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  • Austérité ou sobriété

     

    https://www.alternatives-economiques.fr/eloi-laurent/austerite-sobriete/00093342

     

    Et maintenant : austérité ou sobriété ?

     

    LE 09/07/20206 min

    Eloi LaurentEconomiste, professeur à Sciences Po et à l’université de Stanford

     

    10Commentaire(s)

    On a trop peu souligné combien les mots choisis par le président de la République le 14 juin dernier, à l’heure de tirer un premier bilan de la pandémie de Covid-19 en France, furent ahurissants : « Nous pouvons être fiers de ce qui a été fait et de notre pays. »

    Rappelons rapidement ce que nous disent, en réalité, les quatre indicateurs du carré tragique français : « notre pays » a l’un des plus mauvais bilans sanitaires au monde, il a imposé à ses citoyen(ne)s des restrictions de liberté parmi les plus strictes de la planète, il est frappé par une des récessions économiques les plus sévères du globe et il a vu s’effondrer la confiance politique comme nulle part ailleurs en Europe. Fiers ? De quoi au juste ? « Reconstruction » définit fidèlement, pour le coup, l’ampleur de la tâche à accomplir pour remettre le pays à flot après ce naufrage.

    Deux horizons étymologiquement proches et radicalement éloignés politiquement se dessinent devant nous en la circonstance : l’austérité et la sobriété. On peut chercher à les contraster de différentes manières (la première serait subie, la seconde choisie) mais la distinction la plus convaincante est celle de leur objet respectif : l’austérité est sociale quand la sobriété est écologique. Laquelle faut-il préférer sur le plan économique ?

    Création d’emplois

    L’austérité sociale est toujours une catastrophe en temps de crise, il est encore utile de le rappeler aux héritiers intellectuels du Jacques Rueff de « l’assurance chômage, cause du chômage permanent ». Nous avons déjà vu en France, en 2011-2013, la saison 1 de cette série masochiste. Pourtant, un certain nombre de syndicats patronaux qui goûtent les faillites d’entreprises et d’économistes qui n’ont toujours pas lu Keynes (en libre accès ici) réclament à cor et à cri une saison 2 de l’austérité sociale, faite de déflation salariale et de reflux des protections collectives. Ce serait une idiotie impardonnable, soit, mais la sobriété écologique serait-elle préférable ? Il y a trois raisons sérieuses de le penser.

    Pour commencer, les réglementations environnementales du type de celles, nombreuses et variées, que propose la Convention citoyenne pour le climat, peuvent accélérer l’innovation, selon l’hypothèse dite « de Porter », à condition qu’elles soient combinées à des instruments de prix comme la fiscalité écologique, dont la France a plus que jamais besoin.

    Ensuite, la sobriété énergétique et carbonique favorise les créations d’emplois, comme le démontre clairement le scénario Negawatt qui prévoit, entre autres bénéfices, la création de 400 000 emplois nets en 2030 (600 000 en 2050).

    Enfin, la sobriété écologique peut être synonyme de progrès social – notamment sanitaire – et de maîtrise des finances publiques, comme le souligne la note de la chercheuse finlandaise Tuuli Hirvilammi qui vient d’être publiée par la Fondation de l’écologie politique.

    La sobriété, vecteur d’innovation

    A cet égard, il est temps de déboulonner l’idée simpliste, reprise sans surprise par un président de la République sans imagination, selon laquelle la croissance est nécessaire pour « financer » les politiques sociales. Sous couvert de réalisme économique, il s’agit là d’une manière archaïque de concevoir la protection sociale au siècle des défis environnementaux : il importe aujourd’hui, en matière sociale comme en matière énergétique, de passer d’une logique de dépense à une logique d’économies.

    En effet, le prolongement écologique de l’Etat providence – qu’imposent les risques sociaux engendrés par les crises environnementales – repose sur une logique d’économies et non pas de dépenses gagées sur des prélèvements eux-mêmes assis sur des revenus. Le financement d’un Etat qui doit devenir social-écologique peut ainsi être assuré par les économies colossales de dépenses sociales directement liées à l’atténuation des crises écologiques.

    Que l’on songe aux économies provoquées par un traitement rationnel, c’est-à-dire non autodestructeur, des écosystèmes et de la biodiversité, qui aurait participé à écarter les épidémies de Sida, d’Ebola, de Mers, de Sras et bien entendu de Covid-19. Que l’on songe aux économies de dépenses sociales permises par l’atténuation progressive de la crise de la couche d’ozone, qui a entamé sa régénération du fait d’une gouvernance globale efficace et ainsi contribué à éviter des dizaines de millions de cas de cancers de la peau sur la planète. Que l‘on songe aux économies de dépenses sociales qui pourraient être réalisées par l’atténuation du changement climatique ou de la pollution de l’air. Sans parler des conséquences sanitaires et donc financières de l’amélioration des pratiques d’alimentation, des pratiques sportives ou de mobilité urbaine (marche à pied, usage du vélo...).

    Même lorsque de nouveaux prélèvements doivent être introduits, comme la fiscalité carbone, celle-ci peut aisément aboutir, à condition d’être correctement calibrée, à des économies doubles, en termes de bien-être et de revenu pour la majorité de la population (Berry et Laurent 2019).

    A l’inverse, comme le souligne l’OMS : « Tenter de faire des économies en négligeant la protection de l’environnement, la préparation aux situations d’urgence, les systèmes de santé, et les filets de protection sociale [s’avère] une fausse économie. »

    Résumons : la sobriété écologique est un vecteur d’innovation quand l’austérité sociale détruit durablement les capacités humaines ; la sobriété écologique est créatrice d’emplois et de progrès social quand l’austérité sociale enferme les individus dans le chômage de masse ; la sobriété écologique est économe quand l’austérité sociale est une gabegie budgétaire. Pourquoi, dès lors, ne pas aujourd’hui faire le choix d’une politique publique dont nous pourrions être fiers ?

    Eloi Laurent
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  • Austérité écologique

     

    A notre niveau, la réflexion indispensable est celle qui concerne la distinction entre le manque, le besoin et le désir. 

    Le manque, le besoin, le désir.

     

    Tribune —

    L’austérité est-elle écologique ? Oui et non

     

    https://reporterre.net/L-austerite-est-elle-ecologique

    D’un côté, l’austérité bloque les investissements utiles écologiquement et collectivement. De l’autre, elle peut stopper les gaspillages, comme les aéroports inutiles. En tous les cas, une nouvelle politique économique est nécessaire.

    Le vote relatif à l’adoption du TSCG [1] divise les écologistes et Europe Ecologie Les Verts. Si bien des questions se posent, je me limiterai à une seule. L’austérité, que fabriquent la politique européenne actuelle, et ce traité en particulier, c’est apparemment bon pour la planète. Les émissions de gaz à effet de serre et plus généralement la pression anthropique sur la biosphère sont en gros proportionnelles au PIB. Ces émissions ont baissé pendant la crise financière de 2009, comme elles avaient baissé pendant la crise de 1929 et pendant la Deuxième guerre mondiale.

    Investir pour devenir sobres

    On pourrait se dire, en dehors de toute considération sociale, que c’est pendant les crises économiques que la sobriété se réapprend, par nécessité.
    Heureusement ce raisonnement est vraiment faux. Notre production et notre consommation ne deviendront vraiment sobres en ressources et faiblement émissives en carbone que si nous investissons massivement pour remplacer ou modifier nos infrastructures (urbanisme, logement, voiture, industrie). Des efforts à notre portée (et encore pas toujours) pourraient peut-être nous permettre de réduire de 5 à 10 % nos émissions de GES qu’il faut diviser par 4 d’ici 40 ans.

    Comment faire ? En isolant nos logements, en changeant nos voitures, en les utilisant différemment (il faut les remplir… elles roulent moins de 5% du temps et avec 1,2 personnes à bord en moyenne), en faisant muter notre agriculture, en améliorant l’efficacité de notre industrie. Et bien sûr en investissant dans des énergies décarbonées (petit rappel : au niveau mondial, 80 % de l’énergie consommée est à base d’énergies fossiles). Tout ceci va demander beaucoup d’investissements, dont on a vu qu’ils n’étaient pas toujours d’une rentabilité financière à court terme exceptionnelle. C’est sur ce terrain que va se jouer la compétition économique internationale, car tous les pays du monde sont confrontés au même problème, à l’exception (pour quelques années encore, malheureusement) des Etats-Unis qui, grâce à l’exploitation des gaz non conventionnels, peuvent encore continuer à croire que le monde est infini.

    Dans ce contexte, l’austérité aggrave la situation. Les ménages hésitent encore plus à faire des travaux (gardons nos économies pour les coups durs), les entreprises se concentrent sur le court terme et n’investissent que sur leur métier et que si le retour est très court, l’Etat réduit les dépenses y compris celles qui permettraient de réduire notre empreinte carbone. L’économie finit par s’installer dans la « trappe à liquidités ». Les acteurs économiques se mettent tous à attendre en anticipant des baisses de prix (la Catalogne va semble-t-il connaître les délices de la déflation). Pourquoi investir et acheter maintenant si les prix baissent : attendre est plus logique.

    Les restrictions budgétaires sont faites sans discernement

    L’austérité aurait pourtant bien un avantage : elle pourrait conduire à supprimer les investissements et les dépenses nuisibles à l’environnement. C’est ainsi qu’on pourrait arrêter sur l’autel de la rigueur l’aéroport Notre Dame des Landes (dont il est vraiment difficile de comprendre à quoi il peut servir), réduire les investissements pharaoniques prévus dans le Schéma National d’Infrastructures Terrestres, limiter la construction de nouveaux équipements de production d’énergie (moins nécessaires du fait d’une limitation de la consommation). Du côté des dépenses l’austérité pourrait nous conduire à couper les subventions aux activités dommageables au climat ou à la biodiversité [2].

    Ce serait en effet souhaitable : l’austérité serait ainsi mère du discernement.

    Malheureusement ce n’est pas ce qui se passe comme le montre le Projet de Loi de Finances. Pour toute une série de raisons, les coupes budgétaires ont tendance à être homothétiques ou à obéir à des arbitrages dont la Planète ne sort pas gagnante.

    Financer l’avenir sans creuser la dette

    Comment sortir de l’impasse des politiques actuelles qui sont douloureuses socialement, absurdes économiquement, car elles aggravent la crise qu’elles sont supposées résoudre, dangereuses au plan politique en donnant des voies au Front National et suicidaires au plan écologique et industriel comme on vient de le voir ?

    En lançant un plan d’investissements de la transition énergétique et écologique. Certes, il est générateur d’émissions de gaz à effet de serre et de consommations de ressources (énergie, acier, etc.). Mais s’il est bien conçu il permet de réduire à terme cette pression anthropique. D’autre part, il peut évidemment être accompagné d’une baisse de la consommation : épargner plus pour investir conduit à consommer moins. Il s’agit là d’un raisonnement en moyenne : il est souhaitable au plan éthique que les personnes vraiment en situation de précarité, de détresse voire d’exclusions soient aidées (pour consommer mieux et pour vivre mieux).

    Afin d’éviter des confusions dans la gestion de ce programme, il serait nécessaire d’en sortir la part publique du calcul du solde public courant (recettes courantes-dépenses publiques courantes). En effet, si l’on peut débattre à l’infini du taux de 3% de déficit public maximal dont on connaît le caractère arbitraire, il est nécessaire de s’assurer que l’impôt permet de couvrir les dépenses. C’est une nécessité démocratique et la seule manière d’éviter les largesses électorales sans fondement (ni économique ni social ni écologique).

    Pour ce qui concerne le financement de ce plan, les propositions ne manquent pas.

    Richard Wood économiste australien recommande, comme nous, le financement par création monétaire [3]. La BPI pourrait [4] devenir la Banque de la Transition Ecologique comme l’a affirmé le Président de la République lors de la Conférence Environnementale. La BCE pourrait faire un programme de type LTRO sur 10 ans pour financer des projets réels (via la BEI et les Caisses nationales) comme le propose Franco Bassanni le patron de la Cassa (CDC Italienne). La CDC étudie la création d’un fonds d’efficacité énergétique de plusieurs milliards d’euros.

    Finalement ce qui manque uniquement aujourd’hui, c’est la volonté politique. Je pense que la mobilisation des citoyens qui va croître avec le chômage, l’exclusion et les difficultés de tous ordres pourrait bien être déterminante pour que l’on bascule d’une austérité insensée à la construction de l’avenir !

    ......................................................

    Notes :

    [1] Voir par exemple Pacte budgétaire

    [2] Voir le rapport Sainteny sur le sujet.

    [3] Merci à Guillaume Duval de nous avoir signalé ce travail.

    [4] Ce n’est pas gagné : le Trésor ne comprend pas les enjeux énergétiques et écologiques et semble se refuser à faire de la BPI une vraie banque, au pouvoir de création monétaire et susceptible de se refinancer auprès de la Banque Centrale. On aimerait que le président de la République se fasse respecter.

  • La sobriété

     

     

    Transition écologique : plus sobres, plus heureux ?

     

    Moins consommer revenant à moins polluer, l’idée de sobriété s’impose progressivement comme un impératif face à une menace écologique grandissante. Mais dans des sociétés édifiées sur l’abondance, sobriété rime avec austérité. Peut-on être heureux avec moins ? Réflexions philosophiques.

    Publié le : 24/08/2023 - 18:09Modifié le : 24/08/2023 - 21:43

    6 mn

    https://www.france24.com/fr/plan%C3%A8te/20230824-transition-%C3%A9cologique-plus-sobres-plus-heureux

    Kateryna Kovarzh, Getty Images, iStockphoto

    Kateryna Kovarzh, Getty Images, iStockphoto © Kateryna Kovarzh, Getty Images, iStockphoto

    Par :Sophian AUBINSuivre

    Rires spontanés, ton enjoué. L’enthousiasme de Justine a quelque chose de contagieux. La trentenaire confie se sentir “tellement mieux” depuis qu’elle a fait certains choix. 

    Le confinement pandémique a suscité un déclic chez Justine et son compagnon : consommer autrement s'est imposé comme une évidence.

    En 2020, ils se mettaient au vert, optant pour une vie sans viande ni aucun produit industriel, libérée du plastique, de la voiture et des réseaux sociaux. Une révélation : épurée, leur vie est devenue plus belle. 

    Au point que le couple envisage l’étape supérieure : quitter Montreuil (Seine Saint-Denis), pour s’installer dans un “éco-hameau”, petite communauté vivant dans le respect de l’environnement et dans une autonomie relative.

    Moins consommer pour la planète 

    Environ 1 200 en France, selon la Coopérative Oasis, ces temples du mieux-vivre ont le vent en poupe. 

    Et ce, plus encore depuis le Covid-19, constate Fariboz Livardjani, trésorier et secrétaire de “Saulcy En Vert”, paisible micro-hameau niché dans les Vosges. 

    "La clef de notre succès est à chercher dans la société, explique modestement ce toxicologue. Toujours plus de gens cherchent une alternative à une vie devenue trop anxiogène."

    Mais pour la plupart des adeptes de la sobriété, le choix est d’abord écologiquement motivé. 

    Sur une planète qui brûle et se noie au gré d’un climat déboussolé, la problématique environnementale s’est muée en menace toujours plus tangible. 

    Et face aux désastres annoncés par le Giec, la sobriété apparaît comme un choix scientifiquement avisé : consommer moins, c’est diminuer les émissions de gaz à effet de serre, responsables du dérèglement climatique. 

    Il s’agit de refuser individuellement de contribuer à un désastre collectif, explique, en somme, Emmanuelle, 53 ans, membre comme Justine d'une association éco-responsable. “Faire le maximum, à mon petit niveau”, explique-t-elle.

    "Polluer, ça fait mal"

    Les études démontrant une corrélation entre la dégradation de l'environnement et celle de la santé humaine constituent un autre facteur de “déclic” écologique, note Xavier Briffault, chercheur en sciences sociales et philosophie de la santé au CNRS.

    À lire aussiMultiplication des cas d'autisme : une étude met la pollution sur le banc des accusés

    “Nous sommes passés d’une écologie éthique à une écologie de santé publique, poursuit le sociologue. "En d’autres termes, fini le 'polluer c’est mal', nous réalisons que 'polluer, ça fait du mal'", poursuit Xavier Briffault.

    Justine allait mal, lorsqu’elle a décidé de faire sa “transition”. Exténuée par sa vie parisienne,  la jeune femme se découvrait une maladie potentiellement liée aux perturbateurs endocriniens. Ces substances déréglant les systèmes hormonaux du corps humain sont issues de la pollution chimique de notre environnement.

    “Je me suis dit que j’étais en train de bousiller ma vie et accessoirement la planète” résume Justine. 

    Animal social

    Au cœur de son mieux-être aujourd’hui : le sentiment d’avoir plus de temps.  Dans sa vie privée, Justine a déserté les réseaux sociaux. En renonçant à ce type d’habitudes, elle s’est aperçue qu’elles étaient chronophages, et selon elle, stériles. 

    Emmanuelle fait le même constat. “Le temps que je ne passe plus sur les écrans a libéré de l’espace pour ce qui m'intéresse vraiment, notamment lire, aller au cinéma.”

    Leurs emplois du temps allégés, les éco-sobres octroient de longues heures à des activités choisies, comme réconciliés avec le temps. “Chercher à devenir énergétiquement sobres nous rend de plus en plus heureux”, constate Justine. 

    En évitant l’avion, elle a découvert ce qu’elle qualifie de “vrai voyage” : de longs périples alternant vélo, trains et ferry, jalonnés de rencontres. Vivant plus lentement, Justine ressent une plus forte connexion avec autrui, son compagnon en premier chef.

    "C’est normal que cela nous fasse tant de bien, nous les humains sommes des animaux sociaux", explique Emmanuelle.

    À lire aussiLutte contre le réchauffement climatique : qu’est-ce qu’on attend pour prendre le train ?

    Le constat de ces personnes fait écho aux conclusions de disciplines comme l’économie comportementale ou la psychologie. Parmi ces travaux, ceux énoncés par l'université d'Harvard, en Californie. En 2023, elle publiait ce qui est peut-être la plus grande étude jamais réalisée sur la question.

    Résumé de quatre-vingt ans de recherche : la clef du bonheur réside dans une existence plus simple, en plus grande communion avec nos congénères.

    L’idée que vivre plus chichement ouvre les portes de l’épanouissement contredit pourtant le socle capitaliste qui régit les sociétés occidentales.

    Dans l’après-guerre, celles-ci se sont construites sur une double causalité : la croissance économique crée de la richesse, et la richesse engendrerait toujours plus de satisfaction. 

    Mais - par-delà toute considération idéologique - ce modèle se heurte aux limites de la physique. Notre monde étant fini, notre croissance ne peut être infinie, martèle, comme d’autres scientifiques, l’ingénieur consultant en énergie et climat, Jean-Marc Jancovici.

    Au réalisme de ce polytechnicien, d'aucuns opposent les promesses de la technologie : puisqu'elle ne cesse de progresser, elle pourrait hypothétiquement permettre la production  d’une énergie toujours plus propre, de recycler indéfiniment nos déchets.

    "Je serais tellement plus sereine si un tel monde existait”, confie Anne-Laure. La sobriété écologique habite le quotidien de cette jeune entrepreneure depuis plusieurs années. Mais cette autodiscipline a aussi vocation à apaiser la constante culpabilité qu’elle ressent vis-à-vis de son empreinte environnementale.

    Ex-salariée d’un grand cabinet d’audit financier, Anne-Laure se reconnaît dans l’éco-anxiété. C’est un sentiment d’inquiétude chronique ressenti face aux menaces écologiques. Ou une angoisse à l’idée que celles-ci condamnent la vie sur notre planète telle que nous la connaissons.

    À lire aussiÉco-anxiété : une jeunesse face aux angoisses écologiques

    Le résumé de la semaineFrance 24 vous propose de revenir sur les actualités qui ont marqué la semaine

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    Selon une étude menée dans une dizaine de pays, dont la France, 45 % des jeunes sont touchés par l'éco-anxiété.

    Sobriété désirée

    Transports, alimentation, orientation professionnelle : les angoisses environnementales appellent à une sobriété de tous les instants.

    Certes, puissant moteur de mobilisation, la panique est au cœur du discours écologique, qui se résume par : “Consommons moins, ou nous allons tous mourir”, analyse Xavier Briffault. "Ici, la sobriété est subie, comme s’il existait une dichotomie entre le bien-être humain et celui de la planète."

    De manière inattendue, une sensibilité environnementale s’est pourtant exprimée au cours de la période pandémique, au gré des confinements. 75 % des Français de 18 à 24 ans déclaraient désirer accorder plus de place à la nature dans leur vie.

    En cultivant le lien affectif qui unit l’humain à la beauté du vivant, grandirait finalement en nous un désir de sobriété, parie ce chercheur du CNRS. De quoi offrir à la cause écologique un nouveau slogan ? “Consommez moins et mieux, vous serez plus heureux !”

  • Une rencontre

     

    L'image n'est pas nette et j'en suis désolé mais ce moment-là, où il s'est arrêté de courir pour me regarder, c'est un moment de joie profonde. Il n'a plus bougé, totalement immobile, aux aguets. Puis il a effectué quelques bonds avant de s'arrêter de nouveau. Il devait être aux environs de vingt et une heures, plateau de Millevaches, lumière du soir et je n'avais pas le temps d'affiner les règlages de luminosité de mon appareil photo. J'étais sorti pour capter les lumières du soir, celles que j'aime tant et puis, il a surgi de la forêt pour traverser le pré. J'ai visé aussitôt, "visé" avec mon appareil photo et j'ai pensé ensuite que dans quelques semaines, la chasse va reprendre...Alors pour mettre un terme à cette rencontre, je lui ai crié dessus en agitant les bras. Sa seule chance de survivre sera d'avoir peur de nous, de nous tous.  

    P8130061

  • J'ai fait de mon mieux (suite)

    Il y a bientôt dix ans que j'ai écrit ce texte.

    Et aujourd'hui ? Quel bilan en faire ? Où en suis-je dans ce flot de questions au regard de l'actualité de la planète ? Lorsque j'étais instituteur, je considère que j'étais inséré dans la vie sociale étant donné que j'avais sous ma responsabilité le développement cognitif, philosophique, physique, émotionnel, affectif, psychologique de jeunes enfants. Aujourd'hui, je vis en retrait de la société, un retrait de plus en plus profond. J'ai quelques connaissances autour de moi mais aucun ami. Je passe toutes mes journées avec Nathalie. Nos trois enfants sont loin. Il nous arrive donc de ne voir personne pendant plusieurs jours, absolument personne. Par choix, parce que nous n'en éprouvons aucun besoin et que lorsque ça arrive, c'est uniquement pour des raisons précises, un artisan, un commerçant, un voisin, les contingences de la vie quotidienne. Je sais que cet effacement social va encore s'accentuer. J'en arrive même à éprouver une forme de rejet de l'humain. J'en connais les raisons : l'atteinte au Vivant que cette humanité génère.

    Selon les chiffres, le nombre de personnes visitant des destinations écotouristiques à travers

    le monde ont atteint les 152 millions en 2022. 

    Cela représente une augmentation de 25% par rapport aux 122 millions d‘écotouristes enregistrés en 2016. 

    En termes de dépenses, le marché mondial de l‘écotourisme atteindra près de 649 milliards de dollars en 2023, 

    soit une augmentation de 3% par rapport aux 630 milliards de dollars en 2016. 

     

     

    L'écotourisme par avion...Et il faudrait que j'aime l'humanité ? 

     

    21 sept. 2022

    La consommation mondiale de viande ne cesse de croître depuis des décennies. Comme le montre notre graphique basé sur les données de la Food and Agriculture Organization des Nations Unies (FAO), la production mondiale de viande a été multipliée par cinq depuis les années 1960.

    Au cours des dernières années, on a pu observer de nombreuses évolutions dans l'agriculture mondiale. Les coûts de production de la viande ont notamment diminué en lien avec la hausse de la production d'aliments pour bétail, comme le soja ou le maïs, ce qui a permis d'augmenter l'offre dans de nombreux pays. C'est surtout dans les pays asiatiques très peuplés que la demande en viandes et produits carnés a fortement augmenté. Aujourd'hui, il est estimé que 43 % de la production mondiale est localisée en Asie.

    Plus de 150 millions d’animaux sont tués chaque jour dans le monde pour se nourrir, rien que sur terre. Cela représente 56 milliards d’animaux terrestres tués chaque année. En incluant les poissons sauvages capturés et les poissons d’élevage, nous obtenons un total quotidien de près de 3 milliards d’animaux tués.

    Rien qu’aux États-Unis, environ 9 milliards de poulets éclosent chaque année dans le seul but d’atteindre une taille comestible et de mourir pour la consommation humaine. La souffrance animale est la conséquence la plus directe de la consommation de viande, mais il y a aussi des conséquences involontaires de manger des animaux.

    Entre 37 et 120 milliards de poissons sont tués chaque année dans les fermes commerciales, et 2,7 billions d’autres sont capturés et tués dans la nature. Dans les élevages industriels, les poissons n’ont pratiquement aucune protection. La vidéo de la première enquête à grande échelle sur la pisciculture intensive en Europe montre des poissons sortis des filets sans réfléchir et jetés dans des récipients en plastique, où ils s’asphyxient lentement. Certains d’entre eux ratent la poubelle et se battent à mort sur le sol.

     

    150 millions d'animaux tués chaque jour. Et il faudrait que j'aime l'humanité ? 

     

    Non, je ne l'aime pas. Et c'est définitif. Et son extinction ne me traumatiserait pas. Le charnier que ça représenterait serait dérisoire au regard de ceux qu'elle a déjà répandus. 

     

    Par conséquent, pour en revenir à la question posée dans le texte suivant

    Vaut-il mieux rester en dehors du chaos et montrer à l'humanité qu'une vie de recherche intérieure est possible et de cette façon, participer à l'éveil du monde, sans aucune intention mais par « contamination » ou doit-on s'impliquer dans la lutte partagée si on souhaite apporter sa contribution à cet éveil possible au risque de ne pas explorer en soi les gouffres les plus lointains ?

    J'ai ma réponse : je me retire.

    Ce blog restera le dernier lien avec les autres humains. 

     

    "J'ai fait de mon mieux" (janvier 2014)

     

    S'engager. Ou se retirer ?

    Je vois bien depuis quelque temps à quel point certains problèmes de l'actualité m'interpellent, à quel point ils occupent mon esprit.

    Est-ce que je dois me retirer de cette agitation si je souhaite explorer les questionnements existentiels qui m'attirent ? Cette exploration, hors du temps et de l'espace, ne devient-elle qu'une fuite égoïste?

    J'imagine bien ces deux entités.

    L'une est insérée dans la vie quotidienne et œuvre à l'analyse des phénomènes qui l'entourent et dans laquelle, elle se sent exister. Mais le risque est grand de disparaître partiellement dans ce chaos. Est-ce qu'il est possible de rester lucide quand l'implication pousse sans cesse l'individu à n'exister qu'au regard des phénomènes extérieurs ? L'équilibre entre le regard vers l'autre et le regard vers soi est-il réalisable ?

    L'autre entité vit dans un espace clos, une dimension protégée par un refus de l'imbrication sociale. Je ne vis pas avec mon époque, je vis avec mon instant présent. Uniquement.

    Mais que peut explorer en lui un individu qui n'a aucun regard extérieur ? De quoi son monde est-il fait ? Y a-t-il en nous une dimension pré existante que l'on se devrait de parcourir en tous sens avant de se tourner vers l'immensité environnante ?

    Vaut-il mieux rester en dehors du chaos et montrer à l'humanité qu'une vie de recherche intérieure est possible et de cette façon, participer à l'éveil du monde, sans aucune intention mais par « contamination » ou doit-on s'impliquer dans la lutte partagée si on souhaite apporter sa contribution à cet éveil possible au risque de ne pas explorer en soi les gouffres les plus lointains ?

    Le philosophe apporte-t-il quelque chose à l'Humanité s'il ne vit que dans un donjon ?

    La présence du philosophe peut-elle représenter un axe de réflexion pour l'individu qui entendra ses paroles en passant au pied du donjon ?

    Le philosophe qui œuvre uniquement à sa connaissance intérieure est-il encore un philosophe ?

    Le philosophe qui est impliqué dans la vie sociale et qui se sert des phénomènes qu'il observe est-il encore en état de philosopher ?

    Je ne suis pas philosophe. Loin de moi cette idée. Je ne suis qu'un individu qui aime réfléchir. Qui en a besoin. Pour s'autoriser ensuite à être en paix.

    Il existe parfois des tourments qui durent. Cela ne signifie pas que la paix est définitivement perdue. Mais il m'est impossible de m'extraire de ce tourment en lui tournant le dos. Je sais de toute façon que si je le laisse dormir, il reviendra en force, revigoré par la trêve que je lui aurais accordé. Si je veux que le tourment disparaisse, je me dois de l'épuiser, sans répit, jusqu'à ce que la totalité des armures qui l'enveloppent tombe au sol, que le nœud du problème apparaisse en plein jour.

    Si je tente de dépasser le temps qui m'est imparti, que je me projette plus loin que mon existence sociale, peut-on considérer que la vie d'un individu lui appartient intégralement ou y a-t-il en chacun une mission d'exploration à mener, un compte-rendu à faire, un partage de données à inscrire, une responsabilité envers l'humanité entière ?

    Je vis grâce à l'apport de l'Humanité, je suis inséré dans une vie planétaire, je suis le bénéficiaire d'une Histoire millénaire. Est-ce que je peux me positionner en retrait, est-ce que j'ai le droit de me retirer de tout et de continuer malgré tout à profiter de l'énergie dépensée par mes semblables ? Tous mes semblables. Est-ce que l'indigène de Bornéo a le droit de lutter, en mon nom, les armes à la main, contre la disparition des forêts primaires puisqu'il œuvre à ma propre survie ? Mais moi, que puis-je faire pour lui ?

    Si je tente d'identifier le degré d'imbrications de chaque individu de la planète, il se construit très rapidement des liens indéfectibles. J'imagine la planète comme un corps immense et chaque individu accroché à un bout de peau, ancré dans une infime parcelle de terre, puisant sans retenue tout ce qu'il est possible d'absorber, sans aucune interrogation sur l'épuisement éventuel des réserves de vie, sur le bien-être des autres individus attachés à leur territoire.

    Le philosophe doit-il se libérer de ces attachements et du haut de son donjon en expliquer à la masse les fonctionnements ou doit-il se mêler à la foule pour autopsier directement dans la chair ?

    L'alternance entre les plongées abyssales et les survols est-elle envisageable ?

    Peut-on réellement s'impliquer et rester objectif ? 

    J'aimerais que la mort soit un espace dans lequel il soit possible d'analyser son propre parcours, dans un état de paix absolue, avec un regard amusé et bienveillant. Comme un compte-rendu à établir et à transmettre à la Vie. Une âme détachée de son attachement corporel, une entité observatrice, sereine et émotionnellement apaisée.

    "Voilà ce que j'ai fait. Je me suis souvent trompé, j'ai cherché à progresser et je sais qu'il restait encore du chemin à parcourir. Mais j’ai fait de mon mieux. "

  • Aucun intérêt

    Voilà, aucun intérêt.

    La plupart des gens s'en fiche. Oh, peut-être qu'ils vont avoir deux ou trois secondes d'émotion, du genre, "c'est triste quand même" et puis ça passera aussi vite que c'est venu. 

    Voilà pour quelles raisons, je n'ai absolument aucun espoir et que j'espère juste vivre assez longtemps pour assister à l'effondrement de l'espèce humaine. C'est même sans doute la dernière chose qui me motive à rester encore en vie. 

     

    Les poussins de manchots empereurs sont les premières victimes de la fonte de la banquise en Antarctique

     

    La totalité des poussins de quatre des cinq colonies surveillés par l'étude sont morts à cause de la fonte trop précoce de la banquise.

    Article rédigé parfranceinfo avec AFP

    France Télévisions

    Publié le 24/08/2023 17:50

     Temps de lecture : 2 min.

    Une employée du parc Marineland prend soin d'un manchot d'une semaine, à Antibes, le 12 janvier 2003 (JACQUES MUNCH / AFP)

    Une employée du parc Marineland prend soin d'un manchot d'une semaine, à Antibes, le 12 janvier 2003 (JACQUES MUNCH / AFP)

    Les manchots empereurs seront-ils la première espèce polaire à disparaître en raison du réchauffement climatique ? Une étude scientifique, parue jeudi 24 août, constate une mortalité totale et "sinistre" des poussins dans plusieurs colonies de l'Antarctique, à la suite de la fonte record de la banquise ces derniers mois. "Nous le prévoyions depuis un certain temps, mais le voir réellement se produire est sinistre", a déclaré à l'AFP l'auteur principal Peter Fretwell, chercheur au British Antarctic Survey.

    Sur cinq colonies surveillées dans la région de la mer de Bellingshausen, à l'ouest de l'Antarctique, toutes sauf une ont subi une perte "catastrophique" de 100% de poussins, qui se sont noyés ou sont morts de froid lorsque la glace a cédé sous leurs minuscules pattes. Ils n'étaient pas assez matures pour affronter de telles conditions, rapportent les chercheurs dans Communications: Earth & Environment, une revue du groupe Springer Nature. "Il s'agit du premier échec majeur de la reproduction des manchots empereurs dans plusieurs colonies en même temps en raison de la fonte des glaces de mer, et c'est probablement un signe de ce qui nous attend à l'avenir", ajoute Peter Fretwell.

    La fonte précoce de la banquise menace leur reproduction

    Lors du printemps de l'hémisphère sud de l'année dernière, de la mi-septembre à la mi-décembre, la banquise antarctique, qui se forme par congélation de l'eau salée de l'océan, avait atteint des vitesses de fonte record, avant de chuter en février à son plus bas niveau depuis le début des mesures satellitaires, il y a 45 ans. Or cette fonte précoce est intervenue au beau milieu de la période de reproduction des manchots empereurs, déjà complexe et fragile.

    Ces oiseaux marins se reproduisent en plein hiver austral, lorsque les températures sont les plus rudes, un processus qui s'étale sur de longs mois, entre l'accouplement, le couvage et le moment où les poussins sont autonomes, grâce notamment à la formation de plumes imperméables, en général vers janvier-février.

    Les manchots pourraient disparaitre d'ici à 2100

    Les manchots empereurs sont certes capables de trouver des sites alternatifs, mais les records de fonte depuis 2016 menacent de dépasser leurs capacités d'adaptation, estiment les scientifiques. "Une telle stratégie ne sera pas possible si l'habitat de reproduction devient instable au niveau régional", conclut l'étude.

    Le manchot empereur a récemment été classé comme espèce menacée par l'autorité américaine de protection de la faune. Outre la mise en péril de ses lieux de reproduction, il est également fragilisé par l'acidification des océans, autre effet du réchauffement climatique, qui menace certains crustacés dont il se nourrit. Le British Antarctic Survey estime qu'au rythme actuel du réchauffement climatique, la quasi-totalité des manchots empereurs pourraient avoir disparu d'ici à la fin du siècle.

  • L'erreur est urbaine.

    La réflexion de ce chercheur, autant j'y adhère intégralement, autant je la considère comme totalement impossible. L'intégralité du système économique fait de la ville un lieu incontournable. Je prends le simple exemple du département de la Creuse : il n'y a pas de travail en dehors des quelques villes (toutes petites villes, Guéret ne comptant que 14 000 habitants, 3 ème plus petite préfecture de France en densité) et il n'y a aucun transport en commun. Les lignes SNCF ont été supprimées année après année. Il y a très peu de lignes de bus. Donc, il est indisensable d'avoir un véhicule, deux dans le cas d'un couple. Et on connaît tous le coût financier de l'automobile. J'ajoute que le désert médical, ici, on sait ce que ça signifie. Quant à la culture, les services à la personne, les structures sportives, les zones commerciales, l'énorme difficulté pour trouver des artisans disponibles, tout cela confère à la vie dans les zones rurales l'acceptation de contraintes et de limites qui sont rédhibitoires pour la plupart.

    La population est âgée, les jeunes ne viennent pas ici, ou très peu et certains ne restent pas. Pourtant le prix de l'imobilier est un des plus bas de France. Mais il faut aussi des écoles, des collèges, des lycées, il faut comprendre que les enfants feront de la route et qu'ils n'auront pas pléthore d'activités extra scolaire. Et le Ministère de l'éducation nationale ferme les petites écoles les unes après les autres. Concentration, concentration...Rentabilité...Système financier avant d'être humain. 

    Il faudrait donc un changement radical des mentalités dans la population. Et rien n'indique qu'on en prend le chemin. C'est là d'ailleurs que la notion de liberté et de choix montre ses limites. Et elles sont considérables. J'imagine que beaucoup de gens aimeraient bénéficier de ce que nous, on considère comme une très grande qualité de vie malgré toutes les restrictions que j'ai citées. Si je devais résumer en un mot la qualité de vie dont nous jouissons, j'utiliserai le mot "paix". Une paix d'ailleurs entamée pendant la saison estivale par le tourisme qui se développe. Vivement la rentrée...

    Maintenant, pour ce qui est d'un mouvement de masse vers les campagnes, je ne le souhaite aucunement dans le système actuel car cela signifierait une dévastation des espaces naturels. Si un tel mouvement devait avoir lieu, il ne serait respectueux de la nature qu'après un monumental changement dans les modes de vie. Si c'est pour exporter les nuisances de la ville à la campagne, ça ne serait qu'une accélération du processus mortifère.

    Pour vivre à la campagne, dans les déserts humains, il faut avant tout aimer le foisonnement de vie de la nature et s'en réjouir. Et savoir se contenter des richesses offertes par cette nature.

    Ce soir, comme tous les autres soirs, (on ne mange pas à midi), nous allons manger ce que le potager nous donne. Et quand la nuit sera tombée, on regardera les étoiles dans une obscurité totale et un silence inégalable. On écoutera sans doute le chant d'une chouette et le battement d'ailes des chauves-souris qui nichent sous le toit de la grange et seront entrées en chasse. Aucun bruit humain mais les sons de la nature.  

     

    Pourquoi il est grand temps de quitter les villes

     

    Publié le : 22/08/2023 - 12:37

    9 mn

    En 2022 à Saint-Denis, sur le chantier du futur village des athlètes des JO de 2024.

    En 2022 à Saint-Denis, sur le chantier du futur village des athlètes des JO de 2024. © AFP/Anne-Christine Poujoulat

    Texte par :The Conversation

    Par Guillaume FaburelUniversité Lumière Lyon 2

    Si le processus d’urbanisation globalisée ne semble pas vouloir marquer le pas, le géographe Guillaume Faburel nous invite à considérer le débranchement urbain dans son texte « Vider les villes ? », dont nous vous proposons des extraits. Retrouvez cette réflexion et bien d’autres dans le livre collectif Écologies. Le vivant et le social, publié aux éditions de la Découverte.

    Vider les villes ? Voilà bien a priori une hérésie. La ville, c’est le progrès et l’émancipation. Tous les grands moments de notre civilisation y sont chevillés, des cités-États aux villes-monde et métropoles d’aujourd’hui. Pourquoi diable vouloir les vider ?

    Simplement parce que tous les mois à travers le monde l’équivalent d’une ville comme New York sort de terre. À moins de croire dans le solutionnisme technologique et le durabilisme des transitions, il est temps de rouvrir une option envisagée dès les années 1970 : la désurbanisation de nos sociétés. Voici peut-être l’unique solution face à la dévastation écologique. Un seul « s » sépare demeure et démesure, celui de notre propre survie.

    Aujourd’hui, 58% de la population mondiale est urbaine, soit près de 4,4 milliards d’habitants (dont presque 40% résidant aux États-Unis, en Europe et en Chine), contre 751 millions en 1950. Cette proportion est même annoncée à 70% en 2050 par l’Organisation des Nations unies (ONU).

    […]

    Avec plus de vingt millions d’habitants, Mumbaï a vu sa superficie bâtie presque doubler entre 1991 et 2018, perdant ainsi 40% de son couvert végétal. Dhaka, dont la population de l’agglomération excède aussi vingt millions d’habitants, a vu disparaître 55% des zones cultivées, 47% des zones humides et 38% du couvert végétal entre 1960 et 2005. Pendant que la superficie bâtie augmentait de 134%.

    Vue aérienne de Dacca, capitale du Bangladesh, la ville la plus densément peuplée au monde, avec 43 797 habitants au km carré. Elle manque d’espaces verts et l’air y est irrespirable pour ses 15 millions d’habitants.

    Vue aérienne de Dacca, capitale du Bangladesh, la ville la plus densément peuplée au monde, avec 43 797 habitants au km carré. Elle manque d’espaces verts et l’air y est irrespirable pour ses 15 millions d’habitants. Getty Images/Selim Azad

    Plus près de nous, le Grand Paris est le chantier d’aménagement le plus important de l’histoire de la capitale depuis le Second Empire (XIXe siècle), avec pas moins de deux cents kilomètres de lignes de métro supplémentaires, cent soixante kilomètres de tunnels à percer, soixante-huit gares à construire, quatre-vingt mille logements par an à sortir de terre.

    En France d’ailleurs, la population urbaine a augmenté de 20% entre 1960 et 2018, pour officiellement dépasser les 80% de la population hexagonale en 2020, ramenés toutefois à 67% en ne tenant plus uniquement compte de l’influence des villes mais aussi de la taille des peuplements (critère de densité des constructions). Près de la moitié vit dans l’une des vingt-deux grandes villes (dont quatre millionnaires en nombre d’habitants), à ce jour officiellement dénommées métropoles. Et, depuis ces centres métropolitains jusqu’aux couronnes périurbaines, comme dans un bon tiers des périmètres de villes moyennes et d’inter-communalités (elles-mêmes grossissantes par volontarisme réglementaire), l’urbanisation croît deux fois plus vite en surface qu’en population (et même trois fois dans les années 1990, soit annuellement la taille de Marseille, un département tous les dix ans, la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur en cinquante ans).

    La métropolisation du monde

    Les foyers premiers ainsi que le modèle principal de cette croissance sont assurés par les grandes agglomérations, au premier chef les sept villes-monde (New York, Hong Kong, Londres, Paris, Tokyo, Singapour et Séoul) et leurs épigones, cent vingt métropoles internationales. Elles représentent en cumul 12% de la population mondiale pour 48% du Produit Intérieur Brut (PIB) mondial. Il y a donc du capital à fixer et de la « richesse » à produire… À condition de continuer à grossir. Tokyo a déjà un PIB supérieur à celui du Canada, Paris à celui de la Suisse…

    Engagée depuis une quarantaine d’années dans les pays occidentaux, la métropolisation représente le stade néolibéral de l’économie mondialisée : polarisation urbaine des nouvelles activités dites postindustrielles et conversion rapide des pouvoirs métropolitains aux logiques de firme marchande.

    Elle incarne l’avantage acquis ces dernières décennies par les grandes villes : articulation des fonctions de commandement (ex : directions d’entreprises) et de communication (ex : aéroports, interconnexions ferroviaires, etc.), polarisation des marchés financiers (ex : places boursières et organismes bancaires), des marchés d’emplois de « haut niveau » – que l’Insee qualifie de métropolitains depuis 2002 (conception-recherche et prestations intellectuelles, commerce interentreprises et gestion managériale, culture et loisirs) ou encore de marchés segmentés de consommation (tourisme, art, technologies…).

    […]

    Une empreinte environnementale et sanitaire déplorable

    Or, occupant seulement 2% de la surface de la Terre, le fait urbain décrit produit 70% des déchets, émet 75% des émissions de gaz à effet de serre (GES), consomme 78% de l’énergie et émet plus 90% de l’ensemble des polluants émis dans l’air pour, souvenons-nous, 58% de la population mondiale.

    Pour les seuls GES, vingt-cinq des cent soixante-sept plus grandes villes du monde sont responsables de près de la moitié des émissions urbaines de CO2 – la fabrication du ciment représentant près de 10% des émissions mondiales, en augmentation de 80% en dix ans. À ce jour, 40% de la population urbaine mondiale vit dans des villes où l’exposition à la chaleur extrême a triplé sur les trente-cinq dernières années.

    Plusieurs mégapoles s’enfoncent annuellement de plusieurs centimètres sous le poids de la densité des matériaux de construction et du pompage des nappes phréatiques (Mexico, Téhéran, Nairobi, Djakarta…). La prévalence des maladies dites de civilisation est nettement plus importante dans les grandes villes, responsables de quarante et un millions de décès annuels à travers le monde (cancers, maladies cardiovasculaires et pulmonaires, diabète et obésité, troubles psychiques et maladies mentales).

    Enfin, selon le Fonds monétaire international, à l’horizon de la fin du siècle, 74% de la population mondiale (annoncée en 2100 urbaine à 80%) vivra des canicules mortelles plus de vingt jours par an. Un point de comparaison : la canicule de 2003 en France, 15 000 morts, en dix-huit jours. D’ailleurs, en France, les pollutions atmosphériques des grandes villes sont responsables de 50 000 morts annuellement.

    Le secteur du bâtiment-travaux publics (BTP), toutes constructions confondues (mais à 90% dans les aires définies comme urbaines), représente 46% de la consommation énergétique, 40% de notre production de déchets et 25% des émissions de GES. L’autonomie alimentaire des cent premières villes est de trois jours (98% d’alimentation importée) et Paris, par tous ses hectares nécessaires, a une empreinte écologique trois cent treize fois plus lourde que sa propre superficie.

    […]

    Si l’on croise les données de nos impacts écologiques avec celles des limites planétaires, on constate que l’empreinte moyenne de chaque Français va devoir être divisée par quatre à six pour prétendre à la neutralité carbone à horizon de 2050. Pour ce faire, loin du technosolutionnisme ambiant et du durabilisme du verdissement, l’autonomie, comprise comme autosubsistance et autogestion, est le seul moyen de se figurer l’ensemble de nos pressions et de les contenir par l’autodétermination des besoins, au plus près des ressources et de leurs écosystèmes. Ceci, sans pour autant négliger nos interdépendances sociales et quelques-unes de nos libertés.

    Une pancarte sur une statue indique «Grand Péril Express» à côté d’un drapeau du mouvement Extinction-Rebellion lors d’une manifestation contre les projets d’urbanisation des terres agricoles en Île-de-France, devant l’Hôtel de Ville de Paris, le 10 octobre 2021.

    Une pancarte sur une statue indique «Grand Péril Express» à côté d’un drapeau du mouvement Extinction-Rebellion lors d’une manifestation contre les projets d’urbanisation des terres agricoles en Île-de-France, devant l’Hôtel de Ville de Paris, le 10 octobre 2021. © AFP/Thomas Samson

    Or pour faire autonomie, toute ville devrait produire 100% de son énergie, qui plus est renouvelable (or, à ce jour, Lyon, Bordeaux ou Rennes n’en produisent par exemple que 7% à 8% , non renouvelables), remettre en pleine terre entre 50% et 60% des sols pour la production vivrière et le respect du cycle de l’eau (à ce jour, entre 1% et 1,5% dans les villes labellisées Métropoles françaises), ou encore restituer aux écosystèmes au moins 15% des sols urbanisés pour la biodiversité. Tout ceci est infaisable morphologiquement et, quoi qu’il en soit, impensable dans le cadre d’une ville devenue médiation première du capital.

    Nous n’avons en fait pas d’autre choix que de nous affranchir des grandes centralités et de leurs polarités, comme certains espaces périurbains commencent à le faire ; en déconcentrant et en relocalisant, en décentralisant, sans omettre de décoloniser quelques habitudes et modes de vie.

    Mais comment passer de l’ère de taire l’inconséquence de nos écologies urbaines à l’âge du faire des géographies posturbaines, sans pour autant rétrécir la société par le jeu des identités et le retour de quelques barbelés ? Quelles sont les conditions d’une désurbanisation sans perte d’altérité, et sans oublier cette fois la communauté biotique ?

    Bientôt, le débranchement urbain ?

    Cette autre géographie est d’ores et déjà en construction, à bas bruit. Les espaces plus ouverts, ceux des campagnes, offrent d’autres possibilités, sous condition de révision de quelques comportements, particulièrement ceux liés à nos mobilités, connectivités et divertissements. En France, cela correspond au foisonnement d’alternatives au sein des espaces dessinés par les treize mille petites villes et petites villes de proximité, bourgs et villages centre, auxquels il faut ajouter les milliers d’autres villages, hameaux et lieux-dit : néoruralités qui connaissent leur septième vague d’installation, néopaysanneries dynamiques, zones à défendre, communautés existentielles/intentionnelles, écolieux et fermes sociales…

    Permaculture et autosubsistance vivrière, chantiers participatifs et autoconstruction bioclimatique, épiceries sociales ambulantes et médiathèques villageoises itinérantes, fêtes locales et savoirs vernaculaires… sont clairement ici en ligne de mire. Et l’on pourrait imaginer des foires locales aux logements, puisque près de trois millions sont vacants dans les périphéries, alors que ce secteur est prétendument en crise. Et, toute cette effervescence ne concerne pas moins de 30% du territoire hexagonal.

                

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    Paru le 12 janvier 2023. ©Éditions de la DécouverteCC BY-NC-ND

    Là serait la raison du débranchement urbain : cesser d’être les agents involontaires des méga-machines urbaines en recouvrant de la puissance d’agir, non plus pour faire masse contre la nature mais pour faire corps avec le vivant. Le triptyque habiter la terre, coopérer par le faire, autogérer de manière solidaire peut constituer la matrice d’une société écologique posturbaine. À condition de vider les villes, les grandes, et de cheminer enfin vers le suffisant.

    Guillaume Faburel, Professeur, chercheur à l'UMR Triangle, Université Lumière Lyon 2

    Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

     

  • Lumières du soir

    Depuis des années, je traque les couchers de soleil.

    J'ai découvert au fil de mes émerveillements qu'il fallait zoomer pour en pénétrer pleinement la beauté, pour en révéler la matière. 

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