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A quel point l’avion pollue ?
- Par Thierry LEDRU
- Le 22/03/2023
Pourquoi arrêter l’avion ne devrait plus être un débat
https://bonpote.com/pourquoi-arreter-lavion-ne-devrait-plus-etre-un-debat/
Bon Pote
Mis à jour le 6 February 2023

L’avion est-il un non sens écologique ?
Avant toute chose, citons François-Marie Bréon, physicien-climatologue et auteur du cinquième rapport du GIEC, en audience à l’Assemblée nationale en juillet 2019 :
«Je pense que l’immense majorité des gens ne se rend pas compte de ce que veut dire aller à la neutralité carbone, voire diminuer par 4 nos émissions. (…) Il est évident que dans une France qui aura divisé ses émissions de gaz à effet de serre par 4, il n’y aura plus d’avion – on ne peut pas y arriver si on conserve le transport aérien. De nombreuses questions de ce type se posent. Le fait qu’il y ait encore ce genre de débats montre bien que l’on n’a pas réalisé ce que veut dire diviser par 4 les émissions de gaz à effet de serre. »
Comment est-il alors possible que des député(e)s soient comparé(e)s à des extrémistes lorsqu’ils proposent d’instaurer des quotas sur le transport aérien ? Cela tient en 2 points majeurs : le déni, et la méconnaissance des ordres de grandeur (bien aidés par le lobby aéronautique, nous y reviendrons).
Pour être transparent, j’ai pris l’avion une bonne partie de ma vie… jusqu’à lire l’impact que cela avait sur le changement climatique. Alors j’espère que vous reconsidérerez le fait de prendre l’avion la prochaine fois après avoir lu cet article.
Sommaire
Quel est le véritable impact de l’avion sur le réchauffement climatique ?
Comment le lobby aérien manipule les chiffres pour baisser ses émissions de GES
Pourquoi prendre l’avion est aussi une question de justice climatique
Greenwashing de haute altitude
Le pseudo voyage “responsable”
Les progrès techniques compensent-ils la hausse du trafic aérien ?
Mais de toute façon l’avion il partira que je sois dedans ou pas !
Les politiques français ignorent les scientifiques
Du greenwashing dans les livres scolaires ?
L’avenir du secteur aérien est choix de vie, un choix de société
‘Ma famille habite loin, mon fils est parti étudier à l’étranger’
Voyager ne signifie pas obligatoirement prendre l’avion
A quel point l’avion pollue ?
L’empreinte carbone moyenne d’un français est d’environ 10 tonnes CO2eq, et l’objectif est de la diminuer à maximum 2 tonnes de CO2eq/an. Maintenant que nous avons ce chiffre en tête, regardons ce que ‘coûte’ d’aller par exemple à New-York. En utilisant au moins 5 comparateurs différents, j’obtiens toujours un chiffre supérieur à 2 tonnes. Sur climatMundi, Greentripper, Ecolab…
A l’exception du site de la DGAC – Direction Générale de l’Aviation Civile, qui ne prend pas en compte les trainées de condensation et les cirrus qui se forment après le passage d’un avion. Pourtant, il faut les prendre en compte, car cela triple l’impact du forcage radiatif.
Pour simplifier, vous pouvez calculer en 3 clics l’empreinte carbone de votre trajet en avion grâce à ce simulateur. Ce graphique résume également très bien la situation. Si vous ne deviez retenir qu’une image, c’est celle ci :

Si NY est déjà trop pour une année, c’est la même chose pour n’importe quelle destination en Amérique et pour une grande partie de l’Asie. Gardez en tête que nous ne parlons que du voyage. Il faudra bien aussi se déplacer, se nourrir, se chauffer… Autrement dit, si vous avez des amis à Miami, Sydney ou Shanghai, c’est le moment d’installer Skype.
Quel est le véritable impact de l’avion sur le réchauffement climatique ?
J’entends cet argument TOUS LES JOURS dès qu’il s’agit du transport aérien. ‘Oui, mais c’est que 2% des émissions, alors que la voiture hein‘.
Cela tombe bien, ce comportement a un nom : le whataboutisme. ‘Oui d’accord je pollue, mais l’autre il pollue plus !‘. C’est un immense biais statistique sur lequel se repose tout le secteur (et ceux qui prennent l’avion pour éviter la dissonance cognitive). Le secteur ne pèserait “que” quelques pourcentages des émissions..

Source : https://twitter.com/max92laf/status/1283423159434215424?s=20
Max est pilote professionnel. Max aime le whataboutisme.Soyons clairs : nous devons tout remettre en question. Vu les baisses d’émissions de CO2eq que nous devons réaliser chaque année, 1%, c’est énormissime. Il n’y aura pas de petits profits. Toute baisse d’émissions est bonne à prendre. Ce n’est pas parce que l’autre pollue plus que toi que tu ne dois pas faire d’efforts. Si nous devions attendre que l’américain ait une empreinte carbone de 2t CO2eq/an pour changer…
Comment le lobby aérien manipule les chiffres pour baisser ses émissions de GES
Maintenant, regardons un peu plus en détails ce 2%. Selon le cabinet B&L Evolution, fonction des différentes approches, et de l’exhaustivité du périmètre en termes de GES, le «poids» carbone de l’avion dans les émissions françaises en 2018 varie du simple au décuple:

Source : B&L Evolution
Les ordres de grandeur sont sensiblement les mêmes si nous prenons les statistiques officielles françaises : les émissions de CO₂ de l’aérien représentent seulement 2,8 % des émissions des transports et 0,8 % des émissions totales de gaz à effet de serre en 2016.
Cependant, ces faibles chiffres s’expliquent par le fait que seuls les trajets internes à la France sont comptés (outre-mer compris). C’est le secteur lui-même qui se fixe ses propres objectifs climatiques via l’Organisation de l’Aviation Civile Internationale (OACI), et les inventaires nationaux des émissions reflètent donc un périmètre purement national. Précisons également que le trafic international aérien a réussi à échapper à tous les traités et politiques climatiques (bien aidés par les Etats, nous y reviendrons). Deux remarques à cela :
Compter les trajets internationaux multiplie par six l’impact de l’aérien pour la France, pour le faire passer à 13,7 % des émissions des transports et 4,4 % des émissions totales du pays. On dépasse déjà légèrement les 1 ou 2% annoncés en général par le secteur…
Pensez-vous que si on avait dit à Jérôme Kerviel ‘merci de t’imposer tes propres règles de compliance Jérôme, on te fait confiance, déconne pas’, cela aurait-été une bonne idée ? La réponse est bien évidemment non. Il en est de même pour l’industrie aéronautique. La réduction des émissions de CO2 d’une activité s’accompagne systématiquement d’une baisse de vos profits. Argent ou sauvegarde de l’environnement, il faut choisir.
Pourquoi prendre l’avion est aussi une question de justice climatique
La concentration des voyages et des émissions sur une quantité restreinte d’usagers érige le transport aérien comme un marqueur important de l’injustice climatique. Les principaux émetteurs sont les populations les plus aisées, tandis que les premières victimes des conséquences du changement climatique sont et resteront des personnes qui ne seront pour la plupart jamais montées dans un avion.
Prendre l’avion fait exploser l’empreinte carbone. Et même si certains brandissent le fameux 2%, ce 2% n’est qu’un biais statistique. A l’échelle d’un pays, la responsabilité des quelques % des personnes qui prennent régulièrement l’avion est totalement diluée par ceux qui ne le prennent qu’une fois par an… Voire pas du tout. Le graphique ci-dessous, de l’Université de Cambridge, est encore une fois révélateur de l’impact de l’avion sur l’empreinte carbone au niveau européen, qui explose pour les plus riches :

Source : Diana Ivanova
Ceci est un très bon rappel : ce sont les ménages les plus aisés qui prennent l’avion, et qui ont en général l’empreinte carbone la plus élevée. N’en déplaisent aux influenceurs, stars et autre digital nomads : il va falloir ralentir.
Exemple du branleur parisien
Puisque l’auto-dérision avait permis d’éveiller quelques consciences, reprenons l’exemple du branleur parisien. Je me rappelle de mon étonnement quand mon coloc avait eu les yeux émerveillés d’un enfant en prenant l’avion pour la première fois à 20 ans. Mais avec du recul et quelques statistiques, cela n’a rien de surprenant : en 2019, 20% des français n’avaient jamais pris l’avion de leur vie, et ce chiffre devrait sensiblement rester le même en 2020 (Covid-19..). A l’échelle mondiale, c’est 90% des êtres humains qui ne sont jamais montés dans un avion.
Quel meilleur exemple que la ville de Paris pour expliciter ce déséquilibre ? Si vous aviez encore un doute sur ‘Paris est-elle une ville exceptionnelle‘, la réponse est dans le graphique ci-dessous. Pour le meilleur, comme pour le pire :

source : https://cdn.paris.fr/paris/2020/02/06/dc2edb10d13ae050815850f721f5a837.pdf
La part des émissions locales, de l’ordre de 25% au sein de l’empreinte carbone, signifie que 75% des émissions générées par Paris le sont à l’extérieur de son territoire. Le premier secteur émetteur est bien sûr le transport aérien (passagers et marchandises) avec 33%. L’avion, que 2% des émissions ?
Greenwashing de haute altitude
Sans surprise, et comme partout, une vague de greenwashing s’est emparée de l’aéronautique pour rassurer tout le monde et surtout gagner du temps, pourvu que rien ne change.
Le pseudo voyage “responsable”
Nous l’avions déjà observé avec Air France qui plante des arbres, mais en creusant un peu, c’est toute l’industrie qui bien sûr se défend de polluer. Ces campagnes de ‘lobbying’ se sont accentuées notamment depuis l’essor du flygskam, ce mouvement qui prône la ‘honte de prendre l’avion’ pour des raisons climatiques. Vous le voyez venir, l’avion vert ?

https://twitter.com/GifasOfficiel/status/1203616733522808839/photo/1
Je vous encourage vivement à aller lire ‘le VRAI du FAUX‘, c’est un formidable exercice intellectuel si vous souhaitez apprendre à repérer le greenwashing et le réfuter.
Les progrès techniques compensent-ils la hausse du trafic aérien ?
Comme le souligne le Shift Project, l’amélioration de l’efficacité énergétique a été un objectif important pour les avionneurs et les motoristes dans la mesure où la performance d’un avion neuf, en termes de consommation, est un déterminant essentiel de sa valeur. Toutefois, si de réels progrès ont été accomplis, les ingénieurs s’accordent pour constater que les avions actuels y compris leurs moteurs, atteignent une limite technico-industrielle, qui ne sera vraisemblablement pas dépassée.
De plus, les progrès d’efficacité énergétique passés ont surtout permis le développement du trafic, synonyme d’un beau paradoxe de Jevons qu’aucune politique ne s’attache à maîtriser. L’amélioration ne suffit pas à compenser, voire engendre une augmentation de demande qui dépasse alors les effets de l’amélioration première. Le résultat global et absolu est alors à la hausse :

https://www.youtube.com/watch?v=Z4aDlXZz_As&
Enfin, après des mois de discussions avec des acteurs du secteur, il en ressort que toutes les améliorations (et c’est bien normal, tout le monde fait pareil) ont été réalisées avant tout dans un but économique et non écologique. Les émissions n’ont jamais vraiment été un sujet, sauf ces dernières années avec l’engouement médiatique, menant à ce que le changement climatique devienne la crainte numéro une des français.
Mais de toute façon l’avion il partira que je sois dedans ou pas !
Vous avez très certainement déjà lu ou entendu cet argument. “Oh ça va, l’avion partira que je sois dedans ou pas, autant que j’en profite !“. C’est malheureusement très courant, et les réponses sont simples. Voici quelques éléments pour y répondre :
La demande vient gonfler l’offre proposée. Moins de billets achetés = moins d’avions. “Quand on pense qu’il suffirait que les gens n’achètent plus pour que ça ne se vende pas”, disait Coluche. Pas très loin de la vérité.
Une compagnie se doit d’être rentable. Voler à vide est une solution court terme (observée en partie pendant la Covid), mais sur le long terme, la compagnie arrête les vols. Ajoutez à cela les scandales et les polémiques des avions qui volent à vide, et vous comprendrez que ce n’est pas soutenable pour une compagnie.
Cet argument est aussi valable pour le train. Vous pensez que des trains seront maintenus combien de temps s’ils sont vides ? Qui acceptera de payer ?
Les actions individuelles dans le réchauffement climatique sont importantes, tout comme les actions collectives. Nous aurons besoin des deux, donc ici des changements à la fois sur l’offre et la demande.
Une question morale et éthique
Aussi, et on l’oublie trop souvent, le changement climatique est une question morale et éthique. Oser dire “l’avion partira que je sois dedans ou pas, autant que j’en profite ” c’est l’équivalent d’aller chez le boucher et de dire “oh ça va, l’animal est déjà mort, autant en profiter ! “. Comme si vous étiez obligé(e) de faire quelque chose, contraint(e) et forcé(e), sinon quelqu’un d’autre en profiterait…
Enfin, l’exemplarité est un vecteur important de changement, notamment lorsque vous avez une grande audience comme les influenceurs. Leur empreinte carbone ne s’arrête pas au seul voyage à Bali ou N-Y qu’ils exposent en photo sur Instagram : c’est bien plus important que cela.
Les politiques français ignorent les scientifiques
Le plus inquiétant reste la faculté de nos politiques à ne pas écouter nos experts. Une des demandes du Haut Conseil pour le Climat dans son premier rapport est très claire : ‘Les objectifs concernant les transports internationaux, aériens et maritimes, devraient être intégrés et élevés au même niveau que les objectifs nationaux‘, page 15, recommandation 7. Ce rapport demande la même chose pour les émissions indirectes dues à la consommation de biens importés.
Pensez-vous que cela a été mis en place ? Non. Pensez-vous que Madame Borne, alors Ministre de la Transition écologique et solidaire, soit en ligne avec l’Accord de Paris lorsqu’elle souhaite l’agrandissement du Terminal 4 à Paris ? Non. Heureusement, Madame Borne a beaucoup d’humour et avait donné une justification absolument incroyable : l’avion zéro carbone en 2035. Et bien j’ai une mauvaise nouvelle Madame Borne : l’avion à pédales n’existe pas encore pour faire Paris-Rio.
Rassurez-vous, Madame Borne n’est pas la seule dans ses oeuvres. Elle était bien aidée par Jean-Baptiste Djebbari, secrétaire d’État chargé des Transports. Ayant fait toute sa carrière dans l’aviation et ayant voulu d’ailleurs créer une compagnie aérienne, il croit dur comme fer à une industrie aéronautique ‘responsable’.
Pensez-vous, à la vue de la photo ci-dessous, que Jean-Baptiste fera un choix objectif pour l’avenir des français, quand on lui dira qu’il faut absolument réduire le trafic aérien ?

Du greenwashing dans les livres scolaires ?
Cerise sur le gâteau.
Valérie Cabanes l’a encore rappelé récemment : la clef de la lutte contre le changement climatique passera par l’éducation. Je me mets à la place d’un enfant en classe de CM1 qui ouvre ce livre et tombe sur cette page. J’appelle cela tout simplement un scandale. Teddy Rinner a beau nous faire son plus beau sourire, c’est un scandale de voir cela dans un livre pour enfants.

Source : manuel scolaire CM1-CM2, programme 2020-2021.
La page d’après est sûrement pour savoir comment aller à la boulangerie avec son SUV.Malheureusement cela ne s’arrête pas dans les livres d’enfants, puisque les sources officielles disponibles sur le site du gouvernement vous proposent le même genre de bourrage de crâne et greenwashing. Voyez l’image ci-dessous : nous devons RÉDUIRE nos émissions, pas les stabiliser. RÉDUIRE. Est-ce si dur à comprendre ? Compréhension de texte, niveau CM1.

https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/sites/default/files/Aviation_et_changement_climatique.pdf
L’avenir du secteur aérien est choix de vie, un choix de société
Le changement climatique, au-delà des connaissances scientifiques pré-requises pour l’aborder, est un avant tout un problème de société. Nous devons réfléchir à ce que nous devons et pouvons faire pour s’occuper de ce problème. A l’instar du sport de haut niveau, cela veut dire faire des choix arbitraires sur “qu’est-ce qui peut continuer”, “qu’est-ce qui doit changer, se transformer” et “qu’est-ce qui doit être arrêté”.
La place que l’on donnera à l’aérien à l’avenir reflétera donc un choix sociétal et éthique : parmi les changements à opérer pour atteindre un monde neutre en carbone, est-on prêts à sacrifier quelques trajets en avion pour préserver des conditions de vie acceptables dans les décennies à venir ?
Nous devrons réduire (voire arrêter) certaines activités et ne pas attendre des innovations qui arriveront (si elles arrivent) trop tard. Dans cette mesure, le transport aérien, avec 75% de transport “loisir/famille” et 25% de “business”, est en première ligne.
Soit nous réduisons de nous-mêmes volontairement dans le cadre de la lutte contre les impacts environnementaux, soit les contraintes physiques de contraction des ressources s’en chargeront pour nous tôt ou tard. Alors, aligner le transport aérien sur l’objectif de l’Accord de Paris passera par une remise en cause des hausses du trafic.
Ce changement arrivera en partie grâce à des changements de comportement individuels (voyager moins loin, moins souvent, privilégier d’autres modes), mais devra aussi passer par une régulation plus forte au niveau international pour donner les bonnes incitations au secteur.
‘Ma famille habite loin, mon fils est parti étudier à l’étranger’
Dans la continuité des choix à faire, celui de partir vivre à l’étranger (loin de sa famille et de ses amis) devra également prendre en compte l’empreinte carbone. L’exemple qui me vient en tête est la mère qui voit sa fille partir vivre en Australie. Ces personnes doivent comprendre que ‘rentrer une fois par an‘ ou ‘aller visiter ma fille seulement une fois par an‘ signifie atteindre 3x le budget carbone que vous devriez faire en une année. En un seul aller-retour.
Compte tenu des arguments explicités ci-dessus, il est inconcevable de faire ce type de voyage une fois par an en avion. Comme proposé par Mme Batho et Mr Ruffin, si des quotas sont imposés, certains types de voyages feront bien sûr partie des exceptions (santé, travail…). Mais en aucun le loisir des uns ne doit pourrir l’avenir des autres.
S’il était nécessaire de le rappeler, que vous émettiez du CO2 en France ou dans le sud du Brésil a exactement le même impact sur le changement climatique, mais n’aura pas les mêmes conséquences pour tout le monde.
Le mot de la fin
L’avion n’est pas LE problème, mais il est bel et bien l’un des (nombreux) problèmes dans la lutte contre le réchauffement climatique. Impossible de négliger son impact climatique, notamment lorsque l’on regarde les tendances actuelles et futures.
Celles et ceux qui prennent l’avion font exploser une empreinte carbone généralement déjà bien élevée. ces personnes faisant généralement partie des catégories de population les plus aisées. Même si cela fera grincer des dents quelques digital nomads et fans d’avion vert, les chiffres sont sans équivoque.
Cet article n’avait pas pour but de donner des solutions dans le but de transformer l’industrie aéronautique. A défaut qu’elle le fasse elle-même, le Shift Project ou encore B&L Evolution l’ont fait. Le but était de pouvoir se faire une idée, tant sur les ordres de grandeur que d’un point de vue éthique, de ce que cela représente de prendre l’avion aujourd’hui. Ce sujet concerne tout le monde, comme le rappelle à juste titre cette lettre d’ Atécopol aux salariées et salariés de l’aéronautique toulousaine.
D’un point de vue individuel, la “solution” est assez simple. Pour ceux qui le prennent, il faut limiter, voire arrêter de prendre l’avion.
Pour les 20% des Français qui ne l’ont jamais pris, ne pas envisager de le prendre, ou rarement, malgré cet alléchant Paris-Dublin à 10€… en partance de Beauvais. Je ne cesserai de le répéter jusqu’à ce que cela soit une obligation légale : il faut mieux se déplacer, moins se déplacer.

Source : https://www.youtube.com/watch?v=Z4aDlXZz_As&

Source : https://www.youtube.com/watch?v=Z4aDlXZz_As&
Voyager ne signifie pas obligatoirement prendre l’avion
Par souci de se concentrer uniquement sur l’usage de l’avion, j’ai volontairement laissé de côté l’impact catastrophique du tourisme de masse. Mais si vous souhaitez creuser cette question, je vous recommande le livre du sociologue Rodolphe Christin, Manuel de l’antitourisme, publié aux éditions Écosociété.
Il prône une réhabilitation du voyage, du vrai, celui du temps long, de l’incertitude et de l’aventure, à l’opposé du voyage actuel, consommateur insatiable de territoires mis en production touristique, au détriment des populations et environnements locaux.
Nous devons collectivement repenser les notions de voyage et de loisir. Avant d’avoir des envie d’ailleurs, rappelons tout de même que la France est le pays le plus visité au monde. Peut-être devrions nous profiter un peu plus de notre pays et le (re)découvrir, afin de l’apprécier à sa juste valeur.
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"Chaque dixième de degré compte"
- Par Thierry LEDRU
- Le 22/03/2023
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Rapport de synthèse du GIEC : chaque dixième de degré compte
Bon Pote
Mis à jour le 22 March 2023

Le rapport de synthèse (SYR) du sixième rapport d’évaluation du GIEC est enfin sorti ! Il résume l’état des connaissances du changement climatique, de ses impacts et risques généralisés, ainsi que de l’atténuation du changement climatique et de l’adaptation à celui-ci.
Ce rapport met l’accent sur l’interdépendance du climat, des écosystèmes et de la biodiversité, ainsi que des sociétés humaines ; la valeur des diverses formes de connaissances ; et les liens étroits entre l’adaptation au changement climatique, l’atténuation de ses effets, et la gestion des risques.
Il met également en évidence les pertes et préjudices (article à lire sur le sujet) que nous subissons déjà et que nous continuerons à subir à l’avenir, frappant particulièrement les personnes et les écosystèmes les plus vulnérables. C’est très important, et nous ne pouvons qu’espérer que les médias français et politiques parlent désormais davantage de justice climatique.
Pour faciliter la lecture, cet article revient sur les principaux points de ce rapport de synthèse du GIEC, puis y répond sous forme de Q&A afin de clarifier certaines idées reçues qui avaient beaucoup circulé lors de la sortie du dernier rapport.
Sommaire
Avant-propos : avant de plonger dans le rapport de synthèse du GIEC
Les points clefs du rapport de synthèse du GIEC
Etat actuel du monde et tendances
Réchauffement observé et ses causes
Progrès actuels en matière d’adaptation, lacunes et défis
Des flux financiers insuffisants
Changements climatiques futurs, risques et réponses à long terme
Les réponses à court terme : comment agir ?
Urgence d’une action climatique intégrée à court terme
Q&A : les questions les plus fréquentes
Est-ce qu’il est trop tard ? Est-ce qu’il nous reste 3 ans ?
Les énergies fossiles mentionnées 8 fois dans le rapport de synthèse du GIEC
Le réchauffement est-il à 100% ou en partie causé par l’homme ?
Pourquoi un rapport de synthèse du GIEC s’il n’y a rien de nouveau ?
Infographie synthèse du rapport du GIEC
Avant-propos : avant de plonger dans le rapport de synthèse du GIEC
Avant de lire la suite, il est indispensable que vous sachiez ce qu’est le GIEC, comment sont sélectionnés les auteurs qui rédigent le rapport, quel est le processus de sélection des articles scientifiques, qui le finance, etc. Si vous le savez, tant mieux, sinon, lisez cet article qui résume son fonctionnement en cinq minutes.
Le rapport de synthèse du GIEC intègre les principales conclusions du sixième rapport d’évaluation (AR6) sur la base des contributions des trois groupes de travail et des trois rapports spéciaux. Dans la mesure où c’est un résumé, vous pouvez lire une synthèse de chaque groupe :
Groupe de travail I : la plus grande mise à jour de l’état des connaissances scientifiques et de la compréhension physique sur le climat
Groupe de travail II : il porte sur les impacts, l’adaptation et la vulnérabilité des sociétés humaines et des écosystèmes au changement climatique. Comparé aux précédentes versions, ce rapport intègre davantage l’économie et les sciences sociales, et souligne plus clairement le rôle important de la justice sociale dans l’adaptation au changement climatique.
Groupe de travail III : ce rapport fournit une évaluation mondiale et actualisée des progrès et des engagements en matière d’atténuation du changement climatique. Pour le dire plus simplement : quelles sont les solutions pour atteindre la neutralité carbone et stopper le changement climatique d’origine humaine.
Enfin, dernier point très important, le rapport de synthèse ne contient pas de nouvelles données scientifiques, mais simplement un récapitulatif des principales conclusions des publications précédentes.
Les points clefs du rapport de synthèse du GIEC
Le rapport se compose de trois parties : l’état actuel du monde et les tendances, les changements climatiques futurs, risques et réponses à long terme et enfin les réponses à court terme. Le rapport de synthèse ne fait que 36 pages, mais est extrêmement dense et il vous faudra bien une à deux heures pour le lire entièrement… et le digérer.
Etat actuel du monde et tendances
Réchauffement observé et ses causes
Les activités humaines ont sans équivoque provoqué le réchauffement de la planète, principalement par le biais des émissions de gaz à effet de serre. La température à la surface du globe atteint pour la période 2011-2020 1,1°C de plus qu’entre 1850 et 1900.
Les émissions mondiales de gaz à effet de serre ont continué à augmenter, avec des contributions historiques et actuelles inégales de l’utilisation non durable de l’énergie, de l’utilisation des terres et du changement d’affectation des terres, des modes de vie et des modes de consommation et de production dans les régions, entre les pays et entre les pays et les régions.
Environ 3,3 à 3,6 milliards de personnes vivent dans des contextes très vulnérables au changement climatique – les personnes vivant dans des régions très vulnérables avaient 15 fois plus de risques de mourir d’inondations, de sécheresses et de tempêtes entre 2010 et 2020 que celles vivant dans des régions très peu vulnérables.
Les écosystèmes sont endommagés par la hausse des températures, qui entraîne la mort massive d’espèces sur terre et dans les océans. Certains écosystèmes se rapprochent d’un point de non-retour, en raison d’impacts tels que le recul des glaciers et le dégel du pergélisol arctique.
Le changement climatique a réduit la sécurité alimentaire et affecté la sécurité de l’accès à l’eau. Les épisodes de chaleur extrême font augmenter les taux de mortalité et les maladies.
L’augmentation des températures, les traumatismes liés aux événements extrêmes et la perte des moyens de subsistance et de la culture entraînent des problèmes de santé mentale (A.2.5). La santé mentale est par ailleurs mentionnée 3 fois dans ce rapport !
La figure ci-dessous représente les changements observés (1900-2020) et projetés (2021-2100) de la température à la surface du globe (par rapport à 1850-1900), qui sont liés à des changements dans les conditions et les impacts climatiques. Cela illustre la façon dont le climat a déjà changé et changera tout au long de la vie de trois générations représentatives (nées en 1950, 1980 et 2020).

Figure SPM.1 (c) – Rapport de synthèse du GIEC
Progrès actuels en matière d’adaptation, lacunes et défis
La planification et la mise en œuvre de l’adaptation ont progressé dans tous les secteurs et toutes les régions, avec des avantages avérés et une efficacité variable. Malgré ces progrès, il existe des lacunes en matière d’adaptation et elles continueront à se creuser au rythme actuel de mise en œuvre.
Plusieurs limites de l’adaptation ont d’ores et déjà été atteintes dans certains écosystèmes et certaines régions. Certains secteurs et certaines régions sont en proie à la maladaptation.
Des flux financiers insuffisants
Les niveaux actuels des ressources financières dédiées au climat sont très insuffisants et sont encore largement dépassés par les flux de financement des énergies fossiles. Ce point est un excellent rappel et réfute directement la communication des entreprises d’énergies fossiles comme TotalEnergies, qui est principalement axée sur ses investissements dans les renouvelables alors que la majorité de ses investissements se font dans les énergies fossiles.
Les flux financiers mondiaux actuels pour l’adaptation sont insuffisants pour les options d’adaptation et en limitent la mise en œuvre, en particulier dans les pays en développement (degré de confiance élevé).
Changements climatiques futurs, risques et réponses à long terme
Un réchauffement mondial de +1.5°C ? La poursuite des émissions de gaz à effet de serre entraînera une augmentation du réchauffement de la planète, avec la meilleure estimation d’atteindre +1.5°C de réchauffement climatique mondial à court terme, dans le début de la décennie 2030.
Des réductions fortes, rapides et durables des émissions de gaz à effet de serre conduiraient à un ralentissement perceptible du réchauffement climatique en l’espace de deux décennies environ. Rappelons que cela ne veut pas dire qu’il y a “une inertie de 20 ans”, mais bien que l’inertie est politique. un article à lire sur le sujet.
Qualité de l’air : grâce aux réductions rapides des émissions de GES,, nous aurions des changements perceptibles dans la composition de l’atmosphère en quelques années. L’un des nombreux co-bénéfices à agir dès maintenant contre le changement climatique : respirer un air plus pur !
Chaque fraction d’augmentation du réchauffement climatique intensifiera les risques multiples et simultanés (degré de confiance élevé). Les vagues de chaleur et les sécheresses cumulées devraient devenir plus fréquentes, y compris les événements simultanés sur plusieurs sites.
L’adaptation et ses limites
Les figures SPM.2 et SPM.4 ci-dessous expliquent parfaitement les risques d’un réchauffement supplémentaire et rappelle que chaque fraction de degré compte.

Figure SPM.2 : Changements projetés de la température maximale journalière annuelle, de l’humidité totale moyenne annuelle de la colonne du sol et des précipitations annuelles maximales sur un jour à des niveaux de réchauffement global de 1,5°C, 2°C, 3°C, et 4°C par rapport à 1850-1900.
Figure SPM.4 : l’adaptation a ses limites et au-delà d’un certain seuil de réchauffement, les risques d’avoir des zones où la forte chaleur devient mortelle augmente. Nous l’avions expliqué dans un article dédié : Mourir de chaud : à quel degré la température devient-elle mortelle ?

Le point B.3 du rapport souligne également que le changement climatique aura des conséquences inévitables et/ou irréversibles mais qui peuvent être limitées par une baisse radicale, rapide et soutenue dans le temps des émissions de gaz à effet de serre.
Enfin, et comme dans le 3e volet, le rapport de synthèse du GIEC (B.5) rappelle que les émissions cumulées de CO2 projetées pour la durée de vie des infrastructures d’énergies fossiles existantes et planifiées, sans réduction supplémentaire, dépassent les émissions cumulées nettes de CO2 dans les trajectoires qui limitent le réchauffement à 1,5 °C (>50 %), sans dépassement ou avec un dépassement limité.
C’est un point extrêmement important : sans fermeture anticipée d’une partie des exploitations de charbon, gaz et pétrole, nous dépasserons un réchauffement de +1.5°C. Aucun journaliste n’a jamais souligné ce point à un membre du gouvernement en interview, à un(e) dirigeant(e) de TotalEnergies ou Engie. Pour en savoir plus, voici 20 questions qui méritent vraiment d’être posées au gouvernement Macron.
Les réponses à court terme : comment agir ?
La dernière partie du rapport de synthèse du GIEC concerne les réponses à apporter au changement climatique sur le court terme.
Urgence d’une action climatique intégrée à court terme
Le changement climatique est une menace pour le bien-être humain et la santé de la planète (degré de confiance très élevé). La fenêtre d’opportunité afin de garantir un avenir vivable et durable pour tous se referme rapidement.
Une baisse radicale, rapide et soutenue des émissions et une mise en œuvre accélérée des mesures d’adaptation au cours de cette décennie permettraient de réduire les pertes et les dommages prévus pour les humains et les écosystèmes (très élevé). Cela permettrait aussi de nombreux avantages connexes, en particulier pour la qualité de l’air et la santé (confiance élevée).
Il existe de multiples opportunités de mise à l’échelle de l’action climatique, comme mise en lumière dans la figure SPM.7

Figure SPM.7 : Possibilités multiples d’intensification de l’action climatique.
Pour la première fois, la sobriété est mise en avant dans un rapport de synthèse comme l’une des solutions pour atteindre la neutralité carbone. Pour certains secteurs, le potentiel de baisse des émissions varie entre 40 et 70% !

Figure SPM.7 (b) : présente le potentiel indicatif des options d’atténuation de la demande pour 2050. Les potentiels sont estimés sur la base
d’environ 500 études ascendantes représentant toutes les régions du monde.Équité et inclusion !
Notions trop souvent ignorées par les politiques, le rapport de synthèse du GIEC souligne pourtant que donner la priorité à l’équité, à la justice climatique, à la justice sociale, à l’inclusion et à des processus de transition justes peut permettre des mesures d’adaptation et d’atténuation ambitieuses ainsi qu’un développement résilient au climat.

Il est également précisé que changer de style de vie peut apporter des co-bénéfices comme le bien-être. Une dimension importante à communiquer : changer, baisser nos émissions peut aussi être positif ! Bien loin de l’écologie punitive mise en avant par les personnes qui ont intérêt à ce que rien ne change.
Q&A : les questions les plus fréquentes
Voici quelques réponses aux questions les plus fréquentes que nous pouvons lire 24h avant la sortie du rapport.
Est-ce qu’il est trop tard ? Est-ce qu’il nous reste 3 ans ?
La réponse est très simple : NON! Il n’est pas trop tard.
Il est faux de dire que nous sommes déjà condamnés. Le fatalisme (doomism en anglais) est l’un des 12 discours de l’inaction climatique contre lequel il faut lutter.
Il est bien sûr trop tard pour empêcher qu’il y ait des dégâts (sociaux, environnementaux..). Mais rien ne sert d’avoir un discours qui exagère ce que la science nous dit sur le climat (même si cela fait vendre…). Eviter le fatalisme est une condition nécessaire si nous souhaitons atteindre nos objectifs climatiques. Rappelons également deux éléments de langage qui reviennent très (trop) souvent et qu’il faut absolument éviter :
Il n’y a pas de date butoir. Ce n’est ni en 2030 pile (ou 2040) que le monde va basculer dans l’apocalypse. D’ailleurs, avoir une date précise n’a aucun sens en science du climat, qui est une science de temps long. Oui, c’était mieux d’agir il y a 20 ou 30 ans. Mais ce n’est pas parce que nous n’avons pas agi en 2025 ni même en 2030 que tout est foutu. L’idée, c’est que plus nous agissons tard, plus cela sera catastrophique (avec de belles boucles de rétroactions qui viendront aider cela).
Si nous échouons à maintenir le réchauffement à +1.5°C, la prochaine cible n’est pas +2.°C, mais +1.51°C. Le GIEC est très clair sur le sujet : chaque tonne émise participe au réchauffement. Si vous ne savez pas quelles actions ont le plus d’impact sur le réchauffement climatique, simulez votre empreinte carbone.
Va-t-on dépasser +1.5°C ?
Il y a comme à chaque sortie d’un rapport du GIEC des questions autour d’un réchauffement mondial de +.1.5°C. Le rapport de synthèse évoque notamment que selon les promesses des Etats à réduire leurs émissions (NDCs) en 2021, il est “probable” que cette température soit dépassée d’ici la fin du siècle.

Rapport de synthèse du GIEC, SPM
Rappel du groupe 1 du GIEC : tous les scénarios SSP prévoient que la planète connaîtra un réchauffement de 1,5°C. La projection d’émissions la plus ambitieuse prévoit que nous atteignions 1,5°C dans les années 2030, puis un pic de températures à +1,6°C, avant de redescendre à 1,4°C à la fin du siècle. Il n’y a donc pas vraiment de doute sur la possibilité que nous dépassions ce réchauffement.

Extrait du résumé pour les décideurs du 6e rapport du GIEC indiquant quand nous allons atteindre un réchauffement climatique de +1.5°C
Les énergies fossiles mentionnées 8 fois dans le rapport de synthèse du GIEC
Les énergies fossiles sont mentionnées 8 fois dans le rapport de synthèse, dont 2 fois dans les notes de bas de page.
Ce n’est noté qu’une fois dans les encadrés (les éléments les plus visibles dans le rapport), dont celui (B.5) qui souligne que les infrastructures existantes d’énergies fossiles ont 50% de chance de nous faire dépasser le budget carbone pour limiter un réchauffement climatique à +1.5°C.
Il sera important de suivre ce qu’il va se passer lors de la COP28. Rappelons que les négociateurs n’ont toujours pas inscrit les mots “gaz” et “pétrole” dans le texte, alors que tout le monde sait pertinemment qu’il faut en limiter drastiquement et dès maintenant la consommation.
Le réchauffement est-il à 100% ou en partie causé par l’homme ?
A la lecture de l’encadré A.1 “Les activités humaines ont sans équivoque provoqué le réchauffement de la planète, principalement par le biais des émissions de gaz à effet de serre”, nous pouvons tout de suite anticiper que des climatosceptiques et autres personnes très intelligentes vont venir vous rappeler que finalement, “ce n’est pas 100% à cause de l’homme”.
Et bien ce qui avait été précisé dans le groupe de travail 1 est rappelé dans le point A.1.2 de ce rapport de synthèse. Vous pouvez le voir ci-dessous : pour un réchauffement de +1.1°C, le réchauffement est en “meilleure estimation” de +1.07°C. Il faut bien sûr prendre en compte les incertitudes avec les aérosols etc. Mais nous voyons bien que les cycles solaires n’y sont vraiment pour pas grand chose…

Source : Groupe de travail I du GIEC, Figure SPM.2
Les activités humaines ont sans équivoque provoqué le réchauffement de la planète, principalement par le biais des émissions de gaz à effet de serre.
Pourquoi un rapport de synthèse du GIEC s’il n’y a rien de nouveau ?
Le rapport devrait servir de base au prochain sommet des Nations unies sur le climat, la COP28, qui sera organisée par les Émirats arabes unis à Dubaï à partir du 30 novembre 2023.
C’est aussi probablement l’occasion pour des citoyennes et citoyens qui n’avaient pas eu l’occasion de lire les précédents rapports de le faire ici dans une version “résumée”. N’oublions pas que le rapport entier du 6e cycle comporte des milliers de pages, fait référence à des milliers d’études scientifiques et qu’aucun humain ne pourrait se targuer d’avoir lu le rapport + toutes les sources mentionnées.
Un immense merci aux scientifiques engagé(e)s bénévolement, aux membres du GIEC, et à toutes les personnes qui se battent pour garder un monde vivable pour le plus grand nombre.
Comment passer à l’action ?
Au-delà du contenu du rapport, le faire vivre médiatiquement est vital. Les sorties des précédents rapports ont été éclipsées par d’autres sujets (arrivée de Messi au PSG, guerre en Ukraine, etc.) et la couverture médiatique n’a jamais été au niveau de l’urgence climatique. Espérons que ce soit le cas cette fois-ci, même si le sujet de la réforme des retraites risque d’accaparer l’attention. Mais il est possible de parler de ce rapport toute l’année !
En complément, quelques pistes et articles à lire :
Simuler son empreinte carbone : de très loin la chose la plus efficace à faire. Savoir où agir personnellement et demander des changements structurels pour agir collectivement
10 actions simples pour devenir écolo
Pourquoi arrêter l’avion ne devrait plus être un débat
Suivre Bon Pote sur les réseaux sociaux, où l’activité climatique sera soutenue toute l’année
Infographie synthèse du rapport du GIEC
Comme pour toutes les autres infographies du GIEC, à partager, imprimer et coller partout où il faudra pour alerter sur l’urgence climatique !

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Et une version en noir et blanc moins gourmande à l’impression :
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Un diagnostic alarmant, "des mesures urgentes" : ce qu'il faut retenir de l'ultime synthèse du GIEC
Par Luc Chemla
Publié le lundi 20 mars 2023 à 14h00
5 min
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Un ours polaire sur les glaces de l'archipel François-Joseph, près du Pôle Nord, en août 2021 © AFP - EKATERINA ANISIMOVA
Près de neuf ans après leur dernière synthèse, les experts climat de l'ONU ont livré ce lundi le dernier consensus scientifique sur le réchauffement climatique et sur la réponse urgente de l'humanité à ce défi existentiel. Il est encore temps d'agir mais il faut faire très vite, disent les experts.
Des impacts de pire en pire, mais des solutions sous notre nez. Près de neuf ans après leur dernière synthèse, les experts climat de l'ONU réunis en Suisse ont livré ce lundi le dernier consensus scientifique sur le réchauffement climatique et sur la réponse urgente de l'humanité à ce défi existentiel. Le Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (GIEC) a ainsi publié la synthèse de son sixième rapport d'évaluation, un résumé des plus de 10.000 pages de travaux qu'il a publiées depuis sa précédente synthèse fin 2014.
En neuf ans, la communauté scientifique a établi que le réchauffement climatique causé par l'activité humaine se produisait plus vite et plus fort que prévu. Après une semaine de réunions à Interlaken, les représentants des États membres du Giec ont approuvé dimanche le "résumé pour les décideurs", une trentaine de pages synthétisant l'état de la science et le panorama des solutions possibles, sous une forme intelligible par tous.
Cette synthèse est "un guide de survie" selon le chef de l'ONU
Pour le chef de l'ONU, António Guterres, "les dirigeants ont besoin d'une orientation scientifique solide, franche et détaillée pour prendre les bonnes décisions (...) et accélérer la sortie des énergies fossiles et la réduction des émissions". D'après lui, cette synthèse est "un guide de survie pour l'humanité". Ce consensus scientifique du Giec sera la base factuelle des intenses tractations politiques et économiques des prochaines années. A commencer par le sommet climat de l'ONU en décembre à Dubaï, la COP28, où un premier bilan des efforts de chaque pays dans le cadre de l'accord de Paris sera dévoilé et où l'avenir des énergies fossiles sera âprement négocié.
Il est urgent "de prendre des mesures ambitieuses"
Dans cette synthèse, les experts sont formels : "une action climatique urgente peut assurer un avenir vivable pour tous". Ils se veulent également très clairs : "les choix qui seront faits au cours des prochaines années joueront un rôle crucial dans la décision de notre avenir et celui des générations à venir." Dans leur synthèse, ils rappellent qu'il existe de "multiples options réalisables et efficaces" pour réduire notamment les émissions de gaz à effet de serre et celles-ci "sont disponibles maintenant". Ainsi, pour Hoesung Lee, le président du GIEC, "ce rapport de synthèse souligne l'urgence de prendre des mesures plus ambitieuses". Il ajoute que "l'intégration d'une action climatique efficace et équitable réduira non seulement les pertes et les dommages pour la nature et les gens, cela apportera également des avantages plus larges".
Le réchauffement climatique atteindra 1,5°C dès 2030-2035
L’objectif affiché par le GIEC depuis 2018 est de limiter le réchauffement climatique à 1,5 degrés. Or, dans cette synthèse, les experts notent que "cinq ans plus tard, ce défi est devenu encore plus grand en raison d'une augmentation continue des émissions de gaz à effet de serre." Le réchauffement climatique atteindra 1,5°C par rapport à l'ère pré-industrielle dès les années 2030-2035, prévient le Giec, alors que la température a déjà grimpé de près de 1,2°C en moyenne. Cette projection est valable dans presque tous les scénarios d'émissions de gaz à effet de serre de l'humanité à court terme, compte tenu de leur accumulation depuis un siècle et demi.
Le constat est sans appel : "le rythme et l'ampleur de ce qui a été fait jusqu'à présent, et les plans actuels, sont insuffisants pour lutter contre le changement climatique." Le rapport pointe l'activité humaine. "Plus d'un siècle d'utilisation de combustibles fossiles ainsi que d'énergie et de terres inégales et non durables a entraîné un réchauffement climatique de 1,1 °c au-dessus des niveaux préindustriels. Cela a entraîné des événements météorologiques extrêmes fréquents et plus intenses qui ont causé des impacts sur la nature et les populations dans toutes les régions du monde."
Les effets du changement climatique plus graves qu'estimé auparavant
Parmi les autres conclusions faites par le GIEC, les années les plus chaudes que le monde a connues récemment compteront parmi les plus fraîches d'ici une génération, quels que soient les niveaux d'émissions de gaz à effet de serre par l'humanité. "Le monde actuel est plus frais que celui de demain, au moins pour plusieurs décennies" commente Chris Jones, scientifique du service météo britannique et l'un des auteurs principaux de la synthèse. Les risques associés au réchauffement climatique sont plus graves que ce qui avait été estimé jusqu'à présent, concluent également les experts du Giec, en s'appuyant sur la multiplication observée des événements météo extrêmes comme les canicules, et de nouvelles connaissances scientifiques.
"Escalade rapide de dangers"
Le rapport souligne que l'accroissement du réchauffement climatique entraine une "escalade rapide de dangers " tels que d'intenses canicules, des précipitations et d'autres "phénomènes météorologiques extrêmes" qui "augmentent encore les risques pour la santé humaine et les écosystèmes." Il est notamment rappelé que dans chaque région des gens meurent de chaleur accablante. Pour Aditi Mukherji, l'un des 93 auteurs de ce rapport de synthèse, "près de la moitié de la population mondiale vit dans des régions très vulnérables au changement climatique." Il annonce même qu'au "cours de la dernière décennie, les décès dus aux inondations, aux sécheresses et aux tempêtes ont été 15 fois plus élevés dans les régions très vulnérables."
Quelles solutions ?
Pour les experts, "si le réchauffement climatique doit être limité à 1,5°C, les émissions de gaz à effet de serre devraient déjà diminuer et devront être réduites de près de moitié d'ici 2030". D'après le rapport, "la solution réside dans un développement résilient au changement climatique." Concrètement, "il s'agit d'intégrer des mesures d'adaptation aux changement climatique avec des actions pour réduire ou éviter les émissions de gaz à effet de serre de manière à fournir des avantages plus larges." La synthèse donne des exemples : "l'accès à l'énergie et aux technologies propres améliore la santé, en particulier pour les femmes et enfants ; l'électrification bas-carbone, la marche, le vélo et les transports en commun améliorent la qualité de l'air, améliorer la santé, les possibilités d'emploi et assurer l'équité."
Besoin d'investissements et appel aux gouvernements
Dans leur synthèse, les experts sont formels : "l'action climatique accélérée ne se produira que s'il y a une multiplication des financements." D'après Christopher Trisos, "un financement insuffisant et mal aligné freine les progrès". Les experts ont d'ailleurs un message pour les décideurs : "Il existe suffisamment de capitaux mondiaux pour réduire rapidement les émissions de gaz à effet de serre si les barrières existantes sont réduites." Pour le GIEC, "il est important d'augmenter le financement des investissements climatiques pour atteindre les objectifs climatiques mondiaux. Les gouvernements, par le biais de financements publics et de signaux clairs aux investisseurs, sont essentiels pour réduire ces barrières. Les investisseurs, les banques centrales et les régulateurs financiers peuvent également jouer leur rôle."
Les experts estiment que le climat, les écosystèmes et la société sont interconnectés et il est fondamental d'agir vite. "La conservation efficace et équitable de 30 à 50 % des terres, des eaux douces et des océans de la Terre contribueront à assurer une planète en bonne santé. Les zones urbaines offrent une opportunité à l'échelle mondiale pour une action climatique ambitieuse qui contribue au développement durable." Les scientifiques listent les secteurs où des efforts doivent être faits : "Des changements dans le secteur de l'alimentation, de l'électricité, des transports, de l'industrie, des bâtiments et l'utilisation des terres peuvent réduire les émissions de gaz à effet de serre. Une meilleure compréhension des conséquences de surconsommation peut aider les gens à faire des choix plus éclairés."
À réécouter : Nouveau rapport du GIEC : quoi de neuf ?
La Terre au carréÉCOUTER PLUS TARD
54 min
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Références
Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC)
-
"La peste écarlate"
- Par Thierry LEDRU
- Le 21/03/2023
J'ai découvert ce texte sur l'excellent forum "Le galion des étoiles".
Bien qu'admiratif et lecteur passionné des livres de Jack London, je n'avais jamais entendu parler de cet ouvrage.
Je me suis toujours demandé en lisant des livres explorant l'anticipation à travers la dystopie ou le chaos ce que les auteurs pourraient écrire sur le monde actuel s'ils étaient toujours en vie.
Jack London, en 1912, imagine l'humanité balayée par une épidémie et retombée à un âge préhistorique. Deux ans plus tard éclate la première guerre mondiale.
Qu'il s'agisse d'une épidémie, d'une guerre mondiale ou de n'importe quoi d'autre, les occasions de se projeter dans un avenir plus ou moins lointain ne plaident pas pour un futur bienheureux. Quelque soit l'époque. Disons qu'aujourd'hui, les raisons de s'inquiéter sont de plus en plus nombreuses et puissantes.
Personnellement, depuis plusieurs années, ces ouvrages ne m'intéressent pas simplement sur le plan littéraire mais sur ce qu'ils décrivent. Il s'agit à mes yeux de "lanceurs d'alerte" et tout comme les scientifiques du GIEC ou autres, ils ne sont pas écoutés. Ils sont juste lus ou pire ignorés. Certains en parlent, débattent, louent le travail littéraire ou l'imaginaire. L'imaginaire... C'est là l'erreur cruciale. S'agit-il encore d'imaginaire ? C'est la question qu'il convient de se poser. Il faudrait pouvoir comptabiliser le nombre de lecteurs qui se sont engagés dans une démarche précise après ces lectures. Des actes destinés à contrecarrer une déliquescence mortifère, un cheminement qui nous conduit tous vers des temps douloureux. Qui peut dire aujourd'hui n'avoir jamais entendu parler de l'atteinte à la biodiversité, du réchauffement climatique, de tous les phénomènes anthropiques ? Qui parmi tous ces individus a décidé de limiter son propre impact ?
Prendre l'avion pour aller passer quelque temps sous les tropiques, manger de la viande d'élevage industriel, ne pas chercher à lire les étiquettes pour bannir l'huile de palme, consommer à outrance quand les moyens financiers le permettent et se croire heureux de toutes ces possessions matérielles, éluder intégralement toute forme de réflexion personnelle et se laisser emporter par l'inertie de la masse.
L'inertie de la masse. C'est un super tanker lancé à pleine vitesse. Il faudrait des décennies pour commencer juste à ralentir sa course folle. Mais nous ne disposons pas de ces décennies. Il n'y a pas une date butoir au-delà de laquelle il serait trop tard. Il est déjà trop tard. Le processus est enclenché parce que les lanceurs d'alerte n'ont pas été écoutés. Il nous reste une seule solution : tenter de réduire autant que possible le chaos vers lequel nous nous dirigeons.
Il y a quelques jours, ce blog a franchi le cap des trois millions de pages lues. Il me plaît de penser qu'il y a un donc un intérêt à ce que je continue à publier.
https://www.legaliondesetoiles.com/La-Peste-ecarlate--The-Scarlet-Plague--Jack-London--1912_a4950.html
NotezCALE DES LIVRES
La Peste écarlate | The Scarlet Plague | Jack London | 1912
Un article ajouté/rédigé par Koyolite Tseila, capitaine | 06/03/2023 | Lu 161 fois
⚓️TAGS : 1912, Jack London
Illustration et quatrième de couverture

La Peste écarlate @ 2020 P.R.N.G. Éditions
La peste écarlate, ainsi nommée car elle provoque une coloration rouge de la peau, est effroyablement contagieuse : elle tue en quelques minutes dans d’atroces souffrances et la pandémie a quasiment rayé l’homme de la surface terrestre. Un ancien professeur d’université, soixante ans plus tard, erre en compagnie de ses petits-enfants, revêtus de peaux de bêtes, en baie de San Francisco. Nous sommes en 2073. Quelques hordes subsistent, regroupant de rares survivants...
L’ex-professeur James Howard Smith évoque le merveilleux monde d’avant la peste écarlate à ces enfants « ensauvagés » qui ne savent ni lire ni écrire.
Mais un espoir lui demeure : [Attentions spoilers] il a réussi à sauver et à cacher, dans une grotte, des livres qui permettront, un jour, à l’humanité de retrouver le chemin de la connaissance. [Fin des spoilers]
Un texte qui reste, à un siècle d’intervalle, d’une étonnante et inquiétante modernité. Un récit d’apocalypse qui n’est pas sans en rappeler un autre de la même époque : L’éternel Adam de Jules Verne.Lien utile
Il y a des années de cela, j’ai lu deux grands classiques de Jack London : L’Appel de la Forêt et Croc-blanc, deux récits que je n’ai pas appréciés, car trop tristes et cruels à mon goût. Pourtant, Jack London est un excellent conteur, c’est pourquoi à l’époque je me suis fait la promesse de ne pas en rester là et de découvrir d’autres textes de lui. L’occasion s’est présentée récemment avec La Peste écarlate, un court roman dans le genre post-apocalyptique sur lequel je suis tombée en fouillant dans le catalogue des éditions PRNG.
Le premier chapitre du roman est un peu bizarre, dans le sens où l’on ne sait pas trop où ni quand nous sommes, ni qui sont ces individus primitifs sachant à peine parler et vêtus de loques. En l’occurrence, trois gamins mal éduqués au possible et un vieux bonhomme qui marmonne dans sa barbe, un pauvre vieillard que les gosses n’ont de cesse de tourmenter et de violenter.
Et puis, tout ce petit monde se calme un peu et le vieux monsieur commence à parler. Et là ça démarre ! On comprend qu'apocalypse il y a eu, qu’elle s’est déroulée 60 ans plus tôt et qu’il est l’un des très rares survivants de la peste écarlate, une maladie ultra virulente - dont on ignore l'origine - qui lorsqu’elle se déclare, vous terrasse en moins d’un quart d’heure.
Nous sommes en 2073 et ce vieillard est le grand-père de ces trois gamins. De vieux souvenirs refont surface dans son esprit. Il entreprend alors de leur raconter comment était le monde d’avant et ce qu’il s’est passé. Mais allez expliquer à des enfants n’ayant jamais eu vent du passé, non instruits et ne sachant pas compter ce que représente des "millions" de morts, ce qu’est une civilisation, une maison, une école, un restaurant, une voiture, un avion, des livres, etc.
Le récit de cette apocalypse est une épopée en mode survie. Il est passionnant, mais fait froid dans le dos ! Ce que j’ai trouvé très intéressant, c’est qu’au fur et à mesure que les souvenirs lui reviennent, le vieux monsieur, qui fut jadis professeur dans une université, retrouve également progressivement l’usage de la parole et son langage devient de plus en plus clair au fil de la narration. J’ai beaucoup aimé celle-ci et les stratagèmes utilisés par l’auteur pour transmettre une histoire et une amorce de savoir à ses petits-enfants. C’est rondement bien mené.
Même si son texte date de 1912, Jack London nous livre un texte qui reste tout à fait moderne, avec un sujet dans l’air du temps, puisque des pandémies de plus en plus fréquentes ne nous épargnent pas. Un bon roman dans le genre post-apo, à lire absolument.
-
"JUSQU'AU BOUT" : commentaire d'un lecteur
- Par Thierry LEDRU
- Le 11/03/2023
Un commentaire d'un lecteur pour "JUSQU'AU BOUT."
Toujours très touché d'un retour de lecture, détaillé, sans être exhaustif, intriguant sans spoiler.
Que du bonheur.
https://philippe-renaissance.com/jusquau-bout/
Jusqu’au bout
Post published:11 mars 2023
Post comments:0 commentaire
Thierry Ledru

J’ai lu le roman Jusqu’au bout de Thierry Ledru et moi qui m’attendais à « vivre » les affres quotidiennes d’un jeune instituteur de campagne dans une commune rurale des Côtes-d’Armor en Bretagne, j’ai une cousine qui exerce ce beau métier et qui m’en a beaucoup parlé, eh bien je dois avouer que le récit m’a pris par surprise. Alors certes, la petite classe est bien décrite, les enfants, au nombre de huit, sont tous très attachants, et Pierre fait de son mieux pour leur enseigner le programme prévu par l’Éducation nationale. Mais, et c’est là tout l’intérêt de la chose à mon sens, Pierre est un rebelle né. Pour lui le seul véritable intérêt de son métier consiste à éveiller les enfants en allant au-delà de ce programme obligatoire, leur donner les outils pour penser librement, leur enseigner la nature en théorie et en pratique, et surtout les défendre contre vents et marées contre certains parents qui jugent que l’école n’est pas si indispensable que cela et que les travaux à la ferme priment avant toute chose.
L’auteur a su donner à Pierre un caractère trempé. C’est un jeune homme entier qui n’hésite pas à agir en donnant de sa personne, même à l’encontre de la loi et d’une morale qu’il réprouve. Quand je dis agir, cela va bien au-delà de l’enseignant qui se met debout sur une table pour faire comprendre un changement de point de vue. L’homme a des convictions et pour lui le monde se divise en deux catégories : ceux qui veulent le bien des enfants et leur émancipation et les autres. Pour les autres, il leur réservera un traitement assez spécial.
A contrario, pour sa vie amoureuse, ses convictions sont beaucoup moins arrêtées. Pierre se cherche, s’estimant floué par une première relation sérieuse avec qui il compte mettre beaucoup de distance. Dès lors il butine de fleur en fleur et à leur contact, se calme progressivement jusqu’à trouver les personnes avec qui il partage une entière communauté de vues.
Va-t-il s’assagir ? Rentrer dans le rang et obéir à la machine administrative ? Aura-t-il un comportement apaisé vis-à-vis des parents en général et d’un certain Miossec en particulier, la terreur des parents d’élèves qui tente de les monter contre lui ?
Vous le saurez en lisant Jusqu’au bout, jusqu’au bout… Et surtout chers lecteurs, gardez en mémoire que ce roman n’est pas une étude sociologique ayant pour cadre l’Éducation nationale. C’est avant tout l’histoire d’une vie qui se cherche, se révolte, réalise de belles choses, en commet de moins belles. Pour Pierre l’enseignement n’est pas un long fleuve tranquille, mais plutôt un torrent aussi furieux que dangereux.
Alors, installez-vous du mieux possible et laissez-vous emporter par cette histoire. Attention, ça va remuer !
-
L'argent public des coupes rases
- Par Thierry LEDRU
- Le 10/03/2023
Il est grand temps que tout le monde prenne conscience des mensonges au niveau de l'Etat et de l'avenir plus que sombre des forêts.
5 932 vues • 16 mars 2022
Notre enquête sur le plan de relance du gouvernement, présenté comme un plan d'adaptation des forêts au changement climatique, montre qu'il sert en réalité surtout à rendre service aux industriels de la filière bois.
Dans 87% des cas, les opérations financées sont des coupes rases.
La grande majorité des projets permet de planter des monocultures.
L'arbre le plus planté est le douglas, mal adapté au changement climatique mais parfait pour l'industrialisation de la gestion forestière.
Nous vous emmenons en Auvergne, dans le Livradois, pour vous montrer un projet mené par la CFBL (Coopérative Forestière Bourgogne Limousin). Une forêt saine et prometteuse y est coupée à ras, pour être replacée par une plantation, principalement de douglas. Cette vidéo aborde aussi quelques notions de sylviculture à couvert continu, grâce à la gestionnaire forestier indépendante Virginie Monatte, qui présente ici l'alternative à la coupe rase. Pour en savoir plus, voici le lien vers notre rapport complet sur le plan de relance, chiffré et sourcé
: https://www.canopee-asso.org/wp-conte...
-
Les coupes rases : massacres à la tronçonneuse.
- Par Thierry LEDRU
- Le 10/03/2023
La pétition à signer est dans le descriptif de la vidéo.
Pour signer notre pétition qui demande que PEFC protège mieux les forêts : https://www.canopee-asso.org/pour-un-...
COUPE RASE AU BOIS DU CHAT : LE DIALOGUE EST INCONTOURNABLE
02 mars 2023 | Bruno Doucet | Mise à jour le 09 mars 2023
Le Bois du Chat (Corrèze) pourrait être rasé. Deux fois déjà, les bûcherons sont venus sur place – mais ils ont été accueillis avec bienveillance par les habitantes et habitants de la zone, qui ont empêché la coupe. Pour l’instant, le Bois du Chat est sauvé.
Mais cette forêt de feuillus (chênes, hêtres), en Natura 2000, pourrait être entièrement détruite dans les semaines qui viennent et remplacée par une plantation de résineux. Et il ne s’agit pas d’un cas isolé. Cet exemple montre que les règles de gestion sylvicole de Nouvelle Aquitaine (SRGS) doivent évoluer, et interdire la transformation de forêts diversifiées en monocultures.
Alors que cette coupe pose plusieurs questions intéressantes sur la gestion sylvicole de demain, certains acteurs de la filière s’obstinent et annoncent : « Il n’est pas acceptable que des phénomènes d’opposition se développent, sous quelque forme que ce soit ».
Les habitantes et habitants bloquent la coupe
Corrèze, lundi 13 février, 6 heures du matin : des habitantes et habitants se sont réunis devant le Bois du Chat et ont fait chauffer une grande thermos de café. Des croissants ont été étalés sur une table, qui porte l’inscription “La coupe rase n’est plus à la mode”. Les bûcherons étaient attendus à tout moment pour raser l’une des dernières précieuses forêts feuillues de la région. Et en effet : les bûcherons ont débarqué… et ont immédiatement été accueillis avec bienveillance par les habitantes et habitants.
La discussion s’est engagée, et nous avons rapidement compris que les bûcherons étaient eux-mêmes attristés de devoir raser entièrement cette forêt. Les bûcherons ne pouvant pas travailler si des personnes se trouvaient sur la parcelle, ils ont négocié un report du chantier avec leur chef : ils ont plié bagage sous les applaudissements.Deux semaines plus tard, la société d’exploitation, Argil, est revenue avec de nouveaux bûcherons. De nouveau, les habitantes et habitants étaient sur place pour les accueillir calmement : seuls trois arbres ont été coupés avant que la police n’interrompe le chantier pour éviter que des habitantes ou habitants soient blessés par des arbres coupés.

« C’est le moment de s’écouter et de réfléchir ensemble »
La coupe rase programmée et son blocage par les habitantes et habitants font beaucoup parler : le ton commence à monter.
Le collectif d’habitantes et d’habitants est entièrement ouvert au dialogue et pacifique. Mais dans le même temps, le préfet de Corrèze considère qu’il existe des « risques de trouble à l’ordre public et à la sécurité des personnes et des biens aux abords du chantier ». Il a interdit le stationnement de véhicules aux abords du bois et établi un lien indirect entre l’action non-violente du collectif de défense du Bois du Chat et une « mouvance d’ultragauche violente » : cet amalgame accroit les tensions.
Dans la foulée de la réaction du préfet de Corrèze, le Syndicat des Exploitants Forestiers, Scieurs et Industriels du Limousin (SEFSIL) a lancé un « appel à toute la filière bois pour venir apporter son soutien physiquement le lundi 6 mars. » En réponse à cet appel, le collectif de défense du Bois du Chat a rédigé un courrier aux adhérents du SEFSIL, dans lequel il indique que « c’est le moment de s’écouter et de réfléchir ensemble à la mise en œuvre d’une mesure emblématique tournée vers l’avenir et le dialogue. »
« Même 5 minutes de discussion, c’est trop ! »
Le dialogue et le débat public sont essentiels pour apaiser les tensions et intégrer les attentes sociétales à la gestion forestière.
C’est pourquoi une table ronde a été proposée le lundi 6 mars au SEFSIL, à l’occasion de la manifestation de la filière aux abords du bois. Une délégation composée de plusieurs élus locaux, de la députée et Présidente de la mission d’information parlementaire sur l’adaptation des forêts au changement climatique Catherine Couturier, du Comité de Défense du Bois du Chat et de Canopée a proposé un dialogue aux manifestants. Celui-ci a été refusé, mais le principe d’une table ronde future n’a pas été écarté. Canopée invite la filière à un débat public, comme celui qui avait été organisé avec le Syndicat des Sylviculteurs du Sud-Ouest, dans le Massif des Landes de Gascogne. Ce débat avait permis d’évoluer et d’améliorer très largement les relations entre forestiers et société.
« Il n’est pas acceptable que des phénomènes d’opposition se développent, sous quelque forme que ce soit »
Jean Patrick Puygrenier, administrateur de Fransylva, le syndicat des propriétaires forestiers privés, considère que la contestation de la coupe rase au Bois du Chat n’a pas lieu d’être. Pourtant, selon la députée Catherine Couturier, ce type de conflit peut permettre de faire avancer les réflexions sur les sujets forestiers, et, à terme, la loi.
Ainsi, plusieurs personnalités politiques soutiennent le Comityé de Défense du Bosi du Chat. Parmi elles : Manon Meunier, députée de Haute Vienne, Marie Pochon, députée de la Drôme, Nicolas Thierry, Député de Gironde ou encore Marie Toussaint, Eurodéputée. Plus largement, dans une tribune parue le vendredi 03 mars, des dizaines d’élus locaux, nationaux et européens, ainsi que des associations et des personnalités s’associent à la demande de dialogue autour du Bois du Chat. De son côté, l’Eurodéputé et vice-président du groupe des Verts au Parlement Européen, Philippe Lamberts, a rédigé une question écrite à la Commission Européenne pour l’alerter sur la situation.
En un mot : la coupe du Bois du Chat soulève des interrogations de fond et dépasse la sphère locale.
Le Schéma Régional de Gestion Sylvicole (SRGS) de Nouvelle Aquitaine doit évoluer
Si une forêt privée fait plus de 25 hectares, le propriétaire doit prévoir à l’avance les coupes qu’il va réaliser dans sa forêt, et les répertorier dans un document qui s’appelle le Plan Simple de Gestion (PSG). Ce plan de gestion doit alors être approuvé par une institution, qui s’appelle le Centre Régional de la Propriété Forestière (CRPF). Le CRPF approuve les plans de gestion s’ils sont conformes aux règles de gestion de chaque région. Ces règles, ce sont les fameux Schémas Régionaux de Gestion Sylvicole (SRGS). En résumé, les SRGS listent ce que l’on peut, doit ou ne peut pas faire en forêt quand on est propriétaire privé.
Les Schémas Régionaux de Gestion Sylvicole sont en train d’être révisés, pour la première fois depuis 17 ans. Nous avons analysé le projet de SRGS de Nouvelle-Aquitaine, et il est encore largement insuffisant. Par exemple, ce projet de SRGS autoriserait une coupe telle que celle du Bois du Chat.
Dans l’état actuel, le SRGS de Nouvelle Aquitaine autorise les coupes rases dans des forêts feuillues ou diversifiées pour les transformer en plantations de monoculture.
Pourtant, la France s’est engagée à modifier ces SRGS pour tenir ses engagement sur la biodiversité et le climat :
La France a promis de faire évoluer les règles en forêt
La France s’est engagée à mettre fin à l’érosion de la biodiversité, (Convention sur le Diversité Biologique), et à maintenir ou augmenter le puits de carbone en forêt (article 5 de l’Accord de Paris).
Pour concrétiser ces engagements, elle a promis d’intégrer « les critères (…) de préservation de services écosystémiques (dont eau et biodiversité) dans les documents encadrant la gestion forestière dans les forêts” d’ici 2021 (action 3.1 de la feuille de route sur l’adaptation des forêts au changement climatique)Mais nous sommes en 2023, et la promesse de la France n’a pas été tenue.
La révision des Schémas Régionaux de Sylvicole, qui est en cours, est l’occasion parfaite pour valider enfin cette promesse.
La coupe du Bois du Chat est-elle vraiment légale ?
Si le Schéma Régional de Gestion Sylvicole de Nouvelle Aquitaine n’interdit pas, en principe, les coupes rases dans des forêts feuillues ou diversifiées pour les transformer en plantations de monoculture, il introduit tout de même quelques conditions. Celles-ci pourraient ne pas avoir été respectées :
Selon nos informations, le peuplement du Bois du Chat est déclaré dans le Plan Simple de Gestion comme étant « un taillis », c’est à dire qu’il serait constitué d’arbres issus de rejets de souches préalablement coupées. Le SRGS de Nouvelle Aquitaine n’introduit aucune condition pour les coupes rases dans les taillis. Mais il semblerait que le bois du Chat ne soit pas un taillis, mais bien une futaie ou un taillis sous futaie : c’est à dire que des arbres seraient issus directement de graines. Dans ce cas, la coupe rase n’est possible que si le peuplement est « arrivé à maturité », ce qui semble ne pas être le cas. Un gestionnaire forestier professionnel vérifiera prochainement ces informations afin de les attester.
Les parcelles menacées de coupe rase sont situées en zone Natura 2000 (directive oiseaux). En fonction de la nature du peuplement (qui sera déterminée par le gestionnaire forestier lors de son expertise), les coupes peuvent être interdites.
Informations complémentaires
La coupe menace 6 hectares de forêt feuillue, en majorité chênes et hêtres. Il s’agit des parcelles AI (i) 0195, 0045 et 0193 au lieu-dit La Chapelle, sur la commune de Tarnac (19170).
La forêt est située en zone Natura 2000 (directive oiseaux).
Après la coupe rase, la forêt devrait être replantée en résineux.
La société exploitante s’appelle Argil, une filiale du groupe Bois et Dérivés.
La société Argil est certifiée PEFC.
Le Parc Naturel Régional de Millevaches a proposé plusieurs dizaines de milliers d’euros à la propriétaire de la forêt pour laisser vieillir ses arbres et éviter la coupe rase ; mais elle a refusé.
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"La source noire" : vidéo de présentation
- Par Thierry LEDRU
- Le 08/03/2023
Je l'ai relu encore une fois et je suis toujours aussi fasciné, émerveillé, enthousiasmé. C'est un livre magnifique qui se lit comme un roman. On y rencontre Elizabeth Kübler Ross, Kenneth Ring, Raymond Moody, Stanislas Groff, Michaël Sabom, Russel Noyes, tous médecins, psychiatres, biologistes, cardiologues etc... des pointures dans leur domaine et tous se trouvent confrontés à une énigme qui les entraîne dans des recherches pointues, cadrées, vérifiées, tous aussi subjugués par leurs découvertes. Tout un réseau de chercheurs qui s'entraident, partagent leurs données, explorent la dimension de la conscience à travers les expériences de mort approchée. (NDE near death experience).
J'avais trente-huit ans la première fois que j'ai lu cet ouvrage. Je sortais d'une période très douloureuse et dont l'issue est restée incertaine un bon moment : deuxième hernie discale, paralysie de la jambe gauche, des douleurs à vouloir mourir, une opération improbable qu'aucun chirurgien ne voulait tenter, le nerf sciatique englobé dans une fibrose consécutive de ma première opération à vingt-quatre ans. Finalement, un chirurgien, devant mon état, s'est engagé, après avoir prévenu ma femme que la paralysie de la jambe pouvait être définitive.
Je n'ai pas été en état de mort approchée mais j'ai connu suffisamment de moments "étranges" pour devoir m'intéresser de près aux états de conscience modifiée. Ca n'était d'ailleurs qu'une première approche mais je ne pouvais pas le savoir à l'époque. Tout recommencera à quarante-quatre ans...Et je relirai de nouveau ce livre, puis encore un peu plus tard et de nouveau aujourd'hui.
Je sais que le Professeur Charbonnier a repris toutes ces recherches en France et j'ai lu également ses ouvrages. Mais sur un plan de l'écriture, du déroulement, de la présentation des faits, de l'enchaînement de l'histoire, je n'ai jamais rien lu dans ce domaine d'aussi extraordinaire que ce livre.
J'ai trouvé hier soir cette vidéo qui présente l'histoire.



