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  • Cuba et la révolution verte urbaine

     

     

    37 321 vues 11 déc. 2011

    « En 1959 c'est la révolution à Cuba. Les États-Unis, mécontent de ce pied de nez révolutionnaire, décide d'imposer un embargo international contre Cuba qui sera ainsi forcé de se tourner vers l'URSS afin de maintenir ses exportations et importations.

    En 1989, c'est la chute de l'URSS, Cuba se retrouve dans une situation économique très précaire créant un problème de sécurité alimentaire. Pour solutionner ce problème, Cuba choisit de développer l'agriculture urbaine et écologique. 20 ans plus tard, Cuba est un leader mondial en la matière.

    Dans ce documentaire, avec l'aide de l'INIFAT (Instituto de Investigaciones Fundamentales en la Agricultura Tropical), nous montrons l'ampleur, la diversité et l'ingéniosité des projets d'agriculture urbaine dans la région de La Habana. Une nouvelle révolution verte est en cours!

    http://documentairesemences.blogspot.com

     

  • Dangerosité des pesticides

     

    « Les industriels essaient d’orchestrer le doute sur la dangerosité des pesticides »

     

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    12 avril 2023 par Nolwenn Weiler

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    Pour François Dedieu, sociologue à l’Institut national de la recherche agronomique, auteur de Pesticides : le confort de l’ignorance , il est urgent de réduire l’usage des pesticides et d’aller vers une autre agriculture. Entretien.

    Publié dansÉCOLOGIE

    Temps de lecture : 9 minutes

    #agriculture

    #alimentation

    #pesticides

    Autre proposition de titres :« Sur les pesticides, chaque lanceur d’alerte est décrédibilisé au nom de la science »

    Basta! : Les pesticides, aujourd’hui considérés comme à l’origine d’une pollution majeure, ont d’abord été considérés comme une sorte de miracle. Pouvez-vous nous raconter pourquoi ?

    François Dedieu : À la sortie de la Deuxième Guerre mondiale, les besoins pour nourrir les populations française et européenne sont considérables. Apparaît alors une nouvelle technologie chimique : les pesticides agricoles, qui viennent de l’industrie de l’armement, et qui sont effectivement considérés comme miraculeux, car peu chers, très efficaces, et permettant un gain de temps considérable.

    François Dedieu

    François Dedieu

    Sociologue à l’institut national de la recherche agronomique et de l’environnement (Inrae), ses recherches portent sur l’action publique en matière environnementale. Il a publié en 2022 Pesticides. Le confort de l’ignorance (Seuil).

    Cette technologie était réellement vue comme d’une grande modernité à l’époque, puisqu’elle allait permettre de quitter le dur labeur des champs. Elle a accompagné tout le développement de l’agriculture intensive, jusqu’à aujourd’hui. Néanmoins, depuis les années 1990, le regard que l’on porte sur ces produits a changé de manière plutôt spectaculaire, puisque les pesticides sont aujourd’hui considérés comme un problème écologique majeur en France, en Europe et dans le monde.

    Quelles sont les raisons de ce changement de regard ? Et y a-t-il une spécificité française ?

    Le changement de regard arrive en fait très peu de temps après l’apparition des pesticides, dès les années 1960 avec la publication du livre de la biologiste américaine Rachel Carson, Printemps silencieux. C’est la première qui se penche sur cette question des effets des pesticides.

    Elle constate deux choses : on retrouve des pesticides partout dans l’environnement, et ils ont des effets délétères. Elle s’aperçoit par exemple que l’épaisseur des œufs dans les zones de traitement est beaucoup plus fine et menace donc la survie des grands oiseaux. Rachel Carson va notamment dénoncer le DDT, grand pesticide organochloré de l’époque, et contribuer à son interdiction.

    « Il s’agit de marchands de doute qui utilisent la science contre elle-même pour leur seul bénéfice »

    Aux États-Unis, la sortie de ce livre entraîne la naissance du mouvement environnemental, ainsi que celle des premières agences indépendantes d’évaluation des pesticides. En France, le livre a été très mal accueilli. Il y a eu une cabale sans nom organisée par le ministère de l’Agriculture et par l’administrateur civil Henri Siriez qui s’est débattu pour montrer que des travaux venant d’une femme, nécessairement hystérique, n’étaient pas sérieux et ne devaient par conséquent pas faire l’objet d’un intérêt particulier. Elle a été complètement décrédibilisée alors qu’aujourd’hui, 60 ans après, on voit à quel point ses travaux étaient pertinents.

    Ensuite, on n’entend plus trop parler des pesticides en France, jusqu’aux années 1990, période à laquelle ils reviennent sur le devant de la scène par le biais de l’apiculture. Les apiculteurs dénoncent alors une classe d’insecticides très particulière, les néonicotinoïdes, qu’ils pensent être à l’origine du déclin des abeilles, et ils vont mettre 15 ans à faire reconnaître le problème.

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    Comme Rachel Carson en 1962, les apiculteurs vont être considérés comme peu sérieux, partisans, et donc peu dignes d’intérêt…

    Tout à fait. Sur cette question des pesticides, chaque lanceur d’alerte est décrédibilisé au nom de la science, et accusé de travailler de manière peu rigoureuse scientifiquement. La science et la raison seraient du côté des industriels et des pouvoirs publics. Le discours qui nous est tenu aujourd’hui par le ministère de l’Agriculture et les agences d’évaluation c’est : « On a une batterie de tests toxicologiques impressionnante qui nous permettent de dire qu’un pesticide est dangereux ou pas. »

    « On vient réparer le mal alors qu’il faudrait plutôt le prendre à la racine en interdisant les produits les plus dangereux »

    Or ce n’est pas le cas. Prenons l’exemple des néonicotinoïdes. On a reproché aux apiculteurs de ne pas avoir de démarche scientifique. On a reproché aux premiers scientifiques qui se sont penchés sur la question de ne pas l’être assez. Or, quatre ans, cinq ans, six ans plus tard, on s’aperçoit qu’effectivement, il existait un effet de désorientation des abeilles à une faible dose qu’ils soupçonnaient à la suite de leurs observations. Il ne s’agit pas de dire que les tests toxicologiques sont tous faux ou impartiaux, mais ils sont souvent réducteurs, ainsi que très prétentieux vis-à-vis des lanceurs d’alerte, à tort.

    Cette stratégie qui consiste à jeter le discrédit sur des lanceurs d’alerte, et à instiller du doute sur les connaissances qui s’accumulent concernant la dangerosité d’un produit, a été mise au point par les industriels du tabac. Et reprise par ceux qui commercialisent les pesticides, avec la bénédiction des États…

    Tout porte à croire que ces « stratégies du doute » mises en place par les marchands de tabac sont à l’œuvre dans le cas des pesticides. Ce qui se passe avec ces produits, c’est que la charge de la preuve est souvent difficile à apporter, car les pollutions sont d’origines multiples, c’est diffus.

    La charge de la preuve repose donc sur des corrélations entre différents effets. La grande ruse des industriels du tabac, c’est de dire que la corrélation n’est pas la causalité et qu’il faut donc rechercher des causalités plus fines. Mais en essayant de trouver plusieurs causalités, on noie la causalité principale alors même qu’elle était connue dès le départ. L’historien des sciences américain Robert Proctor a démontré cette ruse dans son ouvrage sur les industriels du tabac, Golden holocaust. La conspiration des industriels du tabac.

    Pour les pesticides – dont le bénéfice mondial annuel s’élève à 60 milliards d’euros – les industriels vont faire de même. Quand une molécule est remise en question, ils vont utiliser la science pour demander d’aller plus loin dans la recherche des causalités des effets constatés, pour voir si finalement le glyphosate, par exemple, est bien cancérigène.

    Cela permet de retarder les choses d’une dizaine d’années pendant lesquelles on s’épuise à trouver ces causalités complémentaires et, par conséquent, on continue à utiliser ces pesticides. Il s’agit réellement de marchands de doute, qui utilisent la science contre elle-même pour leur seul bénéfice.

    Vous ajoutez que ces manœuvres des industriels, doublées d’un lobbying intensif auprès des décideurs politiques, ne sont pas le seul problème, ni même le plus important. Pour vous, il faut aussi regarder du côté des processus d’homologation des pesticides. Pourquoi ?

    Couverture du livre Pesticides Le confort de l'ignorance, de François Dedieu.

    Pesticides. Le confort de l’ignorance, François Dedieu, Le Seuil, 2022.

    Les industriels font clairement preuve de manœuvres coupables pour essayer d’orchestrer le doute sur la dangerosité des pesticides, et ainsi retarder leur interdiction. Mais le problème fondamental vient surtout de la manière dont on a conçu la toxicologie réglementaire. Il y a 75 ans, les pouvoirs publics ont dit aux industriels : « Si vous voulez développer vos produits, à vous de payer pour la recherche et développement. »

    Il y a donc un choix délibéré des pouvoirs publics de travailler main dans la main avec les industriels pour pouvoir développer les tests de toxicologie, et les valeurs de référence de cette toxicologie. Il ne faut donc pas s’étonner si aujourd’hui le poids de la science produite par l’industrie est aussi important.

    « Le nombre de substances chimiques en circulation est tellement important qu’il obstrue la recherche de causalité sur les effets des pesticides »

    Ce qui est remarquable, c’est que les universitaires des champs scientifiques concernés (la toxicologie) sont en général d’accord avec les industriels. C’est normal, ils regardent les mêmes choses, se posent les mêmes questions et ne débattent jamais à propos des limites de la toxicologie réglementaire. Industriels, scientifiques et politiques prêtent à cette technologie des qualités quasi divinatoires alors qu’elle voit les choses de manière très limitée sur la santé et sur l’environnement notamment. Tout cela participe à la construction de l’ignorance et à l’illusion de la connaissance.

    Pouvez-vous préciser en quoi la toxicologie réglementaire voit les choses de manière très limitée sur la santé et sur l’environnement ?

    Comment se déroulent les processus d’homologation quand on a affaire à ce que j’appelle des savoirs inconfortables, c’est-à-dire des connaissances qui viennent contredire ce que l’on sait, ou pensait savoir sur tel ou tel produit ? On ne les prend pas réellement en compte. Ces savoirs sont dilués. Une étude publiée en mai 2022 par l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer) et l’Institut national de la recherche agronomique (Inrae), consacrée à l’impact des pesticides sur la biodiversité, montre que dans les processus d’homologation, des effets sont omis.

    Par exemple, les effets indirects tels que la destruction des habitats qui viennent perturber toute la vie sauvage des vers de terre et des chauves-souris. Ou encore les effets des faibles doses, dont on sait que pour certains produits ils sont encore pires que ceux de doses plus élevées, etc. Tout cela, l’homologation ne le voit pas, mais on fait comme si on le voyait. Pourquoi ? Parce que cela arrange énormément de monde, aussi bien les industriels que les pouvoirs publics, et le modèle agricole en général, jusqu’aux consommateurs.

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    Parmi les zones aveugles des effets des pesticides, on pourrait aussi évoquer la santé des agriculteurs, gravement affectée par les pesticides et aujourd’hui largement documentée notamment par les reconnaissances du caractère professionnel de leurs maladies ?

    Oui, tout à fait. Dans les zones aveugles des processus d’homologation, on compte un certain nombre d’effets sur la santé. Mais dans le système actuel, les pouvoirs publics considèrent que, une fois que l’on connaît certains effets délétères des pesticides, il suffit de reconnaître les maladies et que, ensuite, tout ira bien. On indemnise les personnes concernées, et c’est tout. On vient réparer le mal alors qu’il faudrait plutôt le prendre à la racine en interdisant les produits les plus dangereux.

    Normalement, les industriels paient une taxe pour compenser tous ces coûts : maladie, pollutions de l’eau, etc. Mais est-ce que les montants de ces taxes correspondent au coût réel ? On peut en douter. Ce que je pense, c’est que ces coûts réels sont tellement vertigineux qu’ils sont invisibles.

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    L’idée que je défends est que la science à elle seule ne permettra pas de sortir de l’ignorance. Le nombre de substances chimiques actuellement en circulation est tellement important qu’il obstrue la recherche de causalité sur les effets des pesticides. Il est donc urgent de réduire ce nombre de pesticides, d’avoir une autre agriculture, et un autre mode de consommation.

    Il s’agit d’aller complètement à rebours de ce qui est fait aujourd’hui, avec des exploitations toujours plus grandes, et une spécialisation qui ne cesse d’augmenter. Or, à partir d’une certaine échelle d’exploitation, les pesticides sont fondamentalement inscrits dans les manières de fonctionner et dans le modèle économique. Si on souhaite s’en débarrasser, il faut donc sortir de ce système-là.

    Propos recueillis par Nolwenn Weiler

    Photo : ©Agir pour l’environnement

  • L'écoterrorisme

     

    Publié dansÉCOLOGIE

    Temps de lecture : 7 minutes

    #agriculture

    #biodiversité

    #climat

    #droit à la terre

    #mesures liberticides

    « Écoterroristes ». C’est le terme utilisé par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin pour désigner le collectif des Soulèvements de la Terre, l’un des organisateurs de la manifestation de Sainte-Soline contre les mégabassines. Le ministre en demande désormais la dissolution.

    Au même moment en Espagne, le président de la région des Asturies, Adrian Barbon, dénonce de son côté des « terroristes environnementaux ». Mais notre ministre de l’Intérieur et l’élu espagnol ne désignent pas du tout des mêmes personnes.

    Darmanin vise des activistes environnementaux engagés contre l’artificialisation des terres et pour le partage de la ressource en eau, usant de stratégies d’actions variées légitimées selon eux par l’urgence climatique. Le président de région espagnol, lui, cible lui des incendiaires criminels qui détruisent des forêts.

    Fin mars, les premiers grands feux de forêt de l’année ont éclaté en Espagne : près d’une centaine, tous d’origine criminelle selon les autorités. Il y a « clairement une action coordonnée de terroristes environnementaux », de « terroristes de la forêt », déclare le président régional Adrian Barbon.. Ces incendies auraient pu faire « des centaines de morts », dénonce-t-il le 1er avril.

    Incendies criminels au profit de l’agrobusiness

    Qui sont les véritables terroristes de l’environnement ? Les activistes des Soulèvements de la Terre et autres « zadistes », qui tentent de sauvegarder des espaces naturels, comme semble le penser Gérald Darmanin ? Ou les individus et entreprises qui détruisent sciemment l’environnement ?

    Repère :

    Aux origines du mot « écoterrorisme »

    Lire l’encadré

    En août 2019, dans l’État brésilien du Pará, des dizaines de grands propriétaires terriens et des personnes spécialisées dans la falsification de titres de propriété pour accaparer des terres, s’étaient coordonnées sur WhatsApp pour mettre le feu à la forêt amazonienne. Ils avaient organisé un « dia de fogo », un jour de feu.

    Il s’agit d’incendies criminels provoqués tout le long de la grand-route BR 163, qui traverse cette partie de l’Amazonie, reliant les grands élevages et plantations plus au sud aux ports de matières premières situés sur les affluents de l’Amazone. L’objectif de ces incendiaires était de manifester leur soutien au président brésilien d’alors, Jair Bolsonaro, qui prônait l’ouverture de larges zones de l’Amazonie à l’industrie minière ou à l’agrobusiness.

    Des multinationales, « criminels climatiques »

    Il y a aussi ces entreprises multinationales responsables de 70 % des émissions globales de gaz à effet de serre. Des « criminels climatiques », comme les appelle le journaliste Mickaël Correia dans son livre-enquête du même nom. Les trois premières multinationales qui recrachent le plus de CO2 au monde, Saudi Aramco (Arabie Saoudite), Gazprom (Russie) et China Energy (Chine), déploient un arsenal de stratégies comme la corruption et le lobbying pour perpétuer le recours aux énergies fossiles.

    Les scientifiques le disent depuis 2015 : pour limiter le chaos climatique, il faudrait laisser dans nos sous‑sols 80 % des réserves de charbon, la moitié de celles de gaz et un tiers de celles de pétrole. « Toute firme qui continue à mettre de l’argent dans les énergies fossiles relève forcément du criminel climatique puisqu’elle le fait en toute connaissance de cause », estime Mickaël Correia. Non seulement ces entreprises n’ont aucun réel plan de transition écologique d’ici la fin de la décennie, mais elles ont prévu d’augmenter leur production d’énergies fossiles en moyenne de 20 % d’ici 2030, rappelle-t-il encore.

    « 1700 activistes pour l'environnement assassinés depuis dix ans, il est là le véritable écoterrorisme »

    À travers le monde, les activistes environnementaux sont bien souvent eux-même la cible de violences. Rien qu’en 2021 (les derniers chiffres disponibles), 200 défenseuses et défenseurs de l’environnement et du droit à la terre ont été assassiné·es a comptabilisé l’ONG Global Witness.

    54 ont été tué·es au Mexique, 33 en Colombie, 26 au Brésil, 19 aux Philippines, 8 en République démocratique du Congo. Au Kenya, l’écologiste Joannah Stutchbury, 67 ans, qui pratiquait la permaculture et défendait la forêt de Kiambu qui se trouve en banlieue de Nairobi, a été abattue alors qu’elle rentrait chez elle en juillet 2021.

    Global Witness a commencé à recenser les assassinats d’activistes environnementaux en 2012. En dix ans, l’organisation a compté 1733 meurtres ! « Je regrette l’emploi du mot “écoterroriste” par Gérald Darmanin, qui me paraît complètement inconséquent et irresponsable, réagissait le politologue François Gemmenne le 1er novembre 2022 sur France Inter. 1700 activistes pour l’environnement assassinés depuis dix ans, il est là le véritable écoterrorisme. »

    Des menaces récurrentes en France

    En France, les violences et intimidations à l’encontre des défenseurs de l’environnement se sont multipliées ces dernières semaines. Le 22 mars dernier, des agriculteurs en Charente-Maritime protestent contre les restrictions d’usage de l’eau d’irrigation et d’épandage de pesticides. Ils se rendent au domicile de Patrick Picaud, vice-président de l’association Nature Environnement 17. L’intéressé est absent, mais son épouse est là. Du fumier est projeté sur la maison, des déchets et des pneus usagés sont jetés dans le jardin, la route et les murs sont tagués avec des inscriptions homophobes.

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    « L’épouse de M. Picaud a été brutalisée, insultée et elle a reçu des jets de fumier », rapporte la juriste de l’association. Le couple a porté plainte.

    Le 27 mars, c’est la secrétaire nationale d’Europe écologie Les Verts (EELV), Marine Tondelier, qui fait l’objet d’un communiqué de presse menaçant du président de la chambre d’agriculture de Lot-et-Garonne, Serge Bousquet-Cassagne et de la présidente de la Coordination rurale 47, Karine Duc.

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    La répression, les menaces et intimidations s’accentuent contre les opposants aux mégabassines

    « Ne venez pas chez nous, ça va mal se passer ! Vous n’êtes pas la bienvenue, le territoire vous est hostile ! » préviennent-ils. Marine Tondelier se rend tout de même sur place, refusant de se laisser intimider. Le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau a fini par condamner ces intimidations. « Il n’est pas admissible, en aucune circonstance et sous couvert d’aucune cause, de justifier l’intimidation, les menaces sur les personnes et les biens, le non-respect de la loi, la vie et l’expression démocratiques. Jamais. Sinon c’est la violence qui fera sa loi », a-t-il écrit sur Twitter.

    Le 30 janvier, l’agriculteur Paul François, qui a fait condamner Bayer-Monsanto après avoir été intoxiqué par un de leurs produits, a également été violemment agressé à son domicile par des hommes cagoulés. Là encore, une enquête a été ouverte par le parquet d’Angoulême pour « agression et séquestration », « administration de substances » et de « violences en réunion ».

    Une journaliste menacée

    La journaliste Morgan Large, connue en Bretagne pour ses enquêtes sur l’agro-industrie et ses effets nocifs, est menacée depuis des années pour son travail. Elle annonce, le 29 mars, le dépôt d’une nouvelle plainte après le déboulonnage d’une roue de sa voiture. Un sabotage identique et potentiellement meurtrier avait déjà eu lieu sur son véhicule il y a deux ans.

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    « Nous considérons que ce sabotage est une nouvelle tentative de porter atteinte à la vie et au travail d’enquête de notre collègue et consœur. En instillant la peur dans la profession, il participe du climat de menaces qui pèse sur la liberté de la presse et sur les lanceurs d’alerte », dénonce la rédaction de Splann !, média d’investigation qu’elle a cofondé.

    Dans la nuit du 30 au 31 mars, l’Office français de la biodiversité à Brest est incendié sur le port de commerce. Dans les heures précédant l’incendie, une manifestation a été organisée par les marins-pêcheurs protestant contre un projet européen de restriction de la pêche de fond. Une enquête est ouverte par le parquet.

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    La criminalisation dont use Gérald Darmanin a de lourdes conséquences, estime Michel Forst, rapporteur spécial des Nations unies sur les défenseurs de l’environnement : « Lorsqu’on criminalise les défenseurs de l’environnement, c’est la cause elle-même qui est mise au ban de la société, et cela a un effet très néfaste sur la réaction du public. »

    Sophie Chapelle, Rachel Knaebel

    Photo de une : mobilisation à Sainte Soline le 25 mars 2023 contre les méga-bassines / © Les Soulèvements de la terre

  • Harcèlement scolaire (3)

    J'ai eu droit à ce harcèlement scolaire, pendant mes années de collège. J'étais asthmatique et à l'époque, le traitement, c'était la cortisone, à dose de cheval et interdiction de sport. "C'est trop dangereux pour lui, il pourrait faire une crise." Voilà ce que disait le médecin de famille et mes parents l'écoutaient. A 14 ans, je pesais 68 kilos. 

    "Alors, bouboule ça roule!

    -Ledru gros cul

    -Gros tas, tu veux finir mon assiette ? "

    Constamment, les chefs de bande et les autres qui suivaient. 

    J'étais dispensé de sport, j'allais en classe d'étude. 

    "Alors, bouboule, t'as pas trop transpiré ? 

    -Tu veux que je te porte ton cartable l'handicapé?"

    Un de ces caïds est entré dans les toilettes pendant une récréation. J'étais en train d'uriner. Il a ouvert un robinet et a mis sa main pour diriger le jet sur moi. Je me suis fait arroser. Et là, j'ai senti une rage folle m'emporter, toutes ces heures d'humilation. Le gars criait "Ledru s'est pissé dessus ! "

    Je suis allé vers lui, il me dépassait d'une tête, il était en troisième et moi en cinquième (je redoublais, détruit par le harcèlement). Je l'ai frappé de toutes mes forces, un coup de poing énorme, je lui ai cassé le nez puis j'ai balancé mon pied dans ses testicules. Il s'est écroulé, la figure en sang. D'autres garçons ont vu la scène et sont sortis des toilettes en criant. 

    J'ai été emmené chez le proviseur. Il a téléphoné à ma mère. Elle est venue.

    J'ai été renvoyé trois jours mais comme il s'agissait de harcèlement, ça n'a pas été notifié dans mon dossier scolaire : circonstances atténuantes.

    De ce jour, plus personne ne m'a jamais humilié.

    Et c'est là que j'ai décidé de jeter tous les médicaments dans les WC puis j'ai dit à mes parents : "Maintenant, ça passe ou ça casse". Ma mère était paniquée. Je ne me souviens pas de la réaction de mon père. Quelques jours plus tard, ma mémé Crédou m'a donné son solex dont le moteur avait rendu l'âme. Je suis rentré avec en pédalant. Dix-huit kilomètres. Je suis arrivé épuisé mais heureux. J'ai pulvérisé le moteur à grand coups de masse. J'avais un vélo ! Et je me suis mis à pédaler, comme un mort de faim, puis à courir, des heures. Des milliers d'heures. Trois passages à l'hôpital dans les mois qui ont suivi : crise d'asthme de grande ampleur. Sous oxygène et sous surveillance. J'avais juste envie de vomir pour rejeter les médicaments. Je savais qu'une fois dehors, je recommencerai. Je me suis inscrit dazns un club de vélo à Saint-Evarzec, que des adultes, des sorties de plus de cent kilomètres tous les dimanches matins. Un jour, sur le trajet du retour, après avoir quitté le groupe, je me suis endormi contre un talus, toujours assis sur ma selle. Une autre fois, je me suis trompé de maison. Je rentrais hagard, décomposé mais empli d'une joie que je n'aurais pour rien au monde refusée. J'étais heureux. le sport m'avait sauvé. 

    Je n'ai jamais arrêté. J'ai 60 ans, je pèse 55 kilos. Je cours, je pédale, je marche, je skie, je nage, des milliers de kilomètres tous les ans. Je n'ai plus d'asthme. Tout ça a disparu. A 17 ans, j'étais au sommet du Mont-Blanc.

     Oui, j'aurais pu mettre fin à ce harcèlement en parlant. Je ne savais pas le faire. J'étais un taiseux, solitaire. Je le suis toujours d'ailleurs. 

     

     

    TEMOIGNAGE. Adolescent obèse et harcelé devenu triathlète, le parcours de Sylvain, jeune homme sauvé par le sport

     

    Publié le 30/03/2023 à 18h05 • Mis à jour le 31/03/2023 à 10h36

    Écrit par Josette Sanna

    Sylvain Dhugues, un jeune montpelliérain de 22 ans, se mobilise contre le harcèlement scolaire dans les écoles de la métropole. Aujourd'hui triathlète, il raconte son parcours et comment il s'est sauvé grâce au sport de haut niveau pour aider les jeunes à lutter contre l'obésité.

    Sylvain Dhugues, un jeune montpelliérain de 22 ans, se mobilise contre le harcèlement scolaire dans les écoles de la métropole. Aujourd'hui triathlète, il raconte son parcours et comment il s'est sauvé grâce au sport de haut niveau pour aider les jeunes à lutter contre l'obésité. • © S. Dhugues

    Montpellier

    Hérault

    Occitanie

    Sylvain Dhugues, 22 ans, se mobilise contre le harcèlement scolaire dans les écoles de Montpellier. Aujourd'hui triathlète, il raconte son parcours et comment il s'est sauvé grâce au sport de haut niveau pour aider les jeunes à lutter contre le harcèlement et l'obésité.

    C'est un grand gaillard affûté avec une bouille d'enfant aux yeux bleus. Sylvain Dhugues n'a que 22 ans mais il a déjà vécu plusieurs vies. Celle d'un enfant maltraité qui s'est réfugié dans la solitude et la nourriture. Celle ensuite d'un adolescent obèse, harcelé au collège, celle enfin d'un triathlète qui vise les championnat du monde d'Iron man.

    J'étais Fat man (l'homme gros), je suis devenu Iron man (l'homme de fer).

    Sylvain Dhugues.

    Triathlète

    De l'âge de 10 ans jusqu'à ses 16 ans, Sylvain Dhugues comble son mal-être et sa solitude par la nourriture. Tous les jours, "le gros" essuie les moqueries, les bousculades, les coups sans rien dire à personne. 

    Le harcèlement. On n'ose pas parler parce qu'on a honte.

    Sylvain Dhugues

    Sylvain Dhugues, adolescent obèse devenu triathlète se mobilise contre le harcèlement dans les écoles à Montpellier.

    Sylvain Dhugues, adolescent obèse devenu triathlète se mobilise contre le harcèlement dans les écoles à Montpellier. • © DR

    La honte, la solitude, les envies de suicide. Son calvaire va durer six ans. Un jour il finit par se confier au CPE (Conseiller principal d'Education) de son lycée. La machine est lancée. Ses agresseurs seront exclus du lycée. "Pour s'en sortir, il faut en parler. Ne pas rester seul", assure Sylvain Dhugues face aux élèves l'école Winston Churchill à Montpellier, où il a lui même effectué toute sa scolarité.

    "C’est une revanche personnelle d’avoir traversé le harcèlement scolaire, les violences physiques et familiales. C’est une vraie revanche d’aller toucher des enfants en commençant par ceux de mon ancienne école primaire", sourit le jeune homme.

    Harcèlement : sables mouvants

    Etre victime de harcèlement, c'est comme être dans des sables mouvants. On s'enfonce encore plus si on se débat seul.

    Guillaume Lahouze

    Directeur de l'école Winston Churchill ( Montpellier)

    On ne peut s'en sortir que grâce à une aide extérieure, une main tendue", ajoute Guillaume Lahouze, le directeur de l'école.

    Un enfant sur 10 est victime de harcèlement scolaire.

    Effet de groupe

    Impliqué dans la prévention contre le harcèlement scolaire, il a connu Sylvain lorsqu'il était enfant. Il l'a naturellement invité pour évoquer son parcours devant les élèves de l'école. "Il faut aussi casser l'effet de groupe", ajoute l'enseignant. "Une personne harcelée est seule contre un groupe. Il faut faire prendre conscience aux élèves de ce phénomène. Casser cette situation en amont pour ne pas avoir de  résultats dramatiques".

    Son histoire, Sylvain Dhugues, il la raconte aux enfants pour lutter contre le harcèlement scolaire et l'obésité. S'il s'en est sorti, il veut à présent aider les autres. "Si je peux en sauver un ou deux, je serai content".

    Sylvain Dhugues lors de son intervention auprès des scolaires à l'école primaire Winston Churchill à Montpellier.

    Sylvain Dhugues lors de son intervention auprès des scolaires à l'école primaire Winston Churchill à Montpellier. • © J. Sanna/FTV

    Le déclic

    Un jour devant sa télé, Sylvain Dhugues tombe sur l'Iron man. Une épreuve sportive de très haut niveau. D'une distance totale de 226 kilomètres, c'est une course multidisciplinaire consistant à enchaîner 3,8 km de natation, 180,2 km de cyclisme puis un marathon de 42,195 km. Ce jour-là, il a le déclic. Le lendemain, dans la cour de récréation, je réponds à une énième moquerie : "Vous verrez, celui qu'on a longtemps appelé FATMAN deviendra IRONMAN".

     "J'avais 16 ans, 1m67 et 98,8 kilos. Un copain m'a proposé d'aller courir avec lui. 

    J'ai couru un, puis deux puis trois kilomètres. Je suis entré dans un cercle vertueux. Je me suis dit que j'étais capable. Que je pouvais tout accomplir.

    Sylvain Dhugues

    Triathlète

    Fat man va devenir Iron man. "Deux ans plus tard, le 22 Mai 2022, "je termine l'Ironman d'Aix en Provence après 13h36 de sueur et de larmes".

    Courir contre le harcèlement

    Sylvain Dhugues se livre et raconte son parcours aux enfants. Il a créé une association : Agir pour devenir". Ce mercredi 30 mars, il a organisé un cross "contre le harcèlement", avec le centre de loisirs Alain Savary à Montpellier. Objectif : toucher 1000 jeunes en quatre jours.

    durée de la vidéo : 00h02mn25s

    Sylvain Dhugues, 22 ans, se mobilise contre le harcèlement scolaire dans les écoles de Montpellier. Aujourd'hui triathlète, il raconte son parcours et comment il s'est sauvé grâce au sport de haut niveau pour aider les jeunes à lutter contre le harcèlement et l'obésité. • ©J.Sanna et C.Monteil/ FTV

    Championnats du monde d'Ironman

    En parallèle, il s'entraîne sans relâche en espérant se qualifier pour les championnats du monde Ironman (l'épreuve reine des triathlons longue distance) l'an prochain à Hawaï. Au delà du défi sportif, il veut délivrer un message : "se dépasser pour se reconstruire et toujours croire en soi".

    Les mots d'encouragement des enfants rencontrés qu'il fera graver sur son maillot, vont certainement lui donner des ailes pour vaincre. Une fois de plus.

  • Macron aux Pays-Bas

     

    La constitution n'est pas la démocratie.

    La Corée du Nord possède une constitution et ça n'est pas une démocratie.

    Donc le sophisme de dire que le 49.3 est démocratique parce que c'est constitutionnel, est faux.

    Le 49.3 est légal car c'est un outil juridique constitutionnel, mais ça n'a rien à voir avec la démocratie.

    Macron respecte la constitution, mais pas la démocratie.

    Quant à l'argument qui consiste à dire que la situation sur l'âge de la retraite est pire ailleurs, c'est vraiment l'argument le plus pitoyable qui soit. Si on prend l'exemple du pire, on peut dire que les femmes battues, violées et assassinées en France, ça n'est pas si grave quand on regarde le sort des femmes en Afghanistan. Voilà où mène la dialectique du pire.  

     

    Dialectique du pire

    La dialectique du pire

     

     

    Emmanuel Macron interrompu par des manifestants au début d’un discours à La Haye

     

    En déplacement aux Pays-Bas, le président français a été chahuté par des activistes avant son discours sur l’Europe.

    Emmanuel Macron face à une banderole contestataire, ce mardi à La Haye. (Robin Van Lonkhuijsen/ANP.AFP)

    par LIBERATION et AFP

    publié aujourd'hui à 16h59

    (mis à jour le 11 avril 2023 à 17h17)

    La crise des retraites et la contestation sociale poursuivent Emmanuel Macron jusqu’aux Pays-Bas. Le président français a été interrompu ce mardi à la Haye par des manifestants alors qu’il s’apprêtait à prononcer un discours sur l’avenir de l’Europe. «Vous avez des millions de gens dans les rues. La convention sur le climat n’est pas respectée. Qu’est-ce que vous voulez nous dire à propos de l’Europe ?», lui ont rappelé, en anglais, plusieurs personnes depuis les tribunes de la salle où il devait s’exprimer.

    «Où est la démocratie française ?», ont également hurlé ces manifestants, en déroulant une banderole sur laquelle était écrit en anglais «Président de la violence et de l’hypocrisie». Après une bonne minute d’interruption, Emmanuel Macron a pu reprendre la parole, ne manquant pas de réagir à ces interpellations surprises. «C’est très important d’avoir un débat social», a-t-il appuyé. «Je peux répondre à toutes les questions sur ce dont nous discutons en France», «ceci est une démocratie et une démocratie est exactement un endroit où l’on peut manifester» et voir «ce type d’interventions», a-t-il souligné.

    Mais «le jour où vous vous dites “Quand je suis en désaccord avec la loi qui a été adoptée ou les personnes qui ont été élues, je peux faire ce que je veux car je décide moi-même de la légitimité de ce que je fais”, vous mettez la démocratie en danger», a poursuivi le chef de l’Etat. Reprenant le fil de son discours sur la politique économique européenne, le président français est ensuite revenu à sa réforme visant à reporter de 62 à 64 ans l’âge de départ à la retraite, sur le fond. «Quand je compare» avec les autres pays européens, les Français «devraient être moins énervés à mon encontre», a-t-il soupiré. «Car dans votre pays», l’âge de la retraite «est beaucoup plus élevé, et dans de nombreux pays en Europe c’est beaucoup plus élevé que 64 ans.» Un âge plus élevé, certes, mais un taux d’emploi des seniors qui l’est tout autant, puisque d’après Eurostat, 71,4% des 55-64 ans y travaillent encore, contre 55,9% en France.

  • L'eau potable contaminée

    Combien de personnes en France ont vraiment conscience du problème de l'eau ?

    Mille, cent mille, un million ? Il faudra bien que tout le monde réalise la gravité de la situation un jour ou l'autre.

    Quant aux mesures à prendre, elles sont connues. 

    Mais les politiciens ont d'autres priorités et la santé de la population n'en fait pas vraiment partie. La FNSEA veille au grain, à "son" grain. Et le ministre de l'agriculture industrielle les soutient. 

     

     

    "Le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, a également annoncé récemment que l’utilisation du S-métolachlore, un autre pesticide présent dans de nombreuses eaux souterraines à travers la France, serait autorisée à se poursuivre."

    https://42mag.fr/2023/04/des-traces-de-pesticides-interdits-decouvertes-dans-leau-du-robinet-en-france/

    L’agence française de sécurité alimentaire a déclaré qu’un tiers des échantillons prélevés contenaient des sous-produits du pesticide interdit chlorothalonil. Paris et l’ouest de la France parmi les zones touchées

    Un tiers des échantillons d’eau du robinet prélevés en France étaient contaminés par des traces d’un pesticide interdit, selon un nouveau rapport.

    L'étude a révélé qu’un échantillon sur trois prélevé présentait des niveaux élevés de métabolites du chlorothalonil, un pesticide interdit en Europe depuis 2019.

    Avant son interdiction, le pesticide (également connu sous le nom de R471811) était utilisé depuis 1970 et vendu par la société agrochimique Syngenta. Les craintes concernant la contamination de l’eau du robinet ont commencé à croître parmi les gestionnaires des services d’eau il y a plusieurs mois.

    L’étude – réalisée par l’Anses, l’agence française de sécurité sanitaire des aliments – a vu des échantillons prélevés dans les eaux de surface et souterraines.

    Le métabolite n’a pas pu être «vu» jusqu’à récemment, car les laboratoires chargés de cette tâche viennent tout juste de pouvoir le tester.

    En janvier 2022, l’Anses a classé le R471811 comme « pertinent » (c’est-à-dire « potentiellement problématique »).

    Les métabolites du pesticide, sous-produits de sa dégradation, doivent donc respecter les mêmes seuils réglementaires que sa « molécule mère ».

    Ceci est considéré comme un cancérogène probable par les autorités sanitaires européennes et a causé des tumeurs du foie lors d’expériences sur des souris de laboratoire.

    Rien n’indique que les niveaux de métabolites dans l’eau en France pourraient être dangereux, mais les résultats montrent des niveaux supérieurs au seuil bas acceptable.

    L’Anses suggère qu’environ 34% de l’eau en France pourrait être non conforme à la réglementation, bien que ce chiffre ne soit qu’une estimation basée sur des échantillons de l’agence. Le pesticide n’est pas encore testé en standard par les agences régionales de santé, il n’est donc pas facile de déterminer les niveaux exacts.

    Un responsable d’un grand opérateur public, qui a souhaité rester anonyme, dit Le Monde: « Je suis convaincu que plus de la moitié de la population française est concernée. »

    Paris fait partie des quartiers les plus touchés

    Le rapport montre également que les zones très peuplées sont les plus touchées, notamment Paris et ses environs.

    Le Syndicat régional de l’eau Le Syndicat des eaux d’Ile-de-France (Sedif), qui approvisionne quatre millions de personnes, a confirmé qu’environ trois millions d’entre elles reçoivent une eau dont le taux de R471811 est quatre à cinq fois supérieur à ce que la réglementation autorise.

    Sylvie Thibert, responsable des risques au Sedif, a déclaré : « Les eaux de surface, qui constituent 97 % de nos ressources, de la Seine, de la Marne et de l’Oise, sont toutes contaminées. Sur nos trois usines de production, celle de Méry-sur-Oise dispose de deux lignes de traitement, l’une conventionnelle, l’autre à membranes.

    « Seul ce dernier nous permet de ramener l’eau que nous fournissons en qualité réglementaire. »

    L’ouest de la France est également touché.

    Mickaël Derangeon, vice-président du service public de l’eau de Loire-Atlantique Atlantic’Eau, a déclaré : « Nous étudions cette molécule depuis janvier et nous la retrouvons un peu partout. »

    Résoudre le problème

    L’Anses a déclaré que l’eau du robinet en France n’a jamais dépassé le seuil « fixe » de trois microgrammes par litre (ce qui signifierait qu’elle ne serait plus considérée comme potable), et qu’il n’y a pas de restrictions requises aux niveaux actuels.

    Cependant, les niveaux actuels ne sont légalement pas autorisés à rester plus de trois ans (renouvelables une fois). Après six ans, les fournisseurs sont tenus de ramener l’eau à des niveaux acceptables pour lui permettre de rester potable pour les clients.

    M. Derangeon a toutefois déclaré: « Le chlorothalonil étant utilisé depuis 50 ans, il semble à peu près certain que les gens boivent de l’eau non conforme à la réglementation depuis un certain temps. »

    Le pesticide est interdit en France depuis 2019. Malheureusement, en Suisse, où les mêmes métabolites ont été trouvés en 2010, la suspension de l’utilisation du pesticide pendant plusieurs années n’a pas réduit les niveaux trouvés dans l’eau, a déclaré le responsable des eaux de Lausanne, Pierre- Antoine Hildbrand.

    Des études suisses ont même trouvé que les métabolites pouvaient être présents dans l’eau en bouteille, y compris Evian. On estime qu’environ 8% des Suisses (700 000 personnes) reçoivent de l’eau du robinet non conforme, selon une étude des autorités sanitaires suisses.

    La Suisse a été le premier pays à alerter les autorités européennes sur la possible présence de la molécule dans les Etats membres, dont la France.

    Surveillance renforcée en France

    En France, la Direction générale de la santé (DGS) a tenu à rassurer les consommateurs en précisant que son « programme de bilan de santé intégrera progressivement, à partir de 2023, le chlorothalonil et ses métabolites, en accord avec la montée en puissance de nos laboratoires. [to test it]”.

    La Première ministre Elisabeth Borne a été mise au courant de la situation, indique Le Monde. Cependant, l’annonce récente d’Emmanuel Macron de son « plan eau », qui visait à apporter des solutions à l’eau face à l’aggravation de la sécheresse, n’a pas fait mention des pesticides.

    Le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, a également annoncé récemment que l’utilisation du S-métolachlore, un autre pesticide présent dans de nombreuses eaux souterraines à travers la France, serait autorisée à se poursuivre.

     

      · 

  • GIEC 2022

    Je tiens à garder cet article ici, dans les archives.

    On fera le point dans dix ans.

    Si ce blog existe encore.

     

    3,3 milliards d’êtres humains exposés au changement climatique : le nouveau rapport du GIEC est sans appel

     

    Bon Pote

    February 28, 2022

    Mis à jour le 21 January 2023

    25 Comments

    Rapport 2 du GIEC

    Après le rapport du Groupe de travail I (WGI) en août 2021, le 2ème rapport est enfin sorti !

    Alors que le premier rapport traitait de la compréhension physique du système climatique et du changement climatique, ce nouveau rapport (le 2eme sur 3) porte sur les impacts, l’adaptation et la vulnérabilité des sociétés humaines et des écosystèmes au changement climatique. Comparé aux précédentes versions, ce rapport intègre davantage l’économie et les sciences sociales, et souligne plus clairement le rôle important de la justice sociale dans l’adaptation au changement climatique.

    Cet article se concentre sur le SPM (résumé à l’intention des décideurs), et le résumé technique. Il y a des mots très forts dans ce rapport, des concepts très importants, validés par les gouvernements (SPM). Ce rapport insiste sur les structures sociales et politiques, ce qui montre bien, encore une fois, que nous avons notre avenir climatique entre nos mains. De nombreux leviers d’actions sont présentés dans le rapport et ces connaissances doivent absolument être mises à disposition du plus grand nombre.

    Avant-propos

    Avant de lire la suite, il est indispensable que vous sachiez ce qu’est le GIEC, comment sont sélectionnés les auteurs qui rédigent le rapport, quel est le processus de sélection des articles scientifiques, qui le finance, etc. Si vous le savez, tant mieux, sinon, lisez cet article synthétique. Je vous encourage vivement à lire le résumé du premier rapport, un vrai plus pour comprendre ce deuxième volet.

    A retenir tout de même sur le 2eme rapport :

    Ce rapport est la synthèse d’environ 34 000 papiers scientifiques. Les 269 autrices et auteurs principaux ont répondu à 62 418 commentaires des gouvernements et d’experts (!!!!). Le résumé à l’intention des décideurs a été validé ligne par ligne par les gouvernements, après deux semaines de délibération sur chaque phrase.

    Il existe 3 versions :

    le résumé à l’intention des décideurs (SPM, 36 pages)

    le résumé technique (TS, 96 pages)

    le rapport complet (FR, 3675 pages).
    Conseil : lisez le résumé, plusieurs fois s’il le faut, lisez le résumé technique si possible également. Le rapport complet doit plus vous servir d’encyclopédie : vous souhaitez approfondir un point ? -> plongez dans le rapport complet. Libre à vous de le lire entièrement bien sûr…

    Le GIEC a une liste de qualificatifs utilisés, fonction du niveau de confiance (indiqué en italique dans les rapports, même vocabulaire que l’AR5) :

    quasiment certain (probabilité de 99 à 100 %)

    très probable (90 à 100 %)

    probable (66 à 100 %)

    à peu près aussi probable qu’improbable (33 à 66 %)

    improbable (0 à 33 %)

    très improbable (0 à 10 %)

    exceptionnellement improbable (0 à 1 %).

    Source : 5ème rapport du GIEC

    Enfin, il faut se rendre compte des sacrifices que cela représente de s’engager dans la rédaction d’un rapport du GIEC. Les scientifiques travaillent bénévolement, prennent très souvent sur leur temps personnel, ont passé quelques soirées et nuits blanches pour que ce rapport puisse être le plus qualitatif possible et accessible à tout le monde, à travers notamment le SPM et le résumé technique.

    Les deux dernières semaines de séances plénières furent longues et intenses. La guerre en Ukraine a malheureusement contraint les scientifiques ukrainiens à quitter les séances de validation du SPM. Voilà les conditions exceptionnelles dans lesquelles s’est terminé ce rapport. A nouveau, merci à toutes et à tous, immense respect.

    Les points clefs du nouveau rapport du GIEC

    Avant de plonger en détails dans certains points, voici les principales conclusions du nouveau rapport du GIEC (synthèse SPM+TS).

    Impacts, risques observés et projetés du changement climatique

    Impacts observés du changement climatique

    B.1 : Le changement climatique induit par l’homme, notamment l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des phénomènes extrêmes, a eu des effets néfastes généralisés et a entraîné des pertes et des préjudices pour la nature et les personnes, au-delà de la variabilité naturelle du climat. Certains efforts de développement et d’adaptation ont permis de réduire la vulnérabilité.

    Dans toutes les régions du monde, les personnes et les systèmes les plus vulnérables sont affectés de manière disproportionnée. L’augmentation des extrêmes météorologiques et climatiques a entraîné des effets irréversibles, les systèmes naturels et humains étant poussés au-delà de leur capacité d’adaptation (confiance élevée).

    Figure 2 SPM du 6eme rapport du GIEC, groupe 2

    Vulnérabilité et exposition des écosystèmes et des personnes

    B.2 : La vulnérabilité des écosystèmes et des populations au changement climatique varie considérablement d’une région à l’autre et au sein d’une même région (confiance très élevée), sous l’effet de schémas de développement socio-économique croisés, l’utilisation non durable des océans et des terres, l’inégalité, la marginalisation, les schémas historiques et permanents d’inégalité tels que le colonialisme, et la gouvernance (confiance élevée).

    Environ 3,3 à 3,6 milliards de personnes vivent dans des contextes très vulnérables au changement climatique (confiance élevée).

    Une forte proportion d’espèces est vulnérable au changement climatique (confiance élevée). La vulnérabilité de l’homme et des écosystèmes sont interdépendantes (confiance élevée). Les modèles actuels de développement non durable augmentent l’exposition des écosystèmes et des personnes aux risques climatiques (confiance élevée).

    Risques à court terme (2021-2040)

    B.3 : Un réchauffement mondial qui atteindrait +1.5°C à court terme entraînerait une augmentation inévitable de nombreux risques climatiques et présenterait des risques multiples pour les écosystèmes et les êtres humains. Des actions prises sur le court terme permettront de limiter les pertes et préjudices, mais ne pourront pas toutes les éviter.

    Nouveau rapport du GIEC Figure TS5 B1 du 6eme rapport du GIEC, groupe 2

    Figure TS5 B1 du 6eme rapport du GIEC, groupe 2

    Risques à moyen et long terme (2041-2100)

    B4 : Au-delà de 2040 et en fonction du niveau de réchauffement de la planète, le changement climatique entraînera de nombreux risques pour les systèmes naturels et humains (confiance élevée). Pour 127 risques clés identifiés par le GIEC, les impacts évalués à moyen et long terme sont jusqu’à plusieurs fois plus élevés que ceux observés actuellement (confiance élevée).

    L’ampleur et le rythme du changement climatique et des risques associés dépendent fortement des mesures d’atténuation et d’adaptation à court terme, et les effets néfastes prévus ainsi que les pertes et préjudices qui en découlent s’intensifient avec chaque augmentation du réchauffement climatique (confiance très élevée).

    Figure SPM 3 du 6eme rapport du GIEC, groupe 2

    Risques complexes, composés et en cascade

    B5 : Les impacts et les risques liés au changement climatique deviennent de plus en plus complexes et difficiles à gérer. De multiples dangers climatiques se produiront simultanément, et de multiples risques climatiques et non climatiques interagiront, ce qui entraînera une aggravation du risque global et des risques en cascade dans les secteurs et les régions. Traduisez « risques en cascade » par ‘plusieurs en même temps’ (canicule, suivie de mégafeux par exemple, comme au Canada en juin 2021).

    B6 : Si le réchauffement climatique dépasse transitoirement 1.5°C au cours des prochaines décennies ou plus tard (dépassement), de nombreux systèmes humains et naturels seront confrontés à des risques supplémentaires graves par rapport à un maintien au-dessous de 1.5°C. En fonction de l’ampleur et de la durée du dépassement, certains impacts seront irréversibles, même si le réchauffement climatique est réduit (confiance élevée).

    Mesures d’adaptation et conditions favorables

    L’adaptation actuelle et ses avantages

    C1 : Des progrès dans la planification et la mise en œuvre de l’adaptation ont été observés dans tous les secteurs et toutes les régions, générant des avantages multiples (confiance très élevée). Toutefois, les progrès en matière d’adaptation sont répartis de manière inégale, avec des écarts d’adaptation observés (confiance élevée).

    De nombreuses initiatives donnent la priorité à la réduction des risques climatiques immédiats et à court terme, ce qui réduit les possibilités d’adaptation transformationnelle (confiance élevée).

    Options d’adaptation futures et leur faisabilité

    C2 : Il existe des options d’adaptation réalisables et efficaces qui peuvent réduire les risques pour les personnes et la nature. La faisabilité de la mise en œuvre des options d’adaptation à court terme diffère selon les secteurs et les régions (confiance très élevée). Des solutions intégrées, multisectorielles, qui s’attaquent aux inégalités sociales, qui différencient les réponses en fonction du risque climatique et qui traversent les systèmes, augmentent la faisabilité et l’efficacité de l’adaptation dans de multiples secteurs (confiance élevée).

    Nouveau rapport du GIEC Figure SPM 4 du 6eme rapport du GIEC, groupe 2

    Les réponses au changement climatique et les options d’adaptation, organisées par Transitions du système et Risques clés représentatifs (RKR), sont évaluées pour leur faisabilité multidimensionnelle à l’échelle mondiale, à court terme et jusqu’à 1.5°C de réchauffement climatique.
    Source : Figure SPM 4 du 6eme rapport du GIEC, groupe 2

    Les limites de l’adaptation

    C3 : Les limites “souples” de certaines adaptations humaines ont été atteintes, mais elles peuvent être surmontées en s’attaquant à une série de contraintes, principalement financières, de gouvernance, institutionnelles et politiques.

    Les limites “strictes” de l’adaptation ont été atteintes dans certains écosystèmes (confiance élevée). Avec l’augmentation du réchauffement climatique, les pertes et préjudices vont augmenter et d’autres systèmes humains et naturels atteindront les limites de l’adaptation (confiance élevée).

    Source : Figure TS.7 du 6eme rapport du GIEC, groupe 2

    Carte exprimant les différentes vulnérabilités, basées sur les moyennes nationales. Cette carte ne montre pas les différences à l’échelle locale. C’est pourquoi vous retrouvez sous la carte quelques exemples de populations vulnérables.
    Source : Figure TS.7 du 6eme rapport du GIEC, groupe 2

    Éviter la maladaptation

    C4 : Maladaptation : les réponses inadaptées au changement climatique peuvent créer des verrouillages de la vulnérabilité, de l’exposition et des risques qui sont difficiles et coûteux à changer et exacerbent les inégalités existantes.

    La maladaptation peut être évitée par une planification et une mise en œuvre flexibles, multisectorielles, inclusives et à long terme de mesures d’adaptation présentant des avantages pour de nombreux secteurs et systèmes (confiance élevée).

    Développement résilient au changement climatique

    Conditions pour un développement résilient au changement climatique

    D1 : Les impacts observés, les risques projetés, les niveaux et les tendances de la vulnérabilité, et les limites de l’adaptation, montrent qu’il est plus urgent d’agir en faveur d’un développement résilient au climat à l’échelle mondiale que précédemment évalué dans le 5eme rapport du GIEC. Des réponses globales, efficaces et innovantes peuvent exploiter les synergies et réduire les compromis entre adaptation et atténuation.

    D2 : Le développement résilient au climat est possible lorsque les gouvernements, la société civile et le secteur privé font des choix de développement inclusifs qui donnent la priorité à la réduction des risques, à l’équité et à la justice, et lorsque les processus décisionnels, les financements et les actions sont intégrés à tous les niveaux de gouvernance, dans tous les secteurs et dans tous les délais (confiance très élevée).

    Le développement résilient au climat est facilité par la coopération internationale et par les gouvernements en travaillant à tous les niveaux avec les communautés, la société civile, les organismes de formation, les institutions scientifiques et autres, les médias, les investisseurs et les entreprises, et en développant des partenariats avec les groupes traditionnellement marginalisés, notamment les femmes, les jeunes et les populations autochtones, les communautés locales et les minorités ethniques (confiance élevée).

    Le développement résilient (CRD) est le processus de mise en œuvre de mesures d’atténuation et d’adaptation des gaz à effet de serre pour soutenir le développement durable.
    Cette figure s’appuie sur la figure SPM.9 du RE5 WGII (décrivant les voies de résilience climatique) en décrivant comment les voies de CRD sont le résultat de choix sociétaux cumulatifs.
    Source : SPM WG2 figure 5

    Développement résilient au climat pour les systèmes naturels et humains

    D3 : Les interactions entre l’évolution de la forme urbaine, l’exposition et la vulnérabilité peuvent créer des risques et des pertes induits par le changement climatique pour les villes et les établissements humains. Toutefois, la tendance mondiale à l’urbanisation offre également une opportunité cruciale à court terme, pour faire progresser le développement résilient au climat (confiance élevée).

    La planification et l’investissement intégrés et inclusifs dans la prise de décision quotidienne concernant les infrastructures urbaines, mais aussi les infrastructures sociales, écologiques et grises/physiques, peuvent considérablement augmenter la capacité d’adaptation des établissements urbains et ruraux.

    La justice sociale et climatique contribue à des avantages multiples pour la santé, le bien-être et les services écosystémiques, y compris pour les autochtones et les communautés marginalisées et vulnérables (confiance élevée).

    D4 : La sauvegarde de la biodiversité et des écosystèmes est fondamentale pour un développement résilient au climat, compte tenu des menaces que le changement climatique fait peser sur eux et de leur rôle dans l’adaptation et l’atténuation (confiance très élevée). Le maintien de la biodiversité et des services écosystémiques à l’échelle mondiale dépend de la conservation efficace et équitable d’environ 30 à 50 % des terres, des eaux douces et des océans de la planète, y compris les écosystèmes actuellement proches de l’état naturel (confiance élevée).

    Source : Figure SPM 1 du 6eme rapport du GIEC, groupe 2

    Réaliser un développement résilient au changement climatique

    D5 : Les choix et les actions de la société mises en œuvre au cours de la prochaine décennie déterminent la mesure dans laquelle les trajectoires à moyen et long terme permettront un développement résilient au changement climatique plus ou moins important (confiance élevée).

    Il est important de noter que les perspectives de développement résilient au changement climatique seront de plus en plus limitées si les émissions de gaz à effet de serre ne diminuent pas rapidement, en particulier si le réchauffement climatique de 1.5°C est dépassé à court terme (confiance élevée).

    Analyse détaillée sur certains points du nouveau rapport

    Il faut toujours du temps pour digérer un tel rapport. On se rend très vite compte de la complexité des effets du changement climatique sur nos sociétés lorsque l’on plonge plus en détails dans le résumé technique, et dans le rapport lui-même. Même s’il est toujours difficile de faire une sélection, voici quelques éléments qui ont retenu mon attention.

    Le changement climatique tue déjà aujourd’hui et depuis plusieurs années

    L’augmentation des vagues de chaleur, des sécheresses et des inondations dépasse déjà les seuils de tolérance des plantes et des animaux, entraînant la mort massive d’espèces telles que les arbres et les coraux. Ces phénomènes météorologiques extrêmes se produisent simultanément, entraînant des répercussions en cascade de plus en plus difficiles à gérer.

    Ils ont exposé des millions de personnes à une insécurité alimentaire et hydrique aiguë, notamment en Afrique, en Asie, en Amérique centrale et du Sud, dans les petites îles et dans l’Arctique. Pour éviter des pertes de vies humaines, de biodiversité et d’infrastructures de plus en plus importantes, il faut prendre au plus vite des mesures ambitieuses et accélérées pour s’adapter au changement climatique.

    La France sera-t-elle épargnée ?

    En parcourant certaines cartes du rapport, vous pourriez vous dire que la France sera plutôt épargnée comparé à d’autres pays. Il est certes probable que la France souffre moins que Madagascar ou le Cambodge. Mais nous ne serons pas épargnés par le changement climatique ! Et nous n’y sommes pas préparés. Ou en tout cas, très mal.

    Nous serons touchés par les sécheressesles inondationsles caniculesles mégafeux… et certaines régions plus durement, comme les DOM-TOM et la Méditerranée (un chapitre y est consacré). Concernant les DOM-TOM, Virginie Duvat (autrice principale du 6ème rapport) les identifie comme des territoires aux avant-postes, qui seront particulièrement marqués par le changement climatique.

    Figure TS.5 du 6eme rapport du GIEC, groupe 2

    Pertes et préjudices

    On considère les Loss and Damage (Pertes et Préjudices) comme le 3e volet important du changement climatique, après l’atténuation et l’adaptation. C’est un point important demandé par de nombreux pays qui sont déjà impactés par le changement climatique, et qui exigent réparation des aléas climatiques pour lesquels il est impossible de s’adapter.

    Dans ce rapport, les références aux pertes et préjudices sont nombreuses. En espérant que cela donnera plus de poids aux négociations lors de la prochaine COP27, rattrapant le comportement minable des pays du Nord lors de la COP26. Les montants demandés sont totalement justifiés, faisant écho à la justice climatique : les pays les plus émetteurs doivent payer pour les dégâts qu’ils provoquent et provoqueront.

    Colonialisme et justice climatique

    Cela a peut-être échappé à vos yeux, mais vous avez bien lu : le GIEC a évoqué le colonialisme comme un signe de non-soutenabilité ! Même si c’est évident, pourquoi c’est si important que cela soit dans un rapport du GIEC ? Car c’est toute une littérature scientifique parfois calomniée que nous retrouvons ici dans le résumé pour les décideurs, et donc validée par les gouvernements.

    B.2 : La vulnérabilité des écosystèmes et des populations au changement climatique varie considérablement d’une région à l’autre et au sein d’une même région (confiance très élevée, sous l’effet de schémas de développement socio-économique croisés, l’utilisation non durable des océans et des terres, l’inégalité, la marginalisation, les schémas historiques et permanents d’inégalité tels que le colonialisme, et la gouvernance (confiance élevée).

    Les causes profondes de la vulnérabilité sont en partie liées aux contextes politiques, économiques et sociaux, à la fois présents mais aussi hérités. L’équité suppose de tenir compte à la fois des inégalités actuelles et des héritages, notamment de la période coloniale pour comprendre les inégales capacités d’adaptation de certains Etats et plus précisément encore de certains peuples ou territoires à l’intérieur de ces Etats.

    Il faut rappeler que la plupart des données disponibles le sont à l’échelle nationale. Elles ne rendent pas compte des fortes inégalités qui existent au sein des continents, des Etats, voire des régions ou des villes. En d’autres termes, il existe des Sud, y compris au sein des Nord, et quelque soit les territoires sur lequel on se trouve, il est établi que plus les individus ou les groupes sociaux souffrent d’exclusion, de discrimination, de privation d’accès aux ressources économiques, sociales et culturelles, moins elles ont de capacités à s’adapter.

    L’équité et la justice climatique supposent donc non seulement de répartir les coûts et les bénéfices, mais de compenser d’une façon ou d’une autre ces inégalités de départ.

    Santé mentale et physique

    Un accent important est mis sur la santé mentale, pourtant complètement oubliée par les pouvoirs publics… quand ce n’est pas moqué par certains pour dire que les écolos dramatisent. Et pourtant. Voici deux paragraphes sur lesquels nous aurons l’occasion de revenir dans d’autres articles, consacrés à la santé mentale.

    TS. B5 : Le changement climatique a déjà porté atteinte à la santé physique et mentale des êtres humains (confiance très élevée). Dans toutes les régions, les impacts sur la santé sapent souvent les efforts de développement inclusif. Les femmes, les enfants, les personnes âgées, les populations autochtones, les ménages à faible revenu et les groupes socialement marginalisés dans les villes, régions et pays sont les plus vulnérables (confiance élevée).

    TS. B.5.2 : Les problèmes de santé mentale augmentent avec le réchauffement des températures (confiance élevée), le traumatisme associé aux conditions météorologiques extrêmes (confiance très élevée), et la perte des moyens de subsistance et de la culture (confiance élevée).

    Migrations et changement climatique

    Depuis le dernier rapport du GIEC, il y a de plus en plus de preuves que les risques associés aux aléas climatiques agissent comme des moteurs directs de migrations et de déplacements involontaires, par la détérioration des moyens de subsistance sensibles au climat (confiance élevée, TS B.6).

    Rappelons que la plupart des déplacements et migrations liés au climat se produisent à l’intérieur des frontières nationales, les mouvements internationaux se produisant principalement entre des pays aux frontières contiguës. Depuis 2008, une moyenne annuelle de plus de 20 millions de personnes ont migré à l’intérieur de leur pays en raison d’aléas climatiques. Les facteurs les plus récurrents sont les sécheressesles tempêtes tropicales et les ouragansles fortes pluies et inondations (confiance élevée).

    Enfin, les effets des facteurs climatiques sur les migrations sont très spécifiques au contexte et interagissent avec les facteurs sociaux, politiques, géopolitiques et économiques (confiance élevée).

    Le continent Africain enfin mis en lumière

    Le GIEC a vraiment mis l’accent sur les impacts régionaux du changement climatique. Nous le savons, un réchauffement mondial de +2°C par exemple n’a pas du tout les mêmes impacts selon l’endroit où vous vivez dans le monde.

    L’Afrique est l’un des continents qui a le moins contribué aux émissions de gaz à effet de serre, alors que plusieurs régions ont déjà été sévèrement affectées par les effets du changement climatique. En outre, le continent est l’un des plus exposés au changement climatique :

    Source : Figure TS 4 du 6eme rapport du GIEC, groupe 2

    Cette exposition se conjugue avec une très forte vulnérabilité, liée à la très grande pauvreté et aux multiples inégalités d’accès à la santé, à l’éducation, à la sécurité alimentaire et à l’instabilité politique. L’échelle continentale ne rend toutefois pas compte des inégalités très fortes au sein du même continent.

    Attention : la figure 7 du résumé technique (ci-dessus) montre que l’Afrique est le continent qui est globalement le plus vulnérable. Cela ne veut pas dire que les autres continents sont à l’abri ! Le rapport met en évidence que tous les continents seront bel et bien concernés et sont très en retard dans leurs politiques d’adaptation.

    Limiter le réchauffement à +1.5°C n’est pas une option

    Limiter le réchauffement de la planète à 1.5 °C devrait permettre de réduire considérablement les dommages causés aux économies, à l’agriculture, à la santé humaine et à l’environnement. Au-delà de 2 degrés, les coûts de l’adaptation deviendront prohibitifs et inaccessibles pour des millions de personnes.

    La biodiversité est également omniprésente dans ce rapport. À des niveaux de réchauffement supérieurs à 2°C, les risques de disparition, d’extinction et d’effondrement des écosystèmes augmentent rapidement (confiance élevée). Le groupe 1 avait été très clair en août 2021 (et depuis des années) : chaque tonne émise participe au réchauffement climatique. Si nous souhaitons éviter des points de bascule à répétitions et maintenir une Terre habitable pour une majorité de ses habitant(e)s, l’atténuation et l’adaptation ne sont plus des options.

    Figure SPM 3 du 6eme rapport du GIEC, groupe 2

    Rappelons-le, insistons : si nous échouons à maintenir un réchauffement planétaire à +1.5°C, la prochaine cible n’est pas +2°C, mais +1.51°C.

    Le mot de la fin

    Ce nouveau rapport du groupe de travail 2 du GIEC apporte beaucoup de confirmations, des mauvaises nouvelles… mais aussi des nouvelles encourageantes. Non, “tout n’est pas foutu, nous n’allons pas tous mourir“. Nous avons notre avenir climatique entre nos mains, il ne tient qu’à nous de réduire drastiquement nos émissions, rapidement, et de façon durable.

    A nouveau, c’est la première fois dans l’histoire qu’un rapport scientifique a et aura autant d’importance, tant sur le plan scientifique, politique, géopolitique et économique. Ses conclusions seront entre autres déterminantes pour les négociations à venir de la COP27.

    Je le répète : je conseille à tout le monde de lire au moins le résumé à l’intention des décideurs. Tout le monde doit se l’approprier et creuser les sujets. Les conclusions du rapport sont limpides et suffisamment claires pour être comprises par tout le monde. La dernière phrase du rapport pour les décideurs conclut à merveille la richesse de ce rapport qui ne laisse plus aucun doute sur l’aspect politique du changement climatique.

    Les preuves scientifiques cumulées sont sans équivoque : Le changement climatique est une menace pour le bien-être humain et la santé planétaire. Tout retard supplémentaire dans l’action mondiale concertée et anticipée en matière d’adaptation et d’atténuation des effets du changement climatique manquera une brève occasion, qui se referme rapidement, de garantir un avenir vivable et durable pour tous.

    BONUS : une infographie en 12 points qui résume le rapport (à télécharger en HD pour imprimer ici)

    BONUS : 
    lire la couverture médiatique du rapport du GIEC (c’est…pas terrible)

    BONUS 3 : le 3ème et dernier rapport du GIEC vient d’être publié !

    GIEC GROUPE 2 INFOGRAPHIE 12 POINTS

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  • Les vers de terre

    Voilà deux ans que nous sommes ici.

    Nathalie a pris en charge l'installation du potager. Paillage, broyat, fumier de cheval, herbes tondues, et bien sûr le compost. J'ai fait deux bacs à compost, je les entretiens, ils sont remplis de vers de terre. Ils décomposent toutes les matières, épluchures, vieilles pommes, tout ce qui est végétal. En un an, le premier bac donne une terre noire, fine, un véritable terreau. 

    Nathalie a commencé certaines plantations de l'année et elle prépare les zones de culture pour tous les semis qui sont dans la serre. Elle me disait ce matin combien le potager était truffé de vers de terre et de divers insectes, des champignons en pagaille, de toutes les couleurs, une vie foisonnante qui atteste de la vigueur du sol. L'importance des vers de terre est méconnue.

    On est toujours effaré de voir ces champs labourés, la terre mise à nu, le tassement du sol avec les tracteurs et l'épandage inévitable d'engrais qui suivra. Une totale incompréhension.

    Les mentalités évoluent mais c'est long, lent, fastidieux, les résistances, les "traditions", les peurs aussi. 

     

     

    Pour en savoir davantage, j'ai déjà parlé des vidéos de Damien Dekarz, une référence. Voici une playlist :