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  • "Méditez, vous verrez"

    http://lemonde-educ.blog.lemonde.fr/2012/06/15/la-meditation-comme-remede-au-mal-de-lapprentissage/

    La méditation comme remède au mal de l’apprentissage

    Elle s'appelle Jeanne Siaud-Facchin et à sa manière, elle interpelle le nouveau ministre. Ce qu'elle demande ne coûte rien. Elle voudrait juste que la médiation devienne obligatoire dans les classes.

    Une drôle d'idée? A priori, on se demande quelle mouche a bien pu piquer cette psychologue clinicienne fondatrice des centres Cogito'Z pour élèves en souffrance. Elle, si dynamique, tellement bouillonnante d'idées! Serait-elle passée côté New Age? A la lecture de son livre, on se rassure vite.

    Comment la méditation a change ma vie... Et pourrait bien changer la votre (Odile Jacob, 330 pages, 22,9 euros) est le récit d'un apprentissage. Comment cette femme a appris a plonger en elle -juste un peu comme ça entre deux patients- et comment, elle qui "soigne" beaucoup d'enfants, propose de les initier a ce qui pourrait changer un peu le rapport au monde d'une génération toujours en prise avec les autres.

    "J'ai récemment fait une tentative avec des élèves de 6eme, que j'avais intitulée "les ateliers du bonheur"", raconte-elle. Une série de séances de deux heures avec une classe, pour apprendre a apprécier le silence, à s'écouter et se passer la parole, à ressentir son corps et contrôler ses émotions montantes. " Cette expérience a été si convaincante que les enseignants de cette classe l'ont poursuivie en conservant les principaux éléments: les quelques minutes de silence les yeux fermés avant de commencer les cours, la réglette d'humeur matin et soir pour mesurer son état intérieur, prendre sa température émotionnelle". S'y ajoute l'observation de son corps sa posture et la prise de conscience de son souffle.

    Cette expérience avec les collégiens, celle qu'elle mène dans ses centres thérapeutiques font dire a Jeanne Siaud-Facchin que " l'introduction de la méditation a l'école devrait être inscrite au programme de l'éducation nationale. C'est de l'éducation préventive qui ne nécessite aucun moyen ni aucun poste supplémentaire et qui permettrait d'enrayer tellement de difficultés scolaires" estime-elle.

    Dans ce lot de difficultés, Mme Siaud-Facchin place le stress des élèves, leur peur de l'échec, leur crainte de prendre la parole mais aussi leur manque de confiance en eux. " Et surtout toutes ces difficultés d'attention, de concentration de mémorisation, qui font souffrir enfants et parents, qui insupportent les enseignants et qui constituent le plus fort pourcentage de consultations psychologiques".

    Face a la violence, la praticienne répond méditation. Face aux petits conflits aussi. Et les parents ne sont pas hors boucle; eux qui à ses yeux devraient aussi s'y mettre un peu pour adoucir l'heure des devoirs.
    Mme Siaud-Facchin qui a beaucoup travaillé sur l'enfant surdoué et sur la difficulté scolaire propose là un autre chemin. A le lire, il semble à la portée de tous. En racontant son ouverture a ce nouvel univers, la psychologue veut surtout convaincre de la facilite de ce chemin. Et si on lui laissait le mot de la fin c'est sûrement un "méditez vous verrez" qu'elle aimerait lancer.

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  • Méditation et enfance (3)

     

    Première séance aujourd'hui et c'est toujours un grand bonheur. Trente enfants de CM2, totalement à l'écoute d'eux-mêmes, silence complet, personne ne bouge, les yeux fermés, les mains  sur le ventre pour accompagner la respiration.

    Le calme en soi. Une nécessité pour gérer le chaos extérieur et ne pas lui succomber, apprendre à se connaître, à observer les phénomènes intérieurs.

    Sept jours de classe depuis la rentrée. Déjà énormément de vécu existentiel, de partages et d'écoute. L'essentiel se met en place. Le reste suivra. Je le sais.


    Un livre et un CD particulièrement adaptés aux enfants, une merveille, un accompagnement idéal.

    "CALME ET ATTENTIF COMME UNE GRENOUILLE"

    http://www.commeunegrenouille.fr/crbst_1.html

     

    La grenouille est un drôle d’animal.

    Elle peut sauter très loin, mais elle peut aussi rester immobile.
    Elle remarque tout ce qui se passe, mais ne réagit pas à chaque fois. Elle respire, tranquillement. Elle ne se laisse pas entraîner par les idées qui lui passent par la tête. Elle est calme. Tout à fait calme. Son ventre se gonfle et se dégonfle, il va et il vient.
    L’enfant peut faire exactement la même chose : il peut être à la fois calme et vigilant. Il lui suffit de faire attention, attention à sa respiration.
     
    Eline Snel est thérapeute. Elle a adapté la méditation aux enfants. Avec l’image de la grenouille, elle leur apprend à se détendre, à s’apaiser et à mieux se concentrer.
    Elle intervient dans de nombreuses écoles aux Pays-Bas et donne des cours aux instituteurs et aux psychologues.
    Les bienfaits de sa méthode sont tels que le ministère de l'Education a décidé d'offrir à tous les enseignants qui le souhaitent une formation dans son Académie.
    A la demande de nombreux parents, elle a écrit ce livre pour qu’ils méditent avec leurs enfants.

  • The end of the ocean.

    J'ai toujours eu besoin d'une musique pour accompagner l'écriture d'un roman.

    Cette fois, "A coeur ouvert" s'écrira avec "The end of the ocean. "

    Tourne en boucle inlassablement...

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  • Eclairage public: le grand gaspillage

    http://www.consommerdurable.com/2012/04/moins-de-lumiere-moins-de-gaspillage/


    ECLAIRAGE PUBLIC : Le grand gaspillage



     

    Allées interminables de lampadaires, projecteurs braqués sur les monuments, l’éclairage public ne connaît pas la crise. Pourtant, il plombe chaque année les budgets des communes et gaspille une énergie désormais précieuse.

     

    Nous avons pris l’habitude d’éteindre nos appareils en veille, de baisser le chauffage ou d’utiliser des ampoules basse consommation. La logique voudrait que l’Etat, grand pourvoyeur de conseil et de leçon de morale en économies d’énergies, en fasse de même. Or, il fautse rendre à l’évidence, la France, pays des Lumières, a troqué ses philosophes contre des lampadaires. Neuf millions au total, pour éclairer nos rues, nos routes, nos places et nos ronds-points sans se soucier du prix de l’électricité et de l’impact écologique qu’il représente. La consommation totale de l’éclairage public français représente ainsi 1 % de la consommation nationale du pays, soit 5,6 milliards de kW/h, ce qui correspond à la production de 1 à 2 de nos centrales nucléaires ! Un gaspillage qui désole la très active Association Nationale pour la Protection du Ciel et de l’Environnement Nocturne (Anpcen), qui se bat depuis des années pour une gestion responsable de l’éclairage public. Pour son secrétaire général, Pierre Brunet, la tendance actuelle révèle un paradoxe criant : « Curieusement, le secteur de l’éclairage est le seul épargné par les règles de bon sens économique. Grâce aux progrès techniques, nous avions la possibilité de diviser par cinq la facture de l’éclairage, or nous avons choisi d’éclairer cinq fois plus pour le même prix ! ». Principaux responsables de cet emballement lumineux, les sociétés de matériel électrique et leurs plans marketing offensifs « Ils vendent du rêve aux communes. Leur catalogue, épais comme le bottin, ressemble à celui d’un bijoutier. On se demande si c’est la commune qui sert d’écrin au lampadaire ou si c’est le lampadaire qui doit mettre en valeur la commune ! » s’énerve Pierre Brunet.

     

    Contagion lumineuse

    Et ça ne va pas s’arranger car cette course au lampadaire touche maintenant les coins les plus isolés du territoire. Petits et gros villages veulent, eux aussi, briller de mille feux. Si en 1990, les communes de moins de 2 000 habitants éclairaient seulement 933 heures par an, quinze en plus tard, en 2005, leurs éclairages publics tournent plus de 3 000 heures ! Des chiffres qui se rapprochent dangereusement de ceux de grandes agglomérations éclairées près de 4 000 heures chaque année. Avec une efficacité très discutable. La majorité du parc de lampadaires est en effet complètement dépassée. Les lampadaires boules, par exemple, n’envoient que 30 % de leur lumière vers le sol et la chaussée. Le reste du flux lumineux s’échappe sur les cotés, pour s’infiltrer par les volets des riverains ou vers le ciel pour éclairer… les étoiles ! Mais, dans l’ombre des lampadaires, se cache un problème plus insidieux, une pratique encouragée par les offices du tourisme et les associations de commerçants, persuadés que la lumière attire et fait vendre : la surenchère lumineuse Pourtant, le prestige d’une grande ville ne se mesure pas à l’aune de son halo lumineux. Berlin est par exemple bien moins éclairée que nos grandes villes. Certaines de ses rues sont encore équipées de réverbères à gaz et l’éclairage y est davantage conçu comme un balisage. Chez nous, quelques villes commencent à prendre conscience du problème. Ploemeur, commune bretonne de près de 20 000 habitants a lancé en octobre dernier une campagne d’interruption de l’éclairage public entre 1h et 5h du matin. Devant le succès de l’opération, la phase de test s’est poursuivie jusqu’à la fin de l’année avant une éventuelle poursuite en 2009. Alors, à quand les Champs-Élysées au clair de lune ?

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  • Visualisation.

    Une semaine de classe aujourd'hui...

    Des mathématiques, du vocabulaire, de la grammaire, de l'orthographe, de la géographie, des sciences mais surtout, surtout, beaucoup d'explications orales.

    Les séances de natation ont été un excellent point de départ.

    Visualisation, observation interne, conscience de soi, connaissance des phénomènes intérieurs, parvenir à s'extraire des actes pour devenir l'observateur...

    Un exemple : Un enfant n'arrive pas en crawl à garder les deux jambes dans l'axe, son genou gauche part en diagonale, comme s'il faisait une demie brasse. Je peux toujours répéter inlassablement la même consigne, ça sera inutile si l'enfant ne parvient pas lui-même à "observer" ce qu'il fait. Il doit parvenir à ressentir cette jambe.

    "Tu n'es pas un nageur, tu es un corps qui tente de réaliser un geste technique destiné à te faire nager. Mais si tu restes juste enfermé dans ce corps, tu ne peux pas voir ce qu'il fait, tu te contentes de reproduire des gestes que tu ne "vois" pas et donc, tu ne peux pas les corriger. Tu ne dois donc pas rester à l'état de nageur mais devenir celui qui observe ce nageur. Tu dois prendre conscience de tes actes afin de ne pas être simplement un corps qui agit mais devenir pleinement celui qui oeuvre à la maîtrise parfaite de ces gestes de nageur. Le fait de nager n'est pas une fin en soi, ça n'est pas un objectif, ce qui importe, c'est que tu apprennes à observer ce que tu fais. A partir de là, tu ne seras pas qu'un nageur mais le maître du nageur, le maître de ton corps. Je sais bien que tu ne peux pas voir réellement tes jambes deriière toi quand tu nages mais tu peux les voir par l'intérieur. Apprends à te concentrer sur cet endroit précis, défais-toi de tout le reste."

    Séance de mathématiques, calcul mental : 123+13

    L'enfant n'arrive pas à visualiser l'opération et il répète plusieurs fois la même erreur, mauvais alignement des colonnes, les autres enfants qui lèvent le doigt, mon regard posé sur lui dans l'attente de la réponse, l'incapacité à se libérer de toutes ces pressions. Je maintiens cette attente et montre volontairement un certain agacement...Nouvelle erreur de sa part. Là, je stoppe le calvaire.

    "Pourquoi est-ce que tu ne parviens pas à trouver la réponse ?

    -Je mélange tout.

    -Non, ça c'est une conséquence mais ça n'est pas la raison première. Ce qui se passe, c'est que tu as beaucoup trop d'émotions en toi pour que ton cerveau parvienne à réfléchir : tu as peur de ne pas trouver, tu vois les autres qui lèvent la main, tu vois mon regard impatient et du coup, dans ta tête, c'est le chaos. Imagine une éponge que tu aurais trempée dans l'eau et ensuite tu la poserais sur une flaque, elle ne pourrait rien absorber puisqu'elle est déjà gorgée d'eau. Dans ta tête, c'est pareil. Toutes les émotions prennent une place immense, ton cerveau n'est pas libre. Et plus tu as du mal, plus ça prend du temps, plus tu te remplis de peurs. Il est absolument indispensable que tu parviennes à garder la paix en toi, le silence, le calme et que tu observes ce qui se passe. Ton objectif, c'est le résultat de ce calcul, le reste tu dois apprendre à t'en défaire, ne pas laisser ton cerveau être envahi.

    On est comme à la piscine, vous devez observer tout ce qui se passe en vous et établir un contrôle, rejeter ce qui n'est d'aucune utilité, vous alléger pour pouvoir absorber ce qui va vous permettre de progresser, vous devez donc apprendre à vous observer intérieurement. C'est ça qui est important. Je m'en fiche du résultat de cette opération. Je sais très bien que tu es capable de le trouver si je ne t'interroge pas devant la classe, que je ne te regarde pas fixement, que je ne laisse pas les autres vouloir répondre à ta place. Tu sais faire ce calcul mentalement mais tu ne sais pas ce qui se passe en toi. C'est ce travail mental qui est important. Le calcul n'est pas une fin en soi, ça n'est pas un objectif suffisant, ce qui compte, c'est ce que tu vas apprendre de toi grâce à l'observation que tu auras de tout ce qui se passe en toi.

      A la piscine, quand j'ai dit que vous deviez apprendre à plonger, certains savaient déjà le faire et d'autres ont eu peur immédiatement. Aujourd'hui, vous savez tous le faire. Je ne vous ai pas poussé à l'eau, vous m'avez écouté, vous avez essayé, vous avez raté, vous avez écouté, vous avez recommencé, vous avez raté, vous avez encore écouté, vous avez recommencé, vous avez réussi...Le plongeon en lui-même n'est pas le plus important, comme le calcul. Ce qui importe, c'est tout ce qui s'est passé en vous pendant tout ce chemin, du premier plongeon raté à celui que vous avez réussi. Rappelez-vous Socrate : "La chute n'est pas un échec, l'échec est de rester là où on est tombé. "

    C'est vrai à la piscine, en mathématiques, en vocabulaire, en ski, en amour, en amitié, dans tout ce que vous allez rencontrer dans votre vie. Vous ne devrez pas pas vous contenter d'exécuter des actes. Vous devrez vous observer pendant ces actes. C'est là qu'est la vraie compréhension de soi. Le reste, c'est juste de la connaissance. Il faut visualiser intérieurement votre vie et ne pas vous contenter d'être vécue par les évènements extérieurs. Quand vous aurez appris à être en vous, vous pourrez tout apprendre.

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  • Education émotionnelle

    Notes à l'école : l'excellence ne se réduit pas à une évaluation à deux chiffres !

    Modifié le 04-09-2012 à 16h45

    http://leplus.nouvelobs.com/contribution/619497-notes-a-l-ecole-l-excellence-ne-se-reduit-pas-a-une-evaluation-a-deux-chiffres.html

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    LE PLUS. Cette rentrée scolaire est la première du nouveau ministre Vincent Peillon. S'il veut trancher avec la morosité gouvernementale ambiante, il doit mettre en oeuvre de vraies réformes. Principale tâche selon le sociologue Eric Dugas : arrêter la course aux bonnes notes, et prouver aux élèves que les compétences acquises à l'école leur permettront de gagner leur vie.

    Édité par Henri Rouillier   Auteur parrainé par Aude Baron

    Un élève d'une école élémentaire d'Asnières, en décembre 2011 (DURAND FLORENCE/SIPA)

    Un élève d'une école élémentaire d'Asnières, en décembre 2011 (DURAND FLORENCE/SIPA).

    RENTREE SCOLAIRE. C’est la rentrée des classes pour les élèves, les enseignants et autres professionnels de l’éducation.

    Pour Vincent Peillon, après un tour de chauffe, quelques maladresses et bonnes idées, des projets et nouveautés, et surtout après la présente consultation de bon nombre d’acteurs du système scolaire, il sera alors temps de rentrer rapidement dans le vif du sujet et d’apporter quelques réponses sur le fond. L’écueil principal réside dans le fait de créer des mesurettes ou des réformettes qui, en fin de compte, n’apportent guère de transformations en profondeur : un immobilisme dû à un mouvement circulaire, sans avancées réelles.

    Le mal-être à l'école, une réalité

    Par exemple, au vu du mal-être constaté chez les élèves français, du creusement des inégalités et de la concurrence scolaire, une question se pose : comment favoriser l’épanouissement de nos enfants à l’école, tout en leur garantissant un socle minimum de compétences pour se réaliser dans leur vie ?

    Dans une école sous pression où le mal-être est palpable, peut-on – hormis les traditionnelles et récurrentes questions autour des rythmes scolaires, du nombre d’heures travaillées, j’en passe et des meilleurs – se préoccuper d’un enfant en devenir qui entre ou est entré dans le « métier » de l’élève ? Comme rappelé dans un précédent article, les enquêtes de l’OCDE (2009) classent la France dans les dernières places (22ème parmi 25 pays recensés) concernant la qualité de vie à l'école, et sur le plan du stress ressenti par les élèves, elle est à la deuxième place derrière le Japon.

    Or, l’élève ne peut être réduit à un simple réceptacle transformé en "idiot culturel" au sens provocateur de Garfinkel, lui-même soulignant que l’acteur social n’est justement pas un idiot culturel. Ce n’est donc pas non plus une machine humaine que l’on évalue après la transposition et la répétition d’un savoir savant unilatéral, du professeur vers l’élève. Au sein de la dynamique interactionnelle entre pairs et avec les acteurs du système scolaire, l’excellence scolaire se décline en plusieurs facettes, irréductible à une note chiffrée accolée à un nom et à un prénom (sans pour autant être éradiquée). Surtout lorsque celle-ci stigmatise les plus faibles et les plus jeunes, ce qui peut entraîner une baisse de l’estime de soi, du stress et de l’anxiété.

    Les intelligences multiples

    Désormais, l’évaluation peut s’enrichir d’autres facteurs pertinents comme, à l’instar de l’intelligence mesurable traditionnellement par des tests tels que le quotient intellectuel (QI), le quotient émotionnel (QE), associant de multiples facteurs (aisance sociale, confiance sociale, contrôle d’émotions, etc.).

    Une école primaire de Nantes, le jour de la rentrée, 05/09/2011 (SALOM-GOMIS SEBASTIEN/SIPA)

    Une école primaire de Nantes, le jour de la rentrée, 05/09/2011 (SALOM-GOMIS SEBASTIEN/SIPA).

    Nous savons aussi que le contexte culturel et les comportements singuliers au sein d’une société donnée façonnent l’individu, ce qui trouble le jeu d’une évaluation trop brutale (QI ou carnet de notes classique)? dans le livre "Repenser la pauvreté", Banerjee et Duflo constatent que des jeunes enfants du tiers-monde maîtrisent le calcul mental, plus complexe qu’à l’école, lorsqu’ils aident leurs parents dans le magasin familial alors qu’à l’école, les tests tendent à démontrer le contraire. Les auteurs posent alors la question suivante : "L'école désapprend-elle?" Qui plus est, certains élèves sont sacrifiés sur l’autel de l’évaluation scolaire traditionnelle alors que les compétences sont présentes ou potentiellement là.

    Certains chercheurs tels que Howard Gardner, spécialiste reconnu en psychologie cognitive et en éducation, défendent l’idée selon laquelle il existe de multiples formes d’intelligence, dont la plupart sont souvent délaissées par l’institution scolaire (intelligence langagière, logico-mathématique, spatiale, musicale, kinesthésique, interpersonnelle et intrapersonnelle). De surcroît et toujours selon Gardner, l’intelligence implique "la capacité à résoudre des problèmes ou à produire des biens ayant une valeur dans un contexte culturel ou collectif précis".

    Ainsi, l’évaluation scolaire ordinaire est révélatrice d’une école d’autrefois réservée à une élite et elle s’adresse à un individu qui n’est plus. D’ailleurs, au sortir de l’école, de plus en plus de recruteurs s’intéressent davantage à l’adaptabilité du futur employé, testé dans le contexte de l’emploi, qu’aux seuls diplômes présents dans le CV (bien sûr, sur un autre plan, le diplôme favorise toujours l’obtention d’un "véritable" emploi).

    L’école sert-elle une adaptation fermée et est-elle refermée sur elle-même, ou s’ouvre-t-elle sur une adaptabilité sociale de l’élève (s’adapter à s’adapter) ? Cette perspective ouvre alors la voie à d’autres modes d’apprentissage, d’évaluation et à d’autres finalités pour un mieux-vivre et un "mieux-devenir" à l’école.

    L’éducation aux émotions et à la prévention, entre autres

    L’impact de l’héritage durkheimien de la formation d’un individu par l’école révèle une tradition française bien ancrée et résistante aux transformations. Pourtant, avec les avancées de la connaissance, des travaux sur l’intelligence émotionnelle (vulgarisée par Goleman) méritent plus qu’un simple détour pour favoriser le "mieux-être" des élèves ainsi qu’un mieux-vivre ensemble. "Être rationnel, ce n'est pas se couper de ses émotions", comme l'a écrit Antonio Damasio, bien au contraire.

    Inséré au sein des programmes scolaires, et non pas dans l’exception ou dans l’informel, il s’agit plus d’éduquer ses émotions que d’apprendre à les maîtriser, surtout dans une école où le mal-être est ressenti, où le climat se détériore. D’un point de vue pratique, l’apprentissage de cette éducation singulière permet de gérer des conflits, de développer l’écoute active, l’empathie, le travail collectif dans une dynamique interactionnelle, etc. 

    Vincent Peillon, ministre de l'Éducation nationale, visite une école parisienne, le 25 mai 2012 (CHAMUSSY/SIPA).

    Vincent Peillon, ministre de l'Éducation nationale, visite une école parisienne, le 25 mai 2012 (CHAMUSSY/SIPA).

    Par ailleurs, constaté par Éric Debarbieux, spécialiste des violences scolaires, il existe dans certains pays, des écoles situées dans des quartiers très violents où le climat scolaire est moins problématique qu’en France (peu de violences) : les raisons sont liées à une école plus ouverte où les parents prennent une part active sans empiéter sur le statut des enseignants (eux-mêmes évoluant dans un registre plus large que les tâches classiques d’enseignement). De plus, de véritables programmes de prévention sont proposés. Ils sont destinés à contrôler, par exemple, les crises de colère d’élèves violents et à les aider à chercher des solutions alternatives.

    C’est tout le sens des "dilemmes moraux" utilisés comme outil pédagogique à l’école (souvent outre-Atlantique) dans lesquels les élèves sont placés devant une situation-problème qui les mettent face à un choix délicat. Ces conflits de valeurs sont intéressants à accroître pour mieux développer les compétences sociales et mieux prévenir des situations qui peuvent déboucher sur de la violence. Un climat délétère ne favorise pas l’apprentissage. De même, le rapport au savoir demande d’aider les élèves à y trouver du sens. Si celui-ci fait défaut, l’échec, l’anxiété, le décrochage et la violence s’en trouvent décuplés.

    Dans un autre registre, l’apprentissage par le tutorat est à développer aussi – entre élèves, avec des professionnels – pour faciliter l’apprentissage et lui donner tout son sens.

    En guise de réflexion

    Même si tout type d’apprentissage et de programmes possèdent leur lot de réussites ou d’échecs et qu’il n’existe pas de recette miracle, force est de constater que dans une morosité ambiante, il serait de bon ton de tester des expériences multiples et innovantes ou peu utilisées pour éviter de reproduire une école du déjà vu, sans pour autant tout jeter par la fenêtre, ni tomber dans le "on fait mieux ailleurs que chez nous" (la réciproque est vraie : certains pays nous envient l’organisation de l’école maternelle). Répétons-nous, il ne faut-il pas confondre un modèle importé avec des idées inspiratrices.

    En somme, il faudrait davantage tester et mettre à l’épreuve des faits des recherches originales ou peu tentées pour dessiner l’école de demain dans une société en pleine mutation. Bref, une véritable dynamique des politiques éducatives, qui porte réellement son nom, pour dépasser les forces du déterminisme.

  • Le Tiers Etat

    "Qu'est-ce que le Tiers état? Tout. Qu'a-t-il été jusqu'à présent ? Rien. Que demande-t-il ? A devenir quelque chose."
    janvier 1789, l'Abbé Sieyès. "Essai sur les Privilèges"


    Non, je ne rêve pas d'une nouvelle Révolution française. J'en connais le prix payé. Morts et souffrances.Un détournement progressif au profit des Privilégiés, d'autres castes mais avec les mêmes objectifs. Le pouvoir.

    Je rêve d'une Evolution existentielle générée par ce Tiers Etat, une évolution aussi paisible que possible, graduelle, progressive, comme une marée montante.

    Je n'attends plus rien des Gouvernants.

    Je vois se multiplier les volontés régionales, les intitiatives personnelles ou menées par de petits groupes, ne portant aucune étiquette, sans aucun leader attitré, juste des mains serrées dans la même lutte. La force du groupe apparaissant comme le seul leader.

    Je crois davantage aujourd'hui à l'économie régionale qu'à la mondialisation. A une autarcie nourrie par l'idée de la simplicité volontaire. Je vois s'ériger aussitôt les "retours à la grotte" et tous les détournements du même acabit. Je leur réponds que le retour à la grotte se fera lorsque les réserves naturelles auront été épuisées parce que la simplicté volontaire n'aura pas eu l'écho qui doit être le sien.

    Je n'ai pas besoin de manger des papayes ou des avocats venus de l'autre bout du monde pour être heureux. Je ne veux pas de ce gâchis d'énergie.

    Il faudra un jour que je me décide à faire la liste de tout ce qui est produit en dehors de notre pays, de nos régions mêmes et dont nous pourrions aisément nous passer sans nous retrouver pour autant à vivre "dans une grotte"...

    J'ai vu ce soir un reportage sur une coopérative agricole et un abattoir. Les responsables ont inventé en deux ans un procédé permettant de récupérer les graisses animales pour en faire un carburant capable de faire fonctionner le groupe électrogène. 70% de rejets de particules cancéreuses en moins et un prix au litre de 30 cts...Il va certainement y avoir sous peu une interdiction pour eux de continuer. Total et l'Etat ne le permettront pas.

      Les idées sont innombrables, l'intelligence tout autant, la capacité à faire et à appliquer sont l'apanage des hommes depuis des millénaires. Tout le problème aujourd'hui vient des résistances organisées pas les Etats qui ne veulent pas perdre leur pouvoir.

    La Mondialisation est avant tout un mouvement destiné à affirmer et à péréniser cette puissance aux mains de quelques uns.

    La Démondialisation est le mouvement inverse. Rien d'autre.

    Le Tiers Etat ne cherche pas à s'attribuer le pouvoir. Il en connaît les miasmes putrides. Il aspire juste à vivre mieux.

    Les médecins espagnols aujourd'hui ont refusé d'obéir au gouvernement qui leur intimait l'ordre de ne plus soigner les émigrants...

    Pendant ce temps-là, la BCE a annoncé qu'elle allait éponger une partie des dettes en achetant par milliards des obligations...Et les bourses européennes ont flambé.

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  • Interview: Mes premières lectures.

    http://mespremiereslectures.com/Interview-de-Thierry-Ledru,740.html

    Interview de Thierry Ledru, instituteur

    A la Une
    auteur Thierry Ledru
    Pour les Du côté des parents

    Auteur et enseignant, Thierry Ledru nous parle de la rentrée scolaire à travers sont regard de maître des écoles….

    Thierry Ledru sa fiche Auteur ICI


    Auteur pour adultes, ainsi qu’en jeunesse avec les aventures de Jarwal , le Lutin… (voir ici le COUP DE COEUR de la rédaction pour JARWAL LE LUTIN)

     

    Il a accepté de nous parler de la rentrée des classes et de la situation de l’école aujourd’hui, telle qu’il la vit au quotidien en tant qu’enseignant 

     

    INTERVIEW : 

     

    Mes Premières Lectures : Bonjour Thierry Ledru. A l’heure de la rentrée, l’école est un sujet de conversation très présent. Y compris au niveau du gouvernement.

    Quel écolier étiez-vous Thierry ? Le genre qui aimait l’école pour la récré ou pour le cours ? Qui s’ennuyait ou qui buvait les paroles de l’enseignant ? Qui attendait les vacances avec impatience ? .....

     

     

    Thierry Ledru : Je suis instituteur parce que j’ai eu 3 Maîtres à l’école primaire, au CE2, au CM1 et au CM2 et que j’aimais infiniment ces trois hommes. Lorsque j’ai eu mon diplôme d’instituteur, je suis allé voir mon Maître de CM2. Il m’a pris dans ses bras. Je n’oublierai jamais cet homme-là. Il aimait les enfants, il avait une patience infinie et il était investi d’une mission ! Celle de faire de ces élèves, des gens de valeur. Pas d’un point de vue scolaire prioritairement mais d’un point de vue humain. Il nous parlait de la vie, il voyait en nous des êtres humains et non seulement des élèves. Le contenant avant le contenu...C’est resté en moi et j’ai toujours cherché à appliquer cet exemple. 

     

    Mes Premières Lectures : Quelle serait l’école Idéale selon vous en quelques points essentiels ?

     

    Thierry Ledru :
    La Nature des êtres.
    La fonction ensuite.
    C’est à dire la valeur humaine, la connaissance de soi, le développement personnel. 

     

     

    Mes Premières Lectures : En littérature, l’école de votre enfance ressemble plus à La Guerre des Boutons, Le petit Nicolas, la Petite Maison dans la Prairie.... ?

    Thierry Ledru : Le petit Nicolas. Du rire ! J’en ai gardé un souvenir joyeux, les copains, des adultes qui nous aimaient, des classes de mer, que du bonheur. 

     

    Mes Premières Lectures : Que pensez-vous des alternatives qui se développent : écoles semi- privées (sous contrat d’Etat) , privées, instruction en famille, cours par correspondance etc ..... et des pédagogies qui s’y rattachent : apprentissage informel, Montessori, Steiner, Freinet, La Garanderie etc..... ? Comprenez-vous les choix des familles qui se tournent vers ces autres voies ?

     

    Thierry Ledru : Oh que oui, je comprends tout à fait le choix des familles ! Et ça n’est pas avec la classe que j’ai cette année que l’image de l’école publique va s’améliorer...Trente élèves de CM2, plusieurs enfants en difficultés lourdes, psychologique, affective, comportementale, scolaire...Les problèmes qui se posent, année après année, sont de plus en plus complexes. Les pédagogies parallèles sont des nécessités qu’il est très difficile d’appliquer dans ces conditions. L’enseignement individualisé relève de l’utopie mais comme mon engagement reste toujours aussi fort, c’est une utopie que je veux mener à bien... 

    Mes Premières Lectures :  Vous êtes auteur mais aussi enseignant au quotidien, quel est votre état des lieux concernant l’école aujourd’hui ?

     

    Thierry Ledru : Je ne connais que l’école élémentaire. Mais c’est bien là que tout commence...
    L’essentiel, à mes yeux, reste la connaissance de soi. Le contenant avant le contenu. L’individu avant l’élève. Lorsque l’éveil à soi est validé, l’éveil au monde devient possible.
    Les adultes enseignants sont évidemment en première ligne...Mais il ne faut rien attendre de l’Éducation nationale, que ça soit un gouvernement de droite ou de gauche d’ailleurs.

    Trente ans que je suis instituteur et je n’ai vu qu’une dégradation continue de la prise en compte de l’individu, dans les moyens accordés et sur le fond également. Des statistiques, évaluations nationales, réformes dérisoires ou inapplicables, aucune évolution réelle. On ne parle que de l’intégration à la vie économique. Tout le problème vient de l’école élémentaire à mon sens. Ce que vit le collège n’est que le résultat d’une absence d’existence en tant qu’individu. Au lycée, la proximité de la vie professionnelle sauvent quelque peu ceux qui sont encore dans la course...Mais les dégâts sont effroyables.

     

    L’école est avant tout un mouroir spirituel.

     

    Il n’y a que la philosophie existentielle (et non pas cognitive) qui puisse inverser le mouvement.
    L’école n’est que le reflet du monde. Elle est un contenu et non pas un contenant. Juste une excroissance d’un système extrêmement vaste. Il est vain à mon sens d’attendre une évolution positive de l’école elle-même alors qu’elle dépend intrinsèquement d’un champ beaucoup plus vaste.

     

    C’est toute la vision de l’individu qu’il faut revoir.

     

    C’est comme entreprendre la rénovation intérieure d’une maison alors que le bâti est en ruine. Dès lors que le système scolaire est orchestré par des instances qui ont pleinement adhéré à la vision matérialiste de l’existence, il est absurde d’en attendre autre chose que les valeurs que ces gens soutiennent. Par conséquent, je ne crois pas que les changements puissent venir de la hiérarchie. On est dans le même fonctionnement que "les Indignés".

    C’est l’engagement de la base qui porte les germes du changement. Collaborer ou résister. Il convient donc d’établir, en soi, les priorités de sa mission et œuvrer à les appliquer.

    Pour ce qui est de l’école, les techniques d’enseignement sont secondaires. Tant que l’humain est valorisé, écouté, aimé, accepté dans ses différences, porté, accompagné, il n’a plus aucune raison d’entrer en rébellion. Les techniques, dès lors, sont des moyens, pas les objectifs qu’ils finissent par devenir tant on leur accorde d’importance... L’immense difficulté du travail vient du fait qu’il est impossible de réussir sans que ce travail ait été fait sur soi.

    Ça ne s’apprend pas dans des livres même si les livres peuvent être des soutiens. Chaque enseignant devrait avant tout être enseignant de lui-même, son propre élève et son propre maître, une alternance constante entre l’apprentissage et la validation des acquis spirituels.

    Et je dis bien "spirituel" et non pas "cognitif". Une spiritualité qui bien évidemment n’a rien à voir avec la religion.

    "Lettres aux écoles " de Krishnamurti devrait être une lecture de chevet...Les instances dirigeantes ne le proposeront jamais...
     

    Ce système scolaire dans lequel l’apprentissage cognitif est la seule référence aboutit à un système pervers de croyances. Les diplômes représentent la validation administrative des étapes dans l’accumulation de ces croyances. Je parle de croyances étant donné que ces savoirs contribuent à l’égarement de l’individu dans l’idée que ce qu’il fait, produit, réalise durant ce cheminement cognitif LE représente, que ce qu’il fait correspond à ce qu’il est et que la "réussite" dans ce parcours scolaire contribue à son être.

    Les concepteurs de la bombe nucléaire, les chimistes de Monsanto, les ingénieurs de chez Dassault, sont tous des gens hautement diplômés et ils sont à des années lumière de la moindre conscience unifiée. Ils œuvrent à la validation de leurs études dans l’exploration de leur ego en ayant abandonné toute forme d’empathie avec le flux vital.


     Leurs croyances les nourrissent et ils se sentent certainement redevables de ce que le système scolaire leur a permis de devenir. Des fanatiques.

    C’est parce que l’enseignement actuel exclut la dimension spirituelle que ces croyances s’établissent avec une telle force. Le pouvoir, la puissance, la compétition sociale, la comparaison, l’envie, la rentabilité, la technicité jusqu’à l’absurde, le profit, le mensonge, la soumission, la compromission, toutes les dérives actuelles sont les conséquences d’une déshumanisation de l’enseignement.

    Je me demande d’ailleurs comment justifier l’idée qu’une société malade puisse s’ériger en formateur de jeunes esprits ? Comment peut-on considérer que les pairs, dans leurs dérives anciennes, puissent oeuvrer au Bien-être des individus ?

    Il me vient parfois à l’esprit que cette société agit comme un incubateur. Elle favorise l’éclosion de ses prochaines victimes. Victimes spirituelles à une échelle gigantesque. Jusqu’au sans domicile qui deviendra une victime physique. En passant par les suicidés, les intoxiqués, les déjantés, tous ceux qui se seront perdus en cours de route, qui auront quitté l’axe principal pour s’aventurer sur des chemins de traverse. Il y a des rescapés. Ceux qui basculent pour une raison qui parfois leur échappe dans cette dimension spirituelle dont ils ont été privés durant leur survie.
     

    L’enseignement scolaire actuel exclut totalement la dimension spirituelle de l’individu. La classe de philosophie de terminale n’est qu’une accumulation de savoirs aboutissant à une évaluation chiffrée comme si le but essentiel de la philosophie tenait dans un cadre aussi restrictif. C’est consternant et ça contribue au rejet quasi général de ce regard porté sur l’existence. Pour ma part, la philosophie n’est même pas une finalité. Elle n’est qu’un moyen de tendre vers une complétude de l’individu, une unification de l’ego avec l’inconscient, du moi avec le Soi qui le contient, une observation lucide des conditionnements et leur analyse. La philosophie pour elle-même n’a pas plus d’intérêt que la connaissance de la carte du monde. Il ne s’agit que de l’image d’un territoire mais son exploration rend nécessaire l’engagement du marcheur. Sortir d’une classe de terminale en se contentant de connaître la carte sans que cela n’ait déclenché le désir absolu de se lancer sur la route intérieure est un échec cuisant pour l’éducation nationale. Il faudrait que ce mammouth cherche à connaître, sur le long terme, le nombre d’individus ayant éprouvé cet amour des horizons intérieurs. Le constat serait effrayant.

    La philosophie est bien autre chose qu’une matière scolaire. Luc Ferry disait qu’il était inutile de chercher à initier de jeunes enfants à une démarche philosophique. Je suis d’accord avec lui s’il s’agissait de l’enseigner comme cela est fait en France. Mais pour ma part, je mets bien autre chose dans le terme que ce simple épandage de notions diverses dans des esprits en friche. Lorsque je travaille avec mes élèves sur la gestion des émotions, nous faisons de la philosophie puisque l’objectif est de vivre mieux comme l’entendait Sénèque.

    Pour Luc Ferry, la philosophie est un moyen d’épandre sur les autres ses connaissances. Evidemment, il trouverait humiliant que ça soit vers de jeunes enfants. Il a une trop haute estime de lui.

    Et bien, je pense, pour le vivre depuis trente ans, qu’il est bien plus délicat d’initier de jeunes esprits que de formater des adolescents. Ceux-là, n’ayant justement jamais eu à s’observer réellement, en dehors du prisme étroit de leur vie sociale.

    Lorsqu’une élève me dit, après notre discussion sur le chemin éclairé par les lampadaires qu’on allume, que les zones d’ombres lui apparaissent beaucoup moins inquiétantes dès lors qu’on sait qu’il est bon et reposant de venir se ressourcer sous les lumières acquises, et bien, je sais qu’il s’agit de philosophie.

    Puisqu’elle vivra mieux.
     

    Il n’est nullement question pour moi de remettre en cause le rôle "économique" de l’école et la participation à l’avenir professionnel des enfants. Je dis simplement qu’à l’école élémentaire, la priorité est de participer au développement équilibré de l’individu. C’est lorsque cela aura été validé que le reste suivra de lui-même. Et non l’inverse.


    Tout le nœud du problème tient dans cet accompagnement de l’humain. C’est là justement que la philosophie à l’école élémentaire peut prendre une place primordiale. Encore faut-il que les enseignants en prennent conscience et fassent eux-mêmes ce travail. Mais qui va juger de la démarche existentielle des enseignants ? C’est à eux de le faire.

     

    La priorité, depuis des décennies, c’est « l’avoir », c’est à dire l’extérieur. On travaille à l’envers.

    Les Peuples Premiers n’ont jamais perdu de vue qu’un chasseur, un cueilleur, un berger, un potier, ne représentent que des fonctions et qu’elles ne doivent jamais prendre le pas sur la Nature humaine.
    Et comme les enseignants sont aussi, pour la plupart, des parents, le formatage est le même...Il n’y a par contre rien de définitif dans ce constat. Les rencontres que j’ai avec les parents d’élèves au long de l’année me montrent bien qu’ils sont dans leur grande majorité à l’écoute et lorsque les enfants leur rapportent le bonheur d’apprendre, ils prennent le même chemin.

    Il s’agit donc bien d’une osmose à réaliser dans ce triptyque, enfant, parents, enseignants. Toute condamnation ou jugement renforce l’épaisseur des barrières...

     

    Pour ce qui est de l’Éducation nationale, je ne l’inclus pas, volontairement, dans cette rencontre à établir. Elle n’a rien à imposer, elle se doit de suivre ce qui fonctionne sur le terrain. Il faut inverser le sens des influences.
    Depuis des décennies, les gouvernements successifs ont voulu faire tenir ce rôle à l’école : un rôle économique affiliée à une "philosophie matérialiste". Les objectifs étaient clairs et je rappelle d’ailleurs que Mr Hollande a dit que l’école avait un rôle prioritaire dans le soutien à l’économie.

    Alors, cette idée que l’enseignement doit avoir une portée concurrentielle, qu’elle doit permettre à la France de garder son rang, etc ...c’est ce qui est dit depuis bien longtemps alors que Jules Ferry disait :

    "Nous ne vous demandons pas d’en faire des grammairiens mais des hommes." Et je répète alors ce que j’ai déjà dit. Il est essentiel d’aider à la constitution du récipient avant de vouloir y mettre quelque chose.

     

    Sinon, tout s’enfuit. Et là, ça fait longtemps qu’on travaille à l’envers. L’école élémentaire n’a AUCUN rôle à tenir au regard de l’économie et de la formation de futurs salariés.

    Le collège doit par contre s’ouvrir aux formations professionnelles pour des jeunes qui en ont le désir et non pas pour s’en débarrasser.

     

    Que ça soit fait par des gens compétents et avec des moyens, en partenariat avec les secteurs économiques concernés. Mais pour ce qui est de la filière purement scolaire, elle se doit d’apporter aux individus l’accession au "savoir être".

    Le "savoir faire" viendra en son temps et c’est ce regard et cet accompagnement existentiel qui soutiendra les étudiants dans le long cheminement vers les hauts diplômes.
    Les individus se définissent aussi par leur activité économique mais s’ils ne se définissent QUE par ça, que leur reste-t-il lorsqu’ils perdent leur travail ?...

     

    Toutes les identifications sont des pièges redoutables dès lors que l’individu ne se pense exister qu’à travers le statut que ces identifications lui donnent. Il s’agit donc, en priorité, à travers l’enseignement et l’éducation, à mon sens, d’apporter suffisamment de lucidité à l’individu pour qu’il découvre ce qu’il est mais sans jamais se figer. Je ne suis pas instituteur, j’exerce le métier d’instituteur.

    Le "Je" est bien autre chose qu’une fonction. Il est par essence une Nature.

     

     

    (DR Louis Pasteur par le photographe Félix Nadar en 1878.)
     

     

    Quant aux modèles dont les enfants se servent, je les vois à longueur d’année : Justin Bieber ou Ronaldo pour les garçons et Rihanna et autres starlettes pour les filles. Leur rêve à tous et toutes étant principalement de gagner des centaines de millions et d’être adulés.

    La valeur humaine est une notion qui leur échappe totalement.

    C’est pour cela que je leur raconte la vie de gens comme Albert Wegener, Marie Curie, Walter Bonatti, Bernard Moitessier, Alexandra David Neel, Nicole Viloteau, Laurence de la Ferrière, Louis Pasteur, Soeur Thérésa, Aung San Suu Kyi, Sir Edmond Hillary et Tensing Norkay etc etc...

     

    C’est pour cela que je les emmène en montagne. Les valeurs morales et les valeurs physiques. Tout le reste est secondaire. Même si ça reste important. C’est une continuité, pas un point de départ.


    Tout le problème, pour moi, tient dans le fait, encore une fois que les parents et la société en général, télé et médias, laissent penser aux enfants que l’apparence mais surtout l’appartenance à un groupe, à une image partagée, à une structure a davantage d’importance que l’individu lui-même.

    La "Biebermania" en est un des dernières apparitions. Mais chez les adultes, on retrouve le même phénomène. C’est toujours une absence de vie intérieure qui trouve sa complétude dans des mouvements de masse.

    Les habits, être supporter de l’OM ou du PSG, s’habiller chez Calvin Klein ou Hermès et bien sûr avoir une Rolex..., ça prend évidemment des proportions différentes selon le milieu social mais le fonctionnement est le même. L’appartenance, la reconnaissance, l’adhésion aux groupes, l’avoir qui supplée l’être.
    J’entends souvent dans les médias des « spécialistes » dire que le niveau des enfants baisse.

    A mon sens, c’est parce que le contenant est friable. Donc, le contenu s’écoule.

     

    Et comme la société, elle-même, montre des signes de plus en inquiétants de friabilité, dans de multiples domaines, cette perméabilité des individus se renforce. La peur est un effaceur surpuissant.

     

    Et je vois de plus en plus, dans mes classes successives, les peurs grandissantes des enfants. L’instabilité parentale en est une cause mais elle n’est pas la seule. Le Monde autour d’eux est violent ou en tout cas les représentations qu’on leur donne à voir.
    J’en reviens à mon point de départ. C’est lorsqu’on aide l’individu à se connaître soi qu’il a des chances un jour de connaître quelque chose. Si on ne donne pas de sens à l’enseignement, ça part dans tous les sens et ça cafouille.

     

    Et ça commence bien évidemment dès les premières années d’école. Qu’on fasse découvrir la philosophie uniquement en terminale et pour l’obtention d’un diplôme, c’est totalement aberrant...


    Et on ne s’en sortira pas avec la Morale laïque que prône maintenant Mr Peillon quand il l’affuble de l’apprentissage de la Marseillaise et l’évaluation chiffrée de ces enseignements.

    La morale laïque, telle qu’elle a été présentée, ces dernières heures, a pour objectif le ciment social. Mais ce social se réfère toujours à un contexte extérieur…On tourne en rond…Et on creuse un trou…
    Déprimant.
    Demain, je commencerai ma classe en posant une seule question : « Pourquoi êtes-vous là ? »
    Et on y passera la journée. 
    Les journées à venir vont être primordiales, d’un point de vue existentiel. L’aspect scolaire suivra.

     


    Mes Premières Lectures : Merci Thierry Ledru.

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