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Jarwal le lutin : la peur
- Par Thierry LEDRU
- Le 11/06/2011
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Finalement, nous sommes exactement dans cette situation...Figés par le passé, parce que nous cherchons des solutions aux problèmes en usant d'un système de pensées qui les a lui-même générés...On tourne en rond et on s'enfonce, comme un trou qu'on agrandirait incessamment sous nos pieds...
"Kalén se leva, prit une mochilla et la remplit d’aruaca. Une outre avec de l’eau en bandoulière et un bâton de marche. Il salua l’assemblée et sortit. Les regards des Anciens se gravèrent en lui.
Un feu de camp au bout de l’allée des huttes, trois silhouettes assises près du foyer. Elles lui tournaient le dos. Il se glissa sans bruit dans l’ombre des murs. Bien plus facile que ce qu’il craignait. Il s’attendait à entendre un cri dans son dos, une alerte, une poursuite, une mort certaine mais il continua à se glisser dans la nuit et il disparut. Un choc en lui alors qu’il s’éloignait. Sa peur n’était que le fruit de son imagination. Une révélation soudaine. L’abattement de son clan n’était pas dû réellement au danger mais à ce qu’il imaginait du danger. Il avait suffi aux Espagnols de se montrer intraitable pour créer la peur de ce qui pourrait advenir de pire. Sans que ça ne soit une réalité. Le clan s’interdisait lui-même toute tentative d’évasion, figée par une imagination trompeuse, des visions de massacre quand il pouvait tout autant s’agir de liberté acquise. Il fallait qu’il parle de sa découverte aux Mamus et qu’ils revoient leur position. Cette situation n’était pas nécessairement une condamnation définitive.
Un trouble immense dans l’esprit de Kalén, comme une brèche dans le mur de ses certitudes et de toutes les connaissances transmises. Le clan oeuvrait à la maîtrise des pensées et des émotions, à la compréhension du passé et à son exploitation, à l’exploration constante et approfondie des âmes et pourtant, il venait de découvrir, en se glissant plus silencieusement qu’une ombre, que les capacités des individus pouvaient dépasser les décisions communes, que la liberté à prendre ne devait pas s’arrêter aux peurs éprouvées ni encore moins aux drames fictifs, aux catastrophes imaginées lorsqu’elles n’étaient que des pensées collectives. C’est l’absence de repères conférés par le passé du clan qui figeait les Anciens. Aucune expérience ne leur permettait d’opter pour une voie ou son contraire. Ils n’avaient pas réellement décidé de rester inertes. L’inertie s’était imposée à eux. Il fallait désormais abandonner le fardeau de ce passé sans réponse et œuvrer à la création d’un avenir. En s’engageant dans l’instant présent avec toute l’énergie du clan.
Il est impossible d’améliorer une situation précise en usant des systèmes de pensées qui l’ont générée. Il faut irrémédiablement explorer un nouvel espace spirituel, s’engager dans la conquête de nouveaux horizons au risque de continuer à errer sur les anciens champs de bataille.
Le clan participait lui-même à son enfermement. Les Conquistadors l’avaient compris et ne se souciaient guère de surveiller des êtres inertes.
Un trouble immense dans l’âme de Kalén, une colère contre les Anciens, des pensées rebelles dont il ne savait que faire, comme une rupture et pourtant ce respect immense pour le savoir ancestral, une attitude apprise qui déclenchait en lui des tiraillements douloureux."
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La beauté du monde
- Par Thierry LEDRU
- Le 05/06/2011
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Albert Einstein.
- Par Thierry LEDRU
- Le 03/06/2011
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“N’essayez pas de devenir un homme qui a du succès. Essayez de devenir un homme qui a de la valeur.”
Un petit extrait du livre « Comment je vois le monde » de Albert Einstein :
Ma condition humaine me fascine. Je sais mon existence limitée et j’ignore pourquoi je suis sur cette terre, mais parfois je le pressens. Par l’expérience quotidienne, concrète et intuitive, je me découvre vivant pour certains autres, parce que leur sourire et leur bonheur me conditionnent entièrement, mais aussi pour d’autres hommes dont, par hasard, j’ai découvert les émotions semblables aux miennes.
Et chaque jour, mille fois, je ressens ma vie, corps et âme, intégralement tributaire du travail des vivants et des morts. Je voudrais donner autant que je reçois mais je ne cesse de recevoir. Puis j’éprouve le sentiment satisfait de ma solitude et j’ai presque mauvaise conscience à exiger d’autrui encore quelque chose. Je vois les hommes se différencier par les classes sociales et, je le sais, rien ne les justifie si ce n’est la violence. J’imagine accessible et souhaitable pour tous, en leur corps et en leur esprit, une vie simple et naturelle.
Je me refuse à croire en la liberté et en ce concept philosophique. Je ne suis pas libre, mais tantôt contraint par des pressions étrangères à moi ou tantôt par des convictions intimes. Jeune, j’ai été frappé par la maxime de Schopenhauer : « L’homme peut certes faire ce qu’il veut, mais il ne peut pas vouloir ce qu’il veut » ; et aujourd’hui face au terrifiant spectacle des injustices humaines, cette morale m’apaise et m’éduque. J’apprends à tolérer ce qui me fait souffrir. Je supporte alors mieux mon sentiment de responsabilité. Je n’en suis plus écrasé et je cesse de prendre moi ou les autres au sérieux. Alors je vois le monde avec humour. Je ne puis me préoccuper du sens ou du but de ma propre existence ou de celle des autres, parce que, d’un point de vue strictement objectif, c’est absurde. Et pourtant, en tant qu’homme, certains idéaux dirigent mes actions et orientent mes jugements. Car je n’ai jamais considéré le plaisir et le bonheur comme une fin en soi et j’abandonne ce type de jouissance aux individus réduits à des instincts de groupe.
En revanche, des idéaux ont suscité mes efforts et m’ont permis de vivre. Ils s’appellent le bien, le beau, le vrai. Si je ne me ressens pas en sympathie avec d’autres sensibilités semblables à la mienne, et si je ne m’obstine pas inlassablement à poursuivre cet idéal éternellement inaccessible en art et en science, la vie n’a aucun sens pour moi. Or l’humanité se passionne pour des buts dérisoires. Ils s’appellent la richesse, la gloire, le luxe. Déjà jeune je les méprisais.
J’ai un amour fort pour la justice, pour l’engagement social. Mais je m’intègre très difficilement aux hommes et à leurs communautés. Je n’en éprouve pas le besoin parce que je suis profondément un solitaire. Je me sens lié réellement à l’État, à la patrie, à mes amis, à ma famille au sens complet du terme. Mais mon coeur ressent face à ces liens un curieux sentiment d’étrangeté, d’éloignement et l’âge accentue encore cette distance. Je connais lucidement et sans arrière-pensée les frontières de la communication et de l’harmonie entre moi et les autre hommes. J’ai perdu ainsi de la naïveté ou de l’innocence mais j’ai gagné mon indépendance. Je ne fonde plus une opinion, une habitude ou un jugement sur autrui. J’ai expérimenté l’homme. Il est inconsistant.
La vertu républicaine correspond à mon idéal politique. Chaque vie incarne la dignité de la personne humaine, et aucun destin ne justifierai une quelconque exaltation de quiconque. Or le hasard s’amuse de moi. Car les hommes me témoignent un invraisemblable et excessive admiration et vénération. Je ne veux ni ne mérite rien. J’imagine la cause profonde mais chimérique de leur passion. Ils veulent comprendre les quelques idées que j’ai découvertes. Mais j’y ai consacré ma vie, toute ma vie d’un effort ininterrompu.
Albert Einstein – Comment je vois le monde – Edition Flammarion – 1979
« Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent sans rien faire. »
“Placez votre main sur un poêle une minute et ça vous semble durer une heure. Asseyez vous auprès d’une jolie fille une heure et ça vous semble durer une minute. C’est ça la relativité.”
“La vie, c’est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l’équilibre.”
“J’ignore la nature des armes qu’on utilisera pour la prochaine guerre mondiale. Mais pour la quatrième, on se battra à coup de pierres.”
“Définissez-moi d’abord ce que vous entendez par Dieu et je vous dirai si j’y crois.”
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Merveilleux !
- Par Thierry LEDRU
- Le 22/05/2011
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Mongolie 2
- Par Thierry LEDRU
- Le 12/05/2011
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Des nouvelles de Rémi dans son périple en Mongolie. Dix-huit jours sans nouvelles et puis aujourd'hui, une connexion et des photos ^^Il va bien et vit son projet à fond. Neige, rivières et lacs gelés, solitude, espaces immenses, pistes infinies de cailloux, de sable, de pierres, de terre, d'herbe, des kilomètres avalés, des rencontres, des échanges, du cheval dans la steppe et tout ce qu'il vit intérieurement et qui n'est pas racontable...
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LES ÉGARÉS (roman) 6
- Par Thierry LEDRU
- Le 11/05/2011
- 3 commentaires
LES ÉGARÉS
EXTRAIT
Il pleure et les paysages fragmentés par les larmes embuant ses rétines sont des kaléidoscopes féeriques qui le ravissent, tout cet amour coulant de l’Univers, toute cette vie qui l’entoure, toute cette vie qui l’anime, cette connivence qu’il a découverte, il aurait pu tout perdre mais cette vibration insoumise qu’il percevait parfois, noyau vital résistant aux assauts incessants de la douleur barbare, cette palpitation comme un cœur d’étoile, il ne pouvait l’abandonner, il était impossible de l’ignorer, de la laisser couler dans le néant putride de la mort souveraine. Quand Leslie, le matin, ouvrait les volets et qu’il découvrait le ciel du fond de son lit il pleurait les espaces perdus. Mais cette simple fissure dans le mur compact de ses souffrances érigées suffisait à insuffler le germe d’un sursis, l’esquisse d’un bourgeon de vie et les heures de tourmente, les tortures ressassées ne ravageaient jamais complètement cette terre fertile, cet espace d’amour qui le sauvait.
L’amour. Il sait ce qu’il lui doit. L’amour pour Leslie, l’amour pour les enfants, l’amour pour la Terre, l’amour pour ses parents.
Ses parents. Ils avaient déjà tellement souffert. Il les imaginait rongés de détresse à mille kilomètres de son supplice, ce désespoir dans leurs voix éteintes lorsqu’ils appelaient au téléphone, cet abattement gorgé de larmes, cette incompréhension désespérante devant cet acharnement de la vie à violenter leur amour parental. Ils avaient déjà tellement souffert. Leur deuxième fils en sursis. Leslie tentait de les rassurer.
Les nuits sans sommeil, quelques cessez-le-feu épisodiques, l’observation inquiète des horizons éteints, les embrasements suspendus, les odeurs âcres des sueurs, des morves séchées, des peaux talées, les cheveux collés … Juste un répit. Il tentait de récupérer, se laisser porter par l’épuisement, flotter entre la surface lumineuse et les fonds obscurs, les yeux clos, le corps immobile, essayer de relâcher les résistances, les nœuds enflammés par les heures de lutte, respirer profondément et que l’air absorbé liquéfie les crampes, emporte les acides, purifie les tranchées ravinées, les artères souillées, les muscles brisés, arracher de son corps la boue solidifiée des douleurs.
Remonter à la source du conflit, identifier les forces en présence, analyser les raisons du désastre. Comprendre, chercher une issue, ailleurs que dans les réseaux médicaux, on voulait l’éventrer, en période de guerre, les chirurgiens ne font pas de détails.
Il était en guerre.
« A 50%, le risque c’est le fauteuil roulant, à 25% la paralysie de la jambe gauche, il reste 25% de chances que l’opération réussisse. »
Leslie lui avait fait part de ce commentaire du chirurgien dans le couloir, il ne considérait finalement que l’opération et pas l’individu, le geste chirurgical était évalué en pourcentage. Pas la vie de l’homme.
Il n’irait pas.
Plutôt mourir.
Le rêve. Une voix qui lui parle. Au cœur d’un halo bleuté.
« Ce que tu vois n’est pas la vérité. Ca n’est qu’une image. Ton âme sait où elle va. »
Il n’en parlait pas.
Peut-être la morphine et pourtant cet amour ineffable, incommensurable. La lumière l’aimait, des auras bleues qui dansaient devant ses yeux émerveillés. La notice du médicament, les effets secondaires, une liste redoutable mais pas d’hallucinations. Une incompréhension totale. Habituellement, ses rêves disparaissaient au réveil. Rien, aucun souvenir. Celui-là perdurait et l’enlaçait de douceur. Comme un baume d’amour.
Une caresse d’ange.
Et puis.
L’apparition d’Hélène.
Un conseil d’une amie, une médium magnétiseuse, Leslie avait pris rendez-vous. Il avait étouffé les douleurs en triplant les doses de morphine. Se lever, marcher en traînant la jambe gauche, elle ne réagissait plus. Elle l’avait soutenu jusqu’à la voiture. Plus rien à perdre.
Une petite maison dans la montagne, un jardin très soigné, des volets et un portail violets.
Hélène en haut de l’escalier. Ce premier regard. Inoubliable. Tellement de force et tellement d’amour. Elle avait demandé à Leslie de les laisser. Elle lui téléphonerait quand ça serait fini. Il s’était effondré sur une banquette moelleuse. Les effets de la morphine qui s’estompaient, la terreur des douleurs à venir, tous ces efforts qu’il allait devoir payer. Une petite pièce lambrissée, aménagée pour la clientèle, des bougies parfumées, quelques livres. Ils avaient discuté, quelques minutes, tant qu’il pouvait retenir ses larmes puis elle l’avait aidé à se déshabiller.
« Je vais te masser pour commencer. Tu as besoin d’énergie. »
Il s’était allongé en slip sur une table de kiné.
Les mains d’Hélène. Une telle chaleur.
Elle parlait sans cesse. D’elle, de ses expériences, de ses patients, elle l’interrogeait aussi puis elle reprenait ses anecdotes, des instants de vie.
« Tu veux te faire opérer ?
- Non.
- Alors, il faut que tu lâches tout ce que tu portes. »
Il n’avait pas compris.
Elle avait repris son monologue, son enfance, ses clients, ses enfants, son mari, son auberge autrefois, maintenant la retraite, quelques voyages. Et tous ces clients. De France, de Suisse, de Belgique, de la Réunion … Elle n’avait rien cherché de ses talents. Ils étaient apparus lorsqu’elle avait huit ans, une totale incompréhension, des auras qui lui faisaient peur et puis elle avait fini par comprendre, nourrie par des révélations incessantes descendues en elle comme dans un puits ouvert.
Des auras … Les rêves qui habitaient ses nuits. Interrogations. Lui aussi ?
Les mains d’Hélène, sa voix, la chaleur dans son corps, ce ruissellement calorique. L’abandon, l’impression de sombrer, aucune peur, une confiance absolue, un tel bien-être, des nœuds qui se délient, son dos qui se libère, comme des bulles de douleurs qui éclatent et s’évaporent, une chaleur délicieuse, des déversements purificateurs, un nettoyage intérieur, l’arrachement des souffrances enkystées, l’effacement des mémoires corporelles, les tensions qui succombent sous les massages appliqués et la voix d’Hélène.
« Tu sais que tu n’es pas seul ?
- Oui, je sais, tu es là.
- Non, je ne parle pas de moi. Il y a quelqu’un d’autre. Quelqu’un que tu portes et tu en as plein le dos. Il va falloir que tu le libères. Lui aussi, il souffre. Vous êtes enchaînés.»
Il n’avait pas encore parlé de Christian.
Les mains d’Hélène, comme des transmetteurs, une vie insérée, les mots comme dans une caisse de résonance, des rebonds infinis dans l’antre insondable de son esprit, une évidence qui s’impose comme une source révélée, l’épuration de l’eau troublée, les mots comme des nettoyeurs, une sensation d’énergie retrouvée, très profonde, aucun désir physique mais une clairvoyance lumineuse, l’impression d’ouvrir les yeux, à l’intérieur, la voix qui s’efface, un éloignement vers des horizons flamboyants, il vole, il n’a plus de masse, enfin libéré, enfin soulagé, effacement des douleurs, un bain de jouvence, un espace inconnu, comme une bulle d’apesanteur, un vide émotionnel, une autre dimension, les mains d’Hélène qui disparaissent, comme avalées doucement par le néant de son corps, il flotte sans savoir ce qu’il est, une vapeur, plus de contact, plus de pression, même sa joue sur le coussin, tout a disparu, il n’entend plus rien, il ne retrouve même pas le battement dans sa poitrine, une appréhension qui s’évanouit, l’abandon, l’acceptation de tout dans ce rien où il se disperse, le silence, un silence inconnu, pas une absence de bruit mais une absence de tout, plus de peur, plus de douleur, plus de mort, plus de temps, plus d’espace, aucune pensée et pourtant cette conscience qui navigue, cet esprit qui surnage, comme le dernier élément, l’ultime molécule vivante, la vibration ultime, la vie, il ne sait plus ce qu’il est, une voix en lui ou lui-même cette voix, la réalité n’est pas de ce monde, il est ailleurs, il ne sait plus rien, un océan blanc dans lequel il flotte mais il n’est rien ou peut-être cet océan et la voix est la rumeur de la houle, l’impression d’un placenta, il n’est qu’une cellule, oui c’est ça, la première cellule, le premier instant, cette unité de temps pendant laquelle la vie s’est unifiée, condensée, un courant, une énergie, un fluide, un rayonnement, une vision macroscopique au cœur de l’unité la plus infime, des molécules qui dansent.
Où est-il ?
Fin du Temps, même le présent, comme une illusion envolée, un mental dissous dans l’apesanteur, ce noir lumineux, pétillant, cette brillance éteinte comme un univers en attente, concentration d’énergie si intense qu’elle embrase le fond d’Univers qui l’aspire, la vitesse blanche, la fixité noire, la vitesse blanche, la fixité noire, le Temps englouti dans un néant chargé de vie, une vie qui ruisselle dans ses fibres, des pléiades d’étoiles qui cascadent, des myriades d’étincelles comme des galaxies nourricières dans son sang qui pétille.
Il est sorti en marchant.
Que s’est-il passé ?
Aucune réponse.
Il ne sait rien.
Il se souvient d’Hélène qui l’embrasse sur le front alors qu’il est encore allongé. Il n’arrive pas à ouvrir les yeux. Comme l’abandon refusé d’un espace scintillant et la plongée douloureuse dans la lumière sombre de sa vie réintégrée.
Il aurait préféré ne jamais revenir.
Un filet d’eau qui sourd entre deux roches. Il remplit la gourde.
Il n’a jamais compris. Aucune explication rationnelle. Hélène n’en donnait pas.
« Moi, je n’ai rien fait, disait-elle avec son habituel sourire. Juste un transfert d’énergie mais cette énergie, c’est toi qui t’en sers ou qui la rejettes. Je n’ai fait qu’initier la guérison que tu portais. Tu étais au bout du rouleau, tu n’avais pas le choix, il fallait bien que tu comprennes.
- Mais comprendre quoi Hélène ? Je ne comprends rien.
-Ton mental ne comprend rien mais celui-là on s’en moque. C’est l’être réel qui importe. Et celui-là a tout compris ou ton âme si tu préfères. Laisse ton mental régler les problèmes quotidiens, c’est son travail. Mais pour le reste, c’est une question d’âme. »
Rien de plus.
Son médecin parlait de « chance. » La même incompréhension. Dans le cabinet médical. Il observait une nouvelle fois les radios, les hernies aussi visibles qu’une tumeur, « des œufs de moineau, » avait-il dit, le nerf sciatique englobé dans une fibrose solidifiée, l’inévitable opération et pourtant la disparition des symptômes.
Il était venu à pied, un besoin irrépressible de marcher.
« Ça vaudrait le coup que tu repasses un scanner Yoann, pour voir où sont passées ces trois hernies.
- Ca ne m’intéresse pas, elles ne sont plus là, c’est tout, je le sens bien, je n’ai pas envie de concentrer mes pensées sur elles. Je m’en suis libéré, inutile de les rappeler.
- Mais tu sais aussi bien que moi que c’est impossible. Quand elles sont aussi installées, rien ne peut les faire rentrer dans leur logement, c’est écrasé et c’est tout, il faut les enlever.
- Ça, c’est le point de vue de la médecine, pas celle de mon corps, ni de mon esprit. Je ne sais pas ce qu’Hélène a réussi à faire mais en tout cas, ces hernies ne sont plus là. C’est tout ce qui compte.
- Je n’y comprends rien. Jamais vu ça.
- Y’a rien à comprendre. Ca obligerait à y penser et c’est du passé. Là, maintenant, je marche. C’est ça qui m’importe. »
Quatre rechutes. Violentes. Des crises qui le laissaient hagard mais une étrange compassion envers son corps. Il n’était plus un ennemi mais juste le porteur d’une douleur. Il n’y était pour rien, la source était ailleurs. Il n’était pas sa douleur, il ne s’identifiait plus à elle, il savait qu’elle n’était qu’une intruse à laquelle il avait ouvert la porte et que si elle était parvenue à entrer, il existait nécessairement la possibilité qu’elle s’en aille.
Qu’il lui donne l’autorisation de le quitter.
Il n’avait plus besoin d’elle pour exister.
L’impression d’entendre tomber autour de lui les murs ébranlés de sa geôle. Bloc après bloc, des coups de bélier répétés, les horizons qui s’ouvrent.
Hélène. Trois autres visites. Des heures entre ses mains, des plongées intérieures, des flux d’énergie, des mots comme des scalpels, tranchant les vieilles écorces, les armures invalidantes, des paroles chirurgicales, affûtées, une précision infaillible, il ne résistait plus, une évidence. La vérité.
« Comment veux-tu que ton dos vous porte tous les deux ? Il ne peut pas supporter un tel fardeau. Il faut que tu le poses. Christian aussi en sera libéré. Il ne peut pas partir puisque tu le retiens. Il n’a pas décidé d’être là, c’est toi qui l’emprisonnes avec tes regrets, ta culpabilité, ton identification. Tu n’existes qu’à travers cette histoire et profondément, là où ton mental se perd, tu crois que tu ne peux pas vivre sans ce passé. Tu t’y accroches comme une huître à son rocher. C’est inconscient bien entendu mais les dégâts sont gigantesques. Tu n’es pas là, dans l’instant, tu vis ailleurs, dans une dimension psychologique et ton corps n’en peut plus. »
Il écoutait sans aucun refus, sans aucune résistance, c’était impossible de ne pas admettre la vérité.
« La première fois que tu es entré, Christian était là, je le voyais, tu le portais, une âme violette, alourdie elle aussi, vieillie par ta propre souffrance, vous êtes tous les deux des victimes et il n’y a que toi qui puisses vous libérer. Christian attend que tu l’autorises à partir en abandonnant la culpabilité que tu traînes et qui le rattache à toi. Il a besoin que tu t’éveilles, il sait que tu souffres et il s’en veut. Son âme est emprisonnée dans ton histoire. »
Il n’en avait rien dit à Leslie, ça n’était pas racontable.
Un regret. Ca n’est pas elle qui ne pouvait pas comprendre mais lui qui ne savait pas en parler. Comme une honte aussi. Tout ce gâchis.
« Inutile de regretter. »
Hélène.
« Tu ne pouvais rien prévoir. Ca ne t’appartenait pas. C’est le chemin que tu as choisi. Il y a longtemps. Cette vie est nécessaire pour ton évolution. Elle n’appartient pas à ton mental mais à ton âme. »
Impossible à comprendre. Et il ne fallait pas chercher à comprendre. Pas avec le mental.
« Les choix de l’âme peuvent paraître redoutables mais elle sait où elle va, elle sait ce dont elle a besoin. Laisse faire. »
Laisser faire. Il s’y était attaché. Lâcher les résistances. Cette impression d’être conditionné, influencé, manipulé, il avait essayé d’admettre l’idée que c’était nécessaire, qu’il était inutile de lutter, que tout avait un sens. Même s’il ne le comprenait pas, que ça finirait par le mener quelque part, qu’un nouvel espace s’ouvrirait un jour. C’était peut-être déjà le cas avec cette guérison miraculeuse. L’âme en avait besoin même si le mental en souffrait. Et qu’il trouvait dans cette souffrance une identification qui le servait.
Des jours et des nuits de pensées ressassées, un chaos étrange, comme si dans ce fatras existait une volonté cachée, un cheminement désiré. Christian, l’hôpital, la douleur, les hernies, le goût de la mort. Aucun hasard là-dedans, un chemin de croix pour grandir. Le choix de l’âme à laquelle il appartenait.
Accepter, laisser faire.
« Quand tu les comprends, les choses sont ce qu’elles sont. Quand tu ne les comprends pas, les choses sont ce qu’elles sont. »
Hélène. Elle devait apparaître, c’était nécessaire et déjà établi.
Un plan minutieusement élaboré.
Ces marches la nuit, ce magma de forces en lui, impossible de dormir, une lampe frontale lorsque la nuit était trop sombre, des marées de questions sur le rythme de ses pas. Dieu. Il n’aimait pas le nom, les hommes l’avaient tellement souillé.
L’Un.
Etait-ce lui qui avait programmé un chemin aussi douloureux ? Connaissait-il déjà l’issue ? Hélène avait-elle été le fil conducteur de ses intentions ? Un canal d’énergie. C’était au-delà de la raison. Personne ne comprenait cette rémission. Cette magie des pas qui se succèdent, ce sourire intérieur qui ne le quittait plus, cette joie incompressible, inaltérable, cette chaleur dans son corps, comme un noyau en fusion. Un flux vital libéré, comme si la raison éteinte ne pouvait plus maintenir enfermée la conscience du lien. Une connexion indescriptible.
La vie pouvait-elle souffrir des errances du mental au point de se détruire ? N’était-ce pas son amour retrouvé de cette vie qui avait permis la guérison ? Cette épuration de son mental, l’éveil de sa conscience, l’abandon, l’acceptation, tout ce qu’il avait découvert. La vie pouvait-elle se guérir ? Aucune intervention divine. Juste le flux vital qui se nourrit de l’amour qu’on lui porte.
Et ce rêve. Sans que le mot ne convienne, il aurait fallu un autre terme, une rencontre, un message, un contact, une bénédiction, un médecin aurait parlé de rêve, un psychiatre aurait dit hallucination ou délire, il n’en parlait pas, c’était inutile.
Des bulles bleues, phosphorescentes, il flottait dans un océan de plénitude, aucun mouvement, juste les arabesques lentes de ces entités lumineuses. Des voix qui résonnaient en lui, des murmures susurrés doucement dans son âme, il ne se voyait pas mais il était là, c’était lui, une présence, et des myriades d’esprits qui l’enlaçaient, il savait bien que ça n’était pas que des bulles, c’était vivant, animé, un rayonnement d’amour, des auras câlines.
« Tu n’es pas au fil des âges un amalgame de verbes d’actions conjugués à tous les temps humains mais juste le verbe être nourri par la vie divine de l’instant présent. »
La phrase inlassablement répétée, comme glissée en lui, coulant dans son âme comme une délivrance, une certitude, une naissance, oui, c’est ça, une naissance.
Il sort de ses pensées. Le col au fond de la vallée étroite, une crête au vent, une herbe rase, quelques rochers, une heure de montée.
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La pensée émotionnelle
- Par Thierry LEDRU
- Le 11/05/2011
- 2 commentaires
« Vérifie toujours que tes pensées, tes choix, tes décisions et tes actes, sont à l’image de la personne que tu es et que tu veux être. »
Une réflexion en classe sur cette attitude qui consiste à trouver en soi ce « maître intérieur », à ne pas se contenter d’une surveillance extérieure, celle de l’adulte qui installe et impose des barrières qu’on ne saisit pas réellement.
Une réflexion sur cette pensée qui précède tout le reste et cette émotion qui suit la pensée, qui n’existe que dans l’ombre de cette pensée, qui se nourrit d’elle et est dès lors corrompue…
De très nombreuses situations identifiées par les enfants dans leur vie quotidienne. Des pensées qui les assaillent et déclenchent des émotions très puissantes, l’abandon de l’individu à ces émotions comme si elles devenaient le maître d’équipage, plus aucune observation de soi, une dérive, une acceptation de ce bouillonnement intérieur qui amène à prendre un choix, à s’en tenir à une décision, à produire un acte. Et ensuite, parfois, à le regretter. Une extension de la discussion sur cette fameuse « conscience morale » qui n’a pas pu rester prioritaire parce que la « pensée émotionnelle » a été plus puissante ou parce que l’individu a décidé, inconsciemment, de s’y soumettre.
La « pensée émotionnelle » est un assemblage de deux entités : la pensée et l’émotion qu’elle génère. Et dès lors que cette émotion vient se greffer, la pensée n’est plus maîtrisée, elle n’est plus observée, elle est prise dans un tourbillon de colère, de frustration, d’envie, de jalousie, d’euphorie, d’espoir, d’attente, d’illusion…Ca n’est plus la réalité mais l’interprétation de la réalité par une pensée et l’émotion qu’elle génère. Le risque, évidemment, c’est que cette réalité finisse par revenir en force, dès lors que cette « pensée émotionnelle » a interdit tout discernement, toute objectivité et que l’hallucination s’efface soudainement parce que la réalité reste la même…
Si je me mets à penser à la sortie très proche d'un roman et que j’ajoute à cette pensée une émotion euphorique, liée à l’idée que ça va être un succès national, international, planétaire, universel… Je m’abandonne à cette joie intérieure, j’efface volontairement toute objectivité, je plonge dans une irréalité qui me convient, une projection temporelle qui n’a aucune autre existence que celle que ma pensée lui donne et aucune autre énergie que celle de mes émotions…
La pensée est le moteur, l’émotion est le carburant…
Je deviens dès lors un véhicule sans conducteur, le « maître intérieur » s’est endormi et tout ça va finir la tête dans le mur…Et ensuite, mes pensées reviendront, elles diront que la réalité est vraiment trop dure, les émotions sombres nourriront ces pensées et je repartirai pour un autre tour.
L’individu a beau se prendre le mur à longueur de vie, il remonte toujours à bord et repart pied au plancher…
Stop !!
La pensée n’est pas la réalité, elle n’en est qu’une interprétation. L’émotion n’a rien à y faire et si l’individu décide de la laisser s’étendre, il doit garder à l’esprit que tout ça est un jeu dangereux. Une observation constante des phénomènes intérieurs.
Un exemple très simple : une partie de tennis.
Dès lors qu’un des deux joueurs s’approche du point final, de cette victoire espérée, si la pensée temporelle prend le pas sur l’instant présent, si des images de coupe brandie, de photographes, d’applaudissements, de reconnaissance, prennent le pas et que des émotions euphoriques viennent nourrir simultanément ces pensées, la maîtrise du geste va voler en éclat…Un point,deux points, une montée au filet catastrophique et l’euphorie va changer de camp…L’individu n’est plus là, il n’est plus dans la réalité mais dans une irréalité temporelle, générée par des pensées émotionnelles. Il peut y avoir au contraire de cette illusion de la victoire, la peur de gagner…Une autre pensée émotionnelle mais négative dans sa projection. Au lieu de continuer à produire le jeu qui lui a permis de prendre le match en main, le joueur va imaginer qu’il pourrait ne pas réussir à maintenir cette pression sur son adversaire. Et cette peur va le figer.
On est toujours dans le même phénomène. La pensée n’est pas la réalité. La réalité se vit, la pensée la commente. Ou mieux encore, elle se tait.
C’est finalement la source de cette plénitude procurée par la marche ou l’effort long que j'aime infiniment.
Il y a parfois des « émotions spontanées », des bouffées de bonheur « dé-pensées », rien ne les a déclenchées, aucune pensée, aucune réflexion, aucune interprétation de cette réalité, c’est une bourrasque qui passe, balaie d’un coup tous les résidus de pensées qui cherchent à survivre, c’est un vide immense qui se révèle, un horizon vierge de tout et dans cette épuration mentale, cette bourrasque qui survient, je sais ce qu’elle est. C’est la vie.
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Montagne
- Par Thierry LEDRU
- Le 10/05/2011
- 0 commentaire
Et bien voilà, les vacances sont finies. Notre petit camping-car nous a emmenés dans le Vercors et en Chartreuse. De longues et belles randonnées dans le silence et la solitude des montagnes. Très peu de personnes sur les sommets. De moins en moins, même, il me semble...
En tout cas, toujours ce même bonheur de l'altitude, de cette lumière, de ce silence, des horizons étendus, des couleurs, des surprises, de la recherche d'un itinéraire, de l'abandon des pensées disparates pour entrer dans la mécanique isolante des pas, le silence intérieur et cette "présence" de la vie qui vibre et se réjouit de l'attention qu'on lui porte.
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