Blog

  • Etre libre.

    Être Libre par Krishnamurti

     

    Revue 3ème Millénaire

    http://www.revue3emillenaire.com/blog/?p=3476

    07/05/2010

    Cet article, préparé et traduit de l’anglais par Robert Linssen, constitue une synthèse de conférences de Krishnamurti entre 1928 et 1935. A cette époque, on pouvait encore entendre  Krishnamurti dire des choses comme « il y a une Réalité éternelle et vivante, appelez-la Dieu, immortalité, éternité… » ;  par la suite il continua à affiner son langage pour le restant de sa longue vie, s’éloignant de plus en plus des affirmations qui pour nombreux de ses auditeurs n’étaient que croyances…

    (Revue Être Libre. No 1. Janvier 1936)

    Je ne désire pas ajouter aux nombreux systèmes existants de nouvelles théories, de nouvelles formules, ou de savantes explications.

    Toutes les formules « toutes faites », les « explications », les « théories » ne sont que des moyens habiles pour vous évader de vos propres conflits.

    La plupart des esprits désirent imiter, suivre, copier parce qu’ils ne savent plus penser fondamentalement par eux-mêmes.

    Pour la plupart la douleur, le conflit est si intense, qu’ils préfèrent plutôt s’évader dans les religions, les systèmes, les théories, ces cristallisations de la pensée humaine.

    Pour moi, la solution réelle de vos problèmes, se trouve dans la profondeur de votre Intelligence, qui doit fonctionner simplement, librement, spontanément.

    Par cette Intelligence, je n’entends pas la capacité de spéculations ni de ruses intellectuelles.

    L’Intelligence Véritable n’est pas non plus la connaissance livresque.

    Vous pouvez avoir beaucoup étudié, et encore restes stupide.

    Vous pouvez lire de nombreuses philosophies, et ne pas connaître encore l’Extase, la béatitude de la pensée créatrice, qui ne peuvent exister seulement que lorsque l’esprit et le cœur, se libèrent eux-mêmes à travers le conflit, par une constante lucidité, de toutes les stupidités du passé.

    L’expression de l’Intelligence véritable dans l’Action est l’Immortalité, c’est l’apothéose du bonheur, la béatitude de vivre complètement dans l’Éternel Présent.

    Vous avez d’innombrables idées concernant la plénitude de la Vie, et l’immortalité.

    Mais pour moi, cette Immortalité, cette grande richesse de la Vie, ne peut être comprise et vécue, que lorsque l’esprit est pleinement libéré de toutes ses limitations, des stupidités du passé, du milieu actuel, des anomalies acquises ou héritées. Dans cette flamme d’intense lucidité, surgira l’extase de la Vie, dans cette conscience suprême est la Vérité.

    Je vous en prie, tout ceci n’est pas une nouvelle théorie, je ne suis pas un théoricien. Je ne m’impose à personne, je n’essaye de convaincre personne de mon message, mais parce que les hommes sont enfermés dans la prison de la misère, dans les cages de la souffrance, je voudrais éveiller en eux, le désir de détruire eux-mêmes ces cages.

    Je veux créer en chaque être, une attitude nouvelle d’esprit. Je ne désire pas de disciples, parce que la signification totale de ce que je dis est contraire à toutes ces choses.

    Ce n’est que lorsque l’esprit est dépouillé de toutes les illusions de l’ignorance, et de toutes disciplines intérieures ou extérieures, qu’il est capable de discerner le Présent Infini.

    La Plénitude de la Vie est en toutes choses, il ne faut rien acquérir, tout est là, ELLE EST.

    Mais si vous voulez comprendre ce que j’ai à dire, ne me traduisez pas je vous en prie en termes de parti, de secte, de groupe, de disciple, de partisan de religion.

    L’Éternel Présent est une chose que l’on ne peut pas expliquer. Vous ne pouvez pas raisonner un tel sujet. Cela doit être expérimenté, Cela doit être vécu. Cela requiert une grande persistance et un éveil constant.

    Mais nos vies sont si superficielles, avec les inanités de la « civilisation » moderne, nos vies sont si chaotiques, déraisonnables, pleines de souffrances, et les hommes ne sont plus que des machines à imiter.

    Je dis que lorsqu’il y a discernement véritable, point n’est besoin de disciplines intérieures ou extérieures. Vous êtes la plupart emprisonnés dans l’habitude de la discipline.

    Tout d’abord vous conservez une image mentale de ce qui est bien, de ce qui est vrai, et de ce que votre caractère devrait être. Vous essayez de faire concorder vos actions avec cette image mentale.

    Vous agissez simplement en vous conformant à une image mentale que vous possédez. Tant que vous avez une idée préconçue de ce qui est vrai vous agirez conformément à cette idée. La plupart d’entre vous êtes inconscients du fait que vous agissez conformément à un modèle.

    Mais lorsque vous devenez conscients du fait que vous agissez d’une telle façon, vous n’essayez plus de copier ou d’imiter, mais c’est votre propre action qui vous révèle ce qui est vrai.

    Notre entraînement physique, notre éducation morale et religieuse tendent à nous mouler conformément à un modèle.

    Être libéré de la discipline est extrêmement difficile, du fait que dès l’enfance nous avons été l’esclave de la discipline et de la domination.

    Depuis l’enfance, la plupart d’entre nous, avons été entraînés à nous adapter à un modèle social, religieux ou économique, et la plupart de nous sommes inconscients de ce fait.

    La discipline est devenue une habitude, et vous êtes inconscients de cette habitude.

    Lorsque vous verrez que vous êtes en train de vous discipliner conformément à un modèle, votre action sera engendrée par le discernement.

    Si en agissant ainsi vous êtes conscients de l’imitation, votre action sera spontanée.

    J’aimerais donc vous expliquer que la Vérité, la plénitude et la richesse de la Vie, ne peut être réalisée par personne au moyen de l’imitation, ou d’une forme quelconque de l’autorité.

    La plupart d’entre nous sentons occasionnellement qu’il existe une vraie vie, un Éternel quelque chose, mais les moments où nous sentons cela sont si rares, que cet Éternel quelque chose recule de plus en plus vers l’arrière-plan, et nous apparaît de moins en moins réel.

    Or pour moi, il y a une Réalité éternelle et vivante, appelez-la Dieu, immortalité, éternité ou autrement si vous le voulez.

    Je tiens qu’il y a une Vie éternelle qui est la Source et le But, le commencement et la fin, encore qu’elle n’ait ni commencement ni fin, ni But, ni Apogée.

    Cette Vie éternelle ne cherche pas dans son expression un résultat, un accomplissement. Elle n’a ni apogée ni but, car Elle est éternellement en Mouvement.

    La Vérité réside dans le processus, et non dans la réalisation.

    Il y a quelque chose d’intensément vivant, de créateur qui ne peut être décrit, parce que la Réalité échappe à toutes descriptions.

    Vous ne pouvez pas connaître l’Amour Véritable par la description d’un autre, pour connaître l’Amour Réel, il faut que vous l’ayez éprouvé vous-même.

    L’Amour a perdu son extase créatrice.

    Il ne devient plus qu’une série de conflits qui visent la possession.

    La grande tendresse de l’Amour, sa grande profondeur, sa qualité d’Éternité, sa sublimité, son extase immense et profonde sont détruites par le désir de posséder, d’obtenir.

    Sans cet Amour, l’homme ressemble à un désert de sable sec, à une rivière en été, lorsqu’elle n’a plus d’eau pour abreuver ses rives.

    Et pourtant peu savent aimer véritablement, car pour aimer réellement, vous devez être au-dessus de la corruption de l’Amour.

    Mais nul ne peut vous décrire la Plénitude, méfiez-vous de l’homme qui essaye de décrire cette Réalité vivante.

    Cette réalisation de la Vérité, de l’Éternel, n’est pas dans le mouvement du temps, lequel n’est qu’une habitude de l’esprit.

    Mais si l’esprit comprend cette Plénitude de la Vie, et s’il est libre de la division du temps en passé, présent et futur, alors survient la réalisation de cette Réalité Vivante, Éternellement Présente.

    Et encore, parce que nous avons divisé l’action en passé, présent et futur, parce que pour nous l’Action n’est pas complète en elle-même, mais est plutôt quelque chose qui est mis en mouvement par des mobiles, par la peur, par des guides, par la récompense et la punition, nos esprits sont incapables de comprendre la totalité dans sa continuité.

    Ainsi on s’évade continuellement de l’Éternel Présent.

    Ce n’est que lorsque l’esprit et le cœur sont libres de la division du Temps que l’Action véritable peut surgir.

    Quand l’Action est engendrée par la Plénitude et non par la division du temps, elle est harmonieuse et est libérée des entraves de la société, des classes, des races, des religions et du désir d’acquérir.

    Pour exposer la chose différemment, l’Action doit devenir vraiment individuelle.

    Par action individuelle, j’entends l’action qui est engendrée par la compréhension complète, par la compréhension de l’individu, et non pas celle qui est imposée par d’autres.

    L’Immortalité ne peut être comprise que dans la plénitude de notre Action individuelle, et non comme fragment d’une structure, non comme partie d’une machine sociale, politique et religieuse.

    Vous devez donc éprouver l’individualité véritable avant de pouvoir comprendre Ce qui est vrai.

    Tant que vous n’agissez pas de cette Source Éternelle, il doit y avoir conflit, il doit y avoir divisions et des luttes continuelles.

    Chacun de nous connaît la lutte, la douleur, le conflit et le manque d’harmonie.

    Ce sont là des éléments qui en grande partie constituent notre vie, et consciemment ou inconsciemment, nous essayons de leur échapper.

    Peu de personnes sont conscientes de la cause profonde de leur souffrance, alors elles éprouvent le désir de fuir cette souffrance, et ce désir de fuite a créé et vitalisé nos systèmes moraux, sociaux et religieux.

    Parce que nous ne sommes pas « véritablement » responsables de nos propres actes, nous créons des systèmes et des autorités pour qu’ils nous donnent des réconforts et des abris.

    Cette incapacité d’affronter l’expérience dans sa plénitude crée le conflit et le désir que l’on a de s’évader.

    DE LA SÉCURITÉ

    Si vous considérez intelligemment vos pensées et les actes qui en découlent, vous verrez que là où se trouve le désir de fuite, il doit y avoir la recherche de la sécurité; et toutes vos actions soft basées sur le désir de sécurité.

    Graduellement, cette demande de la sécurité détruit l’Intelligence véritable.

    L’esprit à travers l’expérience accumule diverses sortes de systèmes d’autoprotections du « Je », de sécurités de « Je », et ces choses sont de nature à empêcher totalement l’esprit dans son processus de réajustement constant à l’Éternel Mouvement de la Vie.

    L’ardent désir de sécurité, se manifeste entre autres, par la volonté d’avoir un compte substantiel en banque, une bonne position, par le désir d’être considéré comme « quelqu’un » dans la ville que l’on habite, par la lutte que l’on affronte pour obtenir des titres, des grades, et tant d’autres stupidités qui n’ont aucun sens Réel.

    Ensuite, quelques-uns d’entre vous, ne sont plus satisfaits par la sécurité physique, et cherchent une sécurité d’une forme plus subtile.

    C’est encore de la sécurité, mais simplement un peu moins évidente, et vous l’appelez spiritualité.

    Mais je ne vois pas de différence entre les deux.

    Lorsque vous êtes rassasiés de sécurité physique, ou lorsque vous ne pouvez pas l’obtenir, vous vous tournez vers la sécurité spirituelle.

    Et lorsque vous vous tournez vers cette sécurité, vous vitalisez ces choses que vous appelez « religions » et « croyances spirituelles » organisées.

    Parce que vous cherchez la sécurité, née de votre propre insuffisance, de votre propre vide, vous établissez une forme de religion, un système de pensée philosophique dans lequel vous êtes pris, et dont vous devenez l’esclave.

    Notre inertie, notre manque de compréhension nous remettent désarmés dans les mains de « spécialistes » et de « profiteurs ».

    Notre désir de sécurité, notre désir de perpétuation, d’immortalité personnelle, nous incite à rechercher des autorités qui puissent nous « promettre » cette « immortalité », et ainsi ont surgi les structures religieuse, les croyances organisées, les dogmes, le sacerdoce.

    Ainsi les prêtres à travers le monde, se sont transformés peu à peu en exploiteurs.

    Je dis que lorsqu’un homme est « emprisonné » dans une croyance quelconque, il ne peut connaître la Plénitude de la Vie.

    Un homme qui vit pleinement, agit de cette Source dans laquelle il n’y a pas de réactions, mais seulement l’Action ; mais l’homme qui est à la recherche de la sécurité, de l’évasion, doit s’accrocher à une croyance parce que c’est d’elle, qu’il tirera son support continuel et l’encouragement à son manque de compréhension.

    Mais vous n’aborderez jamais la Vie, tant que vous serez retenus dans un moule.

    La Vie passera à côté de vous parce que vous avez déjà limité votre esprit par votre propre choix.

    Ce n’est que lorsque vous aborderez les expériences sans barrières, que vous trouverez une joie continuelle.

    Si vous avez l’Intelligence véritable, et l’intensité qu’il faut pour détruire les barrières qui vous enchaînent, vous connaîtrez par vous-même l’accomplissement de la Vie.

    Mais la plupart des individus essayent de s’enfuir, ils se sont transformés en machines à habitudes.

    Afin d’éviter le conflit vous créez des croyances religieuses, vous adorez une image d’une imitation que vous appelez Dieu, ou vous essayez d’oublier votre inaptitude à affronter la lutte en vous perdant vous-mêmes dans le travail, ou dans les marais d’une activité superficielle.

    De cette pauvreté intérieure surgit le désir de sécurité, et pour avoir la sécurité, il doit exister une personne, une idée, une croyance, une tradition pour vous donner l’assurance de la sécurité.

    Ainsi dans notre tentative de trouver la sécurité, nous érigeons une autorité…

    DE L’AUTORITÉ…

    Nous sommes esclaves de l’autorité que nous avons nous-mêmes créés.

    Nous cherchons la sécurité au moyen de guides spirituels ou de prêtres, ou encore, nous cherchons l’autorité dans la puissance de la tradition sociale, économique ou politique.

    C’est nous-mêmes, individuellement, qui avons établi ces autorités, elles n’ont pas surgi à la Vie spontanément.

    Pendant des siècles, nous n’avons cessé de les établir, et nos esprits ont été mutilés, pervertis par leur influence.

    Ce culte de l’autorité est pour moi la racine suprême de l’exploitation.

    L’esprit est tenu en esclavage par le milieu qu’il a lui-même créé par son insatiable désir, il en résulte une peur incessante.

    Partout où existe cette peur, on trouve la discipline, la contrainte exercée par des hommes sur d’autres hommes, la domination et la recherche du pouvoir que l’esprit glorifie comme une vertu divine.

    Si vous réfléchissez réellement à tout cela, vous verrez que là où il y a Intelligence Véritable, il ne peut y avoir poursuite du pouvoir.

    Toute vie est modelée par une peur incessante, inconsciente et par des conflits, donc par la coercition, par l’imposition de décrets et de liens que certains considèrent comme vertueux et précieux, et d’autres nocifs et funestes.

    Ce sont là les freins que vous avez institués dans votre désir de vous perpétuer ; vous avez créé des autorités, et votre vie est modelée, par des obligations, de formes et de degrés divers.

    L’individu qui est perpétuellement conditionné par le milieu, modelé par des règles, des lois, des principes de morale, devient de moins en moins intelligent au plus on l’écrase.

    Ces freins imposés à l’individu, et qu’il appelle son milieu environnant ont pour promoteurs les charlatans et les exploiteurs de la religion, de la morale publique, de la vie politique et économique.

    L’exploiteur est l’individu qui, consciemment ou inconsciemment, se sert de vous, et vous lui cédez, consciemment ou non, parce que vous ne comprenez pas vous devenez l’exploité économiquement, socialement, politiquement, religieusement — et il devient votre exploiteur.

    De cette manière la vie devient une école, un cadre, un moule en acier dans lequel l’individu est battu jusqu’à en épouser la forme.

    L’individu devient une simple machine, un rouage sans pensée, rigidement limité.

    La vie devient une lutte, une série .de combats continuels.

    Aussi a-t-on inventé cette idée fausse que la Vie est une série de leçons à apprendre, d’expériences à acquérir pour se prémunir, à l’effet de mieux pouvoir aborder la vie du lendemain — mais, avec des idées préconçues.

    La vie devient une simple école, et non quelque chose dont on doit jouir, et que l’on doit vivre extatiquement, pleinement, sans peur.

    Le milieu extérieur étreint l’individu, le broie dans un cadre d’objets en série, d’idées religieuses, et comme il se sent écrasé par l’extérieur il cherche à s’échapper dans un monde qu’il appelle le monde intérieur.

    Naturellement quand l’esprit est dévié, perverti, moulé par le milieu extérieur, et qu’il se livre au dehors à des luttes incessantes, il espère en une tranquillité, en un bonheur, en un monde différent, et il se construit alors un romantique havre d’évasion dans lequel il cherche une compensation aux échecs et aux souffrances de l’extérieur.

    Si vous devenez réellement conscient de tout ce qui précède, vous commencerez à comprendre la vraie signification du monde extérieur et du monde intérieur.

    A ce moment-là existe une perception immédiate, spontanée, la Vie se trouve libérée, et l’esprit devient Intelligence véritable, il peut fonctionner d’une façon créatrice, naturelle, sans cette constante bataille.

    Ainsi, l’Intelligence reconnaît les obstacles, il n’y a pas d’adaptation, seule surgit la compréhension spontanée, qui est un mode de vie naturel, simple, extatique.

    L’Intelligence Véritable ne dépend ni de l’extérieur, ni de l’intérieur.

    Dans cette lucidité, il n’y a pas de désir, mais la perception claire, simple, spontanée de Ce qui est vrai.

    Alors surgit la Plénitude, cette richesse infinie, cette réalisation de l’Éternité qui est Dieu.

    C’est une réalité, une Vérité immense et vivante, et pour la comprendre il faut une complète simplicité, une grande clarté de pensée.

    Ce qui est simple est infiniment subtil. Ce qui est simple est extrêmement délicat.

    Il y a une grande subtilité, une délicatesse infinie, un équilibre délicat qui n’est ni le contentement de soi, ni cet incessant effort engendré par le désir de réussir, d’accomplir.

    Dans cet équilibre délicat réside la simplicité, qui n’est pas une simplicité qui consiste à n’avoir que peu de vêtements ou de possessions.

    Ce n’est pas de cette simplicité là que je parle — qui n’est qu’un aspect grossier de la Vraie Simplicité — mais de celle qui est engendrée par cette délicatesse de pensée dans laquelle n’existe ni satisfaction, ni stagnation, mais simplement l’extase suprême de vivre pleinement le Présent Infini.

    Dans cette extase se trouve le mouvement vivant de la vérité, qui est une Vie sans cesse créatrice.

    J. KRISHNAMURTI

  • L'existentialisme

    "L'homme existe d'abord, c'est à dire que l'homme est d'abord ce qui se jette vers un avenir et ce qui est conscient de se projetter dans l'avenir. Rien n'est au ciel intelligible et l'homme sera d'abord ce qu'il a projetté d'être. L'existence précède l'essence. Ainsi la première démarche de l'existentialisme est de mettre tout homme en possession de ce qu'il est et de faire reposer sur lui la responsabilité totale de son existence. L'angoisse est l'absence totale de justification en même temps que la responsabilité à l'égard de tous. Avant que vous ne viviez, la vie, elle n'est rien, mais c'est à vous de lui donner un sens et la valeur n'est pas autre chose que ce sens que vous choisissez. La vie n'a pas de sens à priori."

    Jean-Paul Sartre.

     

    Lorsque j'étais au lycée, en terminale philo, j'avais découvert ce texte avec un enthousisame débordant. Tout ça me semblait contenir une vérité indéniable. Je devais donner un sens à mon existence, j'en étais le seul responsable, quelques soient les obstacles, il ne tenait qu'à moi de les surmonter...La vie n'était rien d'autre que ce que j'allais en faire. En elle même, elle n'avait pas de réalité, c'était à moi de lui donner une "forme", un projet, une mission. Mes actes devaient donner à cette vie inerte une raison d'être.

     

    La vie en moi s'est chargée de me montrer à quel point cette prétention n'était que l'exubérance de mon égo. Je ne suis plus du tout d'accord avec l'existentialisme de Sartre ou de Camus. Bien sûr que j'ai décidé d'écrire, bien sûr que c'est moi qui tapote sur le clavier et tente à travers ma raison de mettre en forme une éventuelle évolution spirituelle. Je pourrais aussi bien éteindre cet ordinateur et cesser de chercher en moi les réponses. Non, en fait, j'en suis incapable...Ca ne m'appartient pas. Il y a en moi une force qui me pousse à continuer. Les périodes de "sommeil" ont toujours été suivi de réveils flamboyants. Cinq livres, des milliers de pages, ce blog. Je n'y peux rien, ça n'est pas un choix, je ne peux pas lutter contre ça, j'appartiens à ce chemin, c'est un courant qui me pousse. Je n'ai aucune angoisse devant l'absence de justification. Je ne sais pas pourquoi j'écris. Je sais par contre ce que ça m'apporte mais le point de départ ne m'appartient pas. Il m'arrive même de ne pas savoir "comment" j'écris, ces périodes d'écriture "spontanée", comme une possession sublime. Ca n'est pas moi mais bien autre chose. Une énergie. La Vie en moi qui parle à travers les frissons qui m'enflamment, les larmes de bonheur, les envolées émotionnelles, comme des naissances, des accessions subites à une lumière indéfinissable, des flashs tonitruants.

     

    J'ai cessé de penser que cette capacité d'écriture m'appartient. Les progrès dans la maîtrise de la langue sont de mon ressort mais la source des mots, je ne la connais pas, je ne peux pas y remonter, je descends dans le courant mais je ne suis pas un saumon...Et je n'en souffre aucunement. J'aime cette énergie et je la laisse m'emporter, je la bénis, je l'honore, je ne me soumets pas niaisement comme un dévôt mais je m'en nourris. Dans le courant, je trouve tout ce qui m'est nécessaire. Peu m'importe de savoir si au ciel il y a quelque chose d'intelligible, je n'ai pas accès à cette dimension, je ne sais pas si quelque chose est écrit, si j'ai un karma à éprouver, à purifier, tout cela reste du domaine de l'hypothèse et je n'ai pas envie de m'y perdre en me questionnant sempiternellement en espérant atteindre l'illumination. Si la Vie considère que je suis apte à recevoir un jour cette révélation, si je suis susceptible de comprendre ce qui ne m'est pas accessible aujourd'hui, je laisse l'énergie en décider, la Vie en moi sait où elle va.

    Je reste donc dans l'instant en usant de ce que je possède réellement, les mots, la langue, l'écrit, un espace dans lequel je peux avancer, sans prétention, sans objectif. L'énergie apporte à ces mots la sève nourricière. Sans ce flux constant, les mots n'auraient aucun sens. Ils ne seraient qu'un jeu, un travail littéraire, une logorrhée narcissique.

     

    Le sens de ma vie, c'est de laisser cette vie me porter, de la recevoir, de l'aimer, de m'en nourrir. Je n'existe pas d'abord. La vie en moi existe et si je la reçois avec tout le respect que je lui dois, je m'offre l'opportunité d'une existence.

    Lire la suite

  • LES ÉGARÉS . (roman) 4

     

     

     

    "Assis au bord d’un petit lac d’altitude, il étudie la carte et l’idée survient qu’il ne possède pas en lui de tracé constitué. Il avance sur un chemin inconnu, une terre vierge, un espace englouti par un inconscient vorace. L’impression de devoir progresser à coups de machette dans la jungle sombre de ses émotions enchevêtrées l’indispose. Il devine une menace mais l’attraction le domine. Comme si l’abandon forcé de ses rôles identitaires créait inéluctablement en lui ce désir irrépressible d’explorer les reliefs chaotiques de ses recouvrements érigés. Les montagnes sont intérieures. La profondeur des vallées sombres n’est qu’une promesse de sommets lumineux. Sa vie sociale lui apparaît soudainement comme une vaste plaine morne et encombrée de gravats, un désert parsemé de mirages adorés, une terre ravagée par des conflits internes, des relations invalidantes, des contraintes inventées comme autant d’expédients hallucinogènes.

    La peur qui l’étreint n’est qu’une résistance, un rappel effréné du mental vers des soumissions apprises, des abdications acquises. Il est effrayé à l’idée que le prisonnier finit par adorer l’épaisseur de sa geôle quand la projection vers une liberté possible implique l’abandon des repères, la disparition des balisages, l’avancée aléatoire dans les marais spongieux de l’inconscient envasé.

    Ces dix-neuf ans de vie commune, cet amour proclamé et cette fusion irraisonnée sont devenues peu à peu des enceintes vénérées, des murailles décorées par des images fabriquées, des paroles trompeuses, des étreintes cannibales. Cette incapacité à révéler l’être réel a institué insidieusement des comportements névrotiques.

    Ne trouvant pas en lui les nourritures intimes, il s’imagine dévorant Leslie. Le dégoût de sa violence l’oblige à se lever.

    Il repart et force son pas.

    Il a honte de ses intentions inavouées. Lui-même n’avait jamais voulu en prendre conscience. Son amour n’était qu’un besoin et l’attention offerte pansait ses propres blessures. De cet amour donné il cherchait à établir l’amour de lui-même, une admiration renvoyée, un narcissisme égoïste, une identification mentalisée. « Je suis celui qui l’aime et par cet amour je prends forme. » Il ne s’agissait pas d’amour. Il a tout sali.

     

     

    Il connaît la source de cette attitude … Mais la remontée des douleurs anciennes doit être progressive. Une confrontation trop brutale le pousserait à rétablir les murailles. Il sent des résistances acharnées. Il reconnaît le besoin d’indulgence, la nécessité d’un regard compatissant, une empathie indispensable. Il a déjà tellement souffert. Il ne veut plus succomber aux douleurs et constituer de ce ciment infâme des citadelles hautaines. Se livrer à la démesure des accusations outrancières reviendrait à endosser encore une fois le rôle de la victime. Il survit dans ce costume immonde depuis trop longtemps. Il ne veut pas le raccommoder mais s’en défaire, le jeter, le brûler. Se dénuder. La patience est de rigueur. De la même façon qu’il avance sur ce chemin de randonnée au rythme de son cœur, il doit respecter le tempo de son âme, ne pas l’asphyxier par des efforts abusifs. Cette lente exploration de la fosse commune encombrée de ses émotions putréfiées ne doit pas être un saccage mais une célébration lucide, des retrouvailles respectueuses, une décantation progressive.

     

    La deuxième hernie discale. Comme un sursis annulé, une condamnation confirmée, le retour à la réalité intime.

    Il avait trente-neuf ans. Une sciatique foudroyante, l’impression d’une plaie ardente courant sur sa jambe, il aurait voulu écarter les chairs et arracher le cordon brûlant, un couteau édenté planté dans le dos, des crampes comme des décharges électriques, les orteils tordus, recroquevillés, il ne contrôlait plus rien, il ne pouvait plus se lever, il rampait jusqu’aux toilettes, des jours et des nuits de pleurs, les regards impuissants de Leslie et des enfants ruisselaient en lui comme du plomb fondu, leur détresse, cette panique contenue, il se retenait de hurler, en surdose de morphine, hallucinations, des armées de scorpions couraient sur son ventre, déchiraient la plaie fermée de son nombril et s’enfonçaient dans les chairs, il cuisait dans des bouillons de magma où flottaient des résidus de corps, des entrailles blanchies, des femmes éventrées, des crânes de bébés déchiquetés flottaient autour de lui, les yeux exorbités le fixaient horriblement, les veinules éclatées comme des lacis de barbelés, des glaires sanguinolentes coulaient dans ses poumons, il voulait cracher mais n’en avait pas la force, il suffoquait, des scarabées voraces dévoraient son anus, dévastaient ses intestins, rejoignaient les armées de blattes qui grouillaient dans son dos et rongeaient les fibres, des tentacules de méduses enserraient son visage, il sentait parfaitement les ventouses urticantes, il étouffait, il étouffait, sans pouvoir s’enfuir, tout était dans son crâne,dans son corps violenté, la folie, la folie le gagnait, il le savait.

     

    Il n’a rien oublié.

     

    Il allait mourir. Aucun répit. Plus de sommeil, juste quelques plongées cauchemardesques et des réveils paniqués, le souffle haletant, les yeux exorbités devant l’horreur qui le rongeait de l’intérieur, le membre torturé se rigidifiait inexorablement, une courbure répugnante s’installait, une arabesque figée comme une malformation dégénérative. Il ne contrôlait plus rien. Il fallait le piquer à la morphine pour que sa vessie se libère. Les reins étaient menacés.

    Aucun chirurgien n’osait l’opérer. Les dégâts de la première opération. Une vraie boucherie. Le nerf sciatique était englobé dans la fibrose. On lui parlait de paralysie. Quand Leslie partait au travail et les enfants à l’école, qu’il se retrouvait seul dans la maison silencieuse, il songeait au suicide. Avaler toute les boîtes de morphine. Sombrer dans le coma et partir. Libérer les êtres aimés. La douleur du cimetière s’atténuerait. Finir dans un fauteuil roulant condamnait Leslie et les enfants à un calvaire.

    Il ne sait pas ce qui a retenu son geste.

    Il devinait parfois des regards attendris, des mots susurrés dans le caveau morbide de sa détresse, une voix apaisante qui lui parlait de patience, de confiance, d’un cheminement obligatoire. Ses ressentis étranges validaient en lui l’avancée insatiable de la folie, il n’en parlait à personne. Parfois pourtant, lorsque le fil ténu de sa résistance cédait, il s’y abandonnait, acceptait l’offrande et puisait quelques forces, juste assez pour tenir, quitter quelques instants le champ de ruines où il agonisait.

    Il imaginait des bénédictions d’anges gardiens. Comment aurait-il pu en parler ?

     

    Il s’arrête. Les larmes coulent. Comme un trop plein qui jaillit, un barrage qui s’écroule.

    Tant de douleurs. La détresse de Leslie. Elle avait dû tenir, tout gérer, ne pas sombrer, elle s’était montrée indestructible, sans faille, d’une solidité granitique. Elle n’avait jamais pleuré devant lui. Elle avait pourtant dû le faire. Ca n’était pas possible de résister aussi longtemps sans s’accorder une pause.

     

    Tout ce qu’il lui doit. Et tout ce qu’elle porte.

     

    Ce fardeau abject, cette dégradation avilissante, cet envasement dans la boue brûlante des souffrances, ce temps perdu, anéanti, sali, il imagine la tumeur vivace qui entretient les souvenirs comme des ferments éternels, une excroissance glaireuse dans les tréfonds de la mémoire, une bête répugnante, ses mandibules plantées dans les tissus infectés par les salives corrosives, une plaie suintante, un pus entretenu.

     

    Son médecin généraliste l’avait envoyé en urgence dans une clinique. Un chirurgien l’avait reçu. Le spécialiste de la région. Des colonnes vertébrales à la chaîne.

    Il était allongé sur une civière, les ambulanciers étaient passés le prendre, Leslie l’accompagnait, elle avait parlé à sa place, il pleurait, incapable de prononcer autre chose qu’un gémissement épuisé, les sanglots étranglés de ses suppliques. Qu’on en finisse. Il voulait qu’on l’opère. S’il se réveillait paralysé, il sauterait par la fenêtre, il y arriverait, les gestes étaient en lui, il en aurait la force, ça serait fini, rien d’autre à faire, il ne voulait pas cloisonner Leslie dans la geôle sordide d’un avenir limité. Elle apprendrait à vivre sans lui et son amour de la vie la sauverait. Il en était persuadé. Il voulait qu’on l’opère. Il avait fini par le crier, par implorer l’homme en blanc, ça n’était plus possible, il allait imploser, il n’était que douleur.

     

    Dernière nuit avant le bloc. Il est seul dans la chambre. Une perfusion diffuse dans ses veines un antalgique visqueux. Il flotte dans le bain gluant de l’absence, son corps est un néant gigantesque, un cosmos sans étoiles, il glisse une main sur son sexe flasque, il le caresse, il voudrait sentir le membre érigé, le flux sanguin gonfler les corps caverneux, il pense à Leslie, à la douceur de sa peau, au parfum délicat entre ses cuisses, à la chaleur moite de ses lèvres ouvertes, au moelleux accueillant de ses petits seins, le tissu exalté de ses tétons rosés, sa langue gourmande, ses mains affamées, les gémissements langoureux de l’orgasme qui monte, cette énergie qui l’inonde … Rien … Le membre est mou, désespérément mou. Il pleure. Les douleurs accumulées ont ravagé le champ du plaisir, il imagine une terre brûlée, les cendres épaisses, un silence de mort. La peur ajoute à ce désastre le poids des menaces, la force du mental affolé. Il regarde la fenêtre. Deux mètres à faire, ramper, se tirer sur les bras, saisir le rebord, glisser le battant, hisser le corps et basculer.

    Demain peut-être.

     

    Il laisse tomber son sac. Il ne voit plus le chemin. Les marées de larmes s’entretiennent, il n’a plus de forces. Il n’a jamais rien raconté à Leslie. Il a cloisonné  les émotions dans l’antre infini de ses refoulements. Toujours cette maîtrise … Il faudra bien qu’il l’observe un jour, qu’il la comprenne, il sait qu’il ne peut plus échapper à cette dissection. Il doit dépecer cette nécrose, plonger au cœur du mal, lacérer les tissus, enfoncer sa conscience dans la bourbe durcie de ses renoncements, la fange pestilentielle de ses enfermements.

     

    Il ne peut plus avancer."  

     

     

     

  • Egrégore (1)

     

    ÉGRÉGORE OU FORME PENSÉE PROGRAMMÉE

    Tout dans l'univers, se manifeste sous forme vibratoire ou énergétique. Ils sont synonymes. Tout est conscience, c'est à dire information et de l'information c'est de la force, de l'énergie, de la puissance.

    Nous vivons dans un monde régi par des forces énergétiques. L'une d'elles nous concerne particulièrement tout au long de notre existence, celle des égrégores. Dès qu'un groupe se constitue, une forme pensée se crée. Elle est la somme des énergies psychiques émise par chacune des personnes du groupe. L'ensemble de ces mouvements vibratoires exerce en retour une puissante influence sur ses membres.

    Un égrégore est une forme pensée ou idée-force de qualité neutre qui se colore, pour le meilleur ou pour le pire, des intentions du groupe. Selon la qualité vibratoire des membres, l'égrégore enchaînera ces derniers à leurs croyances limitatives, ou dynamisera leur potentiel créateur et les déliera de toutes influences extérieures.

     

    DÉFINITION DE L'ÉGRÉGORE

    Un égrégore peut-être perçu comme la résonance vibratoire émise par la psyché d'un groupe de personnes vibrant sur une note déterminée. Les actes, les émotions, les pensées et les idéaux de chaque entité constituant ce groupe, fusionnent pour édifier un tout cohérent, une forme avec ses composants énergétique.

    Un égrégore n'est ni bon ni mauvais, il est l'énergie de pensée, et cette énergie est nourricière.

    L'inconscient inférieur qui représente le passé de la personne, ses attachements, ses croyances, ses pulsions et ses angoisses, le désir et l'impulsivité, sont des égrégores car ces entités psychologiques sont issues de formes de pensées communes.

     

     

    ÉGRÉGORE OU FORME PENSÉE PROGRAMMÉE

    Tout dans l'univers, se manifeste sous forme vibratoire ou énergétique. Ils sont synonymes. Tout est conscience c'est à dire information et de l'information c'est de la force, de l'énergie, de la puissance.

    Nous vivons dans un monde régi par des forces énergétiques. L'une d'elles nous concerne particulièrement tout au long de notre existence, celles des égrégores. Dès qu'un groupe se constitue, une forme pensée se crée. Elle est la somme des énergies psychiques émise par chacun des personnes du groupe. L'ensemble de ces mouvements vibratoires exerce en retour une puissante influence sur ses membres.

    Un égrégore est une forme pensée ou idée-force de qualité neutre qui se colore, pour le meilleur ou pour le pire, des intentions du groupe. Selon la qualité vibratoire des membres, l'égrégore enchaînera ces derniers à leurs croyances limitatives, ou dynamisera leur potentiel créateur et les déliera de toutes influences extérieures.

     

    DÉFINITION DE L'ÉGRÉGORE

    Un égrégore peut-être perçu comme la résonance vibratoire émise par la psyché d'un groupe de personne vibrant sur une note déterminée. Les actes, les émotions, les pensées et les idéaux de chaque entité constituant ce groupe, fusionnent pour édifier un tout cohérent, une forme avec ses composants énergétique.

    Un égrégore n'est ni bon ni mauvais, il est l'énergie de pensée, et cette énergie est nourricière.

    L'inconscient inférieur qui représente le passé de la personne, ses attachements, ses croyances, ses pulsions et ses angoisses, le désir et l'impulsivité, sont des égrégores.

     

    Si l'égrégore en lui-même n'est ni bon, ni mauvais, puisqu'il n'est qu'un phénomène issu des hommes, les hommes peuvent en faire par contre un instrument à double tranchant...Les concepteurs portent en eux la direction et l'évolution de l'égrégore.

     

    http://www.final-age.net/Les-egregores-presentation.html

     

    On voit bien entendu le rapprochement à faire avec l'inconscient collectif.

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Inconscient_collectif

    Puis par conséquence avec les champs morphiques de Ruppert Sheldrake.

    http://www.unisson06.org/dossiers/science/sheldrake_champs-morphiques.htm

    On peut ensuite s'intéresser à des groupes d'influence comme Bilderberg et autres entités secrètes, politiques, financières, philosophiques...Les égrégores y prennent une tournure négative mais effroyablement puissante.

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Groupe_Bilderberg

    Bon, il n'y a plus qu'à approfondir tout ça...

  • Réveiller le tigre.

    PETER LEVINE

    http://www.graip.com/formationplevine.html

     

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Peter_A._Levine

     

    Son livre : Réveiller le tigre. Guérir le traumatisme.

     

    "Le traumatisme ne doit pas être considéré comme une condamnation à perpétuité. De toutes les maladies de l'organisme humain, seul le traumatisme peut se révéler bénéfique. En effet, lorsqu'un traumatisme guérit, une transformation s'opère qui améliore la qualité de vie."

    (Je trouve personnellement étrange d'associer le traumatisme à une maladie...Les effets d'un traumatisme peuvent amener une maladie mais le traumatisme en lui-même n'en est pas une à mon humble avis. Mais bon...)

     

    Un troupeau d'impalas broute paisiblement lorsqu'un guépard surgit. Le troupeau bondit mais un jeune impala trébuche et est rejoint par le prédateur. Juste avant ou même au moment de l'impact, le jeune impala tombe au sol alors qu'il n'est pas encore blessé ni mort. L'animal pétrifié n'imite pas la mort, instinctivement il est entré dans un état de conscience modifiée. Les physiologistes appellent cet état très particulier : réponse d'immobilité ou de "figement". C'est l'une des trois réponses primaires dont disposent les reptiles et les mammifères lorsqu'ils sont confrontés à une menace qui dépasse leurs capacités. Les deux autres réponses sont la fuite ou le combat mais nous en savons beaucoup moins sur le figement.

    Le guépard peut décider de traîner sa proie morte à l'abri des concurrents ou vers ses petits mais au moindre instant d'inattention l'impala peut sortir de son état de figement pour s'enfuir alors que le guépard ne s'en doute pas un seul instant. S'il a la chance d'en réchapper, l'impala secouera littéralement les effets de la réponse de figement et reprendra le plein contrôle de son corps. Il retournera à une vie normale comme si rien ne s'était passé. Grâce à la réaction de figement l'impala est entré dans un état de conscience modifiée libéré de la souffrance ou de la peur.

    C'est comme s'il n'était plus là...

     

    Physiologiquement, l'aptitude à entrer et sortir du figement est la clé qui permet d'éviter les effets nocifs du traumatisme.

    Cette réponse est involontaire, elle prend sa source au niveau du cerveau reptilien. Les parties instinctuelles (hors de contrôle)du cerveau de l'homme sont quasiment identiques à celle des autres mammifères et à celle des reptiles.

    Notre cerveau comporte trois sytèmes ou trois niveaux incorporés : cerveau reptilien (instinctuel), cerveau limbique (émotionnel), néo cortex (rationnel).

    "Aussi sûrement que nous entendons le sang battre dans nos oreilles, les cris d'un million de singes, dont la dernière vision du monde fut celle d'une panthère, résonnent encore dans notre sytème nerveux."

    Paul Shepard.

     

    Dans une situation d'urgence, nous n'agissons plus de la même façon que les Grands singes, ou les Hommes préhistoriques...Notre cerveau rationnel peut rendre la situation confuse...Confrontation de systèmes, un archaïque, un moderne...Alors que le néo cortex peut avoir contribué à un traumatisme et à l'impossibilité de sortir d'un état de figement, il peut également permettre, à plus ou moins long terme, d'en guérir...Il n'y a pas de condamnation. Mais la nécessité d'un travail.

    Ce n'est pas l'évènement déclencheur lui-même qui provoque les complications d'un traumatisme mais en réalité le reliquat d'énergie qui n'ayant pu être transformé et déchargé, reste piégé dans le système nerveux d'où il provoque des ravages sur nos corps et nos esprits. Les symptômes du stress ^post-traumatique, se développent, lorsque nous ne sommes pas en mesure d'achever le processus qui nous fait entrer puis sortir de l'état d'immobilité ou de figement. Cependant nous pouvons quand même réussir à sortir de cet état  si nous parvenons à initier puis à favoriser notre impulsion innée à revenir à un état d'équilibre dynamique.

    L'énergie résiduelle ne disparaît pas d'elle-même, elle persiste dans le corps et peut provoquer une large variété de symptômes: angoisse, dépression, asthénie...Ces symptômes sont le moyen qu'utilise l'organisme pour contenir l'énergie non libérée. Les animaux sauvages libèrent instinctivement toute cette énergie concentrée et développent rarement des symptômes. Les êtres humains sont malhabiles parce que vient s'y mêler le néo-cortex...La honte, les souvenirs, la culpabilité, le déni, la peur de l'avenir, de multiples interférences dont l'individu ne parvient pas à se défaire. Anciens combattants, personnes agressées, accidentées, frappées par une maladie... Le cerveau reptilien peut avoir enclenché une réaction adaptée mais ne pas pouvoir continuer le processus lorsque la situation d'urgence est passée...

     

    Tout le problème est là.

     

     

    J'ai beaucoup appris à travers cet ouvrage.

    A 16 ans, je suis entré dans la chambre d'hôpital où mon frère, cliniquement mort, venait d'être placé. Il était la proie, la mort le prédateur, j'étais le témoin. Je n'ai pas su arracher de moi l'énergie contenue pendant trois mois de veille. J'étais dans un certain figement, une impuissance douloureuse. Je l'ai payé cher. C'était mon chemin de vie. Je devais apprendre. J'ai cru que le sport pouvait servir de défouloir, que je pouvais arracher de moi cette rage contenue trop longtemps. Mais ça n'était pas un traumatisme physique mais bien davantage spirituel. J'ai mis des années à le comprendre. Bien trop longtemps. Il m'aura fallu cinq hernies discales pour que je parvienne à poser le fardeau. Le néo-cortex est une excroissance redoutable lorsqu'il n'est pas maîtrisé...

     

     

     

     

    Lire la suite

  • SOS bonheur

    A LIRE ABSOLUMENT

     

    http://www.bdcentral.com/jvanhamme/oneshots/sosbonheur.html

     

    Une société idéale, où tout le monde est heureux… mais tout à un prix, et c’est, dans ce cas-ci, la liberté individuelle. Tout écrivain agréé par l’État doit publier des histoires optimistes et insipides sous peine de se voir retirer sa pension. Aucune controverse n’est permise. Autrement dit, toute forme d’art doit devenir propagande de l’État bienfaiteur. Ça ne rappelle pas le communisme de l’ancienne U.R.S.S., où toute forme de liberté d’expression vous conduisait inévitablement au goulag ? Sans C.U, qui est devenue obligatoire, un individu n’existe pas, et devient un paria. Les enfants nés dans l’illégalité parce qu’ils venaient en troisième doivent se cacher, et prennent le titre peu avantageux d’illegs.

    Ceux qui sont affiliés ont le droit à la gratuité la plus totale des soins médicaux, mais doivent s’astreindre constamment à un régime et à des exercices obligatoires. Ceux qui se « désaffilient » doivent s’attendre au pire en cas de maladie, puisque les seuls docteurs existant travaillent tous pour le gouvernement et qu’il est illégal d’aider un « désaffilié ». Finalement, si vous avez un emploi, mieux vaut ne pas poser de questions concernant l’entreprise pour laquelle vous travaillez. Rien n’est irremplaçable, n’est-ce pas ? Faites votre ouvrage dans la joie et la bonne humeur !

    Insidieusement, le scénario démolit (comme une statue qui s’effrite) tous les idéaux qui font de l’État-Providence un distributeur de bonheur. Le prix, pour certains, est trop élevé, et mènera directement à la révolte. Et si, même au cœur d’un élan révolutionnaire dicté par la liberté, Big Brother veillait toujours ?

    Toujours d’actualité, S.O.S. Bonheur est un classique que tous devraient lire. Réflexion et distraction : n’est pas un mélange harmonieux ? Un bémol, cependant : le dessin n’est pas brillant, et la coloration pastel est sans nuances. On peut même dire qu’il rend la BD difficile à aborder, comme on mange une huître pour le goût tout en en détestant la texture. Ce n’est qu’après quelques dizaines de pages que l’on peut s’y habituer, quoique, encore… Un seul personnage se démarque des autres par la qualité de ses expressions, par son charisme, son caractère et la subtilité de ses traits : le commissaire Carelli.

    En somme, S.O.S. Bonheur comporte inmanquablement une touche de génie. Il vaut la peine d’être savouré et resavouré malgré son dessin. En espérant que certains en tireront des leçons qui repousseront de quelques années encore la montée au pouvoir de Big Brother…

    Lire la suite

  • Musique : Evpatoria report

    Je l'ai mis dans la rubrique MUSIQUE.

    http://www.youtube.com/watch?v=iRMR9ro_5Pk&NR=1

     

    Dans la veine de "Godspeed you black emperor" mais moins sombre.

    "Explosions in the sky" aussi mais avec davantage de cordes, violons, violoncelles...

    Magnifique.

    Lire la suite

  • Andreï Tarkovski

    Une lueur au fond du puits ?

    http://www.nouvellescles.com/article.php3?id_article=666

     

    Voici la dernière interview donnée par le cinéaste Andreï Tarkovski, le 28 avril 1986, malade au lit, dans son appartement parisien. Il n’a été publié que dans Nouvelles Clés.

    Ses principaux films : Andreï Roublev, Solaris, Le miroir, Stalker, Sacrifice.


    Nouvelles Clés : On sent que le genre humain vous a déçu. Quand on voit vos films, on a presque honte d’y appartenir. Y a-t-il encore une lueur au fond du puits ?

    Andreï Tarkovski : Discuter d’optimisme et de pessimisme est idiot. Ce sont des notions vides de sens. Les gens qui se couvrent d’optimisme le font pour des raisons politiques ou idéologiques. Ils ne veulent pas dire ce qu’ils pensent. Comme dit un proverbe russe, un pessimiste est un optimiste bien informé. La position de l’optimiste est idéologiquement maligne, elle est théâtrale, et elle est dénuée de toute sincérité. Par contre, l’espoir est le propre de l’homme. C’est l’avantage de l’être humain. Il naît avec l’espoir. On ne perd pas l’espoir face à la réalité parce qu’il est irrationnel. Il se renforce chez l’homme contre toute logique. Tertulien disait et il avait raison : "je crois parce que c’est absurde de croire." L’espoir a plutôt tendance à se renforcer même face au plus sordide de notre société actuelle. Tout simplement parce que l’horreur, tout comme le beau, provoque des sentiments qui, chez un croyant renforcent l’espoir.

    N. C. : Quels ont été les rêves qui vous ont le plus marqué dans votre vie ? Avez-vous des visions ?

    A. T. : Je sais beaucoup de choses sur mes rêves. Ils sont pour moi d’une très grande importance. Mais je n’aime pas les dévoiler. Ce que je peux vous dire, c’est que mes rêves sont en deux catégories. Il y a les rêves prophétiques que je reçois du monde transcendant, de l’au-delà. Puis il y a les rêves quelconques qui viennent de mes contacts avec la réalité. Les rêves prophétiques me viennent au moment de l’endormissement. Lorsque mon âme se sépare du monde des plaines et monte vers les sommets des montagnes. Une fois l’homme séparé du monde des plaines, il commence tout doucement à se réveiller. Au moment où il se réveille, son âme est encore pure et les images sont encore pleines de sens. Ce sont ces images que l’on rapporte de là-haut qui nous libèrent. Mais le problème, c’est que très vite, elles se mélangent avec les images des plaines et il devient difficile de le retrouver. Ce qui est certain, c’est que là-haut, le temps est réversible. Ce qui me prouve que le temps et l’espace n’existent que dans leur incarnation matérielle. Le temps n’est pas objectif.

    N. C. : Pourquoi n’aimez-vous pas votre film Solaris ? Serait-ce parce qu’il est le seul à ne pas être douloureux ?

    A. T. : Je pense que la notion de conscience qui s’y matérialise est assez bien exprimée. Le problème, c’est qu’il y a trop de gadgets pseudo-scientifiques dans le film. Les stations orbitales, les appareils, tout cela m’agace profondément. Les trucs modernes et technologiques sont pour moi des symboles de l’erreur de l’homme. L’homme moderne est trop préoccupé par son développement matériel, par le côté pragmatique de la réalité. Il est comme un animal prédateur qui ne sait que prendre. L’intérêt de l’homme pour le monde transcendant a disparu. L’homme se développe actuellement comme un ver de terre : un tuyau qui avale de la terre et qui laisse derrière lui des petits tas. Si un jour la terre disparaît parce qu’il aura tout mangé, il ne faudra pas s’en étonner. A quoi cela sert-il d’aller dans le cosmos si c’est pour nous éloigner du problème primordial : l’harmonie de l’esprit et de la matière ?

    N. C. : Comment vous situez-vous par rapport à ce qu’on appelle la "modernité" ?

    A. T. : Comme un homme... qui a un pied sur le pont d’un premier bateau, l’autre sur le pont d’un second bateau... L’un des bateaux va tout droit, et l’autre dévie vers la droite. Petit à petit, je me rends compte que je tombe à l’eau. L’Humanité est actuellement dans cette position.

    Je pressens un avenir très sombre, si l’homme ne se rend pas compte qu’il est en train de se tromper. Mais je sais que tôt ou tard il prendra conscience. Il ne peut pas mourir comme un hémophile qui se serait vidé de son sang pendant son sommeil parce qu’il se serait égratigné avant de s’endormir. L’art doit être là pour rappeler à l’homme qu’il est un être spirituel, qu’il fait partie d’un esprit infiniment grand, auquel en fin de compte il retourne. S’il s’intéresse à ces questions, s’il se les pose, il est déjà spirituellement sauvé. La réponse n’a aucune importance. Je sais qu’à partir de ce moment-là, il ne pourra plus vivre comme avant.

    N. C. : Aussi étrange que cela puisse paraître, les gens qui aiment vos films aiment aussi la science fiction de Spielberg, qui est lui aussi fasciné par les enfants. Avez-vous vu ses films et qu’en pensez-vous ?

    A. T. : En posant cette question, vous montrez que vous n’en avez rien à foutre. Spielberg, Tarkovski... tout cela pour vous se ressemble. Faux ! Il y a deux sortes de cinéastes. Ceux qui voient le cinéma comme un art et qui se posent des questions personnelles, qui le voient comme une souffrance, comme un don, une obligation.

    Et les autres, qui le voient comme une façon de gagner de l’argent. C’est le cinéma commercial : E.T., par exemple, est un conte étudié et filmé pour plaire au plus grand nombre : Spielberg a atteint là son but et c’est tant mieux pour lui. C’est un but que je n’ai jamais cherché à atteindre. Pour moi tout cela est dénué d’intérêt. Prenons un exemple : à Moscou, il y a dix millions d’habitants, touristes compris, et seulement trois salles de concert de musique classique : la salle Tchaïkovsky, la grande et la petite salle du conservatoire. Très peu de place, et pourtant, cela satisfait tout le monde. Pourtant personne ne dit que la musique ne joue plus aucun rôle dans la vie en URSS. En réalité, la présence même de ce grand art spirituel et divin est suffisant. Pour moi, l’art des masses est absurde. L’art est surtout d’esprit aristocratique. L’art musical ne peut être qu’aristocratique, parce qu’au moment de sa création il exprime le niveau spirituel des masses, ce vers quoi elles tendent inconsciemment. Si tout le monde était capable de la comprendre, alors le chef oeuvre serait aussi ordinaire que l’herbe qui pousse dans les champs. Il n’y aurait pas cette différence de potentiel qui engendre le mouvement.

    N. C. : Pourtant en URSS vous êtes extrêmement populaire. Quand on veut voir vos films, on se bat devant les caisses...

    A. T. : Primo, en URSS je suis considéré comme un metteur en scène qui fut interdit, ce qui excite le public. Secondo, j’espère que les thèmes que j’essaye de réaliser viennent du fond de l’âme, à tel point que cela devient important pour bien d’autres que moi. Tertio, mes films ne sont pas une expression personnelle mais une prière. Quand je fais un film, c’est comme un jour de fête. Comme si je posais devant une icône une bougie allumée ou un bouquet de fleurs. Le spectateur finit toujours par comprendre lorsqu’on lui parle avec sincérité. Je n’invente aucun langage pour paraître plus simple, plus bête ou plus intelligent. Le manque d’honnêteté détruirait le dialogue. Le temps a travaillé pour moi. Quand les gens ont compris que je parlais une langue naturelle, que je ne faisais pas semblant, que je ne les prenais pas pour des imbéciles, que je ne dis que ce que je pense, alors ils se sont intéressés à ce que je faisais.

    N. C. : Pensez-vous comme Soljénitsyne que le monde occidental est fichu et que la réalité ne peut venir que de l’Est ?

    A. T. : Je suis loin de toutes ces prophéties. Etant orthodoxe, je considère la Russie comme ma terre spirituelle. Je n’y renoncerai jamais, même si je ne devais jamais la revoir. Certains disent que la vérité viendra de l’Occident, d’autres de l’Orient, mais, et heureusement, l’histoire est pleine de surprises. En URSS nous assistons à un réveil spirituel et religieux. Cela ne peut être qu’un bonne chose. Mais la troisième voie est loin d’être trouvée.

    N. C. : Qu’y a-t-il au-delà de la mort ? Avez-vous déjà eu l’impression de faire un voyage dans cet au-delà ? Quelles ont été vos visions ?

    A. T. : Je ne crois qu’une une seule chose ; l’âme humaine est immortelle et indestructible. Dans l’au-delà, il peut y avoir n’importe quoi, cela n’a aucune espèce d’importance. Ce qu’on appelle la mort, n’est pas la mort. C’est une nouvelle naissance. Une chenille se transforme en cocon. Je pense qu’il existe une vie après la mort, et c’est cela qui se révèle angoissant. Cela serait tellement plus simple de se concevoir comme un fil de téléphone qu’on débranche. On pourrait alors vivre comme on veut. Dieu n’aurait plus aucune espèce d’importance.

    N. C. : Quand avez-vous découvert que vous aviez une mission à accomplir et que vous en étiez redevable à l’humanité ?

    A. T. : C’est un devoir devant le Dieu. L’humanité vient après. L’artiste collecte et concentre les idées qui sont dans le peuple. Il est la voix du peuple. Le reste n’est que travail et servitude. Ma position esthétique et éthique se définit par rapport à ce devoir.

    N. C. : Quelle est la dernière chose que vous aimeriez dire aux hommes avant de quitter cette terre ?

    A. T. : L’essentiel de ce que j’ai à dire est dans mes films. Il m’est impossible de monter sur une tribune que d’ailleurs personne ne m’a construite.

    N. C. : Dans votre livre Le Temps Scellé, vous dites : "L’occident crie sans cesse : Regardez ! Ceci est moi ! Regardez comme je souffre ! Comme j’aime ! Moi ! Je ! Mien... !" Comment avez-vous résolu le problème de l’ego en tant qu’artiste célèbre ?

    A. T. : Je n’ai pas encore résolu ce problème. Mais, j’ai toujours senti sur moi l’influence et le charme de la culture orientale. L’homme oriental est appelé à se donner en cadeau à tout ce qui existe. Alors qu’en Occident, l’important est de se montrer, de s’affirmer. Cela me paraît pathétique, naïf et animal, moins spirituel et moins humain. En cela je deviens de plus en plus oriental.

    N. C. : Pourquoi avez-vous renoncé à tourner la vie d’Hoffmann ?

    A. T. : Je n’ai pas renoncé à ce film. Je l’ai remis à plus tard. Tourner Sacrifice était plus essentiel. La vie d’Hoffmann était destinée à être un film romantique. Or, le romantisme est un phénomène typiquement occidental. C’est une maladie. Quand l’homme vieillit, il voit sa jeunesse comme les romantiques voient le monde. L’époque romantique était spirituellement riche, mais les romantiques n’ont pas su utiliser leur énergie comme il le fallait. Le romantique embellit les choses, il fait ce que je fais lorsque je ne me suffis pas à moi-même : je m’invente moi-même, je ne crée plus le monde, je l’invente.

    N. C. : Pourquoi au commencement y avait-il le verbe, comme le rappelle la phrase finale de Sacrifice ?

    A. T. : Nous sommes très fautifs envers le verbe. Le verbe n’a de force magique que lorsqu’il est vrai. Aujourd’hui le verbe est utilisé pour cacher les pensées. En Afrique, on a découvert une tribu qui ne connaît pas le mensonge. L’homme blanc a essayé de leur expliquer et ils n’ont pas compris. Essaye de comprendre la mystique de ces âmes-là, et tu sauras pourquoi au début il y avait le verbe. L’état du verbe démontre l’état spirituel du monde. Actuellement l’écart entre le verbe et ce qu’il signifie ne fait que s’amplifier. C’est très étrange. C’est une énigme !

    N. C. : Vivons-nous la fin du monde ou la fin d’un monde ?

    A. T. : Une guerre nucléaire maintenant ? Cela ne sera même pas une victoire du diable. Cela sera comme... comme un enfant qui joue avec des allumettes et qui met le feu à la maison. On ne pourra même pas l’accuser de pyromanie. Spirituellement, l’homme n’est pas prêt à vivre ses bombes. Il n’est pas encore mûr. L’homme doit encore apprendre de l’histoire. Et s’il y a bien une chose qu’on a appris d’elle, c’est qu’elle ne nous a jamais rien appris. C’est une conclusion extrêmement pessimiste. L’homme répète sans cesse ses erreurs. C’est horrible. Encore une énigme ! Je crois qu’il nous faut fournir un travail spirituel très important pour que l’histoire passe enfin à un niveau élevé... Le plus important est la liberté de l’information que l’homme doit recevoir sans contrôle. C’est le seul outil très positif. La vérité non contrôlée est le début de la liberté.

    -  Un remake de son film Solaris a été réalisé en 2003 par Steven Soderbergh, avec George Clooney, Natascha McElhone, Jeremy Davies...

    Lire la suite