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TOUS, SAUF ELLE : Remington 700
- Par Thierry LEDRU
- Le 20/07/2018
Comment imaginer et décrire les émotions d'un tireur d'élite quand on ne sait pas soi-même utiliser une arme à feu ?... Comment imaginer et décrire les émotions d'un terroriste quand on a déjà peur d'allumer la mèche d'un pétard ? Comment imaginer et décrire les émotions d'une femme dans l'acte sexuel quand on est un homme ? Comment imaginer et décrire les émotions d'une jeune fille devant la violence des hommes quand on vit soi-même dans une paix totale ? Comment imaginer et décrire les émotions d'un individu qui se trouve confronté à une situation jusque-là inconcevable ? Comment imaginer et décrire les émotions d'une humanité entière devant l'impensable ?
J'ai commencé l'écriture d'un passage important ce matin, à 5h30 et je viens de finir. Il est minuit. En sachant que demain, je recommencerai peut-être après m'être endormi en tournant et retournant les mots.
Il y a des soirs d'écriture où je me dis que j'aurais mieux fait de m'intéresser à la construction de maquettes en allumettes...
Et aussitôt, je m'imagine construire des villes entières pendant des milliers d'heures et en voir s'écrouler parfois des pans entiers. Et me dire que j'aurais mieux fait de m'intéresser à l'écriture de romans.
Il en va ainsi de la passion des raconteurs d'histoire.
Il y a dans ma tête une agitation frénétique, des interrogations sans fin, des personnages qui se parlent et vivent des situations compliquées, rien n'est déjà établi, tout se contruit, mot à mot, c'est comme gravir une montagne qui n'existe pas mais qui prend forme à chaque pas effectué, parfois, il faut s'arrêter, se reposer, reconstituter les forces, regarder sous ses pieds le chemin parcouru, s'assurer que la base est solide avant de reprendre l'ascension.
Impossible de présager de l'altitude finale ni même des prochains obstacles particuliers, l'horizon vertical n'a aucune forme solide, c'est comme un mirage fluctuant dans la brume des cieux.
Alors, j'écris une phrase de plus pour monter d'un palier.
TOUS, SAUF ELLE
« Les quatre fenêtres n’existaient pas, je les ai ajoutées et elles permettent d’observer et de couvrir la totalité du terrain. Personne ne peut s’approcher sans être vu. Personne ne pourrait arriver ici sans se faire descendre. »
Il la laissa et s’approcha d’une vaste armoire métallique. Il prit une clé dans une poche et libéra un cadenas. Quand il ouvrit les deux panneaux, elle se figea.
Des armes, une panoplie de fusil, des cartouches, des révolvers.
C’est là qu’elle eut peur, une peur viscérale, une brûlure, une sidération.
« Est-ce que tu sais tirer ? » demanda-t-il, sur un ton froid.
Elle ne comprit pas immédiatement la question.
« Est-ce que tu sais te servir d’une arme à feu, Laure ? »
Un bunker. Il avait parlé d’un bunker. Elle avait cru qu’il souhaitait simplement s’isoler, se protéger du monde extérieur. Elle comprenait avec une brutalité nauséeuse qu’il projetait bien davantage.
« Il n’y a que Raymond qui sait ce que je fais ici. Et toi maintenant. Est-ce que tu sais tirer, Laure ? »
–Que va-t-il se passer Théo ? demanda-t-elle.
Les yeux de Figueras brillaient au fond d’elle. Le rêve vibrait dans ses fibres.
« Est-ce que tu sais tirer ? répéta Théo en la regardant fixement.
Elle s’approcha du râtelier et libéra un fusil à lunettes.
Théo, intrigué, l’observa sans un mot.
Laure étudia les diverses boîtes de cartouches rangées sur une étagère et se servit.
Deux balles.
Elle les inséra dans l’arme, sans aucune hésitation.
Elle s’approcha d’une fenêtre et l’ouvrit.
Théo cherchait à comprendre mais décida de ne pas intervenir. Il prit la paire de jumelles suspendues à une poutre et ajusta la mise au point.
« Le premier poteau en bois, à droite de la barrière métallique, » annonça Laure.
Cinq cents mètres de distance. Théo observa la prise en main du fusil, l’ajustement de la crosse sur l’épaule, le positionnement du corps, l’ancrage au sol, l’orbite venant s’appuyer sur l’œilleton de la lunette de visée.
Elle savait tirer. Il observa son visage. Une concentration totale, un instant suspendu, hors de portée du monde extérieur, l’ataraxie émotionnelle du tireur, l'enceinte attentionnelle qui limite le monde à une cible
Il vit l’interruption du souffle, l’arrêt du mouvement thoracique. Deux secondes d’immobilité totale.
Le coup partit. La balle traversa le sommet du poteau et se ficha dans le sol.
Éjection de la douille. Théo scruta chaque geste. Elle connaissait parfaitement l’usage de cette arme.
Laure reposa l’œil sur la lunette de visée.
« Troisième poteau à droite. Il y a un nœud, une tâche sombre, » annonça Laure.
Théo eut à peine le temps d’ajuster les jumelles. La balle se ficha comme au cœur d’une cible. Une pièce de vingt centimes.
Il sentit jaillir alors en lui une joie ineffable, la certitude absolue du cadeau inestimable d’avoir rencontré son âme sœur et l’expression le surprit. Un message venu d’ailleurs.
Regards croisés.
Laure esquissa un sourire et son visage se détendit.
« Lorsque j’étais à l’université, je suis entré dans l’équipe de biathlon féminin. J’ai fait de la compétition au niveau régional puis finalement j’ai choisi le trail. J’adorais le tir tout autant que le ski mais j’étais trop indépendante et solitaire pour supporter l’encadrement au grand dépit de mes entraîneurs qui me prédisaient une belle carrière. »
Elle éjecta la douille.
« C’est une arme efficace.
–C’est un Remington 700, pas du tout le fusil de biathlon.
–Oui, je sais. Porté de neuf cents mètres. Cartouches 308 Winchester.
–Et tu tiens ça d’où ?
–Mon entraîneur était un passionné. Et nous étions assez…proches. »
Elle détourna la tête. Il n’insista pas. Un passé qu’il ne souhaitait pas connaître.
« Et comment tu es arrivé à posséder un tel arsenal ? demanda-t-elle en désignant l’armurerie.
–Les banlieues regorgent de fusils et armes en tous genres. La guerre dans l’ex Yougoslavie a éparpillé un stock monumental. On trouve tout ce qu’on veut dans les grandes agglomérations françaises. Entre Marseille, Grenoble et Lyon, je n’ai aucun mal à m’équiper.
–Tout au black, je suppose. »
Il acquiesça.
« Celui-là m’a coûté cinq cents euros avec mille cartouches, juste pour lui.
–Et tu penses que tu auras à t’en servir un jour, ici ?
–C’est possible.
–Quand ?
–Entre demain ou jamais. Si le chaos ne monte pas jusqu’ici. »
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Beaufortain
- Par Thierry LEDRU
- Le 20/07/2018
Trois jours, là-haut, dans le Beaufortain, des paysages magnifiques, deux sommets chaque jour, entre vingt et trente kilomètres en marchant ou en trottinant, 5 ou 6 heures de montées et descentes, juste de l'eau dans le sac, de longues arêtes rocheuses, des montées parfois hors sentier dans les pierriers ou les pentes herbeuses, des descentes à petites foulées, les bâtons de randonnée en appui, concentration, la tête vide, juste le bonheur du corps en action, un pas puis un autre, le souffle, la poussée des bras, les abdos serrés, l'équilibre, l'anticipation du pas et le regard qui se projette sur le mètre suivant... Le fourgon, posé dans des des coins perdus, loin des camping caristes qui aiment tant s'entasser... Un ruisseau le soir pour se laver dans une eau à dix degrés, le silence absolu de la montagne, le ciel étoilé, aucune pollution lumineuse, des lacs aux eaux turquoises...Tout ce qui nous réjouit. Des prairies alpines couvertes de fleurs, des nuées de papillons multicolores, l'eau des torrents qu'on peut boire, des névés qui attendent le prochain hiver, un sommet qui ouvre sur un autre, un chemin de crête qui invite à continuer encore et encore, des vallons totalement isolés, des lagopèdes cachés dans les amas de roches, un vol de vautours sur le bleu du ciel...Et tout cela, à deux, parfois sans se parler pendant des milliers de pas et pourtant toujours reliés...L'absence de pensées dans le creuset bouillant du corps, l'objectif tient dans la qualité du pas et rien d'autre et cet enchaînement de pas mènera à un sommet d'où un autre se dévoilera et nous reprendrons l'avancée, aimantés par la beauté des lieux et le désir profond d'explorer les territoires intérieurs, la mécanique des bras et des jambes, la concentration agissant comme un effaceur du mental, il n'y a plus que le regard sur la pente devant soi, une pierre, une fleur, un chemin qu'il faut deviner, une pente de neige, une arête au-dessus du vide et toujours le souffle qui joue sa partition musicale et emplit l'esprit comme un leitmotiv entraînant, des musiques répétitives que j'écoute parfois parce que je sais combien les images s'y intègrent et qu'il me suffira plus tard de les réécouter pour retourner "Là-Haut".
Le bonheur immense de vivre tout cela avec l'amour de ma vie.
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Champions du monde
- Par Thierry LEDRU
- Le 16/07/2018
"On est les champions, on est les champions..."
On est surtout les champions de l'insignifiance philosophique, existentielle, sociale, les champions de l'immaturité.
Qu'on puisse éprouver de l'admiration pour des qualités physiques et techniques de sportifs, je le conçois tout à fait mais que cela soulève les foules avec une telle ampleur quand personne ou presque ne s'engage dans des luttes qu'il faut mener de toutes urgences, c'est juste dramatique.
Je suis admiratif devant la qualité de jeu des Federer, Nadal, Djokovic et des autres, impressionnés par l'effort gigantesque des cyclistes dans les cols du Tour de France, admiratifs des triathlètes, des marins du Vendée Globe, des alpinistes, des aventuriers etc etc... Mais jamais, je n'irai hurler cette émotion dans la rue. Et je ne comprends donc absolument pas un tel engouement pour le foot et un titre.
L'expression "champions du monde" est d'ailleurs très révélatrice. Cette équipe est championne du monde de football mais pas championne du monde de tout. La tournure montre à quel point ce sport a une importance considérable dans la tête des gens.
Je suis donc assez effrayé de voir que 19 millions de Français étaient devant leur écran de télévision et que des centaines de milliers seront ce soir sur les Champs Elysées...Consternés en écoutant hier soir pendant des heures des klaxons et des hourras jusqu'au fin fond de la vallée.
Et tout ça pour quoi ? Des bonhommes qui tapent dans un ballon, se font des passes et rêvent de mettre cette balle dans un but... Et qui gagnent le salaire mensuel d'un smicard en quelques secondes.
Alors, il ne faut pas venir me parler d'humanité en éveil et d'évolution des consciences.
Je remercie malgré tout les quelques millions de Français qui ne se réjouissent absolument pas du spectacle de cette foule et qui en fuient les effluves.
Je sais que je passe pour beaucoup pour un pisse-froid et un rabatjoie en écrivant cela. Et que ça ne changera d'ailleurs absolument rien au problème.
Disons que j'éprouve simplement le besoin de vider mon désarroi.
À la liste ci-dessous, trouvée sur Facebook, j'ajouterai le conditionnement des enfants et l'état déplorable de l'enseignement à tous les étages.
Quant au désastre écologique, qu'il soit animal ou végétal, si je tentais d'en énumérer la liste, j'en aurais pour des heures.
On retourne Là-Haut.
Quand on reviendra, tout ce pataquès sera fini et tout le monde aura repris son chemin de croix. Les diverses plaintes reprendront leur éternelle litanie, des plaintes disséminées un peu partout mais jamais de façon commune, jamais avec cette puissance. Il n'y a que le foot pour ça...C'est bien là tout le problème.. On vient de leur augmenter le gaz de 7,5%
. De leur augmenter la CSG
. De bloquer le smic, les retraites et le point d'indice des fonctionnaires
. De leur imposer les 80km/h sur route
. De leur imposer une augmentation et un durcissement du Contrôle Technique
. On crève comme des chiens dans les EHPAD et dans les couloirs des urgences
. Les aides sociales sont rabotées de tous côtés, voire purement et simplement supprimées
. Les minimas sociaux sont sans cesse remis en question, et revus à la baisse sur fond de flicage accru des allocataires
. Les prix du timbre poste comme des carburants relèvent désormais du vol qualifié
. On envoie la police mater les grèves
. Tout mouvement social est sauvagement réprimé à la gazeuse, la matraque et même la grenade
. On cherche à détruire leur sécurité sociale
. Le psychopathe qui leur fait office de parodie de président dépense sans compter pour ses caprices
. Chaque jour une entreprise ferme ou licencie
. La propagande du Système tourne à plein régime sur tous les médias
. Ils croulent littéralement sous les taxes et impôts à tous niveaux
. Ils sont de plus en plus pauvres et ont de moins en moins le droit de s'exprimer
. La pollution des sols, de l'eau et de l'air se généralise et tout le vivant est de plus en plus labélisé
. Les animaux crèvent par milliards dans des élevages et des abattoirs de plus en plus déshumanisésMais heureusement, ils se réunissent sur les Champs Élysées pour s'opposer à cette dictature de l'oligarchie!
Ha non! Ça, c'est pour le foot...
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Chemins et plages de Bretagne.
- Par Thierry LEDRU
- Le 14/07/2018
Un retour sur mes terres natales pendant quelques jours.
Le bonheur de retrouver mes parents et les coins secrets de mon enfance, les lieux cachés qu'il faut chercher, la carte au 25/000 ème, les chaussures de marche, le sac à dos, et la joie de courir sur les rochers, de quitter les "grands axes" et les plages tourisitiques, d'ignorer les parkings bondés de bord de mer.
Le même constat qu'en montagne finalement : les gens aiment les concentrations et sont persuadés que si un endroit attire du monde, c'est qu'il n'y a pas mieux ailleurs. Je sais bien également que l'effort physique n'entre pas dans le mode de vie d'une bonne partie de la population. Il faut que la plage soit à cinq minutes du parking en fait...
On est d'ailleurs sidéré Nathalie et moi de voir autant de monde en surpoids...C'est effrayant. Chez les personnes âgées, c'est concevable avec la baisse d'activité physique mais chez les gens de cinquante ans ou même bien plus jeunes, c'est un constat qui nous désole. La population française n'est pas en bon état, c'est incontestable.
On a vu des gens qui couraient en bord de mer, sur des pistes cyclables et on voit tout de suite, à leur allure, que c'est un effort de vacances, une tentative de "remise en forme". Le problème, c'est que la course à pied est traumatisante quand on n'est pas entraîné et ses effets sont bien plus néfastes que le contraire. La marche à pied, d'un bon pas, est bien plus bénéfique.
Mes parents ont 83 ans, ils marchent tous les jours, entre une et deux heures. Ils ont des bâtons de randonnée et de bonnes chaussures. Aucune de leurs connaissances ne les suit. Ils marchent ensemble ou parfois tout seul, c'est devenu un besoin, comme celui de manger ou de dormir. Ils sont devenus végétariens depuis quatre ans également. Contre l'avis de leur médecin généraliste de l'époque. Ils en ont changé...
Marcher sur les rochers, grimper, sauter, anticiper les réceptions, maintenir le rythme, les yeux cherchant l'appui suivant, le corps s'appliquant dans l'appui en cours. Un bonheur immense que j'ai pratiqué avec une joie inépuisable pendant toute mon enfance et mon adolescence. Le granit breton est très adhérent, rugueux, il râpe les mains et les semelles et je grimpais déjà sur des "montagnes", j'imaginais des ascensions. Parfois, j'observais un bloc de quelques mètres de haut et je traçais un itinéraire comme s'il s'agissait d'une paroi de mille mètres.
Parfois, je m'asseyais et j'écoutais l'océan. J'aimais l'immobilité silencieuse de l'étale, lorsque le corps immense semble se reposer et attend la prochaine aimantation de la lune. J'aimais écouter ce clapotis qui se réveille, timidement puis s'amplifie lorsque le courant s'inverse.
J'aimais les couleurs de la nuit qui se couche jusqu'à l'horizon. Les reflets des lumières et j'imaginais les poissons se laisser bercer par les flots.
Les couleurs de la Bretagne sont d'une richesse infinie. De la lande aux rochers, de l'océan aux forêts côtières, des plages de sable fin à celles couvertes de cailloux muticolores, les bancs d'algues vertes, roses, marrons, orangées, les laminaires, le goémon et les cumulus blancs dérivant sur le bleu du ciel, la mer grise sous les cieux de tempêtes...
Le vent qui gronde ou s'apaise et parfois disparaît on ne sait où.
Ce changement permanent de paysages avec l'alternance des marées, des palettes de couleurs et de parfums, les silences de marée basse et les marées hautes ventées, le chant puissant des vagues écumeuses et le roulement des galets sur les rochers, ce brassement infini des cailloux dont l'avenir s'appelle le sable, des musiques variées qui invitent à chanter, à courir, à danser, à rêver ou à dormir, à contempler dans la même immobilité que les instants suspendus entre deux marées.
Le 11 juillet, nous étions quatre personnes sur cette plage, chacun à une extrémité. Bien entendu, nous nous sommes dénudés. Il y a bien longtemps déjà que les habits ne nous sont d'aucune importance et où la nudité fait partie de notre communion avec la nature. On ne se baigne pas vraiment quand on est en maillot. Ou alors il faudrait que dans le ventre de notre mère, nous ayons été habillés... J'étais nu dans le ventre de ma mère et je suis nu dans le placenta de la mer. La vie n'a que faire des artifices et des pudeurs apprises, des sensations limitées par des cadres imposés.
Nous avons passé des heures à nager, à empiler des galets, à jouer dans les vagues, à ramasser les cailloux colorés, les coquillages vides. Ou à ne rien faire d'autre que regarder, écouter, respirer.
Et puis nous avons repris nos avancées, de criques en criques, à travers les forêts, à travers d'autres plages, en suivant des sentiers où nous n'avons parfois croisé personne pendant des heures.
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Purin d'ortie et Sénat
- Par Thierry LEDRU
- Le 14/07/2018
Thierry Ledru
7 min ·
On utilise du purin d'ortie pour le potager et de l'urine également et d'autres "préparations maison" mais il faut savoir que le Sénat et bien évidemment les instances de l'UE s'opposent encore et toujours au partage de ces connaissances ancestrales jusqu'à les rendre "illégales". Si vous faites des recherches sur le net, vous trouverez des témoignages de professionnels qui ont été condamnés pour "publicités illégales", des magasins qui ont été obligés de retirer des produits naturels. Même le bicarbonate de soude est dans leur viseur...Le glyphosate et tous les produits chimiques sont les seuls garants de notre bien être...Manger bio, c'est mal, c'est contraire à la loi, c'est de l'incivisme, de la rébellion...D'ailleurs, c'est marqué sur le logo du Sénat : "un site au service des citoyens..."
Réglementation applicable au purin d'ortie
12e législature
Question écrite n° 24641 de M. Jean Louis Masson (Moselle - NI)
publiée dans le JO Sénat du 05/10/2006 - page 2519
M. Jean Louis Masson attire l'attention de Mme la ministre de l'écologie et du développement durable sur le fait que le purin d'ortie est un produit naturel utilisé depuis des temps immémoriaux par les jardiniers. Or, il semblerait qu'en application d'un décret paru au Journal Officiel du 1er juillet 2006, il soit interdit de diffuser sur Internet ou dans des ouvrages de jardinage, la recette de fabrication de ce type de produit tout à fait naturel et inoffensif. Il souhaiterait qu'elle lui indique si elle ne pense pas qu'il s'agit là d'une dérive abusive de la réglementation.
Transmise au Ministère de l'agriculture et de la pêche
Réponse du Ministère de l'agriculture et de la pêche
publiée dans le JO Sénat du 07/12/2006 - page 3047
Les produits antiparasitaires à usage agricole font l'objet d'un usage strictement réglementé depuis 1943. Cette réglementation a fait l'objet d'une harmonisation communautaire par la voie de la directive 91/414/CEE du 15 juillet 1991. Suivant cette réglementation, les produits phytopharmaceutiques, quelle que soit leur nature, doivent faire l'objet d'une évaluation des risques et de leur efficacité, et d'une autorisation préalablement à leur mise sur le marché. L'objectif de ce dispositif est d'assurer un haut niveau de sécurité aux citoyens de l'Union européenne, aux applicateurs de ces produits et à l'environnement. Il vise aussi à garantir la loyauté des transactions entre le metteur en marché et l'utilisateur des produits considérés, notamment en procédant à une évaluation de leur efficacité. La loi d'orientation agricole du 5 janvier 2006 n'a pas introduit de réforme sur les objectifs généraux de la législation en vigueur, elle améliore seulement la séparation entre évaluation et gestion des risques relatifs à ces produits à travers son article 70. Comme il ne peut être garanti a priori et par principe que des produits obtenus à partir de plantes sont sûrs pour ce seul motif, aucune dérogation sur l'obligation d'homologation préalable à la mise sur le marché n'a été prévue dans la législation communautaire. De nombreux exemples illustrent le fait que des plantes peuvent présenter des risques du fait des molécules qu'elles peuvent contenir. L'interdiction en matière de recommandation vise à préserver les intérêts des utilisateurs de produits phytopharmaceutiques qui, du fait de cette recommandation, s'exposeraient à des sanctions pénales en utilisant des produits phyto-pharmaceutique non autorisés. Cette nouvelle disposition qui complète celle relative à la publicité commerciale sur des produits de même nature n'est pas restreinte à une catégorie de produit. Elle s'applique à tout produit phytopharmaceutique faisant l'objet d'une mise sur le marché. La mise sur le marché suppose une transaction (onéreuse ou gratuite) entre deux parties. Les préparations effectuées par un particulier pour une utilisation personnelle, telles que le purin d'ortie, ne rentrent donc pas dans le cadre d'une mise sur le marché. En conséquence, il n'est pas plus interdit de recommander aux particuliers des procédés naturels que d'en donner la recette. Par ailleurs, l'élaboration par l'utilisateur final à la ferme ou au jardin de ces préparations ne nécessite pas d'autorisation préalable. Le Gouvernement est conscient de la nécessité de trouver des solutions permettant de faciliter l'homologation des produits traditionnels de protection des plantes. Un groupe de travail traite cette question et, dans le cadre du projet de règlement visant à redéfinir les procédures de mise sur le marché des produits phytopharmaceutiques, la Commission européenne propose des mesures de simplification pour l'évaluation des produits à faible risque. Ces mesures, comme l'ensemble du projet de règlement, sont actuellement examinées au Conseil et au Parlement européen.
Quand le ministère de l’Agriculture refuse toujours d’autoriser des alternatives aux pesticides
PAR SOPHIE CHAPELLE
La répression des fraudes envisage t-elle d’interdire les alternatives aux pesticides chimiques ? Des contrôles ont été menés en juillet dernier par les directions départementales de la protection des populations, dans des magasins Botanic de Saint-Etienne (Loire) et de Villeneuve-lès-Avignon (Gard). Les agents ont demandé le retrait des « purins de consoude » figurant dans le rayon des engrais. Le savon noir, connu comme un allié précieux des jardiniers bio du fait de ses propriétés antiseptiques et insecticides, a lui-aussi été visé par le contrôle, comme en témoigne un document qu’a pu consulter Basta !.
Comment expliquer ces contrôles visant ces préparations naturelles qui remplacent les pesticides et insecticides chimiques souvent cancérogènes ? Des organisations environnementales se sont procurées un document de la répression des fraudes (DGCCRF) [1]. Il est mentionné que les substances comme la consoude, le savon noir, mais aussi la fougère, la bardane ou l’origan qui n’ont pas été approuvés par un règlement européen ne peuvent être commercialisées [2]. « Il ne tient qu’au ministre de l’Agriculture de faire en sorte que ces alternatives soient enfin autorisées », réagissent une vingtaine d’organisations dans un communiqué commun [3].
Une liste de substances autorisées encore insuffisante
En juillet 2014, un pas législatif avait été franchi avec l’adoption de la loi d’avenir agricole reconnaissant un régime simplifié pour l’utilisation et la commercialisation des « préparations naturelles peu préoccupantes » (purin d’ortie, de prêle, argile, vinaigre blanc...). Avant cette loi, l’homologation de ces préparations naturelles alternatives se révélait jusque-là non seulement coûteuse – 40 000 euros en moyenne pour le dépôt d’un dossier – mais aussi très chronophage – plusieurs années pour obtenir l’autorisation de les vendre. Deux ans plus tard, en avril 2016, le ministère de l’Agriculture publiait enfin le décret relatif à leur procédure d’autorisation. Une première liste comprenant plus d’une centaine de substances naturelles autorisées était publiée [4].
Problème : « Les substances qui figurent dans l’arrêté ne correspondent pas vraiment à ce qu’on utilise », relevait Jean-François Lyphout de l’Aspro-PNPP, une association luttant pour la reconnaissance de ces préparations naturelles. « Certes, il y a l’ail, l’ortie, la sauge... Mais on ne trouve par exemple aucune substance d’origine minérale ou animale comme le petit lait. Tout n’est donc pas réglé. » Cette liste devait être complétée par d’autres substances, après une évaluation de l’Agence nationale de sécurité sanitaire garantissant qu’elles ne présentent pas d’effet nocif sur la santé humaine, la santé animale et l’environnement. Mais depuis un an, aucune nouvelle substance n’est venue s’ajouter à la liste.
Quand une entreprise allemande conteste l’approbation du bicarbonate de sodium
Dans les couloirs du ministère, l’allongement de la liste actuelle a bien été discuté ces dernières semaines avec les organisations mobilisées sur le sujet. Parmi les pistes possibles : s’appuyer sur la liste des 500 plantes qui ont déjà été autorisées dans les compléments alimentaires [5]. « Ce que nous demandons, précise Jean-François Lyphout, c’est l’autorisation immédiate de toutes les plantes et parties de plantes utilisées dans l’alimentation humaine et animale. »
Pour l’heure, le recours pour les professionnels à des préparations naturelles dites peu préoccupantes continue donc de relever du parcours du combattant. L’institut technique de l’agriculture biologique travaille depuis 2008 sur des demandes d’homologation auprès de l’Union européenne. Au terme de neuf ans de travail, seules 18 substances de base ont été approuvées, dont la prêle [6]. Mais d’autres obstacles continuent de se dresser : à peine acquise auprès de la Commission européenne, l’approbation du bicarbonate de sodium alimentaire a par exemple été contestée en justice par une entreprise allemande [7]. Si la demande a finalement été rejetée par le tribunal, cette procédure témoigne des résistances à la mise en œuvre d’alternative au tout chimique.
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Nestlé et l'eau
- Par Thierry LEDRU
- Le 11/07/2018
NESTLE : BOYCOTT intégral pour notre part et le problème, c'est d'identifier toutes les marques qui leur appartiennent. Et je ne parle pas de leurs méfaits en Afrique, ça mériterait des centaines de procès...
Bataille de l'eau à Vittel entre des habitants et Nestlé
AFP11/07/2018 à 13:02
Des associations s'insurgent contre un projet d'acheminer de l'eau potable sur des dizaines de km pour préserver une nappe phréatique déficitaire à Vittel pillée selon eux par le groupe Nestlé Waters. ( AFP/Archives / SEBASTIEN BOZON )
Des associations s'insurgent contre un projet d'acheminer de l'eau potable sur une dizaine de km pour préserver une nappe phréatique déficitaire à Vittel (Vosges), pillée selon eux par le groupe Nestlé Waters.
Trois communes, Vittel, Contrexéville et Bulgnéville, et trois industriels, dont Nestlé Waters (marques Vittel, Contrex, Hépar, Perrier...), puisent annuellement trois millions de m3 d'eau dans la nappe aquifère des grès du Trias inférieur (GTI), située à 100 m de profondeur. Ce réservoir d'eau, faiblement minéralisée, présente un déficit annuel d'un million de m3 et se renouvelle lentement.
La Commission locale de l'eau (CLE) a voté début juillet le principe d'un transfert de l'eau dans le cadre d'un Schéma d'aménagement et de gestion des eaux (Sage). Quatre associations environnementales s'y sont opposées.
Entre 500.000 et un million de m3 par an seront pompés dans un ou deux captages en surface, puis acheminés par canalisations sur une dizaine de km pour approvisionner les habitants. Le projet, financé en partie par le conseil départemental des Vosges et l'Agence de l'eau, est estimé entre 8 et 17 millions d'euros.
Nestlé Waters, qui continuera à puiser dans la nappe 750.000 m3 d'eau, va "contribuer financièrement à la réalisation de la solution retenue", promettant de "tout faire pour qu'il n'y ait aucune répercussion sur la facture d'eau des habitants", assure un représentant du groupe, Christophe Klotz.
Lors du vote, 150 personnes se sont rassemblées devant le conseil départemental à Epinal, où se réunissait la CLE, composée de 46 membres - élus, industriels, services de l'Etat et associations -. Sur des pancartes, on pouvait lire: "Elus = vendus à Nestlé?", "L'eau est de l'or pour l'humanité, pas pour Nestlé".
"Ces transferts sont faits pour permettre à Nestlé Waters de continuer à pomper", dénonce Bernard Schmitt, du collectif Eau 88. Il réclame "que soit restaurée la priorité aux usagers".
- Privatisation de l'eau ? -
Une ligne de production de Nestlé Waters, le 19 juillet 2010 à Vittel ( AFP/Archives / JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN )
"On ne peut pas autoriser Nestlé à acheter une ressource de bien commun", s'inquiète Jean-François Fleck, président de Vosges nature environnement.
Pour la CLE, "l'objectif n'est pas de servir plus une entreprise qu'une autre, mais de combler ce déficit pour restituer aux générations futures une nappe reconstituée", rétorque Jean-Luc Couzot, vice-président.
La multinationale, qui affirme avoir "réduit de 20% les prélèvements (depuis) une dizaine d'années", s'est engagée à pomper l'eau à usage industriel dans une nappe en surface. La ressource des grès du Trias inférieur sera utilisée uniquement pour sa marque Bonne source, commercialisée à l'export.
Pas question néanmoins d'abaisser le volume embouteillé: "Plusieurs centaines d'emplois" seraient menacées, souligne M. Klotz. Nestlé Waters emploie un millier de personnes et verse au territoire vosgien "14 millions d'euros de surtaxes sur l'eau minérale", rappelle-t-il.
Un argument que balaie M. Schmitt: la masse salariale ne cesse de baisser et "la seule chose qui augmente, c'est les bénéfices de Nestlé Waters".
"C'est une décision au service d'un bénéfice immédiat, pour Nestlé Waters, au détriment d'un bénéfice patrimonial pour les générations futures", regrette Christine Vauzelle, maire de Charmois-l'Orgueilleux, 600 habitants.
Son village, soumis à des restrictions d'eau l'été, s'alimente dans l'une des nappes phréatiques retenues pour compenser le déficit des GTI.
"On entend dire qu'il y aura toujours de l'eau, mais qui peut nous l'assurer?", demande-t-elle.
- Enquête préliminaire -
Arlette Jaworski, adjointe à l'environnement à Contrexéville, dénonce la présence dans la CLE ou le Sage de membres travaillant ou ayant travaillé pour la multinationale et réclame "une charte de déontologie".
Une enquête visant la conseillère départementale et ancienne présidente de la CLE, Claudie Pruvost, est ouverte depuis 2016 au parquet d'Epinal après un signalement de l'association Anticor.
Son époux, ancien cadre chez Nestlé Waters, a présidé la Vigie de l'eau, association ayant participé à l'élaboration du Sage en 2016.
"L'enquête préliminaire (toujours en cours) a mis en évidence des faits susceptibles de recevoir la qualification pénale de prise illégale d'intérêts", punissables d'une peine de cinq ans d'emprisonnement et 500.000 euros d'amende, indique le procureur, Etienne Manteaux.
"Toutes les décisions prises depuis 2016 sont entachées de nullité et nous utiliserons toutes les voies judiciaires", prévient M. Schmitt.
Une étude affinée sur la réalisation du projet sera prochainement lancée, puis démarrera une consultation de la population à l'automne.
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Changement climatique : depuis 30 ans
- Par Thierry LEDRU
- Le 09/07/2018
On parle du changement climatique depuis plus de 30 ans. Pourquoi n'avons-nous rien fait ?
Dans le temps qu'il a fallu pour justifier que le changement climatique est en grande partie lié à la pollution et l'activité humaine, la crise s'est profondément aggravée. Jeudi 21 juin 2018
De Andrew Revkin
Les oiseaux des Grandes Plaines pataugent au bord de l'eau alors qu'une tempête commence à prendre forme en arrière-plan.
PHOTOGRAPHIE DE RANDY OLSON, NATIONAL GEOGRAPHIC CREATIVE
Cet article paraîtra dans le magazine National Geographic du mois de juillet 2018.
Il y a trente ans, l'impact potentiellement perturbateur des émissions carbone produites par la combustion fossile et la déforestation agressive qui commençait faisait la une de plusieurs journaux.
Il a fallu un siècle d'accumulation de faits scientifiques et une évolution majeure dans la perception de l'enjeu environnemental pour que cela se produise. Svante Arrhenius, scientifique suédois pionnier qui, en 1896, estimait pour la première fois l'ampleur du réchauffement dû à la combustion généralisée du charbon, voyait en ce changement une aubaine, une évolution vers « des climats plus équitables qui favorisera les climats terrestres les plus froids. »
Plusieurs reportages se sont succédé au fil des années, y compris un article remarquablement clair publié en 1956 dans le New York Times qui indiquait comment l'accumulation des émissions de gaz à effet de serre lié à la production d'énergie entraînerait des changements environnementaux durables. Dans sa conclusion, l'article prévoyait ce qui est devenu le principal obstacle à la lutte contre les émissions nocives : l'abondance des combustibles fossiles. « Le charbon et le pétrole sont encore abondants et bon marché dans de nombreuses parties du monde, et il y a tout lieu de croire que les deux seront consommés par l'industrie aussi longtemps que cela sera rentable. »
Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat a été créé à la fin de l'année 1988, après que divers facteurs ont mis en lumière l'effet de serre. Les grandes lignes d'une solution avaient été forgées un an plus tôt alors que les nations du monde entier se mettaient d'accord sur le Protocole de Montréal, qui fixait des mesures pour éliminer certains composés synthétiques mettant en péril la couche d'ozone.
Depuis, les détails ont changé, mais à bien des égards, les principaux problèmes demeurent à peu les mêmes que ceux que moi et d'autres journalistes pouvions déjà observer en 1988.
“À bien des égards, les principaux problèmes environnementaux sont à peu les mêmes que ceux que moi et d'autres journalistes pouvions déjà observer en 1988.”
En octobre de cette année-là, mon article de couverture du magazine Discover traitait de la menace d'inondation de Miami, de la puissance potentielle des ouragans, des prévisions d'émissions carbone de la Chine, de la vulnérabilité du manteau neigeux californien et de son approvisionnement en eau. J'y décrivais également les incertitudes frustrantes dans les projections de réchauffement qui demeurent valables aujourd'hui. L'article se terminait avec cette citation de Michael B. McElroy, alors professeur à l'Université de Harvard : « Si nous choisissons de relever ce défi, il semble que nous puissions ralentir considérablement le rythme du changement climatique, nous donnant le temps de développer des mécanismes dont le coût pour la société pourra être minimisé. Nous pouvons alternativement fermer les yeux, espérer le meilleur, et payer le prix fort quand la facture nous sera présentée. »
Cet avertissement n'est aujourd'hui que trop familier. Les scientifiques, les écologistes et certains politiciens ont fait des déclarations semblables à plusieurs reprises. Leurs avertissements n'ont pas empêché les émissions d'augmenter. Glen Peters, un scientifique du Centre pour la recherche internationale sur le climat à Oslo, en Norvège, a relevé la hausse du niveau de dioxyde de carbone dans l'atmosphère à partir de 1870 et a constaté que près de la moitié de cette augmentation provenait de l'activité humaine ces 30 dernières années.
Pourtant, de nouvelles technologies de développement durable se sont développées depuis, avec la croissance fulgurante des systèmes solaires et éoliens. Mais le monde reste à plus de 85 % tributaire des combustibles fossiles pour satisfaire sa soif en énergie. Les gains en matière d'efficacité énergétique et d'énergie renouvelable ont été submergés par la hausse de la demande d'énergies fossiles à mesure que la pauvreté augmentait. Aux États-Unis et dans une grande partie de l'Europe, l'énergie nucléaire à faible teneur en carbone recule tandis que des coûts élevés entravent le développement de nouvelles centrales.
COMMENT EXPLIQUER CETTE ABSENCE D'ÉVOLUTION ?
Qu'est-ce qui explique le manque de progrès significatifs quant au changement climatique provoqué par l'Homme ? Ayant consacré la moitié de mes 62 années de vie dans le reportage et la rédaction d'articles sur le climat, dans la rédaction d'articles de blogs et de livres, j'ai récemment trouvé utile de repérer les perceptions erronées ou les occasions manquées qui aggravaient le problème.
Pouvons-nous nommer les principaux coupables ? Il y a presque autant de théories et de cibles qu'il y a d'avocats d'un côté et de l'autre. Parmi eux on compte le manque de financement de la recherche fondamentale (j'étais souvent dans ce camp), l'influence de l'industrie sur la politique, la médiatisation médiocre et les doutes de ceux qui investissent dans les combustibles fossiles ou s'opposent à l'intervention gouvernementale. Il y a aussi un certain nombre de normes sociales qui vont à l'encontre d'une législation sur le changement climatique.
Pendant des années, je pensais que tous les suspects étaient coupables. Mais il y a une alternative à ce scénario. Peut-être que le changement climatique est moins un mal environnemental à corriger qu'une somme de risques émergents temporaires. Dans une pièce de 2009 intitulée « La puberté à l'échelle d'une planète », je me suis amusé à suggérer que notre espèce traversait une transition turbulente de l'adolescence à l'âge adulte, résistant aux remontrances pour grandir - avec dans le rôle de la testostérone... les carburants fossiles.
Mais la situation est encore plus complexe. Plus je partais en reportage dans les bidonvilles kenyans et les villages indiens toujours sans accès à l'électricité où les gens cuisinaient sur du charbon de bois illicite ou faisaient chauffer de la bouse de vache, plus il devenait clair qu'il n'y avait pas de « nous » d'un point de vue énergétique, ni de vulnérabilité aux aléas climatiques. Le « nous » riche peut se permettre de convertir l'énergie en énergie propre et de réduire la vulnérabilité à la chaleur, aux inondations et plus encore. Mais le reste de l'humanité lutte toujours pour obtenir les avantages économiques de base que nous avons tirés de la combustion de combustibles fossiles pendant des décennies.
La recherche menée par un éventail de scientifiques et de chercheurs appuie une conclusion décourageante : le changement climatique ne ressemble à aucun problème environnemental auquel nous ayons déjà été confrontés. Nous ne pouvons pas le « réparer » comme nous avons commencé à résoudre le problème du trou dans la couche d'ozone, avec des règlements et des traités circonscrits et des changements technologiques limités. Le changement climatique est trop important dans l'espace et le temps ; les émissions qui en sont la cause sont une conséquence trop centrale de l'effort qui devrait être consenti par plus de 7,5 milliards d'êtres humains, et près de 10 milliards dans quelques décennies, pour prospérer sur Terre.
LE VRAI CHANGEMENT
On ne se rend réellement compte de ce qui arrive à la Terre que lorsque un pic d'émissions de gaz à effet de serre est mis en relation avec les mesures de l'activité humaine. Un rapport scientifique de 2015 intitulé « The Great Acceleration » comprenait un tableau de bord planétaire représentant les signaux de l'activité humaine, la disparition des forêts tropicales pour satisfaire les besoins en papier, et bien sûr la consommation en eau. La plupart ont la même forme que la courbe des émissions de CO2. Les impacts de la pollution et du climat sont donc les symptômes d'une situation plus globale : un moment appelé anthropocène, qui caractérise le moment où les activités humaines ont eu un impact global significatif sur l'écosystème terrestre.
Adam Frank, astrophysicien à l'Université de Rochester, a commencé à évaluer les différents scénarios possibles pour notre planète. Il s'est appuyé sur les connaissances que nous avons des mondes en dehors de notre système solaire qui pourraient abriter la vie.
Si les modèles mathématiques sont assez simples, trois grands scénarios émergent, qu' Adam Frank décrit dans un nouveau livre intitulé Light of the Stars. Le premier scénario est l'« atterrissage en douceur », dans lequel une civilisation et sa planète passent doucement à un nouvel état stable. Le second s'intitule « mourir ». Dans ce dernier, les conditions environnementales d'une planète se dégradent et les populations chutent précipitamment, mais semblent survivre. « Il est difficile de savoir si une civilisation technologique pourrait survivre en perdant près de 70 % de sa population » explique Frank.
Et il y a un troisième scénario : l'effondrement. « La population augmente, la planète se « réchauffe » et, à un moment donné, la population s'effondre à zéro », explique Frank. « Nous avons même trouvé des solutions dans lesquelles l'effondrement pourrait se produire après que la population a changé d'une source d'énergie à fort impact - les combustibles fossiles - à une énergie solaire à impact plus faible. »
La perspective interplanétaire de Frank montre clairement que la crise climatique est un défi immense, au même titre que la lutte contre le cancer ou la pauvreté, auxquelles les gens dédient toute leur vie, avec un mélange d'urgence et de patience. Le changement de perspective est troublant mais aussi libérateur : cela signifie que toute personne motivée et persévérante peut faire la différence - en tant qu'enseignant ou ingénieur, artiste ou investisseur, ou simplement en tant que citoyen engagé.
En regardant dans l'espace pour évaluer les perspectives de la Terre, Frank est revenu au point de départ de James Hansen - ses premières recherches sur notre chaud voisin Vénus. Plus tôt cette année, j'ai demandé à Frank ce qu'il voyait pour l'avenir de la Terre : Sommes-nous destinés à ressembler davantage à une allumette éclairant le monde d'une lumière vibrante mais brève ? Ou pourrions-nous luire comme, disons, une LED à énergie solaire?
Frank pense qu'il peut être difficile pour toute biosphère qui développe une civilisation industrielle à l'échelle planétaire d'éviter les scénarios de grandes perturbations. « Tout dépend peut-être du patrimoine évolutionnaire de l'espèce », dit-il, et de notre capacité à penser et agir de manière responsabilité pour s'adapter à une nouvelle réalité : la nôtre.
« Avons-nous ce qu'il faut, l'avons-nous fait à temps ? Je l'espère, mais je suppose que nous le verrons bientôt. »
Andrew Revkin a récemment rejoint l'équipe de la National Geographic Society en tant que conseiller stratégique, journaliste environnemental et scientifique, après trois décennies de reportages sur l'environnement, principalement pour le New York Times.
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Glyphosate : plainte d'un cabinet d'avocats
- Par Thierry LEDRU
- Le 07/07/2018
Glyphosate : lancement d'une plainte pénale nationale et d'une campagne d'analyses de contamination des citoyens.
Actualité du cabinetDans la presseDroit de l'environnementDroit rural
Lancement d’une plainte pénale nationale et d’une campagne d’analyses sur la contamination des citoyens par le glyphosate.
A l’occasion de la défense de plusieurs militants faucheurs volontaires devant le Tribunal correctionnel de Foix en août 2017, nous avions émis l’idée que tous les « prévenus » ainsi que les avocats se soumettent à un test de dépistage de la présence de glyphosate dans notre organisme. L’idée était de faire prendre conscience aux magistrats que nous sommes tous contaminés et que le danger est bien réel. J’ai même lors de l’audience proposé au Président du Tribunal de se soumettre à une analyse comme les prévenus et avocats.
Celà a très bien fonctionné et peut être même trop bien fonctionné puisqu’il est apparu que tous les prévenus étaient contaminés, que je suis contaminé et que ma compagne qui travaille avec moi est contaminée bien au delà des seuils admissibles dans l’eau potable. Pourtant, nous n’utilisons pas de glyphosate, nous tentons de manger sainement, nous buvons l’eau du robinet sensée être potable, nous ne sommes pas particulièrement exposés. Depuis cette annonce en août 2017, la surprise et la colère ne sont pas retombées.
Nous avons soulevé une question préjudicielle devant la Cour européenne pour contester ces réglementations européennes qui ne nous protègent pas suffisamment et le procureur comme le Tribunal correctionnel de Foix nous ont suivi. La Cour Européenne saisie par le Tribunal correctionnel de Foix rendra une décision dans les mois qui viennent, on parle d’interdiction du glyphosate dans trois ans (depuis déjà un an !). Le glyphosate a été déclaré molécule probablement cancérigène par le CIRC dépendant de l’OMS depuis le 20 mars 2015. L’administration et la justice prennent leur temps. Le glyphosate est probablement l’arbre qui cache la forêt (produits commercialisés jusqu’à 1000 fois plus toxiques que le principe déclaré actif, coformulants non pris en compte, principes actifs non déclarés, analyses insuffisantes…). Les politiques et les Etats membres devant la Cour Européenne estiment que la réglementation est parfaite comme à chaque scandale sanitaire. Pourtant le fait demeure que nous sommes largement contaminés par une molécule classée probablement cancérigène.
Le Cabinet décide aujourd’hui de poursuivre son action.
Je vais proposer dès demain à tous les membres du cabinet (nous sommes 7) de se soumettre si ils le souhaitent à une analyse de contamination.
Nous allons également très largement soutenir l’action nationale de dépistage de contamination et de plainte pénale pour mise en danger de la vie d’autrui diligentée par les faucheurs volontaires et à laquelle nous collaborons. L’action va consister en l’organisation par toute personne qui le souhaite de prélèvements d’urine envoyés pour analyse à un laboratoire. L’action collective permettra de diminuer le coût et chacun pourra savoir s’il est contaminé. S’en suivra le cas échéant le dépôt d’une plainte pénale nationale. Les premières plaintes pénales seront déposées dès le 15 juin. Les personnes contaminées pourront se joindre à cette action.
Pour toute information ou pour vous inscrire, n’hésitez pas à contacter le cabinet : contact@avocats-tumerelle.fr Et le collectif : campagneglypho@riseup.net
https://www.facebook.com/cabinet.tumerelle/
Et le collectif des faucheurs volontaires : https://www.helloasso.com/associations/campagneglypho/collectes/j-ai-des-pesticides-dans-mes-urines-et-toi
Voici le communiqué de presse du collectif : communiqué de presse dépôt de plainte