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Lacs de montagne : photos
- Par Thierry LEDRU
- Le 16/02/2020
- 0 commentaire
Nous n'apprécions guère l'eau salée de l'Océan. Ni le sable. Nous détestons la foule. Cinq personnes suffisent à nous faire partir. Nous détestons nous baigner en restant habillés sur une partie qui semble à autrui non présentable. Nous aimons le silence et la richesse des horizons, les palettes de couleurs, les parois au-dessus de nous, les forêts en contrebas... Il faut s'obliger à fixer un point pour ne pas être sans cesse captés par un autre. La contemplation des montagnes est infinie.
Au bord de l'océan, sur une page de sable, nous nous ennuyons. Il n'y a pas assez de variétés. Tout est identique. Et le mouvement de la mer n'est pas un paysage que l'on peut contempler comme celui d'un lac immobile et silencieux. Le roulis des vagues finit toujours par nous fatiguer. Les côtes rocheuses nous contentent davantage de par les jeux de découvertes qu'elles proposent. On a besoin de l'effort physique...
Cet effort physique inévitable en montagne, pour atteindre la plupart des lacs, explique la solitude qu'on y trouve. Le monde des "loisirs" n'est pas synonyme d'efforts pour un grand nombre de personnes.
Si elles savaient ce qu'elles manquent...
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Les lacs de montagne et l'écriture
- Par Thierry LEDRU
- Le 15/02/2020
- 0 commentaire
Hier, une lectrice assidue de mes romans m'a écrit que dans la plupart de mes histoires, les lacs de montagne avaient une place.
Oui, c'est vrai... J'y ai repensé pendant la sortie du jour en raquettes à neige dans le secteur du lac des grenouilles couvert par la neige.
J'aime beaucoup les lacs de montagne. Nathalie aussi. La plupart du temps, on prend un moment en y passant, on s'y baigne. On écoute, on contemple.
"Ils sortirent du hameau à petits pas. Elle le guida vers le lac d’en Haut. Ils marchèrent en silence, les yeux captés par l’immobilité des lieux, la douceur des lumières, le ciel lissé tel un drap tendu. Ils débouchèrent sur le bord supérieur du lac, une cuvette parfaitement tracée, un travail minutieux et régulier. Des pelouses alpines, des herbes rases parsemées de peuples de pierres, des amoncellements figés comme des spectateurs émerveillés. Aucune risée sur la surface cristalline, des eaux claires, pas de plantes, aucun oiseau, rien.
Rien. Et le silence.
« Vous savez que c’est un lac d’origine volcanique ? expliqua-t-elle. Les biologistes appellent ça un milieu oligotrophe, c'est-à-dire presque privé de tout élément nutritif. C’est très rare. Il n’y a aucun élément chimique dans cette eau, aucun rejet de produits phosphatés ou de résidus d’engrais. Même les pluies qui tombent ici ne suffisent pas à en altérer la qualité.
- Il n’y a pas de poissons ?
- Si, il doit bien y en avoir, j’ai déjà vu des pêcheurs. Il y a aussi des plantes carnivores qui poussent par ici. La droséra à feuilles rondes et il y a plus de mille cinq cents espèces faunistiques et floristiques dans les tourbières de la région. Beaucoup de visiteurs à la Godivelle sont des naturalistes attirés par l’exceptionnelle diversité de la vie. J’aime beaucoup la ligulaire de Sibérie, elle est magnifique, je vous en montrerai.
- Une plante de Sibérie ? Ça donne une idée du climat. Comment ça se passe l’hiver ici ?
- Rude et magnifique. Des tempêtes de neige impressionnantes. L’hiver 95, on a eu plus de neige cumulée qu’en Haute Savoie. Il vous faudra un 4X4 pour vous déplacer tranquillement, c’est vraiment conseillé. Ici, les gens du pays s’en passent pour certains, ils savent s’y prendre mais il faut beaucoup d’expérience. »
Il ne dit rien de ses desseins. Son séjour était provisoire, il n’avait jamais eu l’intention de supporter un hiver. Mais l’idée s’imposait désormais avec une force phénoménale et il réalisa que l’éventualité de partir devenait insupportable.
Il ne répondit rien, incapable de s’avancer, figé par la peur des conséquences.
Elle devina un trouble, une inquiétude sur son visage, elle le vit se retrancher, fuir ses regards. Elle n’osa pas proposer son soutien pour les jours de neige. Tellement d’implications, de projections, d’hypothèses, c’était si loin, si incertain. Est-ce qu’il serait toujours là ? Cette pensée la perturba. Une peur. Oui, Paul était là, en elle, elle ne pouvait se le cacher et c’était délicieux, si inattendu aussi, si étrange dans l’enchaînement des circonstances. Et cet espoir des jours à venir insufflait à l’inverse la possibilité d’une déception. Son amour de la lucidité n’y pouvait rien. C’était humain.
Elle s'accorda avec délectation la présence de la peur au regard des bonheurs imaginés.
« C’est vraiment un paysage sublime, » murmura-t-il.
Elle le regarda tourner sur lui-même. Il la dépassait d’une demi-tête. Un bel homme. Des ridules au coin des lèvres. Elles s’animaient quand il souriait, une espèce d’éblouissement. Elle aimait le faire sourire.
« Oui, vous aviez raison tout à l’heure, Diane.
- À propos de quoi ?
- J’ai eu de la chance. Non… J’ai de la chance. »
Il ne bougeait plus, les yeux rivés sur l’horizon.
« Je ne serais jamais venu ici si mon cœur n’avait pas lâché. »
Elle aurait aimé l’entendre dire qu’il ne l’aurait également jamais rencontrée. Puis, elle se reprocha ses attentes infantiles.
« J’ai vu des plages sous les tropiques, j’ai vu des mers turquoises, des couchers de soleil à l’autre bout du monde et je n’étais jamais venu ici. Et je n’y serais jamais venu. Pas assez exotique sans doute. Mon ex-femme aurait éclaté de rire si je lui avais proposé un séjour à la Godivelle. Et je suis incapable d’expliquer clairement ce qui me touche autant dans ces paysages. Un troupeau de vaches, une colline, des bois, les prairies, un ciel bleu parsemé de voiles blanchâtres, l’immobilité et le silence. Oui, je crois bien que c’est ce silence qui me comble le plus. À croire que je n’ai vécu jusqu’ici que dans un tumulte incessant. J’ai l’impression qu’en moi se sont coupés des haut-parleurs multiples, des tumultes contre lesquels je ne pouvais rien. »
"Quand il déboucha sur le parking, le fourgon vert était toujours là, rangé au bord d’un carré d’herbe grasse, à l’orée d’un sous-bois. Les deux personnes assises en tailleur sur un grand tapis. Face à face. Torse nu pour l’homme, une chemisette légère pour la femme. Immobiles, les mains, paumes ouvertes tournées vers le ciel. Une séance de yoga. Il passa rapidement, sans bruit.
Il accrocha son vélo et rentra. Par la vitre arrière, il pouvait voir l’étrange duo. La cinquantaine flamboyante. L’homme bien bâti. La femme semblait assez grande, elle avait de très beaux cheveux lisses, très longs, une posture très droite, impressionnante.
Il les observa discrètement pendant une vingtaine de minutes. Ils changèrent plusieurs fois de positions. Un enchaînement appliqué conclut la séance. Une salutation respectueuse. Ils roulèrent le tapis et disparurent dans le fourgon.
La soirée s’installa silencieusement, avec discrétion, la lumière changea imperceptiblement et il décida de sortir avant que la nuit ne s’installe. Seuls les deux fourgons indiquaient une présence humaine. Il descendit vers le lac. Il se déshabilla et entra dans l’eau jusqu’aux cuisses. Il se lava puis il se rhabilla, posa sa serviette sur un rocher et marcha le long du bord.
Il observa la clarté du lac et songea aux fonds terreux dans lesquels ses pieds s’étaient enfoncés. Des courants de salissures s’étaient répandus autour de lui, jusqu’à la surface, étouffant sous des reflets d’ombres, l’éblouissante pureté. Il avait attendu sans bouger que la paix revienne. C’est la tranquillité de l’immensité qui maintenait la transparence. Plus lourdes que les particules d’eau, toutes les impuretés avaient fini par se déposer. C’était inévitable. Il songea alors qu’il devait agir de la même façon avec son âme. Abandonner toute agitation inutile, se concentrer sur la paix intérieure, n’espérer que la limpidité et refuser les remontées boueuses. C’est la dictature des pensées négatives qui entretenait l’opacité de notre âme. Et les luttes internes pour contrer cet envahissement créaient elles-mêmes de nouveaux remous. Il fallait abandonner toute agitation, la clarté s’imposerait peu à peu. Ne pas craindre l’eau troublée, simplement ne pas y penser. L’absence de peur contenait l’embryon d’un nouvel être. Il se promit de rester vigilant et de ne favoriser désormais que la purification. Ici, dans cette paix absolue, cette nature accueillante et apaisante, le chemin s’ouvrait. Il sentait qu’il avait fait enfin ses premiers pas, qu’il commençait à savoir marcher."
"
L’attirance de l’eau, comme un appel, une étreinte à vivre.
Elle ne chercha pas à comprendre. Comme un exutoire corporel aux révélations de son âme, comme un besoin irrépressible d’user de son corps comme d’un outil de validation des acquis.
Elle jaugea la distance vers l’autre rive, un bassin olympique environ.
« Je fais toute la traversée, » lança-t-elle, déterminée.
Elle plongea avant même que Sat réponde et lança aussitôt la mécanique du crawl, alternance des bras, battements puissants des jambes, respirations à trois temps, les yeux buvant les couleurs sombres déposées sur les fonds, des sables crémeux, des tapis gris de galets millénaires, son visage enveloppé par des nuages de bulles lorsque ses mains fendaient l’eau.
Une euphorie merveilleuse, comme une combinaison chaude qui l’isolait.
Elle décida d’imiter le son de l’Univers et à chaque expiration, elle produisit une note continue, un souffle de mammifère marin, des modulations infimes, des sons de gorge.
La vibration propagée dans son crâne, dans sa poitrine, dans son ventre, elle en suivait le parcours, elle en percevait la profondeur, comme une pénétration des fibres.
Elle vit la pente remonter vers la berge. Elle voulait d’un aller-retour dynamique. Elle posa les pieds au sol, jeta un regard amusé vers Sat à quelques mètres d’elle et repartit dans l’autre sens.
Cette force immédiate qui l’enflammait désormais, cette vigueur juvénile, elle en aimait l’étendue.
Sa vision prit une ampleur de télescope.
Le chant des bulles dans ses oreilles, la mélodie répétitive des souffles, l’habillage mouvant de l’eau sur l’intégralité de son corps, un enveloppement sensuel, des caresses liquides qui l’envoûtaient.
Cette impression soudaine de s’abandonner à l’étreinte, de s’ouvrir à un amant.
C’est là qu’elle sentit l’eau entrer en elle.
Sur toute la surface de son corps.
Et l’eau de ses organes se mêler à l’invasion dans un tourbillon scintillant.
Elle n’arrêta pas de nager pour autant, il n’y avait aucune peur, les yeux ouverts, elle voyait passer les bulles générées par ses mains, elle perdit totalement la sensation des frontières, celle de sa peau et celle de l’eau, il n’y avait plus qu’une seule présence, une fusion moléculaire.
L’ébullition de son corps réchauffait l’eau du lac, elle devinait des étreintes, des énergies communes, des allégresses cellulaires, l’impression d’un rayon lumineux goûtant l’étrangeté de l’espace liquide, une rencontre improbable qui l’envoûtait, une disparition de la forme, une évaporation de la matière.
Elle entendit alors les houles agitées des mers en furie.
Elle vit passer dans les grands fonds des cachalots en bande et des baleines blanches qui illuminaient les noirceurs.
Elle entendit les pluies d’orage et la marche des glaciers, elle entendit les avalanches et le silence de la gelée.
Elle s’envola dans les nuées transparentes et rejoignit les nuages. Elle retomba aussitôt en flocons argentés, elle tapissa les sommets puis elle fondit dans l’été.
Elle coula dans un torrent et finit sa course dans un lac de montagne.
Métamorphose des éléments connus, symbiose moléculaire, l’énergie commune chantait en elle une mélopée enchanteresse.
Elle aurait pu nager la nuit entière quand elle effleura un rocher. Le bord était là et elle dût se relever."
J'ai vécu, enfant, au bord de l'océan et il représentait une énigme immense, un mystère insondable. J'avais devant lui l'impression de disparaître, d'être si insignifiant que jamais, je ne pourrais en saisir la moindre parcelle. Je faisais de la voile, j'aimais jouer avec le vent. je nageais beaucoup aussi et parfois en prenant des risques importants, des traversées longues, sans aucun accompagnement, des heures de crawl...Lorsque je regardais les noirceurs à travers mon masque, j'avais parfois des peurs intenses et à d'autres moments des envies d'explorations... Je sais que je suis parti vers les montagnes car il y avait dans cette atttirance des profondeurs un défi qui n'était pas à ma mesure et qui aurait fini par m'emporter...Il était vital que je monte vers les sommets...
"Il sanglote et s’agite. La douleur a ranimé les connexions éteintes, mais son corps est d’une lourdeur impitoyable. Toute sa volonté, comme une boule compacte, roule jusqu’à sa main et l’anime laborieusement d’un sursaut moribond. Il ne peut en faire davantage. C’est effrayant. Il voudrait se lever et partir. Mais la masse pesante l’assaille de nouveau et enferme son cerveau épuisé dans un brouillard opaque. Il part et tombe dans un gouffre sans murmure ni mouvement, sans odeur ni couleur. Un néant absolu qui l’engloutit… Un avant-goût de la mort. La terreur et pourtant ne rien pouvoir faire. Ce relent immonde de l’impuissance. Longue absence…
Il remonte péniblement. Avec obstination. Depuis longtemps déjà. Du moins, c’est ce qui lui semble. Difficile dans une lumière sans paysage de trouver des repères temporels. Chaque idée, aussi infime soit-elle, lui permet de gagner du terrain, de s’éloigner du puits mortel, de se hisser avec acharnement.
Il finit par s’habituer à ces parois lumineuses qu’il parcourt douloureusement, l’esprit éteint, appesanti par l’aveuglement permanent, anesthésié par l’absence d’indices. Sans cesse, ses pensées tressautent, rompues par des parasites incontrôlables, des connexions brisées qui le laissent hagard et perdu, désespérément suspendu au-dessus du vide vorace. Aucun raisonnement n’arrive à terme, aucune idée ne trouve d’issue. Elles s’égarent toutes en cours de route, englouties par des nausées vertigineuses, des tourbillons hallucinatoires, des maelströms puissants qui engloutissent tout espoir de contrôle. Il aimerait retrouver quelques images habituelles, des souvenirs apaisants, mais son esprit lui paraît vidé de tout. Une épouvantable angoisse, une détresse sans nom, gonflées par la certitude que tout cela est définitif.
Il doit maîtriser quelque chose, imposer sa volonté dans cet univers terrifiant et ne plus se laisser porter par l’absence dans des couloirs sans fin.
Se concentrer sur la respiration. Il approfondit calmement chaque expiration et visualise son corps qui se vide. Inversement, il décide de limiter la quantité d’air absorbé, de se contenter du strict minimum. Peu à peu, avec obstination et rigueur, il parvient à une maîtrise qui le satisfait. Il voit intérieurement, à chaque expiration prolongée, son corps qui se réduit. Il a l’impression de se résorber, de disparaître, de s’enfoncer à l’intérieur de lui-même, d’approcher des espaces inexplorés. L’angoisse du vide s’estompe, la lumière intérieure s’adoucit, elle se nuance et se pare lentement de pastels bleutés. D’échapper ainsi à la lumière aveuglante qui l’épuise le gonfle de joie, mais il n’abandonne pas pour autant sa tâche. Le temps s’est évanoui dans les souffles contrôlés. Il serait incapable de préciser la durée de son travail. Les expirations maintenues et les inspirations abrégées sont ses seuls repères. Toute sa vie y prend forme. Simultanément, à l’impression de descendre en lui-même, il s’aperçoit que ce voyage l’entraîne dans des lumières tamisées qui l’apaisent et accentuent encore le calme de son âme. Il résiste à la joie qui casserait le rythme parfait de ses souffles de vie.
Depuis longtemps, il n’avait connu une paix aussi douce. La lumière bleutée est un océan. Il s’en doutait depuis quelques respirations, mais désormais il en est persuadé. Il flotte sans aucun effort dans un vide liquide totalement silencieux. Il ne distingue aucune risée, aucun mouvement marin. Tout est calme. Mais il est dans l’eau, c’est une certitude. Il nage dans un univers bleu sans vague, ni courant, ni parfum, ni bourdonnement. Un bleu profond, épais comme une peinture insuffisamment diluée. Il progresse lentement. Le bleu gélatineux l’empêche de se mouvoir rapidement.
Un dauphin est apparu. À la première vision de l’animal, il a sursauté. Le mammifère, gracieux et solitaire, a surgi des profondeurs. Des yeux, il le suit, souple et puissant, et soudain, sans explication logique, il découvre le bleu métallique du paysage à travers les regards nostalgiques de son compagnon. Le pouvoir étrange de cette double vue ne l’interpelle pas. Il sent que c’est normal, comme une complicité renouée, une connivence cellulaire qui s’est rétablie. L’animal solitaire est en lui. À moins que ce soit l’inverse.
Solitaire. C’est ce qui le frappe brutalement. Le bleu immense reste incroyablement vide. Le corps fuselé du dauphin, attaché à répéter des ondulations puissantes, vastes arabesques propulsives, parcourt des distances phénoménales, mais jamais ne rencontre âme qui vive. La vie s’est évanouie. L’animal est seul. Terriblement seul. Rien. Pas une algue, pas un coquillage, pas un poisson. Ni de congénère.
Le bleu se charge de nuées sombres. La nostalgie devient tristesse. L’animal, lentement, comme alourdi par le poids de son épouvantable solitude, s’enfonce vers les profondeurs éteintes. Le froid s’insinue dans son corps fatigué. Rien. Il n’y a rien. Qu’une immensité totalement vide. Et lui. Est-ce suffisant pour continuer à nager ainsi sans fin ?
Seul avec soi-même. S’agit-il d’ailleurs d’une compagnie réelle ou d’un subterfuge du langage ?
Il s’enfonce. Les ténèbres l’engloutissent et investissent son âme figée par le froid. Sa respiration s’évanouit peu à peu. Il ne remontera plus. Ici, au moins, la paix est totale. Les lumières agressives sont bannies. C’est une tombe idéale. Loin des fureurs du monde. Il s’abandonne. Et s’enfonce… S’enfonce… Longue absence…"
Le lac vert. On devine son emplacement depuis la terrasse de la maison.
Jarwal vit là-haut.
Un jour, peut-être, je chercherai un éditeur pour les quatre tomes qui sont finis. Ou alors, je me contenterai de les lire à nos petits-enfants, quand ils seront là.
JARWAL le LUTIN
Ils arrivèrent au bord du petit Lac vert. Une eau immobile posée dans un écrin de pierres plates et de blocs erratiques, comme des galets monumentaux jetés adroitement par des montagnes espiègles. Ils s’assirent au bord de l’étendue miroitante et sortirent chacun une pomme. Devant eux se dressait comme un pilier céleste le sommet de la Grande Montagne, une masse pyramidale sculptée habilement par des millénaires d’érosion. Ils devinaient le sentier menant au Col de l’Alpette. Arrivés là, il resterait les longues courbes ascendantes menant au sommet, des marches taillées par le ruissellement dans les éboulis et le final rocheux dans le labyrinthe des grandes dalles empilées et polies.
« C’est quand même marrant que les pommes qu’on mange à la maison ne sont jamais aussi bonnes que celles qu’on mange ici, s’étonna Rémi.
-Ah, oui, c’est vrai ça, enchaîna Léo. Celle-là, je la déguste au moins.
-C’est surtout qu’on l’a bien méritée, alors on l’apprécie à sa juste valeur, ajouta Marine.
-C’est tout à fait ça, » renchérit une voix inconnue.
Ils se retournèrent et sursautèrent tous les trois. Comme un seul homme, Rémi et Léo vinrent se réfugier près de leur sœur.
Debout, au sommet d’un bloc aussi rond qu’une tête de nouveau-né, se tenait un petit être extraordinaire, coiffé d’un large chapeau vert aux bords écornés. Il ne devait pas mesurer plus d’un mètre. Un long manteau gris éculé descendait jusqu’aux pieds et laissait apparaître des chaussures usées au bout arrondi. Un sac de peau en bandoulière, un nez renflé comme une bonbonne, un ventre proéminent, des joues rosées encadrant des yeux malicieux, des sourcils aussi épais que des buissons, une peau tannée par les ans.
L’individu souleva son chapeau et libéra une chevelure exubérante.
« Bonjour chers amis, je suis Jarwal le lutin. »
Une voix étrangement posée, grave et profonde comme un gouffre. Sur un visage aussi rieur, l’effet était percutant.
« Je vous attendais et j’espérais ce moment depuis longtemps déjà.
-Comment savais-tu que nous viendrions ici ? lança Marine, ébahie.
-Je le savais, c’est tout.
-Et pourquoi dis-tu que tu espérais ça depuis longtemps ? continua-t-elle.
-Il fallait que je vous parle. Aujourd’hui, c’était l’occasion rêvée. »
Les trois enfants restaient serrés, nullement rassurés par cette apparition irréelle.
« N’ayez pas peur de moi chers enfants. Je sais que mon apparition est brutale et que vous n’êtes pas habitués à croiser des lutins tous les jours.
-C’est sûr », pensa Rémi secrètement.
Léo essayait de reconnaître un de ses copains sous un fabuleux déguisement.
Rémi se demandait comment cet étrange individu avait pu apparaître aussi soudainement, sans qu’ils n’aient rien entendu.
« Qu’est-ce que vous nous voulez ? interrogea Marine qui s’efforçait de retrouver son calme.
-J’ai besoin de vous parler. C’est même bien plus qu’un besoin, c’est vital.
-Est-ce que vous êtes armés ?
-Non, Marine, ne t’inquiète pas. Tu tiens très bien ton rôle de grande sœur mais je t’assure que vous ne risquez rien. Je ne vous veux aucun mal, bien au contraire. Je vous connais depuis longtemps et je vous aime beaucoup.
-On ne t’a jamais vu pourtant ? Comment c’est possible que tu nous connaisses ? s’insurgea Rémi qui tenait à montrer son courage.
-Tu t’appelles Rémi, tu as douze ans. Tu adores le ski, tu aimes les histoires d’aventures.
-Et moi ?
-Tu es Léo, tu as dix ans, tu es dans la classe de ton papa qui est instituteur. Tu adores l’escalade et les voyages, comme ton grand frère d’ailleurs. Et Marine, votre grande sœur a treize ans. Elle adore la nature, les livres, les légendes. Mais, ça serait très long que je raconte tout ce que je sais de vous. Il a fallu que je vous observe pendant longtemps avant de savoir si vous pouviez être les Messagers.
-Les Messagers ? Qu’est-ce que c’est que ça ?
-Chère Marine, je vais descendre auprès de vous trois vous expliquer tout ça.
-Non, ne bouge pas de là-haut, lança-t-elle fermement. Ouvre d’abord ton manteau et montre l’intérieur de ton sac. Je veux être certaine que tu n’as pas un couteau ou une autre arme avant de t’approcher. »
Le lutin obtempéra immédiatement en souriant. Il délaça une cordelette usagée et ouvrit son manteau. Il n’y avait qu’un ventre dodu couvert par une chemisette rapiécée. Il prit son sac et y plongea la main. Il en sortit un volumineux ouvrage.
« Voilà le Livre, celui pour lequel je suis là. »
Les trois enfants furent surpris qu’un livre aussi gros tienne dans un aussi petit sac sans même qu’il n’en dépasse ou ne déforme la peau. Comme si la musette n’avait pas de fond…
« Bien, tu peux descendre Jarwal, annonça Marine.
-Merci, chère enfant. »
Le lutin fit un bond prodigieux accompagné d’une pirouette et retomba souplement sur ses pieds devant le trio éberlué.
« Wouah, comment tu as fait ça, trop génial ! lança Léo.
-Je savais que ça te plairait l’acrobate, tu es très fort également, je t’ai vu grimper sur les rochers et aux arbres. Tu es très adroit aussi. Et Rémi n’est pas à plaindre non plus.
-Tu dis que tu nous as vus et nous, on ne t’a jamais vu. Comment est-ce possible ? demanda Marine.
-Beaucoup de choses sont possibles Marine. Sauf celles qu’on juge impossibles. Ce sont nos pensées qui construisent la réalité. Mais j’aimerais vous parler de moi. Vous avez le droit d’en savoir davantage et ainsi vous ne vous sentirez plus en position d’insécurité car c’est ça qui vous gêne pour l’instant. »
Le lutin s’assit en tailleur devant les trois enfants, il plongea la main dans son sac et en sortit une petite bourse en cuir.
« Je peux t’emprunter ta gourde Rémi s’il te plaît ?
-Oui, acquiesça le garçon, intrigué.
-Ceci est du sel, » expliqua-t-il en déposant une pincée sur sa langue. Il fouilla dans son sac et en ressortit une timbale cabossée.
Le lutin déposa un nuage de grains dans le récipient et le montra aux enfants.
« Vous voyez, le sel est bien là, au fond. »
Il remplit la timbale avec l’eau de la gourde.
« L’eau est visible mais plus le sel. Et pourtant, il est là mais il s’est dissous. Et bien, il en est de même avec la vie. On voit ses formes et je sais que vous aimez celles de la nature, on voit que son imagination est incommensurable mais tout cela n’est qu’une infime parcelle du réel. Ce que vous percevez par vos sens forme de multiples réalités mais l’essentiel n’est pas visible car il est dissous dans les formes. C’est l’énergie fondatrice et c’est elle qui constitue ce que j’appelle le réel. Sans cette énergie, il n’y aurait aucune forme et par conséquent aucune des réalités que vous percevez. Si je suis à vos côtés, c’est parce que je sais que vous êtes capables de comprendre ça. Non pas avec votre tête mais avec votre âme. Avec votre amour de la vie. Parce que vous êtes des cœurs purs. Des âmes qui ne se sont pas égarées. Tu parlais tout à l’heure des aveuglés, Marine. Eh bien, vous n’en faites pas partie. »
Un silence interrogatif. Des réflexions secrètes au cœur de chacun.
Marine scrutait le visage de Jarwal. Les yeux brillaient de malice et en même temps, du visage, émanait une infinie sagesse, une connaissance immense. Elle n’arrivait pas à lui donner d’âge.
« J’ai 835 ans Marine, si je parle selon votre notion du temps. »
Marine se demanda s’il lisait dans les pensées.
« 835 ans ! reprit Léo, estomaqué.
-C’est impossible, répliqua Rémi aussitôt.
-Je ne suis pas de votre monde les enfants. Et je n’ai pas la même mission à mener. Celle-ci réclame une durée de vie extensible. Mais, voilà mon histoire. Assez de mystères. Je suis le Gardien du Livre. Celui qui doit veiller sur la vie des êtres du Petit Peuple, les lutins, les gnomes, les elfes, les fées, les korrigans mais également sur la Nature. Et ce Petit Peuple est en péril tout comme la Nature. Ce que les hommes ont nommé le progrès représente finalement une menace redoutable. Mon rôle est de trouver des êtres prêts à changer de voie en espérant qu’ils parviendront à toucher leurs semblables.
-Et c’est à nous que tu as pensé ? C’est nous que tu as choisis ?
-Oui Marine, vous et d’autres enfants à travers le monde.
-Et que devons-nous faire ? demanda Rémi, intrigué.
-Juste écouter ce que j’ai à vous dire. Maintenir la vie du Petit Peuple en leur offrant une place dans votre esprit. Aimer la Nature pour que votre engagement et votre attitude servent de modèle.
-Mais on est que des enfants nous ? On ne peut pas faire ça ? objecta Léo qui n’en perdait pas une miette.
-Un enfant est un adulte en devenir et nous savons, tous mes amis et les Grands Sages, que l’avenir de ce monde est entre les mains des enfants. Non pas qu’ils doivent entrer en lutte contre les adultes d’aujourd’hui mais ils doivent ne pas devenir les mêmes adultes. Et il est très difficile de ne pas suivre les modèles les plus puissants. Vous, les enfants, êtes des proies très fragiles. Les adultes le savent d’ailleurs et s’en servent.
-Nos parents ne sont pas de mauvais adultes, contesta Rémi.
-Je le sais Rémi et c’est aussi une des raisons de mon choix. Vos parents vous ont déjà lancés sur une voie différente. Vous ne faites pas partie de la masse aveuglée. D’autres enfants à travers le monde ont cette chance. C’est vous tous que nous avons pour mission de contacter.
-Tu n’es pas tout seul dans cette mission alors ?
-Non Marine, j’ai des compagnons. Mais nous devons rester discrets et prudents. Je suis par contre le seul gardien du Livre. Mes compagnons n’en possèdent que des copies.
-Pourquoi vous ne parlez pas à tout le monde ?
-Parce que nous serions pourchassés Léo. Regarde les peuples minoritaires qui peuplent encore cette planète, ceux qui sont encore en contact avec la Nature, ceux qui l’aiment et la respectent. Ils sont parqués, humiliés, exterminés parfois. Beaucoup ont même déjà totalement disparu. Nous ne sommes même pas des humains. On ne nous ferait aucune grâce. Nous serions des ennemis à abattre. Notre message ne correspond absolument pas aux projets et aux objectifs de la majorité des hommes aujourd’hui. Surtout des hommes les plus puissants. C’est pour cela que nous avons décidé de nous adresser aux enfants.
-Est-ce que nous avons la possibilité de refuser ?
-Bien entendu Marine. Vous êtes totalement libres et je vous assure que cela ne comporte aucun danger. Il s’agit juste d’écouter une histoire.
-Je ne vois pas en quoi ça pourrait sauver le Petit Peuple, s’étonna Rémi.
-C’est parce que je ne vous ai pas encore tout expliqué. »
Le lutin posa le grand livre devant lui, cérémonieusement, avec une infinie précaution, comme s’il manipulait un trésor inestimable. La couverture en cuir épais portait des inscriptions soignées, des calligraphies minutieusement taillées, des dessins en relief, creusés dans la matière, un titre imposant.
« Le Livre. »
Marine n’en avait jamais entendu parler, elle n’avait jamais rien lu sur cet ouvrage mystérieux.
Jarwal ouvrit le livre par la fin. Il tourna lentement les pages, lissant amoureusement le papier granuleux avant de prendre la page précédente. Chaque feuille était blanche, vide. Du visage du lutin émanait une tristesse insondable.
Les enfants ne comprenaient pas. Quel était l’intérêt d’un livre sans histoires ?
À chaque page, ils espéraient voir apparaître quelques lignes, un dessin…Mais le lutin continuait son douloureux égrenage de pages blanches, vides, ternes sans oublier de caresser précieusement chaque étendue dévoilée avant de continuer. Il arriva enfin vers la moitié de l’ouvrage et les trois enfants virent apparaître quelques mots, une demie ligne, quelques esquisses de phrases, hachées, coupées, comme gommées par endroits, une respiration de moribond, puis les pages se remplirent davantage, les mots prirent un rythme régulier, des dessins apparurent, des enluminures sur les bords, puis des couleurs égayèrent l’ensemble.
Le visage du lutin avait changé, une esquisse de sourire, moins de douleur au fond des yeux, un regard attendri comme s’il veillait un nouveau-né.
« Voilà le drame de ma longue vie. »
Le lutin ferma le livre et tourna vers les enfants l’épaisse couverture."
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L'hormèse à la Saint Valentin
- Par Thierry LEDRU
- Le 14/02/2020
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A la saint Valentin, offrez- vous un bain froid en montagne, ça ne coûte rien et ça fait du bien ^^
L’hormèse (du grec hórmēsis, mouvement rapide d'impatience, du grec ancien hormáein, mettre en mouvement) désigne une réponse de stimulation des défenses biologiques, généralement favorable, à des expositions de faibles doses de toxines ou d'autres agents ou phénomènes générateurs de stress (pic de température par exemple). À cause de ce mécanisme, certains toxiques naturels ou agents polluants peuvent avoir un effet opposé suivant que la dose reçue est faible ou forte. Ces agents sont dits hormétiquesa.
Wikipedia
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Ambroize Croizat, "Ministre des Travailleurs"
- Par Thierry LEDRU
- Le 12/02/2020
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Ambroise Croizat, le "Ministre des travailleurs"
UN MILLION de personnes à l'enterrement d'un Ministre... Aujourd'hui, si on enlève les journalistes, la famille et les comparses du défunt, il y en a combien ?...
De tous les collégiens ou lycéens dont l'établissement porte le nom de cet homme, combien le connaissent ?
Qu'ils n'attendent pas de ce gouvernement pour le leur faire découvrir.
Lors de Son premier discours en tant que ministre du Travail à l’Assemblée, il déclare : « Il faut en finir avec la souffrance, l’indignité et l’exclusion. Désormais, nous mettrons l’homme à l’abri du besoin. Nous ferons de la retraite non plus une antichambre de la mort mais une nouvelle étape de la vie. »
RETRAITES : QUAND MACRON ENTERRE CROIZAT UNE SECONDE FOIS
Par
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L'enterrement d'Ambroise Croizat, le 19 février 1951, Ciné Archives (Capture d'écran, modifiée) - 9.7K
Le 11 février 1951, mourait Ambroise Croizat, l’anti-Macron par excellence. Le seul ministre du Travail à avoir été ouvrier voulait faire en sorte que « la retraite ne soit plus une antichambre de la mort mais une nouvelle étape de la vie ». Il s’éteignait à cinquante ans, d’épuisement, après avoir joué un rôle clé dans l’édification du modèle social français, tant jalousé à l’étranger, tant décrié par nos élites politiques et économiques. Car le projet de réforme des retraites porté jusqu’à l’absurde par le gouvernement vise précisément à en finir une fois pour toutes avec le système de protection sociale et de solidarité nationale que Croizat, avec d’autres, nous a légué, face à la pression du secteur des assurances privées et des fonds de pension, qui comptent bien là prendre leur revanche pour de bon.
AMBROISE CROIZAT, UN « PÈRE DE LA SÉCU » ET DES RETRAITES LONGTEMPS IGNORÉ
C’est en effet à Ambroise Croizat que revient, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le rôle de déposer les projets de lois sur la Sécurité sociale et la retraite des vieux travailleurs et de les défendre publiquement devant l’Assemblée, les groupes d’intérêts opposés et la presse.
Fils de manœuvre, né le 28 janvier 1901 à Notre-Dame-de-Briançon en Savoie, Ambroise Croizat connaissait particulièrement bien la réalité de la condition ouvrière. En 1906, son père, Antoine Croizat, organisa l’une des premières grèves pour revendiquer une protection sociale, à travers une caisse de secours qui garantirait une couverture en cas d’accident ou de maladie. Après avoir été licencié à la suite de ces grèves, sa famille part pour Ugine, puis Lyon, où Ambroise devient ouvrier dès l’âge de treize ans, et entre aussitôt à la CGT.
En 1917, il s’inscrit aux Jeunesses socialistes puis adhère à la SFIO l’année suivante. Rejoignant le Parti communiste dès sa création en 1920, il anime les grandes grèves de la métallurgie lyonnaise. Dirigeant des Jeunesses communistes, il est ensuite nommé secrétaire de la Fédération unitaire des travailleurs de la métallurgie. En 1936, il devient secrétaire général de la Fédération des métallurgistes de la CGT unifiée. Surtout, la même année, il est élu député de Paris, mandat au cours duquel il sera rapporteur de la loi sur les conventions collectives à la Chambre.
Plaque en hommage à Ambroise Croizat de la part de la RATP, Métro Porte-d’Orléans °Flickr remiforall Arrêté en octobre 1939, avec ses collègues communistes, à la suite du pacte de non-agression germano-soviétique, Ambroise Croizat est déchu de son mandat de député et condamné à cinq ans de prison, puis transféré au bagne d’Alger. Libéré le 5 février 1943, il est aussitôt nommé par la CGT clandestine à la Commission consultative du Gouvernement provisoire à Alger.
Par la suite, il siège à partir de novembre 1943 à l’Assemblée consultative provisoire, au titre de la CGT, et préside la Commission du Travail et des Affaires sociales, où ont lieu les discussions sur la législation sociale à mettre en place à la Libération, dans laquelle la Sécurité sociale s’inscrit pleinement.
Lors de Son premier discours en tant que ministre du Travail à l’Assemblée, il déclare : « Il faut en finir avec la souffrance, l’indignité et l’exclusion. Désormais, nous mettrons l’homme à l’abri du besoin. Nous ferons de la retraite non plus une antichambre de la mort mais une nouvelle étape de la vie. »
Cette implication précoce d’Ambroise Croizat dans le projet de Sécurité sociale est en tout cas confirmée par Georges Buisson, dans un discours à l’Assemblée consultative le 31 juillet 1945, lors duquel il présente son rapport : « Dès avant ce dépôt [d’une demande d’avis sur le projet du gouvernement], notre commission, sur la demande de son président [Ambroise Croizat], s’était saisie de cette importante question et avait consacré deux séances à un examen préalable. »
Par la suite, il est élu membre des deux Assemblées constituantes, ainsi qu’à l’Assemblée nationale de 1946 à sa mort. Mais son rôle dans la mise en place de la Sécurité sociale est à son apogée lorsqu’il devient ministre du Travail le 21 novembre 1945.
Son premier discours en tant que ministre du Travail à l’Assemblée, le 3 décembre 1945, témoigne de la priorité que constituent pour lui la Sécurité sociale et la retraite des vieux travailleurs : « Il faut en finir avec la souffrance, l’indignité et l’exclusion. Désormais, nous mettrons l’homme à l’abri du besoin. Nous ferons de la retraite non plus une antichambre de la mort mais une nouvelle étape de la vie. »
À la tête de ce ministère, il dépose pas moins de quarante-cinq projets de loi. Il y joue également un rôle majeur dans l’implantation des caisses sur l’ensemble du territoire à travers la mise en place de 138 caisses primaires d’assurances maladie ainsi que les 113 caisses d’allocations familiales, entre novembre 1945 et juillet 1946. Pour ce faire, il s’appuie sur les travailleurs et les militants de la CGT avec lesquels il semble garder un contact permanent. Aussi s’adresse-t-il à eux le 12 mai 1946 : « Rien ne pourra se faire sans vous. La sécurité sociale n’est pas une affaire de lois et de décrets. Elle implique une action concrète sur le terrain, dans la cité, dans l’entreprise. Elle réclame vos mains … »
Le 7 avril 1946 déjà, Croizat proposait à l’Assemblée nationale l’extension de l’allocation aux vieux travailleurs salariés à tous les Français. Le nom de Croizat est ainsi associé à la fois à la construction de l’édifice législatif de la Sécurité sociale, à sa dimension affective pour les militants, et à l’implantation territoriale de ces caisses. En somme, à la concrétisation du plan rédigé par Pierre Laroque, afin qu’il ne demeure pas une simple orientation théorique, classée sans suite.
CROIZAT, LAROQUE, LES DEUX FACES D’UNE MÊME PIÈCE ?
Cette complémentarité de la conception technocratique de Pierre Laroque et de l’action politique d’Ambroise Croizat est apparue comme la garantie de la mise en œuvre d’un plan de Sécurité sociale à la hauteur de l’espérance d’une population fragilisée par la guerre, édifice qu’ils ont donné en héritage à l’ensemble des Français. Un tel édifice aurait été difficilement envisageable, sans d’une part, la rigueur et le savoir-faire juridique de Pierre Laroque et, de l’autre, le dévouement et la force de mobilisation d’Ambroise Croizat.
Au centre, Ambroise Croizat, ministre du Travail et de la Sécurité sociale. Assis, à sa droite, Pierre Laroque, directeur de la Sécurité sociale. Ils sont considérés comme les « pères de la Sécu ». S’ils en ont en quelque sorte ouvert la voie, c’était bel et bien dans la perspective qu’elle devienne collective, à travers la gestion par les intéressés eux-mêmes, au cœur d’un « ordre social nouveau ». La meilleure façon de rendre hommage à l’un et à l’autre reste probablement de rappeler ce qui les unissait : une vision de la société fondée sur la sécurité sociale, entendue comme droit social de l’homme, et comme dette sacrée de la Nation. Une ambition alors partagée par des millions de Français, et mise en œuvre par autant d’anonymes, tous acteurs à leur échelle de cette page majeure d’une histoire populaire de la France.
Témoignant de cette entente, en 1947, Pierre Laroque reconnaissait lui-même le rôle décisif que joua Ambroise Croizat dans la mise en place de la Sécurité sociale. Il notait ainsi : « En quelques mois et malgré les oppositions, a été bâtie cette énorme structure […] Il faut dire l’appui irremplaçable d’Ambroise Croizat. C’est son entière confiance manifestée aux hommes de terrain qui est à l’origine d’un succès aussi rapide. »
DE LA « LOI CROIZAT » À LA FIN DU PROGRAMME DU CNR, UNE MISE EN ŒUVRE MOUVEMENTÉE
À la tête du ministère, Ambroise Croizat tente par exemple de contourner l’interdiction de valorisation salariale en doublant les allocations familiales, puis en augmentant de 50 % la rémunération des heures supplémentaires. Il supprime également l’abattement de 10 % sur les salaires féminins, ce qui, en plus de réaliser l’égalité salariale entre les sexes, permet une hausse de cotisations pour la Sécurité sociale, ce qui devrait créer un cercle vertueux en faveur du régime général.
Extrait de l’Humanité du 3 mai 1946, vantant la « loi Croizat ». ° Gallica C’est dans une ambiance particulièrement conflictuelle qu’Ambroise Croizat prononce l’un de ses principaux discours, devant l’Assemblée, le 8 août 1946. Il y qualifie la législation adoptée de « compromis, mais un compromis très positif, réalisé sous la pression populaire », témoignant ainsi à la fois des avancées que cet ensemble de lois représente pour la population, réalisées grâce à son soutien, et en même temps des limites qui y ont été imposées par les différentes oppositions au régime général.
Les débuts de la Guerre froide jouent un rôle décisif dans cette conflictualisation des relations entre les forces du tripartisme, ce qui ne manque pas de menacer la bonne application du plan de Sécurité sociale. Cette situation aboutit en 1947-1948 à la scission entre la CGT et FO, portant atteinte au front syndical qui avait permis la réussite de la mise en place des caisses de Sécurité sociale.
Cette rupture se traduit également, au même moment, par la fin de la participation des ministres communistes au gouvernement, et avec eux d’Ambroise Croizat. En ce sens, l’historienne Claire Andrieu relève que « le commencement de la guerre froide et le départ des communistes du gouvernement marquent la fin de l’expression au niveau politique des solidarités nées dans la Résistance. Le programme du CNR perd son milieu nourricier et entre dans la légende. »
Le lendemain de son éviction du ministère du Travail, Ambroise Croizat, dans un meeting à Saint-Denis, indique : « Ma présence au ministère ne m’a jamais fait oublier mon origine et mon appartenance à la CGT. Je ne mériterais pas votre confiance si, par malheur, je m’étais laissé aller, au cours de mon activité gouvernementale, à oublier vos souffrances et vos intérêts. Ces derniers se confondent trop avec ceux de la nation pour qu’un ministre communiste puisse les oublier. […] La lutte continue pour l’indépendance nationale et l’instauration d’un bien-être pour tous … »
« Jamais nous ne tolérerons que soit rogné un seul des avantages de la Sécurité sociale, nous défendrons à en mourir et avec la dernière énergie cette loi humaine et de progrès. »
Ambroise Croizat et ses camarades, renvoyés sur les bancs de l’Assemblée, semblent demeurer quelque peu impuissants dans les évolutions portant sur la Sécurité sociale et les retraites. L’ancien ministre du Travail et de la Sécurité sociale continue à déposer pas moins de quatorze projets de loi en tant que député, de son exclusion du gouvernement Ramadier le 5 mai 1947 à sa mort, mais ces propositions ont désormais avant tout valeur de témoignage.
Elles s’inscrivent dans la stratégie de lutte pour la défense de l’œuvre dont il a été l’un des acteurs majeurs. Quelques mois avant sa mort, il lègue ainsi en quelque sorte cette lutte pour héritage, lors de son dernier discours à l’Assemblée, le 24 octobre 1950 : « Jamais nous ne tolérerons que soit rogné un seul des avantages de la Sécurité sociale, nous défendrons à en mourir et avec la dernière énergie cette loi humaine et de progrès. » Cette citation, l’une des plus reprises par la littérature militante évoquant Ambroise Croizat, sonne comme une mise en garde pour l’avenir de la Sécurité sociale, source d’inquiétudes pour son ancien ministre de tutelle, dont la santé décline.
LA DISPARITION DU « MINISTRE DES TRAVAILLEURS »
Son décès, le 11 février 1951, est marqué par de nombreux hommages, rendus dans l’ensemble de la classe politique. Le plus représentatif est certainement celui d’Édouard Herriot, alors président de l’Assemblée, qui prononce le 13 février un éloge funèbre au début de la séance, devant les députés debout pour honorer la mémoire de leur ancien collègue.
« C’était comme un fleuve veiné de tricolore où tremblait la brume des cravates de crêpe. Œillets, lilas par milliers, des couronnes sur toute la largeur de la rue. Par milliers, sur des kilomètres. Comme si des parterres fleuris s’étaient mis soudain à marcher. »
Édouard Herriot salue ainsi cet homme, qui « tenait un langage de ministre, remarquable chez un homme qui n’a été formé que par les cours du soir. […] On comprend que les travailleurs se montrent à ce point émus par la disparition de celui qui leur fut si étroitement dévoué. Ministre du travail, il leur disait un jour : « J’entends demeurer fidèle à mon origine, à ma formation, à mes attaches ouvrières et mettre mon expérience de militant au service de la nation. » Reconnaissons qu’il est demeuré fidèle à ce programme. »
Outre les hommages provenant de la classe politique, qui reconnaît unanimement le dévouement de Croizat, son enterrement « à la Victor Hugo », qui réunit près d’un million de personnes selon Michel Etiévent, démontre la reconnaissance du peuple ouvrier pour celui qu’il nomme le « Ministre des Travailleurs ».
Le lyrisme du journaliste de L’Humanité Jean-Pierre Chabrol, présent le 17 février 1951 à l’enterrement d’Ambroise Croizat, permet de saisir l’importance de cette cérémonie pour les militants communistes et cégétistes : « C’était comme un fleuve veiné de tricolore où tremblait la brume des cravates de crêpe. Œillets, lilas par milliers, des couronnes sur toute la largeur de la rue. Par milliers, sur des kilomètres. Comme si des parterres fleuris s’étaient mis soudain à marcher. Mineurs du Nord ou d’Alès, en bleu, lampe au côté, métallos de Citroën ou de Renault, élus barrés d’écharpes, la France entière s’était, ici, donné rendez-vous. »
En témoigne aussi Fernand Crey, ouvrier chimiste de Savoie, qui a fait le déplacement à Paris : « Il y avait un monde fou. Le Père-Lachaise était plein et la foule arrivait de partout. C’était la première des grandes figures du Parti communiste qui disparaissait après la Libération. Il laissait un héritage social considérable. On lui devait tout : la Sécu, les retraites, les conventions collectives, la prime prénatale, le statut des mineurs et des électriciens et gaziers, les Comités d’entreprise, la Médecine du travail … Tout ce qui te rend digne et te débarrasse des angoisses du lendemain. »
Les images filmées du cortège d’Ambroise Croizat sont à ce titre saisissantes, dévoilant en effet une foule immense, preuve de la popularité du responsable, portant des portraits du défunt, des gerbes offertes par les délégations ouvrières, des drapeaux en berne, et une tribune d’où lui rendent hommage les principaux dirigeants du mouvement ouvrier alors présents.
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Auteur d’un article sur la « liturgie funèbre des communistes », Jean-Pierre Bernard propose une analyse intéressante du devoir de mémoire communiste, révélant un usage politique, mais aussi une dimension quasi métaphysique, à travers une forme de sacralisation laïque de ses héros disparus, dont le dévouement pour la classe ouvrière inspire à la fois humilité et admiration.
« L’image de la mort prématurée imputable à l’activisme militant revient régulièrement » selon lui, avant de citer l’exemple d’Ambroise Croizat, s’appuyant sur un article qui lui rend hommage dans L’Humanité, le lendemain de sa mort : « Après une grave intervention chirurgicale parfaitement réussie, la convalescence suivait son cours et l’impression du corps médical était que la guérison devait venir normalement. Brusquement, une hémorragie intestinale s’est produite, compliquée d’une crise d’urémie, qui a entraîné une mort rapide. Cette complication a été d’autant plus grave que l’organisme d’Ambroise Croizat était déjà miné par les privations et le surmenage de sa vie militante ».
Croizat est ainsi présenté comme mort d’épuisement afin de réaliser la conquête de nouveaux droits pour les travailleurs, symbole de sa générosité et de son dévouement héroïque, voire sacrificiel, à la classe ouvrière. Sa mort comporte donc une dimension communautaire, à l’origine d’une mémoire collective de cette étape importante du mouvement ouvrier, à travers l’exemple qu’il constitue pour les militants.
Malgré l’importance de ces obsèques et de la volonté d’inscrire l’œuvre d’Ambroise Croizat dans la mémoire collective de la classe ouvrière, les décennies suivant cette disparition ont été marquées par une activité mémorielle relativement modeste. La place que l’histoire de la Sécurité sociale, dont les premiers travaux sortent dès les années 1950, lui accorde, semble pourtant secondaire par rapport à celle qu’y occupe Pierre Laroque, qui poursuit pendant les décennies suivantes son activité de haut-fonctionnaire en charge des questions liées à la protection sociale, de telle sorte que son ancien ministre de tutelle semble tomber peu à peu dans l’oubli.
L’intérêt primordial que porte cette histoire aux questions administratives et financières, versant assumé essentiellement par Laroque, est ainsi à l’origine d’une mémoire institutionnelle de la Sécurité sociale autour de sa figure, qui contraste donc fortement avec la mémoire populaire et collective d’Ambroise Croizat, qui va progressivement se réduire à des cercles militants. Une paternité que le général de Gaulle revendique à cette période lui aussi, à travers la mise en récit autobiographique qu’il propose de la Libération, dans laquelle il incarne presque à lui seul les orientations de la Résistance et du CNR, à l’origine de la Sécurité sociale.
ENTRE BLACKROCK ET CROIZAT, MACRON A FAIT SON CHOIX
La suite de l’histoire de la Sécurité sociale et des retraites est quant à elle marquée par une série de réformes qui ont eu pour effet de les vider peu à peu de leur substance. Elles ont ainsi subi des attaques répétées de la part de ces gouvernements successifs, toujours selon l’objectif annoncé de « sauver » la Sécurité sociale, ou de « garantir les retraites », mais qui masque en fait une volonté inavouable de libéraliser le système de protection sociale, de surcroît lorsqu’ils traitent de sa nécessaire « modernisation » pour l’adapter aux défis contemporains.
Il suffit de lire Denis Kessler pour comprendre que c’est l’ensemble de l’édifice social bâti dans le sillage du CNR qui est en danger. Éditorialiste à Challenges, ancien vice-président du MEDEF, directeur général de la compagnie d’assurances privées AXA et président de la Fédération française des sociétés d’assurances, il apparaît comme le porte-parole des détracteurs du système de protection sociale « à la française ». Il se donnait ainsi en 2007 la mission d’influencer la politique du gouvernement, en déclarant : « Le modèle social français est le pur produit du Conseil national de la Résistance. […] Il est grand temps de le réformer. […] La liste des réformes ? C’est simple, prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exception. Elle est là. Il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance ! »
Ces propos, qui visaient à disqualifier la modernité de la Sécurité sociale en reprenant un argumentaire déjà employé par le CNPF en 1948, louaient la nouvelle génération de dirigeants, incarnée selon lui par Nicolas Sarkozy, et sûrement plus encore, dix ans plus tard, par Emmanuel Macron, génération qui n’a pas peur de « désavouer les pères fondateurs ».
Décrit comme dépassé et incompatible avec le contexte économique et social du XXIe siècle, le modèle social français est ainsi remis en cause par une série d’attaques violentes et répétées contre les conquêtes du CNR.
« L’histoire du mouvement ouvrier et la page de la création de la Sécurité sociale qu’on peut y lire seraient dès lors la preuve, pour les tenants du nouveau monde, que ce modèle appartient au passé. »
Pendant la campagne présidentielle, Emmanuel Macron lui-même avait annoncé la couleur, lorsqu’il avait déclaré le 4 septembre 2016, sur France inter, que « le modèle de l’après-guerre ne marche plus. Le consensus politique, économique et social, qui s’est fondé en 1945 et qui a été complété en 1958, est caduc. […] Le monde du travail de demain, c’est un monde dans lequel chacune et chacun devra plusieurs fois dans sa vie changer vraisemblablement d’entreprise, de secteur, et peut-être de statut, et donc, c’est un monde où il faut permettre à chacune et chacun de s’adapter à ces cycles économiques qui sont en train de se retourner. »
Ce programme, qui rappelle l’argumentaire mis en place par Denis Kessler pour en finir avec les mesures du CNR, fait en même temps écho à la conception de la Sécurité sociale que de Gaulle exprimait en 1963, à savoir un système fondé sur la responsabilisation des individus, considérés comme des agents économiques mineurs, devant apprendre à assurer leur existence par leur initiative personnelle. On notera également le caractère décomplexé de cette remise en cause du modèle social français, qui renvoie à la volonté de moderniser un monde devenu obsolète et inadapté aux défis de demain.
La portée polémique de cette question semble même recherchée, afin d’établir une nouvelle ligne de clivage entre d’un côté des « conservateurs », responsables du ralentissement économique du pays et représentants d’un ancien monde, et de l’autre côté des « progressistes », responsables et déterminés à adapter la France aux exigences de la mondialisation. L’histoire du mouvement ouvrier et la page de la création de la Sécurité sociale qu’on peut y lire seraient dès lors la preuve, pour les tenants du nouveau monde, que ce modèle appartient au passé.
C’est précisément cet agenda que le président de la République a appliqué depuis son arrivée au pouvoir : finir le travail de sape engagé par ses prédécesseurs, afin d’en finir avec le modèle social que Croizat, avec d’autres, avait mis en place pour « en finir avec la souffrance et l’angoisse du lendemain. »
À ce titre, le « nouveau monde » d’Emmanuel Macron et le système de retraites par capitalisation qu’il s’obstine à imposer aux Français sonnent bel et bien comme un bond en arrière, un recul jusque-là inédit. Convoquer la mémoire de Croizat, et celle des centaines de milliers – du million ? – de personnes qui descendirent dans les rues de Paris lui rendre un dernier hommage, lors de son enterrement, c’est rappeler l’héritage révolutionnaire inestimable qu’il nous a légué, et lutter contre la condamnation à l’oubli qui guette l’une des institutions les plus populaires auprès des Français.
À (re)lire également : Les gilets jaunes responsables du « Trou de la sécu » : analyse d’une manipulation médiatique
Michel Étiévent, Ambroise Croizat ou l’invention sociale, 1999.1
À (re)voir : La Sociale, film de Gilles Perret, 2016.
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Un auteur de talent : Gilles Milo-Vacéri.
- Par Thierry LEDRU
- Le 12/02/2020
- 2 commentaires
Le rêve de tous les auteurs : une chronique de cette qualité. Détaillée sans pour autant dévoiler l'intrigue elle-même, un appel à la lecture.
Quand on voit combien il est rare de n'avoir qu'un seul mot, une petite phrase, une étoile dans le ciel éteint des commentaires de lecteurs, lectrices, ce genre de chronique est un bonheur sans nom.
Et c'est amplement mérité car Gilles Milo-Vacéri est une pointure dans son domaine. A lire avec délectation pour les adeptes des histoires prenantes, documentées, riches, surprenantes.
Publié le par Goéwin
Publié dans : #Enquête, #Thriller, #Gerfaut, #Gilles Milo-Vacéri, #Bushido, #Japon, #Samouraï, #Katana, #Geisha, #Voie du Sabre
« L'Honneur du Samouraï — Les enquêtes du commandant Gabriel Gerfaut Tome VIII » de Gilles Milo-Vacéri — Les Éditions du 38
Résumé :
À la fin de l’année 1945, après la défaite du Japon contre les États-Unis, tous les sabres appartenant aux Japonais doivent être remis aux forces d’occupation américaines. C’est ainsi que le célèbre Honjo Masamune, un katana forgé au XIVe siècle, disparaît.
En juin 2019, le précieux sabre réapparaît à Paris dans une vente d’objets volés. L’ayant saisi, le gouvernement français décide de le rendre au Japon et invite la famille impériale. En attendant, le katana et les antiquités récupérées sont exposés au Louvre.
Lors du transfert du Honjo Masamune vers l’ambassade du Japon, un commando armé massacre l’escorte et le sabre est à nouveau dérobé. Le commandant Gerfaut et ses adjoints sont missionnés pour éviter l’incident diplomatique, mais des attentats sont commis contre la famille impériale.
Qui a volé le katana d’une valeur inestimable ? Qui veut assassiner le prince Daisuke ?
Gerfaut devra se familiariser avec le Bushido, le code d’honneur des samouraïs, pour affronter les fantômes surgis du passé…
L'honneur du samouraï est la huitième enquête du commandant Gabriel Gerfaut.
Chronique : ♥ ♥ ♥ ♥ ♥
Coup de cœur ! Une plongée fascinante dans le Japon du « Bushido », de la « Voie du Sabre » et une enquête haletante, totalement addictive !
Je suis toujours bluffée par la capacité de Gilles Milo-Vacéri à nous faire voyager et à nous surprendre. « L’Honneur du Samouraï » nous entraîne tout d’abord dans le Japon de 1945. Il nous relate un épisode très peu connu de la remise de tous les sabres à l’armée américaine suite à la défaite du Japon. Puis de retour en 2019, le dépaysement est toujours aussi intense et il nous dévoile l’univers des geishas. À ma grande honte, j’ai réalisé mon ignorance ; je les assimilais plus ou moins à des prostituées de luxe alors qu’elles ne sont que noblesse, délicatesse et au service de l’Art.
Les connaissances de l’auteur m’impressionnent et j’admire l’important travail de recherche effectué. Ainsi le personnage principal n’est autre que le katana Honjo Masamune, un katana légendaire qui a réellement existé et disparu en 1945. Je remercie Anita Berchenko ainsi que Les Éditions du 38 pour leur confiance et l’envoi de « L’Honneur du Samouraï » en service presse.
Le Honjo Masamune Tout commence par la disparition du Honjo Masamune et sa découverte lors d’une saisie d’objets d’art volés. Il s’agit d’un trésor national japonais. Tout aurait pu bien se passer si la politique ne s’en était pas mêlée. Et en effet, ce qui devait être une « simple » restitution va se transformer en « piège » orchestré par les hommes politiques dans l’espoir de recevoir le premier ministre nippon et de le convaincre d’acheter des Airbus. Mais à malin malin et demi et l’empereur va avoir une idée géniale pour déjouer la ruse française : se rendre lui-même à la restitution et comme il n’a aucun pouvoir politique, pas question de discuter un éventuel contrat.
Armure de Tokugawa Ieyasu. Comme il s’agit d’objets d’art, nous retrouvons le commandant Enzo Battista, le complice et ami de Gerfaut, ce qui nous promet plusieurs échanges savoureux. Les deux ensemble s’entendent comme personne pour faire tourner en bourrique leurs divisionnaires respectifs et cela pour notre plus grand plaisir. Humour garanti ! Mais tous deux ont un mauvais pressentiment, cette restitution fait sonner toutes leurs alarmes. Or, on peut leur faire confiance, cela va mal tourner, c’est sûr. Et très vite les choses vont se compliquer, le katana va de nouveau disparaître tandis que les mystères s’épaississent et que les tueurs semblent se multiplier. C’est une bataille contre la montre qui va s’engager dans laquelle les supposés commanditaires du vol ne cessent de s’ajouter. Plus que jamais Gerfaut va devoir user de ses petits tiroirs. Quant aux suspects, ils vont devoir faire face à un Gerfaut au mieux de sa forme. Pressé par le temps, il ne va pas faire dans la dentelle et sa technique d’interrogatoire est plus que limite mais ô combien efficace !
Kira, maître shinobi Je suis totalement accro aux enquêtes du commandant Gerfaut et plus généralement à tous les livres de Gilles Milo-Vacéri. J’ai été totalement happée par « L’Honneur du Samouraï » et l’ai lu d’une seule traite durant une nuit. Impossible de m’arrêter, je voulais absolument connaître la suite. L’écriture est fluide et la lecture coule de source. Les dialogues sont percutants, les scènes d’action à couper le souffle. Il y a du suspense, de l’humour, plein de rebondissements et une intrigue diabolique.
L’auteur a l’art de donner vie à des personnages hors du commun mais aussi profondément humains. Kenshin en est un exemple frappant avec sa noblesse d’âme, son code d’honneur mais aussi ses faiblesses qui le rendent tellement attachant. Par contre, le prince Daisuke représente tout ce que je déteste : la suffisance, l’arrogance de celui qui se croit au-dessus des autres et donc tout permis de par sa position. Quant à sa petite amie, Marumi, elle ne vaut guère mieux. Je n’en ai apprécié que davantage l’empereur du Japon Chôjiro et sa simplicité, son épouse, sa fille et son fils cadet, Eiji. Avec Kenshin, tous vivent l’esprit du Bushido, « code d’honneur des samouraïs, impliquant une manière de vivre selon des préceptes précis : intégrité, courage, compassion, respect, sincérité, honneur et loyauté. Aujourd’hui encore, ce modus vivendi est respecté par les familles nobles japonaises et au sein des grandes écoles d’arts martiaux. » C’est la marque de l’auteur de nous offrir des personnages auxquels on s’attache, qui ont de belles valeurs qu’ils mettent en pratique, mais qui en même temps sont pleinement humains, avec des faiblesses, des défauts, ce qui fait qu’on peut s’identifier à eux ou les prendre comme modèles. Le personnage qui m’a le plus touchée, c’est Kenshin. Je l’ai trouvé bouleversant. Avec lui, Gilles Milo-Vacéri nous fait entrer dans les traditions des samouraïs et nous fait partager des moments qui nous atteignent en plein cœur. Il fait revivre la sagesse de la Voie du Sabre et nous donne envie de nous plonger dans son étude, de devenir meilleurs. À la fin du livre, je me suis sentie orpheline et c’est vraiment à regret que je l’ai terminé.
« L’honneur du Samouraï » dégage un charme étrange avec son immersion dans la sagesse nipponne. Il s’agit d’une des enquêtes les plus complexes de Gerfaut tant les ramifications sont multiples mais aussi une de celles qui nous donne le plus à méditer. Je ne peux que vous recommander de la lire et je gage que vous n’aurez qu’une envie, celle de découvrir toutes ses aventures.
■ Blog de l'auteur : http://www.milovaceri.com/■ Facebook : https://www.facebook.com/GillesMiloVaceri.Officiel■ Twitter : https://twitter.com/G_MiloVaceri■ Groupe de lecteurs : ...
Dans les années 1945, après la défaite du Japon contre les États-Unis, tous les sabres appartenant aux Japonais doivent être remis aux forces d'occupation américaines. C'est ainsi que le cél...
https://www.editionsdu38.com/38-rue-du-polar/gilles-milo-vaceri/l-honneur-du-samoura%C3%AF/
Après des études de droit, Gilles Milo-Vacéri vit pendant quelques années de multiples aventures au sein de l'armée puis entame une série de voyages sur plusieurs continents afin de découvri...
https://www.editionsdu38.com/les-auteurs/gilles-milo-vac%C3%A9ri/
Je viens à l'instant de terminer Terre des Loups... quel plaisir ! Cela faisait un p'tit moment que ... je n'avais plus du cette hâte de terminer le travail pour me plonger dans un livre et de ...
https://www.facebook.com/GillesMiloVaceri.Officiel/
Le commandant Gabriel Gerfaut est un spécialiste des tueurs en série et des enquêtes criminelles les plus compliquées. Cet as de la Brigade Criminelle de Paris, basé au 36 Quai des Orfèvres, ...
http://www.milovaceri.com/p/gabriel-gerfaut.html
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Extinction rébellion : Facebook censure
- Par Thierry LEDRU
- Le 11/02/2020
- 0 commentaire
L'ensemble des adhérents de ce groupe non-violent a été censuré sur Facebook, sans aucun préavis.
Alerte censure : tous les administrateurs de la page Extinction Rebellion France ont été bannis de Facebook sans explications
10 février 2020 - Laurie Debove
Envie d’une vraie déconnexion ? Évadez-vous avec notre nouvelle bande dessinée !
- Thème : effondrement de la société, abordé de manière douce et positive
- Format : 130 pages
- Impression : France
Ce weekend, toutes les personnes administratrices de la page Extinction Rebellion France ont été bannies, instantanément, sans aucun préavis et en même temps du réseau social Facebook. Ce n’est pas la première fois que le réseau social frappe ainsi des pages militantes. En Marche vers la censure ?
XR France privé de sa page Facebook
Facebook censure-t-il le compte d’Extinction Rébellion France ? C’est bien ce qu’il semble après qu’une dizaine de membres d’Extinction Rébellion aient découvert, ce weekend, que leur compte personnel Facebook avait été désactivé pour violation des règles du réseau social sans aucun préavis, ou justification.
Tous ces comptes étaient administrateurs ou éditeurs de la page nationale d’Extinction Rébellion France : Extinction Rebellion France. Aucun d’entre eux n’a été épargné par cette « purge ». Si la page officielle est donc toujours en ligne, elle est pour l’instant « morte », aucun membre n’y ayant plus accès. Il leur est pour l’instant impossible de communiquer aux 94 000 abonné·e·s qui les suivaient les activités de l’organisation, les articles scientifiques, les formations et conférences sur l’un des plus puissants des GAFAM.
« La mission de notre mouvement non-violent, à savoir informer et mobiliser autour de la catastrophe écologique en cours, est aujourd’hui empêchée. Cette neutralisation fait suite à la suppression cette semaine de deux autres pages créées par des rebelles d’XR, la page du groupe local PACA et celle du squat MER de Cenon. Cette série d’attaques en règle contre notre mouvement est intolérable. Aucun de nos posts n’enfreint les règles imposées par le réseau social. Si cet acte n’est pas une simple mesure de vérification de compte ou une erreur, il a tous les aspects d’une manœuvre politique de censure. Nous réclamons la réactivation immédiate des comptes de nos rebelles visé·e·s par cette tentative de censure inacceptable. » a réagi l’équipe dans un communiqué publié sur leur site web
Si les militants écologistes sont aujourd’hui touchés, c’est loin d’être la première fois que Facebook décide du maintien ou non de contenu critiquant le système capitaliste et élitiste dominant.
Crédit : Markus Spiske La censure des comptes qui dérangent
En effet, en septembre 2019, une vingtaine de pages militantes avaient été censurées par le réseau social de façon beaucoup plus pernicieuse. Toutes ces pages avaient un point commun : la critique de l’exécutif en place, le suivi des luttes sociales et la dénonciation des violences policières. « Nantes Révoltée » avait ainsi vu son audience subitement divisée par 1000 sur le média, sans explication. La Relève et La Peste avait aussi fait les frais de cette baisse d’audience non-expliquée.
« Lille Insurgée, Cerveaux non Disponibles, et bien d’autres. Un grand nombre de pages engagées ont été concernées. C’est une censure qui ne dit pas son nom, une manœuvre sournoise. La page n’est pas supprimée, elle est « déréférencée » : elle n’apparaît plus sur les comptes de ses abonnés. » avait ainsi réagi Nantes Révoltée
Chez Mr Mondialisation, ce sont des abonné-e-s qui ont lancé l’alerte : la page du média disparaît purement de leur abonnement après une période « x », la page est « délikée » ou vous les informations n’apparaissent plus en premier dans leur fil d’actualité.
L’opération menée contre Extinction Rebellion France par Facebook a lieu à un moment où le mouvement intensifie ses actions : création de la Maison de l’Ecologie et des Résistantes à Cenon, près de Bordeaux, blocage « avenir en feu » ayant lieu aujourd’hui et convergence avec plusieurs mouvements pour le grand blocage « Fin de Chantiers » qui aura lieu le 17 février.
Le pouvoir exécutif français crée de nombreux liens avec le mastodonte américain depuis le début de son mandat. La Loi Anti-Haine récemment dénoncée par de nombreuses associations comme une atteinte à la liberté d’expression en est l’un des exemples le plus flagrant. Certains observateurs se demandent ainsi si la censure a été causée par l’entrée en application de cette loi ?
Cette nouvelle opération de censure appelle donc chacun à la plus grande vigilance sur l’utilisation de ce réseau social, et prouve une fois de plus la nécessité de reprendre l’habitude de s’informer autrement, notamment en allant directement sur les sites d’information que l’on soutient, sans passer par la plateforme.
De leur côté, XR France a appelé ses abonné-e-s à les rejoindre sur les réseaux libres Diaspora, Mastodon et Peertube.
10 février 2020 - Laurie Debove
https://extinctionrebellion.fr/qui-sommes-nous/
QUI SOMMES-NOUS ?
Extinction Rebellion est un mouvement mondial de désobéissance civile en lutte contre l’effondrement écologique et le réchauffement climatique lancé en octobre 2018 au Royaume-Uni.
Nous sommes… vous ! Vous êtes invités à nous rejoindre et à participer, si vous êtes d’accord avec nos principes et nos valeurs.
NOS PRINCIPES
Toute personne voulant adhérer à nos principes et valeurs est la bienvenue(1).
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NOUS PARTAGEONS UNE VISION DU CHANGEMENT
En créant un monde adapté aux générations à venir. -
NOUS AJUSTONS NOTRE MISSION À LA MESURE DE CE QUI EST NÉCESSAIRE
En mobilisant 3,5% de la population(2), seuil à atteindre pour déclencher un changement de système - en utilisant des idées comme celle de « Momentum-driven organizing »(3). -
NOUS AVONS BESOIN D’UNE CULTURE RÉGÉNÉRATRICE
En créant une culture saine, résiliente et adaptable. -
NOUS NOUS REMETTONS NOUS-MÊMES EN QUESTION, AUTANT QUE CE SYSTÈME TOXIQUE
En sortant de nos zones de confort pour devenir les acteurs du changement. -
NOUS VALORISONS LA RÉFLEXION ET L’APPRENTISSAGE
En suivant des cycles d’action, de réflexion, d’apprentissage, puis de planification pour de nouvelles actions. En apprenant des autres mouvements et contextes aussi bien que de nos propres expériences. -
NOUS ACCUEILLONS CHAQUE PERSONNE, ET CHACUNE DE SES FACETTES
En travaillant activement pour créer des espaces sécurisants et inclusifs. -
NOUS LIMITONS DÉLIBÉRÉMENT LES RAPPORTS DE POUVOIR
En démantelant les hiérarchies de pouvoir pour une participation plus équitable. -
NOUS NE TENONS PAS DE DISCOURS MORALISATEURS NI CULPABILISANTS
Nous vivons dans un système toxique, mais nul ne doit être accusé en tant qu’individu. -
NOUS SOMMES UN RÉSEAU NON-VIOLENT
En utilisant une stratégie et des tactiques non-violentes comme moyen le plus efficace de provoquer le changement. -
NOTRE MOUVEMENT EST FONDÉ SUR DES PRINCIPES D’AUTONOMIE ET DE DÉCENTRALISATION
Nous créons collectivement les structures nécessaires pour défier le pouvoir. Toute personne qui suit ces principes et valeurs essentiels peut agir au nom d’Extinction Rebellion.
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Extinction Rebellion est un mouvement international. Ces principes et valeurs étant une traduction de l’anglais, il conviendra de toujours se reporter au texte original en cas de problème d’interprétation.
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La notion de “3,5% de la population” est expliquée dans le Tedx de Erica Chenoweth : The success of nonviolent civil resistance (en anglais) Erica Chenoweth, Ph.D., est professeure en Politiques publiques à la Harward Kennedy School et au Radcliffe Institute for Advanced Studies aux USA. Cette personne ne croyait pas au succès des actions non-violentes. Elle a alors étudié plus de 100 cas de campagnes violentes et non-violentes de 1900 à 2006. Et elle a été époustouflée par les résultats de son étude qui se sont révélés à l’opposé de ses croyances. Non seulement les campagnes non-violentes parviennent à leurs fins deux fois plus souvent que les campagnes violentes, mais de plus leur efficacité s’accroît à mesure que nous nous rapprochons de notre époque actuelle. Elle a constaté qu’il suffit de mobiliser 3,5% de la population d’un État pour réussir une révolution non-violente. Et souvent, il a suffi de bien moins que cela.
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« Momentum-driven organizing » est un concept développé dans le livre This is an uprising , co-écrit par Mark & Paul Engler. C’est un modèle d’organisation hybride qui combine la puissance explosive et à court terme des mobilisations de masse qu’il cherche à produire (type Occupy ou Nuit debout), avec la capacité à prendre des décisions collectives et à soutenir la lutte dans le temps qu’ont les structures classiques (types ONG). Ce type de mouvement est la clé de la stratégie globale d’Extinction Rebellion.
VERS UNE CULTURE RÉGÉNÉRATRICE
(c‘est-à-dire une culture ouverte, bienveillante et résiliente)
VISION
« Un monde beau et sain, où l’individualité et la créativité sont encouragées, où nous travaillons et résolvons des problèmes ensemble, où chacun·e trouve du sens, avec courage, force et amour. Cela reposera sur des cultures enracinées dans le respect de la nature, de véritables libertés et la justice sociale. »
Une culture humaine régénératrice est une culture ouverte, bienveillante et résiliente. Elle se soucie de la planète et du vivant, sans eux l’humanité-même est en péril. Une culture régénératrice s’affine d’année en année, en prenant de petites mesures pour se soutenir et s’améliorer, à tous les niveaux : chez les individus, comme dans les communautés, en privilégiant toujours la santé de notre sol, notre eau et notre air. Plus qu’un réseau de « militants », nous cherchons à trouver des façons de faire et d’être qui accompagneront un changement positif.
SOINS PERSONNELS
Prenons soin de nos propres besoins et de notre bien-être personnel face à ce système toxique.
SOINS INTERPERSONNELS
Prenons soin des relations que nous entretenons avec les autres, en étant attentifs aux effets que nos actions et nos mots peuvent avoir sur l’autre.
SOINS DURANT L’ACTION
Prenons soin de tou·te·s les rebelles participant à la désobéissance civile, en leur apportant un soutien en amont, pendant et après chaque action.
SOINS COMMUNAUTAIRES
Prenons soin du développement de notre réseau et de la communauté XR, en renforçant les liens entre rebelles et l’adhésion à nos principes et valeurs.
SOINS ÉCOSYSTÉMIQUES
Prenons soin de nos tribus / communautés au sens plus large et de la Terre qui assure notre survie. Concevoir et organiser nos sociétés pour protéger, soutenir et célébrer le vivant.
Une culture régénératrice est essentiellement une culture qui engendre une vie saine et épanouissante pour chaque individu, chaque groupe d’individus et pour la communauté dans son ensemble, ainsi que pour l’écosystème dans lequel se retrouve.
Pour créer une culture régénératrice, nous reconnaissons notre place dans la nature en tant que partie intégrante de la nature. Nous concevons donc notre organisation de manière à imiter la vie elle-même - un système complexe de relations et de connexions évoluant à travers la coopération et la concurrence à différentes échelles.
Nous reconnaissons que la tension et la concurrence sont des facettes de notre existence.
Pour encourager la bonne santé, le bien-être et l’épanouissement de tous les éléments et de l’ensemble, nous essayons de concevoir des processus et des procédures qui reflètent notre amour de la vie dans toute sa beauté et sa diversité, tout en reconnaissant la complexité inhérente à notre humanité.
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Un texte prémonitoire
- Par Thierry LEDRU
- Le 10/02/2020
- 0 commentaire
Dans la trilogie que j'écrivais et que j'ai abandonnée, j'avais décrit dans le tome 3 le début d'une pandémie.
La plastisphère est le nom donné par les scientifiques à une mutation de bactéries en contact avec le plastique.
Bien plus virulent qu'un simple coronavirus...Ça sera peut-être pour la prochaine fois...
IL FAUDRA BEAUCOUP D'AMOUR
Chapitre 5
Genève. Bâtiment de l’OMS. Réunion des pays concernés par l’épidémie de plastisphère. État des lieux par le Docteur Huang.
« Nous comptabilisons à ce jour 23456 victimes et 12458 personnes hospitalisées. Les symptômes sont toujours les mêmes : diarrhée très abondante avec atteinte de tout le système digestif, déshydratation extrêmement rapide. Le choléra, sans aucun doute. Se sont ajoutées des atteintes pulmonaires et neurologiques. Les patients traités dès les premiers symptômes diarrhéiques et supportant le traitement succombent parfois de complications qui relèvent d’une mutation du vibrio choleare. La plupart des décès surviennent en moins de huit jours. Des traitements sont en cours avec des succès partiels. Les neufs pays concernés actuellement ont mis en place une alerte sanitaire la plus drastique possible. Il est malgré tout très délicat d’atténuer la propagation de l’épidémie au regard des populations atteintes et de leur régime alimentaire. La majorité de cette population côtière est désœuvrée, n’a pas accès aux soins d’urgence et vit principalement des ressources marines. On savait déjà que les crevettes pouvaient participer à la propagation du virus. Nous avons découvert que tous les éléments marins peuvent être contaminés, que ça soit la faune marine ou la flore. Quelques études scientifiques avaient déjà évoqué cette possibilité, il y a une dizaine d’années mais rien ne laissait présager une telle extension et une telle contamination. Il semble que la concentration exponentielle de plastique dans les océans ait accéléré le processus de symbiotique entre les divers micro-organismes relevés sur les déchets flottants ou immergés. C’est à une véritable jungle microbienne que nous sommes désormais confrontés. Il est d’ailleurs probable que le vibrio choleare ne soit pas le seul à avoir muté. Nous avons établi des restrictions préventives auprès des pays épargnés pour l’instant mais nous n’avons guère de doute sur l’extension à venir. Il est fort probable que des pays occidentaux et d’autres encore seront concernés dans un avenir assez proche. Des études bactériologiques sont en cours dans la Manche, la mer du Nord, la mer Méditerranée, sur la côte Pacifique de l’Amérique latine, sur la côte Atlantique de l’Afrique. Actuellement, l’épidémie frappe fortement l’Asie du sud-est et le pourtour de l’océan Indien. La pollution au plastique est fortement implantée dans ces zones. On peut envisager également que des lacs d’eau douce, des fleuves, des rivières sont ou seront impactés. Il suffit de penser à l’état du Gange par exemple. De nombreuses équipes scientifiques sont en alerte maximale dans toutes les zones urbanisées où les rejets plastique sont établis depuis bien longtemps. Il faut bien entendu tenir compte des courants marins qui contribuent à la propagation de ces bactéries à l’échelle planétaire. Le régime alimentaire des populations jouera un rôle prépondérant. Toutes les populations côtières attachées à l’exploitation marine sont les premières cibles de nos interventions préventives. Le rythme de propagation depuis l’apparition des premiers cas suggère une croissance exponentielle pouvant atteindre le million de personnes dans un délai de six mois. L’objectif prioritaire est donc de trouver un traitement adéquat et d’accompagner les populations les plus fragiles par une aide alimentaire. Il reste à convaincre les gouvernements. L’impact sur le tourisme se révèle déjà dévastateur pour l’Asie du sud-est et les gouvernements les plus réticents se montrent désormais totalement réceptifs à nos interventions. On sait tous, par expérience, que la croissance économique des États a toujours été l’élément déterminant pour la prise en considération des populations défavorisées. »
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Coronavirus : Mise en quarantaine
- Par Thierry LEDRU
- Le 10/02/2020
- 0 commentaire
La pollution des paquebots de croisière. C'est tout ce que j'ai en tête...
Donc...Les désirs et les besoins...Ce qui est juste, bon et justifié...L'impact de l'existence sur la Vie...Le reste ne me touche aucunement.
Besoins physiques et psychologiques. (spiritualité)
Besoins matériels. (spiritualité)
Le manque, le besoin, le désir.
Des passagers sur les balcons du bateau de croisière Diamond Princess placé en quarantaine au large de Yokohama près de Tokyo au Japon, le 10 février 2020 (photo d’illustration). (CHARLY TRIBALLEAU / AFP) "C'est très dur d'être en quarantaine. Nous sommes angoissés", a témoigné lundi sur franceinfo Linda, une passagère française du Diamond Princess, le paquebot placé en quarantaine au large de à Yokohama, près de Tokyo, avec 3 700 passagers et membres d'équipage à bord. Le ministère de l'Europe et des Affaires étrangères a indiqué lundi dans un communiqué que quatre Français sont sur le paquebot : Linda et son mari Michel, une autre passagère et une jeune femme membre de l'équipage.
Sur ce navire de croisière, 135 personnes ont déjà été testées positives au nouveau coronavirus 2019-nCoV. Les époux ont été testés négatifs."On essaie de ne pas déprimer. On tient le coup", raconte Linda, 62 ans, en croisière avec son mari Michel, 80 ans. Le voyage de ces Français, originaires de Nouvelle-Calédonie, s'est transformé à l'annonce des premiers cas de contamination à bord. "Ça été un choc", explique Linda. On n'est pas abandonné, on essaie de positiver". Les choses se sont organisées grâce au capitaine du paquebot qui "gère son bateau comme un vrai père de famille".
Franceinfo : Comment avez-vous vécu la mise en quarantaine ?
Linda : C'est très dur d'être en quarantaine. Ça été un choc lorsqu'on l'a appris. Ça s'est fait très rapidement. Vous imaginez, vous sortez d'un contexte de fêtes, de ballades, de rigolades, parce qu'à bord c'est vraiment "La croisière s'amuse". Et le dimanche soir, veille du débarquement, vous voyez les garde-côtes aborder le bateau, des gens gantés, camouflés, monter à bord. Et le capitaine vous ordonne de rejoindre les cabines et de ne plus bouger. Là, on attend 3h du matin où on est contrôlé. On vient de faire un contrôle de température. Donc, pour mon époux et moi-même, on nous a dit "c'est négatif, c'est bon". Et 24 heures après, on nous annonce que des cas de coronavirus ont été trouvés à bord, que le bateau est placé en quarantaine. À partir de ce moment-là, plus personne n'est jamais ressorti des cabines. Donc nous sommes confinés chacun dans nos cabines. On porte des masques aux ouvertures des portes puisque tous les repas sont livrés en room-service. Donc, on ouvre la porte, on récupère le plateau. On doit prendre tous les jours notre température, la consigner par écrit et la signaler au médecin de bord dès que la température atteint 37,5 degrés. Les cas de coronavirus, au fur et à mesure qu'ils sont détectés, ils sont annoncés.
Depuis le 4 février, vous n'avez pas quitté votre cabine avec votre mari ?
Tous les deux non, parce que nous avons une cabine avec balcon et une ouverture sur l'extérieur, environ 16 mètres carrés. Donc, on a la possibilité d'aérer. Nous avons la lumière. On a un espace qui nous permet de nous dégourdir les jambes. Et c'est un choix de notre couple. On ne veut pas aller au-devant d'une contamination supplémentaire. Depuis trois jours sont organisées des sorties pour les cabines qui sont complètement cloîtrées. Il y a au milieu du navire des cabines qui n'ont ni aération, ni ouverture vers l'extérieur. Donc en priorité, ces personnes-là sont autorisées par le capitaine. C'est très réglementé. Il y a des horaires de sortie qui sont prévus, tous les deux ou trois jours, parce qu'ils font un roulement sur tous les ponts du bateau. Donc, en priorité, sortent ces cabines-là par petits groupes masqués, gantés et sous surveillance d'agents japonais sanitaires.
Certains passagers sur les réseaux sociaux ont peur, l'angoisse, le stress qui montent. Est-ce que c'est votre cas ?
Ah oui, nous sommes angoissés et inquiets. Nous sommes stressés aussi. On pleure régulièrement parce que tous les moyens qui sont déployés sont rassurants, parce qu'on se dit qu'on est pris en charge et qu'on n'est pas abandonné. Et en même temps, c'est très inquiétant. On se dit, il se passe quelque chose de grave pour que de tels moyens soient mis en œuvre, même si on essaie de positiver. D'autant que l'issue de la quarantaine est fixée au 19 février mais avec rien de certain à son issue.
Que faites- vous pour lutter contre ce sentiment d'enfermement ?
On fait un peu de sport dans notre cabine, on bouge, on fait des exercices, on essaie de se dépenser physiquement. On lit, on partage beaucoup, surtout via Messenger avec notre famille en Nouvelle-Calédonie qui est très présente, avec nos enfants. Quotidiennement, nos amis nous envoient des messages d'encouragement, nous appellent aussi. Ça aide. Ça fend le cœur. Mais c'est en même temps émouvant de sentir qu'il y a beaucoup de compassion et de soutien. Aujourd'hui, on a passé du temps à changer nos draps, parce que les agents d'entretien n'entrent plus dans les cabines. Donc là, le capitaine a annoncé qu'on nous fournissait des draps propres. Ca a meublé une partie de la matinée. On essaie de ne pas déprimer. On prend notre courage à deux mains. On ne peut pas se jeter par-dessus le balcon. Il faut faire face. On tient le coup.
Vous avez tout ce qu'il faut pour vivre au quotidien ? Produits d'hygiène, nourriture ?
Ah oui. Pour ça, il n'y a vraiment rien à dire. Il y en a même de trop. Franchement, le capitaine, on le sent. Il gère son bateau comme un vrai père de famille. Les repas, il y en a plus qu'il n'en faut. De l'eau nous est livrée à volonté tous les jours parce qu'il faut beaucoup s'hydrater. On est dans des milieux confinés avec la climatisation. On a les sinus qui brûlent, on a la gorge desséchée. Il y a des services téléphoniques. On demande un stylo ou un papier, on a. On demande des feuilles pour faire des pliages d'origami. Ils nous les livrent. Ils sont vraiment charmants et ils font tout pour être agréables. Moi, j'ai un traitement médical. J'avais prévu trop juste. Ils ont livré il y a deux jours, je crois, 600 kilos de médicaments à bord pour palier les manques des uns et des autres. Moi, j'ai reçu le médicament aujourd'hui. C'est une prison. On a beau être dans une grande ville comme Tokyo, il y a des millions de personnes. Je vois devant moi des millions de voitures qui roulent. Mais on se sent seul, seul, seul, tout petit. On a peur d'être oublié. C'est très, très dur à vivre.