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  • Technocratie

    Cette situation me fait penser à l'Education Nationale, puis en fait à toutes les structures surdimensionnées qui sont gérées sur le terrain par des hommes et conçues dans des bureaux par des technocrates.

     

    http://www.ouest-france.fr/actu/actuDet.php?abo=380571&serv=10&idCla=3636&idDoc=2017489&utm_source=ofmnewsletter&utm_medium=lettredinformation&utm_campaign=informationsgenerales

     

    rôle d'exercice à la centrale nucléaire

    vendredi 02 décembre 2011

    Des élus voulaient vérifier, de nuit, la sécurité des réacteurs de Paluel (Seine-Maritime). Ils ont eu froid dans le dos.

    Paluel, un demi-millier d'âmes, près de Dieppe (Seine-Maritime). Mercredi soir, Claude Birraux, député UMP de Haute-Savoie et président de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst), frappe à la porte de la centrale nucléaire d'EDF. Celle-ci compte quatre réacteurs de 1 300 MW, chacun mis en service entre 1984 et 1986.

     

    À sa demande, l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) simule un accident du type Fukushima : une perte totale d'électricité et du groupe électrogène de secours du réacteur n° 1. Ce qui nécessite un branchement sur l'installation du réacteur n° 2.

    « Situations burlesques »

    L'alerte fictive, déclenchée à 22 h, donne lieu à un enchaînement de « situations burlesques », selon le député. Les agents d'astreinte arrivent bien, rapidement. Mais, à 23 h 30, ils annoncent qu'une clef nécessaire pour ouvrir un panneau d'alimentation électrique est actuellement « en commande »...

    À minuit, ils entrent dans le local électrique de la tranche 1 « mais les indications du document de procédure ne correspondent pas au panneau électrique », raconte le député.

    Après d'autres découvertes tout aussi stupéfiantes, les techniciens décident alors, de leur propre initiative, de se raccorder sur le réseau du réacteur n° 3. Mais, insiste Claude Birraux, le guide de procédure d'EDF comporte de nouvelles inexactitudes et des ambiguïtés. Dans ce grand capharnaüm, le député félicite le personnel : « Il a su se poser de bonnes questions, n'est jamais resté bloqué devant ces situations ».

    Au même moment, Bruno Sido, sénateur UMP de Haute-Marne, était à la centrale du Blayais (Gironde). Il a constaté lui aussi les difficultés des agents à se repérer dans le maquis des documents et des procédures édictés par EDF.

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  • Conseiller pédagogique (école)

    Une espèce de défoulement envers cette hiérarchie qui ne comprend rien à rien.

     


     

    JUSQU'AU BOUT

     

    EXTRAIT

    Un mardi matin, le conseiller pédagogique entra.

    « Je vous fais une petite visite avant la fin de l’année, voir si tout s’est bien passé. »

    Il pensa à la cavalerie qui arrive après la bataille. Costard cravate, les cheveux soigneusement peignés, de gauche à droite, la raie superbe, bien rectiligne, chaussures de ville bien cirées, mallette de représentant de commerce. Il eut envie de le flanquer à la porte.

    Le fonctionnaire, raide comme un porte-drapeau, ne salua pas les enfants. Il alla se réfugier rapidement derrière le bureau comme à l’abri d’un muret face à l’ennemi.

    Il lui demanda son cahier journal.

    « C’est vraiment indispensable, il faut savoir le remplir, je vais vous montrer les dernières trouvailles.

    - Je n’ai plus de cahier journal, je l’ai jeté, annonça-t-il d’une voix moqueuse.

    - Vous l’avez jeté ? Mais c’est impossible de mener une classe si vous n’avez pas de cahier journal ! »

    Devant la bêtise de l’abruti, il décida de tout lâcher.

    « J’ai jeté aussi mes progressions et mon emploi du temps. Je ne fais plus de fiches de préparation. Je travaille au jour le jour. »

    L’individu ébahi regarda les enfants comme de pauvres âmes égarées dans la classe d’un fou. Marine lui décocha un sourire ravissant. Il ne le vit pas.

    « Vous avez fait des évaluations tout de même ? Comment vous vous organisez pour les remédiations ?

    - Je demande aux enfants s’ils ont été contents de leur journée et s’ils trouvent que j’ai été un bon maître, c’est tout. Et s’ils trouvent que la journée a été difficile, j’essaie le lendemain de la rendre plus joyeuse.

    - Oui, mais pour les enfants, comment vous les évaluez ?  insista-t-il. Avec tous les niveaux, comment vous contrôlez leurs connaissances ?

    - Ils n’ont pas besoin que je les évalue. Ils savent très bien ce qu’ils doivent apprendre et ils le font. Ils n’ont pas besoin d’être menacés par une note pour apprendre. Je leur explique à quoi ça sert et ils apprennent. C’est tout. Et s’ils n’y arrivent pas, c’est que je m’y prends mal. Ce sont eux qui m’évaluent. Jamais le contraire. »

    Un mur d’incompréhensions. Il sentit que le bonhomme l’avait jugé et que c’était définitif.

    « Vous n’êtes jamais allé à l’école normale cette année ? demanda-t-il d’un air soupçonneux.

    - Non, il n’y avait pas de possibilité d’être remplacé.

    - C’est dommage, vraiment dommage. Je pense que vous avez besoin d’avoir quelques éclaircissements. Vous êtes un peu perdu mais c’est normal quand on commence. Il ne faut pas vous inquiéter. Les techniques, ça s’apprend au fur et à mesure. Si c’était si simple de faire un cahier journal et tout le reste, n’importe qui pourrait être enseignant. »

    Il n’essaya pas de répondre, pensant que c’était justement le cas. N’importe qui était enseignant. C’était bien là le drame.

    Sans espoir. La voix paternaliste et condescendante était à vomir. Il s’imagina ouvrant la mallette pour y dégueuler son mépris.

    « Je vais vous laisser quelques documents qui pourront vous aider. C’est un travail qui a été réalisé par une équipe de chercheurs en sciences de l’éducation. C’est très intéressant. Toutes les techniques pour bien mener une classe ont été décrites. Bon, c’est sûr, c’est une classe à un seul cours avec dix-huit élèves. C’est moins compliqué qu’ici mais ça va vous aider quand même. C’est très clair, vous verrez. Les tableaux et les graphiques sont très bien faits. »

    Il posa la pile de feuilles sur le bureau et lui serra la main. Il s’enfuit sans dire un mot aux enfants. 

    « C’était qui le monsieur ? demanda Léo.

    -Un con », répondit-il.

    L’enfant éclata de rire.

    Il déchira les feuilles et les jeta à la poubelle. Il aperçut le sourire de Marine, penchée sur son cahier.

  • Désintoxication

    « Si notre conscience a la possibilité de grandir à l’intérieur de notre espace clos, c’est sans doute que nous ne l’avions pas développée auparavant et qu’il reste de la place. Mais se pourrait-il aussi que cette conscience soit extérieure à nous-mêmes, comme une conscience commune dans l’univers et qu’il s’agisse simplement de la saisir pour l’inviter à occuper notre espace intérieur ? La plupart des hommes vivrait sans conscience, ce qui pourrait expliquer aussi les déviances de l’humanité. A la place de cette conscience universelle jamais rappelée, l’esprit s’emplirait de valeurs intrinsèquement humaines, totalement détachées de la source commune. Et ces valeurs, nombreuses et variées, incessamment renforcées pour le maintien du mensonge, donneraient l’impression à l’humanité entière qu’elle est sur la bonne voie…La manipulation de la masse par la masse elle-même nous a entraînés sur une fausse route. Nous ne sommes pas sur la voie de l’univers. Nous ne sommes plus en expansion avec lui. Nous sommes perdus. »

    UNE ETRANGE LUMIERE

     

    Nécessité de la désintoxication. Voilà où en est l'humanité.

    Je m'efforce d'éveiller chez mes élèves cette sensation qu'en eux vibre une création qu'ils ignorent, que l'identification et l'assemblage constant des rôles qui s'enchaînent contribuent à cette intoxication. Et qu'il s'agit bien d'une drogue. Avec les effets redoutables que l'ont peut voir, à chaque instant, partout, sur la planète.

    Meurtres, guerres, viols, attaques à main armée, maltraitance, souffrance psychologique, douleurs physiques, extermination, famine, disparition de la biodiversité... Si on passe une heure à parcourir des sites d'informations, cette drogue du conditionnement et de ses dégâts collatéraux prend une dimension insupportable. A en croire que l'amour, la beauté, la plénitude, le bien et tout ce qu'il contient n'existent plus.

    Une certitude aussi, c'est que cette intoxication est contagieuse. On est dans le même registre qu'un virus comme le sida. Contamination des egos et mort de la dimension spirituelle. Il ne s'agit pas de la décrépitude des corps mais de celle des âmes. Elle n'intéresse pas les laboratoires bien évidemment. Quoiqu'ils seraient bien capables un jour de nous sortir une pilule du Bien... Lobotomie chimique. Non, les anti dépresseurs ne sont pas des pilules du Bien mais juste un moyen de rattraper au passage les âmes détruites par la guerre des egos. Les Français sont les plus gros consommateurs d'anti-dépresseurs et je ne vois aucune amélioration de la population depuis que cette drogue chimique a été mise sur le marché. Je ne condamne pas pour autant cette aide dès lors qu'elle est accompagnée par un travail spirituel, psychologique. Il est des situations où l'urgence prédomine et le travail spirituel n'a jamais eu d'effets immédiats. C'est un long chemin. Il conviendrait bien davantage d'agir à la source et de ne pas laisser s'installer les errances psychologiques. C'est là que le partage spirituel avec les enfants prend toute son importance. Agir avant que la cure de désintoxication devienne indispensable. Principe de précaution. 

    Mais le principe de précaution n'est pas rentable. Une population bien portante est économiquement inintéressante. Aucun laboratoire n'irait envoyer un visiteur médical chez les Kogis...Une population bien portante n'est pas manipulable. Elle ne porte aucun intérêt envers le matérialisme étant donné que sa dimension spirituelle la comble. Elle n'a pas peur de l'avenir étant donné qu'elle ne se projette pas au-delà de l'utile dans une dimension temporelle qui n'existe pas.

    Que pourrait bien vendre TF1 à une population bien portante ?

    Bon, je sens que je vais m'énerver là...

    Et que je vais tomber dans les travers de l'ego drogué.A croire que je resterai toujours en cure de désintoxication. Jusqu'à la fin de mes jours.

    Le monde humain est dangereux. Le reste du monde est d'une beauté ineffable. Et ce soir, il neige sur les montagnes. 

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  • Philo-ados

    Une collection pratico-philosophique ... Rue de l’échiquier.

    PHILO ADO , une collection utile et agréable... des livres intelligents.


    Rue de l’échiquier est une maison d’édition créée en 2008 par Thomas Bout et Anne Fitamant Peter, qui propose une collection Philo Ado très riche.

    Marie-France Hazebroucq dirige cette collection, tout en étant elle-même également auteur (avec Mentir et Se Venger notamment).

    Comme son nom l’indique, cette collection s’adresse aux adolescents. Il s’agit de leur proposer une bouffée d’oxygène, un éclairage philosophique, autour de problématiques très concrètes qui les touchent au quotidien.

    L’idée n’est pas de mettre entre les mains des ados, des livres philosophiques rébarbatifs, mais bien de les amener à réfléchir à une thématique donnée à partir de situations vécues, d’exemple concrets qu’ils ont pu voir au cinéma ou dans les médias, livres etc

    Les philosophes et auteurs dont ils entendent parler en cours se retrouvent ici par touches légères et toujours en lien avec le propos. Des passerelles se créent entre les grands philosophes qui semblent parfois inaccessibles ou lointains… difficiles à saisir... et leur quotidien….  : Meetic, Harry Potter, Facebook …..

    La philosophie devient ici, fluide, facile… Sartre, Beaudelaire ou Homère s’invitent dans les questionnements de nos ados.

    L’adolescence, période en ébullition, les nerfs à fleur de peau, entre métamorphose et mal être parfois... périodes de tensions intérieures et extérieures... les émotions qui se bousculent et les hormones qui s’activent…

    L’adolescence est une période précieuse de la vie, l’incontournable passage de l’enfance au monde adulte, elle est propice à la créativité, la fragilité, la force….

    C’est une période de construction de soi importante.

    Ces ouvrages peuvent trouver un écho favorable entre les mains des jeunes.
    Ils peuvent s’identifier très vite au sujet proposé… car enfin… qui n’a pas eu envie de se venger, de rendre œil pour œil, en cas d’offense ? Qui n’est jamais tombé amoureux ? paniquant peut être tout à la fois à l’idée d’une première fois ? d’une rupture ? ...
    Qui n’a jamais menti pour cacher une mauvaise note, dissimuler les véritables raisons d’un choix inattendu à son meilleur ami … ? Qui n’a pas envie de se laisser aller à rêver, à se prélasser sans rien faire ?  

    Tricher, faire l’amour, être en colère, halluciner, se divertir….
    Autant de choses qui parlent aux adolescents et autant d’ouvrages pouvant permettre de remettre un peu d’ordre dans le chaos de l’esprit de l’ado ou de calmer dans la tempête qui fait rage au coeur de ses émotions.

    Ces ouvrages peuvent tout simplement aussi donner du sens, du recul.

    L’éditeur répond à : Pour Qui ? Pourquoi ? et Comment ? ....

    Pour qui ?
    Les jeunes de 14 à 19 ans qui, grâce à la collection, vont découvrir le plaisir de penser par eux-mêmes et acquérir des armes pour mieux vivre.
    Les parents, désireux d’échanger des idées avec leurs adolescents, soucieux de les sensibiliser aux valeurs importantes, d’aiguiser leur esprit critique et de les inciter à s’intéresser au monde qui les entoure.

    Pourquoi ?
    Pour que le jeune public, dans une société en mal de repères, découvre que la philosophie peut répondre à un besoin et servir à vaincre ses peurs, vivre mieux et donner du sens à sa vie.

    Comment ?
    Chaque auteur élabore une réflexion personnelle autour du sujet de l’ouvrage, présentée sous forme d’éclats, de fragments. Le discours s’appuie sur des exemples concrets empruntés au cinéma et à la littérature et sur des témoignages d’adolescents. En marge du texte, des notes apportent des repères et indiquent les références des textes de philosophes qui sous-tendent le propos de l’auteur.

    Livres disponibles


    Mentir de Marie-France Hazebroucq
    Perdre son temps de Malcolm Hammer
    Tomber amoureux de Sabrina Cerqueira
    Se venger de Marie-France Hazebroucq
    Rêver de Barbara de Negroni
    Être jaloux de Philippe Fontaine

     

    Sabrina Cerqueira
    Agrégée de philosophie, Sabrina Cerqueira enseigne la philosophie en classe de terminale. Elle a rédigé plusieurs ouvrages méthodologiques sur l’épreuve de philosophie du baccalauréat et a collaboré au titre Perdre son temps, dans la même collection.

     

     

    Barbara de Negroni
    Agrégée de philosophie, Barbara de Negroni enseigne la philosophie en classes de terminale et d’hypokhâgne. Spécialiste du XVIIIe siècle, elle a édité des œuvres de Rousseau et de Diderot, et est l’auteur d’études sur la censure des livres et la tolérance religieuse.

    Philippe Fontaine
    Professeur agrégé de philosophie et docteur ès Lettres, Philippe Fontaine est maître de conférences à l’université de Rouen. Spécialiste de phénoménologie et d’esthétique, il a publié de nombreux ouvrages portant sur des questions de philosophie générale.

    Malcolm Hammer
    Diplômé de philosophie et journaliste radio de formation, Malcolm Hammer se consacre à la vulgarisation scientifique sur des supports multimédias. Dans le cadre du collectif Génération précaire, il a coécrit Parcours du combattant stagiaire (Mille et une nuits) et Sois stage et tais-toi ! (La Découverte).

     

    Marie-France Hazebroucq
    Agrégée de philosophie, Marie-France Hazebroucq a passé toute sa carrière à enseigner terminales et en classes préparatoires. Spécialiste de l’œuvre de Platon sur laquelle elle a rédigé sa thèse, elle publie régulièrement des traductions et des commentaires de dialogues platoniciens.


     

    Focus sur MENTIR
    Marie-France Hazebroucq

    Collection Philo ado
    genre : Essai
    prix : 10 euros
    format : 120 x 200 mm
    nombre de pages : 144 pages
    date de parution : 18 février 2010
    EAN : 9782917770085
    ISBN : 978-2-917770-08-5

    Mentir pour faire passer une mauvaise note en disant que « la moyenne de la classe n’était de toute façon pas très bonne » ; soutenir qu’à une fête que l’on ne manquerait pour rien au monde, « il n’y aura ni garçons ni alcool » ; ne pas avouer à ses parents qu’on a manqué un cours...que cachent ces mensonges d’adolescents ? Entre désir de se préserver et volonté de ne pas faire de mal, ils nous incitent à réfléchir sur l’obéissance, la dépendance, l’éducation et la liberté.

    Mais, du mensonge rigoureusement interdit au mensonge toléré, voire recommandé, cette notion n’est pas aussi simple qu’elle en a l’air. En nous interrogeant sur le savoir-faire du menteur et les différentes formes de mensonges, sur la tricherie et la justice, la sincérité et le secret, le pouvoir du langage...nous apprendrons à mieux la cerner.
    Car tenter de comprendre ce que veut dire « vraiment mentir » nous permet de réfléchir sur notre rapport à nous-même et à notre conscience, mais aussi sur notre comportement en société et notre conception du monde.

    Focus sur PERDRE SON TEMPS
    Malcolm Hammer

    Collection Philo ado
    genre : Essai
    prix : 10 euros
    format : 120 x 200 mm
    nombre de pages : 96 pages
    date de parution : 18 février 2010
    EAN : 9782917770108
    ISBN : 978-2-917770-10-8

    « Lâche ton jeu », « viens prendre l’air », « tu as déjà vu ce film trois fois »...Combien de fois les adolescents ne subissent-ils pas ce reproche : « tu perds ton temps ! » Pourtant, est-ce que cela n’arrive pas à tout le monde ?

    Entre plaisir et culpabilité, action et rêverie, l’expression « perdre son temps » est plus complexe qu’il n’y paraît, et recouvre des notions très différentes : paresser, traîner, remettre à demain, s’ennuyer, est-ce perdre son temps ?Et pourquoi ranger sa chambre ne sera pas considéré, également, comme une perte de temps ? Notre rapport au temps, finalement est l’une des expression les plus distinctes de notre rapport au monde. Mais encore faudrait-il que nous soyons capables de définir précisément ce qu’est le temps...
    Il y a le temps des horloges et le temps vécu, où viennent se loger la mémoire et l’oubli, l’habitude et la nouveauté, notre désir de lutter contre l’irréversibilité du temps qui passe comme celui de le laisser filer...Voyager au cœur de ce temps insaisissable, c’est approcher la complexité humaine.

    Focus sur TOMBER AMOUREUX
    Sabrina Cerqueira

    Collection Philo ado
    genre : Essai
    prix : 10 euros
    format : 120 X 200 mm
    nombre de pages : 144 pages
    date de parution : 21 octobre 2010
    EAN : 9782917770160
    ISBN : 978-2-917770-16-0

    On dit « tomber amoureux » comme « tomber enceinte », ou « tomber dans l’alcool ». « Tomber », il faut donc l’entendre au sens fort — faire une chute ; mais l’expression revêt aussi un sens plus souterrain qui indique un devenir. Car si l’amour se manifeste parfois de façon soudaine sous la forme du coup de foudre, tout amour n’est-il pas bouleversant en ce qu’il nous fait devenir autre ? Porté par un désir d’union ou de durée, l’amour est cette puissance qui nous déséquilibre et nous fait envisager le monde sous un angle nouveau. Faudrait-il alors se méfier de ce changement ? Charles Fourier moquait les « beaux parleurs », les « orateurs fleuris » qui, pour parler d’amour, « trempent leur plume dans l’arc-en-ciel et poudrent leurs écrits avec la poussière des ailes du papillon ». De Spinoza à Titanic, de Thérèse d’Avila à L’Empire des sens, de Peau d’âne à Schopenhauer, nous tenterons de comprendre cette passion.

    Focus sur SE VENGER
    Marie-France Hazebroucq

    Collection Philo ado
    genre : Essai
    prix : 10 euros
    format : 120 X 200 mm
    nombre de pages : 160 pages
    date de parution : 11 janvier 2011
    EAN : 9782917770177
    ISBN : 978-2-917770-17-7

    De l’Odyssée à Taken, d’Andromaque au Comte de Monte-Cristo, de La Bête humaine à Un justicier dans la ville, nombreux sont les récits dont les héros font payer à l’offenseur le prix de son offense, et font justice eux-mêmes, selon l’implacable loi du talion : œil pour œil, dent pour dent. Peut-on pour autant parler de justice ? La violence meurtrière de la vengeance sévit surtout au cinéma, au théâtre ou dans les romans ; mais combien de fois n’avons-nous pas supprimé, en pensée ou en paroles, ceux qui nous ont fait du mal ? Le plus souvent, nos vengeances sont anodines ou restent symboliques, or toute vengeance n’est-elle pas excessive par nature ? Ressentiment, rancune, hostilité, colère, fureur… Les passions qui animent le vengeur sont généralement condamnées par les philosophes ; pourtant, elles nous apprennent quelque chose sur nous-même. Que se cache-t-il alors derrière le désir de SE VENGER ?

    Focus sur RÊVER
    Barbara de Negroni

    Collection Philo ado
    genre : Essai
    prix : 10 euros
    format : 120 X 200 mm
    nombre de pages : 144 pages
    date de parution : 9 juin 2011
    EAN : 9782917770245
    ISBN : 978-2-917770-24-5

    Nous rêvons la nuit, nous rêvons aussi le jour — quand nous sommes dans la lune ; nous rêvons de transformer le monde, de devenir les héros de nos livres ou de nos films préférés. Nos rêves nocturnes nous inquiètent parfois et nous nous demandons s’ils ont un sens ; nos rêveries cheminent selon d’étranges associations d’idées. Même si nous avons plaisir à les raconter, nos désirs, nos projets peuvent sembler absurdes et irréalistes. Faut-il arrêter de RÊVER ? ou nos rêves nous apportent-ils espoir, bonheur et réconfort ? Un monde sans rêves serait-il encore un monde humain ?

    Des stoïciens à Freud, de Descartes à Diderot, de Spinoza à Nietzsche, de nombreux philosophes ont interprété les rêves et étudié ce qu’ils peuvent nous apprendre sur nous-même. L’homme est souvent défini comme un animal raisonnable, un animal rieur ou un animal politique, ne pourrait-on pas aussi le définir comme un animal qui rêve ?

    Focus sur Être JALOUX
    Philippe Fontaine

    Collection Philo ado
    genre : Essai
    prix : 10 euros
    format : 120 X 200 mm
    nombre de pages : 112 pages
    date de parution : 15 novembre 2011
    EAN : 9782917770313
    ISBN : 978-2-917770-31-3

    Qui ne sait ce qu’est la jalousie, pour en avoir éprouvé au moins une fois, dans sa vie, le sentiment  ?
    Nous avons tous été aux prises avec cette impression angoissante d’être abandonné, ou privé de quelque chose qui nous revenait de droit — du moins le croyions-nous.
    Mais sommes-nous pour autant capables de définir la jalousie  ? Ne faut-il pas commencer par la distinguer de l’envie  ? Et si la jalousie semble trouver sa forme privilégiée dans l’amour, pouvons-nous pour autant en conclure que l’amour est nécessairement jaloux  ?

    En explorant les notions de désir, de possession, d’estime de soi, en s’interrogeant sur ce qui se cache derrière la jalousie, ce livre propose une forme d’initiation à la psychanalyse. Avec
    à l’appui de nombreux exemples littéraires et cinématographiques  : de Guy de Maupassant à Marcel Proust,
    de Georges Simenon à Simone de Beauvoir, de Luis Buñuel
    à Jean-Luc Godard.


     

  • Si...

    "Si tu ne comprends rien de tes souffrances, c'est que tu ne méritais pas qu'elles prennent soin de toi. "

    Jarwal.

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  • Les agents littéraires

    Une bien belle découverte à l'instant.

     

    http://www.les-agents-litteraires.fr/

     

    Un travail très vaste, riche, documenté, argumenté, des découvertes à faire, des explorations à mener.

    Et oh combien nécessaire...

     

    LES AGENTS LITTERAIRES

     

    Pourquoi avoir créé ce blog ?

    Parce que nous croyons en l’importance de maintenir, en France, une vraie diversité de l’offre éditoriale. En effet, nous avons la chance de bénéficier d’un tissu dense d’éditeurs indépendants (plusieurs centaines), attachés à jouer le rôle de découvreurs de talents, à tenter des aventures intellectuelles, à contribuer aux débats d’idées. C’est grâce à eux que voient le jour des livres de qualité/ originaux/ hors normes et, souvent, que sont édités pour la première fois les auteurs de demain.

    Or, cette bibliodiversité, qui joue un rôle éditorial si important, est aujourd’hui menacée. Parce que la tendance actuelle, dans le monde de l’édition, est à la concentration financière et à la domination de quelques grands groupes éditoriaux, qui privilégient la démarche commerciale à la qualité éditoriale. Et, parallèlement, en raison de la difficulté qu’ont les petits éditeurs à faire connaître leur production, à trouver leur place dans les rayons des librairies et, plus généralement, à conquérir et à fidéliser un lectorat.

    D’où l’objectif de ce blog : repérer, chaque mois, les meilleurs livres en panne de médiatisation et se faire leurs « agents littéraires », c’est-à-dire assurer leur promotion grâce à internet. Vous ne trouverez donc pas sur ce blog d’articles portant sur les « best-sellers » du moment. Mais, au contraire, des critiques de livres d’éditeurs indépendants ou, parfois, d’auteurs auto-édités, dont vous n’aurez (peut-être) pas entendu parler et serons (nous l’espérons) autant de belles découvertes.

     

    > Quel est notre champ d’action ?

    - Surveiller l’actualité des parutions des éditeurs indépendants et auteurs auto-édités,

    - Rédiger des critiques des livres que nous repérons ou qui nous sont envoyés,

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    Ce blog existe avant tout grâce aux plus de 200 blogueurs qui le font vivre, en rédigeant régulièrement des critiques de livres. De tous âges, de tous horizons, ils sont réunis par le même intérêt qu’ils portent à la production des éditeurs indépendants francophones. > Découvrir quelques portraits de blogueurs

    A l’origine du projet, deux passionnés des livres :

    - Vincent Beghin. Il est un peu le « touche à tout » sur ce blog. Il s’occupe notamment de la communication, de la relation avec les éditeurs, auteurs et contributeurs et, bien sûr, de la rédaction d’articles et de critiques. Vincent est titulaire d’un Master de communication et d’une maîtrise d’Histoire. Il a travaillé 5 ans dans une agence de communication éditoriale.

    - Emmanuel Pierrat. Il est en charge de l’aspect « technique » du projet. Il s’occupe également de la veille sur le parutions des éditeurs et de la rédaction de critiques de livres. Emmanuel est diplômé d’une maîtrise de lettres modernes et d’une licence pro métiers de l’édition. Il travaille actuellement dans une librairie parisienne.

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  • La Porte

    389780-2486605694687-1539008410-2552930-1412825694-n-3.jpgIl n'y a pas de Porte parce que nous sommes déjà à l'intérieur.

    Il n'y a rien à chercher parce que tout est déjà là.

    Il convient par contre d'explorer ce que la Vie propose et de cartographier l'espace.

    Je n'aime pas cette idée incluse dans l'image que toute cette "recherche" passe par des "Centres" de formation ou que l'attitude bouddhiste, Zen et autres philosophies orientales est LA voie à emprunter.

    Il n'y a pas de voie unique mais une multitude infinie de voies personnelles.

    Dès lors que nous pensons devoir adhérer à une Voie rapportée, nous ne sommes plus à l'intérieur de notre espace mais en dehors.

    J'ai lu des textes bouddhistes, j'ai lu Krishnamurti, Aurobindo, Prajnanpad, Vivekananda, Jung, Maslow, Kübler Ross, Tolle, Jean Klein, et beaucoup d'autres. Je ne suis pas pour autant devenu Krishnamurti, Aurobindo ou n'importe lequel d'entre eux. Je ne suis pas non plus bouddhiste. Aucun de ces espaces n'est le mien. 

    J'ai tenté de comprendre ces espaces par rapport à mes conditions de vie et de m'en servir. Il n'était pas question de répudier ce que je suis pour tenter de devenir quelqu'un d'autre. Il n' y a pas en moi un individu spirituel et un individu matérialiste, un individu éveillé et un individu borné. Il n'y a que moi et cet espace gigantesque que je me dois de cartographier. Personne d'autre ne peut le faire. Ca ne serait sinon que son interprétation de mon espace et non le mien.

    Il n'y a pas de Porte à pousser. Ni une bonne âme pour me dire ce qu'il y a à l'intérieur.

    Il y a dans les démarches spirituelles rapportées un risque de culpabilisation de l'individu qui se doit d'être honteux de ne pas avoir encore trouvé la porte alors que le sage bouddhiste baigne dans la félicité. La félicité de qui ? De celle de son Maître à penser ? Quel intérêt ? On est dans le même fonctionnement d'assistanat que celui prôné par les sociétés matérialistes.

     

    J'ai longtemps erré à l'intérieur de moi. Il reste encore des Terra Incognita. Je n'en viendrai peut-être jamais à bout tant cette exploration est redoutable. Mais je préfère errer que d'être guidé et pris en charge. 

    Qui serais-je si je n'avais plus aucune estime de moi ? Un fidèle récitant des mantras dans un ashram ? Ou lisant l'Evangile ?

    Bien sûr que toutes mes lectures m'ont transformé, bien sûr que tous ces individus ont laissé en moi des empreintes, bien sûr qu'ils m'ont considérablement aidé mais aucun d'entre eux ne m'a "sorti" de moi. C'est impossible. Il n'y a jamais eu de Porte à pousser. Ni dans un sens, ni dans l'autre. Je suis toujours à l'intérieur parce qu'il est impossible qu'il en soit autrement. Je sais que j'ai des moments de faiblesse et je ne les renie pas. Je ne me considère pas comme un être mauvais parce que je ne parviens pas constamment à maintenir l'observation de cet espace intérieur. Je ne veux pas de la robe du Sage. C'est la sienne, c'est son costume. Je connais mes oripeaux et je m'y sens bien. Ce sont les miens. 

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  • Jarwal et Jackmor

     

     

     

    Le lever du soleil sur les montagnes...

    Une telle douceur.

    Et Jarwal qui court dans les montagnes de Colombie.

     


     

    Tome 3

    Les hommes de Jackmor travaillaient sans relâche. La brèche dans le mur végétal s’élargissait inexorablement mais la résistance des troncs les sidérait. Ils devaient affûter les lames des haches régulièrement comme s’ils avaient cogné pendant des heures sur des roches.

    Jackmor restait en retrait et aucun de ses hommes n’osait même le regarder. Tous sentaient bien que le regard sombre de leur chef interdisait la moindre parole. Une colère immense qu’ils devinaient dans la raideur de son visage émacié, les mâchoires serrées, les muscles bandés de ses bras.

     

    Il regrettait tellement cette invulnérabilité. Même s’il décidait de sauter dans le vide, du haut du ravin, de tomber dans le flot intraitable du torrent, de se laisser couler, de heurter des milliers de roches pendant des jours et des nuits de dérive dans le courant puissant, même s’il rêvait désormais de cette libération de la mort, il ne pouvait rien y faire. Il était irrémédiablement condamné à errer sans fin dans cette enveloppe indestructible, sans plus jamais accéder à d’autres connaissances. C’est ainsi que la Création l’avait décidé. La Mort était une bénédiction puisque l’existence puisait dans cette fin à venir le désir d’éveil, le goût du savoir, l’évolution et le progrès, la transformation jusqu’à la métamorphose. Il avait choisi de se priver de la Mort et il avait quitté aussitôt le chemin de la Vie. Une erreur effroyable qu’il ne pouvait plus réparer. Cette brûlure dans son âme, comme une pénitence éternelle, une souffrance infligée dont il ne pouvait plus s’extraire. Une condamnation alors qu’il avait souhaité se libérer de la sentence de la Mort.

    Il devait retrouver Jarwal. Il était certainement le seul à pouvoir rompre cette chaîne. Et il lui était simultanément insupportable d’envisager combattre le lutin en espérant que celui-ci l’emporte. Deux désirs antagonistes qui luttaient en lui.

    Il se leva pourtant et rejoignit la troupe. Il arracha une hache des mains d’un des soldats. Tous les hommes se figèrent et reculèrent d’un même mouvement. Une telle violence diffusée, ils sentaient des odeurs âcres, comme si leur chef diffusait des relents de cadavres, que la Faucheuse virevoltait follement autour de lui et cherchait à l’envoûter.

    Jackmor arma son geste et frappa le tronc avec une violence inimaginable, des éclats de bois jaillirent, les coups s’enchaînèrent avec une vitesse stupéfiante, le fût vibrant jusqu’à la cime. Jackmor ahanait à chaque frappe, un cri de rage, comme un combat contre un ennemi bien différent que ces arbres inertes.

    Les hommes reculèrent encore de quelques pas. L’impression d’être aspirés par cette haine qui irradiait de leur chef. Certains éprouvaient une pitié qui les gênait, d’autres une simple terreur, d’autres encore la certitude que cet être incompréhensible n’était pas des leurs, qu’il venait d’ailleurs, d’une autre dimension, que la magie en était la source et qu’ils devaient se méfier de lui pour ne pas être emportés dans un monde inhumain.

    Il ne fallut pas bien longtemps pour que le tronc s’écroule.

    Jackmor n’eut aucun regard pour les hommes qui s’enfuirent à toutes jambes lorsque l’arbre bascula. Il se cala contre la falaise en résistant difficilement à l’envie de se placer dans l’axe de la chute. Sachant très bien que le choc ne suffirait pas à le libérer. Rien d’extérieur ne pouvait l’anéantir et rien, intérieurement, ne lui était offert pour pallier à cette geôle d'une vie sans fin.

    Il attaqua aussitôt le tronc suivant. Avec une rage folle.

     

    Il devait retrouver Jarwal.

     

     

    Les renforts autour du camp des Kogis s’érigèrent toute la journée. Des trous furent creusés et garnis de pieux, des lacis de branches épineuses furent assemblés autour de l’enceinte, des murailles végétales dont les pointes étaient dures comme de la pierre, aucun animal n’aurait pu les franchir sans s’y déchirer la peau, des murets de pierres plates offraient de multiples refuges et cachaient des réserves de lances, des bois durcis au feu, des machettes et des pics en fer, ceux qui servaient à l’extraction de cet or convoité. Tout ce qui pouvait servir à la lutte était rassemblé.

    Quelques Anciens furent chargés d’entraîner les hommes au combat. C’est là que Jarwal comprit que les Kogis n’avaient aucune chance. Toutes les protections, toutes les armes, tout ce travail de préparation serait vain. Pour une seule raison : Les Kogis ne portaient pas en eux la folie nécessaire à un combat. Leur maladresse était criante, ce manque d’énergie et de violence nécessaires, cette absence de haine et de convoitise, cette incapacité à voir en l’autre un ennemi à abattre, cet espoir si visible qu’il était encore envisageable d’échapper à ce ruissellement du sang, à cette offense envers la vie, cette trahison au regard de leur amour inconditionnel et constant, cette idée que certains hommes pouvaient être tués au nom des autres. C’était si éloigné de tout ce qu’ils vénéraient.

     

     

    Ils n’avaient aucune chance de survivre à un combat.

    Et lui ne possédait pas de pouvoirs suffisants pour lutter contre une armée entière avec Jackmor à leur tête.

    Il observait Kalén manipuler une lance avec application et mimer un combat illusoire lorsqu’il entendit parler en lui.

    Il écarquilla les yeux avec un sursaut de tout le corps, un choc inconnu, comme s’il cherchait à voir en lui et à dénicher l’intrus caché dans un recoin.

     

    « Le mal a toujours une faille. »

     

    Une phrase clairement énoncée, une voix inconnue, juste un murmure.

     

    « Et tes graines peuvent porter la vie au cœur du mal. » 

     

    Il reprit difficilement son souffle et écouta attentivement la voix monocorde qui répétait inlassablement son message.

    Une révélation soudaine.

    Kalén lui avait expliqué le mystère. Izel était revenu. Ou n’était jamais parti. Juste un changement de support, une autre forme de la Création.

     

    Il courut vers Kalén et l’entraîna à l’écart du groupe. Une immense euphorie en lui. Izel lui avait donné la solution.

     

    « Kalén, je sais comment il est possible de se libérer des Conquistadors.

    -Nous allons les combattre, intervint le jeune homme.

    -Même si vous êtes résolus à préserver votre liberté et que je reconnais votre courage, il ne faut pas en faire une folie Kalén. Les Conquistadors sont des hommes de guerre et vous, les Kogis, vous êtes des hommes d’amour. Il est impossible de combattre le Mal par le Mal. Il vous faudrait devenir pire encore que ces hommes et même si vous emportiez ce combat, les dégâts spirituels, les traces laissées par cette lutte, cette cassure effroyable dans votre harmonie, ton peuple en subirait les conséquences pendant très longtemps. On n’efface pas le sang même quand la terre l’a bu. Il continuera à couler en chacun de vous et il étouffera pendant des siècles votre amour de la Vie. »

     

    Kalén fut troublé par la détermination du lutin.

    « Quelle est ton idée Jarwal ? demanda-t-il.

    -C’est une parole d’Izel qui m’a donné la solution. Je vais avoir besoin de ton aide. Et de celle d’Izel aussi. »

     

    Un sourire sur le visage du jeune homme. Comme un espoir qui se dresse et nourrit la source des forces. 

     

     

    Jackmor avait créé une brèche. A lui tout seul, avec une énergie inusable, comme si sa vie en dépendait et qu’il y avait une urgence absolue. Aucun de ses hommes n’aurait pu imaginer que c’est sa mort qu’il espérait et qu’il ne supportait plus aucun délai.

     

    La troupe s’était glissée dans l’ouverture et avait repris sa progression à la tombée du jour. Un dernier campement à installer avant de fondre sur les Kogis et d’entamer le dernier combat. Jackmor ne pensait absolument plus à cet or vénéré et n’envisageait rien d’autre que sa disparition, sa libération et la quête d’une autre enveloppe terrestre, une incarnation mortelle, simplement mortelle mais disposant dès lors de l’accumulation possible des connaissances et de ce projet flamboyant de la puissance du savoir. Une exploration bien plus fascinante que cette errance désespérante de l’immortalité figée.

    Les Dieux, finalement, n’étaient pas enviables. Ils ne seraient jamais que des entités enfermées dans leur fixité acquise. Ce qu’ils savaient était constant mais en ignorant l’insatisfaction, ils se privaient de toute évolution. Le statut d’humain était bien plus passionnant. La mort était un tremplin à chaque jour.

    Il s’était trompé en choisissant l’immortalité des Dieux.

    Jarwal devait le libérer. Il était le seul à pourvoir le faire. Son pire ennemi comme un sauveur.

     

     

    Kalén et Jarwal s’étaient éloignés du village, ils avaient rejoint une falaise dans les hauteurs, une longue marche silencieuse qui avait rempli Jarwal de bonheur.

      La simplicité apaisante de ce corps en marche, il l’aimait tant. Cette absence de pensées intrusives quand l’énergie est concentrée dans la justesse du pas.

    Kalén avait montré la grotte et ils avaient escaladé quelques ressauts rocheux pour l’atteindre. Ils s’étaient glissés à l’intérieur de l’antre, s’enfonçant vers l’obscurité. Le jour tombait et la faible lumière suintant sur les parois humides les obligeait à écarquiller les yeux.

    Ils devinèrent simultanément les arabesques rapides de l’animal.

     

    Ils s’assirent côte à côte et observèrent sans un geste les volutes aériennes.

    L’animal se calma enfin et vint se suspendre au-dessus d’eux, légèrement en avant, de façon à ce qu’ils ne soient pas obligés de basculer la tête en arrière. Elle replia les ailes contre son corps et ils virent ses yeux. Deux fentes étroites irradiant des flux de soleil.

     

    « Oui, c’est tout à fait possible Jarwal. Je peux m’en occuper. »

     

    La voix était en lui.

    Izel lui parlait.

     

    «Je porterai les graines et je les lâcherai là où il convient. Tu peux compter sur moi. La Vie sera au cœur du Mal. »

     

    Jarwal sortit de la mozilla son petit sac de graines, il en posa quatre sur le sol, devant lui.

    La chauve-souris atterrit devant les deux compagnons. Elle logea les graines dans sa bouche et s’envola.  

     

    Elle sortit de la grotte et disparut.

     

    « Aie confiance en moi, mon fils. Je suis toujours là. »

     

    Kalén détourna la tête. Des larmes qu’il ne voulait pas montrer. Izel était toujours là mais pas comme le père qu’il aimait, ce père patient, attentif, respectueux.

    Les bras de son père.

    Il aurait tant aimé s’y blottir encore.  

     

    Ils rejoignirent le village, sans un mot. Jarwal devinait la tristesse de Kalén dans la lourdeur de son pas. Un silence dont le garçon avait besoin. Il souffrait de l’absence de son père et du poids immense de la survie de son peuple. Un héritage trop tôt survenu.

    Avant de rentrer dans le cercle des huttes, Jarwal arrêta le garçon par le bras.

     

    « Je sais que ton père te manque terriblement Kalén et je le comprends infiniment. Mais il est là, avec nous, auprès de nous. Je ne cherche pas à comprendre comment c’est possible. Mais tu dois ressentir avec ton âme qu’il continuera à te voir grandir et rien n’est plus important pour un père. N’arrête pas ton regard à la tristesse de ton cœur. Regarde plus loin. Izel est fier de tout ce que tu as déjà accompli. Il n’est pas venu en moi parce qu’il n’avait pas confiance en toi mais parce qu’il veut t’aider à préserver ton peuple. C’est lui qui m’a dit que je détenais la solution. »

     

    Les yeux tristes de Kalén. Et puis cette esquisse de sourire qui s’éveille, comme une déchirure dans le brouillard qui l’aveuglait.

     

    Jarwal expliqua le plan d’Izel. Kalén l’écouta attentivement.

     

    Ils rejoignirent la Nuhé. Jarwal se glissa aux côtés de Gwendoline. Il l’embrassa doucement sur le front. Elle dormait paisiblement.

     

    Demain Izel entrerait en action.

     

     

    Jackmor n’avait pas dormi de la nuit. Tout du moins, c’est l’impression qu’il en avait gardé. Un rêve étrange qui l’avait poursuivi. Un nuage noir, étrangement mobile, une menace qu’il ne savait définir, l’impression d’étouffer et d’être dévoré de l’intérieur.

    Les hommes attendaient ses ordres. Ils le suivaient des yeux quand il se levait. Ils l’avaient regardé se pencher au ras du sol et écouter ce que lui seul pouvait entendre. Il était monté sur le chemin comme s’il avait souhaité s’isoler puis il avait rejoint la troupe. Tous devinaient une tension extrême dans ce visage fermé.

    Chacun s’était occupé. Des armes à affûter, des habits à raccommoder, des projets à raconter, des histoires à inventer, ranimer le feu pour le repas chaud, repousser les frissons de la nuit, rêver d'un autre plat que ces maudits haricots rouges, des soirées de beuverie dans les tavernes des ports, ils rentreraient bientôt avec des richesses infinies.

     

    Il ne reviendrait pas sur sa décision. Il devait disparaître pour tout recommencer. Mais il ignorait pourtant si le lutin avait suffisamment de pouvoir pour le vaincre. Et cette incertitude le torturait plus que tout.    

    Bénir son pire ennemi quand il détient peut-être la libération de la mort. Il n’aurait jamais imaginé une telle issue.