Blog

  • Acidification des océans.

     

     

    Environnement

    Acidification des océans : une septième limite planétaire est désormais franchie

    Sous l’effet de l’augmentation des gaz à effet de serre, le pH des océans baisse, bouleversant les équilibres marins et affaiblissant leur rôle essentiel d’absorption du CO2.

    De Romane Rubion

    Publication 17 nov. 2025, 16:14 CET

    Les Îles Salomon se trouvent dans une région de l’océan Pacifique que l’on appelle le Triangle ...

    Les Îles Salomon se trouvent dans une région de l’océan Pacifique que l’on appelle le Triangle de corail en raison de son étourdissante diversité corallienne. De nombreux coraux du monde entier sont aujourd’hui confrontés à des menaces dues au réchauffement et à l’acidification des océans, mais celui-ci se trouve dans une poche d’eau profonde et froide qui la protège possiblement de ces changements.

    PHOTOGRAPHIE DE Manu San Félix, National Geographic Pristine Seas

    L’humanité vient de franchir un nouveau seuil critique. Après le changement climatique, la déforestation, l’érosion de la biodiversité, la pollution chimique, la raréfaction de l’eau douce et la perturbation du cycle de l’azote, l’acidification des océans dépasse désormais elle aussi la limite considérée comme sûre. Selon le rapport Planetary Health Check, publié le 24 septembre par l’Institut de Potsdam pour la recherche sur l’impact climatique, sept des neuf limites planétaires définies par la communauté scientifique sont désormais dépassées. Seules la couche d’ozone et la concentration d’aérosols atmosphériques se situent encore dans des zones jugées non dangereuses.

    Le cadre des limites planétaires, présenté en 2009 par une équipe internationale menée par le Suédois Johan Rockström, visait justement à établir ces seuils à ne pas dépasser pour maintenir la stabilité du « système Terre ». Cette stabilité, qui dure depuis environ douze mille ans, a permis l’essor des sociétés humaines. Lors de sa publication, trois limites étaient déjà franchies. En 2025, il y en a sept.

    La dernière en date est l’acidification des océans, un phénomène étroitement lié aux émissions massives de CO2. En absorbant une partie de ce CO2, les mers voient leur équilibre chimique se modifier et les écosystèmes marins s’en trouvent fragilisés.

    L’AUTRE PROBLÈME DU CO2

    Pour Fabrice Pernet, chercheur en écologie et physiologie des organismes marins à l’Ifremer, « l’acidification des océans est l’autre problème du CO2 », moins visible mais tout aussi préoccupant que le réchauffement climatique. « On émet du CO2 dans l’atmosphère, [qui] se dissout à l’interface atmosphère-océan et forme de l’acide carbonique », explique-t-il. Cette réaction chimique abaisse le pH de l’eau et réduit la disponibilité des ions carbonate, indispensables à la formation du calcaire.

    Pour surveiller cette limite planétaire, les scientifiques mesurent l’état de saturation en calcaire, notamment celui de l’aragonite, un minéral très sensible à la baisse du pH. Plus la saturation diminue, moins l’eau contient de carbonate pour permettre au calcaire de se former. La limite de sécurité a été fixée à 80 % du niveau préindustriel. Mais « cet état de saturation […] a diminué d’à peu près 20 % » depuis l’ère industrielle, note le chercheur. 

    La baisse de saturation affecte directement les organismes calcifiants. « Dans une eau qui s’acidifie, le calcaire a tendance à se dissoudre plutôt qu’à se précipiter », explique-t-il. Or ce matériau constitue « le squelette de la grande majorité des organismes marins », des coraux aux huîtres en passant par certaines espèces de phytoplancton. Si la saturation diminue, leur squelette se forme plus difficilement, voire se dissout. En conséquence, « la plupart des organismes calcifiants […] montrent une difficulté à grandir ».

    Des signaux sont déjà visibles, notamment dans les océans Arctique et Austral. L’acidification progresse particulièrement vite dans ces régions polaires, où « l’eau froide dissout plus facilement les gaz que l’eau chaude ». Selon le chercheur, « on observe déjà, depuis une quinzaine d’années, des organismes [comme les ptéropodes] corrodés par l’acidification qu’on n’observait pas avant ». Leurs coquilles présentent « des petits trous, des petites irrégularités […] qui montrent un effet de l’acidification ».

    L’étoile de mer figurant à gauche a été élevée dans de l’eau normale, à Kiel (Allemagne) ...

    L’étoile de mer figurant à gauche a été élevée dans de l’eau normale, à Kiel (Allemagne) ; celle de droite, au départ identique, a été élevée dans des conditions que l’on pourrait trouver en mer Baltique en 2100. Dans certaines eaux côtières, l’acidification océanique est amplifiée par la pollution issue de la terre, favorisant des efflorescences microbiennes, qui puisent de l’oxygène dans l’eau et y rajoutent du CO2. Les photographies sont à l’échelle. L’étoile de mer de droite ne pèse qu’un cinquième de sa congénère.

    PHOTOGRAPHIE DE David Liittschwager

    Les effets physiologiques vont au-delà de la calcification. L’excès de CO2 dissous perturbe aussi la respiration des organismes marins. « Trop de CO2 peut provoquer des problèmes d’hypercapnie […] et finalement d’acidoses dans le sang ». L’accumulation de protons aggrave encore ces déséquilibres en perturbant l’équilibre acide-base et les mécanismes de régulation physiologique.

    « Ce qui fait la fragilité du corail, c’est l’acidification, certes, mais c’est surtout le réchauffement », poursuit Fabrice Pernet, évoquant « une double peine ». Le chercheur rappelle que l’effondrement des récifs coralliens entraînerait des conséquences considérables. « C’est toute une pêche vivrière associée au récif qui va s’effondrer. C’est des systèmes qui pourraient transiter vers de nouvelles espèces », souligne-t-il. À long terme, « l’acidification, […] c’est une perte de biodiversité : moins de richesses, moins d’espèces, moins de diversité et donc un état de déséquilibre, impossible à prévoir ».

    L’acidification affaiblit aussi l’un des principaux régulateurs du climat : l’océan. « Un océan acidifié absorbe moins de CO2 qu’un océan non acidifié », rappelle le spécialiste. Cette capacité d’absorption dépend de l’alcalinité : plus on ajoute d’acide, plus elle diminue. Aujourd’hui, l’océan capte environ 25 % des émissions mondiales de CO2, tandis que les forêts en absorbent environ 30 %. Mais « la capacité de l’océan à nettoyer notre atmosphère […] diminue ». Les observations du Global Carbon Project montrent en effet que « le puits océanique de CO2 est en train de s’affaiblir », un phénomène « tout à fait attendu », souligne Fabrice Pernet.

    Face à l’acidification des océans, la seule réponse durable reste la baisse massive des émissions de CO2. « Aujourd’hui, on n’est pas du tout sur cette trajectoire-là », constate-t-il, rappelant que la cible des 1,5 °C sera dépassée d’ici quatre ans et que le monde se dirige plutôt vers un réchauffement d’environ 2 °C à l’horizon 2050. Les conséquences seraient dramatiques pour les récifs. « Ce qu’on dit, globalement, c’est qu’à plus de deux degrés à l’horizon 2050, c’est tous les coraux tropicaux, tous les coraux d’eau chaude, qui disparaissent de la planète. C’est la Grande Barrière de corail, c’est tous les coraux du Pacifique, des Caraïbes […] qui n’existeront plus. Tout ça, ce ne sera plus qu’une carte postale », alerte-t-il.

    Des leviers locaux existent toutefois pour atténuer ponctuellement les effets de l’acidification, notamment « la végétalisation des océans ». Le recours à des végétaux marins, en particulier certaines espèces de macroalgues, peut aider à capter le CO2 et à améliorer localement la chimie de l’eau. Une solution utile mais limitée, qui ne peut en aucun cas remplacer une réduction rapide et globale des émissions.

    La Grande Barrière de corail compte parmi les environnements marins les plus diversifiés au monde, abritant ...

    La Grande Barrière de corail compte parmi les environnements marins les plus diversifiés au monde, abritant 5 000 types de mollusques, 1 800 espèces de poissons et 125 espèces de requins. Une grande partie de cette diversité est menacée par le réchauffement des océans et leur acidification.

    PHOTOGRAPHIE DE David Doubilet, National Geographic Creative

    UN CADRE POUR COMPRENDRE L’URGENCE

    L’acidification des océans est l’une des dimensions suivies dans le cadre des limites planétaires, un référentiel qui évalue jusqu’où nous pouvons exercer des pressions sur la planète sans entrer dans une zone de danger. Aurélien Boutaud, consultant indépendant et chercheur associé à l’UMR 5600 du CNRS, co-auteur de Les limites planétaires, invite à manier ce concept avec prudence et à ne pas surinterpréter les dépassements. « Ce n’est pas parce qu’on a franchi [sept] limites que, pour autant, tout va s’effondrer. Mais c’est une alerte supplémentaire ».

    Ce cadre vise à « faire passer des messages auprès du public et des décideurs », bien qu'il reste encore discuté. « Fixer de telles limites, c’est extrêmement difficile », souligne le chercheur, car il faut choisir les bons indicateurs et déterminer à partir de quel niveau une pression devient dangereuse. Les scientifiques ne sont d’ailleurs « pas forcément tous d’accord sur la manière de définir une limite ou une frontière planétaire ».

    Malgré ces débats, les limites planétaires gagnent en légitimité année après année. « Dans la sphère académique, c’est vraiment un référentiel qui a une tendance quand même à s’imposer », note Aurélien Boutaud. Dans l’action publique, son influence reste limitée, même si « certains acteurs publics s’y intéressent et décident de poser ce référentiel dans le débat ». En France, il a par exemple été utilisé dans des publications du ministère de la Transition écologique.

    Pour Aurélien Boutaud, l’un des apports majeurs des limites planétaires est de montrer que la crise écologique ne se résume ni au changement climatique ni à la biodiversité. « Le concept de limites planétaires a permis de faire prendre conscience qu’il existait d’autres thématiques très importantes à intégrer », tout en révélant « la dimension systémique de la crise planétaire ». Les différentes variables sont en effet « en bonne partie inter-reliées ». L’acidification des océans illustre bien cette interdépendance puisqu’elle menace la biodiversité et perturbe également le climat.

    Selon le chercheur, le concept a aussi le mérite de faire comprendre la notion de « point de bascule », un seuil au-delà duquel « les changements deviennent irréversibles et nous feraient sortir de l’équilibre écologique propre à l’Holocène », la période stable qui dure depuis environ 12 000 ans. « Ce que cherchent à définir ces fameuses frontières planétaires, c’est ce moment-là : celui où le point de bascule devient possible. Cela ne veut pas dire qu’il est certain, mais qu’on entre dans une zone où la situation devient dangereuse », précise-t-il.

  • Tuvalu

     

    « C'est parce que chaque nation pense à son propre intérêt que nous nous sommes retrouvés dans ce pétrin », relève Kofe. « Nous devons cesser de nous comporter comme si nous étions tous sur des îles. »

     

    Environnement

    Cette île du Pacifique est en train de disparaître

    Tuvalu, État insulaire du Pacifique, est aux avant-postes de la crise climatique. Ses habitants luttent pour conserver leurs terres et leur identité.

     

    De Simone Stolzoff

    Publication 10 juil. 2024, 15:50 CEST

    Un couple à moto passe dans le coin le plus étroit de l'île Fongafale à Funafuti, ...

    Un couple à moto passe dans le coin le plus étroit de l'île Fongafale à Funafuti, une région de Tuvalu. L'océan Pacifique s'étend à droite et un bassin à gauche. L'atoll corallien a été identifié comme l'une des îles les plus vulnérables au changement climatique.

    PHOTOGRAPHIE DE Sean Gallagher

    À la naissance de Taukiei Kitara, ses parents ont coupé son cordon ombilical en deux morceaux, comme le voulait une tradition de son pays natal, Tuvalu. Ils ont planté l'un des morceaux du cordon ombilical à la base d'un cocotier, à environ neuf mètres du rivage et ont offert l'autre à l'océan. Pendant son enfance, Kitara se rendait à l'arbre pour prendre connaissance de son état de santé et brossait les feuilles tombées au sol. 

    Tuvalu est un État insulaire habité par moins de 12 000 personnes, et situé à mi-chemin entre Hawaï et l'Australie. L'altitude moyenne du pays est inférieure à trois mètres au-dessus du niveau de la mer, ce qui le rend particulièrement sensible aux effets du changement climatique. Les scientifiques estiment qu'en 2050, 50 % de Funafuti, la capitale dans laquelle plus de la moitié des habitants vit, sera submergée.

    Beaucoup considèrent Tuvalu comme un exemple de ce à quoi les autres communautés côtières seront confrontées dans les années à venir. Des chercheurs prévoient que d'ici à 2050, les habitants seront sûrement forcés de migrer à cause du changement climatique. La position précaire de Tuvalu l'a forcé à se poser une question existentielle : que se passe-t-il lorsqu'un pays n'a plus de terres ?

    Le mot « terre, territoire » se dit fenua en tuvaluan et fait référence au territoire physique, mais aussi au sentiment d'appartenance enraciné dans l'identité d'une personne. À Tuvalu, les terres sont détenues par la communauté et transmises de génération en génération. Les Tuvalais enterrent leurs ancêtres dans des mausolées à proximité de leurs portes d'entrée. La terre abrite leurs proches, leur histoire et leurs traditions, ce qui rend la question de leur départ insoluble.

    « Nous ne pouvons pas considérer que la migration est un fait acquis », explique Maina Talia, ministre du changement climatique de Tuvalu. « Mais si nous nous réveillons demain matin et que la moitié de la population a été anéantie par l'océan, qui devrons-nous blâmer ? »

    Dans l'ombre de cette menace existentielle se cache une question personnelle pour les Tuvalais : dois-je rester ou partir ? Certains Tuvalais considèrent l'option de partir pour être en sécurité, mais la majorité des personnes avec qui j'ai pu échanger veulent rester.

    « C'est vrai que le changement climatique nous affecte, mais on veut rester », explique Fenuatapo Mesako, un chargé de programme à l'Association de santé familiale de Tuvalu. « On ne veut pas être des Tuvalais dans un autre pays. On veut être des Tuvalais à Tuvalu. »

    Une vue aérienne de l'extrémité méridionale de Funafuti à Tuvalu. Partout dans le monde, la montée ...

    Une vue aérienne de l'extrémité méridionale de Funafuti à Tuvalu. Partout dans le monde, la montée des eaux empiète sur les régions côtières. Les États insulaires comme Tuvalu sont particulièrement vulnérables. Les régions les plus peuplées de l'état pourraient se retrouver submerger à la fin du siècle.

    PHOTOGRAPHIE DE Kalolaine Fainu, Guardian, Redux

    EN PREMIÈRE LIGNE DU CHANGEMENT CLIMATIQUE

    Lorsque l'on arrive en avion, l'atoll de Funafuti apparaît comme un croissant de lune vert dans un vaste ciel aquatique.

    Au total, les neuf îles qui constituent Tuvalu ont une superficie d'environ vingt-six kilomètres carrés. En plus d'être à la limite de la crise climatique, Tuvalu est connu pour deux choses : c'est l'un des États les moins visités au monde et il possède le suffixe de domaine .tv, qui est la deuxième plus grande source de revenus du pays après la vente des droits sur ses territoires de pêche.

    Quelques minutes avant l'atterrissage de l'avion à l'aéroport international de Funafuti, une sirène se déclenche en ville pour inciter les gens à dégager la piste. La piste d'atterrissage, qui n'accueille que quatre vols par semaine, sert à la fois d'autoroute à plusieurs voies, de terrain de volley-ball et de lieu de pique-nique, selon l'heure de la journée.

    Le changement climatique est incrusté dans presque tous les aspects de la vie quotidienne. L'eau de mer s'est infiltrée dans le sol de l'île et a rendu difficile la culture de produits de base du régime alimentaire de Tuvalais, tels que le taro, l'arbre à pain et la noix de coco. Les marées royales, qui se sont progressivement intensifiées ces dernières années, balaient l'île depuis l'océan une fois par mois, inondant la piste d'atterrissage et les maisons des habitants.

    Des enfants font du vélo sur la piste d'atterrissage de l'aéroport international de Funafuti à Tuvalu. ...

    Des enfants font du vélo sur la piste d'atterrissage de l'aéroport international de Funafuti à Tuvalu. Il n'y a que très peu de vols par semaine dans l'atoll. Lorsqu'elle n'est pas utilisée, la piste d'atterrissage est l'endroit où se déroulent des activités communautaires.

    PHOTOGRAPHIE DE Kalolaine Fainu, Guardian, Redux

    « Quand j'étais plus jeune, la vie était différente », souligne Menimei Melton, âgée de vingt-cinq ans. « J'ai connu le changement climatique lorsque j'étais enfant, mais je ne voyais pas vraiment à quel point ça nous affectait. »

    Bien que le changement climatique ait contribué à rehausser le profil du pays sur la scène internationale, les habitants veulent s'assurer que Tuvalu n'est pas défini uniquement par sa relation avec une crise qu'ils n'ont que peu contribué à produire. D'après Climate Watch, Tuvalu est l'un des vingt-cinq pays dont l'empreinte carbone par habitant est la plus faible au monde.

    « Je pense que les nouvelles effraient inutilement les gens », soupire Afelee Falema Pita, l'ancien ambassadeur de Tuvalu auprès des Nations unies, qui a quitté une vie à New York pour ouvrir avec sa femme un centre de villégiature écologique. « Nous pouvons organiser un atelier après l'autre, mais si nous passons 365 jours par an à parler du changement climatique, nous ne vivons pas nos vies ici. »

    C'est un équilibre délicat à trouver. D'une part, le changement climatique n'est pas un phénomène lointain à Tuvalu : il exige une attention immédiate. Et pourtant, Tuvalu ne se résume pas à ses marées montantes.

    En marchant dans les rues de Funafuti, les mélodies des hymnes religieux se mêlent aux voix des familles qui chantent au karaoké. Vous tomberez peut-être sur quarante personnes âgées jouant au bingo sous le toit de chaume de la salle des fêtes, ou sur un groupe de jeunes d'une vingtaine d'années pratiquant le fatele, la danse traditionnelle des Tuvalais, où les danseurs se déplacent sur un rythme de plus en plus rapide jusqu'à ce qu'ils soient pris d'un fou rire contagieux.

    À Tuvalu, les valeurs ne sont pas juste évoquées, elles sont vécues. Falepili se manifeste de multiples façons, qu'il s'agisse de l'absence de criminalité et de sans-abri, des fréquents repas publics ou de la politique étrangère du pays. La culture qui fait de cet État ce qu'il est n'est pas facilement transposable sur un autre continent.

    COMPORTEMENTS INSULAIRES

    En novembre dernier, Tuvalu et l'Australie ont signé un accord bilatéral sur le climat et la migration, l'accord Falepili, qui offre à Tuvalu 16,9 millions de dollars australiens (environ 10 millions d'euros) pour des projets de restaurations côtières et des visas pour 280 Tuvalais qui deviendront des résidents permanents de l'Australie la même année. Les habitants de Funafuti ont des opinions mitigées concernant cet accord. Certains le voient comme un parcours de bienvenue pour ceux souhaitant partir. D'autres ont peur que cet accord empiète sur la souveraineté de Tuvalu.

    « La meilleure chose que l'Australie puisse faire pour soutenir des pays comme Tuvalu est d'arrêter ses industries de combustibles fossiles », déclare Richard Gorkrun, directeur exécutif du Tuvalu Climate Action Network.

    Le gouvernement essaie d'assurer que Tuvalu gardera sa souveraineté et ses droits dans ses territoires de pêche même si le changement climatique rend les îles inhabitables. En septembre dernier, le Parlement de Tuvalu a adopté à l'unanimité un amendement visant à conserver son statut d'État à perpétuité, qu'il demande à présent aux autres nations de reconnaître officiellement.

    Le pays fait également l'objet de deux projets d'infrastructure de grande envergure. La première est une initiative de récupération des terres, principalement financée par le Fonds vert pour le climat des Nations Unies, qui consiste à transporter du sable depuis le milieu de l'océan pour construire cinq kilomètres carrés de nouvelles terres protégées à Funafuti. Le second est le projet Future Now, une « migration touristique » des services gouvernementaux et des objets historiques vers le métavers, qui permettra à Tuvalu de conserver son identité culturelle même si sa terre disparaît sous les flots.

    Un projet de récupération des terres dans le centre de Funafuti vise à fournir de nouveaux ...

    Un projet de récupération des terres dans le centre de Funafuti vise à fournir de nouveaux bâtiments pour le gouvernement local. Du sable transporté depuis le milieu de l'océan a permis de créer cinq kilomètres carrés de terre à Tuvalu.

    PHOTOGRAPHIE DE Sean Gallagher

    Dans la mesure de ses possibilités, Tuvalu essaie de laisser ses valeurs communautaires guider sa façon de naviguer dans l'incertitude de l'avenir. Lorsque des feux de forêt meurtriers ont ravagé l'Australie en 2020, par exemple, le gouvernement tuvalais a fait don de près de 280 000 € pour soutenir les opérations de secours, même s'il s'agissait, à l'époque, d'un don plus important en proportion du PIB que ce que l'Australie avait jamais donné à Tuvalu. Certains fonctionnaires du gouvernement ont refusé : « 300 000 $, c'est qu'une goutte d'eau dans l'océan pour un pays aussi gros que l'Australie, ont-ils pensé. Quelle différence cela ferait-il ? »

    Mais le montant du don n'a pas d'importance. « Il ne peut y avoir de décalage entre la manière dont nous agissons au sein du gouvernement et la façon dont nous vivons au niveau communautaire », a déclaré Simon Kofe, qui était à l'époque ministre des Affaires étrangères de Tuvalu. « Si c'est le cas, nous nous comportons comme n'importe quelle autre nation, guidés uniquement par notre intérêt général. »

    Ainsi, si la communauté internationale prend Tuvalu en pitié en raison de sa vulnérabilité à l'élévation du niveau des mers, ce sont peut-être les Tuvalais qui devraient plaindre les pays occidentaux développés qui, dans leur quête d'une richesse matérielle et d'une croissance sans fin, ont largement perdu de vue l'action collective nécessaire pour faire face à la crise climatique.

    « C'est parce que chaque nation pense à son propre intérêt que nous nous sommes retrouvés dans ce pétrin », relève Kofe. « Nous devons cesser de nous comporter comme si nous étions tous sur des îles. »

  • Rendre des comptes

    "Il est impératif que les responsables rendent des comptes"

     

    On pourrait en rire si ce n'était si grave. Jamais, aucun gouvernement, n'attaquera les multinationales responsables des atteintes à la vie de la planète. Personne ne touchera jamais à la croissance même si cette croissance accélère d'autant le processus de dévastation. Et je ne limite bien évidemment pas cette dévastation à l'humanité mais bien à l'ensemble du vivant. Et le jour où l'ensemble de l'humanité prendra conscience que l'atteinte à l'ensemble du vivant condamne l'humanité toute entière, il sera trop tard. Et il ne sera plus temps de trouver des coupables. 

     

    Le haut-commissaire des Nations unies aux droits de l'homme dénonce les résultats "faibles" de la COP30 et déplore "l'inaction fatale" des dirigeants

     

    La 30e conférence des Nations unies sur le climat s'est achevée samedi à Belem au Brésil par l'adoption d'un accord a minima.

    Article rédigé par franceinfo avec AFP

    France Télévisions

    Publié le 24/11/2025 13:40

    Temps de lecture : 2min Le haut-commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Volker Turk, à Genève, en Suisse, le 8 septembre 2025. (FABRICE COFFRINI / AFP)

    Le haut-commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Volker Turk, à Genève, en Suisse, le 8 septembre 2025. (FABRICE COFFRINI / AFP)

    Il ne mâche pas ses mots. Le haut-commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Volker Türk, a déploré, lundi 24 novembre, les "faibles résultats" de la COP30 au Brésil. L'inaction fatale" des dirigeants pourrait un jour être considérée comme un "crime contre l'humanité", prévient-il. (C'est déjà le cas, dans les faits.)

    À lire aussi

    Adaptation au changement climatique, énergies fossiles, forêts tropicales... Ce qu'il faut retenir de la COP30 après l'accord trouvé à Belém


    Lors d'une intervention au Forum des Nations unies sur les entreprises et les droits de l'homme à Genève, Volker Türk, a mis en lumière un arrêt récent de la Cour internationale de Justice stipulant que
    "les gouvernements doivent prévenir toute atteinte grave à notre climat, notamment en réglementant les entreprises".

    La Cour interaméricaine des droits de l'homme a également reconnu le droit à un climat stable et a appelé les pays à "imposer aux entreprises le devoir de diligence et à prévoir des réparations pour les préjudices liés au climat", a-t-il rappelé.

    "Il est impératif que les responsables rendent des comptes"

    La 30e conférence des Nations unies sur le climat s'est achevée samedi à Belém, au Brésil, par l'adoption d'un accord a minima, sans évocation explicite des énergies fossiles, mais salué par certains comme une preuve que le multilatéralisme fonctionnait encore. Volker Türk a estimé pour sa part que les "maigres résultats" illustraient comment "les déséquilibres de pouvoir des entreprises se manifestent dans l'urgence climatique". "L'industrie des combustibles fossiles génère des profits colossaux tout en dévastant certaines des communautés et des pays les plus pauvres du monde", a-t-il déclaré. "Il est impératif que les responsables de cette injustice, et de tous les autres préjudices liés au dérèglement climatique, rendent des comptes".

    À lire aussi

    COP30 à Belém : voici comment le thermomètre mondial s'emballe, malgré les objectifs de l'accord de Paris

    Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres avait salué samedi, l'adoption de plusieurs textes au terme de la COP30 au Brésil(Nouvelle fenêtre) tout en reconnaissant que "beaucoup peuvent se sentir déçus" par le résultat des discussions. "Les COP fonctionnent par consensus, et en période de fractures géopolitiques, parvenir à un consensus est plus difficile que jamais", a-t-il observé. En matière de lutte contre le changement climatique, "je continuerai à plaider pour une ambition plus élevée et une plus grande solidarité", a encore dit le chef de l'ONU.

  • Droit dans le mur

    Pour ceux et celles qui n'auraient pas percuté sur le message d'hier, il suffira de lire le compte-rendu de la COP 30 pour constater qu'il n'est jamais question de décroissance...

    Jamais.

    Donc, en conclusion, on va droit dans le mur. 

     

    Adaptation au changement climatique, énergies fossiles, forêts tropicales... Ce qu'il faut retenir de la COP30 après l'accord trouvé à Belém

     

    Article rédigé par Camille Adaoust, Robin Prudent

    France Télévisions

    Publié le 22/11/2025 18:42 Mis à jour le 22/11/2025 18:44

    Temps de lecture : 13min Le président de la COP30, Andre Correa do Lago, applaudit lors de la plénière de clôture du sommet de Belém (Brésil), le 22 novembre 2025. (PABLO PORCIUNCULA / AFP)

    Le président de la COP30, Andre Correa do Lago, applaudit lors de la plénière de clôture du sommet de Belém (Brésil), le 22 novembre 2025. (PABLO PORCIUNCULA / AFP)

    Le sommet pour le climat qui se déroulait à Belém, au Brésil, s'est terminé samedi, après deux semaines de négociations. Franceinfo résume les avancées obtenues.

    Pendant deux semaines sous la chaleur et les averses torrentielles, les négociateurs ont eu un aperçu de la vie sous un climat équatorial. La COP30 s'est terminée à Belém, au Brésil, samedi 22 novembre, et le coup de marteau du président du sommet, André Correa do Lago, a officialisé l'adoption, par près de 200 pays, d'un texte commun(Nouvelle fenêtre) sur l'action climatique.

    À lire aussi • Direct

    COP30 au Brésil : les Etats adoptent un accord climatique a minima, sans plan de sortie des énergies fossiles

    Titré "Mutirão(Nouvelle fenêtre) mondial : unir l'humanité dans une mobilisation mondiale contre le changement climatique", le document rappelle la "décennie cruciale" qui est en cours, acte le retard pris dans la lutte mondiale contre le phénomène et annonce plusieurs avancées. Voici ce qu'il faut retenir de cette COP30, qui s'est déroulée aux portes de l'Amazonie brésilienne.

    Pas de feuille de route de sortie des énergies fossiles

    Le sujet a fait l'objet de négociations acharnées : certains pays, dont ceux de l'Union européenne, souhaitaient réaffirmer l'objectif de sortir des énergies fossiles, comme l'avait vivement souhaité le président brésilien Lula lors de l'ouverture. Le texte final ne mentionne finalement pas le sujet. "Les combustibles fossiles sont la cause profonde de la crise climatique et il n'existe aucune voie crédible pour atteindre des objectifs climatiques fondés sur la science sans une sortie rapide, équitable et financée de ces énergies", a commenté Rachel Cleetus, directrice de la politique pour le programme Climat et Energie de l'Union des scientifiques préoccupés.

    A la COP28 de Dubaï en 2023, plus de 190 pays s'étaient engagés(Nouvelle fenêtre) à "opérer une transition juste, ordonnée et équitable vers une sortie des combustibles fossiles dans les systèmes énergétiques". Mais depuis deux ans, les négociations n'ont pas produit d'avancées notables sur sa mise en pratique. "La feuille de route [de sortie des énergies fossiles] telle qu'on l'imaginait inscrite dans le texte n'est plus là", a déploré la ministre de la Transition écologique française, Monique Barbut. Toutefois, André Correa do Lago a annoncé la création d'une feuille de route sur le sujet pour les pays volontaires, une initiative en dehors des négociations officielles, qui sera "guidée par la science".

    Le texte de Belém fait toutefois référence au consensus de Dubaï, et lance un "Accélérateur mondial de la mise en œuvre", une "initiative coopérative, facilitatrice et volontaire" pour constater le retard pris et y remédier. "Le nouveau texte mentionne bien explicitement un programme de travail sur l'accélération avec un focus sur le consensus des Emirats Arabes unis, ce qui revient dans les faits aux mêmes effets que d'avoir une feuille de route sur la transition vers l'abandon des énergies fossiles", note depuis Belém Sébastien Treyer, directeur général de l'Institut du développement durable et des relations internationales. Ce n'est pas pour moi un échec sur ce sujet, parce que ça permet aussi de ne pas rouvrir la discussion sur la formulation de cet objectif durement gagné à la COP28."

    En parallèle, la Colombie a rassemblé une coalition de pays du Pacifique, d'Amérique latine et d'Europe (mais pas la France) pour soutenir "l'appel à élaborer une feuille de route pour une transition juste, ordonnée et équitable vers l'abandon des combustibles fossiles, afin d'intensifier l'action collective et sa mise en œuvre". Le pays a aussi annoncé la tenue de la première conférence internationale sur la sortie des énergies fossiles les 28 et 29 avril 2026, en partenariat avec les Pays-Bas.

    Un meilleur financement pour l'adaptation au changement climatique

    Alors que 71 pays ont soumis des plans nationaux d'adaptation au changement climatique, la plupart d'entre eux manquent de financements. Le texte final de la COP souligne donc "l'urgence de fournir et de mobiliser des ressources publiques et des subventions ainsi que des financements à des conditions très avantageuses pour l'adaptation dans les pays en développement, en particulier ceux qui sont particulièrement vulnérables (...), tels que les pays les moins avancés et les petits Etats insulaires en développement".

    Les pays réunis à la COP30 ont décidé de tripler les financements alloués à l'adaptation d'ici à 2035. "La COP30 n'a pas répondu à toutes les attentes de l'Afrique, mais elle a permis de faire progresser les choses. Il est désormais plus clair que les acteurs historiques ont des devoirs spécifiques en matière de financement climatique", a salué Jiwoh Abdulai, ministre de l'Environnement et du Changement climatique de Sierra Leone.

    Une réaffirmation de l'accord de Paris

    Dix ans après la COP21 et l'accord de Paris qui, pour la première fois,(Nouvelle fenêtre) avait fixé un cap et des objectifs de réduction des gaz à effet de serre, les Etats devaient présenter, lors de cette conférence au Brésil, leurs nouveaux plans climatiques pour maintenir le réchauffement mondial sous la barre de +1,5°C par rapport à l'ère pré-industrielle. Si cet objectif est désormais jugé hors d'atteinte, l'accord de Paris a permis de limiter les dégâts : au lieu de se diriger vers un réchauffement de l'ordre de 4°C, la planète suit une pente l'amenant vers +2,5°C.(Nouvelle fenêtre)

    À lire aussi

    COP30 à Belém : voici comment le thermomètre mondial s'emballe, malgré les objectifs de l'accord de Paris

    A la COP30, les pays ont ainsi constaté ces "lacunes". "Malgré les progrès accomplis, les trajectoires mondiales des émissions de gaz à effet de serre ne sont pas encore conformes à l'objectif de température de l'accord de Paris, et la fenêtre d'opportunité pour rehausser les ambitions et mettre en œuvre les engagements existants afin d'y parvenir se réduit rapidement", déplore le texte. Les Etats "réaffirment avec force" leur engagement envers le multilatéralisme et les objectifs de l'accord de Paris et s'engagent "à rester unis dans la poursuite des efforts". Et ce avec "l'espoir que l'accord bénéficiera à nouveau d'une quasi-universalité", référence à la sortie récente des Etats-Unis(Nouvelle fenêtre).

    Une petite piqûre de rappel est faite aux pays qui n'ont pas encore publié leur feuille de route nationale, puisque seuls 122 l'ont fait dans les temps. La COP30 lance par ailleurs une "Mission Belém pour 1,5°C", afin de "renforcer l'ambition et la mise en œuvre" de ces plans.

    Un fonds d'un nouveau genre pour protéger les forêts tropicales

    La COP30, qui s'est déroulée en Amazonie, souligne "l'importance de conserver, protéger et restaurer la nature et les écosystèmes". Elle affiche ainsi la volonté d'intensifier "les efforts visant à stopper et inverser la déforestation et la dégradation des forêts d'ici à 2030". C'est cet enjeu même qui a fait l'objet de l'une des premières grandes annonces du sommet : le président brésilien a créé un mécanisme d'un nouveau genre pour protéger les forêts tropicales, la Facilité de financement des forêts tropicales(Nouvelle fenêtre) (TFFF). Concrètement, il s'agit d'un fonds d'investissements, qui sera abondé d'abord par des Etats, puis par des entreprises pour investir sur les marchés et financer la transition énergétique. Les profits, après paiement des intérêts aux investisseurs, seront reversés aux pays tropicaux présentant de faibles taux de déforestation.

    À lire aussi

    "Approche concrète" ou "capitalisme vert" ? On vous présente le nouveau fonds de lutte contre la déforestation annoncé par Lula pour la COP30

    L'objectif est de rendre plus rentable la préservation des arbres par rapport à leur abattage, surtout dans les pays en développement, où se situent la majeure partie des forêts primaires. Ce fonds vise un rendement moyen de 5,5% sur vingt ans, soit 3,4 milliards de dollars de liquidités par an. De quoi tripler le financement international non remboursable alloué aux forêts. Plusieurs pays ont déjà annoncé qu'ils participeraient à ce fonds, dont le Brésil, l'Indonésie, la Norvège, le Portugal, l'Allemagne et la France.

    Ce nouveau système ne fait toutefois pas fait l'unanimité : "Sans une réglementation stricte visant à mettre fin aux flux financiers vers les industries destructrices, le TFFF risque de devenir un énième mécanisme bien intentionné pris au piège dans un système défaillant", a réagi Tom Picken, de l'organisation environnementale Rainforest Action Network. La Global Forest Coalition estime de son côté que ce fonds est une "fausse solution" et dénonce le "capitalisme vert". Malgré les réticences, ce nouveau fonds "vaut mieux que d'attendre la solution parfaite, nuance Mauricio Voivodic, de l'ONG WWF, qui a participé à son élaboration. Il n'y a pas de solution miracle." Une feuille de route pour arrêter la déforestation a par ailleurs été annoncée par la présidence de la COP, samedi.

    Une meilleure prise en compte des peuples autochtones

    C'est l'image qui restera de la COP30. Des dizaines de représentants des peuples autochtones ont bloqué pacifiquement l'entrée de la conférence de l'ONU(Nouvelle fenêtre), samedi 15 novembre. "Nous espérons que les dirigeants mondiaux réunis à la COP30 prendront en considération notre existence et respecteront nos droits", ont notamment réclamé les membres du peuple des Munduruku.

    À lire aussi : Reportage

    "C'est pour montrer que nous existons" : à Belém, en marge de la COP, des milliers de militants et d'indigènes marchent pour le climat

    Réunis samedi 22 novembre, les pays du monde entier ont signé en faveur d'une reconnaissance "des droits des peuples autochtones, ainsi que leurs droits fonciers, et leurs savoirs traditionnels", et souligné leur "rôle important et [leur] engagement". Lors de la clôture du sommet des Peuples(Nouvelle fenêtre), organisés en marge de la COP30, dimanche 16 novembre, le gouvernement brésilien a annoncé que plus de démarcations – et donc de protection – de leur territoires seraient actées dans l'année à venir. La démarcation est une étape intermédiaire dans le processus de reconnaissance des terres appartenant aux autochtones, qui obtiennent le statut de réserves inviolables et protégées après homologation par le président. De nouveaux territoires ont déjà été délimités dans sept Etats du pays, au bénéfice des peuples munduruku, tupinamba, guarani-kaiwa et pataxo notamment, selon un communiqué de l'exécutif brésilien.

    Des engagements pour diminuer les émissions de méthane 

    Invisible, inodore, mais très nocif… Plusieurs engagements ont vu le jour durant la COP30 concernant le méthane(Nouvelle fenêtre). Généré par les bovins et les rizières et par les fuites de gaz fossile dans les gazoducs et les installations gazières, il est le deuxième plus important gaz à effet de serre après le CO2. Sept pays, dont la France, l'Allemagne, le Royaume-Uni et le Canada, se sont engagés à réduire presque à zéro leurs émissions de méthane liées aux énergies fossiles, "le moyen le plus rapide de ralentir le réchauffement climatique" selon une déclaration commune.

    À lire aussi

    La guerre est déclarée contre le méthane, gaz à effet de serre plus puissant que le CO2 mais plus simple à combattre

    Egalement à l'occasion de la COP30, le Brésil et le Royaume-Uni ont lancé un programme de trois ans visant à réduire les émissions de super-polluants dans les pays éligibles à l'aide publique au développement, visant à enrôler 30 pays d'ici à 2030 en mobilisant 150 millions de dollars. Enfin, deux organisations, le Global Methane Hub et le Global Green Growth Institute ont annoncé un partenariat pour accélérer la réduction des émissions de méthane dans les pays en développement, avec l'espoir de mobiliser 400 millions de dollars.

    Une déclaration pour accélérer la transition vers des carburants durables

    Les dirigeants de 19 pays, dont le Brésil, le Canada et le Japon, ont adopté une déclaration visant à accélérer la transition vers les carburants durables, et ainsi s'éloigner de la dépendance persistante au gaz et au pétrole. Concrètement, l'objectif annoncé est de multiplier par quatre l'utilisation des carburants durables d'ici 2035, par rapport à 2024, en passant notamment par une utilisation plus importante de l'hydrogène, des biogaz et des biocarburants.

     

     

     

     

     

  • Survie de l'espèce humaine.

    Rien à ajouter.

    Sinon que nous sommes tous concernés. Huit milliards. Mais dans le tas, il y a un nombre conséquent d'abrutis. C'est ça le problème. 

     

    586564747 10227619472026952 1849503949325254204 n

  • Le Fipronil ou l'hypocrisie des marchands

    Je voudrais que tous ces chimistes crèvent des poisons qu'ils fabriquent, que tous les marchands les accompagnent dans leur agonie, je voudrais que tous les politiciens qui mangent dans la main des financiers se cancérisent.

     

    "Je vais vous parler d’un produit qu’on appelle le Fipronil.

    Ce nom ne vous dit peut-être rien, mais vos abeilles, elles, s’en souviennent. 

    ACTE 1 — Le poison parfait

    Le Fipronil, c’est un insecticide neurotoxique, conçu pour dérégler le système nerveux des insectes.

    Mais il a une autre spécialité : il empoisonne la chaîne alimentaire. 

    Les études sont claires :

    Il provoque des convulsions, des atteintes du foie et des reins,

    Il agit comme un perturbateur hormonal,

    Et chez les abeilles, il détruit la mémoire de vol, la communication, la reproduction, bref, tout ce qui fait une ruche vivante. 

    Résultat ? Des ruches entières s’effondrent, silencieusement. Et pendant qu’on accuse les frelons asiatiques, le véritable assassin, lui, s’appelle BASF Saint-Aubin-lès-Elbeuf.

    ACTE 2 — Interdit chez nous, exporté ailleurs

    Car oui, tenez-vous bien :

    le Fipronil est interdit d’usage agricole en Europe depuis 2017.

    Mais il est toujours produit en France.

    À Saint-Aubin-lès-Elbeuf, en Normandie, derrière les murs d’une usine BASF, on fabrique ce pesticide interdit.

    Pas pour nos champs, bien sûr !

    Non, pour l’export. 

    C’est “légal”, disent-ils.

    On n’a pas le droit de l’utiliser ici, mais on a le droit de l’expédier là-bas.

    Autrement dit : “Trop dangereux pour nos abeilles, parfait pour les leurs.”

    Et tant pis si les populations locales en crèvent, ou si la molécule finit dans les rivières tropicales.

    ACTE 3 — Les abeilles du Sud meurent pour nos biscuits

    Le Fipronil part en Indonésie, pour les plantations d’huile de palme. 

    Il part aussi au Brésil, pour la canne à sucre. 

    Et là-bas, il fait le même carnage : abeilles foudroyées, biodiversité lessivée, sols stérilisés.

    Mais, attention, le plus beau, c’est le retour :

    le sucre et l’huile produits avec ce poison… reviennent chez nous. 

    Ils reviennent dans vos biscuits, vos desserts, vos sauces, vos shampoings.

    Et l’Union européenne, dans sa grande sagesse bureaucratique, vient même de doubler le seuil de résidus autorisés dans ces produits importés.

    Autrement dit : on sait qu’il y en a plus, alors on relève la tolérance.

     ACTE 4 — Le marché du cynisme

    On appelle ça le libre-échange.

    Moi, j’appelle ça le libre empoisonnement. 

    Grâce au futur accord Mercosur, les échanges entre l’Europe et l’Amérique latine seront encore facilités :

     le sucre du Brésil entrera sans droits de douane jusqu’à 180 000 tonnes par an,

    et nos usines pourront exporter leurs pesticides sans presque aucune taxe.

    Vous la sentez, la petite odeur d’hypocrisie ?

    On interdit ici, on vend ailleurs, et on réimporte la conséquence, estampillée “conforme”.

    C’est du commerce triangulaire, version chimique. 

    ACTE 5 — L’empoisonnement réglementaire

    Tout ça, bien sûr, dans le respect des lois.

    Car les lois, chez nous, sont faites pour protéger les industriels — pas les abeilles.

    On a remplacé le “principe de précaution” par le “principe de dérogation”. 

    Et on ose encore parler de “transition écologique”, pendant qu’on laisse circuler librement un insecticide classé “trop dangereux pour nos sols”.

    ACTE FINAL — Le poison du double standard

    Alors, on fait quoi ?

    On arrête de jouer les vierges effarouchées pendant qu’on fabrique des bombes chimiques en douce ?

    On continue de prêcher la sobriété pendant qu’on vend la mort en barils ?

    Si c’est interdit chez nous, ça doit être interdit à la vente tout court.

    Si c’est dangereux pour nos abeilles, c’est dangereux pour les leurs.

    Et si on tolère ça encore, alors nous ne valons pas mieux que ceux qui profitent du désastre.

    Les abeilles n’ont pas de syndicats.

    Elles ne signent pas d’accords commerciaux.

    Elles crèvent, en silence. 

    Pendant ce temps, on se gave de sucre à bas prix, importé à “0 % de droits de douane”… et à 100 % de honte.

    Ce poison, c’est notre hypocrisie distillée.

    Et il est temps d’en être malades pour de bon — mais cette fois, moralement.

    ✍️ Martine Montvernay REVOL

     

     

    « Leur chimie, notre chimio » : plus de 300 manifestants ont manifesté devant le site BASF près de Rouen

     

    Plus de 300 militants, notamment à l’appel de la Confédération paysanne, ont manifesté ce lundi matin, à Saint-Aubin-lès-Elbeuf, contre l’agrochimiste, accusé d’y produire, pour l’exportation vers l’Amérique du Sud, du fipronil, un pesticide interdit en Europe.

    Opération coup de poing hier matin à l’appel de la Confédération paysanne, du Collectif de soutien aux victimes de pesticides de l’Ouest, Cancer colère, Faucheurs volontaires et Soulèvements de la Terre, devant le site de production de produits phytosanitaires de BASF à Saint-Aubin-lès-Elbeuf, près de Rouen (Seine-Maritime).

    Opération coup de poing hier matin à l’appel de la Confédération paysanne, du Collectif de soutien aux victimes de pesticides de l’Ouest, Cancer colère, Faucheurs volontaires et Soulèvements de la Terre, devant le site de production de produits phytosanitaires de BASF à Saint-Aubin-lès-Elbeuf, près de Rouen (Seine-Maritime). | CHARLES BURY / OUEST-FRANCE

    Ouest-France https://www.ouest-france.fr/economie/agriculture/leur-chimie-notre-chimio-plus-de-300-manifestants-ont-manifeste-devant-le-site-basf-pres-de-rouen-e4895bcc-c3c2-11f0-8509-2c0807403e46

    Guillaume LE DU. Publié le 17/11/2025 à 18h26

    Newsletter Agriculture

    Chaque vendredi, toute l'actualité agricole

    Il est interdit d’utiliser cet insecticide dans les champs en Europe. Mais ça n’empêche pas le fipronil de continuer d’y être produit. C’est ce qu’auraient constaté des membres des militants de la cause environnementale, ce lundi 17 novembre, en s’introduisant dans l’usine BASF de Saint-Aubin-lès-Elbeuf, près de Rouen.

    « Une inspection citoyenne », a indiqué Thomas Gibert, porte-parole national de la Confédération paysanne, une des cinq organisations avec le  Collectif de soutien aux victimes de pesticides de l’Ouest ,  Cancer colère ,  Faucheurs volontaires  et les  Soulèvements de la Terre , à l’origine de cette action coup de poing. « Dans l’usine, nous avons trouvé des stocks de substances actives du fipronil destinés au marché export, principalement l’Amérique du Sud. Mais les biens alimentaires, traités avec ce pesticide interdit, sont ensuite autorisés en Europe dans le cadre d’accords de libre-échange. Comme le Mercosur…  »

    L’important dispositif policier déployé a mis fin, dès potron-minet, à l’intrusion des activistes qui avaient revêtu une combinaison blanche. Deux d’entre eux ont été arrêtés pour « outrage » et « rébellion », selon la préfecture de Seine-Maritime. « Des coups de matraque ont été donnés et des gaz lacrymogènes lancés », a regretté Thomas Gibert.

    Regroupés devant les grilles de l’usine, plus de 300 manifestants (« 500 agriculteurs et citoyens » selon le comptage des organisateurs), aidés d’une dizaine de tracteurs, d’antiques Fiat ou Delfino 35 mais aussi des John Deere ou Case flambant neufs, ont bloqué les entrées et les sorties jusqu’à 12 h 30. Les manifestants avaient accroché des banderoles  BASF exportateur de poison ,  Fipronil = mort ,  Leur chimie, notre chimio … pour rappeler que les pesticides posent un « problème majeur de santé publique ».

    Des rejets de polluants dans la Seine

    Parmi les victimes présentes, Gisèle Garreau. L’agricultrice retraitée de 64 ans avait fait le déplacement depuis le centre Bretagne, pour témoigner des conséquences néfastes des pesticides : « J’ai arrêté de travailler à 57 ans à cause de la maladie de Parkinson provoquée par la roténone, un insecticide qu’on utilisait sans précaution particulière ». Sa demande de reconnaissance en maladie professionnelle a été acceptée mais elle conteste le taux d’indemnisation : « Je reçois 200 € par mois. »

    Face aux sécheresses récurrentes, les politiques régionales de gestion de l’eau doivent-elles devenir plus contraignantes pour l’agriculture et l’industrie ?

    « Dans ma commune, quand ils ont épandu le prosulfocarbe (un herbicide), ça sentait à 900 mètres à la ronde », a témoigné Joris Soenen, assis sur son tracteur devant le site de BASF. « Cette pollution coûte 100 000 € à Biocer, ma coopérative, car ça pollue les cultures bio (tournesol, sarrasin) environnantes », a affirmé le céréalier et producteur de lait bio du Bec-Thomas (Eure).

    Les manifestants ont mis en cause d’autres pollutions comme celle des PFAS. En janvier, plusieurs associations avaient dénoncé l’impact du site normand de BASF sur l’environnement avant de porter plainte en juin. Elles affirmaient que cette usine détenait le « record français, et de très loin, de rejets de TFA dans la Seine », un polluant éternel de la famille des PFAS.

    BASF a indiqué qu’un plan mené depuis janvier a permis « une réduction de 85 % des émissions de TFA. » Ce lundi, dans un communiqué, la direction de BASF France a dénoncé « des intrusions, des dégradations de matériels, des comportements pouvant porter atteinte à la sécurité du site et des attitudes d’intimidation à l’égard des personnels » et a annoncé son intention de déposer plainte.

  • Lobbyistes de l'industrie agroalimentaire

    Comment envisager un avenir plus positif ?

    Les forces en présence sont d'une telle inégalité.

    Ces gens qui travaillent pour les lobbies de l'agro-alimentaire, comment font-ils pour se sentir en paix, sereins ?

    Comment lutter contre ces armées destructrices ?

    1) ne plus manger d'animaux

    2) ne rien acheter qui ne soit produit sur le sol français. Pour le riz, le sucre et autres denrées exotiques, ne prendre que des productions bio. 

    3) limiter toutes les dépenses qui ne soient vitales afin de pouvoir concentrer son pouvoir d'achat sur les produits qui répondent au 1 et au 2.

    4) garder à l'esprit que nous sommes responsables par nos achats de la dévastation ou de la protection et que nous avons le choix. 

     

     

    Plus de 300 lobbyistes de l'industrie agroalimentaire sont présents à la COP30 de Belém, dont cinq dans la délégation française

     

    Parmi les 530 personnes que la France a invitées au sommet pour le climat, cinq représentent les intérêts de grands groupes du secteur agroalimentaire, révèle un décompte du média d'investigation DeSmog, avec qui franceinfo a travaillé.

    Article rédigé par Camille Adaoust

    France Télévisions

    Publié le 18/11/2025 13:00 Mis à jour le 19/11/2025 10:30

    Temps de lecture : 5min Des participants à la COP30 entrent dans le site des négociations, le 10 novembre 2025 à Belém (Brésil). (MAURO PIMENTEL / AFP)

    Des participants à la COP30 entrent dans le site des négociations, le 10 novembre 2025 à Belém (Brésil). (MAURO PIMENTEL / AFP)

    D'ordinaire, lors des COP, les ONG dénoncent la présence des lobbyistes des énergies fossiles(Nouvelle fenêtre). Mais à Belém, au Brésil, où se tient jusqu'au vendredi 21 novembre le 30e sommet mondial pour le climat, les représentants du secteur agricole se sont déplacés en masse. Selon les analyses du média d'investigation britannique DeSmog, soutenu par la coalition Kick Big Polluters Out ("Virez les gros pollueurs"), que franceinfo a consultées, 302 lobbyistes de l'industrie agroalimentaire sont présents dans les couloirs de la COP30(Nouvelle fenêtre), organisée dans un pays où l'agriculture est reine.(Nouvelle fenêtre) Soit 14% de plus qu'en 2024 à Bakou, en Azerbaïdjan.

    Un lobbyiste sur quatre du secteur est venu avec la délégation officielle de son pays et bénéficie donc d'un accès privilégié aux salles de négociations. Et la France ne fait pas exception, avec cinq représentants. Parmi eux, quatre personnes défendent les intérêts du spécialiste des produits laitiers Danone à la COP30. Le groupe explique sa présence par la volonté d'"avancer sur des sujets liés au changement climatique et à la transformation des systèmes alimentaires". A franceinfo, Danone cite "la réduction des émissions de méthane dans l'agriculture ou le soutien des agriculteurs dans l'adoption de pratiques agricoles régénératrices et durables". Il souligne aussi avoir "été la première entreprise agroalimentaire à s'engager à réduire les émissions de méthane de 30% dans le lait frais d'ici à 2030".

    Carrefour fait également partie de la délégation française, avec un délégué. Le groupe de grande distribution explique à franceinfo profiter de la COP30 pour "contribuer à faire de l'alimentation un point central des discussions sur le climat". Il dit être "invité [pour] témoigner des actions [qu'il met] en œuvre et qui pourraient être répliquées, par exemple sur le gaspillage alimentaire ou la lutte contre la déforestation". Carrefour assure avoir participé à "une quinzaine d'interventions pour partager des bonnes pratiques".

    Le Brésil reste le pays qui a accrédité le plus de membres de l'agro-industrie (26), notamment issues de l'entreprise JBS, principal producteur de viande dans le monde. Suivent l'Indonésie (11 membres), le Japon (neuf), le Honduras (six), puis la France, la Chine et la Norvège (cinq représentants pour chacun des pays). 

    À lire aussi

    COP30 à Belém : voici comment le thermomètre mondial s'emballe, malgré les objectifs de l'accord de Paris

    Danone figure parmi les groupes les plus présents, avec un total de 10 participants à la COP30, invités par la France donc, mais aussi par l'association patronale européenne BusinessEurope, la Chambre de commerce internationale, la plateforme du Partenariat français pour l'eau et la coalition d'entreprises du Conseil mondial des affaires pour le développement durable.

    L'entreprise allemande pharmaceutique et agrochimique Bayer est davantage présente, avec 19 représentants dans la COP30. "Pour Bayer, la COP30 constitue une étape importante, d'autant plus au Brésil, deuxième marché mondial de l'entreprise", commente auprès de franceinfo Felipe Albuquerque, directeur durabilité de la branche d'Amérique latine de l'entreprise. Sont également présents, en plus petit nombre, la multinationale suisse Nestlé (neuf délégués), le géant américain de l'exportation Cargill (cinq délégués), son équivalent anciennement français et désormais néerlandais Louis Dreyfus (un), le géant américain des snacks et des boissons Pepsico (six) ou encore la chaîne de restauration rapide McDonald's (deux).  

    Le secteur de la viande en tête

     

    DeSmog complète son état des lieux par une analyse par secteur. Celui de la viande arrive en tête – le Brésil est le premier exportateur de bœuf et de volaille au monde –,(Nouvelle fenêtre) devant ceux de l'agroalimentaire et les boissons, des négociants en matières premières, des entreprises laitières, des pesticides ou des engrais.

    Autant de conclusions que déplorent les militants pour l'environnement et le climat. "L'agriculture industrielle, troisième contributeur mondial aux émissions, a été autorisée à coopter la convention sur le climat", dénonce Lidy Nacpil, du Mouvement des peuples asiatiques sur la dette et le développement. "Il n'est pas surprenant que les négociations sur l'alimentation et l'agriculture à la COP aient été réduites à un simple forum de discussion. La COP ne permettra jamais de mettre en place de véritables mesures climatiques tant que les lobbyistes industriels seront autorisés à influencer les gouvernements et les négociateurs."

    Méthodologie : DeSmog, qui effectue ce travail depuis quatre ans, s'est basé sur la liste provisoire des 56 000 participants(Nouvelle fenêtre) à la COP30. Le média y a identifié les plus grandes entreprises des principaux secteurs alimentaires : viande et produits laitiers, pesticides et engrais, transformation alimentaire, vente de matières premières et de semences, distribution alimentaire et biocarburants. Sont également pris en compte les groupes commerciaux industriels mondiaux et régionaux, des syndicats agricoles nationaux et des instituts ayant des affiliations avec des entreprises et/ou un historique de lobbying aligné sur les demandes de l'industrie.

    "Ça fend le cœur de les voir là" : le lobby de l'agrobusiness s'invite en force à la COP30 de Belém

     

    Consulter le Dossier : Cop 30 : nos reportages au Brésil

    Article rédigé par Camille Adaoust - envoyée spéciale à Belém (Brésil)

    France Télévisions

    Publié le 18/11/2025 13:00 Mis à jour le 18/11/2025 13:15

    Temps de lecture : 8min Une action pour dénoncer la présence de l'agrobusiness à Belém (Brésil) lors de la COP30, le 10 novembre 2025. (CAMILLE ADAOUST / FRANCEINFO)

    Une action pour dénoncer la présence de l'agrobusiness à Belém (Brésil) lors de la COP30, le 10 novembre 2025. (CAMILLE ADAOUST / FRANCEINFO)

    Au sommet annuel pour le climat, les représentants de multinationales sont à la manœuvre pour vanter leur vision de l'agriculture de demain, un secteur clé au Brésil.

    "La nourriture, c'est pour les gens, pas pour le profit." Ils sont une trentaine de militants, venus du monde entier, lundi 10 novembre à Belém, pour dénoncer la présence de géants de l'agroalimentaire à la COP30. Réunis devant "l'Agrizone", un espace situé à dix minutes de bus de celui des négociations climatiques, consacré à "l'agriculture durable" et accueillant les grands groupes du secteur, ces manifestants critiquent une "exposition de drones et de capteurs sensoriels". Des gadgets technologiques, à leurs yeux, défendus par les acteurs agro-industriels.

    À lire aussi

    COP30 à Belém : voici comment le thermomètre mondial s'emballe, malgré les objectifs de l'accord de Paris

    "C'est à rebours de la transition juste pour l'agriculture", pointe Marie Cosquer, chargée de plaidoyer sur les systèmes alimentaires pour l'ONG Action contre la faim. A ses côtés, d'autres s'indignent. "Les lobbyistes sont les bienvenus. Par contre, les gens des pays du Sud, les plus vulnérables, ne le sont-ils pas ? Je suis déçue qu'ils prennent autant d'espace, on se sent exclus", regrette la Colombienne Andrea Echeverri. "C'est notre COP, la COP du peuple. Ça fend le cœur de les voir là", acquiesce le Népalais Prayash Adhikari.

    Le poids colossal de l'agro-industrie au Brésil

    Coorganisée par le gouvernement brésilien et logée dans les locaux de l'Embrapa, l'agence brésilienne de recherche agricole (l'équivalent de l'Inrae en France), l'Agrizone est une première dans l'histoire des sommets pour le climat. Elle illustre l'importance de l'agro-industrie au Brésil, devenu un poids lourd à l'échelle mondiale. La preuve en chiffres : le secteur représente pas moins de cinq millions d'exploitations, 39% de la superficie du pays, un quart de l'économie nationale, 20% des emplois et près de la moitié des exportations, liste le gouvernement français(Nouvelle fenêtre). Et c'est aussi la cause de 97%(Nouvelle fenêtre) de la déforestation du pays.

    "Lors de la COP30, l'agrobusiness est présent de manière à refléter l'importance d'un secteur qui nourrit plus d'un milliard de personnes et se conforme à la législation environnementale la plus stricte au monde", se défend Muni Lourenço, président de la commission environnementale au sein de la Confédération brésilienne de l'agriculture et de l'élevage (CNA).

    Plus grande entité représentative de l'agro-industrie brésilienne, la CNA avait pourtant milité(Nouvelle fenêtre) cet été pour la suspension d'un moratoire visant à ne pas commercialiser le soja cultivé dans les zones de l'Amazonie touchées par la déforestation. "L'objectif de l'Agrizone est de montrer que la production alimentaire et la préservation de l'environnement vont de pair au Brésil", avance aujourd'hui Muni Lourenço.

    Robot, IA et agriculture "régénérative"

    Dans ce lieu plus vaste que celui de la COP30 officielle, les solutions technologiques s'affichent au premier plan. Dès l'entrée, les visiteurs découvrent un robot capable de grimper aux arbres pour récolter de l'Açaï, ce fruit rouge issu de certains palmiers, cher à la région du Para. Plus loin, un appareil de plusieurs mètres de long, muni de panneaux solaires, propose d'analyser la nature des sols à l'aide de l'intelligence artificielle pour répandre des pesticides "uniquement là où c'est nécessaire".

    Sur son stand, Nestlé promeut une agriculture régénérative, pratique qui vise à stocker plus de carbone dans les sols, mais limitée, rappelle le média d'investigation Desmog(Nouvelle fenêtre). A quelques pas de là, Bayer, le géant allemand de la chimie et de la pharmacie(Nouvelle fenêtre), sponsor dit "diamant" de l'événement, met en avant le même argument sur son stand. "Pour nous, la COP30 constitue une étape importante, d'autant plus au Brésil, deuxième marché mondial de l'entreprise", commente Felipe Albuquerque, directeur durabilité de l'entreprise en Amérique latine.

    Les stands de Nestlé et Bayer sont voisins dans "l'Agrizone" à Belém (Brésil), le 12 novembre 2025. (CAMILLE ADAOUST / FRANCEINFO)

    Les stands de Nestlé et Bayer sont voisins dans "l'Agrizone" à Belém (Brésil), le 12 novembre 2025. (CAMILLE ADAOUST / FRANCEINFO)

    Pour les différents acteurs présents, l'Agrizone fait office de vitrine pour un secteur qui "doit être vu comme une solution face aux enjeux climatiques", résume Muni Lourenço. Lors d'une conférence organisée sur place, le message diffusé est sensiblement le même : "Cette zone montre la réalité de l'agriculture au Brésil, ce qu'elle a de meilleur. Elle permet d'échanger des expériences et des techniques. Ce serait formidable de l'avoir dans chaque COP".

    Plus de 300 délégués de l'agrobusiness

    "Le secteur agro-industriel s'approprie et produit des discours environnementaux", alerte cependant Ludivine Eloy, agronome et géographe, directrice de recherche au CNRS. Ses acteurs "utilisent des arguments vantant les progrès technologiques, mais leurs discours masquent beaucoup de choses, comme les inégalités d'accès aux ressources sur le terrain."

    Si les ONG s'inquiètent chaque année de la présence des lobbyistes des énergies fossiles à la conférence pour le climat, les grandes entreprises de l'agro-industrie ne sont, cette fois, pas en reste, avec au moins 302 délégués, selon le décompte de l'organisation d'investigation britannique Desmog. C'est 14% de plus que lors de la COP29, l'an dernier à Bakou (Azerbaïdjan). Bayer compte par exemple 19 délégués dans les zones de négociations. "Bayer participe régulièrement aux COP depuis 2015, lorsque la coalition du Conseil mondial des entreprises pour le développement durable a officiellement demandé la présence d'entreprises plus engagées", plaide Felipe Albuquerque.

    Plusieurs événements organisés durant cette COP incluent ces représentants. Comme le 11 novembre, avec un "panel de JBS", la principale multinationale brésilienne de l'industrie agroalimentaire, sur "les transformations du système alimentaire" organisé sur le stand baptisé "business durable". Le pavillon du Consortium interétatique de l'Amazonie affiche également JBS comme l'un de ses "soutiens".

    L'agriculture familiale moins exposée

    Au Brésil, ces géants ne représentent pourtant qu'une partie de l'équation agricole. Face à cet "agronégoce", une agriculture familiale, aux exploitations plus petites, subsiste. Le gouvernement brésilien compte d'ailleurs deux ministères pour illustrer cette dualité : celui de l'Agriculture et de l'Elevage, qui exporte majoritairement, et celui du Développement agraire et de l'Agriculture familiale. Cette agriculture-là représente près de 4 millions d'exploitations dans le pays, emploie plus de 10 millions de personnes et nourrit deux tiers des Brésiliens.

    Mais "les moyens sont très inégaux entre les deux, le budget de l'agronégoce est plus important", déplore un employé gouvernemental qui souhaite rester anonyme. "Et ce déséquilibre se retrouve ici, à Belém." Dans l'Agrizone, rares sont les stands qui représentent l'agriculture familiale. "Alors qu'on a beaucoup de solutions issues des connaissances ancestrales des peuples indigènes et des communautés traditionnelles", souligne la même source.

    "Ces événements organisés avec les représentants de l'agrobusiness créent une résonance. Leurs arguments arrivent aux oreilles des négociateurs" de la COP30, s'inquiète Marie Cosquer. De quoi influencer les discussions dans les espaces fermés des Nations unies. A Belém, l'un des enjeux concerne l'adaptation des systèmes agroalimentaires face au changement climatique, alors que le secteur est responsable de plus d'un tiers (37%) des émissions mondiales de gaz à effet de serre, d'après le Giec(Nouvelle fenêtre). Mais le sujet est "au point mort", rapportait la semaine dernière la chargée de plaidoyer d'Action contre la faim, lors d'un point-presse sur l'avancée des négociations générales.

    "Des solutions problématiques pour l'agriculture"

    "Il y a un brouillon qui sera renvoyé à la prochaine session de négociations, avec des solutions problématiques pour l'agriculture", déplore-t-elle. Elle cite les innovations en faveur d'une "agriculture intelligente pour le climat", des nouvelles technologies "non accessibles pour la plupart des petits paysans" ou encore des "liens avec les marchés carbone".

    "Les paysans, l'agroécologie [qui diminue les pressions sur l'environnement] et la transition juste sont ignorés lors des discussions." Lot de consolation : ils sont bien présents dans les assiettes des négociateurs. Dans les offres de restauration, les organisateurs de la COP30(Nouvelle fenêtre) ont assuré que "30% des aliments provenaient" d'une agriculture écologique à plus petite échelle.

  • Mercosur : juste un exemple

    Je rappelle que l'Uruguay fait partie des pays du Mercosur.

    On voit bien ici à quoi on ouvre les portes...

    Si jamais les agriculteurs décident enfin de passer aux grandes manoeuvres, cette fois, je me joindrai à eux, FNSEA ou pas.  

     

    Un enclos surpeuplé, une soixantaine de bovins morts... L'interminable périple en bateau de près de 3 000 vaches entre l'Uruguay et la Turquie

     

    Ces animaux, qui devaient être vendus, n'ont pas foulé la terre ferme depuis deux mois, après le refus de débarquement des autorités turques. Ils sont donc repartis en direction de l'Amérique du Sud.

    Article rédigé par franceinfo avec AFP

    France Télévisions

    Publié le 18/11/2025 15:29

    Temps de lecture : 4min Le navire "Spiridon II" lors de son escale en Turquie, le 9 novembre 2025. (ANIMAL WELFARE FOUNDATION)

    Le navire "Spiridon II" lors de son escale en Turquie, le 9 novembre 2025. (ANIMAL WELFARE FOUNDATION)

    Le cargo de l'enfer. Près de 3 000 vaches sont entassées dans un navire depuis deux mois, alerte l'ONG Robin des bois, dans un communiqué(Nouvelle fenêtre) publié lundi 17 novembre. Après un voyage d'un mois au départ de l'Uruguay pour rejoindre la Turquie, les animaux ont été bloqués à l'intérieur du bateau durant plusieurs semaines, faute de certificats en règle. Ils ont finalement repris la mer le 9 novembre en direction de l'Amérique du Sud, où leur retour est prévu en décembre, après un périple qui a provoqué la mort de plusieurs dizaines de bovins. "Les génisses Holstein du cheptel uruguayen vont battre le record mondial du plus long parcours hors du plancher des vaches", écrit l'ONG.

    L'interminable périple de ces animaux a débuté le 19 septembre, lorsque le cargo Spiridon II a quitté Montevideo, en Uruguay. Ce navire bétailler géant, de près de 100 mètres de long, est en réalité un ancien cargo polyvalent russe datant des années 1970. "Il aurait dû partir à la casse depuis une bonne vingtaine d’années", selon l'ONG Robin des bois, qui liste les nombreuses défaillances relevées sur le navire depuis 2019. Après plusieurs changements de mains, le bateau navigue désormais sous pavillon togolais, selon le site Vessel Finder(Nouvelle fenêtre). Un pays inscrit "sur la liste noire des pavillons établie par le Mémorandum d’entente de Paris sur le contrôle des navires", pointe l'ONG.

    Des dizaines d'animaux morts

    A l'intérieur de ce cargo se trouvent 2 901 bovins et un équipage d'une vingtaine de personnes qui étaient censés rejoindre la Turquie, où les animaux devaient être débarqués et vendus. Mais après un mois de navigation, les autorités turques ont finalement refusé de les laisser sortir, faute de certificats sanitaires et commerciaux en règle. "Les inspections ont révélé que certains animaux ne portaient ni boucles auriculaires, ni puces d'identification électronique, et que 469 animaux n'étaient pas conformes aux listes fournies", explique le gouvernement turc pour justifier sa décision.

    Après plusieurs semaines de négociations, le bateau a pu accoster brièvement dimanche 9 novembre au port turc de Bandirma pour charger de la paille et de la nourriture, détaille la Fondation pour le bien-être animal (AWF) dans un communiqué(Nouvelle fenêtre). Mais la situation à bord continue de se dégrader. "Après le long voyage de l’Uruguay à la Turquie, les animaux sont déjà affaiblis. Chaque nouveau retard signifie des souffrances immenses", dénonce Maria Boada Saña, responsable de projet au sein de l'AWF.

    Cinquante-huit bovins sont morts durant la traversée et au moins 140 vaches ont mis bas à bord, d'après des documents judiciaires. "Les nouveau-nés vivants ont une existence très difficile", dans "un enclos surpeuplé", estime l'ONG, précisant qu'il est "fort probable que la plupart des veaux soient morts".

    "Des navires inadaptés et hors d'âge"

    Face à cette situation, l'ONG a demandé aux autorités turques de débarquer immédiatement les animaux, mais dit ne pas avoir reçu de réponse. Les autorités européennes ont également été sollicitées par courrier. De leur côté, les exportateurs qui devaient vendre les bovins ont contesté la décision des autorités vétérinaires turques et engagé des poursuites judiciaires. Sans résultat pour le moment.

    Après cette brève escale, le navire a donc repris la route en direction de l'Uruguay avec des milliers de vaches toujours à son bord. "Pour le retour au pays, elles risquent d’affronter dans l’océan Atlantique nord des tempêtes redoutables", prévient l'ONG Robin des bois. De quoi inquiéter de nombreuses associations de défense des animaux.

    "Ces blocages justifiés par des raisons sanitaires, voire politiques, mettent leur vie en péril et témoignent du peu de considération portée à ces animaux destinés à être abattus et consommés", a réagi Lorène Jacquet, responsable des campagnes et du plaidoyer à la Fondation 30 Millions d'Amis(Nouvelle fenêtre). Elle demande la fin "des transports de longue durée, a fortiori lorsqu'ils sont réalisés sur des navires inadaptés et hors d'âge !"