choses et l'attitude du chef de l'état en dit long sur la suite...Ce qui va être intéressant, c'est la réaction des parlementaires parce que finalement, eux aussi sont pris pour des moins que rien étant donné tous les passe-droits dont bénéficiait cet énergumène. Et on peut supposer qu'il n'est pas le seul. "Monarchie républicaine", c'est le nouveau concept...Mais, bon, en pleines vacances d'été, ça ne va pas remuer les foules. M'étonnerait pas qu'un pare-feu soit rapidement mis en place, histoire d'occuper la plèbe et les journalistes. C'est surtout là-dessus que ça doit cogiter dans les hautes sphères boueuses...

    Alexandre Benalla s\'en est pris physiquement à un jeune couple, lors des manifestations du 1er-Mai. Le photographe Naguib Michel Sidhom a immortalisé cet instant clé.
    Alexandre Benalla s'en est pris physiquement à un jeune couple, lors des manifestations du 1er-Mai. Le photographe Naguib Michel Sidhom a immortalisé cet instant clé. (NAGUIB-MICHEL SIDHOM / AFP)

    Le couple de jeunes qui a été frappé par Alexandre Benalla et Vincent Crase lors des manifestations du 1er-Mai à Paris "avait une attitude extrêmement pacifique", a témoigné sur franceinfo dimanche 22 juillet, Naguib Michel Sidhom, photographe et ancien journaliste qui a notamment travaillé à l'AFP et au Monde.

    Témoin clé de l'affaire Benalla

    Il a été témoin de la scène depuis son appartement, situé dans un immeuble qui donne sur la place de la Contrescarpe, où se sont déroulés les faits. Naguib Michel Sidhom a pris "141 photos qui sont maintenant à la disposition de la justice". Il a par ailleurs été entendu par la police judiciaire.

    Selon Naguib Michel Sidhom, "on voit de manière très claire que l'ensemble des manifestants, qui étaient extrêmement jeunes, avaient été fouillés" par les CRS présents sur la place. "Il n'y avait à mon sens aucun danger", estime donc le photographe. Sur la place, le couple de jeunes victimes des coups portés par Alexandre Benalla et Vincent Crase "avait une attitude extrêmement pacifique", qu'il qualifie de "souriante et décontractée." "Je ne suis pas certain que ces deux jeunes faisaient partie des manifestants", affirme Naguib Michel Sidhom. "J'ai l'impression qu'ils étaient là peut-être par hasard." En référence au rôle d'observateur pour lequel Alexandre Benalla avait reçu une autorisation, Naguib Michel Sidhom assure : "Ceux qui était observateurs, c'était plutôt les deux jeunes."

    Une série de coups 

    Selon Naguib Michel Sidhom, il y a eu une première charge des CRS pour faire refluer les manifestants rassemblés sur la place de la Contrescarpe. Elle ne concernait pas les deux jeunes. Les CRS ont reflué puis "le garçon a pointé un doigt en direction des CRS, sans doute pour dire sa manière de penser sur cette charge." Les CRS ont alors lancé une petite charge à l'encontre du couple et les deux jeunes ont pris la fuite en direction de la rue Mouffetard. "Ils sont d'abord ramenés par Alexandre Benalla, qui ramène la fille vers le café des Arts. Il l'oblige à s'asseoir de manière un peu vigoureuse et la confie à ce que je crois être - parce que maintenant je ne suis plus sûr de rien - un policier en civil portant des lunettes."

    Alexandre Benalla est alors reparti et, pendant ce temps, Vincent Crase est arrivé "avec une demi-douzaine de CRS tenant le garçon qui, à mon sens, fait de la résistance passive", témoigne Naguib Michel Sidhom. "En même temps, [le jeune] essaie de dialoguer. Il a une attitude qui n'est pas dangereuse à mon avis." C'est alors qu'Alexandre Benalla "revient, attrape par derrière le garçon est lui assène des coups. Ces coups ont continué, y compris quand il était à terre, c'est-à-dire qu'il est relevé, remis à terre et de nouveau frappé."

    Des CRS conciliants ?

    Selon Naguib Michel Sidhom, Alexandre Benalla apparaissait clairement comme un membre des forces de l'ordre. "A ce moment-là, c'est évident. Il a le casque et l'insigne. Je ne vois ni bandeau ni arme (...) mais c'est évident, ils font partie de l'équipe." Il estime que le comportement des CRS n'est "pas mieux" que celui d'Alexandre Benalla et Vincent Crase. D'après lui, les CRS n'ont d'ailleurs eu "aucun mouvement de surprise" en voyant les agissements d'Alexandre Benalla. Et de conclure : "Si c'est nécessaire, je témoignerai en leur faveur."


     

    Je sais bien qu'il s'agit d'un gars de l'opposition mais l'article a au moins le mérite de résumer clairement ce qu'un grand monde de gens suspecte fortement...Il doit faire "chaud" à l'Elysée et la clim n'y changera rien...

    Photo d\'illustration. Olivier Faure, premier Secrétaire du PS.
    Photo d'illustration. Olivier Faure, premier Secrétaire du PS. (LEON TANGUY / MAXPPP)

    Le gouvernement a décidé de suspendre l'examen de la révision constitutionnelle jusqu'à nouvel ordre, a annoncé dimanche 22 juillet la garde des Sceaux Nicole Belloubet, alors que l'Assemblée est paralysée depuis plusieurs jours par l'affaire Benalla.

    "C'était la seule décision qui s'imposait", réagit sur franceinfo Olivier Faure, député Nouvelle Gauche de Seine-et-Marne, dimanche 22 juillet. Le Premier secrétaire du PS attend maintenant l'audition du ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, ainsi que celle de Michel Delpuech, préfet de police de Paris, prévues lundi 23 juillet.

    Olivier Faure souhaite "que l'ensemble de la hiérarchie de M. Benalla soit entendue, à la fois le directeur de cabinet, le secrétaire général de l'Élysée, le chef de cabinet... et qu'ils nous donnent des explications sur le rôle réel de M. Benalla." Le silence d'Emmanuel Macron ne passe pas non plus inaperçu : "On aimerait entendre le chef de l'État, c'est la moindre des choses. C'est lui, en dernier ressort, le responsable de cette affaire."

    franceinfo : Il est impossible de mettre l'affaire Benalla de côté pendant quelques heures pour examiner ce projet de révision constitutionnelle ?

    Olivier Faure : Il y a un lien étroit avec le projet que nous examinons en ce moment, qui vise à réduire les droits du parlement. Comment peut-on penser qu'il faut réduire les droits du parlement, quand on voit quelles sont les dérives potentielles, quand on permet au pouvoir d'être seul maître de tout, y compris de mettre en place une police parallèle, de couvrir les exactions et de se sentir dénuée de toute obligation par rapport à la loi, puisque la logique aurait voulu que M. Benalla soit sanctionné, soit dénoncé auprès du procureur de la République dès la connaissance des faits, le 2 mai dernier. On le sait maintenant, à la fois le ministre de l'Intérieur et le président de la République ont en été informé et aucune décision de ce type n'a été prise. Ils ont couvert.

    La commission des lois qui s'est dotée de pouvoirs d'enquête doit auditionner demain le ministre de l'Intérieur et le préfet de Paris. Qu'attendez-vous de ces auditions ?

    La vérité. Les faits sont plus que troublants. Voilà un jeune homme de 26 ans, qui n'est même pas nommé au Journal officiel, qui donc n'a pas d'existence officielle dans la République, qui se retrouve à être celui qui commande les forces de l'ordre en opération, qui participe à un certain nombre de réunions, qui est en fait le bras armé d'Emmanuel Macron dans la police et qui est ensuite couvert alors qu'il commet des agissements graves le 1er mai. Toutes ces questions supposent des réponses. Nous sommes véritablement en présence d'une affaire d'État, qui justifie pleinement une commission d'enquête que nous avions demandé et que nous avons obtenu. Maintenant, il faut que le ministre, sous serment, comme le préfet de police, répondent aux questions qui leur seront posées, qui seront nombreuses et qui seront précises.

    Pour vous le ministre de l'Intérieur a clairement couvert Alexandre Benalla ?

    Ce n'est pas moi qui le dit, il le dit lui-même. Il a commencé par mentir en essayant de passer à travers les gouttes. Puis, on a découvert qu'il était au courant et qu'il avait transmis à l'Élysée les informations dont il disposait. Il aurait dû, au titre de l'article 40 du code de procédure pénale, être celui qui appelle le procureur de la République et dénonce ces faits. Il ne l'a pas fait. Il a, depuis le 2 mai, couvert. Non seulement la sanction n'a pas eu lieu, mais M. Benalla a repris ses activités, comme si de rien n'était, puisqu'il était au Panthéon pour la dépose des cendres de Simone Veil, qu'il était là pour le retour des Bleus, qu'il était là pour le passage de Tom Cruise à l'Élysée le 14 juillet... Il n'a pas cessé ses fonctions de sécurité comme il l'a été dit. Il n'a pas été cantonné à des activités administratives. Il continue à gérer les affaires de police parallèle que M. Macron lui a demandé vraisemblablement de conduire. Il n'est empêché par personne.

    Souhaitez-vous que d'autres personnalités soient interrogées par la commission des lois ?

    Oui, je souhaite que l'ensemble de la hiérarchie de M. Benalla soit entendue, c'est-à-dire à la fois le directeur de cabinet, le secrétaire général de l'Élysée, le chef de cabinet... et qu'ils nous donnent des explications sur le rôle réel de M. Benalla, puisqu'il n'était pas seulement chargé de la sécurité, il s'occupait aussi de politique puisqu'il avait un badge d'accès jusqu'à l'hémicycle, ce qui est extrêmement rare. Le président de la République n'a pas le droit de mettre les pieds à l'intérieur de l'Assemblée, ce qui rend totalement inopérant l'argumentaire selon lequel il serait là uniquement pour la sécurité. Il avait visiblement une mission qui était plus large, dont personne ne connait les contours à ce jour. Emmanuel Macron aussi doit s'exprimer pour dire la vérité. Il est directement mis en cause. C'est lui, en dernier ressort, le responsable de cette affaire. C'est lui qui a organisé ou laissé organiser sous son toit une police parallèle qui a refusé de sanctionner un individu qui s'était comporté de manière violente et qui avait usurpé des titres qui n'étaient pas les siens, qu'il a laissé se comporter comme un policier, pendant de longs mois, voire même une année complète, sans que rien ne l'y autorise. On aimerait entendre le chef de l'État, c'est la moindre des choses.

  • Orang-outan ou hydroélectricité...

    L'orang-outan de Tapanuli, juste découvert et bientôt disparu ?

     

    L'orang-outan de Tapanuli

    L'orang-outan de TapanuliAncestral, tout juste découvert et déjà menacé d'extinction : l'orang-outan de Tapanuli (© Andrew Walmsley/Nature Picture Library)

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    L'orang-outan de Tapanuli crée l’émoi. Identifié comme une espèce à part entière en 2017, il risque déjà de disparaître. Les 800 derniers individus vivent dans les forêts de Sumatra. Ils sont aujourd'hui menacés d'extinction à cause d'un projet de barrage qui détruirait leur habitat. Protégeons l'orang-outan de Tapanuli à tout prix !

    Lettre

    Aux présidents de la Chine et de l'Indonésie, aux dirigeants de Sinohydro et de l'entreprise publique d'électricité PLN

    Merci de ne pas construire de barrage dans la forêt de Batang Toru ! Protégeons l'orang-outan de Tapanuli et son habitat avant tout !

    AFFICHER LA LETTRE DE PÉTITION

    Un pelage long et ondulé : cette apparence singulière distingue d'ores et déjà l'orang-outan des forêts de Tapanuli de ses cousins de Sumatra et Borneo. Et les cris des mâles évoquent presque une langue étrangère.

    Ce n'est pourtant qu'en novembre 2017 que des scientifiques ont découvert que l'orang-outan de Tapanuli est une espèce à part entière et non une sous-espèce de l'orang-outan de Sumatra, ce qui lui valut son nom (Pongo tapanuliensis). Des analyses du génome ont révélé que l'orang-outan de Tapanuli s'est séparé de la lignée des orangs-outans de Bornéo il y a 670 000 ans. Pongo tapanuliensis est l'espèce d'orang-outan la plus rare. 

    Cette découverte nous ouvre les yeux sur la méconnaissance que nous avons de nos plus proches parents et sur la biodiversité en général. Le genre humain est prompt à détruire ce qu'il ne fait qu'entrevoir. C'est également le sort qui attend l'orang-outan de Tapanuli si un projet de barrage pour une centrale électrique est réalisé dans sa zone de refuge.

    Les 800 derniers individus de l'espèce vivent dans les forêts au sud du lac Toba. C'est dans la forêt de Batang Toru que l'entreprise publique chinoise Sinohydro projette de construire un barrage pour une centrale hydroélectrique de 510 MW. Une perspective qui plonge le monde scientifique dans l'effroi : voir l'habitat du rare orang-outan de Tapanuli détruit, en partie englouti et qui sonnerait le glas des primates les plus rares.

    Bien qu'une partie de la forêt de Batang Toru soit protégée, d'autres zones d'intérêt écologique ne le sont pas. Et c'est précisément là que se concentre la majeure partie des orangs-outans. Le projet de barrage isolerait les différentes populations les unes des autres.

    Ce barrage est insensé et ne doit jamais voir le jour !

    ContexteLettre

    Aux présidents de la Chine et de l'Indonésie, aux dirigeants de Sinohydro et de l'entreprise publique d'électricité PLN

    Monsieur le Président,
    Madame, Monsieur,

    Dans les forêts de Batang Toru vit le rare orang-outan de Tapanuli, tout juste identifié comme une espèce à part entière en 2017. Les analyses scientifiques de son génome, de sa morphologie et de son comportement sont surprenantes : avec l’orang-outan de Tapanuli, l'Indonésie abrite donc trois espèces d'orang-outan. Toutes trois sont gravement menacées mais c'est surtout la survie de cette espèce nouvellement identifiée qui est incertaine. L'exploitation minière, la coupe de bois, le braconnage et les plantations déciment déjà les forêts riches en biodiversité de Batang Toru. Les scientifiques exhortent à protéger l'habitat des orangs-outans de Tapanuli immédiatement et sans relâche.

    Car c'est précisément dans cette région d'importance écologique que Sinohydro projette de construire un barrage pour une centrale hydroélectrique de 510 MW. Ce barrage couperait en deux l'habitat de l'orang-outan de Tapanuli, en isolerait les différentes populations et inonderait en partie la zone.

    Nous en appelons à vous pour faire tout ce qui est en votre pouvoir pour protéger l'orang-outan de Tapanuli. Ne vous rendez pas coupables de l'extinction de notre parent le plus proche ! Ne sacrifiez pas les bases écologiques de la vie à des intérêts économiques à court terme !

    La planification d'un projet de grande envergure comme celui du barrage de Batang Toru doit impérativement et inconditionnellement tenir compte des critères écologiques et sociaux.

    Non au projet de barrage dans l'habitat de l'orang-outan à Tapanuli !

    Nous vous prions d'agréer, Monsieur le Président, Madame, Monsieur, l'expression de notre profond respect.

  • TOUS, SAUF ELLE : Remington 700

     

    Comment imaginer et décrire les émotions d'un tireur d'élite quand on ne sait pas soi-même utiliser une arme à feu ?... Comment imaginer et décrire les émotions d'un terroriste quand on a déjà peur d'allumer la mèche d'un pétard ? Comment imaginer et décrire les émotions d'une femme dans l'acte sexuel quand on est un homme ? Comment imaginer et décrire les émotions d'une jeune fille devant la violence des hommes quand on vit soi-même dans une paix totale ? Comment imaginer et décrire les émotions d'un individu qui se trouve confronté à une situation jusque-là inconcevable ? Comment imaginer et décrire les émotions d'une humanité entière devant l'impensable ?

     


     

    J'ai commencé l'écriture d'un passage important ce matin, à 5h30 et je viens de finir. Il est minuit. En sachant que demain, je recommencerai peut-être après m'être endormi en tournant et retournant les mots.

    Il y a des soirs d'écriture où je me dis que j'aurais mieux fait de m'intéresser à la construction de maquettes en allumettes...

    Et aussitôt, je m'imagine construire des villes entières pendant des milliers d'heures et en voir s'écrouler parfois des pans entiers. Et me dire que j'aurais mieux fait de m'intéresser à l'écriture de romans.

    Il en va ainsi de la passion des raconteurs d'histoire.

    Il y a dans ma tête une agitation frénétique, des interrogations sans fin, des personnages qui se parlent et vivent des situations compliquées, rien n'est déjà établi, tout se contruit, mot à mot, c'est comme gravir une montagne qui n'existe pas mais qui prend forme à chaque pas effectué, parfois, il faut s'arrêter, se reposer, reconstituter les forces, regarder sous ses pieds le chemin parcouru, s'assurer que la base est solide avant de reprendre l'ascension.

    Impossible de présager de l'altitude finale ni même des prochains obstacles particuliers, l'horizon vertical n'a aucune forme solide, c'est comme un mirage fluctuant dans la brume des cieux.

    Alors, j'écris une phrase de plus pour monter d'un palier. 


     

    TOUS, SAUF ELLE

    « Les quatre fenêtres n’existaient pas, je les ai ajoutées et elles permettent d’observer et de couvrir la totalité du terrain. Personne ne peut s’approcher sans être vu. Personne ne pourrait arriver ici sans se faire descendre. »

    Il la laissa et s’approcha d’une vaste armoire métallique. Il prit une clé dans une poche et libéra un cadenas. Quand il ouvrit les deux panneaux, elle se figea.

    Des armes, une panoplie de fusil, des cartouches, des révolvers.

    C’est là qu’elle eut peur, une peur viscérale, une brûlure, une sidération.

    « Est-ce que tu sais tirer ? » demanda-t-il, sur un ton froid.

    Elle ne comprit pas immédiatement la question.

    « Est-ce que tu sais te servir d’une arme à feu, Laure ? »

    Un bunker. Il avait parlé d’un bunker. Elle avait cru qu’il souhaitait simplement s’isoler, se protéger du monde extérieur. Elle comprenait avec une brutalité nauséeuse qu’il projetait bien davantage.

    « Il n’y a que Raymond qui sait ce que je fais ici. Et toi maintenant. Est-ce que tu sais tirer, Laure ? »

    –Que va-t-il se passer Théo ? demanda-t-elle.

    Les yeux de Figueras brillaient au fond d’elle. Le rêve vibrait dans ses fibres.

    « Est-ce que tu sais tirer ? répéta Théo en la regardant fixement.

    Elle s’approcha du râtelier et libéra un fusil à lunettes.

    Théo, intrigué, l’observa sans un mot.

    Laure étudia les diverses boîtes de cartouches rangées sur une étagère et se servit.

    Deux balles.

    Elle les inséra dans l’arme, sans aucune hésitation.

    Elle s’approcha d’une fenêtre et l’ouvrit.

    Théo cherchait à comprendre mais décida de ne pas intervenir. Il prit la paire de jumelles suspendues à une poutre et ajusta la mise au point.

    « Le premier poteau en bois, à droite de la barrière métallique, » annonça Laure.

    Cinq cents mètres de distance. Théo observa la prise en main du fusil, l’ajustement de la crosse sur l’épaule, le positionnement du corps, l’ancrage au sol, l’orbite venant s’appuyer sur l’œilleton de la lunette de visée.

    Elle savait tirer. Il observa son visage. Une concentration totale, un instant suspendu, hors de portée du monde extérieur, l’ataraxie émotionnelle du tireur, l'enceinte attentionnelle qui limite le monde à une cible

    Il vit l’interruption du souffle, l’arrêt du mouvement thoracique. Deux secondes d’immobilité totale.

    Le coup partit. La balle traversa le sommet du poteau et se ficha dans le sol.

    Éjection de la douille. Théo scruta chaque geste. Elle connaissait parfaitement l’usage de cette arme.

    Laure reposa l’œil sur la lunette de visée.

    « Troisième poteau à droite. Il y a un nœud, une tâche sombre, » annonça Laure.

    Théo eut à peine le temps d’ajuster les jumelles. La balle se ficha comme au cœur d’une cible. Une pièce de vingt centimes.

    Il sentit jaillir alors en lui une joie ineffable, la certitude absolue du cadeau inestimable d’avoir rencontré son âme sœur et l’expression le surprit. Un message venu d’ailleurs.

    Regards croisés.

    Laure esquissa un sourire et son visage se détendit.

    « Lorsque j’étais à l’université, je suis entré dans l’équipe de biathlon féminin. J’ai fait de la compétition au niveau régional puis finalement j’ai choisi le trail. J’adorais le tir tout autant que le ski mais j’étais trop indépendante et solitaire pour supporter l’encadrement au grand dépit de mes entraîneurs qui me prédisaient une belle carrière. »

    Elle éjecta la douille.

    « C’est une arme efficace.

    –C’est un Remington 700, pas du tout le fusil de biathlon.

    –Oui, je sais. Porté de neuf cents mètres. Cartouches 308 Winchester.

    –Et tu tiens ça d’où ?

    –Mon entraîneur était un passionné. Et nous étions assez…proches. »

    Elle détourna la tête. Il n’insista pas. Un passé qu’il ne souhaitait pas connaître.

    « Et comment tu es arrivé à posséder un tel arsenal ? demanda-t-elle en désignant l’armurerie.

    –Les banlieues regorgent de fusils et armes en tous genres. La guerre dans l’ex Yougoslavie a éparpillé un stock monumental. On trouve tout ce qu’on veut dans les grandes agglomérations françaises. Entre Marseille, Grenoble et Lyon, je n’ai aucun mal à m’équiper.

    –Tout au black, je suppose. »

    Il acquiesça.

    « Celui-là m’a coûté cinq cents euros avec mille cartouches, juste pour lui.

    –Et tu penses que tu auras à t’en servir un jour, ici ?

    –C’est possible.

    –Quand ?

    –Entre demain ou jamais. Si le chaos ne monte pas jusqu’ici. »