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Deux écologies qui s'opposent
- Par Thierry LEDRU
- Le 16/12/2024
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Il y a deux sortes d'écologie : l'écologie réelle et l'écologie politique. La première est utile, la seconde est néfaste. Ou plutôt, elle l'est devenue par l'arrivisme de certains cadres politiques qui par leurs comportements ont donné à l'écologie une image punitive. L'écologie ne doit pas être politique, elle doit être sociale, existentielle, émotionnelle, affective, c'est à dire essentiellement tournée vers les actes bons, mesurés, conscients, utiles, protecteurs envers la nature. Et non envers un mouvement politique et ses leaders.
L'écologie sociale, c'est celle que nous pratiquons par des gestes respectueux, le tri, la consommation mesurée, le recyclage, une alimentation dé-carnée, la pratique du potager, l'entraide, le troc, la solidarité. L'écologie ne concerne pas que la nature ou l'environnement mais les humains entre eux, le respect de l'autre et si nécessaire sa protection.
D'ailleurs, il est étrange de parler « d'environnement » comme si nous étions séparés de la nature, des êtres à part avec une nature qui nous entoure alors que nous sommes des êtres naturels et totalement insérés dans cette nature. Sans elle, nous ne serions plus là.
L'écologie politique est devenue une écologie punitive parce qu'elle fonctionne par des injonctions alors que des millions de personnes sont déjà dans leur vie quotidienne soumis à des injonctions de survie. Et lorsque ces injonctions politiques sont proclamées par des gens qui vivent dans le luxe et le confort et prennent l'avion pour aller se dorer la pilule dans des pays exotiques pour les vacances de Noël, ça ne peut pas passer. D'autant plus qu'ils sont payés par l'argent public, c'est à dire justement celui dont nous aurions besoin pour vivre un peu mieux.
Il est donc urgent de ne pas mélanger ces deux faces de l'écologie au risque de délaisser la première alors que la situation planétaire tourne au cauchemar.
Personnellement, je pense que les voitures électriques, c'est une aberration et que les lobbies industriels ont encore réussi à imposer leurs visions. Si on regarde les dégâts dans les pays qui fournissent les métaux nécessaires pour la fabrication des batteries, il ne faut pas parler d'écologie. Quand je vois que les cartons qu'on rapporte à la déchetterie pour être recyclés partent au Vietnam par cargos parce que ni en France, ni en Europe on a d'usines capables de les recycler à grande échelle, c'est juste du foutage de gueule. Et des exemples comme ceux-là, il y en a des centaines. Qu'on a arrêté la consigne des bouteilles en verre pour favoriser l'usage du plastique, que la SNCF ait été autorisée à démanteler le réseau qui permettait de couvir la totalité du territoire, condamnant les habitants des régions de la "diagonale du vide" à utiliser les voitures puisque mêmes les transports en commun ont disparu, que les gouvernements successifs aitent laissé s'étendre le transport routier en abandonnant le ret erroviaire, que les lobbies de l'aviation aient été subventionnés alors que le tourisme aérien aurait depuis longtemps dû être surtaxé, que l'éolien soit subventiooné mais que jamais on ne parle de décroissance, que les usines à charbon soient remises en service... etc... etc...
etc... etc... etc...
Nous avons le devoir d'être écologistes tout autant que le devoir de résister aux injonctions de l'écologie politique. Nous devons être exemplaires et ne pas suivre l'exemple falsifié des élites. Ces élites qui ont juste réussi à donner à l'écologie une image désastreuse.
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Indignation populaire
- Par Thierry LEDRU
- Le 14/12/2024
- 0 commentaire
Publié le 06/12/2024 à 23h38 • Mis à jour le 07/12/2024 à 12h42
L'essentiel
Mercredi matin, en plein centre de Manhattan à New York, Brian Thompson, 50 ans, dirigeant de UnitedHealthcare, a été abattu de plusieurs balles devant un hôtel Hilton. Ce crime a été qualifié de « prémédité, planifié et ciblé » par le NYPD, la police de la ville. Alors que l’enquête progresse, les réactions publiques témoignent d’un profond malaise autour du secteur de l’assurance santé aux Etats-Unis.
Cet assassinat intervient en effet dans un climat de tensions croissantes autour des assurances santé aux Etats-Unis. UnitedHealthcare, filiale du géant UnitedHealth Group, assure 51 millions de personnes et collabore avec des programmes publics comme Medicare. L’entreprise est souvent critiquée pour des pratiques jugées abusives.
Des dizaines de milliers d’émojis « rire »
Et, depuis l’annonce de la mort de Brian Thompson, le Network Contagion Research Institute, centre de recherche sur le numérique et réseaux sociaux, a observé une explosion de publications en ligne glorifiant le meurtre, certaines appelant même à de nouvelles violences. Le Network Contagion Research Institute a ainsi recensé « un bond de publications très engagées […] glorifiant l’événement » voire « appelant à des actes de violence supplémentaires, suscitant des dizaines de millions de vues ».
Sur Facebook, UnitedHealth Group, maison mère de UnitedHealthcare, a bloqué la possibilité de commenter son message de condoléances, après des dizaines de milliers de réactions sous forme d’émojis « rire ».
Une colère profonde contre les assurances santé
Plus généralement, les réseaux sociaux ont été inondés de remarques acerbes voire haineuses. « J’ai soumis une demande de prise en charge pour mes condoléances mais elle a été refusée, trop triste », assène, plein d’ironie, un internaute sur TikTok. « Pensées et prières pour tous les patients à qui l’on a refusé une prise en charge », commente un autre.
Retrouvez notre dossier sur les Etats-Unis
Pour des experts, cela témoigne d’une colère profonde aux Etats-Unis contre les assurances santé, secteur privé très lucratif dans un pays aux inégalités abyssales. Ces messages, partagés des millions de fois, reflètent effectivement une colère latente contre les inégalités du système américain, accusé de négliger les patients pour maximiser les profits.
Imaginons une mise en scène (très macabre).
Si on pouvait aligner tous les cercueils de ceux et celles qui sont morts des effets de ces assurances privées de santé, ça serait bien plus terrifiant que la mort de cet homme. Mais c'est justement parce que ça n'est pas visible que certains ne gardent en tête et ne s'offusquent que de la mort violente de ce patron. Et c'est bien ça qui est injuste. Il faudrait un cimetière national comme les cimetières militaires, avec ces milliers de croix blanches alignées.
Non, je ne cautionne pas cet assassinat mais je comprends le mouvement populaire qui le suit et la révolte verbale des gens qui applaudissent le geste du tueur. Il s'agit avant tout d'une indignation, d'une colère larvée qui éclate. Combien d'Américains connaissent personnellement une personne décédée par manque de soins ? Des millions certainement.
Une compagnie d'assurance a déjà annoncé avoir renoncé à raccourcir les durées de couverture des anesthésies. Faut-il donc que la révolte aille jusqu'au meurtre pour que les consciences s'éveillent ? Mais peut-on parler de conscience dans ces grands groupes financiers ? Conscience de leurs bénéfices, assûrément, mais conscience morale, certainement pas.
Maintenant, était-il raisonnable de confier la prise en charge financière de la santé par le secteur privé ? Non, bien évidemment. Et on ne peut qu'espérer que ça n'arrivera jamais ici.
Tous les acquis sociaux dont nous profitons maintenant ont été pris à la classe bourgeoise par la violence, "la classe des riches" comme le dit Warren Buffet. Rien n'a été donné par empathie et solidarité...
Petit rappel utile :
Les trois violences
« Il y a trois sortes de violence. La première, mère de toutes les autres, est la violence institutionnelle, celle qui légalise et perpétue les dominations, les oppressions et les exploitations, celle qui écrase et lamine des millions d’hommes dans ses rouages silencieux et bien huilés.
La seconde est la violence révolutionnaire, qui naît de la volonté d’abolir la première.
La troisième est la violence répressive, qui a pour objet d’étouffer la seconde en se faisant l’auxiliaire et la complice de la première violence, celle qui engendre toutes les autres.
Il n’y a pas de pire hypocrisie de n’appeler violence que la seconde, en feignant d’oublier la première, qui la fait naître, et la troisième qui la tue. »
Dom Helder
Hélder Pessoa Câmara, ou plus couramment, Helder Camara
Citation de Warren Buffet (célèbre milliardaire américain)
"Il y a une lutte des classes, évidemment, mais c'est ma classe, la classe des riches qui mène la lutte. Et nous sommes en train de gagner."
(en) There’s class warfare, all right, but it’s my class, the rich class, that’s making war, and we’re winning.
dans une interview de CNN, le 19 juin 2005, cité par le New York Times, le 26 novembre 2006
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Les animaux du monde
- Par Thierry LEDRU
- Le 13/12/2024
- 0 commentaire
Quand j'étais petit, je regardais à la télévision tout ce que je pouvais sur les animaux et cette émission-là, je l'adorais. Un générique inoubliable.
Un gang de manchots, un écureuil fou, des chouettes amoureuses : découvrez les lauréats des Comedy Wildlife Photography Awards 2024
Cette année encore, des milliers de photographies humoristiques d'animaux sauvages, venues des quatre coins du monde, ont été soumises au jury des Comedy Wildlife Photography Awards. Les clichés qui ont retenu leur attention sont à admirer ci-dessous.
Article rédigé par Laure Narlian
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié le 13/12/2024 06:00
Temps de lecture : 1min
"Gang of Four" (Le Gang des quatre) du Britannique Ralph Robinson a remporté les félicitations du Comedy Wildlife Photography Award 2024 avec cette photo de manchots sauteurs prise sur les Îles Falkland, aux Malouines. (RALPH ROBINSON)
En montrant avec humour la beauté et l'incroyable diversité des animaux sauvages, les Nikon Comedy Wildlife Photography Award(Nouvelle fenêtre) sensibilisent et rappellent chaque année la nécessité de préserver la nature. Créée par des photographes professionnels et des spécialistes de la conservation animale, cette compétition récompense chaque année des clichés d'animaux saisis dans des positions insolites, cocasses et toujours drôles. Le jury a dévoilé jeudi 12 décembre son palmarès 2024.
Les lauréats par catégories
"Stuck Squirrel" (Écureuil coincé), une photo prise par Milko Marchetti, le 23 avril 2022, dans un parc de Ravenne en Italie, a remporté le Comedy Wildlife Photography Award 2024. (MILKO MARCHETTI)
"Mantis Flamenca" de l'Espagnol Jose Miguel Gallego Molina a remporté le Insect Award. Cette photo d'une mante religieuse qui semble danser, a été prise sur la route près d'un marais espagnol. (JOSE MIGUEL GALLEGO MOLINA)
"Frog in a Balloon" (Grenouille dans un ballon) de l'Allemand Eberhard Ehmke, a remporté le Reptiles and Amphibians Award 2024. (EBERHARD EHMKE)
"Whiskered Tern Crash on Landing" (Guifette Moustac s'écrasant à l'atterrissage) du Bulgare Damyan Petkov a remporté le Photo Birds Award 2024. (DAMYAN PETKOV)
"Smooching Owlets" (Le bécot des petites chouettes) de l'Indien Sarthak Ranganadhan a remporté le Junior Category Award 2024, réservé aux moins de 16 ans. (SARTHAK RANGANADHAN)
"Unexpected Role Swap" (Inversion de rôles inattendue) du Polonais Przemyslaw Jakubczyk a remporté le Fish and Other Aquatic Species Award 2024. (PRZEMYSLAW JACUBCZYK)
"Awkward Smiley Frog" (Étrange grenouille souriante) du Hongkongais Kingston Tam a remporté le Young Photographer Category Award 2024, réservé aux moins de 25 ans. "Mon but avec mes images est d'attirer l'attention sur nos amis humides et à écailles, et de montrer que les animaux non duveteux sont aussi beaux et adorables", a commenté l'auteur. (KINGSTON TAM)
"Shake Ruffle Rattle and Roll" (jeu de mots à partir de la chanson "Shake, Rattle and Roll" de Bill Haley & His Comets) du Finlandais Tapani Linnanmaki a remporté le People's Choice Award 2024. Il s'agit d'un pygargue à queue blanche ébouriffant ses plumes. (TAPANI LINNANMAKI)
Le prix de l'incroyable portfolio (4 photos)
"Dancing to the Music, Rock Guitar, Roly Poly, Weight Lifting", une série de quatre photos du Britannique âgé de 10 ans (!!!) Flynn Thaitanunde-Lobb a remporté le prix de l'incroyable portfolio au Comedy Wildlife Photography Award 2024. Elle montre un écureuil jouant et dansant avec une branche. (FLYNN THAITANUNDE-LOBB)
"Dancing to the Music, Rock Guitar, Roly Poly, Weight Lifting", une série de quatre photos du Britannique âgé de 10 ans (!!!) Flynn Thaitanunde-Lobb a remporté le prix de l'incroyable portfolio au Comedy Wildlife Photography Award 2024. Sur celle-ci, l'écureuil semble jouer de la guitare comme une rock star. (FLYNN THAITANUNDE-LOBB)
"Dancing to the Music, Rock Guitar, Roly Poly, Weight Lifting", une série de quatre photos du Britannique âgé de 10 ans (!!!) Flynn Thaitanunde-Lobb a remporté le prix de l'incroyable portfolio au Comedy Wildlife Photography Award 2024. Sur celle-ci, l'écureuil effectue d'impeccables roulades athlétiques. (FLYNN THAITANUNDE-LOBB)
"Dancing to the Music, Rock Guitar, Roly Poly, Weight Lifting", une série de quatre photos du Britannique âgé de 10 ans (!!!) Flynn Thaitanunde-Lobb a remporté le prix de l'incroyable portfolio au Comedy Wildlife Photography Award 2024. Sur celle-ci, l'écureuil semble faire de l'haltérophilie... (FLYNN THAITANUNDE-LOBB)
Le prix de la vidéo
Elle a été attribuée à l'Américain Kevin Lohman pour cette vidéo d'un renard roux se roulant et glissant avec délices de bon matin dans l'herbe givrée.
Avec les félicitations du jury"Alright Mate Back Off-This is my Bird" (Dis donc, mec, dégage, c'est ma poule) du Britannique Andy Rouse, fait partie des clichés repartis avec les félicitations du Comedy Wildlife Photography Award 2024. (ANDY ROUSE)
"Mafia Boss" (Le Boss de la mafia) du Japonais Takashi Kubo a remporté, lui aussi, les félicitations du Comedy Wildlife Photography Award 2024. "On aurait dit qu'il mâchait un cigare et il ressemblait à un parrain de la mafia", a commenté l'auteur. (TAKASHI KUBO)
"Gang of Four" (Le Gang des quatre) du Britannique Ralph Robinson a remporté les félicitations du Comedy Wildlife Photography Award 2024 avec cette photo de manchots sauteurs prise sur les Îles Falkland, aux Malouines. (RALPH ROBINSON)
"Hide and Seek" (Cache-cache) du Canadien Leslie McLeod a obtenu les félicitations du Comedy Wildlife Award 2024 avec cette photo prise au Kenya. (LESLIE MCLEOD)
"I'm Too Sexy for my Love" (Je suis trop sexy pour mon chéri) du Polonais Artur Stankiewicz a remporté les félicitations du Comedy Wildlife Photography Award 2024. "On aurait dit qu'il sortait de chez le coiffeur avec un grand sourire", a commenté l'auteur. (ARTUR STANKIEWICZ)
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Une anticipation dépassée par l'Histoire
- Par Thierry LEDRU
- Le 12/12/2024
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J'espère que mon éditrice ira au bout de la publication de ma quadrilogie parce que plus on avance et plus ce que je raconte prend une tournure réaliste.
Je l'ai déjà écrit ici : ces quatre romans qui au départ sont rangés dans la catégorie "anticipation" finiront par devenir un récit historique.
En Suède, payer par carte ou via mobile est la norme. Mais avec le risque de guerre et de cyberattaques venues de l’Est, la Banque de Suède souhaite faire marche arrière en réintégrant l’argent en espèce dans le quotidien des Suédois.
Article rédigé par franceinfo - Ottilia Ferey
Radio France
Publié le 12/12/2024 16:20
Temps de lecture : 3min
La Suède aspirait encore récemment à devenir totalement "cashless" d'ici à 2030. Illustration. (OLASER / ISTOCK UNRELEASED/ GETTY)
La Suède est un eldorado de l’argent dématérialisé et pour trouver un distributeur, il faut s'armer de patience. On peut tout payer digitalement, sans minimum d’achat, que ce soit un paquet de chewing-gum, un ticket de bus ou même pour verser son obole à l’église. Quatre transactions sur cinq se font de façon électronique. Et la carte bleue est presque devenue "has been". Les Suédois utilisent Swish depuis 2012, un service de paiement instantané électronique mis en place par les banques du pays.
Le pays compte 10 millions d'habitants, technophiles et connectés pour la plupart, à l’image d’Anika qui fait ses courses au supermarché. "Je ne sais pas la dernière fois que j’ai eu de l’espèce sur moi, s'exclame-t-elle. J’y suis si peu familière que je ne sais même plus à quoi certaines pièces ressemblent." Même si on arrive à mettre la main sur des billets, encore faut-il pouvoir s’en servir, parce qu’en Suède, de nombreux commerces n’acceptent tout simplement pas le liquide. Même dans des cafés, bars, restaurants et magasins du centre de Stockholm, les commerçants répondent le plus souvent : "Swish ou carte, personne ne prend de l’espèce ici."
Une force transformée en talon d'Achille
Alors que la Banque de Suède est la plus ancienne banque centrale du monde - elle a été la première à imprimer des billets en Europe au XVIIe siècle - le royaume, connu comme précurseur, aspirait encore récemment à devenir totalement "cashless" d'ici à 2030. Mais la paix s’est fragilisée et les menaces en provenance de la Russie ont changé la donne. Dans le climat de tension actuel, la force digitale de la Suède et sa dépendance au numérique est un peu devenue son talon d’Achille.
: à lire aussi En Suède, la crainte de l'extension du conflit ukrainien est de plus en plus palpable
Si le système bancaire est attaqué, qu’Internet et l’électricité sont coupés, il faut avoir de l’espèce car les téléphones et autres cartes bancaires ne serviraient plus à rien. C’est d’ailleurs ce qui est recommandé dans la brochure envoyée en novembre 2024 à tous les Suédois. Ce petit guide explique quoi faire en cas de crise ou de guerre. Il faut bien se rendre compte que dans la région, la menace n'en est plus au stade de scénarios fictifs. En mars 2024, une cyberattaque d’ampleur(Nouvelle fenêtre) menée par un groupe de hackers russes sur un data center suédois a fortement perturbé les systèmes de paiement en ligne.
Pour lutter sur ce front-là, la Riksbank souhaite faire changer la loi pour que les commerçants qui vendent des biens essentiels, comme de la nourriture, des médicaments ou du carburant, soient obligés d'accepter les espèces. C'est déjà le cas de la Norvège, qui, depuis le 1er octobre, a introduit des amendes pour les magasins physiques qui refusent d'accepter les espèces.
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Une dernière fois sur le climat
- Par Thierry LEDRU
- Le 10/12/2024
- 0 commentaire
Avec cet article, je mets un terme aux partages de données sur la situation climatique.
Ceux et celles qui pensent que ce sont des fadaises, un complot, une manipulation, qu'ils passent leur chemin.
Quant aux autres, je leur souhaite le meilleur pour la suite, c'est à dire le moins pire.
https://reporterre.net/Pourquoi-le-seuil-de-1-5-oC-de-rechauffement-est-crucial
On a dépassé le seuil de 1,5 °C de réchauffement : pourquoi c’est grave
2024 sera la première année où le réchauffement de la Terre dépassera les 1,5 °C. Le franchissement durable de ce seuil décuplerait les dégâts du changement climatique et le risque de franchir d’irréversibles points de bascule.
C’est désormais officiel : 2024 va avec certitude devenir la première année calendaire à voir la Terre dépasser le seuil des 1,5 °C de réchauffement global par rapport à l’ère préindustrielle. C’est le service changement climatique de l’observatoire européen Copernicus qui en a fait l’annonce, lundi 9 décembre.
L’objectif de limitation du réchauffement à 1,5 °C — sur lequel se sont engagés les États en signant l’accord de Paris — n’est toutefois pas encore factuellement dépassé. Car le climat connaît des variations naturelles d’une année à l’autre. Pour être officiellement atteint, le seuil de 1,5 °C devra être mesuré en moyenne sur plusieurs décennies. Copernicus mesure par exemple le réchauffement actuel à 1,3 °C, en prenant en compte la moyenne des cinq dernières années.
Même si les chances de tenir l’objectif de 1,5 °C paraissent aujourd’hui quasi-nulles, le chiffre est loin d’être seulement symbolique. Reporterre revient sur quelques-unes des raisons qui rendaient ce seuil crucial.
Le réchauffement annuel moyen par rapport au seuil préindustriel depuis 1940. Copernicus Climate Change Service / ECMWF
Les climatologues ont coutume de rappeler que « chaque dixième de degré compte ». Il n’est en ce sens jamais trop tard pour agir car toute hausse de la température ne fait qu’augmenter les risques d’emballement climatique et la survenue de catastrophes toujours plus intenses. Le seuil de 1,5 °C demeure cependant important car il a beaucoup été étudié par la science : les recherches montrent à quel point s’aventurer au-delà pourrait être dramatique pour de nombreux êtres, humains et non-humains.
10 millions de personnes en plus touchées par la montée des eaux
En 2018, le Giec publiait ainsi un rapport spécial sur les conséquences d’un réchauffement planétaire de 1,5 °C. D’ici 2100, notaient les auteurs, un réchauffement limité à 1,5 °C, par rapport à un réchauffement de 2 °C, permettrait par exemple de réduire de 10 cm la montée du niveau des océans, exposant 10 millions de personnes en moins aux risques liés à la montée des eaux.
Pluies torrentielles, vagues de chaleur, baisses de rendements céréaliers, perte de biodiversité… Tous les dégâts sont bien plus forts à 2 °C qu’à 1,5 °C. Un cas emblématique est celui des coraux, très vulnérables aux vagues de chaleur marines et qui abritent 25 % des espèces océaniques connues : les pertes pourraient aller de 70 à 90 % à 1,5 °C de réchauffement, contre 99 % à 2 °C.
Les anomalies mois par mois de la température moyenne de l’air sur Terre depuis 1940. En orange l’année 2023, en rouge 2024. Copernicus Climate Change Service / ECMWF
Le seuil de 1,5 °C est particulièrement important pour les petits États insulaires en développement (PEID). Une étude publiée en 2023 dans la revue Nature Sustainability conclut que, même limité à 1,5 °C, le réchauffement menacera les PEID de dégâts majeurs, « conduisant probablement à des migrations forcées ». Et les choses empirent dès que l’on dépasse 1,5 °C.
C’est ce que soulignent aussi des chercheurs de l’Institut allemand Climate Analytics dans un rapport publié en avril : « À titre d’exemple, le montant des préjudices annuels dus aux cyclones tropicaux à Antigua-et- Barbuda augmenterait de près de moitié si le réchauffement climatique atteignait 1,7 °C en 2050 au lieu de 1,5 °C, et de plus de trois quarts avec un réchauffement climatique de 1,8 °C en 2050 par rapport à 1,5 °C. »
« De même, poursuivent les scientifiques, le nombre de personnes exposées chaque année à des canicules au Sénégal augmenterait de près d’un tiers avec un réchauffement de la planète de 1,7 °C en 2050 par rapport à 1,5 °C, et de moitié si le réchauffement atteignait 1,8 °C à la même date. »
D’irréversibles points de bascule dans la balance
L’autre argument majeur pour tenir l’objectif de 1,5 °C, c’est la crainte que le climat terrestre soit sur le point de franchir plusieurs points de bascule. C’est-à-dire des transformations drastiques dans les écosystèmes, déclenchés par un certain seuil de température, et irréversibles. La disparition des récifs coralliens évoquée précédemment, ou la fonte de la calotte glaciaire au Groenland, font partie de ces points de bascule à éviter.
Une étude internationale parue dans Science en 2022 estimait que plusieurs de ces points de bascule risquaient d’être franchis, même à 1,5 °C de réchauffement. Et plus la température monte, plus le nombre de points de bascule et la probabilité qu’ils soient franchis augmente.
Sur la péninsule ouest de l’Antarctique, de nombreux glaciers fondent à une vitesse alarmante : les glaciologues ne savent pas si, pour certains d’entre eux, les points de bascule ne sont pas d’ores et déjà franchis, ou sont sur le point de l’être. L’objectif de limitation du réchauffement à 2 °C est, quoi qu’il en soit, jugé là-bas largement trop haut.
Les anomalies de température dans les océans non-glacés en novembre 2024. En rouge, les chaleurs anormalement élevées ; en bleu les zones anormalement froides. Copernicus Climate Change Service / ECMWF
Pour les États insulaires et les populations côtières notamment, la montée des eaux ne s’arrêtera pas en 2100 dans tous les cas, souligne le rapport du Giec sur le réchauffement à 1,5 °C. Si les calottes glaciaires franchissent ces points de bascule, elles pourraient continuer à fondre sur une échelle allant « du siècle au millénaire » écrivent les scientifiques, provoquant une montée des eaux de plusieurs mètres (contre quelques dizaines de centimètres anticipés en 2100). Ces instabilités glaciaires pourraient être déclenchées quelque part entre 1,5 °C et 2 °C de réchauffement.
« Il n’existe pas un unique point de bascule pour notre système climatique mais, résume à Reporterre la climatologue Kristina Dahl, vice-présidente de l’ONG Climate Central, chaque dixième de degré de réchauffement au-dessus de 1,5 °C nous rapproche du déclenchement de dégâts irréversibles, comme l’extinction d’espèces ou le relâchement du méthane très réchauffant contenu dans le pergélisol en Arctique. »
Il est de retour.
Dans quelques semaines, Donald Trump se ré-installera à la Maison Blanche.
Un milliardaire, pour qui le réchauffement climatique est « un canular », sera à la tête de la plus grande puissance mondiale.
Dans une décennie cruciale pour l’écologie, nous ne pouvons pas nous permettre de perdre plus de temps.
La société civile doit continuer de se soulever, de se mobiliser et de faire pression sur les puissants.
Mais pour agir, il faut savoir.
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TOUS, SAUF ELLE : au-delà du connu
- Par Thierry LEDRU
- Le 08/12/2024
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J'ai vécu ce voyage et je ne l'oublierai jamais, il est en moi, il n'en partira plus et il m'arrive d'éprouver cette impatience inexplicable des retrouvailles, de cette osmose avec l'éthéré, l'insondable, l'immensité.
Sommes-nous essentiellement ce que nous pensons être ou bien autre chose ?
TOUS SAUF ELLE
CHAPITRE 2
Des visages sans relief. Des peaux lisses qui l’observaient scrupuleusement, la détaillaient intérieurement. Elle sentait leurs regards sur son âme, comme des brises tièdes qui l’enveloppaient. Elle ne savait dire ce qu’elle était malgré le flot puissant de ressentis. Elle avançait sans aucun mouvement, elle n’était plus qu’un souffle d’air, un rayon de lune, l’éclat tremblotant d’une étoile naine et pourtant, chacune de ces âmes rencontrées la parcourait comme le flux sanguin de la vie. Elle les voyait et simultanément elle les sentait en elle.
Elle ne possédait pourtant plus aucune enveloppe. C’était une certitude. Mais tout était là. L’air sur sa peau, le son du silence, le toucher des parois circulaires qui crépitaient et tous ces visages lisses qu’elle croisait. Où que se pose son regard, elle ne discernait qu’une myriade de présences.
Elle avançait à des vitesses stupéfiantes dans une immobilité absolue. Une aimantation vers le fond de l’univers. Un plongeon intemporel vers les étoiles. Elle était subjuguée par ce puits vertical et elle aurait été incapable de préciser le sens de son déplacement. Comme s’il n’y avait plus d’espace, pas plus que de temps.
C’est là que Figueras s’était interposé et avait stoppé sa progression. Elle avait reconnu le sourire flamboyant de ses prunelles. Les mots avaient résonné quelque part en elle.
« Tu n’as pas fini ton parcours. Retourne d’où tu viens. Réintègre ta matière. Tu te souviendras de ce que tu es quand tu ne seras plus ce que tu crois être. »
Tout était là sans qu’elle n’y comprenne rien.
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Marine CALMET dans REPORTERRE
- Par Thierry LEDRU
- Le 06/12/2024
- 0 commentaire
https://reporterre.net/Marine-Calmet-Les-actions-criminelles-pour-notre-avenir-sont-legales-aujourd-hui
Marine Calmet : « Les actions criminelles pour notre avenir sont légales aujourd’hui »
La nature doit être protégée par des droits fondamentaux, comme les humains, plaide la juriste en droit de l’environnement Marine Calmet. En ce sens, inspirons-nous des peuples autochtones, appelle-t-elle.
Marine Calmet est juriste et spécialiste des droits de la nature. Elle préside l’association Wild Legal et vient de publier Décoloniser le droit (éd. Wild Project).
Lisez ce grand entretien ci-dessous, ou écoutez-le sur une plateforme d’écoute de votre choix ou en vidéo.
Reporterre — Vous êtes engagée pour la reconnaissance des droits de la nature. Comment définissez-vous ce mouvement ?
Marine Calmet — C’est un mouvement juridique mondial qui allie une nouvelle perspective en termes d’éthique environnementale et un nouveau concept de hiérarchie juridique. Il s’agit de faire reconnaître que la nature est l’ensemble des entités qui composent une communauté de vie. Elle est sujet de droit, mais aussi titulaire de droits fondamentaux qui lui sont propres. Il s’agit donc de reconstruire un édifice juridique sur la base d’une coexistence avec les autres êtres vivants et de faire en sorte que nos droits et nos libertés cessent d’écraser le monde vivant.
Nos droits à nous, les humains ?
Oui, puisqu’aujourd’hui nous sommes les seuls êtres titulaires de droits fondamentaux. D’ailleurs, cela a pris énormément de temps pour que tous les êtres humains puissent bénéficier de la qualité de sujet. Christopher Stone, un des fondateurs du mouvement des droits de la nature, rappelle que le statut des esclaves noirs a longtemps été celui de bien possédé, que dans le droit romain les enfants étaient la propriété du père, et qu’il a fallu un temps extrêmement long pour reconnaître des droits aux femmes.
Dans Décoloniser le droit, vous rappelez la grande division dans le droit romain entre les êtres humains et les choses.
C’est la summa divisio. Il y a d’un côté la catégorie des personnes : les êtres humains, les personnes physiques et, ce qui est venu bien plus tard, les fictions juridiques que sont les personnes morales, les entreprises, les associations. Et il y a l’ensemble du reste du vivant, les objets, les choses, les services écosystémiques, la marchandise, les ressources dont nous avons banalisé l’usage, l’exploitation et la destruction.
C’est un regard binaire sur le monde : soit les personnes, soit les choses. En parlant de « choses », nous les objectivons et leur enlevons la qualité de sujet. Je tire un parallèle avec la colonisation française, parce qu’elle est une négation de l’autre. Les colons sont arrivés dans les pays colonisés, notamment en Guyane française, avec l’idée qu’il n’y avait personne, et ils se sont approprié la terre. Le lien avec les droits de la nature est évident parce que nous, êtres humains, nions l’existence des autres et pourtant nous habitons cette terre avec eux.
Les droits de la nature sont le droit des non-humains. Que signifie par exemple le droit d’un fleuve ?
La reconnaissance de personnalité juridique des fleuves, des forêts ou des montagnes prend des formes très diverses. Il y a une richesse et une profondeur d’analyse, une adaptation du droit qu’on ne retrouve pas dans le droit occidental. Dans les droits de la nature, on se place dans la position subjective d’un fleuve dont il faut connaître l’histoire. En Nouvelle-Zélande, par exemple, le fleuve Whanganui a certains droits qui sont protégés par les peuples maoris. Là où, en Colombie, le fleuve Atrato a été reconnu sujet de droit, titulaire de droits différents et défendus différemment par d’autres cultures.
Un fleuve est une communauté de vie. Il est composé d’eau, mais aussi de berges, de ripisylve, de tout un tas d’êtres qui vivent avec et dans lui. Cette communauté de vie est une personne morale, juridique, un groupement d’êtres. Et celui-ci est titulaire de droits à l’existence, à la santé, à la régénération de ses cycles de vie. De la même manière qu’on pense une entreprise non pas comme une personne unique mais comme un ensemble de personnes agissant dans un intérêt commun, partageant les dettes, les avantages, les bénéfices et les pertes. La nature, c’est pareil. Nous partageons les pertes et les bénéfices, mais sans nous en rendre compte, parce que cette interdépendance avec le vivant a été invisibilisée. Pourtant, elle est là.
Cette société que nous formons avec le vivant doit désormais être titulaire d’une personnalité propre et bénéficier d’une protection de droits fondamentaux. Le mouvement des droits de la nature ne fait pas de distinction entre droits humains et droits de la nature.
En quoi certains usages d’un fleuve, comme l’extraction de l’or pour fabriquer des bijoux, sont-ils moins légitimes que ceux qu’en ont les communautés qui vivent directement du fleuve ?
En Équateur, premier pays à reconnaître officiellement les droits de la nature dans sa Constitution en 2008, le juge apprécie les activités au regard de la légitimité. Celle-ci est définie comme ce qui est fondamentalement utile à l’être humain pour sa survie, pour la couverture de ses besoins essentiels, l’alimentation notamment, et qui entre en concurrence avec les droits de la communauté. Il peut effectivement y avoir violation des droits de la nature, mais pour un intérêt légitime. C’est une histoire de compromis.
Marine Calmet : « C’est parce que la bataille politique est en train d’être perdue que je crois au mouvement des droits de la nature. » © Mathieu Génon / Reporterre
En revanche, lorsqu’il s’agit d’un besoin non essentiel, non vital, purement spéculatif et qui a pour conséquence une destruction massive de la nature, le juge dit qu’il y a incompatibilité sur le plan constitutionnel.
Les juges ont ainsi la capacité d’apprécier la légitimité de l’intrusion dans les droits d’une communauté vivante pour des besoins qui sont souvent des intérêts corporatistes, capitalistes, industrialisés et qui n’ont, au regard des besoins propres des communautés locales, aucune légitimité. Pour chaque cas, il y a une recherche d’un modèle de gouvernance au plus proche de l’histoire des besoins de l’identité locale.
N’y a-t-il pas une contradiction entre l’approche de l’anthropologue Philippe Descola, pour qui la nature est une invention de la modernité occidentale au XVIIᵉ siècle, et la vôtre, qui insiste sur le concept de nature à laquelle il faut donner un droit ?
Le mouvement des droits de la nature est extrêmement divers. À tel point qu’il y a beaucoup de territoires où les initiatives de ce qu’on appelle le « mouvement des droits de la nature » ne prennent pas cette dénomination. En Équateur, on parle des droits de la Terre-Mère, de la Pachamama. Cela incarne quelque chose de radicalement différent, à la fois d’un point de vue de la culture occidentale, mais aussi d’un point de vue de la cosmovision.
« L’idée n’est pas de séparer l’humain et la nature, mais de penser les milieux »
En Inde par exemple, Vandana Shiva utilise le terme de « Mother Earth » et parle de familles vivantes et de communautés vivantes. Cette pensée irrigue le mouvement des droits à la nature. En Europe, nous avons fait le pari de continuer à utiliser le terme de « nature » parce que nous n’avons pas de référentiel qui nous amènerait à sortir par un autre mot de la question de la « nature » versus la « culture ».
Est-ce que Gaïa pourrait être ce référentiel, comme le suggère le sociologue Bruno Latour ?
C’est peut-être une question générationnelle, mais j’utilise peu ce terme. En revanche, je suis très friande de la pensée de Glenn Albrecht [un philosophe de l’environnement] et de sa théorie selon laquelle il faut inventer de nouveaux mots. À défaut d’avoir un mot, nous utilisons celui de « nature » dans le mouvement des droits de la nature.
En tant que juriste, nous nous demandons quelle sera la stratégie. Les droits de la nature ont connu deux chemins stratégiques : soit une reconnaissance globale, comme les droits de la Terre-Mère, la Pachamama en Équateur, soit une représentation et une reconnaissance locale, tels que les droits du Whanganui, de la rivière Yamuna et du glacier Gangotri en Inde. En France, la question est de savoir si la nature sera reconnue comme un sujet de droit titulaire des droits fondamentaux dans la Constitution. Ou cela se fera-t-il par paliers ? Pour l’instant dans notre pays, le mouvement se matérialise par la reconnaissance des droits de certaines forêts, de certains fleuves. Il y a des collectifs sur la Durance, la Garonne, la Seine.
Stratégiquement, cela commencera probablement par ces tentatives locales. L’idée n’est pas de séparer l’humain de son milieu ou de séparer l’humain et la nature, mais de penser les milieux. C’est ce que font la plupart des activistes et des militants sur le terrain, ils pensent à partir de leur milieu.
Chez les peuples autochtones, il y a souvent des chamanes qui sont des intermédiaires entre la communauté des humains et celle des autres êtres vivants. Nos chamanes à nous, ce sont les scientifiques, celles et ceux qui, en s’appuyant sur une méthode, expriment de façon occidentale les besoins de la nature et nous permettent de comprendre le fonctionnement, les interactions des écosystèmes et des entités qui nous entourent. Sauf que nous, nous n’écoutons pas nos chamanes…
Non, pas du tout. Enfin, certains ne veulent pas les écouter. Parce que beaucoup de gens ont besoin de science et sont alertés par les faits scientifiques. Mais ceux qui nous gouvernent n’en tirent pas l’application qu’ils devraient. La place des chamanes dans un village traditionnel autochtone est très importante, il fait cohabiter les humains avec les autres humains, que ce soient les générations passées, les morts, les générations à venir, mais aussi les humains et les non-humains.
Pour Marine Calmet, il faut « s’inspirer des droits des peuples autochtones pour en faire une transition radicale au service de ce que l’on appelle la “transition écologique” ». © Mathieu Génon / Reporterre
Dans notre société, les scientifiques alertent et essayent de faire le lien entre ce qu’ils observent, ce qu’ils calculent, comme les modifications de notre climat, l’effondrement de la biodiversité, et nous. Or, les alertes des scientifiques ne sont pas écoutées et les représentants politiques font le choix du scénario catastrophe. Il y a une réelle urgence à revoir notre modèle juridique. Parce que les actions qui sont criminelles pour notre avenir sont parfaitement légales aujourd’hui. Nous n’avons pas les outils juridiques pour faire face.
Ne sommes-nous pas démunis face à cette puissance destructrice de gens qui n’entendent rien et n’écoutent pas les scientifiques ?
Effectivement, nous perdons une bataille. Aussi parce qu’il y a une remise en question de nos modèles démocratiques, une montée des extrêmes, une banalisation de la violence et de plus en plus de phénomènes politiques qui vont à l’encontre de nos intérêts humains et de la protection du vivant. C’est parce que la bataille politique est en train d’être perdue que je crois au mouvement des droits de la nature. Au lieu de vouloir fournir une réponse globale, les initiatives locales vont montrer de nouvelles voies et construire des alternatives. Je suis très inspirée de Vandana Shiva qui dit que plus nous pensons à l’échelle globale, plus nous nous démunissons de notre capacité d’action.
Sur le plan juridique, quel changement faut-il opérer ?
Le droit actuel conçoit un modèle dans lequel il est possible de détruire encore et encore. Il faut chercher à concevoir un modèle dans lequel tuer, détruire et piller n’est plus tolérable, dans lequel l’existence est protégée et garantie. Transmettre aux générations futures est l’alpha et l’oméga. Non seulement nous savons le faire juridiquement, puisque cela a déjà été fait par des générations de peuples autochtones, et, en plus, c’est notre seul outil concevable pour protéger nos droits fondamentaux. Il ne s’agit pas de penser un retour à d’autres droits qui seraient totalement différents du nôtre, mais de s’inspirer des droits des peuples autochtones pour en faire une transition radicale au service de ce que l’on appelle la « transition écologique ».
Il est de retour.
Dans quelques semaines, Donald Trump se ré-installera à la Maison Blanche.
Un milliardaire, pour qui le réchauffement climatique est « un canular », sera à la tête de la plus grande puissance mondiale.
Dans une décennie cruciale pour l’écologie, nous ne pouvons pas nous permettre de perdre plus de temps.
La société civile doit continuer de se soulever, de se mobiliser et de faire pression sur les puissants.
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Encore et toujours les KOGIS
- Par Thierry LEDRU
- Le 01/12/2024
- 0 commentaire
Un remarquable travail sur les Indiens KOGIS
Kogis Colombie : Article complet + photos et vidéos
https://tristanphotos.com/fr/kogis-colombie/#:~:
Héritiers d'une culture ancestrale, les Indiens Kogi sont les derniers descendants de l'une des plus grandes civilisations d'Amérique latine. Photographe vivant près de la Sierra Nevada de Santa Marta depuis 4 ans, j'ai eu le privilège de partager des moments extraordinaires avec cette culture unique. Je partage ici avec vous tout ce que j'ai pu apprendre aux côtés des Kogis ces dernières années : culture, tradition, croyances, etc...
Qui sont les Kogis ?
La communauté Kogi est un peuple autochtone qui vit dans la région de l'Océan Indien. Sierra Nevada de Santa Marta La Colombie. Ils s'appellent eux-mêmes "frères aînés" et pensent avoir une connaissance et une perception mystiques supérieures à celles des autres. Ils se réfèrent aux autres communautés en tant que "petits frères" (hermanos menores).
kogis sierra nevada santa marta colombia
D'où vient le mot Kogi ?
Les Kogis sont également connus sous les noms de Kogis, kouguian, kogi, cogui, cogui et kággabba. Le mot Kággabba signifierait, selon les anthropologues, "Personnes réelles". D'autres disent "Fils du jaguar".
Histoire des Kogis
L'ère précolombienne
Dans les contreforts de la Sierra Nevada, il existait une culture représentée par plusieurs groupes ou tribus apparemment exogames, à savoir les Kogis, les Tayrona (ou Tairo) et les Matúna. Selon Reichel-Dolmatoff, après la conquête espagnole, les groupes côtiers ont été partiellement acculturés, mais d'autres, comme les Guanebucán, et les Matúna (kurcha-túxe) ont également fui vers les montagnes de la Sierra. L'actuelle tribu Kogi est constituée de l'ancien noyau Kogi et de membres des Guanebucán, Tairo, Matuna et même Sanka (ou Wiwa), intégrés à l'ancienne organisation sociale.
Les Taironas
Les Taironas étaient organisés sous la forme de royaumes caciques. Ces groupes étaient situés autour de 3 villes principales qui étaient Pocigüeica, Bonda et Taironaka. Chacune de ces villes avait un cacique principal qui dirigeait les caciques mineurs des villages environnants.
taironas sierra nevada santa marta colombia
Tairona sierra nevada santa marta colombia
L'organisation sociale était déjà très développée, et chaque communauté jouait un rôle différent dans la société. De nombreuses routes et chemins de pierre dédiés au commerce tissaient la Sierra Nevada depuis plusieurs siècles.
familias taironas
Le fait qu'ils disposaient déjà d'un vaste réseau de communication leur a donné le titre de "civilisation" selon les critères espagnols, au même titre que les Muiscas, les Incas et les Mayas.
Origine du mot Tayrona
Le mot Tairona viendrait de Tairo qui signifie "orfèvre" ou "fonderie" dans la langue indigène. En effet, au musée de l'or de Santa Marta, on peut voir de magnifiques statuettes d'une grande finesse réalisées par les taironas. Ces pièces comptent parmi les plus belles de Colombie.
L'arrivée des Espagnols
S'élevant à 5775 m au-dessus du niveau de la mer, ce sont les sommets enneigés de la Sierra Nevada qui auraient attiré l'équipage de Rodrigo de Bastidas en 1501 sur la côte caraïbe de la Colombie.
Frederic Edwin Church Sierra Nevada de Santa Marta .
À leur arrivée, les indigènes vivaient à peu près de la même manière qu'aujourd'hui.
"Metate" : outil traditionnel pour moudre le grain.
D'abord installé dans les eaux calmes de Gaira, Rodrigo de Bastidas a fondé 24 ans plus tard l'une des premières villes d'Amérique latine : Santa Marta. Il n'avait qu'un seul objectif : construire la ville de ses rêves et faire une conquête civilisée sans massacres ni persécutions.
Rodrigo de Bastidas qui, malgré ce que l'on dit, était tombé amoureux de la culture et entretenait des relations amicales avec la population locale.
Les relations étaient plutôt amicales au cours des premières années.Ils demandaient de l'or et du sang, c'est pour cela qu'ils sont venus. Une épée à la main, ils sont rapidement partis à la chasse aux indigènes et ont assassiné Rodrigo de Bastidas peu après. (Voir article "un Gran related de Amor“).
taironas sierra nevada santa marta colombia
La nuit :
Dès lors, ce que les Kogis ont surnommé "La Noche" a commencé, le côté obscur s'est emparé de la Colombie. Face aux hommes en armure de métal avec leurs chevaux et leurs chiens dressés, et face aux arquebuses qui crachent le feu, les indigènes ne peuvent pas lutter. Les "aborigènes" cessent alors leur résistance armée et s'inclinent devant les nouveaux maîtres qui parlent une langue étrange et vénèrent un autre Dieu lointain mais non moins implacable. La grande ville "Teyuna" fut rapidement pillée, brûlée, et les femmes violées. Malgré leur résistance - Santa Marta fut brûlée 20 fois en 150 ans - en quelques générations, leur culture fut totalement détruite.
taironas sierra nevada santa marta colombia
Cependant, une poignée d'entre eux ont trouvé refuge dans les vallées inaccessibles de la Sierra Nevada, vers les sommets brumeux. Ce domaine sacré était alors presque inhabité. Avant l'arrivée des Espagnols, les Taironas avaient déjà été contraints de se réfugier sur les hauteurs de la Sierra Nevada vers l'an 1000, envahis par les Indiens Caribes. Avec le temps, ce repli s'est avéré salvateur et a permis aux Kogis de vivre coupés du monde jusque dans les années 1950.
Origine des Kogis
Voici une très belle vidéo qui représente le mythe de l'origine des Kogis : Cashinducua et la création des Kogis
Où vivent les Kogi ?
Les Kogis vivent sur une chaîne de montagnes isolée, en forme de pyramide, appelée la Sierra Nevada de Santa Marta.
Il s'agit de la plus haute montagne côtière du monde : 40 km à peine séparent la mer de ses sommets enneigés, qui culminent à 5 775 mètres.
Si nous prenons l'Everest depuis la base de son plateau, la Sierra Nevada est plus haute.De nombreux géologues la décrivent comme "une copie miniature de la planète entière".
La Sierra Nevada aurait fait surface il y a plus de 300 millions d'années, alors que la Cordillère des Andes, beaucoup plus jeune, aurait eu à peine 15 millions d'années. La Sierra était donc une île avant que le plateau colombien ne fasse surface. Elle possède donc une incroyable variété d'espèces endémiques, et abrite 7% de la biodiversité mondiale. Sur ses 4 étages thermiques, on trouve des plages, des forêts tropicales, la jungle, la forêt de brouillard, puis les Paramos à 4000m.
sierra nevada de santa marta colombia
territoires autochtones
Dans la vision de Kággabba, le territoire est délimité par les sites sacrés qui entourent la Sierra Nevada et forment une "ligne noire" invisible qui les sépare du territoire civil. Dans ces lieux, on procède à des offrandes, des consultations et des collectes de matériaux à usage rituel. Sur les 1 700 000 hectares de la Sierra Nevada, seuls 364 390 hectares constituent le territoire indigène. Les plus grands villages Kogi de la Sierra s'appellent : Marwámake, Surumuke, Chendúcva, Surachuí, Avingue, Seyuyaku, Kasakumake, Gumake, Umandita, Kuisis, Nimaysi, Taminaca, Mamarongo et Jiwatá.
Palomino Sierra Nevada De Santa Marta colombie
Officiellement, la loi colombienne n'a aucun effet dans cette zone. Ce sont des "resguardos Indigenas", et là, c'est la loi indigène qui prévaut. Ainsi, si quelqu'un commet un délit sur leur territoire, il ne sera pas soumis aux lois colombiennes et ils peuvent décider de l'enfermer pendant plusieurs mois s'ils le souhaitent.
Accès limité aux territoires indigènes
Aucun civil n'a le droit de franchir cette ligne noire sans autorisation. Il faut une autorisation spéciale pour y aller, sans laquelle il est impossible d'entrer. C'est ce qui protège les Kogis. Seuls les La ville perdue et quelques villages proches Palomino sont accessibles aux civils et de manière contrôlée.
Population
Les chiffres officiels du DIAN en 2005 montrent que seuls quelque 9 000 autochtones Kogis vivent encore dans les montagnes. Mais ces chiffres sont imprécis et se contredisent. D'autres recensements vont jusqu'à 25 000. À l'arrivée des Espagnols, ils étaient près d'un million. Les Kogis représentent actuellement 0,66% de la population indigène de Colombie.
Les quatre communautés de la Sierra Nevada
Les Kogis ont également d'autres grands frères qui vivent sur d'autres versants de la Sierra Nevada : les Arhuacos, les Wiwas et les Kankuamos.
arhuaco nabusimake colombie
Langue
Le kággaba appartient à la famille linguistique chibcha que l'on trouve plus au sud sur les plateaux andins, mais on pense qu'il a été mélangé avec la langue arhuaca. Parmi les 4 communautés que l'on trouve aujourd'hui, chacune parle une langue différente.
Kogis Sierra Nevada de Santa Marta colombie
Bien que les langues de la Sierra appartiennent à la même famille linguistique, les indigènes ont du mal à se comprendre. Un Kogi comprend à peine un Ika pour parler, cependant ils parviennent à assimiler le Damana (langue Wiwa). La langue Kankuama s'est éteinte il y a quelques décennies.
Les Kággabas n'apprennent l'espagnol qu'à l'école, et beaucoup ne le parlent que très peu. En fait, plus on monte dans la Sierra, moins ils le parlent. 84% des Kogis parlent encore leur langue maternelle, ce qui montre un haut niveau de conservation culturelle Les Mamos parlent les 3 langues de la Sierra Nevada. Les Mamus peuvent également réciter dans la langue ancestrale, le Teijua (ancienne langue Tairona), qu'aucun Kogi ordinaire ne peut comprendre. Sur le petit territoire de la Sierra Nevada, il existe déjà des différences d'accents et de mots entre certaines vallées.
Dictionnaire Kogi
AnglaisKággaba
BonjourMoun zekh
Bonne nuit.Kun ze khue / Toun zekh
Bienvenue surEnchibe nakh
Une femmeEzua munzhi
Un hommeEzua Sigi
Un enfantSoma
Comment allez-vous ?Saki minoje
Mon nom estNes nakh juka
Quel est votre nom ?Semi khajuka
Bon / excellent !Entchive
Croyances des Kogis
L'origine de la vie
Au début, il n'y avait rien. Sé. Il n'y avait que l'obscurité. Il n'y avait que la mère alun, une pensée pure sans forme. Elle a commencé à penser, et elle a conçu le monde dans l'obscurité. Elle nous a conçus comme des idées. Elle nous a conçus comme des idées. Comme si nous pensions à une maison avant de la construire. Elle a tourné le fil. Nous faisant tourner dans l'histoire. Nous créant dans la pensée. Puis vint la lumière. Et le monde est devenu réel.
Extrait du film "Aluna".
Jate Sezhankwa : Le premier étant
Cette pensée était à l'origine de tout être. Et de là sont venus tous les premiers êtres spirituels, créateurs du monde Kogi : Sukui, Seyankua, Kajantana, Seinekun, Duguenavi et Seraira.
Cosmo-vision
La croyance des Kogi est très proche de celle de la structure cosmique de l'univers. Ils pensent que tout est dualité. D'un point de vue cosmique, le soleil sépare l'univers en 2 hémisphères, il y a l'homme et la femme, le chaud et le froid, la lumière et l'obscurité, etc... Chaque groupe a sa paire opposée. Dans chaque paire, l'un ne peut survivre sans l'autre. Ces oppositions naturelles sont un moyen de maintenir l'équilibre de la société, ou l'"harmonie" (Yuluka).
Les neuf mondes
L'univers pour les Kogis est conçu de manière symétrique comme une bobine de fil, dont le disque central délimite les 2 parties cosmiques. La partie supérieure est celle qui correspond aux parties éclairées, visibles et bénéfiques. Son opposé, le monde inférieur, représente la contrepartie sombre, en échelle de valeur jusqu'au monde inférieur. Dans celle-ci existeraient 9 mondes, chacun avec sa propre terre et ses habitants. La terre est située au milieu, sur le 5ème parallèle.thplancher.
neuf mondes kogis
Que signifie la Sierra Nevada pour les Kogis ?
La Sierra Nevada est considérée comme un corps humain, où les sommets enneigés représentent la tête, les lagunes et les hautes plaines (paramos) forment le cœur, les rivières représentent les veines, les couches de sol représentent les muscles et les hautes herbes représentent les cheveux. À partir de cette base, toute la Sierra est un espace sacré.
Sur toute la planète et dans toutes les cultures, il existe des lieux sacrés. Ces lieux relient les êtres humains à tous les êtres vivants de la planète, jusqu'au cosmos. C'est là que l'énergie vitale de la planète circule avec le plus de force. En effet, pour le peuple Kággabba, la Sierra est Sé Nenulang - l'univers physique et spirituel avec tous ses composants. En eux se trouvent les codes du reste de la planète. Les indigènes de la Sierra croient que la Sierra Nevada de Santa Marta est reliée à la planète entière par ses lieux sacrés.
Leur relation avec la Terre Mère
Le fait que les Indiens Kogi aient des comportements hautement ritualisés est intrinsèquement lié à leur territoire. Ainsi, un Kogi ne plantera pas de graines, ne coupera pas un arbre, ne détournera pas un cours d'eau pour l'irrigation, ne construira pas une maison, ne récoltera pas de fruits et ne chassera pas un animal sans consulter le Mamo, qui lui indiquera non seulement l'esprit auquel il faut demander l'autorisation, mais aussi le lieu précis où le rite de paiement doit être effectué, afin d'obtenir l'autorisation. Nous devons rendre ce que nous prenons à la terre mère Pour les Kogis, couper un arbre, c'est "prendre un membre de la mère", chasser un animal, "prendre un fils au propriétaire des animaux". Actions pour lesquelles il est nécessaire de "rendre dans le spirituel" ce qui est pris à la mère et aux esprits
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L'eau
L'eau représente tout pour les Kogi, un véritable être vivant, le sang qui circule dans les veines. Emprisonner l'eau dans des barrages semble inconcevable, c'est comme faire un garrot. La relation des Kogi avec la mer est totalement différente : ils la comparent au liquide amniotique de la terre mère et considèrent qu'elle n'est pas faite pour la baignade. Lorsqu'ils marchent vers la mer, ils tournent sur eux-mêmes en guise de salut.
Kogi Sierra Nevada De Santa Marta colombie
L'équilibre
L'équilibre Pour les Kogis, tout est équilibre et harmonie. Si nous rompons cet équilibre sur la planète, des catastrophes écologiques s'ensuivent, comme des tremblements de terre, des sécheresses, des inondations, des ouragans, etc... Ils craignent, et ils n'ont pas tort, que nous, les petits frères, ne détruisions tout sur la planète. Nos frères aînés pensent qu'il est de leur responsabilité de veiller à l'équilibre de la planète. Lorsque des catastrophes écologiques frappent le monde, les autorités spirituelles effectuent de grandes marches de "Pagamento" (offrandes), dans le but de rétablir l'équilibre et de rendre à la planète ce qui lui a été pris.
Les offres
Bien que de nombreux sites d'offrandes soient maintenant connus du monde civil (comme le site de Piscina dans le parc Tayrona), une grande partie reste connue uniquement des Mamos. Des points spécifiques existent pour chaque type d'événement. Le type d'offrande peut aller du coton naturel aux coquillages, en passant par le quartz, une pierre très riche en énergie selon la culture Kogi.
offres de kogis
Organisation sociale des Kogis
Selon la Cosmo-vision et la mythologie Kággabba, le schéma social du village est fondé sur la loi originelle, qui est la norme du comportement de l'homme envers la nature. A l'origine, chez les Indiens Kogi, il n'existe pas d'organisation socio-politique impliquant une autorité centralisée, ni d'organisation supra-communautaire sur un territoire donné. C'est très différent du sentiment d'appartenir tous à une même ethnie qui partage la même langue, les mêmes coutumes et la même religion ancienne. Il s'agit plutôt d'une mosaïque de communautés agricoles, organisées autour de villages et de centres cérémoniels, chacun dirigé par la figure dominante d'un prêtre indigène. Chaque peuple, avec son Mamo et ses habitants respectifs, crée une unité autonome.
Hiérarchie au sein du village
Le Mamo, un chef spirituel doté d'une conscience surnaturelle, est la figure représentative de la vie sociale du village. Il est assisté d'un secrétaire ( Takina, qui est généralement le Mamo lui-même). Après le Mamo, on trouve les commissaires majeurs et mineurs (Makotama) qui sont chargés de faire respecter les lois et de gérer les dépenses du village. Viennent ensuite les cabos majeurs et mineurs (Seishua) qui veillent également à ce que le village reste attentif aux demandes des supérieurs. Le reste du village est constitué des "Guás", et effectue les travaux de la vie quotidienne pour faire vivre le village.
hiérarchie sociale du kogi
Le Mamo
Le Mamo ou Mama, représente la figure centrale de la culture Kogi et incarne la loi sacrée. Il est la clé entre les puissances célestes et les hommes.
mamo kogi colombia
Amené à un haut niveau de conscience, son rôle est de maintenir l'équilibre des pouvoirs dans le village mais aussi dans le monde, par des chants, des méditations et des offrandes rituelles. Pour le village, il joue le rôle de conseiller, d'enseignant, de médecin et de prêtre. Un bon Mamo écoute les Guas en confession pour déterminer quelle offense à la Mère est à l'origine des mauvaises récoltes. Le Mamo, enfin, est le seul à pouvoir décider de la date des nombreuses fêtes religieuses, car il est un astronome accompli. Dans son isolement et son éloignement, le Mamo est craint et respecté. Il a l'autorité et le pouvoir surnaturel pour l'affirmer, et les Guás lui obéissent quand il parle car c'est un bon Mamo, leur protecteur. Lorsque le Mamo arrive, tout le monde se lève et le salue avec le mot "Haté".
Comment sont choisis les Mamos ?
Les Mamos sont sélectionnés dès le plus jeune âge. Le Mamo en place choisira généralement le plus sage des enfants, et le plus "concentré". Dès l'âge de 5 ans, l'enfant est emmené sur les sites sacrés de la Haute Sierra Nevada, où il apprend à méditer sur le monde naturel et spirituel. La mère de l'élu a le droit de lui rendre visite le soir et de lui chanter des chansons. L'enfant commence alors à danser. Elle doit alors repartir et le laisser. Il s'agit d'une formation d'une durée minimale de 18 ans. Selon la légende, on raconte que l'apprenti est enfermé dans une grotte pendant toute la durée de son apprentissage. Ainsi, un Moro (apprenti Mamo) ne sait rien de rien. Il ne voit jamais d'arbres ou d'oiseaux, il ne connaît rien du monde en dehors de sa grotte. Il ne sera pas autorisé à voir la lumière pendant toutes ses années et consacrera son temps à élever sa conscience à un niveau supérieur. Pour le rendre plus fort, ils le frottent, le massent avec une sorte de tissu fait de Watta. Il doit suivre un régime alimentaire très spécial. On lui donne une sorte de pomme de terre et du maïs blanc, le tout accompagné d'une larve blanche. Il ne boit que de l'eau purifiée provenant des mortiers en pierre de la maison, de l'eau bénite. Puis l'enfant apprend en écoutant, en écoutant spirituellement, la connaissance lui vient d'Aluna.
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Le village des Kogis
Les Kággabbas vivent dans de petits villages appelés Kuibulos. En moyenne, les villages comptent entre 20 et 40 huttes. Chaque famille possède 2 ou plusieurs parcelles de terre dans la région, l'agriculture étant la principale activité économique. Ils ne reviennent au village que pour les jours de réunion, à la demande de Mamu.
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La Cabane du Séminaire : Nunkhue
Chaque Kuibulo possède également 2 "Nunkhue" ou "Cansamarías", qui sont les cabanes principales dédiées aux réunions. Son architecture est différente de celle des autres cabanes. Beaucoup plus grande que les autres, elle possède deux entrées opposées. Seuls les hommes peuvent entrer dans le Nunkhue - c'est ici que l'on discute des affaires du village et que l'on transmet la tradition. Les femmes ont également leur propre Nunkhue. Pendant les cérémonies, les hommes et les femmes sont alors séparés et les discussions varient. Les femmes sont souvent responsables de la transmission de la tradition à leurs enfants. L'architecture du Nunkhue est hautement symbolique et représente en fait les neuf mondes qui composent le cosmos.
nuhue kogi
On peut distinguer que ses murs sont différents des autres maisons, car ils sont faits de fibres de roseau, alors que les maisons sont faites de "kelp", un mélange de paille et de terre d'eau, afin de mieux retenir la chaleur.
Selon la tradition, les hommes entrent par une entrée et sortent par l'autre. Lorsque des réunions officielles sont prévues, les Kogis apportent une branche de bois en guise d'offrande, qui servira à alimenter le feu pendant les longues nuits de réunion. Cette tradition est toujours d'actualité, même à l'école les enfants apportent une petite branche pour alimenter le feu lors du déjeuner.
kogi sierra nevada de santa marta
La Maison
Lorsque l'on observe de plus près leur mode de vie, on constate qu'ils ne génèrent pratiquement aucune pollution. Leurs maisons sont construites uniquement avec les matériaux naturels qui les entourent : principalement du torchis, du bois et de la palma seca (une variété de palmier). À l'intérieur, on ne trouve que le strict minimum. La cheminée centrale, et éventuellement une petite étagère, un petit hamac et rien de plus. Les Kogis dorment à même le sol, sans matelas ni couverture, se réchauffant à la chaleur du feu. Et pourtant, je peux vous dire qu'il peut faire frais dans les hauteurs de la Sierra Nevada. De vrais guerriers ! Un guide m'a dit un jour que cette maison était une sorte de métaphore de la terre. Sa forme circulaire évoquerait la planète, dont le foyer serait son magma gestatif, et les murs sont en écorce. Les hommes se réunissent et s'entraident pour construire les maisons. Une cérémonie est souvent menée par les Mamo lors de l'inauguration de celle-ci.
construction d'une maison au kogi
Les 2 extrémités visibles sur le toit sont également une métaphore des 2 pics sacrés de la Sierra Nevada de Santa Marta. Cela permettrait également de se connecter avec les énergies du cosmos.
Cabane de Kogis
La famille
L'organisation sociale est également soutenue par la cellule familiale, conformée par le mari, la femme, les enfants non mariés et les filles mariées avec leurs maris respectifs. Ils sont organisés en lignes patri-linéaire et matri-linéaire, la première étant appelée "Tuxedo" et la seconde "Dake". Les enfants appartiennent à la lignée paternelle et les filles à la lignée maternelle. Chaque segment de la lignée est lié à un village et à une maison de cérémonie. En général, le fils reçoit l'héritage de son père et la fille de sa mère. Ainsi, les hommes sont les propriétaires des terres et du bétail, et les femmes sont les propriétaires des maisons.
famille kogi
Économie des Kogis
Les Kogis vivent pratiquement en autarcie dans la Sierra, et ont donc des revenus financiers minimes. L'argent du village est géré par le commissaire et est utilisé principalement pour les déplacements, lorsqu'ils doivent se rencontrer entre communautés, ou pour des travaux collectifs tels que l'entretien des sentiers et la construction de ponts.
Travail communautaire
Dans les villages les plus traditionnels, les récoltes de fruits et légumes se font en famille ou entre hommes. Les récoltes seront redistribuées équitablement en fonction du travail effectué par chacun. L'un des seuls apports financiers que j'ai vu est le travail des femmes et la conception de mochilas fiqué. L'une des seules contributions financières que j'ai vues est le travail des femmes et la conception de mochilas fiquées. Une mochila tissée par un savoir-faire ancestral, en fibre entièrement naturelle, devrait valoir une fortune !
Le concept de Zhigoneshi
Zhigoneshi : C'est l'échange de travail sans rémunération. Les beaux-frères et les frères sont préférés, mais il peut se faire avec des voisins. Il se mesure en jours ouvrables, qui doivent être payés au moment de la demande de la contrepartie. Le non-respect de l'obligation de prestation de services peut être porté à l'attention du commissaire, qui soulèvera le cas à Nunhué, sous le regard du reste des hommes de la communauté. En aucun cas, ce non-respect n'est signalé à Mamo.
Alimentation
L'alimentation des Kogis repose principalement sur une agriculture de subsistance.
Par le passé, ils avaient accès aux quatre étages thermaux de la Sierra Nevada, mais la réduction de leur territoire par les fermes de colons les a limités à une parcelle par famille.
L'arrivée des colons dans les 15th siècle a bouleversé leur régime alimentaire. Ils ont connu une grande perte de qualité de leur nourriture avec l'introduction de nouvelles plantes riches en amidon. Cela aurait grandement affecté leur métabolisme. La pêche Avant l'arrivée des Espagnols, il semble que les Taironas pratiquaient un peu la pêche. Certains disent que le site de la piscine du parc Tayrona a été créé par les indigènes pour créer un bassin et pêcher plus facilement. Agriculture La perte de l'accès à la mer a également coupé les flux d'échanges et de troc entre les différents niveaux de la Sierra, ce qui leur permettait d'avoir une alimentation plus variée. En effet, sur la côte, tout se paie... Cependant, les Indiens Kogi savent utiliser habilement les différences d'altitude pour obtenir des récoltes à différentes périodes de l'année. Sur le dessin ci-dessous, on peut bien imaginer leur régime alimentaire :
alimentation kogis
Ancestralement, ils cultivaient les pommes de terre, le manioc, le malanga, les patates douces, le maïs, les haricots, les fèves, etc... Sans oublier la feuille de Coca, un aliment énergétique et spirituel. Depuis leur retour près des terres de la colonie, ils ont commencé à cultiver des plantes mûres et le Lulo, qui sont endémiques à la Colombie. Le café, la banane plantain, la banane douce, la mangue, l'ananas, la canne à sucre font désormais partie de leur agriculture, mais ce sont des plantes introduites par les colons. Ils élèvent également des animaux domestiques pour compléter leur alimentation, et ne chassent plus comme avant.
agriculture kogis sierra nevada santa marta colombia
des techniques agricoles contradictoires Bien que les Kogis vivent en parfaite harmonie avec la nature, ils pratiquent une méthode de culture quelque peu contradictoire : le brûlage. Souvent, lors de mes promenades, je les ai vus mettre le feu aux flancs des montagnes sans aucun contrôle sur son étendue. C'est en effet beaucoup plus rapide que la taille à la main, et cela permet d'obtenir de bonnes récoltes les premières années. Cependant, cette technique a de graves conséquences écologiques sur les micro-organismes et bactéries nécessaires à la montagne.
La santé des Kogis
Le système médical est un aspect important de l'usage quotidien. Dans le système de santé Kággaba, ce sont les Mamu qui maîtrisent la science des plantes. Ils pratiquent des oraisons sacrées en appliquant divers mélanges de plantes, résines, minéraux, pierres et autres éléments naturels de leur environnement.
plante médicinale sierra nevada
Dans les étages inférieurs de la Sierra, le gouvernement colombien a fourni des infirmeries. Malheureusement, cela perturbe le système de santé kogi et la connaissance des plantes est en déclin. Pour les villages les plus traditionnels, les maladies attrapées dans la Sierra ne seront traitées que par les plantes. Cependant, pour les types de maladies provenant du monde civil, ils se permettent d'utiliser la médecine occidentale en cas d'extrême urgence. Les enfants souffrent souvent de bronchites car il n'y a pas d'évacuation de la fumée dans les huttes. Pendant la saison des pluies, lorsque le bois est humide, la maison se transforme rapidement en un bain de fumée dense. Malgré un mode de vie très sain, c'est l'une des choses qui affecte le plus les jeunes enfants. On se souvient d'un cas d'épidémie grave dans le village de Taminaka qui a malheureusement tué 11 personnes avant que les Kogis ne puissent demander de l'aide au gouvernement. Situés à 3 jours de marche de la première ville, ils n'avaient plus la force de marcher et ont dû être évacués par hélicoptère.
L'éducation des Kogis
Selon un recensement effectué par le DANE en 2005, le pourcentage de la population de Kággabba qui ne sait ni lire ni écrire est de 81,66%.
Ceci est relatif car une plus grande proportion de la population pense avoir un certain niveau d'éducation.école kogis sierra nevada santa marta colombia
Depuis quelques années, les villages sont désormais dotés d'une école. Celle-ci n'est pas d'une architecture typique, mais ils le permettent car ce système vient d'en bas.
Dans les hauts plateaux, les enseignants sont généralement des autochtones et enseignent en kággabba et en espagnol, mais dans les parties basses de la Sierra, les enseignants sont mixtes civils / kogis.
Cependant, après l'avoir vu en action, le niveau d'étude reste superficiel et de courte durée.
Les cours durent environ 6 heures par jour et la plupart des enfants étudient jusqu'à l'âge de 13-14 ans avant de passer au travail agricole.
Certains enfants vivent parfois à 4 heures de marche de l'école et restent à l'internat avant de retourner à la ferme le week-end.
Les parents et les enfants aiment l'école pour une chose : des repas gratuits et variés.
Cela les change du malanga et du yuca quotidiens de la maison.
L'école est-elle bénéfique pour les enfants de Kogi ?
On peut s'interroger sur le droit à l'éducation imposé à ces communautés, dont le savoir est transmis oralement depuis des siècles.
L'apprentissage de l'histoire et des sciences du monde civil influence sans doute le comportement de cette nouvelle génération qui se trouve aujourd'hui face à un certain dilemme : celui de rester dans la tradition de son village, et la tentation d'aller voir ce qui se passe ailleurs.enfants kogis sierra nevada santa marta colombia
Coutumes et traditions des Kogis
Le passé et les traditions
Les Kogis sont l'un des peuples qui ont le mieux préservé leurs traditions au fil du temps. Le respect des traditions est au cœur de la culture. Lors des réunions, où les traditions orales sont la base de l'enseignement. Ils se racontent des anecdotes, dont certaines remontent à des siècles ! Un facteur à prendre en compte est que pour se protéger des atrocités des conquistadors espagnols, les Kogis se sont réfugiés dans les hauteurs impénétrables de la Sierra Nevada. Ils ont ainsi vécu quelques siècles de plus sans avoir de contact avec la civilisation. Cet isolement leur a permis d'être moins influencés par le monde civil que d'autres cultures. Une fois, alors que je dormais dans un village indigène de la Sierra, j'ai été impressionné par le confort de notre hutte : il n'y avait presque rien en termes de confort, à part le feu au centre et quelques bûches de bois pour s'asseoir. Je demande alors à mon hôte : " Mais puisque vous avez déjà vu des chaises, des tables, des lits, pourquoi ne pas en construire pour vos maisons ? ". Sa réponse est simple. Elle m'a répondu : " C'est contre la tradition.
La meilleure façon de communiquer avec nos ancêtres et de faire de nos traditions ancestrales une réalité.
La pensée de Kogi
Le mariage de Kogi
Les Kogis sont principalement exogames, et doivent trouver leurs épouses en dehors du groupe. Avant de se marier, un homme doit présenter sa dulcinée à Mamo. C'est lui qui autorisera ou non cette union. Pour célébrer leur union, le Mamo lui donnera 2 quartz auxquels il transmettra de bonnes énergies par des oraisons et des chants spirituels. Il existe de nombreux couples Kogi et Wiwa. Généralement la femme est Kogi et parle les deux langues : Kággabba et Damana. Les enfants de ces couples parlent le Kogi, mais dans certains cas, le père enseigne le Damana à ses enfants.
mariage kogis sierra nevada santa marta colombia
Les funérailles
Pour les Taironas, le passage vers la mort était également considéré comme un grand voyage, au cours duquel il devait passer plusieurs péages. C'est pourquoi ils lui donnaient ses objets préférés et certains de ses trésors pour ce voyage. Selon l'anthropologue autrichien Gerardo Reichel-Dolmatoff, l'enterrement kogi est encore proche du rite pratiqué par les Taironas. Une métaphore de la période de gestation, mais dans le sens inverse. Un retour dans le ventre de la Terre Mère. Les Mamo participent à différents rituels pour célébrer les cycles de la vie, de la naissance à la mort. Bien que chaque cycle de vie soit célébré, la cérémonie funéraire est très importante pour la culture Kogi. Dans cette communauté, la mort n'est pas considérée comme un événement tragique mais comme un accomplissement de la vie. Les funérailles durent environ 2 heures et sont célébrées sans prières ni chants, ce qui peut sembler simple. En réalité, il s'agit d'un rite de "cosmification". En effet, lorsqu'une personne meurt, les Mamos la renvoient dans l'utérus de la Mama Pacha.
taironas sierra nevada santa marta
Le défunt est ainsi ramené dans le ventre de la terre-mère dans la position d'un fœtus. Les funérailles se déroulent en plusieurs étapes. L'âme du défunt étant encore présente pendant plusieurs mois, le corps est enterré au centre de la maison dans une urne funéraire jusqu'à ce qu'il quitte son enveloppe charnelle. Ce n'est que 9 mois plus tard, après que le défunt ait connu ses secondes funérailles, que la dépouille est rendue à la nature.
La feuille de coca
La feuille de coca appelée "Ayu" par les Kogis est une plante sacrée. Elle joue un rôle central dans la vie quotidienne, et constitue un moyen de socialisation. Pour les Taironas, la Coca est un aliment, en raison de sa haute teneur en vitamines et minéraux, mais c'est aussi un aliment spirituel.
Kogi Sierra Nevada De Santa Marta
Ses vertus énergisantes leur permettent également de garder leurs forces lors de longues marches dans la Sierra Nevada, tout en coupant leur faim. Pendant les longues cérémonies, il leur permettra de rester éveillés jusqu'à 3 nuits d'affilée. Dans la tradition, seuls les hommes ont le droit de mâcher du coca. Cependant, c'est la femme qui ramasse les feuilles. Au cours de ce processus, l'homme sera plus préoccupé par la préparation de la terre. Préparation de la feuille de Coca Une fois la récolte terminée, les hommes font sécher la feuille de Coca de manière accélérée. Pour cela, il met une pierre ronde sur le feu pendant quelques minutes jusqu'à ce qu'elle devienne chaude. Ensuite, il la place dans un mochila dans lequel se trouvent les feuilles et secoue le sac pour ne pas brûler les feuilles.
préparation feuille de coca
Chaque homme porte sur lui une petite mochila avec des feuilles de coca, qu'il mâche pour obtenir un effet légèrement stimulant. Lorsque deux hommes se rencontrent, une poignée de feuilles est échangée en signe de respect mutuel.
Le Poporo
Poporo est la carte d'identité de chaque homme. Il est composé de 2 accessoires : une sorte de calebasse évidée qui contient des coquillages écrasés et représente la féminité. Le second accessoire est une tige de bois, qui représente la masculinité. Elle est utilisée pour porter la poudre de coquillages à la bouche, pendant que l'on mâche le Coca. La forte alcalinité des coquilles réagit au contact de la coca et libère ses principes actifs.
poporo kogis sierra nevada santa marta colombia
Ces coquillages se trouvent dans des zones spécifiques de la côte caraïbe, et ne sont en aucun cas récoltés. La mer les dépose la nuit, et il faut les ramasser avant qu'elle ne les reprenne le matin. C'est lors de pèlerinages familiaux ou de cérémonies en bord de mer que les Kogis vont les ramasser. Les coquillages sont bouillis pendant de longues heures jusqu'à ce qu'ils deviennent tout blancs. Elles sont ensuite broyées pour obtenir la poudre du poporo Après mastication, la poussière de coquille restante, mélangée à la salive, se dépose sur le col du poporo et finit par devenir un col épais avec le temps. La forme de chaque poporo étant entièrement unique, elle représente en quelque sorte la carte d'identité de chaque homme. Avec le temps, l'orifice du poporo se recouvre d'une fine couche de calcium durci par la friction répétée du bâton.
La valeur spirituelle de Poporo
On voit souvent les indigènes frotter leurs bâtons sur le Poporo, machinalement, alors que le bâton est déjà sec... En réalité, il s'agit d'un geste hautement symbolique : ils enregistrent ou "écrivent" leurs pensées sur leur Poporo. Ainsi, lorsque nous voyons la taille de certaines embouchures, nous pouvons estimer le niveau de sagesse de la personne, et imaginer le niveau de conscience qu'elle a acquis. Par respect pour les aînés, les jeunes doivent veiller à ce que l'orifice de leur Poporo ne soit pas plus large que celui de leurs aînés.
poporo kogui
Pour un garçon, le don du premier poporo marque son rite de passage à l'âge adulte. C'est le Mamo qui décidera quand l'enfant est prêt pour le Poporo, en fonction de son niveau de maturité. Il devra alors passer 3 nuits sans dormir et écouter les histoires du chef spirituel qui lui apprend la vie et comment devenir un homme.
La conscience de Coca et de Kogi
C'est comme le Wifi pour les Kogis et cela leur permet de rester concentrés et connectés avec la Pasha Mama. Ils sont ainsi en permanence dans un état de conscience avancé. Ils mâchent parfois pendant plusieurs jours sans dormir, c'est cet état de haute concentration qui les aiderait à prendre une distance suffisante avec le monde, à savoir ce qui est vraiment nécessaire dans la vie pour toujours et ce qui est vital pour la planète.
Le dilemme du coca pendant la guérilla
Mais la coca est également cultivée par des colons non autochtones comme matière première pour la cocaïne. La Colombie est depuis longtemps la capitale mondiale de cette drogue et sa production a eu des conséquences dévastatrices pour la population indigène. Malgré la nature pacifique des Indiens, ils ont souvent été pris dans les feux croisés entre l'armée et les groupes armés illégaux. En conséquence, beaucoup sont morts assassinés, d'autres ont été contraints de la cultiver et d'autres encore ont dû fuir à cause de ce type de guerre civile qui ravage leurs terres. Les colons cultivent la coca pour le trafic de drogue, principalement financé par le conflit armé entre les groupes de guérilla et les groupes paramilitaires, qui ont occupé les sommets inférieurs de la Sierra pendant la longue guerre civile du pays.
Que signifie la marche
Pour les Kogis L'action de marcher dans la Sierra est aussi une métaphore de l'acte de tisser. Maintenir les chemins de la Sierra en marchant serait considéré comme l'acte de tisser un mochila.
Art et culture
Les Mochilas
L'activité de tissage est un rôle répandu et apprécié au sein du peuple kággabba et fait purement partie de la tradition kággabba. Ce sont les femmes qui pratiquent le tissage. Le Mochila est un sac utilisé pour le transport des effets personnels. Les femmes fabriquent leur première Mochila dès leur plus jeune âge. Les petites filles apportent leur première Mochila au Mamo qui va la bénir. Très vite, le geste devient inné, à tel point qu'elles pratiquent cette activité lors de randonnées dans la Sierra Nevada.
mochila kogi
Les fibres qu'elles utilisent sont 100% naturelles, telles que le fiqué et le coton. Celle en fiqué est d'usage courant, tandis que celle en coton, sera portée en signe d'élégance ou par les personnes importantes. Les teintures utilisées sont des racines, feuilles et écorces d'arbres. Il faut entre 1 et 2 mois pour réaliser une mochila. Quand on se rend compte qu'elles sont vendues 40.000 Peso (13 euros) pour autant de travail cela fait mal au coeur... Chaque ethnie de la Sierra à ses propres motifs et techniques de tissage, et chaque motifs ont leur propre signification. Les Arhuacos ont une technique totalement différente et utilisent beaucoup la laine.
mochila arhuaca
Utilisation de la Mochila Il existe 2 types de Mochilas, l'une dédiée au transport des aliments en général en grandes fibres, et l'autre pour les provisions. L'utilisation de la mochila n'est pas la même entre les hommes et les femmes. En effet, on ne verra jamais les femmes porter la mochila autour du cou sauf en bandeau autour de la tête, notamment pour porter les bébés. Les hommes portent 2 voire 3 mochilas. L'une d'entre elles sert à porter le Poporo, et elle possède également une mochila plus petite à l'intérieur de la première qui servira à stocker ses feuilles de coca. J'ai aussi entendu dire que lorsque les hommes portent la mochila en croix, c'est un signe de retraite spirituelle. Cette Mochila est aussi très pratique pour distinguer les enfants. Quand ils sont petits, ils ont déjà tous les cheveux longs et la même toge. La mochila permet donc de reconnaître les garçons des filles car les garçons portent la mochila et les filles des colliers.
kogis sierra nevada santa marta colombia
La musique
La musique est un moyen de transmettre des histoires et des visions. On l'appelle Chicote, comme chez les Wiwa. La musique Kogi est caractérisée par un son monotone et répétitif, un chant à la nature. Seuls les Mamos peuvent jouer d'un instrument appelé kuiguma, fabriqué avec une coquille de morrocoyo. J'ai même vu une fois un instrument inhabituel chez les Kogis : la tortue. Ils frottent leurs mains sur l'ouverture de la carapace vide, ce qui produit une vibration dont le son est proche des bols tibétains. Pour les autres instruments, ils utilisent des éléments comme des coquillages, des morceaux de bois et des instruments comme les Gaitas (flûtes en roseau).
kogui music colombia
Par la musique, ils simulent les sons produits par la mer, les rivières et les animaux. Traditionnellement, les hommes jouent de la Gaita, des maracas et des tambours, tandis que les femmes dansent avec des kumuna et des kuckui, des sortes de hochets attachés aux chevilles.
La danse
Il y a 2 mots en espagnol pour le mot danse : Bailar et Zapatear. Le mot zapatear vient du mot zapatos (chaussures), et prend tout son sens avec les cultures indigènes. En effet, l'acte de danser est souvent un lien entre la terre et le cosmos. Les motifs des pas sont des hommages aux éléments de la terre, et les bras sont souvent utilisés pour remercier les éléments célestes.
danses kogis
J'ai eu la chance d'assister à certaines cérémonies où ce sont les femmes qui jouaient la musique, et l'enseignaient aux enfants, tandis que les hommes étaient réunis dans le Nuhue. La cérémonie peut durer jusqu'à minuit ou même plus tard, que ce soit dans la hutte ou en plein air. Les enfants apprennent la tradition avec la danse de l'eau, la danse du colibri, etc... La répétition du rythme et des pas entraîne les danseurs dans une certaine transe après plusieurs heures.
Vêtements Kogi
Les vêtements des Kogi sont appelés Yakna, des tissus blancs qu'ils fabriquent eux-mêmes.
Crédit photo : Wikimedia
Les femmes portent une tunique blanche avec une épaule dégagée, et portent de jolis colliers de perles multicolores.
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Les hommes portent un long pantalon blanc appelé Kalasuna, ainsi qu'une chemise à manches longues, toujours avec leur mochilas sur la poitrine.
kogis sierra nevada santa marta colombia - Crédit photo @TristanQuevilly
Les vêtements sont fabriqués sur un Telar (métier à tisser) dont la forme représenterait les 4 groupes ethniques par ses 4 extrémités. Les croisements des barres du milieu représentent les sommets enneigés.
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Les hommes fabriquent leurs propres vêtements. Les vêtements sont fabriqués à partir d'une variété de coton endémique de la Sierra Nevada, dont les fleurs sont légèrement plus petites que le coton que nous connaissons. Le coton aurait la capacité de stocker les pensées comme une clé USB Il arrive que si un homme se comporte mal ou a perdu ses valeurs, le Mamo lui demandera de défaire tous ses vêtements et de les refaire entièrement, afin de méditer, et de re-consigner des pensées positives dans sa nouvelle tunique. les colliers ont des significations : selon les couleurs des pierres. Certaines couleurs sont pour l'eau, la coca, etc...
Je vais tisser la toile de ma vie Je vais la tisser blanche comme un nuage Je vais y tisser quelque chose de noir Je vais tisser des marques sombres de maïs, Je vais tisser des marques de maïs dans le tissu blanc Je vais obéir à la loi divine Chaque son dans la montagne est un élément du langage de l'esprit. Chaque objet est un symbole d'autres possibilités
La pensée de Kogi
Les Pierres
taironas sierra nevada santa marta colombia
L'or
Les Taironas réalisaient des statuettes en utilisant la technique de la cire perdue, ce qui permettait d'avoir des reliques en volume avec une grande finesse dans les détails. La plupart des pièces ont été réalisées dans les siècles précédant la conquête, et certaines remonteraient au VIe siècle.
taironas sierra nevada santa marta colombia
Malheureusement, suite à l'anéantissement de la culture par les colons, ces techniques artisanales ont complètement disparu de la culture indigène actuelle. Leur vision de l'or était totalement différente de la nôtre. Il était considéré comme une offrande à améliorer par l'homme. Les pièces d'or étaient accrochées aux arbres en guise d'offrandes, portées autour du cou comme bijou, ou nariguera (bijou porté sur le nez). L'or portait en lui le mystère de la vie, de l'Aluna à la matière. Pour eux, ce métal précieux n'était pas un signe de richesse, et pouvait être échangé contre d'autres matières premières comme le sel produit par les Muiscas.
Les grands sites archéologiques de Taironas
Ignorée du monde civil jusqu'aux années 70, la Cité perdue ou Ciudad Perdida est le plus beau vestige de la culture Tairona.
Un complexe de plus de 250 terrasses au cœur de la Sierra Nevada. A l'époque, elles abritaient un grand centre commercial (mais pas comme le nôtre !).
C'était probablement le centre nerveux de toute la Sierra Nevada, et on estime qu'au moins 3000 personnes y vivaient.
Les terrasses étaient alors occupées par les maisons Taironas.C'est sans doute la raison pour laquelle on trouve tant d'or à ces endroits et que les guaqueros (pilleurs de tombes) ont complètement perdu la tête lorsqu'ils l'ont découvert. Ils ont fini par s'entretuer (bien fait pour eux...).
ciudad perdida lost city colombia
Le message de Kogi
Si nous abusons trop des ressources de la terre, un déséquilibre commence à se former et le chaos et les catastrophes écologiques s'ensuivent. Depuis les années 1990, lorsqu'il est devenu évident que le réchauffement climatique commençait à affecter le monde, les Kogis ont envoyé un message au monde par l'intermédiaire d'archéologues de l'Université de Lampester, dans un film sponsorisé par la BBC. Les Kogis ont envoyé un avertissement aux "petits frères". Ce beau reportage d'1h30 réalisé par l'Irlandais Alan Ereira a récemment été mis en ligne. Vous en découvrirez davantage sur la culture des Kogis et leur message :
Comment les Kogis nous voient-ils ?
Les petits frères ou "hermanitos menores" sont toutes les personnes qui ne font pas partie des villages de la Sierra Nevada et qui ne connaissent ou ne pratiquent plus le droit d'origine. Ils nous considèrent comme des enfants. Pour les Kággabba, la violence fait partie de ces petits frères qui ne connaissent aucune limite lorsqu'il s'agit d'exploiter les ressources de la planète, ils ne cherchent qu'à accumuler, ainsi qu'à s'approprier tout ce que la nature peut offrir.
message kogi
Il ne faut pas croire que les Kogis vont nous accueillir à bras ouverts dans leur société, bien au contraire, moins ils nous voient, mieux ils se portent. Ils ont toujours une certaine méfiance lorsqu'ils nous rencontrent, et gardent toujours en tête les atrocités que les civils leur ont infligées. Bien qu'ils nous considèrent comme différents, ils n'enferment pas leur société loin de nous car il n'y a qu'un seul monde et une seule mère. Une seule mère pour tous les humains et donc pour les grands et les petits frères. Certains Kogis pensent que nous allons devoir passer par l'apocalypse, notre folie de destruction ne s'arrêtera pas. Nous devrons donc passer par une destruction totale, pour qu'il ne reste rien. Pour reconstruire sur de nouvelles bases.
Les Arhuacos sont également de fervents défenseurs de la nature. Je vous invite également à regarder cette magnifique vidéo "La voix des montagnes sacrées" réalisée en 2018 à l'occasion des luttes contre les projets miniers dans la Sierra Nevada.
Comment aider les Kogis ?
1. Protéger la nature Pour aider les Kogi, c'est très simple : commencez par vous aider vous-même, autrement dit, aidez la planète ! Leur message est clair et c'est tout ce qu'ils demandent. Nous pensons tous être un peu verts, conscients et nous disons souvent que ce sont les autres qui détruisent la planète. Mais quand on se plaint qu'au Brésil, ils rasent la forêt amazonienne pour l'élevage et l'huile de palme, alors que nous mangeons de la viande tous les jours, il ne faut pas chercher plus loin.....
Si nous comparons notre mode de vie à celui des Kogis, le simple fait d'ouvrir le robinet pendant 5 secondes constitue une destruction. Nous ne nous rendons même pas compte que capter l'eau met la nature en danger, tant ce geste quotidien de boire l'eau du robinet nous semble innocent et naturel. En bref, nous avons un long chemin à parcourir...
Les fondations qui aident les Kogis
Thekendukua : La fameuse association d'Eric Julien leur a permis de restituer plus de 1500 hectares. C'est la meilleure façon pour moi de les aider car nous savons qu'ils laisseront la nature reprendre ses droits sur ces terres. Le retour des arbres, de l'ombre, de l'eau et de la faune leur offrirait également plus de possibilités de se nourrir. Shibldulda Une fondation récemment créée et gérée par les Kogis eux-mêmes. TaironaTrust : Fondation anglaise créée à la suite du film "Aluna" réalisé par Alan Ereira.