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  • La France des droits de l'Homme.

    Juste pour montrer la vérité du terrain. Bien au-delà des discours politiques.

    "Leurs droits" pour certains hommes. Ceux qui leur ressemblent.

    Je n'en fais pas partie. Moi aussi, le crachat, je le reçois.

     


    http://www.liberation.fr/politiques/01012375069-le-crachat-et-le-reve-francais

     

    Lettre à monsieur le ministre de l’Intérieur, de l’Outre-Mer, des Collectivités territoriales et de l’Immigration

    Monsieur le ministre,

    La sous-direction de l’accès à la nationalité française du ministère que vous dirigez vient de signifier à madame S. Boujrada, ma mère, le classement de son dossier et un refus d’attribution de nationalité. «Vous ne répondez pas aux critères», est-il écrit dans un courrier sans âme que l’on croirait tout droit sorti de l’étude d’un huissier ou d’un notaire.

    Ma mère est arrivée en France en 1984. Il y a donc vingt-huit ans, monsieur le ministre, vingt-huit ans ! Arrivée de Casablanca, elle maîtrisait parfaitement le français depuis son plus jeune âge, son père ayant fait le choix de scolariser ses enfants dans des établissements français de la capitale économique marocaine.

    Elle connaissait la France et son histoire, avait lu Sartre et Molière, fredonnait Piaf et Jacques Brel, situait Verdun, Valmy et les plages de Normandie, et faisait, elle, la différence entre Zadig et Voltaire ! Son attachement à notre pays n’a cessé de croître. Elle criait aux buts de Zidane le 12 juillet 1998, pleurait la mort de l’abbé Pierre.

    Tout en elle vibrait la France. Tout en elle sentait la France, sans que jamais la flamme de son pays d’origine ne s’éteigne vraiment. Vous ne trouverez trace d’elle dans aucun commissariat, pas plus que dans un tribunal. La seule administration qui pourra vous parler d’elle est le Trésor public qui vous confirmera qu’elle s’acquitte de ses impôts chaque année. Je sais, nous savons, qu’il n’en est pas de même pour les nombreux fraudeurs et autres exilés fiscaux qui, effrayés à l’idée de participer à la solidarité nationale, ont contribué à installer en 2007 le pouvoir que vous incarnez.

    La France de ma mère est une France tolérante, quand la vôtre se construit jour après jour sur le rejet de l’autre. Sa France à elle est celle de ces banlieues, dont je suis issu et que votre héros sans allure ni carrure, promettait de passer au Kärcher, puis de redresser grâce à un plan Marshall qui n’aura vu le jour que dans vos intentions. Sa France à elle est celle de l’article 4 de la Constitution du 24 juin 1793 qui précise que «tout homme - j’y ajoute toute femme - (e) et domicilié(e) en France, âgé(e) de 21 ans accomplis,tout(e) étranger(e) âgé(e) de 21 ans accomplis, qui, domicilié(e) en France depuis une année, y vit de son travail, ou acquiert une propriété, ou épouse un(e) Français(e), ou adopte un enfant, ou nourrit un vieillard, tout(e) étranger(e) enfin, qui sera jugé(e) par le corps législatif avoir bien mérité de l’humanité, est admis(e) à l’exercice des droits de citoyen français». La vôtre est celle de ces étudiants étrangers et de ces femmes et hommes que l’on balance dans des avions à destination de pays parfois en guerre.

    Vous comprendrez, monsieur le ministre, que nous ayons du mal à accepter cette décision. Sa brutalité est insupportable. Sa légitimité évidemment contestable. Son fondement, de fait, introuvable. Elle n’est pas seulement un crachat envoyé à la figure de ma mère. Elle est une insulte pour des millions d’individus qui, guidés par un sentiment que vous ne pouvez comprendre, ont traversé mers et océans, parfois au péril de leur vie, pour rejoindre notre pays. Ce sentiment se nomme le rêve français. Vous l’avez transformé en cauchemar.

    Malgré tout, monsieur le ministre, nous ne formulerons aucun recours contre la décision de votre administration. Nous vous laissons la responsabilité de l’assumer. Nous vous laissons à vos critères, à votre haine et au déshonneur dans lequel vous plongez toute une nation depuis cinq ans. Nous vous laissons face à votre conscience.

    Quand le souffle de la gifle électorale qui se prépare aura balayé vos certitudes, votre arrogance et le système que vous dirigez, ma mère déposera un nouveau dossier.

    Je ne vous salue pas, monsieur le ministre.

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  • Jarwal en "coup de cœur"

    Coup de Coeur Pour Jarwal

     

    http://mespremiereslectures.com/Coup-de-Coeur-Pour-Jarwal.html

     

     

    A la Une
    auteur Thierry Ledru
    Editeur  
    Collection  
    Type Roman
    Coup de Cœur Mes Premières Lectures !
     

    Un Lutin pas comme les autres, des enfants très spéciaux et une mission de sauvetage....

    JARWAL, le Lutin Tome 1

    Thierry LEDRU, un auteur qui sort des sentiers battus, son Interview ICI.

    Jarwal, c’est bien simple, c’est LE lutin qu’on rêve tous de rencontrer au détour d’une randonnée paisible dans la montagne, loin du chaos de la ville, du rythme trépidant du quotidien, de la société de consommation et de la boulimie effrénée du toujours plus de la même chose sans jamais de satiété…

    Et oui, ce roman n’est pas que pour les enfants, il a aussi une portée philosophique.. mais non, ça n’est pas un gros mot !
    D’ailleurs, la philosophie, l’auteur la pratique au quotidien dans sa classe avec ses jeunes élèves, et ils adorent ça !

    Mais revenons à Jarwal.

    Ce Lutin est très particulier. Il recherche de part le monde les élus… ces enfants qui sont les seuls à pouvoir sauver de l’oubli le petit peuple dont l’histoire est en train de s’effacer dans LE LIVRE.

    Ce roman raconte une histoire, sur fond pédagogique, peuplée de messages d’incitations à un retour vers la nature, l’amour de la vie et au respect de l’environnement.
    Il est une invitation à l’émerveillement et bien plus encore...

    Mais que se passe t-il au juste ?
    Les enfants ne lisent plus. Ils préfèrent la Télévision et les jeux vidéo… C’est une catastrophe pour le petit peuple car toutes les histoires et légendes de fées, trolls, elfes et autres lutins tombent dans l’oubli au profit de la modernité.
    Les rêves n’ont plus leur place. Les enfants de la planète entière, et les adultes sont tellement connectés aux engins modernes, qu’ils sont de plus en plus déconnectés de la source, de la nature, de l’essentiel.
    Jarwal doit empêcher son peuple de disparaître. Il doit tout tenter dans l’espoir de retrouver aussi sa bien-aimée.
    C’est dans le personnage terrifiant de Jackmor que le symbole du progrès est incarné, comme un démon réduisant le libre arbitre des humains sous son emprise à néant.
    Être plutôt que faire, réfléchir à ses actes et aux conséquences, se demander ce que bien et mal veulent dire … Les héros vont devoir courageusement affronter peurs et questionnements pour retrouver le bon sens… et la bonne direction… celle de la liberté mais aussi du retour de la magie et du petit peuple.

    On attend la suite…. Déjà prête mais en attente d’un éditeur….
    Car près de 10 tomes sont ainsi prévus, permettant autant de voyages à travers le monde extérieur et intérieur.

    L’auteur jalonne son récit de références et d’explications de mots, ce qui permet une accessibilité à tous les lecteurs et un enrichissement du vocabulaire des plus jeunes.

    Enfin de la profondeur de champ dans un ouvrage jeunesse que bien des « grands » devraient aussi lire…. 

     

     

    Présentation de l’éditeur du Tome 1 :

     

    Marine (12 ans), Rémi (10 ans) et Léo (8 ans) sont trois enfants amoureux de la nature. Marine, organisatrice et chef incontesté du trio est leur guide, celle qui connaît les mystères de la forêt, les lieux enchantés, les chemins secrets, les légendes du monde.
    Alors qu’ils sont partis tous les trois en montagne, Jarwal le lutin se présente à eux comme le Gardien du Livre du Petit Peuple. Il explique que les pages du Livre s’effacent sous le pouvoir maléfique du Progrès. Les enfants, fascinés et envoûtés par le monde moderne, ne lisent plus assez et les compagnons de vie de Jarwal tombent dans l’Oubli. Le lutin doit trouver des êtres capables d’écouter puis de transmettre la mémoire du monde pour que ses compagnons reprennent vie, que l’équilibre avec l’énergie vitale soit rétabli, que l’amour de la Nature soit à la source des existences. Les trois enfants ont été désignés par le conseil des Sages comme les Elus parce qu’ils résistent aux illusions technologiques et qu’ils aiment la Terre.


     

  • Romans ou essais ?

     

    Des éditeurs et parfois des lecteurs m'ont dit que je ne devrais pas m'obstiner à écrire dans le registre du roman mais que je devrais m'atteler à écrire des essais.

    Mais si je ne m'y résouds pas, c'est parce que je tiens à ce que mes écrits ne soient pas associés à des réflexions intellectuelles mais qu'ils représentent la vie dans toute sa dimension : intellectuelle, spirituelle, philosophique, évènementielle, quotidienne, passionnelle...

    Le roman est un miroir de l'existence alors que l'essai en est son commentaire. 

    Je ne veux pas commenter.

    L'autre raison s'oppose à l'idée que le roman n'est qu'un divertissement et qu'il n'est pas destiné à conduire l'individu à un questionnement existentiel. Je pense au contraire que le roman a une force immense quant à l'identification possible du lecteur aux personnages alors que l'essai ne favorisera pas ce transfert et par conséquent la perception profonde des idées.

    L'essai s'en tiendra à la raison, le roman y ajoutera l'émotion.

    Si le roman parvient à transcrire une démarche intellectuelle en la nourrissant des émotions, son absorption en sera renforcée.

    Je n'oublierai jamais ma première lecture de "Citadelle" de Saint-Exupéry. Les pensées philosophiques de toute une vie.

     

    Aucun essai philosophique n'aura à mes yeux la puissance du roman parce que s'y ajoutent la beauté incommensurable de la musique, de la poésie, des images, des dialogues, des paysages, des odeurs, des gestes, des regards, des sourires, des larmes, de la détresse ou de la joie de vivre. De tout ce qui fait l'existence et de tout ce qui renforce la conscience de la vie en soi.

     

    Alors, sans doute que je prends un risque en voulant mêler cette construction romanesque avec une démarche existentielle mais je ne peux pas trahir l'enfant qui vit en moi et qui posait sur sa poitrine le livre de Saint-Exupéry, après des heures de lecture, au fond de son lit. Et qui pleurait de bonheur. 

    J'ai découvert l'émotion amoureuse en lisant des romans.

    Jamais, aucune image de film de cinéma, ne m'a procuré le bonheur des écrits. 

    L'enfant est là. Et le goût salé de ses larmes de joie en répétant inlassablement, dans son âme, l'assemblage des mots.

    On ne peut pas répéter en soi une scène de film. Il faudrait posséder le talent des acteurs. Mais on peut répéter les mots, l'écrivain les a donnés, ils n'appartiennent à personne, ils aiment celui qui les accueille à coeur ouvert, celui qui les absorbe dans une mémoire aimante, non pas cette mémoire qui nous permet de retrouver nos clés de voiture, mais cette mémoire qui ressemble à un placenta nourricier, là où sont entreposés les aliments spirituels, là où germent les désirs de croissance, l'aimantation vers la conscience et l'éveil.

    Tout ça remonte à si loin que je ne saurais continuer en le perdant de vue.

     

  • Le mental intuitif

    "Le mental intuitif est un don sacré et le mental rationnel est un serviteur fidèle. Nous avons créé une société qui honore le serviteur et a oublié le don" Albert Einstein.

     


     

    Evidemment que cette citation me touche au plus haut point, sans vraiment savoir ce que ce grand homme voulait entendre. Je n'aurais pas l'outrecuidance de considérer que je comprends pleinement Albert Einstein.

    Je peux juste tenter d'avancer dans ce que je perçois, sans être certain de ce que j'avance.

    Le mental intuitif est celui qui se manifeste lorsque se tait le mental rationnel ou en tout cas lorsqu'il n'est plus prééminent. J'ai du mal à associer le terme de "mental" avec celui "d'intuitif" d'ailleurs...J'ai plutôt l'impression que c'est lorsque le mental se tait que l'âme peut de nouveau libérer tout ce qu'elle contient. L'intuition en fait partie. S'agit-il d'une connaissance extérieure à l'individu lui-même mais qu'il parvient à saisir parce qu'il n'est plus enfermé dans ce mental dictateur ? C'est en tout cas l'hypothèse qui me touche au plus profond. L'ouverture de l'âme devant l'effacement des portes du mental est une opportunité de connaissances immédiates, comme le saisissement spontané de tout ce que l'Energie contient. 


    "Il y avait quelque chose d'indéterminé avant la naissance de l'univers.
    Ce quelque chose est muet et vide.
    Il est indépendant et inaltérable.
    Il circule partout sans se lasser jamais.

    Ne connaissant pas son nom, je le dénomme "Tao".

    Lao Tseu


    L'intuition représente-t-elle ce lien reconstitué avec le Tao ?


    "Le regardant, on ne le voit pas, on le nomme l'invisible.
    L'écoutant, on ne l'entend pas, on le nomme l'inaudible.
    Le touchant, on ne le sent pas, on le nomme l'impalpable.

    Le Tao est quelque chose de fuyant et d'insaisissable.
    Fuyant et insaisissable, il présente cependant quelque image,
    insaisissable et fuyant, il est cependant quelque chose."

    Lao Tseu


    Le parallèle avec l'intuition est évident. Invisible, inaudible, impalpable. Au-delà du fonctionnement rationnel bien entendu.

    La prémonition est -elle un degré supérieur encore ? Une plongée encore plus profonde dans cet espace du tao... On peut considérer l'intuition comme une saisie immédiate, dans un temps extrêmement court, bien souvent dans une situation d'urgence.

    La prémonition apporte une donnée temporelle qui est encore plus troublante. On peut bien sûr considérer qu'il s'agit de coïncidences. Jung parlait de "synchronicité. " Aucune explication par lien de causalité. L'intuition, la prémonition et les phnéomènes qui ne se soumettent pas à travers l'analyse à la causalité n'en sont pas moins réels. Ou alors, il faudrait supputer que tous ces phénomènes ne sont que du domaine de l'imagnitation. Ce qui serait absurde au regard du nombre de témoignages et encore davantage envers les multiples sommités qui se sont penchés sur ces phénomènes.

    Pour Hubert Reeves, le « plan acausal sous-jacent à l'existence des lois de la nature serait celui où s'inscrirait la question du « sens » ou de l'« intention » dans la nature et où la conscience de l'homme s'inscrirait dans son évolution » : les événements synchronistiques seraient significatifs de l'unité de l'univers, et la notion de synchronicité serait de ces intuitions exprimées par des balbutiements maladroits parce que « les mots mêmes nous font défaut. »

    "Les mots mêmes nous font défaut."...

    Ou leur ajustement...

    C'est stupéfiant comme les évènements de la vie peuvent nous conduire très loin dans l'introspection. Dès lors qu'on cherche justement à ajuster les mots. Je souris intérieurement lorsque je réalise tous les ajustements qu'il me reste à trouver. Des bonheurs quotidiens.

  • Hume et l'empirisme.

    Hume (1711-1776) est un philosophe "empiriste".

    Wikipédia

    L'empirisme désigne un ensemble de théories philosophiques qui font de l'expérience sensible l'origine de toute connaissance valide et de tout plaisir esthétique. L'empirisme s'oppose en particulier à l'innéisme des idées et à l'idée d'une connaissance a priori. Il va souvent de pair avec une théorie associassioniste des idées qui explique leur formation par la conjonction d'idées simples.

    Selon ce courant de pensée, toute notre connaissance précède et dérive de l'expérience. Or, comment connaissons-nous notre "moi" ? Précisément par la série d'expériences et de sensations à travers lesquelles nous nous saisissons nous-mêmes. Mais alors, peut-on poser une identité, un moi qui serait indépendant de cette succession d'expériences ? Hume répond par la négative.

    "Pour ma part, quand je pénètre le plus intimement dans ce que j'appelle moi, je bute toujours sur une perception particulière ou sur une autre, de chaud ou de froid, de lumière ou d'ombre, d'amour ou de haine, de douleur ou de plaisir. Je ne peux jamais me saisir, moi, en aucun moment sans une perception et je ne peux rien observer que la perception. " Hume ; "Traité de la nature humaine."


    Hume considère qu'étant donné qu'il est impossible d'appréhender une quelconque identité subjective autrement que dans une perception particulière, le moi n'est qu'une fiction et une construction purement conceptuelle.

     


     

    On rejoint l'idée du déterminisme mais dans une problématique très pessimiste puisqu'on en vient à considérer l'individu comme inexistant en dehors de ces perceptions. Quelques soient les causes des phénomènes, elles n'ont aucune importance étant donné que de les connaître ne change rien à l'homme. Il reste un néant manipulé par des perceptions issues de ses expériences, lesquelles,même s'il parvient à les analyser ne lui permettent pas de s'extraire de ce chaos intérieur.

    Même si je parviens à observer les perceptions, je ne les perçois qu'à travers d'autres perceptions...

     

    Personnellement, je ne vois pas là un problème quelconque. Il me semble au contraire que ce phénomène de la perception comme étant la source de toute connaissance est une opportunité de progrès et non une sanction. Hume aurait aimé sans doute limiter sa connaissance à l'intellect et se passer de toute donnée sensitive. Peut-on considérer que l'individu éprouve le phénomène de la vie s'il se prive ou cherche à se priver de la perception ? Il me paraît plus respectueux envers cette vie de chercher à explorer totalement, en pleine conscience, cette dimension de la perception. Et c'est là que se trouve ce progrès possible.

    Quand je fais du vélo, je ne recherche pas la douleur physique, ni la souffrance morale, à travers l'épuisement. 

    La douleur physique est le premier palier à franchir. Quand je pédale depuis deux heures, trois heures, il arrive un moment où la fatigue s'efface, comme si elle-même était fatiguée... Apparaît alors une énergie inconnue, un état d'absence, d'oubli de la douleur, c'est l'euphorie. La souffrance psychologique s'éveille d'abord sous la forme de la lassitude, celle qui répète inlassablement qu'il est temps de s'arrêter. Un autre palier à franchir. C'est là qu'il est essentiel de se concentrer sur des choses très simples, le souffle, le rythme des jambes, la poussée verticale, la remontée de l'autre jambe, le talon qui descend plus bas que les orteils, l'application aux gestes. C'est cette simplicité qui permet d'opérer cette lobotomie qui ouvre l'espace suivant. La souffrance prend forme à travers la lutte intestine générée par les pensées, ça n'est pas le corps qui souffre mais bien le mental qui cherche une issue. Le corps suit le mouvement nourri par l'énergie. Ce qui m'intéresse, c'est ce moment où s'opère cette rupture mentale, cette disparition des pensées et des plaintes, cette attirance vers l'arrêt de l'effort. Là où il n'y a plus rien de cérébral. C'est la Vie qui anime l'individu, rien de narcissique, aucun désir de puissance ou de performance mais juste cette exploitation entière d'une énergie qui ne peut apparaître que dans ces moments-là.
    Pour ma part, je n'ai jamais trouvé ça ailleurs.
    Mais je sais aussi que ça remonte à loin tout ça. Pour ma part, tout a commencé dans la chambre d'hôpital où je veillais mon frère. C'est là que j'ai pris conscience de la Vie, celle que je cherche constamment quand je cours en montagne, quand je pédale, quand je skie, quand je marche. Quand j'aime la Terre.
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    LES EVEILLES
    La mort. Il l’avait souvent défiée. L’épuisement physique.

    Les journées d’escalade. Ce besoin de sentir la solidité de la roche, comme les murs de la chambre d’hôpital contre lesquels il s’était appuyé, cette masse indestructible sous ses mains, comme si le vide ne pouvait plus le saisir, s’accrocher de toutes ses forces, résister à la pesanteur, cette chute effroyable vers les noirceurs insondables, repousser les faiblesses, dépasser les limites, ne jamais s’avouer vaincu, aller au bout de l’effort, approcher du noyau d’énergie qui rayonne dans les fibres, sentir palpiter la vie comme un cœur d’étoile, un clignotement infime mais constant, inaltérable, éternel. Se détruire pour vivre. Et entrer en communion avec l’infini. Ses sorties en vélo. Cent kilomètres, cent cinquante, deux cents. Trois cent soixante-quinze. C’était son record. Une journée entière à rouler. Il était parti sans savoir où il allait, direction plein nord, le bonheur de rouler, juste engranger des kilomètres, découvrir des paysages puis la fatigue qui s’installe, plonger en soi et voyager à l’intérieur, le ronronnement mécanique du dérailleur, la mélodie des respirations, l’euphorie de la vitesse, cette déraison qui le poussait à écraser les pédales, cette folie joyeuse qui consumait les forces, ce courant étrange qu’il sentait dans son corps, cette détermination irréfléchie, juste le besoin inexpliqué de plonger au cœur de ses entrailles, d’en extraire les éléments nutritifs, de les exploiter, jusqu’à la moelle, que chaque particule soit associée à cette découverte des horizons intimes, être en soi comme un aventurier infatigable, un guerrier indomptable, passionné, amoureux, émerveillé, ne jamais ralentir, ne jamais relâcher son étreinte, enlacer ses forces comme un amant respectueux, les honorer, les bénir et sentir le bonheur de la vie, une vie qui lutte, qui se bat, qui s’élève, cette certitude que cette vie ne pouvait pas s’éteindre, la sienne certainement, mais pas la vie, pas ce souffle qui circulait en lui.
    Il n’était pas en vie. La vie était en lui. Il n’était qu’un convoyeur. Juste une enveloppe. Elle se servait de lui et il la remerciait infiniment de l’avoir choisi. Cette occupation n’était qu’épisodique mais il aurait eu cette chance. Il se devait d’en profiter. Cette palpitation le quitterait un jour, elle irait voir ailleurs. L’enveloppe deviendra poussière et la vie investira une autre capsule, un autre fourreau, un écrin juvénile.
    L’épuisement le guidait infailliblement vers le cœur lumineux de la vie retranchée, il finissait par ne plus entendre les voitures, ni les rumeurs des villages traversés, par ne plus percevoir les paysages, il ne restait que des formes innommées, le parfum âcre de sa sueur, l’oxygène capturé inondant les abîmes affamés et le sourire délicat de son âme extasiée, la plénitude infinie de la vie en lui.
    Les derniers kilomètres. Il avait pleuré de bonheur, vidé de tout, les yeux fixant le goudron qui défilait, les muscles liquéfiés, incapable de savoir ce qui permettait encore aux jambes de tourner, vidé de tout, coupé de sa raison, un mental éteint, une absence corporelle, un état de grâce, l’impression d’être ailleurs, hors de ce corps épuisé, une légèreté sans nom sous la pesanteur immense de la fatigue souveraine, un néant de pensées, juste ce sentiment indéfinissable de la vie magnifiée.
    Cette vision étrange d’un cycliste déambulant sur la Terre, il était dans les cieux, un regard plongeant, une élévation inexplicable, dans la dimension des oiseaux, les arabesques des routes jusqu’au bout de l’horizon, les champs, les collines, quelques maisons, et ce garçon écrasant les pédales, ce sourire énigmatique, béatitude de l’épuisement, cet amour immense, cette étreinte spirituelle, il était dans les cieux, une échappée verticale. Comme emporté par les ailes d’un ange."


    Cette dimension de la perception, je l'aime infiniment. Et je sais qu'elle m'a appris énormément. Hume aurait dû faire du vélo.

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  • Elisée Reclus

    "Ni Dieu, ni maître" anthologie de Christophe Verselle.

    https://www.babelio.com/livres/Verselle-Ni-Dieu-ni-maitre-De-Diderot-a-Nietzsche/78298

    Ami de Bakounie et de Kropotkine, Elisée Reclus (1830-1905) a participé à plusieurs journaux de tendance anarchiste (Le Cri du Peuple, Le Révolté, L'Insurgé),

    Dans la lettre qui suit, Elisée Reclus s'en prend au vote qu'il assimile à une abdication. Il avance principalement quatre arguments.

    "Voter, c'est se choisir un maître

    -C'est permettre à certains hommes de se sentir au-dessus des lois puisque ce sont les élus qui les font.

    -C'est succomber à l'illusion d'une omniscience des politiciens.

    -C'est oublier que les promesses électorales n'engagent que ceux qui les écoutent.

    "Compagnons, vous demandez à un homme de bonne volonté, qui n'est ni votant ni candidat, de vous exposer quelles sont ses idées sur l'exercice du droit de suffrage.

    Voter, c'est abdiquer; nommer un ou plusieurs maîtres pour une période courte ou longue, c'est renoncer à sa propre souveraineté. Qu'il devienne monarque absolu, prince constitutionnel ou simplement mandataire muni d'une petite part de royauté, le candidat que vous portez au trône ou au fauteuil sera votre supérieur. Vous nommez des hommes qui sont au-dessus des lois puisqu'ils se chargent de les rédiger et que leur mission est de vous y faire obéir.

    Voter, c'est être dupe; c'est croire que les hommes comme vous acquerront soudain, au tintement d'une sonnette, la vertu de tout savoir et de tout comprendre. Vos mandataires ayant à légiférer sur toutes choses, des allumettes aux vaisseaux de guerre, il vous semble que leur intelligence grandisse en raison même de l'immensiré de la tâche. L'histoire vous enseigne que le contraire a lieu. Le pouvoir a toujours affolé, le parlotage a toujours abêti. Dans les assemblées souveraines, la médiocrité prévaut fatalement.

    Voter, c'est évoquer la trahison. Sans doute les votants croient à l'honnêteté de ceux auxquels ils accordent leurs suffrages et peut-être ont-ils raison le premier jour. Mais chaque jour a son lendemain. Dès que le milieu change, l'homme change avec lui. Aujourd'hui le candidat s'incline devant vous et peut-être trop bas; demain il se redressera et peut-être trop haut. Il mendiait les votes, il vous donnera des ordres.

    ...

    N'abdiquez donc pas, ne remettez pas vos destinées à des hommes forcément incapables et à des traîtres futurs. Ne votez pas !

    Au lieu de confier vos intérêts à d'autres, défendez-les vous-mêmes. Les occasions ne manquent pas aux hommes de bon vouloir. Rejetez sur les autres la responsabilité de sa conduite, c'est manquer de vaillance. "


     

    Qu'allons-nous faire dans quelques mois ?

    Qu'avons-nous vu depuis des mois ?

    Que devons-nous en conclure ?

    "Ils" nous demandent de leur faire confiance. Il serait trop long d'énumérer les faits qui nous ont prouvé que c'était impossible.

    Quelle solution ?

    Ici, il y en a une de proposée.

    http://etienne.chouard.free.fr/Europe/

    ETIENNE CHOUARD

    Présentation

    Etienne Chouard

    Bonjour et bienvenue :o)

    Je vous propose de prendre personnellement nos problèmes quotidiens à la racine et de réfléchir nous-mêmes à l'institution d'une vraie démocratie : et la racine d'une démocratie digne de ce nom, ce n'est pas l'élection — élection qui est par définition aristocratique (choisir le meilleur, aristos), donc oligarchique— , la seule racine de la démocratie, c'est le tirage au sort.

    Depuis le débat référendaire sur le TCE (un puissant révélateur !), j'ai réalisé, avec d’autres citoyens, d'une part, l’importance de nos institutions dans notre vie de tous les jours et d'autre part, l’état de décrépitude dans lequel nous laissons se dégrader ces règles supérieures, par indifférence paresseuse le plus souvent.

    L'approche institutionnelle m’apparaît désormais comme une clef de lecture universelle pour décrypter l'actualité et cette clef me permet de découvrir les sources profondes du malheur des hommes.

    Ainsi, j'observe qu'un événement malheureux est presque toujours une conséquence de l'absence de contre-pouvoirs chez les décideurs impliqués. Éclairante clef de lecture, vraiment.

    Pour rétablir effectivement notre protection contre les abus de pouvoir, j’essaie de concentrer mon attention sur les seuls principes essentiels dans une Constitution, (outil décisif pour les citoyens et pourtant complètement négligé), et particulièrement les principes dont nous privent les politiciens de métier.

    Je réfléchis donc point par point.

    Je voudrais que ces points nous servent de passerelles entre quatre outils, à l'aide de liens hypertextes pour faciliter les accès :

    Site vitrine proposant
    une réflexion point par point :

    ·   le texte "Grands principes",

    ·   son résumé en tableau,

    ·   les "Liens et docs"

    ·   et mon "Journal"

    ·   Etc.

    Site interactif permettant
    un débat point par point
    et l’écriture d’une Constitution :

    ·   La partie "forum" de ce site
    pour étudier les principes

    ·   La partie "wiki" de ce site
    pour écrire de vrais articles de notre Constitution

    Site permettant
    un vote point par point
    (actualisable à tout moment : on peut donc changer d’avis)

    ·   Le site DemExp
    pour voter les principes et les articles

    Exemples de passerelles entre les différents sites :

    Documentation sur le point 1 : une Constitution définit et limite les pouvoirs sans imposer une politique économique donnée

    Liens hypertextes
    <-------->

    Débat
    puis écriture d’articles sur le point 1 : une Constitution définit et limite les pouvoirs sans imposer une politique économique donnée

    Liens hypertextes
    <-------->

    Vote sur le point 1 : une Constitution définit et limite les pouvoirs sans imposer une politique économique donnée

    Documentation sur le point 2 : ce n’est pas aux hommes au pouvoir d’écrire les règles du pouvoir (la Constitution)

    Liens hypertextes
    <-------->

    Débat
    puis écriture d’articles sur le point 2 : ce n’est pas aux hommes au pouvoir d’écrire les règles du pouvoir (la Constitution)

    Liens hypertextes
    <-------->

    Vote sur le point 2 : ce n’est pas aux hommes au pouvoir d’écrire les règles du pouvoir (la Constitution)

    Documentation sur le point 3 : le mandat des représentants doit être impératif (ils doivent respecter leur promesses et être contrôlés sur ce point). »

    Liens hypertextes
    <-------->

    Débat
    puis écriture d’articles sur le point 3 : le mandat des représentants doit être impératif (ils doivent respecter leur promesses et être contrôlés sur ce point). »

    Liens hypertextes
    <-------->

    Vote sur le point 3 : le mandat des représentants doit être impératif (ils doivent respecter leur promesses et être contrôlés sur ce point). »

    Etc.

    Cet objectif global est en cours de réalisation, je n’ai pas fini (c’est long).

    Les créateurs de DemExp nous demandent de patienter avant d’utiliser le site en grandeur réelle : ils sont en train de le programmer et de le mettre au point. Donc, pour la dernière étape, celle du vote, attendons un peu, et parlons-nous : nous ne manquons pas de vrais sujets de conversation :o)

    J’essaie donc d’enrichir nos idées et de leur donner vie avec quatre outils interactifs qui correspondent à quatre étapes de base de la formation d’une opinion commune :

    1 – Un lieu pour LIRE les autres, et notamment les auteurs qu’on ne voit presque jamais dans les grands médias : les pages de ce site rassemblent déjà de nombreux liens et documents, en provenance de tous les horizons politiques, avec mes propres tentatives de synthèse de ce qui compte le plus.

    2 - Un lieu pour DÉBATTRE entre nous, point par point, principe par principe : ce site propose depuis janvier un blog et un forum pour structurer nos échanges autour de ces points précis, affûter nos arguments et les rendre à la fois simplement exprimés et irréfutables.

    3 – Un lieu pour ÉCRIRE ensemble, vraiment, une Constitution d’origine citoyenne, article par article : ce site propose une partie Wiki, c’est-à-dire hautement interactive puisque tout le monde peut tout changer…

    L’encyclopédie Wikipédia se bâtit sur ce principe et les contributeurs se respectent plus qu’on pourrait le craindre : ils font leur police eux-mêmes et le résultat de ce bénévolat mondial est impressionnant. L’enjeu de l’écriture par nous-mêmes de notre propre Constitution est si considérable que je nourris de grands espoirs sur cet outil Wiki. J’ai du mal à avancer autant que je voudrais, faute de temps, mais on va y arriver ; on n’est pas si pressés. Chi va piano, va sano, chi va sano va lontano… :o)

    4 – Un lieu pour VOTER, point par point, et nous compter : ce sera (bientôt j’espère) un site comme celui de l’Expérience démocratique qui nous permettra de donner forme à une nouvelle opinion publique, plus active, plus informée, plus fidèlement reflétée que l’approximation des sondages, et peut-être plus apte que le système actuel à nous garantir enfin le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes (voir ma page journal, billet du 19 novembre 2005).

    Si on en arrive à bout, ce texte pourrait intéresser tous les peuples du monde : car finalement, qu’est-ce qui nous différencie, du point de vue du contrôle des pouvoirs ?

    Chantier pharaonique, en vérité, mais passionnant :o)

    Merci pour vos messages chaleureux et votre précieux soutien.

    Étienne.

  • JUSQU'AU BOUT : Dialogue

    Image 3

     

     

    Dialogue entre deux pères.

    XXXVIII

    Dès qu’ils furent sur la route, Cloarec fit part de ses craintes à son ami.
    « Moi, je te dis qu’il est capable de faire une connerie avec son fusil. Il faudra faire attention quand on les retrouvera. Il est assez fou pour tirer, même avec les gosses autour. Il ne peut pas encaisser le coup que l’instit a fait. Qu’il soit rentré dans sa ferme pour détacher le petit David, je crois que pour lui, c’est encore pire que ce voyage. C’est comme s’il n’y avait que lui de concerné. Il en a fait une histoire d’honneur. Et ça, à la fin, c’est toujours des conneries.
    -Faut dire que la Bernadette, elle a vite fait le tour du pays avec son histoire.
    -Elle l’aime pas le Miossec, elle voit bien le mal qu’il fait au petit. »
    Miossec roulait comme le demeuré qu’il était. Cloarec avait un mal de chien à suivre.
    « J’espère qu’il n’a pas pris sa bouteille de rouge, sinon il va finir dans un arbre, s’inquiéta Le Renard. Fais gaffe, hein ? C’est pas la peine de se tuer pour ce malade. Moi aussi, je veux retrouver Rémi et Fabrice mais je veux y arriver en entier et pas sur un brancard. Tu crois que l’instit, il leur a fait du mal aux gosses ?
    - Sûrement pas. Tu vois Jean, je vais te dire franchement, si ma femme n’avait pas insisté pour que j’aille chercher Marine, j’aurais pas bougé. Je crains rien du tout. Marine, elle est vachement heureuse d’avoir eu cet instit et tu peux pas savoir comme elle a changé pendant l’année. Et tout en bien. Elle a grandi dans sa tête, incroyable ! Elle était déjà vachement mûre pour son âge, c’est Florence qui disait ça, mais alors maintenant on dirait presque une petite femme. Tu peux pas imaginer les discussions qu’on a avec elle. Parfois, j’ai du mal à suivre. Ce qui m’emmerde le plus c’est que c’est pas moi qui l’ai emmenée en vacances. Tu vois, la ferme, j’en ai plein le cul ! Quand je pense qu’on n’a même pas le temps de s’occuper de nos enfants. Ils grandissent et on ne voit rien. On compte les litres de lait, les tonnes de patates, les hectares de maïs et on ne voit pas nos enfants. Ca me fait chier, tu vois, vraiment ça me fait chier. L’instit, j’ai presque envie de le remercier. Bien sûr, j’aurais préféré qu’il m’en parle de son idée et j’aurais accepté tout de suite mais on n’a jamais pris le temps d’aller discuter avec lui. On a vraiment dû passer pour des tarés. On est vraiment trop cons ! Je l’ai même suspecté d’être un pédophile ! Tu vois un peu. C’est Miossec qui m’avait filé cette idée à la con. Alors que Marine, elle a jamais été aussi heureuse. Quand je l’ai questionnée un peu pour voir comment ça se passait dans la classe, j’ai bien vu que tout ce qu’il faisait, c’était pour leur bien. Si ça avait été un tordu, Marine, elle me l’aurait dit. Je lui ai fait comprendre ce qui me faisait peur et je peux t’assurer que ça ne lui a pas plu du tout que je puisse douter de son maître. C’est elle qui m’a dit que c’était pas parce qu’il était différent des autres qu’il était dangereux. Elle m’a même dit que c’était les autres instits qui étaient dangereux parce qu’ils n’aimaient pas les enfants comme lui il les aime ! J’étais pas fier, tu vois. Et j’ai arrêté de dire des conneries. Non, j’y crois pas du tout qu’il pourrait leur faire du mal. Tu te rends compte des risques qu’il prend pour emmener nos gamins en vacances ! Et nous, on n’a même pas été foutu de voir que ce mec-là, il fallait juste qu’on l’écoute un peu. Faut croire que le boulot, ça te bouche toute la tête comme un paquet de merde dans le cul. Ce mec, moi je pense que c’est quelqu’un de bien et ce qui est sûr c’est qu’il aime les enfants. Nos enfants ! Alors, je peux pas lui en vouloir. Tu comprends ? Lui, au moins, il s’en occupe. Moi, par contre, ça me fout la honte. Tu vois, après cette histoire, j’ai décidé que je m’occuperai davantage de mes filles. J’ai déjà loupé beaucoup de choses avec Marine, il faut pas que je fasse la même connerie avec Morgane. Je suis déjà bien content que Marine continue à me parler. Peut-être même qu’elle m’aime encore. Et pourtant j’ai pas fait grand-chose pour elle. T’as vu tout ce que l’instit a fait découvrir à nos gamins. C’est la honte pour nous. C’est la honte.
    - Ouais, moi aussi, ça me fait ça. C’est vrai que Rémi et Fabrice, ils ont sacrément changé. Tu vois Fabrice, tu le connais un peu. Il était vachement timide, il manquait de confiance. J’avais beau me dire qu’en grandissant ça s’arrangerait et ben que dalle. Il s’améliorait pas le gamin. Et là, en un an, c’est dingue comme il a changé. Il parle avec un adulte, même s’il le connaît pas, il prend des initiatives, il rigole vachement plus qu’avant. Tu vois, plein de trucs comme ça. Il est beaucoup plus heureux. Et c’est vrai que c’est pas grâce à moi. Le séjour au camping à Camaret, ça l’a transformé. Et Rémi, je t’en parle pas, je le reconnais plus. D’ailleurs, j’ai l’impression que lui non plus me reconnaît plus. Tu vois ce que je veux dire. Comme si je l’intéressais moins qu’avant. Et ça me fout vachement la trouille…T’as raison, c’est vraiment nul que ça soit pas avec nous qu’ils aient vécu tout ça. D’ailleurs, ma femme, elle me l’a dit y a pas longtemps. –Quand t’as le temps, au lieu d’aller à la chasse avec tes copains, tu ferais mieux de passer la journée avec tes deux garçons. L’instituteur, il s’en occupe mieux que toi. Je me demande même lequel de vous deux aime le plus les garçons.- Ca m’a fait mal quand elle m’a dit ça. On s’est même engueulé. Je lui ai dit que je bossais pour qu’ils manquent de rien et que je pouvais bien passer un peu de temps avec les copains. C’était vraiment des conneries. Et puis, après avec le boulot, j’y ai plus pensé.
    - Ah ouais, toujours ce boulot. Ça, tu vois, c’est une excuse de merde. On se dit ça juste parce qu’on est trop con pour réfléchir un peu. Marine, un soir, elle m’a lu une phrase que l’instit leur a donnée en classe. La vache, ça m’a marqué. Attends que je la retrouve…Ça dit à peu près ça -On rencontre beaucoup d’hommes qui parlent de liberté mais ils passent leur vie à se fabriquer des chaînes.- J’y ai même pas compris quand Marine elle m’a lu ça. C’est elle qui m’a expliqué que ça voulait dire qu’on travaillait pour avoir du pognon et s’acheter plein de trucs mais qu’en fait, au lieu d’être libre, on était prisonnier de tout ce qu’on désirait. Tu vois le truc ? En fait, on croit qu’on va bien parce qu’on gagne du fric mais en vrai, on voit pas nos gosses grandir parce qu’on en veut toujours plus. Enfin, c’est pas simple mais c’est quelque chose comme ça. J’ai passé des heures à réfléchir à ce truc. Parfois, j’étais sur mon tracteur et je pensais à ça. Non, mais tu vois la situation. Le demeuré de paysan, le cul sur son tracteur, qui réfléchit à la vie qu’il mène parce que sa fille lui a lu une phrase. Un vrai truc de fou !
    - Ouais je vois bien… Enfin, je vois surtout que c’est pas facile de tout réussir. Son boulot, élever des gosses, aimer sa femme, pas foutre sa santé en l’air, s’occuper des gens qu’on aime, le boulot, les machines, les bêtes et les gosses et les impôts et puis comme ça pendant des années et ça passe à toute vitesse… T’as l’impression de tout faire comme il faut toi ?
    - Sûrement pas pour mes deux filles et sans doute pas non plus pour ma femme. Tu vois l’instit, il le sait sûrement pas mais il m’aura fait comprendre ça. Enfin, c’est Marine qui l’aura fait mais je sais que c’est lui aussi. Tu vois par exemple, il a prêté des livres à Marine et elle m’a demandé d’en lire certains. Tu vois le problème ! J’ai jamais rien lu que le Ouest France et L’équipe. Je te dis pas comme ça m’a emmerdé au début puis finalement j’ai découvert que j’aimais ça. C’est dingue hein ? Saint-Exupéry par exemple, c’est vachement bien ce qu’il a écrit. Jack London, j’aime bien aussi. Avec les chiens au Canada dans la neige et les chercheurs d’or. Ça fait comme les westerns. J’aime bien. Ça fait voyager des trucs comme ça. Et puis, j’aime bien le nom du mec, ça sonne bien ! Jack London ! Ça a de la gueule hein ? Et il y en a plein d’autres des écrivains ! Mais alors moi, les noms, je les retiens pas. Alors Marine, elle me fait des fiches avec le titre du livre et le nom de l’écrivain. Elle dit qu’il faut que je m’en souvienne. C’est un boulot dis donc ! Mais bon, j’essaie quand même, c’est tellement bien ce qu’ils ont écrit tous ces gars !
    - Oh la vache ! je connais rien de tout ça moi. J’ai bien vu que Rémi et Fabrice, ils lisaient vachement mais ça m’a pas intéressé. Je sais même pas ce qu’ils lisent.
    - Et tu sais que c’est l’instit qui a prêté ses propres livres aux enfants. Tu te rends compte ? Il leur fait vachement confiance. D’ailleurs Marine, ça l’a embêtée quand elle a vu le temps que je mettais à lire. Elle a voulu ramener le bouquin pour les autres gamins de la classe. Mais moi, je voulais connaître la fin. C’était Terre des hommes, de Saint-Exupéry. Celui-là je l’adore ! Le mec avec son copain, il avait posé son avion dans le désert. Ils étaient en panne, ils étaient entrain de crever de soif. Et c’est une histoire vraie ! Moi, je voulais savoir la fin alors je suis allé dans une librairie à Loudéac et j’ai acheté le bouquin. Tu me vois dans une librairie ! Je te dis pas tous les bouquins qu’il y avait sur les étagères, c’est dingue, j’y ai pas cru et en plus, c’est pas deux fois le même ! Que des bouquins différents. Incroyable je te dis ! Il a fallu que je demande à la patronne sinon je serais mort de vieillesse avant de trouver celui que je voulais! Et le soir quand Marine, elle m’a vu avec le bouquin dans la banquette, elle m’a fait une de ces bises sur la joue ! Un truc, tu vois, c’était plein d’amour. Tu peux pas savoir le bien que ça m’a fait. C’est elle qui m’a lu le passage quand ils ont trouvé une orange dans la cabine de l’avion. C’est tout ce qui leur restait. Je peux te dire que maintenant une orange, je la vois plus de la même façon. C’est incroyable, ces écrivains comme ils savent bien raconter. T’as l’impression que c’est eux qui t’ouvrent les yeux. Comme si avant, t’avais que de la merde dedans. Comme si t’avais jamais vu la vie. Tu vois, tu crois que tu sais ce que tu fais, que tu sais où tu vas mais en fait, tu sais rien, que dalle. Y a que ces mecs qui peuvent te montrer ce qui est vraiment important. Y a des soirs, tu vois, tu gardes ça pour toi hein, et ben j’en aurais pleuré. Ouais je te jure. Y a un marin aussi, Montessier ou Moitessier, je sais plus bien, Marine, elle a ramené le bouquin, quand il a fait son tour du monde sur son bateau, il était tout seul, il a découvert des trucs en lui, c’était fou. Avec l’océan, c’était une sacrée histoire d’amour. Nous aussi, on pourrait vivre ça avec la terre mais on la regarde pas comme il faut. Ouais, je sais ce que tu penses, me regarde pas comme ça, tu te dis que j’ai un peu reçu, et que je déconne. Mais moi aujourd’hui, je dis que c’était avant que je déconnais. Maintenant, je commence à y voir un peu plus clair. C’est con que ça m’ait pris autant de temps. Il faudra que j’arrive à le dire à l’instit. Ca m’emmerderait qu’il parte comme ça, sans qu’on ait le temps de parler. On s’est rencontré une fois dans la librairie à Loudéac et je suis resté comme un vrai con. J’ai rien trouvé à dire…J’espère que j’y arriverai maintenant. Je suis pas habitué à parler comme ça moi. Les sentiments et tous ces trucs-là, ça me dépasse un peu. Enfin, avec les bouquins j’ai fait des progrès… Et la musique, ah bon dieu la musique ! J’y connaissais rien non plus et l’instit leur a prêté des cassettes. Y a une musique de film, « le mépris » ça s’appelle, j’écoute ça sans arrêt à la maison. Attends, je te jure, tu peux pas écouter ça sans que ça te prenne aux tripes. T’as l’impression que les violons ils sont entrain de t’ouvrir le bide ! Et j’aime bien la tête du mec qu’a fait ça. Tu vois que c’est la tête d’un mec bien. Y a la rue dans son nom. Tiens, cherche la cassette, elle est là. Regarde comment il s’appelle… Georges Delerue, ah ouais, c’est ça ! Alors lui, c’est un champion ! Et Marine, elle nous a fait écouter d’autres trucs, des musiques incroyables. Ma femme, presque à chaque fois, elle pleure comme une chasse d’eau qui fuit. Et puis, tu vois l’instit, il leur passe de tout, c’est ça qu’est bien. Du Mozart, du jazz, de la chanson française, Alan Stivell. Tu vois même celui-là, il est Breton et ben pourtant je connaissais rien. La symphonie celtique, si tu connais pas ça, tu sais pas ce que tu perds. Tu vois ça nous change de Rika Zaraï et des nullités qu’on entend à la télé. La télé, j’en ai plus rien à foutre maintenant. C’est vraiment de la merde en boîte. Ils nous prennent pour des cons parce qu’on est des cons ! C’est de notre faute tout ça. On a qu’à les envoyer chier ! C’est tout ce qu’ils méritent. Maintenant, le soir on parle des bouquins. En ce moment, Marine, elle lit un bouquin de Tolkien. Ouais, je te jure c’est son nom au mec ! C’est tellement bizarre comme nom que je m’en souviens. Ca a l’air vachement bien. J’ai hâte qu’elle me le passe. Parfois, dans la journée, j’ai envie de m’arrêter de bosser pour aller lire !
    - Non, je te crois pas !
    - Si je te jure. Moi aussi, au début, ça m’a fait drôle, j’ai même cru que j’étais malade ! Mais c’est plutôt parce qu’on s’arrête jamais qu’on est des malades ! Alors quand je vois l’autre fou devant, avec son fusil dans le coffre, je me dis qu’on a intérêt à faire gaffe. L’instit, même s’il a fait une connerie en partant comme ça, il mérite pas qu’on l’emmerde. Pour une fois qu’on tombe sur un mec bien. Tu te rends compte tout ce qu’il a fait changer en un an...J’étais en train de perdre ma grande fille et j’aurais sans doute fait pareil avec Morgane. Et puis voilà qu’on se parle maintenant. Et pas du boulot en classe ou du métier qu’elle veut faire plus tard. Tout ça, c’est que dalle, ça n’a aucune importance, c’est pas ça qui compte. Non, on se parle de la vie, tu vois, je sais même pas comment te l’expliquer tellement ça me dépasse encore. C’est que quand je suis avec Marine que ça vient. C’est comme si tous les mots, ils étaient coincés quelque part et puis d’un coup ça ressort. Et même avec ma Florence ça va beaucoup mieux. Tu vois, on parlait de la ferme, des impôts, du prix du lait. Vraiment on était con ! Tu sais ce qu’elle m’a dit la semaine dernière ? -Alain je t’aime- Tu te rends compte, ça faisait des années que c’était pas arrivé. Je sais pas comment c’est pour toi mais chez moi c’était pas terrible. Pourtant, on s’entend bien mais c’est comme si on passait à côté de quelque chose et qu’on savait pas quoi. Et ben, maintenant, je sais ce que c’est. C’est l’amour. Et te fous pas de ma gueule, je sais que ça a l’air con mais je te jure que c’est ce qu’il y a de plus beau.
    - Je me fous pas de ta gueule Alain. Je me dis même que t’as de la chance. Ça me touche vachement que tu me parles comme ça. C’est vrai je te jure. Ça me fait vachement plaisir et je me dis que t’as de la chance…J’ai vraiment hâte de retrouver mes deux garçons et de les serrer dans mes bras et qu’on rentre à la maison. Je comprends mieux tout ce que je sentais depuis quelques temps. Toi, t’as déjà compris beaucoup plus de choses que moi et ça va m’aider tout ce que tu viens de me dire…Merci Alain. Merci de m’avoir expliqué tout ça. Moi j’aurais jamais osé. Et je sais que c’est une connerie, c’est toi qui as raison…Dis, tu me prêteras des bouquins ?
    - Ouais, bien sûr, tu viendras à la maison, je te montrerai tout ce que j’ai acheté. La librairie de Loudéac, maintenant je m’y retrouve sans problème et je connais bien la patronne. C’est elle qui me conseille aussi. On s’entend bien. Elle est sympa. Et tout ce qu’elle connaît ! La vache c’est impressionnant ! Et puis, je vois qu’elle aime bien Marine. Ça me fait plaisir. Quand je vois ma fille, comme ça, dans les bouquins je me dis que l’instit, il lui a vraiment montré un trésor incroyable, tu vois ce que je veux dire, un trésor qu’arrête pas de s’agrandir ! C’est pas un coffre qui est fermé avec des vieilles choses pourries dedans. Non, là, le coffre il est ouvert et ça n’arrête pas de tomber dedans, des belles choses et toutes celles qui sont là depuis des années et des années, elle vieillissent pas. C’est fou hein ? Putain, tu te rends compte comme je parle bien maintenant. Ça, c’est une vraie image d’écrivain que je viens de dire. Faudra que je la répète à Marine, ça va lui plaire. Tu sais, tu vas pas me croire mais samedi dernier on y est resté trois heures dans la librairie. Et on est parti parce que ça fermait sinon on n’aurait pas bougé ! Et Morgane aussi, elle veut ses bouquins ! On était tous les trois sur le trottoir avec chacun notre sac et nos bouquins dedans. C’était vachement beau. Et puis Marine, elle a pris mon sac pour me donner la main. Je vais te dire, j’étais vachement fier comme ça sur le trottoir avec ma jolie grande fille qui me donnait la main et Morgane qui trottinait comme un poulain devant nous avec ses petites gambettes. J’ai rigolé comme ça pour rien. Enfin non, c’était pas pour rien. C’était du bonheur…Oh ! tu dis plus rien ?
    - Non je t’écoute. C’est vachement beau ce que tu racontes. Je te voyais pas comme ça. Et je me dis que je suis vraiment con. J’ai rien vu moi. Rémi, bon sang c’est un petit gars formidable et j’ai l’impression que je l’ai pas vu depuis des années. Parfois, je me dis comme ça, fais gaffe à lui, écoute- le, prends ton temps. Tu vois, je m’inquiète toujours pour Fabrice parce qu’il est vachement renfermé, enfin plus maintenant, et du coup je voyais pas Rémi. Je me disais toujours qu’il grandissait sans problème, qu’il avait moins besoin d’un coup de main que son petit frère. C’est con hein ? Comme si un gamin pouvait se passer de l’amour de son père ! »
    Il tourna la tête vers la vitre, une boule dans la gorge, les yeux piquants.
    « T’inquiète pas, c’est jamais trop tard. Regarde ce voyage comme il nous fait du bien. Ça sera plus jamais pareil après. C’est ça qui est important. Ne pas laisser passer les bonnes occasions quand elles se présentent. Même si on en a loupé un bon paquet depuis des années, ce qui compte maintenant, c’est qu’on a les yeux ouverts.
    - Bon dieu, j’ai vraiment envie de les serrer dans mes bras mes garçons et je vais leur dire que je les aime. Oh oui ! je vais leur dire ça. Et je sais que j’aurai pas l’air d’un con.
    - Oh non ! ça c’est sûr t’auras pas l’air d’un con. Celui qui est con, c’est Miossec. Le pauvre David, il me fait peine ce gamin, il a l’air tellement triste. Olivier, il a l’air de s’en sortir un peu mieux mais le petit il souffre vachement, ça c’est sûr et ce grand con de Miossec, il voit rien et il ne verra jamais rien…Tiens, allez, on va s’écouter la musique de Delerue. Tu sais, ce mec-là, ça se voit sur sa figure qu’il en sait plus que nous. J’explique pas pourquoi, c’est comme ça. Et quand t‘entends sa musique, tu sais que c’est vrai. Quand tu inventes des musiques comme ça, c’est que dedans, tu as senti des choses que les autres, ils ont pas encore trouvées. Moi, j’écoute ça tous les jours. Ça va nous faire du bien, tu vas voir ! T’as vu que je me suis payé un super auto radio et je peux te dire, c’est pas pour écouter Europe 1 et tous les gros cons qui s’y trouvent ! Je te jure, quand t’as ça qui passe, tu peux que fermer ta gueule alors que quand Rika Zaraï elle ouvre sa trappe à conneries, tu peux bien brailler avec tes potes, ça gêne personne. Mais alors ça, c’est comme si c’était l’amour mis en musique. Tu vois, quand j’entends ça, c’est comme si je revoyais Marine ou Morgane, tout bébé, dans leurs petits lits, toutes fragiles. J’ai envie de les prendre dans mes bras, de sentir leurs petits corps, de les embrasser, de leur dire des gentils mots, tout plein d’amour, de les protéger, de sentir le parfum de leur peau. Maintenant, je vais les réveiller le matin, je peux plus m’en passer, je leur fais des petits câlins tout doucement, je leur parle gentiment, tu vois, je faisais jamais fait ça avant. Je rentrais, j’ouvrais les volets, je gueulais, allez debout là-dedans ! et je me barrais au boulot à toute vitesse comme si ma vie en dépendait. Mais le plus important de toute ma vie, il était là, devant moi, dans les petits lits bien chauds, et j’y voyais rien, je sentais rien. Je crois que mes deux filles, je les regardais jamais dans les yeux, je les regardais, c’est tout mais je ne les voyais pas vraiment. C’est dur à expliquer tout ça. Les mots, ça peut pas tout dire. Les émotions, c’est bien plus fort. Y a que les écrivains qui savent en parler. Moi je suis qu’un paysan, alors tu vois, c’est pas facile.
    - Et ben moi, je peux te dire que t’en parles vachement bien. Ca me serre les tripes tout ce que tu dis. Je suis vachement content d’être venu avec toi. Ouais, bon dieu de bon dieu, moi aussi cet instit faut que je le remercie. C’est une sacrée baffe qu’il nous a mise et il était temps qu’on se la prenne. Bon allez mets-nous cette musique. »
     
     
     

  • L'exemple caché de l'Islande

    Mercredi 23 novembre 2011
    http://www.moulinier.info/article-islande-93-du-peuple-impose-le-non-remboursement-des-banques-89608202.html

     

     

    ISLANDE: L'AUTRE FORMIDABLE REVOLUTION !

    Contre-exemple intéressant, non, de nos jours ?...

     

    93% du Peuple IMPOSENT le NON-Remboursement des Banques !! La révolution dont les Médias se gardent bien de parler

    Aussi incroyable que cela puisse paraître, une véritable révolution démocratique et anticapitaliste a lieu en Islande en ce moment même, et personne n'en parle, aucun média ne relaie l'information, vous n'en trouverez presque pas trace sur « Google »: bref, le black-out total.

    Pourtant, la nature des évènements en cours en Islande est sidérante :

    Un Peuple qui chasse la droite au pouvoir en assiégeant pacifiquement le palais présidentiel, une « gauche » libérale de remplacement elle aussi évincée des « responsabilités » parce qu'elle entendait mener la même politique que la droite, un référendum imposé par le Peuple pour déterminer s'il fallait rembourser ou pas les banques capitalistes qui ont plongé par leur irresponsabilité le pays dans la crise, une victoire à 93% imposant le non-remboursement des banques, une nationalisation des banques, et, point d'orgue de ce processus par bien des aspects « révolutionnaire » : l'élection d'une assemblée constituante le 27 novembre 2010, chargée d'écrire les nouvelles lois fondamentales qui traduiront dorénavant la colère populaire contre le capitalisme, et les aspirations du Peuple à une autre société.

    Un autre possible face aux marchés financiers: la démocratie !

    Alors que gronde dans l'Europe entière la colère des Peuples pris à la gorge par le rouleau-compresseur capitaliste, l'actualité nous dévoile un autre possible, une histoire en marche susceptible de briser bien des certitudes, et surtout de donner aux luttes qui enflamment l'Europe une perspective la reconquête démocratique et populaire du pouvoir, au service de la population.

    Plus bas, vous trouverez deux articles traitant de cette révolution en marche, *à faire circuler le plus largement possible, puisqu'on ne doit compter sur aucun média pour le faire à notre place*.

    http://www.cadtm.org/Quand-l-Islande-reinvente-la

    Depuis le samedi 27 novembre, l'Islande dispose d'une Assemblée constituante composée de 25 simples citoyens élus par leurs pairs. Son but : réécrire entièrement la constitution de 1944 en tirant notamment les leçons de la crise financière qui, en 2008, a frappé le pays de plein fouet.

    Depuis cette crise dont elle est loin d'être remise, l'Islande a connu un certain nombre de changements assez spectaculaires, à commencer par la nationalisation des trois principales banques, suivie de la démission du gouvernement de droite sous la pression populaire. Les élections législatives de 2009 ont amené au pouvoir une coalition de gauche formée de l'Alliance (groupement de partis composé des sociaux-démocrates, de féministes et d'ex-communistes) et du Mouvement des Verts de gauche. C'était une première pour l'Islande, tout comme la nomination d'une femme, Johanna Sigurdardottir, au poste de Premier ministre.

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    http://bellaciao.org/fr/spip.php?article122457   

    http://parisseveille.info/quand-l-islande-reinvente-la,2643.html

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