Blog

  • Mortalité provoquée

    Juste un constat à travers trois articles.

    Il suffit d'ailleurs de sortir à 6 h du matin et d'écouter... Il suffit aussi de marcher dans une prairie...dans un sous-bois...au bord d'une rivière, au bord d'un étang... et de penser à ce qu'il en était de cette richesse de vie il y a vingt ans.

    Quand j'étais enfant et que j'allais courir les bois, j'étais malheureux en marchant dans les herbes de voir tous ces insectes que je ne pouvais tous éviter.

    J'étais fasciné quand je m'asseyais sous les frondaisons de tous ces chants d'oiseaux qui emplissaient la verdure.

     

    Que reste-t-il de cette nature ?

    Des ilôts qui résistent encore à la mort de tout et au silence de catacombes.

    Mais en dehors de s'en attrister, combien sont ceux qui décident de réagir par un comportement salvateur ? Combien sont ceux qui acceptent l'idée de changer de régime alimentaire puisque tout vient de là...

    Le comportement destructeur du monde paysan industriel n'est que la réponse à la demande alimentaire...

    Les paysans ne sont pas des assassins en puissance mais plus justement les bras armés de tous les consommateurs.

    La demande alimentaire façonne la nature.

    Ce silence de mort dans les prairies n'est pas une fatalité, une malédiction ou un manque de chance. Il est la conséquence de notre ignorance et de notre avidité.

     

    En Alsace, Jean-Paul se dévoue au grand hamster décimé par la culture intensive de maïs ; à Lyon, des chercheurs étudient les grenouilles stressées par l’éclairage public et le trafic routier… "Envoyé spécial" a rencontré ceux qui se battent pour sauvegarder nos animaux familiers.

     

    Dans un rapport publié vendredi, le Fonds mondial pour la nature (WWF) estime que la France fait partie, cette année, des 10 premiers pays à vivre à crédit sur le dos de la nature.

    Les côtes bretonnes vues depuis la Station spatiale internationale, sous l\'œil du spationaute Thomas Pesquet, mardi 6 décembre.
    Les côtes bretonnes vues depuis la Station spatiale internationale, sous l'œil du spationaute Thomas Pesquet, mardi 6 décembre. (ESA / NASA)

    À partir de samedi 5 mai, la France aura atteint le jour de "son dépassement écologique", selon un rapport de l'ONG WWF France, en partenariat avec le Global Footprint Network, rendu public vendredi 3 mai. Concrètement cela veut dire que si le monde entier vivait comme les Français, à partir du 5 mai, la planète aurait déjà consommé l'ensemble des ressources naturelles qu'elle peut renouveler en un an.

    L'un des plus gros "prédateurs" de la planète

    Chaque année, WWF établit le jour du dépassement mondial autour du mois d'août, la date française arrive bien plus tôt et classe le pays comme un des plus gros "prédateurs" de la planète. Selon ce rapport, la France fait partie des 10 premiers pays à vivre à crédit cette année sur le dos de la nature, derrière le Qatar, les États-Unis ou la Russie, mais bien avant l'Espagne ou le Maroc par exemple. Si toute l'humanité consommait comme les Français, il faudrait près de trois planètes pour subvenir aux besoins, selon WWF. Un résultat bien au-dessus de la moyenne mondiale qui se situe autour de 1,7 Terre.

    C'est la première fois que WWF France choisit de mettre l’accent sur le jour du dépassement français. L'objectif est d'"envoyer un signal fort à un moment politique clef où plusieurs lois et décisions sont attendues dans les domaines de l’alimentation, des mobilités, de l’énergie, de la biodiversité ou encore de la lutte contre la déforestation importée", indique l'ONG.

    "Inacceptable"

    "C'est en fait un travail de calcul qui est effectué sur la base de surfaces. À la fois les surfaces en océans qui nous sont indispensables pour pêcher, les surfaces en cultures et des surfaces notamment en forêt qu'il nous faut pour absorber les émissions de gaz à effet de serre", a expliqué Pierre Cannet du WWF à franceinfo.

    Depuis 2015, année de la COP 21, le jour du dépassement [de la France] se dégrade.Pierre Cannet, WWF Franceà franceinfo

    Pour WWF, c'est donc le signe "qu'il est urgent de mettre en place une stratégie de désendettement écologique" et de "revoir nos modes de production et consommation". 

    Dans son rapport, le WWF juge "inacceptable de continuer à ignorer les limites de la planète en opposant le développement économique à la protection de l'environnement" car "l'épuisement des ressources naturelles menace notre stabilité économique et la survie de l'humanité elle-même".

     

     Cadavres d'abeilles dans un rucher de Razés en Haute-Vienne
    Cadavres d'abeilles dans un rucher de Razés en Haute-Vienne

    PARTAGES

    L'Union européenne a voté la semaine dernière l'interdiction pour 2019 de trois pesticides néonicotinoïdes utilisés pour protéger les cultures agricoles. Des produits accusé de causer la disparition des abeilles... Nécessaire, mais sans doute loin d'être suffisant et sûrement trop tardif.

    Par Pascal Faiseaux 

    En trente ans, près de 80 % des insectes volants auraient disparu d'Europe. Et parmi les victimes les plus "visibles", les abeilles dont les hécatombes récentes ne cessent d'inquiéter les apiculteurs. Fin mars, les apiculteurs de Dordogne avaient dénombré 700 ruches désertées, vides de tout occupant. Aujourd'hui il y en aurait 3 000 !

    Plus de 3 000 ruches détruites en Dordogne, probablement à cause des nouveaux produits chimiques
    Après de précieuses années perdues en débats et batailles d'experts, l'interdiction de trois néonicotinoïdes reconnus dangereux pour la survie des précieux insectes a été prononcée par Bruxelles, mais n'entrera en vigueur qu'en 2019. L'Union Européenne s'appuie sur des évaluations négatives de l'Agence européenne pour la sécurité des aliments (Efsa), publiées en 2013 et confirmées en février dernier.

    Surmortalité des abeilles, notre sujet de mai 2018Décision tardive, mais décision quand même. Que l'Union Européenne vienne d'interdire ces trois pesticides dangereux reste une bonne nouvelle pour les apiculteurs, désespérés de constater, impuissants, les disparitions vertigineuses de leurs ruches.

    Ces pesticides néonicotinoïdes s'attaquent au système nerveuxdes abeilles au moment où celles-ci butinent des champs traités. Évidemment pas le but premier recherché par les agriculteurs qui apprécient en revanche la protection contre les parasites des récoltes, qu'ils proviennent du sol ou des airs. Un engouement bien sûr encouragé par les industriels...

    Est-ce pour autant la fin du cauchemar pour les insectes ? C'est malheureusement loin d'être sûr.  D'autres molécules sortent régulièrement sur le marché, trop vite pour être testées. Et les autres néonicotinoïdes sont de toute façon encore autorisés et largement utilisés.

    Et comme si ces produits ne suffisaient pas, le 15 avril dernier 
    dans une tribune publiée dans Libération des scientifiques et des chercheurs du CNRS, INRA et de l'Inserm alertaient la population et les pouvoirs publics sur les risques potentiels de fongicides SDHI (inhibiteurs de la succinate déshydrogénase) utilisés "à grande échelle" en agriculture pour détruire les moisissures qui se développent sur les céréales ou les fruits et qui se retrouvent dans la nourriture. Une substance qui bloque une étape de la respiration des champignons, et qui pourrait affecter les cellules de tous les êtres vivants, voire modifier l'ADN humaine... Nous vivons une époque formidable... où le progrès fait rage...

  • La dernière page, le dernier mot.

     

    C’est très étrange comme prise de conscience.

    Voilà quatre jours que j’ai décidé de relire intégralement « Tous, sauf elle », la suite de « Les héros sont tous morts. »

    Aujourd’hui, depuis 7 h ce matin, je n’ai quasiment rien fait d’autre que de lire, corriger, changer, reprendre, effacer, rajouter, déplacer, murmurer une phrase pour en entendre la sonorité, fermer les yeux pour voir plus précisément encore la scène décrite, chercher l’image la plus adaptée, la plus juste, la plus pertinente et la traduire en mots, en extraire l’essentiel et en effacer le superflu, encore et encore, aligner des mots et des phrases et des chapitres, des dialogues, des voix entendues, des regards échangés, des amours enflammés, tout ce qu’il faut vivre en soi pour que la vie transpire de soi et forme des lignes de mots et des phrases et des chapitres…

    Et puis, là, il y a quelques instants, je me suis aperçu que j’étais arrivé à la dernière page. Non pas simplement la dernière page écrite mais la dernière page de l’histoire.

    Un choc, réellement. Une surprise totalement impossible à deviner.

    Je n’ai rien vu venir.

    J’ai fini ce livre sans le savoir.

    Et là, j’ai compris ce qui m’arrivait.

    L’autre roman est déjà là. Rien n’est fini.

    Je laisse simplement pour quelques heures ou quelques jours tous les personnages que j’ai regardé vivre.

    Je les imagine, là, suspendus dans une pose intemporelle, le regard vivant mais dans une immobilité totale. Il n’y a plus de passé, ni le moindre avenir puisque le temps s’est arrêté pour eux.

    J’ai donc avancé dans cette écriture, depuis plusieurs mois, comme quelqu’un qui tient un cahier journal, un individu consciencieux qui tient à ne rien perdre de ses pensées et ce soir, je réalise que toutes ces pensées romancées tiennent en 200 pages et que je n’ai aucun souvenir du moment où je les ai écrites.

    Je ne sais pas quand j'ai commencé ce roman. Je sais juste que je viens de le terminer et cet instant a déjà disparu dans la conscience que la suite est déjà là. 

    C'est comme si justement, je n’avais rien écrit mais que l’histoire se racontait elle-même, qu’elle usait de moi pour se matérialiser définitivement, qu’elle se libérait de la menace d’une perte de mémoire.

    Il m’est déjà arrivé à maintes reprises de percevoir très profondément ce détachement de moi-même lorsque j’écris.

    « Ça écrit en moi. »

    Le nombre de fois où je l’ai ressenti.

    Chose étrange également, c’est cette surprenante propension à ne rien oublier de l’histoire alors que je n’ai pas le souvenir précis de l’écrire.

    Chose étrange également, c’est cette surprenante capacité à m’extraire de moi, lorsque les conditions sont propices pour ça et à redevenir l’observateur de l’histoire. Disparaître de moi-même pour laisser les personnages m'investir et vivre en moi sans que je n'interfère mais que je sois malgré tout suffisamment présent pour tenir le cahier journal et raconter leur histoire.

    Je n’ai pas le souvenir d’avoir cherché une seule fois ce que j’allais raconter alors que je ne me souviens pas m’être projeté au-delà de la page en cours. Bien évidemment que le scénario existe, que la trame est tissée, que le fil conduteur est tendu vers l'horizon mais au moment où mes doigts s'installent au-dessus du clavier, je ne suis plus l'architecte de l'histoire mais son sculpteur et le plan ne m'est plus d'aucune importance. Tout est en moi et je me dois de laisser les mots s'étendre. Je suis un ouvrier. 

    J’aime infiniment ces instants où je vois défiler les lettres sur l’écran et où j’imagine que chaque mot est déjà écrit et qu’il apparaît au moment même où le curseur de la souris avance d’un espace.

    J’aime infiniment écrire.

    Maintenant, je vais laisser la suite de l'histoire se gonfler de forces en moi, comme un bourgeon qui se gaverait de sève.

    Je sais que l'éclosion surviendra. Lorsque le moment sera venu, j'écrirai le titre en haut d'une page blanche et je laisserai le curseur de la souris donner vie aux mots, aux phrases, aux chapitres, au prochain livre, à la suite de tout ça. 

    La nuit, ça écrit en moi. Mon inconscient est parfaitement conscient de ce qu'il veut. 

     

  • Paradoxe insoluble

    Dans l'écriture de la trilogie que je tente de mener à terme, j'ai eu besoin de lire. Énormément. Non pas des romans pour m'imprégner des techniques d'écriture d'un thriller mais bien pour avoir une idée la plus vaste et complète possible de l'état de la planète. Plus de 200 liens d'articles lus et compilés.

    Le constat est effroyable et le dessin ci-dessus exprime bien la gravité du problème.

    L'idée même de réduire nos consommations aboutit bien souvent au même raccourci outrancier : "Si on t'écoutait, il faudrait retourner vivre dans une grotte ou au mieux dans une cabane au fond des bois."

    Non, aucunement. 

    Je sais très bien que je contribue moi aussi à la dégradation de la planète mais je m'efforce d'identifier les domaines et les situations dans lesquels j'ai une possibilité d'intervention, d'élimination du problème ou tout du moins de sa réduction. 

    Et ce travail mené par des des millions d'individus aurait bien évidemment un impact très fortement positif sans pour autant ressortir les bougies et aller brouter de l'herbe...

    J'entends souvent parler de "pleine conscience" sur les réseaux sociaux dédiés au développement personnel.

    Elle est là également cette pleine conscience de l'impact de nos actes.

    Je n'adhère donc aucunement à l'idée de ce "tout ou rien" qui voudrait que nous soyons condamnés à consommer aveuglément ou à tout abandonner de notre confort de vie. Ou alors il faudrait qu'au cours de sa vie, un être humain soit ou en très bonne santé ou en train de mourir, l'idée même d'une guérison étant impossible...Limiter sa vitesse en voiture, ça ne signifie pas s'arrêter. Et je ne suis pas, soit en très bonne santé, soit mourant : je peux tomber malade et me soigner. Il en est de même avec la décroissance... 

    L'humanité est malade, psychologiquement malade et la planète en souffre physiquement. Et cette "souffrance" ignorée, moquée ou reconnue, condamne l'humanité elle-même dans sa dimension physique. C'est une boucle fermée qui ne saurait être rompue. 

    Il est par contre possible de l'entretenir, de la préserver, de la soigner là où elle doit l'être.

    Je sais que pour écrire ce texte, j'utilise l'énergie nucléaire, que mon ordinateur contient des terres rares, qu'il est bardé de plastique issu du pétrole, qu'il a voyagé dans un cargo sur les mers les plus lointaines, que des camions l'ont mené jusqu'aux distributeurs, qu'il sera un jour jeté sans être intégralement recyclé...

    Je participe au problème en cherchant à l'analyser.

    Paradoxe insoluble.

    Peut-être qu'un jour, effectivement, j'abandonnerai l'idée de partage et je disparaîtrai au fond des bois.

     

    Métaux rares : «Un véhicule électrique génère presque autant de carbone qu’un diesel»

     

    Par Marine Ernoult —  (mis à jour à )

    Dans une mine d'extraction de terres rares de la province chinoise du Jiangxi, en octobre 2010.
    Dans une mine d'extraction de terres rares de la province chinoise du Jiangxi, en octobre 2010. Photo stringer. Reuters

     

    Dans son dernier ouvrage, «La Guerre des métaux rares», Guillaume Pitron dénonce «la face cachée de la transition énergétique et numérique». Pour le journaliste, éoliennes, panneaux solaires et voitures électriques se contentent de déplacer la pollution à l’autre bout du monde.

    •  

       

       Métaux rares : «Un véhicule électrique génère presque autant de carbone qu’un diesel»

    Iridium, indium, platine, terres rares : ces métaux aux noms parfois méconnus sont essentiels pour les industries de pointe. Sans eux, pas de batteries électriques, d’éoliennes, de téléphones portables ou de fibre optique. Le journaliste Guillaume Pitron s’est intéressé aux conséquences environnementales et géopolitiques de l’extraction de ces métaux rares. A l’occasion de la sortie de son livre la Guerre des métaux rares, il revient sur six ans d’enquête à travers une douzaine de pays.

    Les métaux rares, qu’est-ce que c’est ?

    L’Union européenne fournit une liste de 27 matières premières rares (phosphore, cobalt, hélium, etc.), dont de nombreux métaux. Ce sont des minerais présents en quantité infime dans la croûte terrestre. Ils sont naturellement mélangés à d’autres métaux plus abondants (fer, aluminium, etc.). Pour en obtenir quelques kilos, il faut extraire des tonnes de terre. Les scientifiques parlent de rareté géologique mais aussi industrielle. Certains métaux abondants peuvent devenir rares si la demande explose.

    A quoi servent-ils ?

    Grâce à leurs propriétés chimiques uniques, ce sont les vitamines de la transition énergétique et numérique, le pétrole du XXIe siècle. Sans métaux rares, nos téléphones portables feraient la taille d’une brique, n’auraient ni écran tactile ni vibreur. Sans eux, impossible de propulser un TGV à 500 km/h. C’est hallucinant, ils nous ont envahis. Notre futur high-tech sera toujours plus tributaire de ces minerais dont la production ne cesse de croître.

    Quel est le principal pays producteur de métaux rares ?

    La Chine a le leadership sur la production d’une ribambelle d’entre eux. Elle contrôle notamment 95% de la production mondiale de terres rares. En 1992, Deng Xiaoping (numéro un de la Chine de 1978 à 1992) aurait dit de façon prémonitoire, «le Moyen-Orient a le pétrole, la Chine a les terres rares». Historiquement, les Etats-Unis étaient leader sur le marché. Mais avec la prise de conscience écologique des années 80, les Occidentaux ne veulent plus de mines chez eux. Extraire des métaux rares est trop sale et coûteux en énergie.

    Les Chinois, dans une quête de croissance effrénée, récupèrent le job. Pendant des décennies, au prix d’un dumping social et environnemental sans précédent, l’Empire du milieu inonde l’Occident de métaux rares très peu chers. Cette situation arrange tout le monde, d’un côté les pays occidentaux développent leurs nouvelles technologies à faible coût, de l’autre les Chinois s’enrichissent.

    Tout va bien dans le meilleur des mondes, jusqu’à ce que la Chine prenne conscience des leviers économiques et géopolitiques qu’elle peut actionner avec ces ressources. Au tournant des années 2000, sa croissance et ses besoins en métaux rares explosent. Pour satisfaire sa demande intérieure et développer ses propres technologies, Pékin décide de fermer le robinet. Après avoir gavé l’Occident de métaux rares, le pays restreint ses exportations. C’est la fameuse politique des quotas qui chauffe les oreilles de l’Organisation mondiale du commerce.

    A LIRE AUSSILa Chine, receleuse de terres rares…

    La Chine en a profité pour développer sa propre transition énergétique…

    Exactement, au détriment de la nôtre. Le mot innovation est devenu un mantra en Chine. Les technologies vertes et le numérique sont les nouveaux moteurs de la croissance chinoise, indispensable à la survie du Parti communiste. Pour assurer son avance industrielle, Pékin n’a pas hésité à s’approprier les technologies occidentales. En échange d’un accès direct et illimité aux métaux rares, de nombreux industriels ont migré vers l’Empire du milieu. Les Chinois ont accédé à leurs laboratoires de recherche. Sous couvert de co-innovation, ils ont sinisé les brevets européens et américains. Grâce à ce chantage aux métaux, la Chine est devenue le leader mondial de la transition énergétique. Le pays est sorti de l’âge de pierre auquel les Occidentaux voulaient le cantonner.

    Trouve-t-on des métaux rares dans d’autres pays ?

    Il y en a partout, du lithium en Bolivie et en Argentine, du cuivre au Chili, du cobalt en république démocratique du Congo. L’Indonésie est également une grande puissance minière qui regorge d’étain. Tous ces pays veulent s’inspirer de l’exemple chinois et capter la valeur ajoutée des métaux rares. Plus aucun Etat ne veut reproduire le schéma néocolonialiste selon lequel les pays en développement produisent les minerais bruts, le vendent une poignée de dollars aux Occidentaux ; et ces derniers le valorisent avec quelques brevets pour le revendre dix fois plus cher.

    Au-delà des ambitions, c’est très dur à mettre en place car ça veut dire ouvrir des routes, installer des lignes électriques, faire venir des savoir-faire. En 2015, l’Indonésie a tenté un embargo sur l’exportation de minerais brut. Derrière, elle n’avait pas un tissu industriel suffisamment développé pour transformer la ressource. Elle a dû faire marche arrière deux ans plus tard. Seule certitude, les Occidentaux doivent accepter de partager le gâteau technologique auquel toutes les nations aspirent.

    Quelles sont les conséquences écologiques de cette course aux métaux rares ?

    Qui dit mine, dit dégâts environnementaux. C’est le revers de la croissance verte à tous crins. En Mongolie intérieure, la principale région minière chinoise, c’est un enfer de Dante. Aucune réglementation n’est appliquée. Les usines rejettent leurs effluents toxiques directement dans les sols. La population paye un lourd tribut avec un taux de cancer très élevé. Le problème c’est que le recyclage coûte plus cher que l’extraction. Piégés par une logique du moindre coût, les industriels préfèrent renvoyer leurs déchets en Chine et s’approvisionner directement en nouveaux minerais.

    La transition énergétique ne fait donc que déplacer la pollution ?

    Cette transition est un leurre. Un fabuleux marketing nourrit l’illusion que les énergies renouvelables sont vertes. Nous oublions sciemment qu’elles sont tributaires de l’extraction de métaux sales. Nous avons juste délocalisé la pollution et faisons semblant de faire du propre. Prenez l’exemple des voitures électriques. Le terme «zéro émission» est délirant. Sur l’ensemble de son cycle de vie, un véhicule électrique génère presque autant de carbone qu’un diesel. Comment peut-on qualifier cette technologie de durable ?

    La révolution numérique, essentielle au développement de nouvelles sources d’énergie, entretient aussi le mirage d’un monde moins physique. En réalité, derrière un courriel se cachent des milliers de kilomètres de câbles de cuivre. Nous oublions que la quantité de matière est finie. Les experts connaissent déjà le jour exact où on extraira le dernier minerai rentable. Les technologies pourront toujours évoluer et repousser la date butoir, mais à quel prix ? C’est une course de vitesse qui épuise la terre.

    Au nom de la sobriété, du moindre impact de l’homme sur l’environnement, nous creusons toujours plus. Nous vivons en plein paradoxe. Les plus productivistes pensent déjà aux océans et aux astéroïdes où le potentiel minier serait gigantesque. Les grandes puissances sont en train de s’approprier des endroits que la communauté internationale s’était juré de laisser à l’abri des appétits industriels. En 2015, Barack Obama a ouvert la danse. Il a autorisé les citoyens américains à devenir propriétaires d’astéroïdes pour exploiter des gisements de métaux rares. C’est en rupture totale avec l’idée que l’espace est un bien commun de l’humanité.

    A LIRE AUSSIDes terres de moins en moins rares

    Pour susciter une prise de conscience, vous plaidez pour la réouverture des mines françaises…

    Je ne le propose pas de gaieté de cœur mais c’est indispensable. Si les Français ont sous leur fenêtre la tonne de minerais qui a servi à la construction de leur voiture électrique, ils seront obligés d’ouvrir les yeux. Je plaide pour ce choc visuel, psychologique et physique. Nous sortirons peut-être de cette transition au rabais et rationaliserons notre utilisation de métaux rares. Nous devons partager le fardeau écologique de la transition énergétique. En France, nous avons la chance d’avoir de bonnes réglementations environnementales, la transition serait un peu moins sale.

    Je suis conscient que la réouverture des mines nécessite un immense courage politique et beaucoup de pédagogie. La transition énergétique a besoin de sauts de conscience et pas seulement de sauts technologiques. Nous nous sommes enfermés dans l’idée qu’avec quelques technologies de plus nous allons tout résoudre.

    Marine Ernoult

  • Comme un miroir révélateur.

     

    005480405

    J'en ai souvent parlé ici.

    Les Indiens Kogis de la sierra Nevada de Santa Marta, en Colombie, la chaîne de montagnes côtières la plus haute du monde. 

    Ce peuple millénaire qui n'a comme idée du progrès que la voie spirituelle. Le reste n'étant qu'une facilitation possible du quotidien ou son empoisonnement. 

    Je tenais à les insérer de nouveau dans un roman.

    Ils s'y trouvent déjà dans les histoires de Jarwal le lutin mais ces quatre romans jeunesse ne sont pas publiés.

    Alors, j'ai réfléchi et l'évidence s'est imposée.

    Dans un roman où l'argent rend fous les humains, les Kogis pouvaient devenir le miroir révélateur de nos fonctionnements. Non pas un miroir dans lequel nous verrions notre image mais celle que nous avons perdue, une sagesse d'âme ou de coeur, une quête du bonheur dans l'être et non l'avoir, une exploration intérieure et non une quête de possession des richesses extérieures.

    Ils sont dans ce roman et ils seront dans les deux ouvrages suivants. 

    Entre les meurtres, les balles, les attentats, le sang et la folie, ils apportent en symétrie la dignité de l'humain et son élévation. 

     

    Herosmorts promoquatrieme 1

     

    Elle courait à en mourir, l’impression qu’elle allait vomir son cœur, un étrange détachement alors qu’elle sentait la mort autour d’elle, une lucidité extrême, comme une conscience décuplée, elle savait parfaitement ce qu’elle devait accomplir mais elle ne parvenait pourtant pas à se libérer de la pesanteur de ses pas, elle devait produire des efforts gigantesques pour avancer de quelques mètres, comme si elle devait se mouvoir dans un espace gluant, un océan invisible qui ralentissait chacun de ses gestes, elle n’éprouvait étrangement aucune peur, juste l’application de ses actes, sans aucune émotion, sans aucune pensée invalidante, malgré le danger, malgré la mort, malgré l’incertitude. Rien. Elle courait au ralenti dans une extrême vigilance. L’impression d’être surveillée, un regard qu’elle n’identifiait pas, une énergie qui coulait en elle, comme un don… Incompréhension.

    Le train passa sur un aiguillage et le vacarme la réveilla.

    Elle avait vu les yeux étroits qui l’observaient. Des yeux d’Indien.

    Elle se frotta le front et s’assit sur le banc, le corps endolori et lourd. Elle leva la tête.

    Il était là, face à elle. Son regard scintillant, les prunelles comme deux soleils noirs.

    « Tu vois, la peur est encore en toi mais tu es sur le bon chemin. Tu commences à l’accepter et à ne plus lutter contre elle. Plus tu luttes, plus tu la nourris de ton énergie. Un jour, tu comprendras.

    -Comment vois-tu tout ça ?

    -Je ne le vois pas. Je le sens. Vous, les Blancs, vous passez votre temps à regarder avec vos yeux et c’est pour ça que vous ne voyez rien. Écoute, respire, touche, et retourne tes yeux vers l’intérieur. Là, tu pourras apprendre. Mais surtout, bien plus important que tout, arrête de penser quand ça ne sert à rien. Tu manges quand tu as faim, tu bois quand tu as soif, tu dors quand tu es fatiguée, tout cela est nécessaire parce que ton corps en a besoin. Fais la même chose avec ton esprit, apprends à penser quand c’est nécessaire. Là, tu pourras saisir la réalité. Sinon, tu l’étouffes. »

    Ces leçons de vie dans un vieux train de Colombie, face à un Indien qui lui parlait comme s’il la connaissait depuis son enfance. Un million caché sous son gilet en toile. Est-ce qu’il le savait? Que pouvait-il voir ou sentir? L’odeur de l’argent? Ou l’odeur de la peur de celle qui le porte…

    « Tu vas aller voir Ayuka. Tu lui diras qu’il doit t’accompagner jusqu’aux Kogis. Tu lui diras mon nom. Il ne te posera aucune question, il ne te demandera pas d’argent.

    -Je vais bien le payer quand même ?

    -Oui, mais c’est toi qui décideras de la somme. Une toute petite part de tout ce que tu transportes. »

    Elle le fixa et baissa les yeux. Certaine d’avoir retenu son souffle sans le vouloir, un coup au ventre, comme s’il venait d’ouvrir la sacoche et de répandre les billets sur le sol.

    « Vous avez inventé les trains et les moteurs, vous avez fait voler des avions, mais vous ne savez pas voyager à l’intérieur de vous. Alors, vous ne pouvez rien savoir des autres. Pour celui qui sait lire les âmes, tout ce qui est en vous est visible parce que ça ne vous appartient pas, tout vous échappe. Et vous croyez en plus que vous pouvez mentir aux autres. C’est à vous que vous mentez. Je ne sais pas lire les mots et les hommes qui sont allés à l’école me méprisent. Mais ils ne savent lire que les mots et ce savoir les aveugle jusqu’à ne rien savoir d’eux-mêmes. »

    Elle ne savait pas répondre. Une telle ignorance. Cette impression d’être une enfant devant un Maître et de découvrir soudainement l’immensité des espaces à parcourir. Elle courait sur les montagnes du monde et ne savait rien de ce qui la constituait, de ce qui émanait d’elle, de ce qui était perceptible.

    Et c’est pour cela qu’elle avait peur.

    Une évidence.

    Nous ne pourrions vivre en paix, les uns avec les autres, qu’avec une connaissance absolue de nous-mêmes.

    Figueras était en paix. Une paix qui semblait l’envelopper comme si l’espace intérieur ne suffisait plus, comme si cette énergie bienfaitrice éprouvait le désir des autres, comme s’il fallait propager cette lumière. Le soleil noir de ses pupilles. Et ce sourire bienveillant sur son visage, rien de connu, comme un amour diffusé, elle se sentait enlacée.

    Il lui raconta son enfance dans les montagnes, les humiliations et les spoliations, la misère existentielle des Indiens qui avaient perdu leurs racines, attirés par des illusions fatales, il parla de ses luttes, de son engagement, des enseignements qu’il avait reçus. Il avait vécu une nuit une intuition d’une force immense, une révélation sublime qui l’avait bouleversé jusqu’aux larmes. Devenir le ver dans le fruit, rogner de l’intérieur les croyances néfastes des hommes civilisés, sonder les âmes et révéler les failles. Il avait longtemps été animé par un esprit de vengeance, un désir d’humiliations puis il avait compris, peu à peu, qu’il entretenait dès lors la scission des âmes, que sa mission était souillée par des intentions perverses, qu’il devait lui-même apprendre à tendre son âme vers les autres, à ne pas juger, à ne pas souiller l’intention de la Vie. Sa colère n’était qu’une citadelle dressée. Elle n’ouvrait pas les enceintes des âmes rencontrées. Il avait sombré pendant de longues saisons, comme rongé par un Mal insaisissable, un poison qu’il avait mis longtemps à identifier. Il avait dû connaître l’effondrement pour apprendre à aimer.

    « Je te remercie infiniment Figueras. »

    Elle ne savait pas parler d’elle et elle comprit avec une violence soudaine que son ignorance intime, que cette méconnaissance des méandres intérieurs l’avait privée des plus belles flamboyances, qu’elle n’avait toujours été qu’une âme perdue cherchant frénétiquement des ancrages existentiels. Elle courait depuis des années pour une reconnaissance extérieure. Comme si une ombre pouvait se remplir, comme si les regards reçus pouvaient suffire à combler les vides.

    Un Indien venait de lui parler de son âme et elle ressentait désormais en elle un vide incommensurable.

    « Ne te juge pas, reprit Figueras. Ta colère contre toi ne serait qu’une condamnation. Réjouis-toi simplement de savoir désormais qu’il te reste beaucoup à apprendre. Reconnais simplement que tout est déjà en toi. Mais simplement que tu ne le savais pas. Simplement. Tu vois l’importance de ce mot ? Lorsque les choses que tu vis te semblent compliquées, c’est que tu n’es plus reliée à la Vie. Le réel problème n’est pas ce qui survient mais la façon dont tu le perçois. Un jour, tu comprendras. »

    Elle raconta ses courses en montagne, la découverte de ses qualités physiques, ses premières compétitions et la fierté qu’elle éprouvait, les premiers sponsors et l’entraînement acharné qu’elle devait supporter, la pression de plus en plus forte et ce sentiment de gâchis au sommet du Kilimandjaro.

    « C’est bien, écoute bien tout cela. Et réjouis-toi. »

    Elle ne comprenait pas d’où venait cette impression qu’il souriait en permanence alors que rien sur son visage ne l’indiquait. Une neutralité totale. Et pourtant, cette joie qui l’inondait. Elle en éprouva de la gêne. Comme un lien physique qu’elle ne commandait pas. L’impression d’être reliés, non pas d’elle à lui, mais comme deux énergies compatibles, un flux sans matière, une reconnaissance cellulaire.

    « Quand tu sauras lire en toi, tu comprendras ce que les autres portent. »

    Il lui raconta encore la vie de ses ancêtres, la communion avec la Nature, l’hommage rendu à chaque élément de la Terre Mère, la vie des enfants dans les tribus, les explorations spirituelles par le travail solidaire et les jeux, l’apprentissage des connaissances ancestrales, des ancrages qu’il honorait chaque jour, un respect immuable qui nourrissait ses cheminements. Les enfants recevaient des racines qui leur donnaient des ailes.

    Elle songea aux enfants de l’Ancien Monde, les ailes rognées de leurs âmes, leurs racines empoisonnées par une Histoire immonde, ces tombereaux de morts et de massacres, ces peuples exterminés et ces génocides orchestrés par des Puissants avides de richesses et de pouvoir. Rien n’avait changé. Les justifications avaient pris des tournures honorables mais les intentions restaient les mêmes. Les petits d’hommes recevaient en héritage des avenirs prémâchés, une pâte infestée par des esprits pervers, des égrégores toxiques qui les condamnaient à une imitation formatée.

    Elle réalisa soudainement que son projet était dérisoire. L’intuition que son désir consistait à emballer dans du papier cadeau des charniers infinis. Elle sentit une boule gonfler dans sa gorge, comme si la révélation l’empêchait de respirer, toute la beauté du don envisagé périssait sous les assauts impitoyables de la réalité. Peut-être même portait-elle dans ce projet, le désir de soulager sa conscience. Mais que pouvait bien représenter l’argent dispensé dans des âmes violées par des siècles d’outrages?

    L’impression que tout cela allait voler en éclat.

    Elle regarda Figueras. Il ne la quittait pas des yeux, comme attentif à des messages sans paroles, percevant des pensées insoumises.

    « Tu auras tes réponses quand elles seront nécessaires, » avança-t-il en souriant pour de bon.

  • "Les héros sont tous morts" : publication

    L’image contient peut-être : feu et texte

    L'image se suffit à elle-même :)

    Anita Berchenko aime ce que j'écris et les Éditions du 38 publient donc mon quatrième roman.

    "KUNDALINI" est également prévu avant l'été.

    Que dire de plus ?

    Que du bonheur, un immense bonheur.

    Des mois de travail et c'est véritablement un "travail". Non pas une corvée puisque le bonheur d'écrire est immense mais bien d'un travail puisqu'il réclame de l'attention, de la concentration, de la réflexion, de la ténacité, le courage d'effacer pour reprendre, encore et encore, de ne jamais se contenter d'un "à peu près" mais de viser constamment la perfection que l'on porte, c'est à dire ce que je peux produire de mieux, non pas au regard d'une certaine compétition envers les autres auteurs, mais juste ce que moi, je peux extraire de plus abouti de moi-même.

    Et je cherche parfois dans les entrailles les plus profondes, dans les méandres cérébraux les plus secrets, dans les émotions les plus puissantes aussi. 

    Jusqu'à en rêver encore et encore, jusqu'à parler tout seul quand je marche en montagne, à "jouer" des scènes, à établir des dialogues alors que je pédale sur mon vélo, à m'endormir en songeant au prochain jour de mes personnages...

    C'est comme une double vie parfois.

    Je suis "l'autre", dans ces moments-là, "celui qui écrit".

    Aujourd'hui, "celui qui écrit" plane en altitude :)

     


     

    "Un lendemain de beuverie, pour s'aérer la tête et se vider des miasmes de l'alcool, Gaston, chasseur invétéré, part pister le sanglier. Des coups de feu retentissent, venant du cul-de-sac de la route forestière du Sappey. L'homme s'approche, et découvre trois corps. Une mallette est attachée au poignet d'une des victimes. Pleine de billets. Un million quatre cent mille euros. Gaston s'empare de son couteau de chasse, découpe le poignet du mort et s'enfuit avec l'argent.

    Lucas, Lucie, Thomas, Laure, Fabien, Mathieu... chacun de ceux qui vont croiser la route de la mallette maudite va sombrer du côté le plus noir de sa personnalité. Envolée l'empathie, effacée la morale, oubliés les préceptes de respect des autres. Cet argent sale semble contaminer irrémédiablement tous ceux qui le touchent.

    Y a-t-il une rédemption possible ?

    Dans un registre plus noir que d'habitude, et sur fond de thriller, on retrouve l'excellente écriture de Thierry Ledru, qui nous livre une analyse en miroir de l'âme humaine, et nous pousse à nous interroger : que ferions-nous avec cette mallette ?"

    LES EDITIONS DU 38 :

    Où trouver nos livres ?


    La meilleure façon de nous soutenir, c'est d'acheter nos livres !


    Si vous demeurez en France métropolitaine, vous pouvez nous commander nos livres papier en direct. Après finalisation de la commande et réception du paiement, vous recevrez les livres dans un délai d'une à deux semaines.

    Nos livres en format papier sont disponibles à la commande chez votre libraire, et sur les principales plateformes de vente en ligne (Fnac, Amazon, etc.)

     


    Vous pouvez aussi acheter nos livres numériques sans DRM, et ce quelle que soit votre domiciliation, sur notre site Web. Après finalisation de la commande et réception de votre paiement, vous recevrez par mail le ou les titres commandés, dans un délai de 1 à 3 jours.

    Nos livres numériques sont présents sur les principales plateformes de téléchargement.

     


    Espace libraires

    Nos livres au format papier sont imprimés à la demande. Référencés sur la base Dilicom, ils sont distribués par Hachette, vous pouvez donc passer directement commande auprès du réseau Hachette Livre.

    Pour tous renseignements :  contact@editionsdu38.com  
    ou  06 28 25 34 52

     


    Nos livres en format papier sont disponibles à la commande en librairie (réseau Dilicom et Hachette Diffusion), et sur les principales plateformes de vente en ligne.

    Si vous êtes domiciliés en France Métropolitaine, vous pouvez également nous les acheter en direct.

    Nos titres au format numérique sont disponibles sans DRM sur les principales librairies en ligne, 7Switch, Amazon, iBookstore Apple, Kobo, FNAC, Google, Decitre, Cultura, Chapitre, Nolim Carrefour, Relay.com, ePagine, Bookeenstore et plein d'autres...

     


    Mentions légales | Charte de confidentialité | Plan du site

    ©Les éditions du 38
    RCS Toulouse 808 485 759

     

  • Animaux et empathie

     

    Les animaux peuvent-ils faire preuve de compassion ?

     

    24.04.2018 (MIS À JOUR À 15:10)

    Par Pierre Ropert

    L'empathie est-elle le propre de l'homme ? Pas vraiment, à en croire de nombreuses études. Mieux, les animaux sociaux comme les éléphants ou les chimpanzés seraient capables de compassion. Une notion qui intrigue les chercheurs.

    Des éléphanteaux jouent dans le Parc National de Samburu, au Kenya.
    Des éléphanteaux jouent dans le Parc National de Samburu, au Kenya.• Crédits : Simon Eeman / EyeEm - Getty

    La rumeur avait de quoi plaire : à en croire de nombreux messages diffusés sur les réseaux sociaux, lorsqu’un éléphant aperçoit un humain, la même zone s’active dans son cerveau que lorsqu’un humain aperçoit un chaton ; les pachydermes nous trouveraient donc mignons. 

    Julia@JuliaHass

    I just learned that elephants think humans are cute the way humans think puppies are cute (the same part of the brain lights up when they see us) so pack it in, nothing else this pure and good is happening today.

    Informations sur les Publicités Twitter et confidentialité

    "Je viens juste d’apprendre que les éléphants pensent que les humains sont mignons de la même façon que les humains trouvent les chatons mignons (la même partie du cerveau s’allume quand ils nous voient), donc remballez-tout, rien d’autre d’aussi pur et bon n’arrivera aujourd’hui."

    Ce tweet, partagé et repris des milliers de fois, conte une jolie fable... que rien ne permet de prouver. Nulle étude ne confirme que les éléphants trouvent l'être humain mignon. Mais cette affirmation erronée traduit pourtant une réalité : les pachydermes, ainsi que d'autres animaux, semblent pouvoir éprouver de l'empathie, voire de la compassion à notre égard. Et cette idée divise encore la communauté scientifique. 

    De l'empathie à l'altruisme chez les animaux

    L’empathie n’a rien d’un sentiment propre à l’homme : elle est la capacité à percevoir et à se mettre à l’unisson de ce que ressent autrui. La peur, par exemple, est une forme d'empathie, et on la retrouve dans la nature sous forme de contagion émotionnelle (des oiseaux prenant la fuite en même temps par exemple). L’empathie est ainsi nécessaire aux interactions sociales, et elle existe notamment chez les animaux qui vivent en groupe, dits sociaux. 

    "Lorsqu'on montre à des humains et à des grands singes des images chargées d'émotion, on observe des modifications similaires de leurs cerveau et de leur température périphérique, précise Carl Safina, auteur plusieurs fois primé pour ses ouvrages sur l’environnement, dans son livre Qu’est-ce qui fait sourire les animaux ? [...] L'empathie est automatique. Elle n'exige aucune réflexion. Le cerveau établit automatiquement la correspondance d'humeur et ne fait prendre conscience de l'émotion qu'ensuite. Les animaux qui jouent doivent savoir que l'individu qui leur court après et les attaque n'est pas sérieux : empathie. Comprendre l'invitation au jeu : empathie."

    "Plus le cerveau est compliqué, plus il y aura des émotions raffinées et fines. C'est vrai pour l'émotion. C'est vrai pour tout ", précisait Georges Chapouthier, neurobiologiste et philosophe, membre du conseil d'administration de La Fondation Droit Animal, Ethique et Sciences, en janvier dernier dans La Méthode scientifique :

    Dans tous les groupes sociaux fortement intégrés il y a une forte interaction et une forte empathie nécessaire au fonctionnement du groupe.

    Écouter

     

    A la recherche des émotions animales (La Méthode scientifique, 18/01/2018)

    Ce “sentiment” peut donc s’expliquer simplement : il y a un intérêt collectif à coopérer pour ces animaux. En ce sens, l'empathie est compatible avec la théorie de l’évolution et de la sélection naturelle des espèces de Charles Darwin. Pourtant, chez certains animaux, comme les éléphants, l’empathie semble virer à la compassion ou à l’altruisme, non seulement entre eux mais également à d'autres espèces, ce qui intrigue les chercheurs. 

    Les éléphants, des animaux capables de compassion 

    Dans leur étude, “Les éléphants sont-ils capables d’empathie ?” (“Do Elephants Show Empathy ?”), la chercheuse Lucy Bates et ses collègues affirment ainsi que les éléphants sont capables de secourir ceux qui souffrent et de s’aider mutuellement. Des scientifiques ont pu observer des éléphants nourrir un congénère blessé à la trompe ou encore arracher les fléchettes tranquillisantes utilisées par les soigneurs. En 2013, au Kenya, lors du décès d'une éléphante nommée Victoria, trois groupes distincts d’éléphants sont venus défiler devant la dépouille, s’arrêtant plusieurs secondes avant de repartir. Si les scientifiques se méfient de notre tendance à tirer de cet événement une analyse anthropomorphique, ils reconnaissent un comportement inhabituel.

    Les comportements altruistes des éléphants ne semblent pourtant pas motivés par des mécanismes de survie lorsque ces derniers viennent en aide à d’autres espèces. En Inde, par exemple, il a été fait mention d’un éléphant utilisé pour enfoncer des poteaux dans des trous préalablement creusés. L’éléphant domestiqué a soudainement refusé de continuer sa tâche, jusqu’à ce que le mahout, son “guide”, réalise qu’un chien était endormi dans un des trous et ne le fasse partir. Après quoi l’éléphant a repris son travail.

    Des éléphants à Amboseli National Park, au Kenya.
    Des éléphants à Amboseli National Park, au Kenya.• Crédits : Buena Vista Images - Getty

    Plus curieux encore, les éléphants peuvent aider des humains. Dans son livre “Qu’est-ce qui fait sourire les animaux ?”, Carl Safina relate ainsi plusieurs fois où des pachydermes sont venus en aide à des humains :

    Un berger s’était cassé une jambe dans un affrontement accidentel avec une matriarche. [...] Il a expliqué plus tard qu’après l’avoir frappé, l’éléphante s’était rendu compte qu’il ne pouvait plus marcher. A l’aide de sa trompe et de ses pattes avant, elle l’avait doucement déplacé un peu plus loin et l’avait adossé à l’ombre d’un arbre. L’effleurant de temps en temps de sa trompe, elle l’avait veillé toute la nuit, bien que sa famille ne l’ait pas attendue. 

    Selon la chercheuse Lucy Bates et ses collaborateurs, les éléphants, en plus d'avoir des capacités cognitives très élevées, ont ainsi une empathie équivalente à celle des humains.

    Chimpanzés, chiens, rats : une empathie partagée 

    Mais les éléphants sont loin d'être les seuls animaux soupçonnés d’empathie. Ce genre de comportements a été observé chez les très grands singes à de nombreuses reprises. En septembre 2013, dans l’émission Les Racines du ciel, le docteur en génétique cellulaire et moine bouddhiste Matthieu Ricard, venu parler de la notion d’altruisme, racontait ainsi comment un bonobo nommé Kuni avait pris soin d’un étourneau : 

    L’oiseau avait percuté une vitre et était tombé par terre. Le singe l’a pris entre ses mains, a étendu ses ailes et l’a lâché pour voir s’il volait, puis il est monté sur une branche a écarté ses ailes et l’a lancé : l’oiseau est retombé. D’autres Bonobo s'approchant, il l'a repris pour le protéger…

    Les bonobos ayant un régime omnivore, la protection n'avait rien de superflu : l’oiseau sauvé a ainsi fini par s’envoler à nouveau. 

    Écouter

     

    L'altruisme avec Matthieu Ricard (Les Racines du ciel, 22/09/2013)

    Un bonobo.
    Un bonobo.• Crédits : Fiona Rogers - Getty

    D’autres exemples témoignent de la capacité des grands singes à aider également les êtres humains : en 1996, au Zoo de Brookfield à Chicago, une femelle gorille a ainsi rapporté à l’entrée de l’enclos un petit garçon de 3 ans qui avait fait une chute de 6 m dans l’enceinte des primates, raconte Emmanuelle Pouydebat dans L’Intelligence animale. Selon une étude de 2015 de Jaak et Jules Panksepp, intitulée Toward a cross-species understanding of empathy, on dénombre ainsi plus de 2000 anecdotes qui confirment que les primates non-humains sont capables d’empathie. 

    Pour en apprendre plus sur les grands singes, n’hésitez pas à écouter La Méthode Scientifiqueconsacrée à ce sujet : 

    Écouter

     

    Sabrina Krief, sur la piste des grands singes (La Méthode scientifique, 25/12/2017)

    Longtemps, les scientifiques ont contesté la possibilité de l’empathie chez les animaux, cherchant une explication plus égoïste à ces comportements. Pourtant, dès 1959, une étude intitulée Emotional reactions of rats to the pain of others (Les Réactions émotionnelles des rats face à la douleur des autres), démontrait que les rats, s’ils avaient la possibilité d’obtenir de la nourriture en poussant un levier au prix d’une décharge électrique sur l’un de leurs congénères, choisissaient le plus souvent de ne rien faire. 

    Quelles origines pour l'empathie ?

    Dans une étude publiée récente publiée en janvier 2016 dans la revue américaine Science, des chercheurs ont mis en évidence le rôle de l’ocytocine, un neurotransmetteur, dans les comportements empathiques chez les campagnols des prairies. Alors qu’ils avaient tendance à consoler des rongeurs de leur “famille” soumis à du stress, les campagnols cessaient de les aider dès lors qu’ils étaient privés par les chercheurs de ce neurotransmetteur. 

    Le résultat de l'étude continue de mettre à mal l'idée que seule la compétition régule les relations entre animaux, ce que Charles Darwin avait d'ailleurs anticipé dans La Descendance de l'homme et la sélection sexuelle : il expliquait d'ores et déjà qu'à l'intérieur d'une tribu, un animal honnête n'était pas forcément avantagé, mais qu'un groupe avec des congénères honnêtes possédait un avantage sur les autres groupes, cela constituant in fine "une sélection naturelle".

    Pour le biologiste Frans de Waal, co-auteur de l'étude sus-citée et spécialiste des primates, l'empathie trouve effectivement ses origines dans un processus évolutif, dicté par l'instinct maternel : "Pendant 200 millions d'années d'évolution des mammifères, les femelles sensibles à leur progéniture se reproduisirent davantage que les femelles froides et distantes. Il s'est sûrement exercé une incroyable pression de sélection sur cette sensibilité". 

    Invité en octobre 2016 de La Grande Table, le biologiste auteur de "Sommes nous trop 'bêtes' pour comprendre l'intelligence des animaux", regrettait que les scientifiques aient si longtemps mis de côté la notion d'intelligence animale :

    L'intelligence animale était un tabou au siècle dernier, on essayait de tout mettre dans deux boîtes : soit c'est l'instinct, soit c'est de l'apprentissage très simple. C'est seulement depuis 25 ans que de jeunes scientifiques regardent en dehors de ces boîtes et proposent que les animaux puissent avoir des concepts, puissent planifier, fabriquer des outils... Chaque semaine il y a des découvertes comme ça. [...] La façon dont on traite les animaux peut être influencée par ce genre de recherches.

    Écouter

     

    L’animal est-il un homme comme un autre ? (La Grande Table, 05/10/2016)

  • Rendre soin

    J'aime dans cette image la révélation de tout ce qui est caché, ce qu'il convient d'atteindre lorsque je masse la vie insérée dans le corps de la femme que j'aime.

    Il ne s'agit pas tant pour moi de masser son corps que d'entrer en contact avec l'énergie qui s'y trouve, de lui prodiguer tout l'amour nécessaire pour que les fluides circulent, que les courants ruissellent, que les équilibres se retrouvent, que la douceur l'emplisse, comme des retrouvailles avec la paix intérieure, que les noeuds se délient, que les fatigues s'effacent, que les tensions du jour à travers les activités quotidiennes se dispersent jusqu'à se liquéfier dans l'équilibre retrouvé des énergies.

    Il ne s'agit pas de se disperser dans des caresses érogènes mais de suspendre les intentions sexuelles pour que l'auriculaire ou le lobe d'une oreille soient aussi aimés que la poitrine ou la douceur intérieure des cuisses. Chaque geste est empli de la même douceur, chaque geste est une caresse de soins.

    Il viendra peut-être cet instant de l'aube qui électrise comme le soleil du matin mais là n'est pas l'objectif. 

    Il s'agit d'aimer le bien-être de l'autre, d'aimer la conscience en soi de cette vie secrète, celle qui ne se voit pas mais qui se sent, à chaque parcelle de peau.

    Il ne s'agit donc pas de "prendre soin" mais de "rendre soin" puisque de vivre auprès de l'être aimé est déjà un soin pour soi. 

    Je masse la vie de la femme que j'aime pour le soin qu'elle m'offre à aimer vivre à mes côtés. 

    Tumblr mmxp3w079l1s1an1ao1 501

     

  • Les sillons du temps

    L’image contient peut-être : une personne ou plus, chapeau et plein air

    L’image contient peut-être : 1 personne, montagne, ciel, plein air, nature et gros plan

    De 15 à 55 ans.

    Et finalement, je réalise que j'ai passé beaucoup de temps à regarder vers Là-Haut.

    Je sais tout ce que je dois à cet univers minéral, à cet amour de la lumière des montagnes. 

    Les rides sont les souvenirs heureux des chemins. 

    L’image contient peut-être : plein air

    J'ai rencontré Nathalie en montagne.

    Marine, notre premier enfant, a été conçu dans un refuge désert à 3000 mètres, un soir d'automne, aux premières chutes de neige. 

    J'ai passé des années à écrire pour tenter de raconter l'émotion des montagnes.

    Nos deux garçons courent sur les sommets aujourd'hui, dans les pentes les plus raides, sur leurs skis ou en alpinisme et la lumière dans leurs yeux est celle des étoiles. 

    Dans un roman autobiographique, "Les Eveillés", j'ai raconté ma mort. Là-Haut. Ma mort physique, puisque pour le reste, je ne sais rien d'autre que ce que j'entrevois. Et que je vérifierai le jour venu. 

    Et là, encore, ça sera du bonheur.