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Une belle rencontre.
- Par Thierry LEDRU
- Le 07/12/2011
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La sonnerie de l'école venait de retentir. J'ai vu qu'un homme attendait à la sortie de la classe. Je suis sorti et il m'a demandé s'il était possible qu'on se parle un peu.
J'ai accompagné les enfants jusqu'à la sortie de l'école et je suis revenu en classe et on s'est installé.
Il était là à cause de "Noirceur des cimes". Il était tombé dessus "par hasard" à la bibliothèque du village. Il ne me connaissait pas et n'avait aucune idée de la trame du livre ou de son style.
Depuis qu'il l'avait terminé, il avait décidé qu'il était indispensable qu'il me rencontre.Un choc existentiel.
Beaucoup d'émotions pour lui comme pour moi. Difficile à exprimer tellement la symbiose était immédiate. Des questions essentielles après dix minutes de discussion. Le Soi, l'ego, le Réel, l'intellect, l'intuition, la quête existentielle... Les deux personnages principaux du roman sont à l'opposé l'un de l'autre. L'intellect et le rationnel, la passion et l'engagement. Un cheminement personnel dans lequel il se retrouvait et des réponses qui apparaissaient.
Et bien, je sais pour avoir vécu quelques autres expériences du même ordre avec d'autres lecteurs que rien n'est plus beau que ces rencontres lorsque jaillit au grand jour dans le flamboiement des yeux, le flot d'émotions que le livre a déclenché, cet éveil spirituel qui me touche tellement.
Je repensais plus tard à cette réflexion d'il y a quelques jours sur la force de l'essai par rapport au roman. Et bien, je reste convaincu que cette rencontre n'aurait pas eu lieu si j'avais écrit un essai pour parler de tout ce que j'aborde dans "Noirceur des cimes" ou dans mes autres romans d'ailleurs. Parce qu'un lecteur ne "vivra" jamais intérieurement un essai, il le comprendra uniquement. Ou en tout cas, même si ça peut se produire dans certains cas, une symbiose intellectuelle justement et la réponse à des flots de questions insoumies, il me semble que le roman aura toujours un avantage certain sur l'essai : les gens qui s'y trouvent sont vivants.
Et l'intellect n'aura jamais la beauté de la vie. Il n'en sera qu'un élément.
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Ne pas se trahir.
- Par Thierry LEDRU
- Le 07/12/2011
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« Ne t’invente pas des armées d’ennemis pour excuser tes propres faiblesses. « Jarwal
Je repensais à cette maxime de ce cher lutin et j'établissais le parallèle avec les difficultés que je rencontre pour être édité. J'ai écrit huit romans, trois sont publiés...Bon, il doit bien y avoir une raison. C'est certainement trop facile de rejeter la faute sur les éditeurs qui ne comprennent pas mon immense talent :))) Plus sérieusement, je sais bien depuis le temps que mes textes les rebutent parce que pour eux, ils concernent une "niche littéraire" et n'ont pas un potentiel de vente suffisant. Il faudrait donc que "j'adoucisse" ma prose, que je la simplifie. L'exigence serait mon ennemie ou ma faiblesse. Mais se pose dès lors, à travers cette simplification éventuelle, mon propre cheminement.
Je sais que mes livres m'enseignent. Ça peut paraître étrange mais ils sont le fil conducteur et non seulement des éléments conduits. Ils tracent eux aussi des routes et je suis le passager. Alternance constante entre ce que je produis et ce moment fabuleux où les mots s'enchaînent dans une fluidité incroyable parce que "j'ai" disparu et que je ne suis plus que le transmetteur et non seulement l'écrivain. C'est cette exigence et cet approfondissement qui créent ce flux libérateur. L'histoire m'appartient toujours mais pas les introspections qu'elle génère. Et ce fusionnement entre l'écrivain et le Soi n'est possible qu'au bout de ce chemin éprouvant de la vigilance. Si je décidais d'abandonner ce que je porte pour ne plus être que le transcripteur d'une histoire, je finirais peut-être par devenir un écrivain reconnu. Mais je ne me reconnaîtrais plus.
Je vais donc garder mes faiblesses littéraires et continuer ma route.
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La France des droits de l'Homme.
- Par Thierry LEDRU
- Le 07/12/2011
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Juste pour montrer la vérité du terrain. Bien au-delà des discours politiques.
"Leurs droits" pour certains hommes. Ceux qui leur ressemblent.
Je n'en fais pas partie. Moi aussi, le crachat, je le reçois.
http://www.liberation.fr/politiques/01012375069-le-crachat-et-le-reve-francaisLettre à monsieur le ministre de l’Intérieur, de l’Outre-Mer, des Collectivités territoriales et de l’Immigration
Monsieur le ministre,
La sous-direction de l’accès à la nationalité française du ministère que vous dirigez vient de signifier à madame S. Boujrada, ma mère, le classement de son dossier et un refus d’attribution de nationalité. «Vous ne répondez pas aux critères», est-il écrit dans un courrier sans âme que l’on croirait tout droit sorti de l’étude d’un huissier ou d’un notaire.
Ma mère est arrivée en France en 1984. Il y a donc vingt-huit ans, monsieur le ministre, vingt-huit ans ! Arrivée de Casablanca, elle maîtrisait parfaitement le français depuis son plus jeune âge, son père ayant fait le choix de scolariser ses enfants dans des établissements français de la capitale économique marocaine.
Elle connaissait la France et son histoire, avait lu Sartre et Molière, fredonnait Piaf et Jacques Brel, situait Verdun, Valmy et les plages de Normandie, et faisait, elle, la différence entre Zadig et Voltaire ! Son attachement à notre pays n’a cessé de croître. Elle criait aux buts de Zidane le 12 juillet 1998, pleurait la mort de l’abbé Pierre.
Tout en elle vibrait la France. Tout en elle sentait la France, sans que jamais la flamme de son pays d’origine ne s’éteigne vraiment. Vous ne trouverez trace d’elle dans aucun commissariat, pas plus que dans un tribunal. La seule administration qui pourra vous parler d’elle est le Trésor public qui vous confirmera qu’elle s’acquitte de ses impôts chaque année. Je sais, nous savons, qu’il n’en est pas de même pour les nombreux fraudeurs et autres exilés fiscaux qui, effrayés à l’idée de participer à la solidarité nationale, ont contribué à installer en 2007 le pouvoir que vous incarnez.
La France de ma mère est une France tolérante, quand la vôtre se construit jour après jour sur le rejet de l’autre. Sa France à elle est celle de ces banlieues, dont je suis issu et que votre héros sans allure ni carrure, promettait de passer au Kärcher, puis de redresser grâce à un plan Marshall qui n’aura vu le jour que dans vos intentions. Sa France à elle est celle de l’article 4 de la Constitution du 24 juin 1793 qui précise que «tout homme - j’y ajoute toute femme - né(e) et domicilié(e) en France, âgé(e) de 21 ans accomplis,tout(e) étranger(e) âgé(e) de 21 ans accomplis, qui, domicilié(e) en France depuis une année, y vit de son travail, ou acquiert une propriété, ou épouse un(e) Français(e), ou adopte un enfant, ou nourrit un vieillard, tout(e) étranger(e) enfin, qui sera jugé(e) par le corps législatif avoir bien mérité de l’humanité, est admis(e) à l’exercice des droits de citoyen français». La vôtre est celle de ces étudiants étrangers et de ces femmes et hommes que l’on balance dans des avions à destination de pays parfois en guerre.
Vous comprendrez, monsieur le ministre, que nous ayons du mal à accepter cette décision. Sa brutalité est insupportable. Sa légitimité évidemment contestable. Son fondement, de fait, introuvable. Elle n’est pas seulement un crachat envoyé à la figure de ma mère. Elle est une insulte pour des millions d’individus qui, guidés par un sentiment que vous ne pouvez comprendre, ont traversé mers et océans, parfois au péril de leur vie, pour rejoindre notre pays. Ce sentiment se nomme le rêve français. Vous l’avez transformé en cauchemar.
Malgré tout, monsieur le ministre, nous ne formulerons aucun recours contre la décision de votre administration. Nous vous laissons la responsabilité de l’assumer. Nous vous laissons à vos critères, à votre haine et au déshonneur dans lequel vous plongez toute une nation depuis cinq ans. Nous vous laissons face à votre conscience.
Quand le souffle de la gifle électorale qui se prépare aura balayé vos certitudes, votre arrogance et le système que vous dirigez, ma mère déposera un nouveau dossier.
Je ne vous salue pas, monsieur le ministre.
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Jarwal en "coup de cœur"
- Par Thierry LEDRU
- Le 07/12/2011
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Coup de Coeur Pour Jarwal
http://mespremiereslectures.com/Coup-de-Coeur-Pour-Jarwal.html
auteur Thierry Ledru Editeur Collection Type Roman Coup de Cœur Mes Premières Lectures ! Un Lutin pas comme les autres, des enfants très spéciaux et une mission de sauvetage....
JARWAL, le Lutin Tome 1
Thierry LEDRU, un auteur qui sort des sentiers battus, son Interview ICI.
Jarwal, c’est bien simple, c’est LE lutin qu’on rêve tous de rencontrer au détour d’une randonnée paisible dans la montagne, loin du chaos de la ville, du rythme trépidant du quotidien, de la société de consommation et de la boulimie effrénée du toujours plus de la même chose sans jamais de satiété…
Et oui, ce roman n’est pas que pour les enfants, il a aussi une portée philosophique.. mais non, ça n’est pas un gros mot !
D’ailleurs, la philosophie, l’auteur la pratique au quotidien dans sa classe avec ses jeunes élèves, et ils adorent ça !
Mais revenons à Jarwal.
Ce Lutin est très particulier. Il recherche de part le monde les élus… ces enfants qui sont les seuls à pouvoir sauver de l’oubli le petit peuple dont l’histoire est en train de s’effacer dans LE LIVRE.
Ce roman raconte une histoire, sur fond pédagogique, peuplée de messages d’incitations à un retour vers la nature, l’amour de la vie et au respect de l’environnement.
Il est une invitation à l’émerveillement et bien plus encore...
Mais que se passe t-il au juste ?
Les enfants ne lisent plus. Ils préfèrent la Télévision et les jeux vidéo… C’est une catastrophe pour le petit peuple car toutes les histoires et légendes de fées, trolls, elfes et autres lutins tombent dans l’oubli au profit de la modernité.
Les rêves n’ont plus leur place. Les enfants de la planète entière, et les adultes sont tellement connectés aux engins modernes, qu’ils sont de plus en plus déconnectés de la source, de la nature, de l’essentiel.
Jarwal doit empêcher son peuple de disparaître. Il doit tout tenter dans l’espoir de retrouver aussi sa bien-aimée.
C’est dans le personnage terrifiant de Jackmor que le symbole du progrès est incarné, comme un démon réduisant le libre arbitre des humains sous son emprise à néant.
Être plutôt que faire, réfléchir à ses actes et aux conséquences, se demander ce que bien et mal veulent dire … Les héros vont devoir courageusement affronter peurs et questionnements pour retrouver le bon sens… et la bonne direction… celle de la liberté mais aussi du retour de la magie et du petit peuple.
On attend la suite…. Déjà prête mais en attente d’un éditeur….
Car près de 10 tomes sont ainsi prévus, permettant autant de voyages à travers le monde extérieur et intérieur.
L’auteur jalonne son récit de références et d’explications de mots, ce qui permet une accessibilité à tous les lecteurs et un enrichissement du vocabulaire des plus jeunes.
Enfin de la profondeur de champ dans un ouvrage jeunesse que bien des « grands » devraient aussi lire….Présentation de l’éditeur du Tome 1 :
Marine (12 ans), Rémi (10 ans) et Léo (8 ans) sont trois enfants amoureux de la nature. Marine, organisatrice et chef incontesté du trio est leur guide, celle qui connaît les mystères de la forêt, les lieux enchantés, les chemins secrets, les légendes du monde.
Alors qu’ils sont partis tous les trois en montagne, Jarwal le lutin se présente à eux comme le Gardien du Livre du Petit Peuple. Il explique que les pages du Livre s’effacent sous le pouvoir maléfique du Progrès. Les enfants, fascinés et envoûtés par le monde moderne, ne lisent plus assez et les compagnons de vie de Jarwal tombent dans l’Oubli. Le lutin doit trouver des êtres capables d’écouter puis de transmettre la mémoire du monde pour que ses compagnons reprennent vie, que l’équilibre avec l’énergie vitale soit rétabli, que l’amour de la Nature soit à la source des existences. Les trois enfants ont été désignés par le conseil des Sages comme les Elus parce qu’ils résistent aux illusions technologiques et qu’ils aiment la Terre.
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Romans ou essais ?
- Par Thierry LEDRU
- Le 06/12/2011
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Des éditeurs et parfois des lecteurs m'ont dit que je ne devrais pas m'obstiner à écrire dans le registre du roman mais que je devrais m'atteler à écrire des essais.
Mais si je ne m'y résouds pas, c'est parce que je tiens à ce que mes écrits ne soient pas associés à des réflexions intellectuelles mais qu'ils représentent la vie dans toute sa dimension : intellectuelle, spirituelle, philosophique, évènementielle, quotidienne, passionnelle...
Le roman est un miroir de l'existence alors que l'essai en est son commentaire.
Je ne veux pas commenter.
L'autre raison s'oppose à l'idée que le roman n'est qu'un divertissement et qu'il n'est pas destiné à conduire l'individu à un questionnement existentiel. Je pense au contraire que le roman a une force immense quant à l'identification possible du lecteur aux personnages alors que l'essai ne favorisera pas ce transfert et par conséquent la perception profonde des idées.
L'essai s'en tiendra à la raison, le roman y ajoutera l'émotion.
Si le roman parvient à transcrire une démarche intellectuelle en la nourrissant des émotions, son absorption en sera renforcée.
Je n'oublierai jamais ma première lecture de "Citadelle" de Saint-Exupéry. Les pensées philosophiques de toute une vie.
Aucun essai philosophique n'aura à mes yeux la puissance du roman parce que s'y ajoutent la beauté incommensurable de la musique, de la poésie, des images, des dialogues, des paysages, des odeurs, des gestes, des regards, des sourires, des larmes, de la détresse ou de la joie de vivre. De tout ce qui fait l'existence et de tout ce qui renforce la conscience de la vie en soi.
Alors, sans doute que je prends un risque en voulant mêler cette construction romanesque avec une démarche existentielle mais je ne peux pas trahir l'enfant qui vit en moi et qui posait sur sa poitrine le livre de Saint-Exupéry, après des heures de lecture, au fond de son lit. Et qui pleurait de bonheur.
J'ai découvert l'émotion amoureuse en lisant des romans.
Jamais, aucune image de film de cinéma, ne m'a procuré le bonheur des écrits.
L'enfant est là. Et le goût salé de ses larmes de joie en répétant inlassablement, dans son âme, l'assemblage des mots.
On ne peut pas répéter en soi une scène de film. Il faudrait posséder le talent des acteurs. Mais on peut répéter les mots, l'écrivain les a donnés, ils n'appartiennent à personne, ils aiment celui qui les accueille à coeur ouvert, celui qui les absorbe dans une mémoire aimante, non pas cette mémoire qui nous permet de retrouver nos clés de voiture, mais cette mémoire qui ressemble à un placenta nourricier, là où sont entreposés les aliments spirituels, là où germent les désirs de croissance, l'aimantation vers la conscience et l'éveil.
Tout ça remonte à si loin que je ne saurais continuer en le perdant de vue.
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Le mental intuitif
- Par Thierry LEDRU
- Le 06/12/2011
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Evidemment que cette citation me touche au plus haut point, sans vraiment savoir ce que ce grand homme voulait entendre. Je n'aurais pas l'outrecuidance de considérer que je comprends pleinement Albert Einstein.
Je peux juste tenter d'avancer dans ce que je perçois, sans être certain de ce que j'avance.
Le mental intuitif est celui qui se manifeste lorsque se tait le mental rationnel ou en tout cas lorsqu'il n'est plus prééminent. J'ai du mal à associer le terme de "mental" avec celui "d'intuitif" d'ailleurs...J'ai plutôt l'impression que c'est lorsque le mental se tait que l'âme peut de nouveau libérer tout ce qu'elle contient. L'intuition en fait partie. S'agit-il d'une connaissance extérieure à l'individu lui-même mais qu'il parvient à saisir parce qu'il n'est plus enfermé dans ce mental dictateur ? C'est en tout cas l'hypothèse qui me touche au plus profond. L'ouverture de l'âme devant l'effacement des portes du mental est une opportunité de connaissances immédiates, comme le saisissement spontané de tout ce que l'Energie contient.
"Il y avait quelque chose d'indéterminé avant la naissance de l'univers.
Ce quelque chose est muet et vide.
Il est indépendant et inaltérable.
Il circule partout sans se lasser jamais.Ne connaissant pas son nom, je le dénomme "Tao".
Lao Tseu
L'intuition représente-t-elle ce lien reconstitué avec le Tao ?
"Le regardant, on ne le voit pas, on le nomme l'invisible.
L'écoutant, on ne l'entend pas, on le nomme l'inaudible.
Le touchant, on ne le sent pas, on le nomme l'impalpable.Le Tao est quelque chose de fuyant et d'insaisissable.
Fuyant et insaisissable, il présente cependant quelque image,
insaisissable et fuyant, il est cependant quelque chose."Lao Tseu
Le parallèle avec l'intuition est évident. Invisible, inaudible, impalpable. Au-delà du fonctionnement rationnel bien entendu.
La prémonition est -elle un degré supérieur encore ? Une plongée encore plus profonde dans cet espace du tao... On peut considérer l'intuition comme une saisie immédiate, dans un temps extrêmement court, bien souvent dans une situation d'urgence.
La prémonition apporte une donnée temporelle qui est encore plus troublante. On peut bien sûr considérer qu'il s'agit de coïncidences. Jung parlait de "synchronicité. " Aucune explication par lien de causalité. L'intuition, la prémonition et les phnéomènes qui ne se soumettent pas à travers l'analyse à la causalité n'en sont pas moins réels. Ou alors, il faudrait supputer que tous ces phénomènes ne sont que du domaine de l'imagnitation. Ce qui serait absurde au regard du nombre de témoignages et encore davantage envers les multiples sommités qui se sont penchés sur ces phénomènes.
Pour Hubert Reeves, le « plan acausal sous-jacent à l'existence des lois de la nature serait celui où s'inscrirait la question du « sens » ou de l'« intention » dans la nature et où la conscience de l'homme s'inscrirait dans son évolution » : les événements synchronistiques seraient significatifs de l'unité de l'univers, et la notion de synchronicité serait de ces intuitions exprimées par des balbutiements maladroits parce que « les mots mêmes nous font défaut. »
"Les mots mêmes nous font défaut."...
Ou leur ajustement...
C'est stupéfiant comme les évènements de la vie peuvent nous conduire très loin dans l'introspection. Dès lors qu'on cherche justement à ajuster les mots. Je souris intérieurement lorsque je réalise tous les ajustements qu'il me reste à trouver. Des bonheurs quotidiens.
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Hume et l'empirisme.
- Par Thierry LEDRU
- Le 05/12/2011
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Hume (1711-1776) est un philosophe "empiriste".
Wikipédia
L'empirisme désigne un ensemble de théories philosophiques qui font de l'expérience sensible l'origine de toute connaissance valide et de tout plaisir esthétique. L'empirisme s'oppose en particulier à l'innéisme des idées et à l'idée d'une connaissance a priori. Il va souvent de pair avec une théorie associassioniste des idées qui explique leur formation par la conjonction d'idées simples.
Selon ce courant de pensée, toute notre connaissance précède et dérive de l'expérience. Or, comment connaissons-nous notre "moi" ? Précisément par la série d'expériences et de sensations à travers lesquelles nous nous saisissons nous-mêmes. Mais alors, peut-on poser une identité, un moi qui serait indépendant de cette succession d'expériences ? Hume répond par la négative.
"Pour ma part, quand je pénètre le plus intimement dans ce que j'appelle moi, je bute toujours sur une perception particulière ou sur une autre, de chaud ou de froid, de lumière ou d'ombre, d'amour ou de haine, de douleur ou de plaisir. Je ne peux jamais me saisir, moi, en aucun moment sans une perception et je ne peux rien observer que la perception. " Hume ; "Traité de la nature humaine."
Hume considère qu'étant donné qu'il est impossible d'appréhender une quelconque identité subjective autrement que dans une perception particulière, le moi n'est qu'une fiction et une construction purement conceptuelle.
On rejoint l'idée du déterminisme mais dans une problématique très pessimiste puisqu'on en vient à considérer l'individu comme inexistant en dehors de ces perceptions. Quelques soient les causes des phénomènes, elles n'ont aucune importance étant donné que de les connaître ne change rien à l'homme. Il reste un néant manipulé par des perceptions issues de ses expériences, lesquelles,même s'il parvient à les analyser ne lui permettent pas de s'extraire de ce chaos intérieur.
Même si je parviens à observer les perceptions, je ne les perçois qu'à travers d'autres perceptions...
Personnellement, je ne vois pas là un problème quelconque. Il me semble au contraire que ce phénomène de la perception comme étant la source de toute connaissance est une opportunité de progrès et non une sanction. Hume aurait aimé sans doute limiter sa connaissance à l'intellect et se passer de toute donnée sensitive. Peut-on considérer que l'individu éprouve le phénomène de la vie s'il se prive ou cherche à se priver de la perception ? Il me paraît plus respectueux envers cette vie de chercher à explorer totalement, en pleine conscience, cette dimension de la perception. Et c'est là que se trouve ce progrès possible.
Quand je fais du vélo, je ne recherche pas la douleur physique, ni la souffrance morale, à travers l'épuisement.
La douleur physique est le premier palier à franchir. Quand je pédale depuis deux heures, trois heures, il arrive un moment où la fatigue s'efface, comme si elle-même était fatiguée... Apparaît alors une énergie inconnue, un état d'absence, d'oubli de la douleur, c'est l'euphorie. La souffrance psychologique s'éveille d'abord sous la forme de la lassitude, celle qui répète inlassablement qu'il est temps de s'arrêter. Un autre palier à franchir. C'est là qu'il est essentiel de se concentrer sur des choses très simples, le souffle, le rythme des jambes, la poussée verticale, la remontée de l'autre jambe, le talon qui descend plus bas que les orteils, l'application aux gestes. C'est cette simplicité qui permet d'opérer cette lobotomie qui ouvre l'espace suivant. La souffrance prend forme à travers la lutte intestine générée par les pensées, ça n'est pas le corps qui souffre mais bien le mental qui cherche une issue. Le corps suit le mouvement nourri par l'énergie. Ce qui m'intéresse, c'est ce moment où s'opère cette rupture mentale, cette disparition des pensées et des plaintes, cette attirance vers l'arrêt de l'effort. Là où il n'y a plus rien de cérébral. C'est la Vie qui anime l'individu, rien de narcissique, aucun désir de puissance ou de performance mais juste cette exploitation entière d'une énergie qui ne peut apparaître que dans ces moments-là.
Pour ma part, je n'ai jamais trouvé ça ailleurs.
Mais je sais aussi que ça remonte à loin tout ça. Pour ma part, tout a commencé dans la chambre d'hôpital où je veillais mon frère. C'est là que j'ai pris conscience de la Vie, celle que je cherche constamment quand je cours en montagne, quand je pédale, quand je skie, quand je marche. Quand j'aime la Terre.
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LES EVEILLES
La mort. Il l’avait souvent défiée. L’épuisement physique.
Les journées d’escalade. Ce besoin de sentir la solidité de la roche, comme les murs de la chambre d’hôpital contre lesquels il s’était appuyé, cette masse indestructible sous ses mains, comme si le vide ne pouvait plus le saisir, s’accrocher de toutes ses forces, résister à la pesanteur, cette chute effroyable vers les noirceurs insondables, repousser les faiblesses, dépasser les limites, ne jamais s’avouer vaincu, aller au bout de l’effort, approcher du noyau d’énergie qui rayonne dans les fibres, sentir palpiter la vie comme un cœur d’étoile, un clignotement infime mais constant, inaltérable, éternel. Se détruire pour vivre. Et entrer en communion avec l’infini. Ses sorties en vélo. Cent kilomètres, cent cinquante, deux cents. Trois cent soixante-quinze. C’était son record. Une journée entière à rouler. Il était parti sans savoir où il allait, direction plein nord, le bonheur de rouler, juste engranger des kilomètres, découvrir des paysages puis la fatigue qui s’installe, plonger en soi et voyager à l’intérieur, le ronronnement mécanique du dérailleur, la mélodie des respirations, l’euphorie de la vitesse, cette déraison qui le poussait à écraser les pédales, cette folie joyeuse qui consumait les forces, ce courant étrange qu’il sentait dans son corps, cette détermination irréfléchie, juste le besoin inexpliqué de plonger au cœur de ses entrailles, d’en extraire les éléments nutritifs, de les exploiter, jusqu’à la moelle, que chaque particule soit associée à cette découverte des horizons intimes, être en soi comme un aventurier infatigable, un guerrier indomptable, passionné, amoureux, émerveillé, ne jamais ralentir, ne jamais relâcher son étreinte, enlacer ses forces comme un amant respectueux, les honorer, les bénir et sentir le bonheur de la vie, une vie qui lutte, qui se bat, qui s’élève, cette certitude que cette vie ne pouvait pas s’éteindre, la sienne certainement, mais pas la vie, pas ce souffle qui circulait en lui.
Il n’était pas en vie. La vie était en lui. Il n’était qu’un convoyeur. Juste une enveloppe. Elle se servait de lui et il la remerciait infiniment de l’avoir choisi. Cette occupation n’était qu’épisodique mais il aurait eu cette chance. Il se devait d’en profiter. Cette palpitation le quitterait un jour, elle irait voir ailleurs. L’enveloppe deviendra poussière et la vie investira une autre capsule, un autre fourreau, un écrin juvénile.
L’épuisement le guidait infailliblement vers le cœur lumineux de la vie retranchée, il finissait par ne plus entendre les voitures, ni les rumeurs des villages traversés, par ne plus percevoir les paysages, il ne restait que des formes innommées, le parfum âcre de sa sueur, l’oxygène capturé inondant les abîmes affamés et le sourire délicat de son âme extasiée, la plénitude infinie de la vie en lui.
Les derniers kilomètres. Il avait pleuré de bonheur, vidé de tout, les yeux fixant le goudron qui défilait, les muscles liquéfiés, incapable de savoir ce qui permettait encore aux jambes de tourner, vidé de tout, coupé de sa raison, un mental éteint, une absence corporelle, un état de grâce, l’impression d’être ailleurs, hors de ce corps épuisé, une légèreté sans nom sous la pesanteur immense de la fatigue souveraine, un néant de pensées, juste ce sentiment indéfinissable de la vie magnifiée.
Cette vision étrange d’un cycliste déambulant sur la Terre, il était dans les cieux, un regard plongeant, une élévation inexplicable, dans la dimension des oiseaux, les arabesques des routes jusqu’au bout de l’horizon, les champs, les collines, quelques maisons, et ce garçon écrasant les pédales, ce sourire énigmatique, béatitude de l’épuisement, cet amour immense, cette étreinte spirituelle, il était dans les cieux, une échappée verticale. Comme emporté par les ailes d’un ange."
Cette dimension de la perception, je l'aime infiniment. Et je sais qu'elle m'a appris énormément. Hume aurait dû faire du vélo.
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Elisée Reclus
- Par Thierry LEDRU
- Le 04/12/2011
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"Ni Dieu, ni maître" anthologie de Christophe Verselle.
https://www.babelio.com/livres/Verselle-Ni-Dieu-ni-maitre-De-Diderot-a-Nietzsche/78298
Ami de Bakounie et de Kropotkine, Elisée Reclus (1830-1905) a participé à plusieurs journaux de tendance anarchiste (Le Cri du Peuple, Le Révolté, L'Insurgé),
Dans la lettre qui suit, Elisée Reclus s'en prend au vote qu'il assimile à une abdication. Il avance principalement quatre arguments.
"Voter, c'est se choisir un maître
-C'est permettre à certains hommes de se sentir au-dessus des lois puisque ce sont les élus qui les font.
-C'est succomber à l'illusion d'une omniscience des politiciens.
-C'est oublier que les promesses électorales n'engagent que ceux qui les écoutent.
"Compagnons, vous demandez à un homme de bonne volonté, qui n'est ni votant ni candidat, de vous exposer quelles sont ses idées sur l'exercice du droit de suffrage.
Voter, c'est abdiquer; nommer un ou plusieurs maîtres pour une période courte ou longue, c'est renoncer à sa propre souveraineté. Qu'il devienne monarque absolu, prince constitutionnel ou simplement mandataire muni d'une petite part de royauté, le candidat que vous portez au trône ou au fauteuil sera votre supérieur. Vous nommez des hommes qui sont au-dessus des lois puisqu'ils se chargent de les rédiger et que leur mission est de vous y faire obéir.
Voter, c'est être dupe; c'est croire que les hommes comme vous acquerront soudain, au tintement d'une sonnette, la vertu de tout savoir et de tout comprendre. Vos mandataires ayant à légiférer sur toutes choses, des allumettes aux vaisseaux de guerre, il vous semble que leur intelligence grandisse en raison même de l'immensiré de la tâche. L'histoire vous enseigne que le contraire a lieu. Le pouvoir a toujours affolé, le parlotage a toujours abêti. Dans les assemblées souveraines, la médiocrité prévaut fatalement.
Voter, c'est évoquer la trahison. Sans doute les votants croient à l'honnêteté de ceux auxquels ils accordent leurs suffrages et peut-être ont-ils raison le premier jour. Mais chaque jour a son lendemain. Dès que le milieu change, l'homme change avec lui. Aujourd'hui le candidat s'incline devant vous et peut-être trop bas; demain il se redressera et peut-être trop haut. Il mendiait les votes, il vous donnera des ordres.
...
N'abdiquez donc pas, ne remettez pas vos destinées à des hommes forcément incapables et à des traîtres futurs. Ne votez pas !
Au lieu de confier vos intérêts à d'autres, défendez-les vous-mêmes. Les occasions ne manquent pas aux hommes de bon vouloir. Rejetez sur les autres la responsabilité de sa conduite, c'est manquer de vaillance. "
Qu'allons-nous faire dans quelques mois ?
Qu'avons-nous vu depuis des mois ?
Que devons-nous en conclure ?
"Ils" nous demandent de leur faire confiance. Il serait trop long d'énumérer les faits qui nous ont prouvé que c'était impossible.
Quelle solution ?
Ici, il y en a une de proposée.
http://etienne.chouard.free.fr/Europe/
ETIENNE CHOUARD
PrésentationBonjour et bienvenue :o)
Je vous propose de prendre personnellement nos problèmes quotidiens à la racine et de réfléchir nous-mêmes à l'institution d'une vraie démocratie : et la racine d'une démocratie digne de ce nom, ce n'est pas l'élection — élection qui est par définition aristocratique (choisir le meilleur, aristos), donc oligarchique— , la seule racine de la démocratie, c'est le tirage au sort.
Depuis le débat référendaire sur le TCE (un puissant révélateur !), j'ai réalisé, avec d’autres citoyens, d'une part, l’importance de nos institutions dans notre vie de tous les jours et d'autre part, l’état de décrépitude dans lequel nous laissons se dégrader ces règles supérieures, par indifférence paresseuse le plus souvent.
L'approche institutionnelle m’apparaît désormais comme une clef de lecture universelle pour décrypter l'actualité et cette clef me permet de découvrir les sources profondes du malheur des hommes.
Ainsi, j'observe qu'un événement malheureux est presque toujours une conséquence de l'absence de contre-pouvoirs chez les décideurs impliqués. Éclairante clef de lecture, vraiment.
Pour rétablir effectivement notre protection contre les abus de pouvoir, j’essaie de concentrer mon attention sur les seuls principes essentiels dans une Constitution, (outil décisif pour les citoyens et pourtant complètement négligé), et particulièrement les principes dont nous privent les politiciens de métier.
Je réfléchis donc point par point.
Je voudrais que ces points nous servent de passerelles entre quatre outils, à l'aide de liens hypertextes pour faciliter les accès :
Site vitrine proposant
une réflexion point par point :· le texte "Grands principes",
· son résumé en tableau,
· les "Liens et docs"
· et mon "Journal"
· Etc.
Site interactif permettant
un débat point par point
et l’écriture d’une Constitution :· La partie "forum" de ce site
pour étudier les principes· La partie "wiki" de ce site
pour écrire de vrais articles de notre ConstitutionSite permettant
un vote point par point
(actualisable à tout moment : on peut donc changer d’avis)· Le site DemExp
pour voter les principes et les articlesExemples de passerelles entre les différents sites : Documentation sur le point 1 : une Constitution définit et limite les pouvoirs sans imposer une politique économique donnée
Liens hypertextes
<-------->Débat
puis écriture d’articles sur le point 1 : une Constitution définit et limite les pouvoirs sans imposer une politique économique donnéeLiens hypertextes
<-------->Vote sur le point 1 : une Constitution définit et limite les pouvoirs sans imposer une politique économique donnée
Documentation sur le point 2 : ce n’est pas aux hommes au pouvoir d’écrire les règles du pouvoir (la Constitution)
Liens hypertextes
<-------->Débat
puis écriture d’articles sur le point 2 : ce n’est pas aux hommes au pouvoir d’écrire les règles du pouvoir (la Constitution)Liens hypertextes
<-------->Vote sur le point 2 : ce n’est pas aux hommes au pouvoir d’écrire les règles du pouvoir (la Constitution)
Documentation sur le point 3 : le mandat des représentants doit être impératif (ils doivent respecter leur promesses et être contrôlés sur ce point). »
Liens hypertextes
<-------->Débat
puis écriture d’articles sur le point 3 : le mandat des représentants doit être impératif (ils doivent respecter leur promesses et être contrôlés sur ce point). »Liens hypertextes
<-------->Vote sur le point 3 : le mandat des représentants doit être impératif (ils doivent respecter leur promesses et être contrôlés sur ce point). »
Etc.
Cet objectif global est en cours de réalisation, je n’ai pas fini (c’est long).
Les créateurs de DemExp nous demandent de patienter avant d’utiliser le site en grandeur réelle : ils sont en train de le programmer et de le mettre au point. Donc, pour la dernière étape, celle du vote, attendons un peu, et parlons-nous : nous ne manquons pas de vrais sujets de conversation :o)
J’essaie donc d’enrichir nos idées et de leur donner vie avec quatre outils interactifs qui correspondent à quatre étapes de base de la formation d’une opinion commune :
1 – Un lieu pour LIRE les autres, et notamment les auteurs qu’on ne voit presque jamais dans les grands médias : les pages de ce site rassemblent déjà de nombreux liens et documents, en provenance de tous les horizons politiques, avec mes propres tentatives de synthèse de ce qui compte le plus.
2 - Un lieu pour DÉBATTRE entre nous, point par point, principe par principe : ce site propose depuis janvier un blog et un forum pour structurer nos échanges autour de ces points précis, affûter nos arguments et les rendre à la fois simplement exprimés et irréfutables.
3 – Un lieu pour ÉCRIRE ensemble, vraiment, une Constitution d’origine citoyenne, article par article : ce site propose une partie Wiki, c’est-à-dire hautement interactive puisque tout le monde peut tout changer…
L’encyclopédie Wikipédia se bâtit sur ce principe et les contributeurs se respectent plus qu’on pourrait le craindre : ils font leur police eux-mêmes et le résultat de ce bénévolat mondial est impressionnant. L’enjeu de l’écriture par nous-mêmes de notre propre Constitution est si considérable que je nourris de grands espoirs sur cet outil Wiki. J’ai du mal à avancer autant que je voudrais, faute de temps, mais on va y arriver ; on n’est pas si pressés. Chi va piano, va sano, chi va sano va lontano… :o)
4 – Un lieu pour VOTER, point par point, et nous compter : ce sera (bientôt j’espère) un site comme celui de l’Expérience démocratique qui nous permettra de donner forme à une nouvelle opinion publique, plus active, plus informée, plus fidèlement reflétée que l’approximation des sondages, et peut-être plus apte que le système actuel à nous garantir enfin le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes (voir ma page journal, billet du 19 novembre 2005).
Si on en arrive à bout, ce texte pourrait intéresser tous les peuples du monde : car finalement, qu’est-ce qui nous différencie, du point de vue du contrôle des pouvoirs ?
Chantier pharaonique, en vérité, mais passionnant :o)
Merci pour vos messages chaleureux et votre précieux soutien.
Étienne.