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MONO : "Hear the wind sing"
- Par Thierry LEDRU
- Le 08/09/2025
Je me doute bien que ça ne plaira pas à tout le monde. C'est particulier, je le conçois totalement.
Je peux l'écouter vingt fois de suite.
J'en ai besoin. Quand je cours, quand je pédale, quand je m'occupe du potager, du jardin, de planter des arbres, de fendre du bois, de tamiser une allée en graviers pour la remettre en état... J'ai besoin de ces musiques répétitives, de ces leit-motiv et de leurs crescendos et le groupe MONO est une référence dans ce domaine.
Je sais d'où vient ce goût profond pour ces musiques lancinantes et puissantes.
J'ai mis longtemps à en retrouver la source. Je veillais mon frère, dans sa chambre d'hôpital et il était entouré de machines dont les "bip, bip" rythmaient les heures. Et il m'arrivait de fabriquer intérieurement des mélodies qui se joignaient à ce tempo.
J'ai souvent regretté de ne pas avoir appris à jouer d'un instrument et de ne rien connaître au solfège mais je construis souvent des musiques dans ma tête et celles de MONO y ressemblent.
J'aime infiniment la puissance. Même si je sens qu'elle diminue en moi, ces musiques en réveillent les échos et je devine dans mon corps des mémoires enfouies qui se réjouissent. Il y a si longtemps aussi que j'écoute ce genre de musique qu'elles sont pour beaucoup associées à des moments forts, des moments inscrits, jusque dans mes chairs.
J'ai beaucoup écouté ces musiques quand j'étais cloué au lit et que personne ne pouvait me dire si j'en sortirai un jour, ni dans quel état. Ces mélodies répétitives, elles me nourrissaient, elles étaient des flux d'énergie qui coulaient en moi, des pentes enneigées, des sommets lumineux, des forêts immenses, des courses sur les chemins élevés.
J'aime infiniment le silence, c'est un besoin vital mais la musique l'est tout autant.
"JUSQU'AU BOUT"
Il sortit et reçut la lumière du soleil comme un don.
Il quitta son sous-pull. Son torse devait se nourrir des ondes divines. Il aurait aimé courir nu mais les esprits pervers n’auraient pas compris.
Il partit sur la route.
Dès les premières minutes, il chercha à se concentrer sur le rythme de ses foulées, la musique de son souffle et de ses pas, le tempo de son cœur, se coupant du monde extérieur, n’acceptant que les rayons solaires et la brise fraîche, sans objectif précis, il s’enfonça dans les forêts, traversa le plateau granitique de la Pierre Levée, suivit un temps le ruisseau du Ninian, rejoignit une route qu’il ne chercha pas à reconnaître, refusant de construire un parcours, limitant le travail de son esprit à la précision de ses gestes et quand il sentit que les muscles des jambes durcissaient, que le ventre et le dos supportaient de plus en plus difficilement les chocs répétés, il s’interdit de penser à un probable retour et, peu à peu, il sentit s’installer en lui la mécanique hypnotique de la course, s’engloutissant à l’intérieur de lui-même, insensible à toutes les sensations extérieures, ne vivant que dans l’infini profondeur de son propre abîme, il ne distingua de son corps que le passage rapide devant ses yeux d’un pied puis d’un autre, le premier disparaissant, immédiatement remplacé par le second et cela sans fin, et il trouva magnifique la mélodie répétitive de ses pas sur le corps de la Terre, comme des étreintes répétées, un don d’énergie partagée, il buvait à la source de vie et s’enivrait de jouissance, cette alternance rapide et saccadée et cette absence de volonté, le corps agissant indépendamment de tout contrôle, sans crainte et donc sans fatigue, le cerveau, submergé de douleurs ayant abandonné l’habitacle, s’évaporant dans un ailleurs sans nom, il la trouva magnifique cette musique en lui, chaque foulée se répercutant dans l’inextricable fouillis de ses fibres musculaires, dans les souffles puissants jaillissant de ses poumons vivants, comme une alarme infinie qui retentit, un appel à la vie, un cri de nouveau-né qui emplirait le ciel et gonflerait les nuages, ses perles de sueur comme des semences inondant la Terre, les râles de sa gorge comme des mots d’amour et il comprit pleinement, par-delà les pensées, que les poumons, le cœur, le sang et les cellules n’existaient que dans ces instants d’extrême exploitation, que les jours calmes étaient des jours morts, des jours sans éveil, des jours d’abandon et de faiblesse, des heures disparues dans le néant de la mort, des pourritures rongeant l’extase, des impuissances de verge éteinte, des mollesses de cadavres agités dans l’attente des vers, c’était inacceptable et il ne l’accepterait plus, sa vie devait être comme cette course, sans cassure, sans déchet, sans seconde évaporée, un cri de vie dans le silence des cimetières, une rage aimante comme un hommage, il plongerait son âme dans le calice du monde jusqu’à noyer les derniers résidus des morales apprises, il couvrirait la Terre de son corps embrasé, il emplirait le vide de son amour enflammé, il sentit les larmes couler, c’était si beau ce moment de vie, enfin la vie.
Il courut si longtemps qu’il ne sut pas quand il rentra."
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Association CANOPEE
- Par Thierry LEDRU
- Le 08/09/2025
Une des associations que je soutiens, financièrement et sur le terrain parfois et dont je partage les informations.
Vous pouvez les retrouver sur YOUTUBE
Voici le dernier mail reçu ce jour :
Bonjour Thierry,
Je n’aime pas tirer sur l’ambulance mais franchement… quel gâchis !
Aujourd’hui, le gouvernement de François Bayrou est tombé. Huit mois d’existence seulement — et pourtant, pour la première fois, la forêt était rattachée au ministère en charge de l’écologie. Une opportunité historique de faire progresser notre politique forestière. Et pourtant, que d’occasions manquées. Tétanisée par la pression des représentants de la filière, la ministre n’a pas trouvé le chemin pour faire bouger les lignes.
Dernier exemple en date : le Label Bas Carbone. La semaine dernière, nous avons lancé l’alerte dans une enquête factuelle et détaillée. Vous avez été plus de 1 000 à poster des contributions sur le site du ministère. Des contributions qui ne seront jamais publiées, balayées d’un revers de main par la ministre, qui a choisi de céder aux entreprises. Résultat : démission des scientifiques et un article du Monde qui fait sérieusement tache.
Coupes rases : le statu quo n'est plus possible
C’était le sujet brûlant sur lequel la ministre était attendue. Partout, la colère monte face à cette pratique, en total décalage avec l’urgence climatique et la nécessité de faire évoluer les modes de gestion. D’autant que de nombreux forestiers partagent aujourd’hui les préoccupations des citoyens, des élus locaux et des scientifiques.
La priorité est claire : mettre fin à la transformation de forêts semi-naturelles en plantations de résineux (je précise « semi-naturelles », car presque toutes nos forêts ont été façonnées, de près ou de loin, par l’action humaine).
La ministre disposait pourtant de deux atouts majeurs :
La directive européenne sur les énergies renouvelables (RED III), qui aurait dû être transposée en France avant le 21 mai 2025. Non seulement la France est en retard, mais le gouvernement prépare une sous-transposition flagrante. Exemple : un seuil maximum de 10 hectares pour les coupes rases et jusqu’à 25 hectares pour les coopératives forestières. Autant dire… rien : cela ne concernerait que 2 à 3 % des coupes, comme nous allons le démontrer dans un rapport inédit basé sur des données satellites (publication prévue en décembre 2025). La directive impose aussi de s’assurer que les prélèvements de bois-énergie ne dégradent pas la biodiversité dans les zones les plus riches. Or le gouvernement veut limiter cette obligation aux seules zones sous protection forte, plutôt que d’ouvrir un débat plus large et d’identifier, région par région, les forêts réellement concernées.
Le règlement européen contre la déforestation (RDUE), un texte historique qui interdit la mise sur le marché de produits issus de la déforestation (soja, huile de palme, etc.), mais aussi de bois issu de la transformation de forêts semi-naturelles en plantations. Une avancée majeure. Mais si officiellement, la France soutient cette loi, le ministère de l’Agriculture, sous la pression de la filière, tente, lui, de saboter son application sur notre territoire en affirmant qu’ « il n’y a pas de gestion intensive en France et donc pas de forêts de plantation ». Un argument juridiquement intenable, mais politiquement plus confortable que d’assumer un poil de confrontation avec la filière.
La chauve-souris qui dérange la filière
Vous vous en souvenez sûrement : en juin, nous sommes intervenus in extremis pour stopper une coupe rase en Creuse qui aurait détruit l’habitat de chauves-souris protégées. L’affaire a fait grand bruit, jusqu’à me valoir une convocation au cabinet ministériel pour avoir « provoqué de l’émotion dans la filière ».
Soyons clairs : si nous avons commandité à nos frais un inventaire naturaliste, c’était pour démontrer qu’Alliance Forêts Bois ne faisait pas son travail. Il ne s’agit pas d’interdire tous les travaux forestiers au nom des espèces protégées, mais de rappeler une évidence : raser une vieille forêt et découvrir ensuite qu’on détruit des habitats d’espèces protégées relève d’une négligence caractérisée — bien différente d’un accident sur un chantier où le forestier a réellement tenté de limiter les impacts.
Pire : le bois devait être vendu sous label FSC, qui interdit de telles pratiques. Résultat : chantier suspendu, procédure en cours. Notre demande est simple : renforcer le cadre réglementaire. Car nous ne pourrons pas financer un inventaire naturaliste pour chaque parcelle.
La réaction de la filière ? Pressions, tentatives d’exclusion des espaces de concertation, et multiplication des procédures-bâillons. Je vous invite à découvrir la vidéo où Bruno raconte sa dernière convocation lunaire au commissariat.
Ne rien lâcher
Vous nous connaissez : nous ne lâchons rien.
D’abord, parce que nous ne sommes pas seuls. Vous êtes toujours plus nombreux à nous rejoindre, et votre soutien est essentiel face à la procédure lancée pour retirer notre agrément d’association environnementale.
Ensuite, parce que de plus en plus de propriétaires et de gestionnaires s’engagent vers des pratiques plus écologiques. L’association Pro Silva est en plein essor : une excellente nouvelle.
Enfin, parce que sur le terrain, les citoyens s’organisent. Exemple : le 4 octobre, trois associations locales (la Bresseille, Adret Morvan et Autun Morvan Écologie) organisent les « Glands d’Or », un prix satirique pour dénoncer les pires coupes rases du territoire. Une belle initiative que nous soutenons avec enthousiasme.
Et maintenant, Bruxelles
Comme en France, les lobbys se déchaînent à Bruxelles pour détricoter les lois environnementales au nom de la « simplification ». Sachant que leur tentative d’échapper au règlement anti-déforestation en France est fragile juridiquement, ils veulent saboter le texte directement au niveau européen.
Ce sera notre prochaine bataille — et nous aurons besoin de vous :
Si vous pouvez, rejoignez-nous sur place les 15 et 16 octobre : écrivez à Suzie.
Sinon, participez à la consultation publique en cours jusqu’au 10 septembre. Klervi et nos partenaires ont conçu un outil pour vous faciliter la tâche. C’est ici
CHOUARD : La cause des causes
- Par Thierry LEDRU
- Le 07/09/2025
Une vidéo essentielle
470 937 vues 14 avr. 2012
Etienne Chouard - Looking for the mother of all causes - TEDxRepubliquesquare - Mars 2012 Plus d'information sur http://www.tedxrepubliquesquare.com/ - Cette vidéo est sous-titrée en anglais, bulgare, catalan, espagnol, français,grec, italien, portugais, roumain, suedois. Merci à tous les traducteurs bénévoles pour leur aide si précieuse
Etienne Chouard est un homme doux, parfaitement en colère. Poil à gratter de la pensée unique, il agace, perturbe, fait réfléchir. Et en attendant, il bosse. C'est le marathon man des salles des fêtes, l'égérie des résistants, le citoyen d'or d'Agoravox. Calomnié, encensé, il ne laisse pas indifférent. C'est probablement qu'il a quelque chose à dire.
Enseignant l'économie et le droit, à l'occasion du Référendum de 2005, Etienne se plonge dans les textes du projet de Constitution Européenne. Ce qu'il découvre le change à jamais. Depuis, loin des organisations partisanes, il dénonce notre apathie et veut redonner au mot démocratie sa véritable signification. Son credo : une constitution écrite par les citoyens et des représentants tirés au sort.
Etienne CHOUARD : Responsables de notre impuissance
- Par Thierry LEDRU
- Le 07/09/2025
Pour celles et ceux qui ne connaîtraient pas Etienne CHOUARD.
Tout est là.
Une eau mortelle.
- Par Thierry LEDRU
- Le 07/09/2025
Donc, il y a des millions de Français qui ne bénéficient plus d'eau potable (mais qui la payent quand même) et les mesures pour réparer les dégâts ont un coût tellement exorbitant que ça se fait au "compte-gouttes" et bien évidemment, après moults palabres qui durent des décennies.
Merveilleux.
Mais qu'en est-il des études sur le long terme avant d'officialiser l'emploi d'une technologie ? Faut-il donc que les fortunes à gagner soient si grandes que le principe de précaution ne soit plus utilisé ?
Qu'il s'agisse des pesticides, des PFAS, du chlorure de vinyle monomère ou autres produits issus de la chimie, ne serait-ce pas plus bénéfique de payer des études a priori plutôt que de devoir payer a postériori.
Et je ne parle pas des gens qui meurent de cancers qu'ils n'auraient jamais dû contracter...
La sphère politique n'a-t-elle pas pris conscience que c'est son rôle d'anticiper ou a-t-elle plus simplement choisi d'emblée la manne financière représentée par les produits et technologies qu'elle autorise ?
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La liste des communes françaises où l’eau du robinet n’est plus potable ne cesse de s’allonger
Eau potable cancérigène : 50 ans de « scandale sanitaire »
Par Lorène Lavocat16 janvier 2025 à 09h06Mis à jour le 16 janvier 2025 à 09h26
https://reporterre.net/Eau-potable-cancerigene-50-ans-de-scandale-sanitaire
Des milliers de km de tuyaux d’eau potable sont contaminés par un agent cancérogène, le CVM. Un problème connu depuis les années 1970. Des analyses inédites révèlent l’ampleur du scandale sanitaire et de l’inaction de l’État.
Pour des centaines de milliers de Françaises et Français, l’eau du robinet n’est plus potable. En cause, le CVM, ou chlorure de vinyle monomère, un gaz reconnu comme cancérogène. Cinquante ans après les premières alertes, Reporterre livre des analyses inédites dévoilant une pollution d’ampleur… et l’inertie de l’État.
Lire aussi : Dans la Sarthe, une eau du robinet cancérigène
Des révélations permises grâce à un lanceur d’alerte, le chercheur en sciences politiques Gaspard Lemaire. Il a obtenu — non sans mal — des milliers d’analyses d’eau auprès des autorités sanitaires. Les résultats, que Reporterre a pu consulter, montrent une pollution significative. Au total, 6 410 prélèvements d’eau potable sont contaminés par ce composé toxique, dans neuf régions [1]. De quoi parler d’un « scandale sanitaire majeur », selon le doctorant.
Un scandale sanitaire minimisé
Afin de bien saisir l’affaire, remontons quelques décennies en arrière. Le CVM est employé dans la fabrication d’objets en plastique PVC, en particulier les tuyaux. Or depuis les années 1930, les preuves de sa toxicité se sont accumulées. Jusqu’en 1987, quand le Centre international pour le cancer l’a classé comme cancérogène certain pour l’humain.
Malgré les alertes, « les producteurs de PVC se sont efforcés de dissimuler durant des années la toxicité du CVM et les dangers encourus par les travailleurs comme par les consommateurs », note Gaspard Lemaire dans un article. Ainsi, à partir des années 1960, ce plastique a inondé le marché des canalisations, en plein boum. En France, « l’adduction d’eau dans la partie ouest du pays n’est survenue que dans les années 1960-1970 », raconte Frédéric Blanchet, de l’Association scientifique et technique pour l’eau et l’environnement (Astee). Beaucoup de hameaux, de fermes isolées ont été raccordés à cette époque-là.
Dans les années 1980, de nouveaux procédés de fabrication ont permis d’éliminer la majeure partie du CVM dans le PVC. Mais le mal était déjà fait. Le ministère de la Santé estime à environ 140 000 km le linéaire de canalisations en PVC posé avant 1980 ou dont la date de pose est inconnue [2]. « C’est considérable », remarque Franco Novelli, de la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR).
« Les législateurs ont gravement
manqué de diligence »Pourtant, il a fallu attendre plusieurs décennies avant que les pouvoirs publics ne prennent la mesure du problème. « Informés des risques liés à la contamination des réseaux d’eau par cette substance, les législateurs ont gravement manqué de diligence », observe ainsi Gaspard Lemaire dans son article. Ce n’est qu’en 1998 que l’Union européenne a fixé un seuil à ne pas dépasser pour le CVM dans l’eau potable : 0,5 microgramme par litre (µg/L).
Puis, « alors que l’État français aurait dû mettre en place des mesures visant à éviter ces dépassements, la première campagne systématique visant à détecter la présence de [cette substance] dans l’eau ne date que de 2011 », indique le chercheur. Interrogé par Reporterre, le ministère de la Santé livre une version différente : « L’analyse du chlorure de vinyle monomère (CVM) dans l’eau du robinet est systématique depuis 2007 », nous a-t-il indiqué par courriel.
Une vision enjolivée de l’histoire : en 2007, le gouvernement a pris un arrêté qui prévoit enfin la mise en place d’analyses des eaux potables. Mais la première mission de détection du composé toxique dans les réseaux n’a été menée qu’en 2011, nous a affirmé l’Astee, qui a participé à ce programme. Des recherches tardives, qui ont confirmé les craintes des autorités.
Depuis une dizaine d’années, les signaux rouges se sont ainsi multipliés. Des habitants ont découvert du jour au lendemain qu’ils ne pouvaient plus consommer l’eau du robinet, comme Reporterre le racontait en 2017. Des communes se sont retrouvées à devoir distribuer de l’eau en bouteille. En urgence, des syndicats des eaux ont ouvert les vannes de leurs canalisations et mis en place des purges pour vider les réseaux des eaux contaminées [3]. Bref, c’est le branle-bas.
Des petites communes laissées-pour-compte
Mais pas question de laisser s’ébruiter le scandale ! Comme Reporterrel’a raconté, les habitants sont souvent peu ou pas informés de la pollution. Et les autorités sanitaires renâclent à livrer leurs analyses. Après plusieurs réclamations et un passage par la Commission d’accès aux documents administratifs, Gaspard Lemaire a cependant obtenu de neuf agences régionales de santé (ARS) les résultats des prélèvements effectués.
D’après ces résultats, transmis à Reporterre et aux médias Le Monde, Politis, France culture et « Envoyé spécial », 6 410 non-conformités ont été identifiées entre 2014 et 2024 dans neuf régions. Les dépassements de limites de qualité atteignent jusqu’à 1 400 fois le seuil fixé par la réglementation européenne. Avec des disparités fortes entre territoires : en Normandie, 11 % des prélèvements d’eau se sont révélés non conformes, alors que ce taux tombe à 0,5 % en Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Les neuf régions analysées : Normandie, Haut-de-France, Bourgogne-Franche-Comté, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Auvergne-Rhône-Alpes, Nouvelle-Aquitaine, Grand Est, Bretagne, Corse. Pxhere/CC0
Globalement, les petites communes en bout de réseau sont les plus affectées, car l’eau ayant tendance à stagner dans les canalisations se charge en CVM [4]. Au total, d’après une instruction du ministère de la Santé publiée en 2020, « plus de 120 000 analyses de CVM ont été réalisées sur le réseau de distribution d’eau depuis octobre 2012 avec un taux de conformité proche de 97 % ».
Pas très rassurant, estime Gaspard Lemaire : « Un taux de non-conformité de 3 % laisse penser qu’un nombre important de Français sont manifestement exposés au CVM. » Aucune estimation précise du nombre de communes et de personnes affectées n’a été diffusée. Mais selon une note de position de l’Institut de veille sanitaire publiée en 2010, 600 000 personnes seraient concernées par des niveaux de CVM non conformes. Le chercheur dénonce ainsi une « dissimulation du problème de la part de l’État […] qui a systématiquement minimisé les risques ».
Des solutions trop coûteuses
Comment expliquer une telle attitude des pouvoirs publics ? Nous avons posé la question au ministère, qui estime — comme nous l’avons écrit plus haut — avoir réagi dès 2007. Soit, tout de même neuf ans après l’adoption de la directive européenne sur ce sujet. Dans son courriel, l’exécutif indique aussi être allé « plus loin que la réglementation européenne », qui ne requiert pas de prélèvements ni d’analyses poussées de l’eau potable. Pour le reste, il nous renvoie vers les collectivités propriétaires des réseaux, « en charge des travaux nécessaires en cas de présence de CVM ». En clair : circulez, il n’y a rien à voir.
Pour Frédéric Blanchet, de l’Astee, la prise de conscience (tardive) des autorités s’explique par un manque d’expertise : « Dans le domaine de l’eau, il existe une barrière analytique : on ne peut évaluer que ce qu’on sait analyser, indique-t-il. Pendant longtemps, on ne savait pas quantifier du CVM à 0,5 µg/L. » Autant chercher une aiguille dans une botte de foin sans bonnes lunettes.
L’expert se souvient aussi du « flou total » à la fin des années 2000, quand il est apparu urgent de traiter cette contamination. « On voyait apparaître de plus en plus de non-conformités [d’eau potable avec trop de CVM], et on ne savait pas quoi faire, se souvient-il. On avait très peu d’exemples d’autres pays et de référentiels réglementaires pour gérer ces situations. »
Un argument nuancé par Gaspard Lemaire : « Aux États-Unis, dès 1975, l’Agence de l’environnement avait été en mesure de détecter la présence de CVM dans l’eau avec un seuil de détection de 0,03 µg/L », note-t-il dans son article. Pour le chercheur, la raison de l’inaction étatique tient plutôt à la complexité du sujet : une fois que le problème est connu et reconnu, il faut agir. Or les solutions sont coûteuses et difficiles à mettre en place.
« C’est vraiment un casse-tête »
« Quand on constate des dépassements répétés de la limite de 0,5 µg/L, l’eau est déclarée non conforme, et on a trois ans pour gérer le problème, détaille Franco Novelli. On peut diluer l’eau contaminée, distribuer de l’eau en bouteille, purger les canalisations… Mais à terme, la seule solution, c’est de remplacer les tuyaux. »
Or cette dernière — et unique — solution prend du temps, beaucoup de temps. Il faut d’abord déterminer les canalisations à risque à l’aide de modèles informatiques complexes, puis effectuer une série de prélèvements. Dans les Côtes-d’Armor, il a ainsi fallu plus de deux ans pour juste identifier précisément les 77 km problématiques, sur les 4 500 km de tuyauterie départementale. « Si l’on veut faire les choses bien, avec précision, il faut prendre du temps », indique Joël Rivallan, ancien directeur de syndicat départemental des eaux.
Mais même une fois les tronçons incriminés bien identifiés, encore faut-il pouvoir les changer ! Le changement de 1 kilomètre de canalisation coûte entre 50 000 et 200 000 euros selon la configuration des lieux, d’après les chiffres transmis par le ministère.
Une somme colossale, que les petites communes rurales — principalement concernées — n’ont généralement pas. « C’est vraiment un casse-tête, soupire Bertrand Hauchecorne, premier élu de la commune de Mareau-aux-Prés dans le Loiret et membre de l’Association des maires ruraux de France. Comme on n’a pas les moyens de renouveler les réseaux, on fait des emprunts, mais cela augmente le prix de l’eau, parfois à des montants difficilement acceptables par les usagers. »
Car malgré les promesses du président Macron, les aides ne sont pas à la hauteur. « Le plan eau n’a pas eu d’effet sur le terrain, constate l’édile. Les Agences de l’eau ont des moyens en baisse, le Fonds vert se réduit peu à peu et les dotations des départements ne sont pas systématiques. » Face à ce mur d’investissement, les pouvoirs publics semblent ainsi tentés par la stratégie de l’autruche.
« C’est difficile d’informer le public sur le fait que les canalisations sont cancérogènes, et que pendant des années on n’a rien fait », résume Gaspard Lemaire. Ainsi, pour le chercheur, « la gestion de cette affaire ne relève nullement d’un cas isolé, mais témoigne d’une incapacité généralisée de l’État à protéger les citoyens contre les menaces sanitaires croissantes ».
Plusieurs centaines de milliers de Français exposés à la pollution des canalisations d’eau au chlorure de vinyle monomère, classé cancérogène
Cette substance toxique est relâchée dans l’eau potable par la dégradation de certains tuyaux en PVC installés dans les années 1970. Des recours en justice viennent d’être engagés contre l’Etat pour « négligences fautives ».
XAVIER LISSILLOUR
Saint-Antonin, Homps et Sérempuy dans le Gers, mais aussi Châtenoy, Sury-aux-Bois et Viglain dans le Loiret, Luzillé en Indre-et-Loire, ou encore Saint-Martin-le-Bouillant dans la Manche… La liste des communes françaises où l’eau du robinet n’est plus potable ne cesse de s’allonger. La faute aux polluants éternels ? Non. Aux pesticides ? Non plus. La contamination des ressources en eau dans ces communes essentiellement rurales porte une autre signature, moins connue du grand public : CVM, pour chlorure de vinyle monomère.
Classée cancérogène certain pour l’homme par le Centre international de recherche sur le cancer depuis 1987, cette substance chimique a été utilisée dans la fabrication des canalisations publiques en PVC (polychlorure de vinyle) déployées, en France, dans les années 1970, pour remplacer celles en plomb. Près d’un demi-siècle plus tard, certaines de ces canalisations continuent de relarguer des résidus de CVM et plusieurs centaines de milliers de foyers français y sont exposés, la plupart du temps sans le savoir, en buvant l’eau du robinet.
« Un scandale sanitaire majeur », dénonce le chercheur Gaspard Lemaire, doctorant au sein de la chaire Earth du Centre Jean-Bodin, de l’université d’Angers, et enseignant en droit de l’environnement à Sciences Po. Dans un article académique publié jeudi 16 janvier sur le site de sa chaire de rattachement et qui s’appuie sur l’analyse de rapports publics, de publications scientifiques et de données transmises par les agences régionales de santé (ARS), l’auteur pointe du doigt l’inertie des autorités européennes et françaises.
Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Dans trois villages du Loiret, les habitants n’ont plus d’eau potable depuis cinq ansLire plus tard
La directive européenne sur la qualité de l’eau destinée à la consommation humaine fixe depuis 1998 une valeur limite de 0,5 microgramme par litre (µg/l) de CVM à ne pas dépasser. Plus d’un quart de siècle plus tard, elle n’est toujours pas respectée en France. Ce n’est qu’en 2003, soit cinq ans après l’adoption de la directive, que les exigences européennes sont transposées en droit français. Il faudra attendre quatre années supplémentaires pour que les premières analyses de CVM dans l’eau soient diligentées, et 2011 pour une première campagne nationale.
« Je veux que les responsables paient »
L’avocate Gabrièle Gien dénonce la responsabilité de l’Etat et en particulier du ministère de la santé. Selon nos informations, elle a déposé, jeudi 16 janvier, un premier recours devant le tribunal administratif d’Orléans, pour faire reconnaître « les négligences fautives de l’Etat ». Les requérants, la famille Hue, habitent depuis 1995 à Châtenoy, petite commune du Loiret. En juillet 2014, l’ARS commence à dépister le CVM dans le réseau qui alimente le village (159 habitants) : les résultats mettent en évidence des dépassements. Pourtant, ce n’est qu’en juillet 2023 que la famille Hue, à l’instar d’une cinquantaine de foyers, reçoit un courrier du Syndicat intercommunal d’alimentation en eau potable (Siaep) de Châtenoy, Sury-aux-Bois et Combreux, lui interdisant de consommer l’eau du robinet sur recommandations de l’ARS.
Nicolas Hue est « révolté ». « Je veux que les responsables paient, explique-t-il. On a trouvé des milliards pour rendre la Seine baignable pour les Jeux olympiques mais nous, dans les petits villages, on nous a laissés boire de l’eau pendant des années alors qu’on savait qu’elle était contaminée par un produit cancérogène. » Le père de Nicolas Hue est mort d’un cancer du foie, mais c’est surtout pour sa fille de 4 ans qu’il s’inquiète : « Aujourd’hui, elle est en bonne santé mais qui sait si, dans quelques années, elle ne développera pas un cancer ou d’autres maladies. »
La famille a également engagé, en novembre 2024, une action devant le tribunal judiciaire d’Orléans contre le Siaep, pour violation de son obligation de distribuer de l’eau potable et d’information. Contacté, le président du syndicat, Jacques Lemercier, assure n’avoir « rien caché ». Selon lui, les résultats étaient « disponibles sur le site du Siaep » et « portés à la connaissance des élus » des trois communes concernées. Il explique avoir lancé un diagnostic de l’état du réseau dès 2019, qui a conduit à engager le remplacement de neuf tronçons sur 75. Les travaux ont débuté le 13 janvier.
L’audience est programmée le 13 mars. La première d’une longue série. Me Gien a saisi le tribunal judiciaire d’Orléans dans 16 autres dossiers et lancé, jeudi 16 janvier, une plateforme numérique nationale pour permettre à d’autres « victimes du CVM », partout en France, d’aller devant les tribunaux pour obtenir des indemnisations ou un diagnostic CVM de leur eau potable. Contactée, la Direction générale de la santé se défend : « La France va plus loin que la réglementation européenne en mesurant directement le CVM dans l’eau, alors que la réglementation européenne ne prévoit que d’estimer par calcul la présence théorique de CVM dans l’eau, sans mesure. »
Absence d’état des lieux complet
L’avocate fait le parallèle avec le scandale du chlordécone aux Antilles : « Depuis plus de cinquante ans, l’Etat français a laissé des centaines de milliers de consommateurs d’eau ingérer du CVM, une substance classée cancérogène. Il doit aujourd’hui à la fois réparer sa faute et assurer la mise en conformité des canalisations d’eau. » Avec comme différence de taille que l’impact sanitaire réel de l’exposition chronique au CVM est inconnu.
« On dispose d’études épidémiologiques sur les travailleurs exposés à de fortes doses en usine, qui montrent l’effet sur les cancers du foie, dit Hervé Conraux, responsable de l’association Action Comité Citoyen-France Nature Environnement (ACC-FNE), qui documente cette pollution dans la Sarthe depuis plus de huit ans. En revanche, il n’y a que des données toxicologiques et non épidémiologiques, sur les effets d’une exposition chronique par le biais de l’eau potable. Lorsque l’administration prétend qu’il n’existe aucune preuve d’un effet par cette voie d’exposition, c’est parce que les pouvoirs publics ne se sont pas donné les moyens de répondre à la question. »
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Quelle est la part de canalisations qui pose problème à l’échelle de la France ? Faute d’un état des lieux complet du patrimoine du réseau d’eau potable français, les chiffres divergent. Environ 140 000 kilomètres de canalisations seraient concernés (sur un réseau total estimé à plus de 900 000 kilomètres), selon le ministère de la santé. Jusqu’à 340 000 kilomètres, selon les délégataires de service public d’eau. Même grand écart concernant l’estimation du nombre de Français exposés au CVM. Selon une note de 2010 de l’Institut de veille sanitaire (aujourd’hui Santé publique France), 600 000 personnes consommaient une eau dont les niveaux de CVM dépassaient la limite de qualité, fixée à 0,5 µg/l. Une instruction publiée en 2020 par la direction générale de la santé mentionne un « taux de conformité proche de 97 % », sur la base de plus de 120 000 analyses de CVM effectuées depuis 2012. Trois pour cent de non-conformité, donc, soit potentiellement 2 millions de personnes exposées à des niveaux de CVM qui ne respectent pas la réglementation.
Dordogne et Orne, les départements les plus touchés
Les données obtenues par Gaspard Lemaire auprès de huit ARS (Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne-Franche-Comté, Bretagne, Grand-Est, Hauts-de-France, Normandie, Nouvelle-Aquitaine et Provence-Alpes-Côte d’Azur) confirment ce chiffre, avec un total de 6 410 dépassements du seuil de qualité sur la période 2014-2023, soit près de 3 % des prélèvements. Cela représente près de 10 % des communes concernées par au moins un résultat non conforme. L’essentiel des cas de pollution est constaté en zone rurale en bout de réseau : plus l’eau stagne, plus la charge en CVM est élevée. Elle augmente aussi avec l’ancienneté des tuyaux et la chaleur.
Selon l’analyse des données transmises par les ARS, le record de France reviendrait à la commune de Val de Louyre et Caudeau (réunion de trois villages de Dorgogne), avec un pic mesuré à 738 µg/l en juillet 2022, soit plus de 1 400 fois le seuil légal. Contactée, la municipalité n’a pas répondu. Avec l’Orne (1 196 dépassements répertoriés), la Dordogne (912) fait partie des départements les plus touchés.
Ces chiffres sont sans doute largement sous-estimés. Parmi les ARS qui n’ont pas transmis leurs données, celles du Centre-Val de Loire, des Pays de la Loire et d’Occitanie comptent parmi les régions où les canalisations en PVC datant d’avant 1980 sont les plus fréquentes. On apprend tout de même sur le site de l’ARS Centre-Val de Loire que 7 % des 1 542 analyses effectuées en 2022 dépassaient encore la limite de qualité.
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Que valent ces estimations ? Si on se réfère à la base nationale de la qualité des eaux alimentée par les ARS, le taux de non-conformité moyen se limiterait à 2 % en 2023 et en 2024 au niveau national. Des chiffres qui minorent le problème pour Hervé Conraux, de l’ACC-FNE. L’association a utilisé la loi sur l’accès à la documentation administrative pour exiger l’ensemble des mesures conduites par l’ARS des Pays de la Loire, dans le département de la Sarthe. « A partir de ces données, nous nous sommes rendu compte que le taux de dépassement pour le CVM était de 21 % entre 2013 et 2023 sur le département, ce qui ne correspond pas aux 2 % de dépassement environ, qui ressortent de l’analyse de la base de données nationale sur la qualité de l’eau », explique M. Conraux.
Contactée, l’ARS des Pays de la Loire ne conteste pas ce hiatus, et précise qu’une part des mesures ciblent les secteurs des réseaux les plus susceptibles d’être concernés par des excès de CVM. « Du fait de la localisation ciblée de ces prélèvements, les résultats d’analyses obtenus ne sont pas représentatifs de la qualité de l’eau consommée par l’ensemble des abonnés des unités de distribution concernées [c’est-à-dire la totalité d’un réseau de distribution, dont la qualité est supposée homogène], explique-t-on à l’agence. Pour cette raison, l’ARS ne fait volontairement pas remonter les valeurs associées sur le site national. » Une méthode qui, selon l’ACC-FNE, masque en partie le problème. Toutefois, l’ARS Pays de la Loire assure qu’« une communication spécifique a été faite aux abonnés concernés pendant la campagne ».
Ardoise astronomique
Combien de kilomètres de canalisations en PVC posées avant 1980 reste-t-il à changer, et pour quel coût ? La direction générale de la santé renvoie vers le ministère de la transition écologique. Contacté, ce dernier renvoie… vers le ministère de la santé. L’agence de l’eau Loire-Bretagne, dont le bassin hydrographique couvre près de 30 % du territoire hexagonal (34 départements pour 13 millions d’habitants) est l’une des premières à avoir accompagné les collectivités rurales touchées par des dépassements de norme pour les aider à financer le remplacement des canalisations concernées. Sur son programme 2019-2024, elle a participé au remplacement de 550 kilomètres de réseau d’eau potable relarguant du CVM. Selon ses estimations, le coût moyen s’est envolé, pour passer en cinq ans de 75 à 90 euros hors taxe par mètre linéaire. « Localement, la facture peut même grimper à 200 euros le mètre », ajoute Régis Taisne, chef du département « cycle de l’eau » à la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies.
La facture du remplacement de l’ensemble des canalisations contenant du CVM s’élèverait donc entre 12,6 milliards – avec l’hypothèse basse de 140 000 kilomètres de linéaires concernés – et 30,6 milliards (340 000 kilomètres). L’étendue du problème est en réalité très difficile à établir. « Les canalisations qui relarguent du CVM ne sont pas toutes clairement identifiées, car ni un fabricant ou une usine spécifiques, ni même une date précise de fabrication n’est en cause, dit M. Taisne. Le défaut de ces tuyaux provient de petites variations de la température lors du processus de fabrication : on parle de “mauvaise polymérisation” du matériau. Il est donc impossible de tracer la localisation des canalisations posées avant 1980 qui doivent effectivement être remplacées. »
Dans tous les cas, l’ardoise est astronomique pour les petites collectivités : 3 millions d’euros pour le village de Viglain (854 habitants) dans le Loiret, jusqu’à 46 millions pour le syndicat des eaux de Mirande qui couvre 22 communes dans le Gers. « On constate que les communes, en particulier les plus rurales, qui exercent seules la compétence eau potable sont en difficulté pour identifier les réseaux à risque, réaliser les analyses et les travaux », indique-t-on à l’agence de l’eau Loire-Bretagne. En octobre 2024, le sénateur du Gers, Alain Duffourg (Union centriste, UC) a interpellé le gouvernement pour obtenir « une participation de l’Etat à cette charge importante pour les collectivités ». A ce jour, il n’a pas reçu de réponse.
Stéphane Foucart et Stéphane Mandard
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L'argent public
- Par Thierry LEDRU
- Le 06/09/2025
A celles et ceux qui l'ignoreraient, les partis politiques reçoivent de l'argent public. Beaucoup d'argent public.
Personnellement, ça me met en rage.
Que ça soit le RN ou n'importe lequel, je m'en fiche. Le problème n'est pas là.
Il va falloir que je passe à autre chose. Le sujet "politique" est sans aucun doute celui qui m'irrite au plus haut point.
Le Rassemblement national devient le premier bénéficiaire de l'aide publique aux partis en 2025 et va percevoir près de 15 millions d'euros
Le parti d'extrême droite tire ainsi profit de ses résultats aux élections législatives anticipées de 2024.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
France Télévisions
Publié le 06/09/2025 18:25 Mis à jour le 06/09/2025 18:36
Temps de lecture : 2min
Conséquence de sa poussée aux dernières législatives, le Rassemblement national va percevoir cette année près de 15 millions d'euros d'aide publique aux partis politiques, devenant pour la première fois le principal bénéficiaire de ce dispositif, devant le camp présidentiel et le Parti socialiste.
Plus d'un an après les élections législatives anticipées, et maintenant que tous les recours ont été purgés par le Conseil constitutionnel, les partis politiques vont enfin pouvoir toucher leur dû : soit un peu plus de 64 millions d'euros pour l'année 2025, selon un décret paru samedi 6 septembre au Journal officiel(Nouvelle fenêtre).
Cette somme est répartie en fonction du nombre de voix au premier tour des législatives et du nombre de parlementaires élus. Deux critères qui profitent pleinement au RN, avec un total de 14,8 millions d'euros d'aide publique. Le parti d'extrême droite détrône ainsi la coalition présidentielle (Renaissance, MoDem et autres) pour l'année 2025, qui passe de 19,5 à 11,3 millions de financement public.
La subvention de LFI et LR en baisse
Le Parti socialiste voit sa subvention bondir de 4,7 à 7,9 millions, à la faveur de l'accord scellé l'an dernier avec les autres partis de gauche sous la bannière du Nouveau Front populaire. Une alliance dont La France insoumise paye en revanche le prix, puisque son aide fond de 7,9 à moins de 6,7 millions d'euros, alors que les subventions des Ecologistes (3,5 millions) et du Parti communiste (2,1 millions) sont globalement stables.
Autres perdants, Les Républicains voient leur dotation chuter de 9,5 à 7,4 millions, en grande partie par leur faute : plus d'un million d'euros leur est en effet retiré pour non-respect de la parité car Les Républicains ont présenté deux fois plus de candidats que de candidates. Idem pour l'Union des droites pour la République : la formation d'Eric Ciotti avait investi cinq fois plus d'hommes et a été privé de plus de 1,3 million d'euros.
La formation Reconquête d'Eric Zemmour perd elle la quasi-totalité de ses financements (de 1,5 million à 200 000 euros), à cause de la parité mais surtout de sa débâcle aux législatives anticipées.
Le Mercosur
- Par Thierry LEDRU
- Le 06/09/2025
Quand je pense que j'ai voté pour l'UE. Qu'est-ce qu'on peut être con, parfois, quand on est jeune.
Le pognon et c'est tout, la croissance, coûte que coûte.
Que les politiques arrêtent de nous parler de leur intérêt pour l'écologie ou alors qu'ils nous disent en préambule :
"Attention, nous pourrions vous affirmer que nous nous inquiétons des effets du commerce mondial sur la planète, de la survie de nos agriculteurs, de la qualité alimentaire proposée à nos concitoyens, mais en réalité, on s'en fout royalement."
https://www.touteleurope.eu/l-ue-dans-le-monde/commerce-qu-est-ce-que-l-accord-de-libre-echange-entre-le-mercosur-et-l-union-europeenne/
Commerce : qu'est-ce que l'accord de libre-échange entre le Mercosur et l'Union européenne ?
Mis à jour le 03.09.2025
Arthur Olivier, mis à jour par Juliette Verdes et Vincent Lequeux
Destiné à libéraliser les échanges entre l'UE et quatre pays d'Amérique latine, le traité commercial avec le Mercosur a été signé le 6 décembre 2024. Adopté le 3 septembre 2025 par la Commission européenne, il doit encore être approuvé par les Vingt-Sept et le Parlement européen avant d'entrer en application.
Le Mercosur (ou "Mercosul" en portugais) représente plus de 80 % du PIB d'Amérique latine - Crédits : daboost / iStock
Un cinquième de l'économie mondiale et un marché de plus de 700 millions de consommateurs : c'est ce que pèsent aujourd'hui l'Union européenne et les quatre pays fondateurs du Mercosur, à savoir l'Argentine, le Brésil, le Paraguay, et l'Uruguay. De quoi donner une idée des conséquences possibles d'un accord de libre-échange entre ces deux mastodontes commerciaux.
Le 28 juin 2019 déjà, la Commission européenne annonçait que le traité UE-Mercosur était bouclé, prêt à passer les dernières étapes de ratification. "C’est un accord réellement historique", avait alors réagi le président de l'exécutif européen de l'époque, Jean-Claude Juncker.
Après une longue période de questions, marquée par d'âpres négociations en coulisse, une nouvelle étape a été franchie le 3 septembre 2025, avec la validation de l'accord par la Commission européenne. "Nous poursuivons nos efforts de diversification commerciale, développons de nouveaux partenariats et créons de nouvelles opportunités d’affaires. Les entreprises européennes et le secteur agroalimentaire de l’UE bénéficieront immédiatement de droits de douane réduits et de coûts moindres, contribuant ainsi à la croissance économique et à la création d’emplois", s'est félicitée la cheffe de l'exécutif européen, Ursula von der Leyen. Tout n'est cependant pas encore joué : le texte doit désormais être soumis à l'approbation des États membres et du Parlement européen. Retour sur les principaux éléments et enjeux de cet accord.
Qu'est-ce que le Mercosur ?
Le "marché commun du Sud", ou Mercosur, est un espace de libre circulation des biens et des services en Amérique latine. Il regroupe aujourd'hui cinq pays : ses membres fondateurs que sont l'Argentine, le Brésil, le Paraguay et l'Uruguay, ainsi que la Bolivie. Cette dernière y a adhéré mi-2024 et dispose de plusieurs années pour adopter les règles du Mercosur, tandis que le Venezuela en a été suspendu en 2016 pour des raisons liées à des violations de droits de l'homme et à des crises politiques internes. Le Chili, la Colombie, l'Equateur, le Guyana, le Pérou et le Surinam sont des membres associés au Mercosur.
Ses États membres élaborent une politique commerciale commune et coordonnent plusieurs de leurs politiques. Certaines législations et pratiques ont aussi été harmonisées afin de garantir le bon fonctionnement de ce marché. Ces pays sont par exemple en train de supprimer les frais téléphoniques supplémentaires lorsque leurs citoyens voyagent dans un autre État membre, à l'image de ce qui existe déjà dans l'Union européenne.
Le Mercosur a pris forme avec le traité d'Asunción (Paraguay), signé le 26 mars 1991. Parfois considéré comme le 3e bloc économique après l'Union européenne et le trio Canada/États-Unis/Mexique, le Mercosur représente plus de 80 % du PIB sud-américain.
UE-Mercosur : Ursula von der Leyen annonce un accord avec les pays d’Amérique latine
Quel est l'objectif de l'accord entre l'UE et le Mercosur ?
Comme tout accord de libre-échange, l'objectif du traité avec le Mercosur est d'intensifier les échanges de biens et de services entre l'UE et les économies latino-américaines. En d'autres termes, donner un coup de fouet au commerce transatlantique.
Les entreprises européennes se heurtent aujourd'hui à des barrières commerciales lorsqu'elles exportent vers cette région. Le Mercosur applique par exemple des droits de douane de 27 % sur le vin et de 35 % sur les voitures et les vêtements importés depuis l'UE. Des normes et réglementations différentes imposent par ailleurs aux exportateurs européens des procédures pour prouver que les produits de l'UE répondent à certaines exigences en matière de sécurité alimentaire ou de santé animale. Les entreprises brésiliennes ou argentines ont des contraintes comparables si elles veulent exporter vers l'Union européenne.
Selon la dernière analyse d'impact commandée par la Commission européenne, un accord engendrerait 0,1 % de croissance supplémentaire dans l'UE à l'horizon 2032. Côté Mercosur, la croissance pourrait augmenter de 0,3 %.
Colère des agriculteurs : pourquoi l’accord avec le Mercosur pose problème ?
Les accords de libre échange
L'Union européenne compte aujourd'hui près de 50 accords commerciaux avec des pays du monde entier. Alors que le multilatéralisme de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) est en panne, les accords bilatéraux de libre-échange sont devenus centraux dans la stratégie commerciale européenne. Plus ou moins approfondis, ces partenariats comportent toujours une diminution des droits de douane.
Dans la seconde moitié du XXe siècle, la construction européenne s'est réalisée parallèlement à la libéralisation des échanges mondiaux, à laquelle elle a contribué. L'UE s'est elle-même fondée sur les principes de libre circulation des biens, des services, des personnes et des capitaux, qui sont les quatre libertés de son marché unique.
Les accords européens de libre-échange en 3 minutes
Quelles sont les dispositions commerciales de l'accord ?
Le traité commercial entre l'UE et le Mercosur prévoit d'éliminer plus de 90 % des droits de douane imposés par le Mercosur et l'UE aux produits venant de part et d'autre de l'Atlantique. Le marché européen s'ouvrirait ainsi plus largement aux produits agricoles sud-américains, sur la base de quotas progressivement introduits. À terme, ce sont ainsi 99 000 tonnes de bœuf par an qui pourraient par exemple entrer en Europe à un taux préférentiel (7,5 %), ainsi que 60 000 tonnes de riz et 45 000 tonnes de miel sans obstacles tarifaires.
Les droits de douane du Mercosur seraient quant à eux progressivement éliminés sur les voitures, les machines, la chimie, les vêtements, le vin, les fruits frais ou encore le chocolat venus d'Europe.
Selon l'accord validé par la Commission européenne le 3 septembre, des mécanismes de sauvegarde bilatéraux censés protéger le marché européen en cas de déstabilisation de la filière agricole, comme le réclamait de longue date la France, devraient se traduire sous la forme d'un "acte juridique". L'objectif : autoriser les deux parties à limiter temporairement les importations en cas de préjudice grave porté à leur économie. Un"filet de sécurité" pour l'agriculture, d'un montant de 6,3 milliards d'euros, devrait par ailleurs être ajouté au prochain budget à long terme de l'UE. Le Mercosur reconnaîtrait également 350 indications géographiques de l'UE, qui protègent les produits européens de haute qualité de la contrefaçon, à l'image du prosecco italien ou du roquefort français.
Entre l'accord de principe de 2019 et la signature de décembre 2024, le traité a subi quelques modifications. Un délai de 18 ans a par exemple été accordé pour supprimer totalement les droits de douane du Mercosur sur les voitures électriques et hybrides, au lieu de 15 ans comme prévu en 2019. En contrepartie, ils seront réduits de 35 à 25 % dès l'entrée en vigueur de l'accord, avec la possibilité d'activer des mesures de sauvegarde si les importations augmentent trop rapidement.
En outre, le Brésil s'est engagé à ne pas imposer de droits de douane sur des matières premières critiques (nickel, cuivre, aluminium, acier, titane) à destination de l'UE. D'autres matières premières verraient leurs droits réduits.
Au-delà des clauses purement commerciales, chaque partie s'engage à ouvrir ses marchés publics aux entreprises de l'autre continent. La version révisée de l'accord octroie notamment des flexibilités au Brésil en la matière, tandis que les entreprises européennes auraient accès aux marchés publics brésiliens non seulement au niveau national, mais aussi à l'échelle subfédérale. Un mécanisme de règlement des différends permettrait par ailleurs aux pays de contester juridiquement certaines mesures prises par un État allant à l'encontre des bénéfices commerciaux prévus. Le traité contient également des engagements visant à garantir le respect des droits de propriété intellectuelle. Enfin, il est assorti de nouvelles clauses environnementales (voir plus bas).
Les relations UE-Mercosur
L'Union européenne est le second partenaire commercial des pays du Mercosur, après la Chine. L'UE est aussi le premier investisseur étranger dans la région. À l'inverse, le Mercosur représente le 11e partenaire commercial des Vingt-Sept et seulement 2 % de leurs exportations.
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Quelles sont les principales critiques à l'encontre du traité UE-Mercosur ?
Comme beaucoup d'accords de libre-échange, le traité entre l'UE et le Mercosur est sous le feu de critiques. Outre l'opacité des négociations, ses opposants dénoncent les potentielles conséquences sociales, environnementales et sanitaires d'un tel projet.
Sur le plan économique et social, ses détracteurs l'accusent notamment de contribuer à importer plus de produits agricoles dans l'UE sans pour autant respecter toutes ses règles. Bien que l'accord prévoie des engagements en matière de droits du travail ou de conditions de travail décentes, ces importations pourraient favoriser une concurrence déloyale vis-à-vis des agriculteurs européens dans certains secteurs. Ceux-ci ont d'ailleurs été nombreux à exprimer leur opposition au projet, lors de manifestations en début puis en fin d'année 2024.
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D'un point de vue écologique, les opposants au traité UE-Mercosur soulignent que l'intensification des flux commerciaux contribue à augmenter les émissions de gaz à effet de serre, responsables du réchauffement climatique. D'aucuns alertent également sur les écarts entre l'UE et le Mercosur en matière de normes environnementales. La question de la déforestation en Amazonie et des pressions sur la savane brésilienne est également soulevée par des ONG comme Greenpeace.
Quant aux critiques sur le volet sanitaire, elles portent principalement sur le fait que les produits agricoles sud-américains sont soumis à des normes moins strictes qu'en Europe en matière de pesticides et d'antibiotiques. Bien que les produits importés doivent respecter les normes de l'UE et ne pas contenir de substances interdites (hormones, certains pesticides…), le contrôle et la traçabilité des produits importés comporteraient des lacunes. Au sein de l'UE notamment, les contrôles sanitaires et phytosanitaires restent sous la responsabilité des États membres, soulevant des inquiétudes quant à leur uniformité et leur efficacité.
La France et le traité UE-Mercosur
La France s'était jusqu'ici clairement opposée à l'adoption définitive du traité UE-Mercosur. Après la signature de l'accord le 6 décembre 2024, le président Emmanuel Macron a déclaré que le projet restait "inacceptable en l'état", exprimant ses préoccupations quant à l'impact sur l'agriculture française et l'environnement. En novembre 2024, le Parlement français avait majoritairement approuvé la position du gouvernement dans les négociations sur l’accord, soit un rejet du texte “en l’état”. Selon la Commission européenne, les clauses miroirs défendues par la France n'ont pas fait l'objet de négociations.
Le message de Paris semble toutefois avoir été entendu. L'annonce par Bruxelles, le 3 septembre, de mesures de sauvegarde pour "les produits européens sensibles" dans la dernière version de l'accord a été bien reçue. "Cela va dans le bon sens", a réagi sur X le ministre délégué français du Commerce extérieur, Laurent Saint-Martin, avant d'ajouter que la France allait désormais "examiner dans le détail ce qui est proposé, afin de s’assurer de l’efficacité du dispositif."
Accord UE-Mercosur : pourquoi la France s’y oppose-t-elle ?
L'accord signé en 2024 répond-il à ces critiques ?
Consciente de ces risques, la Commission européenne a négocié de nouvelles garanties vis-à-vis des pays du marché sud-américain. Le traité de libre-échange UE-Mercosur révisé de 2024 contient ainsi de nouvelles dispositions sur l'accord de Paris pour le climat et la déforestation. L'UE aurait désormais le droit de suspendre partiellement ou totalement ses relations commerciales avec un pays du Mercosur, dans le cas où ce dernier mettrait en péril l'accord sur le climat. Les deux parties se sont également engagées à mettre fin à la déforestation illégale d'ici 2030.
Toutefois, un "mécanisme de rééquilibrage" a été introduit à la demande des pays du Mercosur, dans le cas où les législations européennes (le règlement sur la déforestation notamment) affecteraient leur économie. Dès le 1er septembre, avant même la validation du texte lors de la réunion du Collège des commissaires, une initiative transpartisane a vu le jour au Parlement européen afin de contester l'accord - et ce mécanisme de rééquilibrage en particulier - devant la Cour de Justice de l'Union européenne.
La Commission européenne a par ailleurs prévu de créer un fonds d'indemnisation des agriculteurs. D'un montant de plus d'un milliard d'euros, il pourrait être activé en cas de crise exceptionnelle affectant des secteurs sensibles comme le bœuf, la volaille ou le sucre.
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Quelles sont les prochaines étapes pour valider le traité ?
Ouvertes à la fin des années 1990, les négociations entre l'UE et le Mercosur avaient abouti à un accord de principe en juin 2019. Le processus a ensuite été suspendu, en raison notamment des mesures du président brésilien de l'époque Jair Bolsonaro, qui ont aggravé la déforestation. Les discussions avaient ensuite repris avec l’élection de Luis Inácio Lula da Silva (dit "Lula"), fin 2022.
À la suite des élections européennes de juin 2024, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen avait clairement affiché la volonté d'aboutir à un compromis d'ici la fin de l'année. Tandis que le nombre d’États opposés au traité se réduisait, laissant la porte ouverte à une majorité au Conseil de l'Union européenne.
L'UE et le Mercosur sont parvenus à signer un accord le 6 décembre 2024. Le texte doit désormais être traduit dans les 24 langues officielles de l'UE et finalisé sur le plan juridique. Validé par la Commission européenne, il va maintenant être proposé au Conseil de l'Union européenne, qui doit l'adopter à la majorité qualifiée des États membres.
Fin 2024, plusieurs États membres — parmi lesquels la France, la Pologne, l’Italie, la Belgique, les Pays-Bas et l’Autriche — avaient exprimé leur volonté de bloquer l’accord au Conseil. En mai 2025, la ministre française de l’Agriculture, Annie Genevard, a rencontré ses homologues hongrois, autrichien et allemand, dans le but de renforcer cette opposition. Paris a cherché à consolider et élargir la minorité de blocage, en veillant notamment à ce que des pays clés comme la Pologne et l’Italie y restent engagés.
Mais l’accord avec le Mercosur compte aussi de nombreux partisans en Europe, à commencer par l’Allemagne qui veut offrir de nouveaux débouchés à ses entreprises industrielles. Selon Bruxelles, il permettrait aux exportateurs européens d’économiser plus de 4 milliards d’euros de droits de douane par an en Amérique latine. Si toutefois le texte est bel et bien adopté par les États membres.
L'accord devrait être soumis au vote des parlements nationaux, ou du moins en partie. Étant considéré comme un accord "mixte", certaines de ses dispositions (non commerciales) doivent en principe être soumises à un tel vote. Toutefois, la Commission européenne a décidé de scinder l'accord en deux volets, comme elle l’a fait pour le traité UE-Canada (CETA). Autrement dit, la partie purement commerciale de l'accord a été approuvée par la Commission le 3 septembre 2025, avant d'être soumise aux États membres du Conseil qui se prononceront à la majorité qualifiée, puis au Parlement européen à la majorité simple.
Si les pays membres et les députés européens soutiennent majoritairement l'adoption du volet commercial, celui-ci pourra alors entrer en application. Seul le volet politique resterait soumis à un vote des parlements nationaux.