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Le numérique pour les enfants. (école)
- Par Thierry LEDRU
- Le 26/11/2010
- 2 commentaires
http://www.journaldunet.com/solutions/acteurs/le-numerique-dans-les-ecoles-1110.shtml
Un patron qui est content, un chouette contrat pour lui...
Voilà donc "le progrès"...Une aubaine pour les vendeurs de type Apple ou Samsung, peut-être même le Français Archos...Mais il ne s'agit évidemment pas des enfants. Le gouvernement trouve de l'argent pour soutenir le marché du numérique mais suprime les postes d'enseignants à tour de bras, emploie des "Assistantes de vie scolaire" qui pour certaines sont davantage en détresse que les enfants dont ils ont la charge et réclament plus de gestion que les enfants eux-mêmes, élimine les uns après les autres les postes de psychologue scolaire, "maître G", "maître E", rééducateur, éducateur sportif...Donc, pour Luc Chatel la solution réside dans le tout numérique. Ceci n'est qu'une étape. L'objectif est de remplacer les enseignants eux-mêmes. Vous me direz que pour certains, ça ne serait pas plus mal...Un ordinateur n'insulte pas les enfants, ne les humilie pas, ne les juge pas, il est neutre, "déshumanisé" de la même façon que ces enseignants mais sans les travers que ça génère. De ce côté là, on peut juger effectivement qu'il s'agit d'un progrès.
On pourrait par contre engager une réflexion profonde sur le rapport humain, sur le projet existentiel lié à l'enseignement, un travail sur les valeurs humaines et non technlogiques, économiques, citoyennes (c'est à dire conditionné)...Faire entrer dans l'école des formateurs philosophiques, relationnels, pédagogues, psychologues, des gens capables d'oeuvrer au développement de l'individu et non à son formatage, des professionnels associés à des démarches existentielles comme Steiner, Montessori, Freinet, Salomé, et tous les chercheurs dont le travail est fondé sur l'individu et non le citoyen. Dès lors que l'enseignement inculque l'idée qu'il n'y a qu'une seule voie, que le cadre scolaire est obligatoire et qu'il est le seul pourvoyeur de progrès, qu'il est la seule référence, que l'obtention de diplômes est le sésame absolu qu'il faut décrocher, que le statut de salarié est la voie royale, que l'individu doit s'effacer devant ces paramètres, que la compétition est une motivation naturelle, que l'écrasement et la hiérarchie contiennent des valeurs humaines honorables, tant que tout cela sera le fondement de l'enseignement, on continuera à voir fleurir les idées ubuesques similaires à celle de Luc Chatel. Un désastre.
Demain, les enfants se retrouveront impliqués dans une "relation" informatique. Fi des échanges humains. On demandera aux enseignants d'être des techniciens du numérique. On pourra même les remplacer par des informaticiens performants alors que les enseignants sont réticnetspour certains à avancer dans cette voie. Quelques résistants dont on se débarassera.
Le métier d'enseignant, tel que je l'ai vécu, tel que je l'aime, celui pour lequel je suis entré dans ce sacerdoce, ce métier est en voie d'extinction.
Je sais bien que ces propos peuvent paraître exagérés. On ne croit jamais au pire. On se dit toujours que ça n'est pas possible. Et on oublie que les objectifs économiques ont une force incommensurable et que l'humain n'est rien, absolument rien, juste une marchandise destinée à acheter d'autres marchandises.
Je hais ce monde proportionnellement à l'amour que je porte aux enfants. C'est dire la force de la violence contenue que je porte.
Je me demande souvent ce qui fait se taire les parents devant ce massacre. Je sais bien que la peur de l'avenir les paralyse, que l'amour qu'ils ont pour leurs enfants leur fait craindre le pire, qu'ils espèrent tous une issue plus favorable que la leur, une situation moins lourde ou un parcours aussi délectable. On a toujours peur quand on aime. Les politiciens le savent et en jouent jusqu'à l'extrême. La peur étouffe toutes les révoltes, toutes les interrogations trop fortes, on se tait non pas pour soi mais pour ceux qu'on aime.
Le monde changera lorsque la peur ne contiendra plus les révoltes.
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345 visiteurs, 2700 pages lues.
- Par Thierry LEDRU
- Le 26/11/2010
- 6 commentaires
A quelque chose près. Dans la journée d'hier.
Et 1 commentaire...Je m'interroge tout de même sur cet intérêt et la quasi absence de réactions de la part de tous ces visiteurs...Si quelqu'un pouvait me donner une explication...
Mais bonne lecture tout de même :))
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Développement personnel à l'école.
- Par Thierry LEDRU
- Le 24/11/2010
- 2 commentaires
Une conférence pédagogique ce matin. Sujet : la rédaction au cycle 3.
Quelques techniques et jeux intéressants, c'est déjà pas mal.
Mais aucune réflexion sur le fond du travail. Pourquoi demander à des enfants d'écrire ? Quel est l'objectif et quels sont les moyens à mettre en place ?
Personnellement, je ne vois la grammaire, la conjugaison, le vocabulaire, l'orthographe aucunement comme des finalités. Ils ne sont que des outils. On peut comparer le fonctionnement d'une partie des enseignants à des techniciens du vélo qui viendraient présenter les pièces et le fonctionnement de l'engin mais sans aucune intention d'apprendre aux enfants à faire du vélo. On s'en tient donc à la technique mais pas à son usage, c'est à dire à l'expérience rendue possible par l'existence de ce vélo. Les voyages, les balades, les découvertes de paysages, le goût de l'effort, l'exploration de son potentiel physique, de sa résistance, l'effacement des pensées dans la mécanique hypnotique des jambes, le saisissement de l'énergie intime, cette force incommensurable qui vibre en chacun, le bonheur immense d'aller plus loin, encore plus loin, de viser les horizons inconnus. Le vélo n'est pas qu'un engin de transport, il est surtout la possibilité d'un voyage intérieur.
Il en est de même avec l'écriture. A mon sens, elle doit prioritairement se tourner vers le développement personnel, un engin de transport vers les horizons intérieurs, la connaissance de soi, l'exploration des pensées, des ressentis, des émotions, des sentiments, de la conscience ineffable de la vie dans ce qu'elle a de plus merveilleux. L'écriture n'est pas un exercice technique mais une activité existentielle. Bien sûr qu'on peut jouer avec les mots, bien entendu qu'on peut se réjouir de leur magie, qu'on doit montrer aux enfants l'espace illimité qu'ils proposent. Mais ça ne doit pas être une finalité. Ni encore moins être évalué de façon technique. On en reste sinon qu'aux balbutiements. La maîtrise de la langue n'est pas le but, elle n'est qu'un moyen. Et si l'objectif n'est pas clairement explicité aux enfants, on court inévitablement le risque de perdre en cours de route ceux qui n'auront pas l'abnégation gratuite de se soumettre à ces exercices techniques et à ces évaluations réductrices.
Alors que faut-il viser ? A quel objectif cette maîtrise de la langue doit-elle être assujettie ?
Le développement personnel, la connaissance de soi, des autres, du monde, de la vie, de l'esprit, une certaine flamboyance qui dépasse l'individu pour le projeter hors de son moi, hors de ses contingences ou des conditions d'existence, hors des formatages et des bassesses de l'ego qui se meut aveuglément comme une larve ayant oublié le projet de la chrysalide. Il s'agit d'amener l'enfant vers la métamorphose. Ne surtout pas le gaver de choses mortes affublées de valeurs sociales, des notes, des évaluations, des diplômes, des plans de carrière...Non, pas l'écriture, on ne peut pas la rabaisser à ça, c'est épouvantable. Elle doit rester associée au bien naître, afin d'être.
Tout enseignant digne de ce nom devrait être engagé dans cette démarche. C'est la valeur humaine qui devrait servir de critère de sélection, le reste n'est qu'un bagage technique transportant des choses mortes. Ils existent ces enseignants mais ils subissent une pression énorme: hiérarchique, sociale, économique.
"Il faut faire de nos enfants de bons citoyens" mais la citoyenneté actuelle n'a plus rien à voir avec celle des Grecs antiques. Elle n'est que le reflet de cet embrigadement planifié afin que les citoyens servent non pas la Cité mais ceux qui la dirigent et s'y enrichissent. La plèbe ne doit pas être éveillée, l'école ne doit pas servir l'émancipation des individus, elle doit être au service d'un projet qui n'est pas celui du développement personnel. L'économie et l'intégration au flot des consommateurs est une priorité nationale.
L'école est une arme de destruction massive quand elle adhère, valide et applique ces critères de sélection.
C'est un génocide spirituel qu'elle soutient.
Si l'écriture n'existe dans l'école que comme critère d'évaluation et n'est pas nourrie par un projet existentiel, elle est détournée et les enseignants qui y collaborent sont des destructeurs d'âmes. Il ne s'agit aucunement de promouvoir un rejet de la société mais juste la capacité en chacun d'observer à quelle place il se trouve, quels sont les rôles qu'il est amené à tenir sans pour autant que l'être réel ne disparaisse. S'intégrer socialement ne signifie pas être désintégré intérieurement. C'est absolument indispensable de préserver l'intégrité de l'individu. L'écriture peut concourir à promouvoir cette connaissance de soi, cette lucidité, cette vigilance.
La maîtrise de la langue devient par conséquent une arme de construction massive : celle d'une humanité.
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Anniversaire.
- Par Thierry LEDRU
- Le 22/11/2010
- 3 commentaires
Création de ce blog, le 22 novembre 2009.
Un an aujourd'hui.
Un parcours important pour moi parce qu'il m'a vu affiner ce que je vis dans une démarche auto-réflexive que j'ai cherché à ne pas perdre sous les mots. Difficile équilibre à trouver dans cette mise en forme et la complète acceptation des phénomènes intérieurs. Comme j'aime les mots et leur usage, je me suis astreint à ne pas me laisser emporter par la "loggorhée" dont me parlait mon prof de français au lycée :) Un homme que j'ai profondément aimé et respecté.
Cela explique aussi mes périodes de retrait et de silence. Vaut mieux ne rien dire que de le dire mal ou dire ce qui n'existe pas. Il n'est pas question ici pour moi de remplissage et j'espère que je n'ai jamais donné cette impression de fausseté intellectualisée.
Je ne sais trop d'ailleurs quel est l'accueil réservé à toutes ces réflexions étant donné que les 13 000 visiteurs et les 30 000 pages lues ne laissent finalement que peu de commentaires. Je ne cherche pas d'explications à cette discrétion. J'imagine simplement qu'il est peut-être délicat pour la plupart de se dévoiler en témoignant d'une émotion à ces diverses lectures. Le plus important est à mes yeux ce que ça peut éventuellement générer en chacun et chacune. Une façon de communiquer en quelque sorte. J'ai supprimé mon premier blog par absence de commentaires en me disant que ça ne servait à rien. Et puis, ici, cette fois, j'ai trouvé une autre voie : c'est à moi avant tout que j'écris. Une façon d'éclairer ce que je porte. La formulation écrite nécessite une exploration profonde. C'est ce voyage qui m'importe. Ensuite, si quelqu'un y trouve un écho personnel, ça ne me regarde pas finalement. Je continue pour moi en pensant parfois à ceux et celles qui viennent y chercher un certain "partage".
Alors merci à vous pour votre présence.
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Laura Mare éditions.
- Par Thierry LEDRU
- Le 22/11/2010
- 3 commentaires
Un service que je demande aux lecteurs de ce blog. C'est de voter sur la page jointe pour mon éditrice Laura Mare pour un concours qui peut se révéler TRES important pour cette maison d'édition.
http://concours.mompreneurs.fr/index.php/vote/detail/38
Vous avez le droit de voter une fois par jour pour Laura. Jusqu'à aujourd'hui Laura était en tête mais une "concurrente" s'est vue attribuer 300 votes d'un coup...Etrange mais problématique puisque Laura n'est plus en tête. Je m'efforce de trouver des soutiens pour Laura, elle en a besoin pour ce qui pourrait être une publicité sans égale pour sa maison. Laura le vaut largement pour son engagement et l'énergie qu'elle dépense pour ses auteurs.
Merci à vous.
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De l'école.
- Par Thierry LEDRU
- Le 20/11/2010
- 1 commentaire
Un excellent blog.
http://www.everyoneweb.fr/gdevecchi/
Gérard De Vecchi.
De remarquables réflexions, unr profonde connaissance du milieu enseignant.
EXTRAIT
« Evaluer »… un mot à la mode ! Une orientation actuelle de la pédagogie tend à donner à l’évaluation une place prépondérante : « il faut tout évaluer » (dans le sens contrôler). D’ailleurs, de plus en plus, les élèves ne travaillent plus pour apprendre… mais pour avoir des notes qui leur permettent de ne pas être trop remis en cause par leurs professeurs et leurs parents. L’évaluation est devenue un "but en soi" alors qu’elle ne devrait être qu’un moyen ! Et pour nos dirigeants, la culture de l’évaluation constitue une véritable religion : on doit évaluer pour comparer, pour récompenser ou sanctionner, pour mettre en compétition les élèves, les enseignants et les établissements scolaires… Peu importe ce qui est important pour les futurs adultes, il faut que la France fasse meilleure figure dans les tests comparatifs internationaux… pour montrer que les réformes entreprises étaient les bonnes (!!!) Et les types de connaissances enseignées, pour se construire en tant que personne ou pour avoir de meilleures notes à une somme d’exercices, sont très différents ! Répondre à des tests demande l’appropriation de "trucs", de recettes à savoir souvent "par cœur", sans forcément en comprendre le sens. Apprendre pour soi sert à connaître le monde environnant et permet d’agir sur lui. C’est bien différent ! Pour faire simple, on peut dire qu’évaluer constitue une activité essentielle… pour apprendre. Mais cela ne se résume pas en un certain nombre d’interrogations, écrites ou orales, de devoirs notés et autres bacs ou brevets blancs… Evaluer est un travail de tous les instants. Un enseignant digne de ce nom (pas celui qui récite son cours assis à son bureau, en se gargarisant de belles formules et en faisant des effets de manche !) analyse continuellement la progression de son travail, à travers les réactions de ses élèves qu’il observe sans cesse (donc qu’il "évalue" !). Cela lui permet d’affiner son parcours, de revenir sur un point qui n’a pas suffisamment été intégré, de remédier par un autre chemin à un obstacle non encore renversé par tous… Voilà ce qu’est une "évaluation" véritablement efficace (dite évaluation formative), qu’il ne faut pas confondre avec les "contrôles" sommatifs en fin de parcours… qui le plus souvent ne font que constater sans rectifier réellement ! L’évaluation ne doit donc pas rechercher la faute mais l’erreur… sans oublier tout ce qui est réussi : une erreur est un constat qui signale un obstacle une faute est un jugement négatif sur l’erreur. Pourquoi certains élèves en difficulté réussissent particulièrement bien à apprendre sur ordinateur : parce que celui-ci signale les erreurs (sans jugement), permet de les rectifier… et ne sanctionne pas les échecs ! Il est fondamental d’évaluer sans dévaluer, si on ne veut pas détruire la confiance qu’un enfant peut avoir en lui-même, confiance qui est le moteur principal des apprentissages !
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Les enseignants et les notes
- Par Thierry LEDRU
- Le 19/11/2010
- 1 commentaire
Une pétition à signer.
http://suppressiondesnoteselementaire.org/
Je ne pense pas du tout que cette "accoutumance aux notes dans le système scolaire soit du fait des parents d'élèves.
Tous les ans, je fais une réunion de classe avec mes parents d'élèves et ils sont tout à fait à l'écoute quant à un autre système "d'évaluations". Ils savent ce que représente la douleur d'un enfant face à une notation bien souvent arbitraire.
Il faut comprendre ce que ce système représente dans la tête des enseignants. Il s'agit avant tout d'un pouvoir, d'un rapport de force, d'un jugement. Il ne s'agit pas de donner des "repères" comme le dit Luc Chatel, lui qui ne cherche qu'à maintenir un système qui lui permet d'avoir des statistiques, des graphiques, des barêmes, des pourcentages et par là même un moyen de pression sur les enseignants. On manipule plus facilement une coorporation qui se retrouve elle-même en échec, face à l'échec de leurs élèves...Le serpent qui se mord la queue. L'humain n'a jamais été la priorité des ministres de l'éducation nationale et ne le sera jamais. La plupart des enseignants adhèrent à ce système parce qu'ils y trouvent la justification à leur entêtement à imposer des notes. Ce qui est effrayant, c'est qu'ils ne voient pas dès lors qu'ils scient eux-mêmes la branche sur laquelle ils végètent en piaillant contre les élèves alors que c'est la hiérarchie qui les condamne au prolongement sans fin des conflits avec les enfants et les parents. Il faut croire que la caste enseignante n'arrive pas à faire appel à la lucidité qu'ils réclament chez leurs élèves.
La notation des élèves n'est que le reflet de l'incapacité de la plupart des enseignants à entrer dans un rapport humain, existentiel, philosophique, culturel, de développement personnel...J'imagine très bien la tête d'un enseignant lisant cela. "Mais qu'est-ce qu'il croit celui-là ? C'est totalement irréaliste comme projet. On ne peut rien leur faire comprendre, il n'y a que les notes et le redoublement qui peut les motiver...etc...etc..."
Evidemment, puisqu'eux-mêmes subissent le même fonctionnement féodal avec le suzerain inspecteur qui surveille l'obéissance de ses vassaux du haut de sa toute puissance hiérarchique. Alors, ils reproduisent la même pression, jusqu'au traumatisme ou la révolte. Parce que dans la jeunesse, il reste encore et heureusement un instinct de survie qui peut conduire au rejet. Et les enseignants concernés diront qu'il s'agit d'une crise identitaire, de l'adolescence...Vaste connerie qui m'énerve au plus haut point. L'adolescence est le reflet du monde adulte. Qu'il soit agressif et il ne pourra s'attendre qu'à de l'agressivité.
Quand je vois que le système par évaluations chiffrées rentre désormais à l'école maternelle, je me dis qu'on va droit la tête dans le mur. Et qu'on continuera à guillotiner allégremment la joie des enfants à être élève.
Le "Grand" Bernard Henri Lévy disait hier du haut de sa prétention et de ses certitudes sur une radio nationale que la philosophie à l'école est une utopie. On est dans le même sytème de pensées. il faut préserver les hiérarchies, pas question de mettre les individus sur un pied d'égalité, il doit y avoir des maîtres et des enseignés, et les enseignés ne peuvent espérer atteindre le niveau d'intelligence des maîtres, ni s'attendre à une relation humaine réellement formatrice, jusqu'à ce que le maître devienne l'enseigné en apprenant à comprendre chaque individu auquel il a affaire...
Les conditionnements sont les piliers des castes. Et mêmes certains intellectuels considérés comme des grands penseurs ne sont que des princes infatués apeurés par la plèbe puante et ignare qui voudrait accéder à la liberté de pensée. Quelle ignominie, quel irrespect !! Qu'on les enferme dans des écoles dogmatiques tous ces rebelles, ça les dressera. J'appelle ça des "nobles penseurs", mais dans le sens de la Noblesse monarchique. BHL en est un exemple parfait. L'intellectuel dans toute son horreur.
Les notes, les bilans scolaires, les évaluations nationales sont des étiquettes qu'il faut coller au front des individus. D'ailleurs, ceux-ci n'en sont pas encore pour la plupart des enseignants, ce ne sont que des esquisses qu'il s'agit de formater...Si on pouvait entrer dans la tête de ces enseignants là, les livres de Stephen King seraient des histoires dignes de Walt Disney. Alors, il est inutile d'aller leur parler de philosophie, de développement personnel, de regard sur soi, de conscience de soi, de conscience de l'autre, de conscience de la vie. C'est déjà assez compliqué pour eux d'enseigner le COD, l'attribut du sujet ou l'Union européenne...Ce sont des sujets si essentiels...
Je les hais. Une haine totale. Je n'espère même pas les voir évoluer un jour. Steiner disait "qu'il ne faut pas essayer de changer la vieille école; il faut attendre qu'elle meure."
Personnellement, je voudrais la tuer de mes mains.
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Débat philo.
- Par Thierry LEDRU
- Le 16/11/2010
- 2 commentaires
Une séance passionnante aujourd'hui avec mes élèves de CM2.
J'en fais un résumé succinct. La séance a duré 1h00.
DÉBAT
Ils sont assis, aucune affaire sur la table, même pas la trousse.
Je désigne un enfant et lui dit juste :
"Neige..."
Il me regarde, perplexe.
"Neige...
-Ski ?
Un signe d'acquiescement.
Un autre enfant.
"Océan...
-Bateau."
Un autre enfant.
"Vacances...
-Plage.
-Arbre
-Fruits."
Et ainsi de suite en passant d'enfant en enfant.
Puis une explication de ma part.
"Ce travail s'appelle, l'association d'idée. Je vous donne un mot et aussitôt un autre vous vient à l'esprit. Je n'ai même pas eu besoin de vous dire ce que vous deviez faire au début, vous avez fini par trouver tout seul, votre intuition était la bonne.
Puis une question.
"A quelle partie de votre cerveau faites-vous appel pour trouver le mot que vous me donnez ?"
-La mémoire.
-Oui, c'est tout à fait ça. Vous avez en vous, dans votre mémoire des associations de mots. D'où viennent ces associations ?
-De ce qu'on a lu.
-De ce qu'on a vécu.
-De nos expériences.
-De nos discussions.
-De l'école.
-Des vacances.
-Il s'agit donc d'expériences passées qui se sont inscrites dans notre mémoire. C'est une partie essentielle de notre cerveau."
Je me tourne de nouveau vers un enfant et je lui dis:
"Quark...
-..."
Vers un autre:
"Quark...
-Un animal ?
-Et les autres, vous en pensez quoi ?
-Un extraterrestre ! (rires)
-Le dernier film de Walt Dysney (rires)
-Bon, est-ce que vous faites appel à votre mémoire pour me répondre ?
-Ah ben non, on ne sait pas ce que c'est !
-Pourtant vous avez répondu !
-On a imaginé !
-Voilà, c'est ça, vous avez imaginé. Il y a donc en nous une mémoire et une imagination. Les deux ne se contruisent pas sur les mêmes informations et ne fonctionnent pas pour les mêmes objectifs.
-C'est sûr, on rigole plus avec l'imagination ! (rires) (on rigole beaucoup dans ma classe!)
Je laisse le silence s'installer et je pousse un grand cri en tapant des mains près d'une élève qui pousse un hurlement en bondissant sur sa chaise.
(RIRES !!!!!!!!!!!!!!!!!)
"Bon, que s'est-il passé cette fois ?
-J'ai eu peur, trop peur !!
-C'est quoi cette peur? C'est la mémoire ou l'imagination ?
-Ah ben non, je n'ai pas eu le temps !
-Pas eu le temps de quoi ?
-Pas eu le temps d'imaginer ou de me souvenir, c'était trop d'un coup !
-Alors, c'est quoi qui t'a fait réagir ?
-L'émotion !
-Oui, c'est ça, l'émotion ! Elle vient d'où ? Comment la reçoit-on ?
-Partout !! J'ai sursauté dans tout mon corps !
-Mais c'est ton corps qui a reçu l'information qui t'a fait peur ?
-Ben oui, c'est mes oreilles !
-Mais tes oreilles font quoi de ce qu'elles reçoivent ?
-Elles envoient tout au cerveau.
-Mais si tes oreilles ont reçu l'information pourquoi c'est tout ton corps qui a sursauté ?
-Ah ben parce que le cerveau a dit que c'était dangereux. Alors il a fichu la panique partout !
-Donc, c'est le cerveau qui déclenche cette émotion mais c'est par le corps qu'elle se transmet ou qu'elle prend forme, c'est ça, vous êtes d'accord ?
-Oui, c'est ça, j'ai eu la trouille mais c'est mon cerveau en fait qui a eu peur et tout mon corps a sauté !
-C'est donc une émotion et elle est très soudaine.
-Ah ben oui !
-Comment ça se passe si c'est de l'amour ?
-Ouah, c'est un coup de foudre ! C'est trop chouette (rires).
-Et si ça vient doucement, qu'on découvre que l'autre on l'aime bien, puis on l'aime beaucoup puis finalement on l'adore. Est-ce que c'est toujours une émotion ou est-ce qu'on peut appeler ça autrement ?
-C'est un sentiment plutôt.
-Ah, oui, bien ça, vous êtes d'accord les autres ?
-Oui, c'est comme un copain aussi, au début c'est un pote puis c'est un copain puis c'est un ami. Ca se fait doucement.
Bon, alors, vous voyez que ça fait déjà pas mal de choses à l'intérieur : la mémoire, l'imagination, les émotions, les sentiments. Et moi, ce qui m'intéresse, c'est que vous parveniez à identifier tout ça quand ça vous arrive, à mieux comprendre ce qui se passe en vous. C'est toujours cette phrase de Henri david Thoreau :"Si tu n'es pas toi-même, qui pourrait l'être à ta place?" C'est ça aussi que ça veut dire, est-ce que nous sommes vraiment nous-mêmes, intérieurement, c'est à dire, est-ce que nous savons ce qui s'y passe, c'est un peu comme si on vivait à l'intérieur d'une maison dont on ne connaît pas toutes les pièces, ça serait vraiment bizarre. Et pourtant c'est un peu ça le problème."
Je laisse les remarques s'épuiser peu à peu et puis je prends mon porte monnaie dans ma poche, je sors un billet de cinquante euros et je le laisse tomber sous la table d'un enfant. Je me lève et je lui tourne le dos pendant quelques secondes.
"Qu'est-ce qui s'est passé dans ta tête ?
-Je voulais pas le prendre, répond-il gêné.
-Je sais bien, ne t'inquiète pas ! Mais qu'est-ce qui t'en a empêché ?
-C'est pas bien, c'est du vol. Et puis je sais bien que tout le monde aurait vu que je le prenais.
-Et si personne ne t'avait vu, est-ce que tu l'aurais pris ?
-Non, parce que je sais que c'est à vous.
-Et si ce billet, tu le trouves par terre et que tu ne sais pas à qui il est, qu'est-ce que tu fais ?
-Ah, ben là je le prends !
-Tu n'essaies pas de trouver son propriétaire ?
-Ben, si peut-être mais je sais pas qui c'est ?
-Mais si tu es certaine de le trouver, que tu as vu le billet tomber de sa poche, qu'est-ce que tu fais si tu ne le connais pas ?
-Ah, ben, je ne sais pas, ça dépend si quelqu'un m'a vu le ramasser aussi.
-Tu ne veux pas qu'on te traite de voleur, c'est ça ?
-Ben oui.
-Mais si personne ne t'a vue le ramasser ?
-Ah, ben alors je le garde et je vais acheter des vêtements ! (rires)
-Et les autres, vous en pensez quoi ?
-Non, c'est pas très chouette de le garder je trouve, c'est beaucoup d'argent quand même.
-Ben oui justement (rires).
-Bien, et dans tout ça, qu'est-ce qui en vous déclenche ces réactions ? Est-ce que c'est votre imagination, votre mémoire, vos émotions, vos sentiments ou autre chose encore ?
-Ben, oui j'imagine les vêtements que je vais acheter ! (rires).
-Donc, tu te laisses entraîner par ton imagination.
-Moi je le prends pas parce que mes parents m'ont appris que c'était pas bien.
-Donc, tu utilises ta mémoire et les valeurs que tes parents t'ont enseignées. On appelle ça la morale.
-Moi je le prends pas parce que ça me fout la trouille de me faire voir.
-Donc, tu réponds à une émotion.
-C'est tout mélangé alors !
-Oui, on peut voir ça comme ça mais il y quand même quelque chose en nous qui intervient. Vous vous souvenez de Pinocchio et de Jimmy Cricket ?
-Ah oui, c'est lui qui dit quand Pinocchio fait une bêtise.
-C'est sa conscience !!
-Bien ! voilà, c'est ça, c'est sa conscience. Comment on pourrait expliquer cette conscience en nous ? Qu'est-ce que c'est ? On vient de voir que ça mélange un peu tout ce qu'on a déjà trouvé.
-C'est nos pensées ?
-Quand tu fais un problème de math, tu n'as pas besoin de cette conscience là mais de la conscience que tu dois bien réfléchir. C'est le raisonnement. Quand tu es en haut d'une piste noire de ski, tu dois avoir conscience que ça va être difficile mais que tu peux le faire si tu restes appliqué. C'est la concentration.
-Ah, ben ça fait plein de conscience alors ?
-Ca n'est pas vraiment plein de consciences mais plutôt diverses utilisations d'un état de conscience. Quand on dort, par exemple, est-ce qu'on peut dire qu'on est conscient ?
-Ah, ben non, sinon on ne dort pas ! (rires)
-Donc, nous sommes conscients lorsque nous sommes réveillés et lorsque nous utilisons tout ce qui est en nous :la mémoire, l'imagination, les émotions, la morale, le raisonnement et certainement encore d'autres notions, d'autres pensées, d'autres états de conscience. mais qu'est-ce qui se passe si nous nous laissons emporter par un de ces états sans réellement le maîtriser, sans avoir clairement identifié ce qui se passe en nous. Je vous donne un exemple : Quand il y a une alerte incendie dans l'école, quand l'alarme retentit, si vous vous laissez emporter par la peur et que vous commencez à crier, vous n'allez pas écouter ce que je dis, vous allez paniquer et vous risquez en plus de déclencher une panique générale, ça arrive souvent des mouvements de foule qui se terminent en catastrophe parce que les gens n'ont pas été conscients de ce qui se passait en eux. C'est comme s'ils n'étaient plus réveillés.
-Et pourtant ils ne dorment pas !
-Non, ils ne dorment pas mais pourtant ils ne sont plus conscients. Ça vous arrive aussi parfois quand vous paniquez parce que je vous donne un contrôle surprise !
-Ah oui, on a la trouille et on ne réfléchit plus !
-Et du coup, cette peur en vous vous fait tout rater. Ça n'est pas parce que vous ne saviez rien mais parce que vous n'arriviez plus à réfléchir ! Vous vous souvenez que je vous avais dit qu'il fallait peindre en jaune fluo la pensée la plus importante et que lorsque vous voyiez arriver une autre pensée qui n'avait pas la bonne couleur, il fallait vous en débarasser.
-Ah oui, c'est ça qu'il faut faire pour réussir mais c'est difficile de contrôler les pensées ! Ca part dans tous les sens souvent !
-Et bien il faut déjà en être conscient pour réussir à se corriger à l'intérieur. Sinon, à l'extérieur, sur votre feuille, ça va être un sacré chantier. Etre conscient de ce qui se passe en nous, c'est absolument essentiel. Mais il faut pouvoir mettre un nom sur ce qui nous arrive. Cette conscience, c'est un des aspects les plus importants de notre vie et vous voyez bien que ça met en action énormément de choses en nous. Savoir ce qui appartient à notre imagination, à notre mémoire, à nos émotions, à notre morale, à notre raisonnement, tout ça il faut le maîtriser au mieux. C'est le seul moyen de pouvoir faire un choix réel. Sinon nous ne sommes pas conscients, nous vivons comme si nous étions en train de dormir."