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Et Dieu dans tout ça ?
- Par Thierry LEDRU
- Le 18/10/2023
Croyant, athée, agnostique, panthéiste ?
La multiplicité des points de vue.
De là à se faire la guerre, il n'y a qu'un pas.
Et si on y ajoute la possession des territoires, on entre dans des guerres sans fin.
Tout ça donc pour un Dieu (doit-on y adjoindre une majuscule ou pas?)
Un D majuscule pour Dieu, un h minuscule pour les humains. Parce que Dieu est unique et les humains innombrables.
Oui, mais pourtant les humains guerroient pour des dieux différents. Serait-ce donc qu'il y a tromperie ? Car si le Dieu unique a fait l'humain à son image, serait-ce donc que ce Dieu considère que les guerres en son nom sont justifiées et que les hommes ont raison de multiplier Son image ? Dieu aurait-il en lui l'idée de la guerre ? Serait-ce donc que le Mal, le Mal unique et donc avec une majuscule appartient à sa Création tout autant que le reste ?
Dans le monde animal, la souffrance de la mort est une évidence. Il s'agit d'instinct et non de conscience. L'humain serait donc un animal capable de conceptualiser son instinct de tueur et de lui donner des justifications ? Serait-ce donc que Dieu ait pensé que la raison humaine l'autorisait à s'entretuer ?
Ou alors doit-on envisager que l'humain se soit désolidarisé du projet de Dieu ?
Mais alors en quoi Dieu serait-il le Tout-Puissant puisqu'une part de sa Création échapperait à sa volonté ?
Serait-ce sinon que ce Dieu ne soit issu que de l'imagination des humains et qu'ils se servent de Lui pour justifier des massacres sans fin ?
On va me dire que ce genre d'interrogations ne mènent à rien et que de multiples philosophes de renom ont déjà exploré ce mystère. Mais ça n'est parce que des humains ont déjà goûté des cuisines exotiques que je ne peux éprouver le désir de les découvrir. Il m'est nécessaire de m'interroger avant de découvrir ce que d'autres ont exprimé.
Alors, Dieu existe-t-il ?
Il existe par définition à travers différents écrits. Sans que ces écrits ne puissent être tenus pour preuves intangibles puisqu'ils émanent de croyants. Et de la même façon, on ne peut se contenter de renier son existence à travers les écrits des athées. Il nous faut un cadre neutre. Les agnostiques peut-être puisqu'ils ont décidé qu'il est impossible de trancher. L'agnostique est proche de l'athéiste mais il ajoute qu'il ne lui est pas possible de prouver que Dieu n'existe pas. Il s'en tient donc au doute, un doute qui ne choisit aucun camp. Ni pour, ni contre, bien au contraire. L'agnostique considère qu'il ne peut pas connaître ce qui dépasse l'expérience.
J'aime infiniment les couchers de soleil. Quel est le rapport avec Dieu ? L'émerveillement devant la beauté de la nature. Et il m'est arrivé d'imaginer que ce mystère ne pouvait pas être le fruit du hasard, que cette complexité devait avoir été conçue par une « intelligence ». J'ai bien dit « imaginer ». Tout cela ne contient aucune preuve. C'est juste un flot d'émotions.
J'aime aussi entrer dans les églises quand elles sont vides. J'aime l'architecture, j'aime le silence, les lumières, les odeurs des vieilles pierres, l'usure des sols. Mais je m'en vais si une messe se présente. Je refuse que mon imagination soit modelée, que mes émotions soient guidées, que ma raison soit encadrée.
Rien ne me prouve que Dieu existe mais il me plaît, parfois, de me laisser emporter. Il suffit par contre que j'observe l'humanité pour que cette paix intérieure vole en éclat. La réalité balaie l'imagination avec une violence redoutable.
L'humanité m'interdit de croire en Dieu.
Ou alors, il faudrait que j'accepte l'idée que Dieu autorise le Mal, le Mal absolu. Et si cela est, alors je déteste Dieu.
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Israël et Palestine
- Par Thierry LEDRU
- Le 15/10/2023
Pour ceux et celles qui voudraient avoir une vision neutre du problème, juste l'aspect historique, et comprendre que ça ne date pas d'hier et que ça ne s'arrêtera pas demain.
1948 : la création de l’État d’Israël
1948-1967 : Israël, un État construit dans la guerreouvrir / fermer le sous menu
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copyright de l'image décorative:
© AFP
Par Nicolas François, journaliste spécialisé en histoire
Publication : 10 mai 2023 | Mis à jour : 10 oct. 2023
Niveaux et disciplines
Lycée général et technologique
Nous, membres du conseil représentant la communauté juive de Palestine et le mouvement sioniste, nous nous sommes rassemblés ici, en ce jour où prend fin le mandat britannique et en vertu du droit naturel et historique du peuple juif et conformément à la résolution de l’Assemblée générale des Nations unies, nous proclamons la création d’un État juif en terre d’Israël. Le 14 mai 1948, au musée de Tel-Aviv, David Ben Gourion, président du Conseil national juif et futur Premier ministre, prononce la déclaration d’indépendance d’Israël. L’aboutissement d’un projet né à la fin du XIXe siècle.
Les dates à retenir
frise chronologique intitulée « israël : de la naissance d'un état aux impasses de la paix »
1896 : publication, par le journaliste autrichien theodor herzl, de l’état des juifs, manifeste fondateur du sionisme
1917 : déclaration balfour par les britanniques ouvrant la voie à « l’établissement d’un foyer juif en palestine »
1947 : à l’onu, vote d’un plan de partage de la palestine en deux états
1948 : naissance d’israël suivie de la première guerre israélo-arabe
1956 : opération conjointe entre la france, le royaume-uni et israël sur le canal de suez
1964 : création de l’organisation pour la libération de la palestine
1967 : guerre des six-jours
1972 : guerre du kippour
1987 : déclenchement de la première intifada
1993 : signature des accords d’oslo
1994 : prix nobel de la paix attribué à yasser arafat, yitzhak rabin et shimon peres pour la signature des accords d’oslo
2000-2005 : seconde intifada 2002 : construction d’un mur de séparation en cisjordanie
2004 : mort de yasser arafat
2005 : retrait unilatéral de la bande de gaza
2006 : guerre au liban
2007 : prise de contrôle de la bande de gaza par le hamas
2012 : intégration de la palestine en tant qu’état observateur non-membre à l’onu 2014 : guerre de gaza
2020 : signature des accords d’abraham
2022 : année la la plus meurtrière depuis 2000
Téléchargez la frise chronologique au format PDF
La naissance du sionisme
1881-1947 : les racines de l’idée d’un État juif
C’est en Russie que l’idée d’un État juif prend naissance. Après l’assassinat du tsar Alexandre II, le 13 mars 1881, une partie de la population accuse les Juifs d’être responsables de la mort de leur dirigeant et lancent une série de pogroms (attaques antisémites accompagnées de pillages et de meurtres) de 1881 à 1884. Des milliers de résidences et de commerces sont pillés, des centaines de personnes périssent.
En réaction, quelques étudiants et rabbins créent le mouvement Hibbat Zion en hébreu, « Les amants de Sion ». Le médecin d’Odessa Léon Pinsker en prend la tête. Un peuple sans territoire est comme un homme sans ombre, écrit-il en 1882, dans son ouvrage Auto-émancipation, publié en Allemagne et dans lequel il jette les bases du mouvement sioniste (le terme ne sera cependant utilisé qu’à partir de 1890) : Il y a une absence chez le peuple juif de la plupart des attributs d’une nation. (…) Le Juif est considéré par les vivants comme un mort, par les autochtones comme un étranger, par les indigènes sédentaires comme un clochard, poursuit-il.
Ces réflexions trouvent un écho en Europe de l’Ouest, alors que l’affaire Dreyfus divise la France à partir de 1894. « La solution au problème juif, c’est la création d’un État juif », écrit le journaliste autrichien Theodor Herzl en 1896 dans un texte intitulé Der Judenstaat (en allemand : « l’État des Juifs »). En 1897, Herzl préside le premier congrès sioniste à Bâle (Suisse). Il écrira quelques jours plus tard dans son journal : À Bâle, j’ai créé l’État juif. Si je disais cela aujourd’hui publiquement, tout le monde se moquerait de moi. Dans cinq ans peut-être, dans cinquante ans sûrement, tout le monde acquiescera.
en partenariat avecinstitut national de l’audiovisuel
durée de la vidéo:06:40
date de la vidéo:1966 collection: - PANORAMA
La naissance de l’État d’Israël : des débuts du sionisme à 1948
Les premières installations en Palestine
Mais où installer cet État ? Si différentes possibilités sont évoquées (Kenya, Argentine…), c’est en « terre d’Israël », berceau du peuple juif en Palestine selon la Bible, que se tournent les sionistes. La région est sous domination ottomane depuis le XVIe siècle.
En 1880, on compte 24 000 Juifs en Palestine – principalement des religieux – pour 482 000 habitants. Dans les années 1880-1890, le mouvement Hibbat Zion organise les premières alyas (émigration de Juifs vers Israël) : près de 30 000 Juifs s’installent en Palestine. Mais les conditions sont rudes et la misère omniprésente. Nombre d’immigrants rentrent dans leur pays d’origine après un an.
Au début du XXe siècle, le Fond national juif, créé à Bâle en 1901, récolte des fonds pour l’achat de terres en Palestine. L’initiative suscite un engouement de la part de la diaspora du monde entier. Le rachat progressif des terres provoque les premières tensions avec les Arabes, chrétiens et musulmans, implantés depuis plusieurs siècles. En 1914, le pays compte entre 60 000 et 90 000 Juifs pour environ 800 000 habitants.

carte présentant le plan de partage de la région, proposé par l'onu en 1947. l'état juif est représenté en rose, séparé en 3 parties. il recouvre 55 % du territoire. l'état arabe, représenté en vert, en 3 parties également, recouvre 45 % du territoire. sur cette carte sont également mentionnées, en violet, les villes de bethléem et de jérusalem, la zone de l'état arabe conquise par israël et la zone de l'état arabe conquise par d'autres états arabes.
Source : Frédéric Encel, Atlas géopolitique d'Israël, éditions Autrement, 2018. Graphisme : Patrick Bonaldi.
À noter : Le terme latin, corpus separatum, est utilisé en droit international pour désigner une ville ou une région à laquelle est donné un statut juridique et politique spécial.
Télécharger la carte au format PDF.
Le rôle décisif de la Grande-Bretagne
Le 2 novembre 1917, un événement majeur va changer la face du Moyen-Orient. En pleine guerre, le ministre des Affaires étrangères britannique, Arthur Balfour, adresse un courrier à l’un des leaders du mouvement nationaliste juif au Royaume-Uni, Lord Walter Rothschild : Le gouvernement de Sa Majesté envisage favorablement l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif et emploiera tous ses efforts pour faciliter la réalisation de cet objectif. Les Britanniques placent ainsi leurs pions dans l’optique de l’après-guerre : ils lorgnent sur les terres de l’Empire ottoman et notamment sur la Palestine qui leur offrirait une situation privilégiée dans la région, près du canal de Suez. Avec cette déclaration Balfour, la première puissance européenne légitime ainsi le sionisme en Palestine.
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durée de la vidéo:19:30
date de la vidéo:2017
Le centenaire de la déclaration Balfour de 1917
En 1920, le traité de Sèvres démantèle l’Empire ottoman, vaincu à la fin de la Première Guerre mondiale, et la Société des Nations (SDN) place la Palestine sous mandat britannique. Cependant, les Britanniques ont fait beaucoup de promesses dans la région. Dès 1916, par la voix de Henry McMahon, haut commissaire britannique du protectorat sur l’Égypte, ils avaient déjà concédé au chérif de La Mecque, Hussein ben Ali, la création d’un royaume arabe en échange de la révolte de ses troupes contre l’Empire ottoman. Une promesse vite oubliée : le 24 juillet 1922, lorsque la SDN octroie à la Grande-Bretagne un mandat sur la Palestine, l’article 2 précise que le mandataire assumera la responsabilité d’instituer dans le pays un état de choses politique, administratif et économique de nature à assurer l’établissement du foyer national pour le peuple juif. Il n’y est nullement fait mention d’un État arabe ni même d’un peuple arabe.
Dès lors, la population juive en Palestine augmente considérablement. Les restrictions de l’immigration aux États-Unis au milieu des années 1920 et la montée du nazisme en Allemagne dans les années 1930 encouragent les alyas. À la veille de la Seconde Guerre mondiale, les Juifs constituent près d’un tiers des 2 millions d’habitants de Palestine.
Après la Shoah, la Terre promise
Pendant la Seconde Guerre mondiale, entre 5 et 6 millions de Juifs sont exterminés au cours du génocide perpétré par les nazis. À la fin du conflit, les rescapés se tournent notamment vers la Palestine, toujours sous mandat britannique. Mais, depuis 1939, en réponse à une série de révoltes arabes, le Royaume-Uni a drastiquement limité les possibilités d’immigration.
Sur le terrain, la tension monte. Le 22 juillet 1946, l’organisation nationaliste juive Irgoun attaque à l’explosif l’hôtel King David, où sont installés les bureaux du gouvernement britannique. L’attentat fait 91 morts.
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date de la vidéo:2012
L'attentat de l'hôtel King David à Jérusalem le 22 juillet 1946
Un autre événement va précipiter les choses : en juillet 1947, le navire Exodus arrive près des côtes palestiniennes avec, à son bord, 4 500 Juifs rescapés de la Shoah. Le bateau est intercepté par les forces navales britanniques. Il est finalement acheminé vers Hambourg (Allemagne) où les passagers sont débarqués dans des camps de rétention. En tout, près de 50 000 candidats à l’immigration seront déboutés et detenus derrière des barbelés. L’image est désastreuse pour le gouvernement britannique, totalement dépassé. Au point qu’il décide de confier son mandat sur la Palestine à la toute jeune organisation des Nations unies.
Le 22 novembre 1947, un plan de partage de la région est soumis au vote des membres de l’ONU. Il propose la création de deux États : l’un juif (sur 55 % du territoire), l’autre arabe (sur 45 % du territoire), ainsi que la mise sous contrôle international de Jérusalem. Tous les pays arabes s’y opposent, mais l’URSS et ses satellites, pourtant hostiles au sionisme, votent pour le projet. Staline y voit l’opportunité de profiter de la faiblesse britannique pour accroître son influence dans la région. Le 14 mai 1948, le mandat britannique s’achève officiellement. L’État d’Israël est né.
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date de la vidéo:2023 collection: - LA GRANDE EXPLICATION
La naissance d'Israël
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date de la vidéo:2017
1947 : la Palestine est divisée entre Juifs et Arabes par l'ONU
1948-1967 : Israël, un État construit dans la guerre
Indépendance et Nabka
Le jour de la création d’Israël, au milieu de la liesse populaire, David Ben Gourion aurait glissé au jeune Shimon Peres, futur Premier ministre : Tu vois, aujourd’hui, ils dansent, mais, demain, ils verseront leur sang. Le 15 mai 1948, dès le lendemain de la déclaration d’indépendance, les troupes de plusieurs pays membres de la Ligue arabe (Égypte, Irak, Jordanie, Liban, Syrie, Yémen) envahissent la Palestine. En janvier 1949, Israël remporte la guerre, notamment grâce aux armes fournies par l’URSS via la Tchécoslovaquie. Sa superficie s’agrandit d’un tiers pour atteindre 78 % du territoire. Jérusalem est coupée en deux : l’est pour la Jordanie, l’ouest pour Israël, qui la désigne comme capitale. La Palestine est démantelée : sur les bords de la Méditerranée, la bande de Gaza passe sous contrôle égyptien, la Jordanie annexe la Cisjordanie. Entre décembre 1947 et juillet 1949, près de 700 000 Arabes de Palestine, expulsés de leurs terres et leurs habitations, sont contraints de fuir. Dans le monde arabe, l’intellectuel syrien Constantin Zureiq parle de nabka, la « catastrophe ».
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date de la vidéo:2008 collection: - SOIR 3 JOURNAL
La Nakba : l'exode forcé des Palestiniens en 1948
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date de la vidéo:1948 collection: - LES ACTUALITÉS FRANÇAISES
La guerre israélo-arabe de 1948
Le 26 juillet 1956, le canal de Suez reliant la Méditerranée à la mer Rouge – et administré par la France et le Royaume-Uni – est nationalisé par le président égyptien Gamal Abdel Nasser. Le 29 octobre, Israël attaque l’Égypte. Il s’agit d’une opération conjointe entre la France et le Royaume-Uni, qui s’inquiètent de la nouvelle alliance entre l’URSS et Nasser. Côté israélien, David Ben Gourion espère ainsi affaiblir durablement son ennemi égyptien dont les incursions sur le territoire sont fréquentes depuis 1948. L’armée israélienne parvient à s’emparer du Sinaï. Sous la pression américaine et soviétique, qui ne veulent pas voir la situation s’envenimer davantage, un cessez-le-feu est signé le 7 novembre.
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date de la vidéo:1956 collection: - LES ACTUALITÉS FRANÇAISES
La guerre israélo-égyptienne de 1956
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date de la vidéo:2019 collection: - LA GRANDE EXPLICATION
La crise du canal de Suez
Construire un nouveau pays
Dès la déclaration d’indépendance d’Israël en 1948, David Ben Gourion pose un principe fondateur : L’État d’Israël sera ouvert à l’immigration des Juifs de tous les pays de leur dispersion. Le 5 juillet 1950, le parlement israélien vote la loi sur le retour qui permet à tout Juif de pouvoir immigrer et s’installer librement en Israël. Entre 1948 et 1962, plus d’un million de personnes émigrent, dont 40 % depuis l’Europe orientale et près de 30 % d’Afrique, principalement d’Afrique du Nord.
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date de la vidéo:1962
Israël : des Juifs du Maghreb émigrent vers la « Terre promise »
Pour accueillir tous ces nouveaux venus, Israël, en proie à des difficultés économiques, va bénéficier d’une aide de la République fédérale d’Allemagne. En vertu de l’accord de réparation signé en 1952, elle s’engage à verser 3,5 milliards de marks à l’État hébreu, une indemnité couvrant les frais d’installation en Israël des victimes des persécutions du IIIe Reich.
En Israël, le nouvel État se fait moteur du développement économique en se portant acquéreur de grandes industries et de terres agricoles. Un État stratège et planificateur ainsi qu’une grande quantité de main d’œuvre disponible permettent au niveau de vie de décoller durant les années 1960. En 1963, 97 % des Israéliens ont l’eau courante, 93 % s’éclairent à l’électricité et le nombre de lits d’hôpitaux passe de 4 626 en 1948 à 17 612 en 1963. Dans le même temps, la consommation privée s’est accrue de 200 % et le produit national brut de 232 % (Michel Abitbol, Histoire d’Israël, éditions Perrin, 2018).
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durée de la vidéo:02:23
date de la vidéo:1965 collection: - CINQ COLONNES À LA UNE
Les eaux du Jourdain et l'agriculture israëlienne
Une nation en quête d’identité
En 1956, le gouvernement lance une grande campagne d’approfondissement de la « conscience juive » en enseignant aux élèves le calendrier hébraïque, la Bible, les fêtes religieuses ou encore les grands personnages juifs dans l’histoire. Il créé également, en 1959, la Journée de la Shoah et de l’héroïsme au 27 Nissan (1er mois du calendrier juif, généralement en avril ou en mai).
En mai 1960, Adolf Eichmann, haut fonctionnaire nazi et organisateur de la Solution finale, est arrêté en Argentine par des agents du Mossad. Il est transféré à Jérusalem pour être jugé par un tribunal israélien. À partir du 11 avril 1961, plus de 2 millions d’Israéliens écoutent quotidiennement à la radio la retransmission de son procès. Pendant plusieurs semaines, des centaines de témoignages décrivent l’horreur des camps d’extermination. Eichmann est condamné à mort, puis pendu le 1er juin 1962. Avec le retentissement mondial de ce procès, le souvenir de la Shoah devient un élément majeur de l’identité israélienne.
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date de la vidéo:1961 collection: - JOURNAL LES ACTUALITÉS FRANÇAISES
Adolf Eichmann devant ses juges
En résumé
La création par l’ONU, en 1948, d’un État juif est d’abord le fruit de la détermination des sionistes à bâtir un « foyer national juif ». Les premières installations de nationalistes et de religieux juifs débutent à la fin du XIXe siècle en Palestine, alors sous administration ottomane.
Après la Première Guerre mondiale, la Palestine passe sous la coupe de la Grande-Bretagne, qui se retrouve vite dépassée par une guerre civile judéo-arabe coûteuse. Londres s’en remet à l’ONU, qui adopte un plan de partage du territoire en deux États en 1947.
Si l’État arabe ne voit pas le jour, l’État d’Israël est rapidement reconnu sur la scène internationale et bénéficie, en outre, dans les années 1960, d’un dynamisme économique important. Mais son existence est contestée par ses voisins et l’expulsion de 700 000 Arabes de Palestine de leurs terres entre décembre 1947 et juillet 1949 accentue le ressentiment.
Attentats et actes de sabotages se multiplient. En mai 1964 naît l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) qui prône la lutte armée contre Israël. Une deuxième phase de l’existence d'Israël débute alors, secouée par des affrontements avec de multiples acteurs palestiniens mieux organisés, mais aux objectifs politiques parfois divergents, et marquée par des tentatives de paix avec ses ennemis.
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date de la vidéo:2018 collection: - GÉOPOLITICUS
Israël-Palestine : aux sources du conflit
Pour aller plus loin
Un dossier thématique
Le journaliste Nicolas François a également rédigé un dossier thématique sur le conflit israélo-palestinien, de 1967 à nos jours. Retour sur plus d'un demi-siècle d'affrontements qui, en dépit d'accords historiques et de la médiation de nombreux acteurs internationaux, perdurent encore aujourd'hui.
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niveaux:3E - HISTOIRE
Israël-Palestine : l’échec de la paix
Deux pistes pédagogiques
Une piste pédagogique, à destination des élèves de Terminale, permet de travailler sur la problématique suivante : pourquoi le processus de paix israélo-palestinien, initié par les accords d’Oslo en 1993, est-il, trente ans plus tard, dans l’impasse ?
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niveaux:HISTOIRE - HISTOIRE GÉOGRAPHIE, GÉOPOLITIQUE ET SCIENCES POLITIQUES
Un processus de paix israélo-palestinien dans l’impasse
Cette piste pédagogique, également à destination des élèves de Terminale, revient sur l'historique du conflit israélo-arabe et israélo-palestinien afin de mieux comprendre les enjeux qui, aujourd'hui encore, agitent cette zone du Proche-Orient.
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niveaux:HISTOIRE - HISTOIRE GÉOGRAPHIE, GÉOPOLITIQUE ET SCIENCES POLITIQUES
Le conflit israélo-arabe (de 1948 à nos jours)
Une bibliographie
Georges Bensoussan, Une histoire intellectuelle et politique du sionisme, éditions Fayard, 2002.
Michel Abitbol, Histoire d’Israël, éditions Perrin, 2018.
Thèmes
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La chasse à la marmotte
- Par Thierry LEDRU
- Le 15/10/2023
Ben voyons...Elles dérangent les agriculteurs...Elles endommagent les terres...Parce que les agriculteurs qui balancent des tonnes de produits chimiques dans le sol sont respectueux de la terre, eux.
Il y a des jours où vraiment, vraiment, ce monde me révulse.
Le retour de la chasse à la marmotte, animal protégé

La préfecture de Savoie a autorisé la chasse aux marmottes, car les agriculteurs les accusent d’endommager leurs terres. Des associations ont attaqué l’arrêté.
La chasse à la marmotte est ouverte. La préfecture de la Savoie a autorisé le 10 septembre l’abattage du petit rongeur à la demande des agriculteurs. Ils lui reprochent de creuser des terriers qui provoqueraient « des blessures aux bovins, parfois aux exploitants avec des entorses, des casses de matériel de fauche, des dégradations de tuyaux d’arrosage... » L’année dernière, 427 marmottes ont été abattues dans le département.
Le petit mammifère est pourtant un animal protégé par l’annexe III de la Convention de Berne, relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l’Europe. Sa gestion doit être réglementée afin de maintenir sa population hors de danger. Aucun comptage officiel des marmottes n’existe en Savoie, mais l’avenir de l’animal paraît bien sombre. La faute à l’artificialisation des sols, la destruction de ses habitats de reproduction et surtout au dérèglement climatique. La baisse de l’enneigement affecte sa période d’hibernation. Chaque hiver, la neige isole les terriers des rongeurs en sommeil. Si la couche est trop fine, le froid force les marmottes à consommer leurs réserves d’énergie jusqu’à mourir de dénutrition.
Las, la préfecture de la Savoie assure que le rongeur alpin causerait des dégâts agricoles suffisants pour justifier sa chasse. « Malgré leur aspect de bonhomie et d’attrait pour le grand public, les marmottes commettent des dégâts dans les herbages, font des amas de terre et de pierres en surface qui, en souillant le fourrage lors de la récolte, le rendent moins attractif et entraînent des bris et une usure des machines agricoles », ont justifié les services de l’État lors de la consultation publique sur le projet d’arrêté préfectoral d’ouverture de la chasse pour la saison 2023-2024. Le danger serait tel que les marmottes pourraient « porter atteintes aux habitations ».
Aucun chiffre n’estime les dégâts causés par les marmottes
Contactées pour connaître l’ampleur exacte de ces dégâts, ni la Direction départementale des territoires (DDT) de la Savoie chargée du dossier, ni la préfecture, ni la FDSEA des Savoie, le syndicat agricole majoritaire, n’ont répondu à Reporterre. « Nous n’avons aucun élément sérieux ni données officielles nous démontrant que les marmottes pullulent et occasionnent des dégâts pouvant justifier leur chasse », souligne Pauline di Nicolantoni, la présidente de l’association Justice Animaux Savoie (Ajas).
Pour mettre un terme à l’abattage des marmottes, l’Ajas et les associations de défense de l’environnement Aspas, Animal Cross, Aves, FNE Savoie et One Voice ont déposé le 10 octobre un recours en référé devant le tribunal administratif de Grenoble pour faire annuler l’arrêté préfectoral. « Nous souhaitons stopper la chasse avant la clôture de la saison le mois prochain, puis nous entamerons un recours sur le fond pour y mettre un terme définitif dans les années à venir », précise Pauline di Nicolantonio.
La chasse aux marmottes est déjà interdite dans le Cantal, les Pyrénées-Orientales, la Drôme, la Haute-Garonne, la Haute-Loire et le Puy-de-Dôme.
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Qui fait le plus peur entre le lion et l’humain ?
- Par Thierry LEDRU
- Le 15/10/2023
Dans la savane,qui fait le plus peur entre le lion et l’humain ?
Mercredi 11 octobre 2023LECTURE
ÉCOUTER (5 MIN)
Provenant du podcastCamille passe au vert
'Le lion est le roi des animaux, et des prédateurs. Mais à leur grande surprise, des scientifiques ont constaté que ce n’est pas de lui que les autres animaux de la savane ont le plus peur : c’est de l’humain ! Et cela, grâce à une expérience passionnante !
Une étude géniale est parue la semaine dernière dans la revue scientifique Current biology : « La peur de l’humain, ‘super prédateur’, imprègne la savane sud-africaine ». Des chercheurs de l**’Université de l’ouest en Ontario, au Canada, du laboratoire « écologie de la peur »** - c’est un domaine de recherche, les effets de la peur sur le vivant - sont allés en juin 2018 en Afrique du sud, poser des caméras et des haut-parleurs spécialement conçus pour l’expérience près de différents points d’eau dans la savane. Quand les animaux sont détectés à 10 mètres, la caméra se déclenche pour filmer, et des enregistrements d’une durée de 10 secondes sont diffusés par le haut-parleur : soit des sons d’oiseaux, soit des sons de chiens, soit des coups de feu, soit des sons d’humains en train de parler normalement, sans crier, dans les 4 langues les plus utilisées là-bas, soit des sons de lions, en train eux aussi de communiquer entre eux, sans trop d’agressivité. Le lion étant le plus grand prédateur, les scientifiques pensaient que c’est lui qui ferait le plus peur aux autres animaux. Mais pas du tout !
Il y a une "énorme peur des humains de la part de la vie sauvage !" s’étonne Liana Zanette, professeure de biologie et auteure principale de l’étude :
"Il y avait deux fois plus de chances qu’ils fuient juste en pensant qu’un humain était là, comparé aux lions, et ils déguerpissent du point d’eau 40% plus vite , qu’en entendant les sons de lions"
Et ses résultats concernent 18 espèces sur 19 étudiées !
"Tout le monde ! Les girafes, les zèbres, les phacochères, les éléphants, les léopards, les hyènes : tout le monde a peur des humains !"
Seuls les lions ne sont pas dedans, mais parce qu’ils n’ont pas récolté assez de données à leurs sujets, ils sont encore en train de travailler dessus.
Il y a tout un tas de graphiques, courbes et calculs pour le démontrer, mais aussi des vidéos, fascinantes : ils ont analysé des milliers d’images.Exemple : des rhinocéros paisiblement dans l’eau, ils entendent les sons de lions, ils partent, mais tranquillement... idem avec des zèbres, ou des girafes, qui marquent même un temps d’arrêt, ils partent, oui, tous, mais sans trop paniquer. La même chose arrive avec les sons de coups de feu.
Mais avec les voix d’humains, une girafe part très vite en courant, des antilopes, une hyène, et même un léopard qui lâche carrément sa proie, une antilope morte, avant de détaler.
Mais l’un des contrastes les plus marquants, c’est avec les éléphants. Liana Zanette raconte :
"Ils n’aiment vraiment pas les lions, et les éléphants savent qu’ils peuvent se défendre contre eux. Donc ce qu’ils font souvent en entendant un son de lion, c’est qu’ils se regroupent, s’approchent du haut-parleur, et il est arrivé que certains éléphants soient si furieux en pensant qu’un lion est là, qu’ils fracassent la caméra"
“Ils ne font jamais ça avec les humains”, dit Liana Zanette, “ils ne s’approchent jamais, ils partent du point d’eau à la place et n’attaquent absolument jamais. C’est un bon exemple que les animaux savent qui sont leurs ennemis, et ils peuvent vraiment nous l’indiquer à travers ces réactions comportementales.”
La chercheuse précise aussi qu’il n’y a aucune chance que ce soit juste un effet de surprise, les voix humaines inconnues de ces animaux sauvages, c’est un son qu’ils connaissent tous, elle est catégorique.
Et tout cela a des conséquences :
« Vous ne mangez pas autant... vous avez bien vu le léopard lâcher sa proie… ou alors, faut quitter le point d’eau, et en trouver un autre. Et on sait grâce à d’autres études qu’on a faites que la simple peur des prédateurs peut réduire le nombre de petits que peuvent engendrer des partenaires de 53%, entraînant des modifications dans les populations. On sait également que la peur peut avoir des effets en cascade dans la chaîne alimentaire, on l’a montré aussi »**
Effets qui s’ajoutent à ceux du changement climatique, à la perte d’habitat, mais un point positif pourrait sortir de tout ça : utiliser la peur des humains comme un outil de conservation. En diffusant par exemple des enregistrements dans des zones où il y a beaucoup de braconnage, pour les cornes de rhinocéros en particulier... ça permettrait de les éloigner, d’un point d’eau, oui, mais surtout du danger.
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Jardin partagé.
- Par Thierry LEDRU
- Le 14/10/2023
Evidemment que c'est une voie à suivre. La Creuse est un territoire modèle :)
En Creuse, il y a déjà une liste d'attente pour profiter d'une parcelle au tout nouveau jardin partagé de Saint-Vaury
Publié le 12/10/2023 à 10h04

Inauguration du jardin partagé à Saint-Vaury © Floris Bressy
La commune de Saint-Vaury a inauguré samedi 7 octobre un jardin partagé qui profite à quatorze familles. Le projet est victime de son succès. Il y a déjà une liste d’attente pour bénéficier d’un lopin de terre en plein cœur du bourg.
Colyne, 11 ans, est la benjamine du jardin partagé. Jean-Pierre, 75 ans, est le doyen. Le hasard du tirage au sort leur a attribué des parcelles voisines. Ils se sont lié d’amitié. « On ne se connaissait pas avant, confie le septuagénaire. J’ai discuté avec ses parents. On va faire un barbecue. Il y a tout ce qu’il faut sur place : des bancs, des tables… »
Ouvert il y a seulement six mois, le jardin partagé de Saint-Vaury semble déjà remplir l’une de ses promesses : créer du lien social, de la convivialité entre les habitants. Depuis le mois de mai, les jardiniers ont pris possession de leur petite parcelle de 25 m2. Ils n’ont pas de loyer à payer.
Des familles ukrainiennes
Des familles ukrainiennes accueillies dans la commune y cultivent des légumes. Le maire Philippe Bayol a rappelé la genèse du projet, lors de l’inauguration, samedi dernier : « C’est une idée qui a germé dans notre campagne électorale, ça faisait partie du programme solidaire de notre campagne. » Preuve que ce jardin répond à un réel besoin, « les quatorze parcelles ont été prises d’assaut, il y a même une liste d’attente ».

Il faut dire que le cadre est agréable, « bucolique » comme l’a souligné le maire. Le grand terrain de 2.400 m2 est situé dans le bourg de Saint-Vaury, sur les hauteurs de la ville, juste à côté de la chapelle Saint-Michel. La commune l’a acheté en 2019 à une propriétaire privée, Marie-Christine Dallier, qui souhaitait que cette friche reprenne vie. Son vœu a été exaucé. « C’est un vrai bonheur », a-t-elle lancé, samedi, en voyant les parcelles fleuries.
Les arbres ont été conservés. Des bancs et des tables en bois ont été installés par les services techniques de la commune. Un chalet permet d’entreposer le matériel mis à disposition des jardiniers (outils, brouettes, arrosoirs).

C’est le CFA du lycée d’Ahun qui a réalisé l’aménagement du jardin. « Beaucoup de partenaires ont été associés au projet : le centre hospitalier de Saint-Vaury, le collège, l’école », a détaillé Armelle Martin, adjointe au maire. Le centre hospitalier de La Valette a d’ailleurs une parcelle pour faire des activités thérapeutiques.
Un jardin bio
En ce début d’automne, il reste quelques légumes et des fleurs dans les carrés potagers. « Le jardin est destiné à produire des légumes que les gens vont consommer. C’est un projet social », a rappelé Philippe Bayol. La charte de fonctionnement précise que la culture doit être bio.
Sébastien a pu bénéficier d’une parcelle. Il habite dans le bourg de Saint-Vaury, tout près du jardin partagé. « Nous avons un terrain, mais il est trop petit pour faire un potager », explique le père de famille. Avec son épouse, ses deux enfants et sa belle-mère, il a pu faire pousser tout un tas de légumes cet été : courgettes, pommes de terre, salades, poivrons… « On voulait montrer aux enfants comment les légumes poussent, comment on jardine, poursuit-il. Et il y a le plaisir de manger de bons légumes. On a eu pas mal de courgettes et de tomates. » Sa belle-mère, Odile, a fait de la ratatouille qu’elle a congelée.

Colyne, la plus jeune à être titulaire d’une parcelle, a aussi eu une belle récolte. « C’est elle qui a tout planté. Son papa a juste préparé le terrain », raconte sa mère. L’adolescente aime jardiner. Elle a un grand potager à la maison, mais elle voulait venir ici pour retrouver ses copines ukrainiennes de l’école. Cabanes, goûter et pique-niques partagés ont animé le jardin cet été.
Des lectures et des concerts
« Il y a eu une diversité de légumes époustouflante, se réjouit Claude Lutrat, adjoint à l’environnement. Pour cette première saison, le bilan est positif. Et ce n’est qu’un début. » La mairie aimerait que les jardiniers constituent une association pour assurer la pérennité du site.
Elle souhaiterait aussi que le jardin devienne un lieu culturel et de rencontres. « Il y a la possibilité de créer des événements sur ce terrain, assure Armelle Martin. Actuellement, l’atelier tricot vient au jardin. Pourquoi pas développer des activités culturelles autour de ce jardin et avec la chapelle, comme des lectures ou des concerts ? »
Quel coût ?
Le projet de jardin partagé a coûté 50.000 euros. Il a été subventionné à 80 %. Les différents partenaires financiers sont l’Europe (Leader), la région Nouvelle-Aquitaine et la commune. La propriétaire du terrain a presque « donné » la parcelle de 2.400 m2 à la commune (elle a été vendue 1.500 €). -
Guerre
- Par Thierry LEDRU
- Le 14/10/2023
Depuis que je suis enfant, j'entends parler de la guerre entre Israël et la Palestine.
Je n'ai aucun avis là-dessus sur le plan idéologique, politique et autres "raisons" de ce conflit sans fin.
Prendre parti, c'est cautionner les morts du camp opposé et je m'y refuse.
Sur le plan humain, c'est juste d'une tristesse infinie.


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Une étoile parmi les autres.
- Par Thierry LEDRU
- Le 14/10/2023

Lecteur, prends encore une longue respiration ! Sens l'air frais qui monte dans ton nez. Les atomes qui entrent en toi ont été respirés d'innombrables fois dans les derniers milliards d'années.
Leur carrière a commencé dans les eaux tièdes où la vie est née sous forme de microscopiques organismes marins. Ils sont passés par les branchies des trillobites ainsi que dans celles des grands poissons aux carapaces rigides. Ils ont été aspirés par les vaisseaux dressés à la verticale des fougères, des prêles géantes et des ginkgos aux feuilles dorées. Ils ont été accueillis dans les premières ébauches de poumons des Léviathans de l'époque jurassique. Ils se sont intégrés dans le parfum subtil des plantes à fleurs pour séduire les insectes transporteur de pollens.
Et pense aussi aux innombrables êtres humains, tes ancêtres, qui ont profité de cette manne indispensable lentement apprêtée par la nature avec le concours de microscopiques organismes marins, toujours à l'œuvre dans les océans. Au-dessus de la surface, au-dessus de chaque vague, le lent flux des nouvelles molécules d'oxygène se poursuit continuellement.
Hubert REEVES ( 13/07/1932 - 13/10/2023)
Extrait "Là où croît le péril... croît aussi ce qui sauve."

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A CŒUR OUVERT : prélude
- Par Thierry LEDRU
- Le 10/10/2023

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« J’étais avec toi Diane. »
Juste un murmure, une voix monocorde.
« Je t’ai vue de l’intérieur. Et c’est moi qui t’ai guidée. Tu as vu ce que je te montrais. »
Elle s’interdit de l’interrompre.
« Nous n’existons pas Diane. Nous ne sommes que des formes. C’est la vie qui est là, elle est partout, c’est elle le flux électrique, c’est elle qui nous anime. Tu vas me dire que tu le sais bien mais je te parle d’autre chose. La vie m’a emporté, elle m’a fait courir dans tout ce qu’elle anime, dans toutes les structures qu’elle imagine, dans tout ce qu’elle crée, tout est relié, tout est connecté, tout est constitué du même courant, j’ai abandonné tout ce que je croyais être, je connais la vie des herbes, je connais les molécules des parfums, j’ai vu par-delà les yeux, j’ai couru dans les veines des antilopes, j’ai ressenti le bonheur de l’eau qui coule dans les ruisseaux, mais tout ça n’était pas moi, tu comprends, nous ne sommes rien que des formes, nous n’avons pas d’existence propre, tout ça n’est que notre imagination, notre raison, notre prétention, notre ego, des identifications qui nous rassurent, je n’ai pas survécu, c’est la vie qui s’est lancé un défi en moi. »
Six mois plus tôt…
Il venait de quitter Clermont-Ferrand. Il avait récupéré les clés de la location dans une agence immobilière. Direction Murol, puis Besse avant d’atteindre les Monts du Cézallier. Trois valises dans le coffre. Personne à ses côtés. L’impression pesante qu’il n’était même pas là. Des mois que ce vide incompréhensible s’était installé.
Les yeux attentifs à la route et l’esprit concentré sur un passé déchu. Radio éteinte, juste le ronflement du moteur, l’habitacle comme un refuge fermé, cette nécessité de rétablir la chronologie des évènements, une voix intérieure qui se raconte, un dialogue entre l’homme d’hier et celui qui roulait vers ailleurs, un dédoublement salvateur, l’obligation d’observer le champ de ruines, un regard renvoyé par un miroir inquisiteur...
« Paul Laskin, cinquante-trois ans, responsable d’une grande entreprise, secteur informatique et high-tech, une rentabilité exceptionnelle, une croissance exponentielle, cotée en bourse, actionnaire principal, un portefeuille rempli de stock-options, une très grosse somme, un travail de fou, une famille avec laquelle je ne passais pas assez de temps mais au moins, elle n’était pas dans le besoin matériel. Manque affectif certainement. C’est au bureau que c’est arrivé. Le 2 février. Il était vingt et une heures. Préparation d'une rencontre capitale avec des financiers. Une obligation de fonds pour accroître l’export. Des jours de travail, des nuits à réfléchir, à me questionner dans tous les sens. L’euphorie du projet et l’épuisement de son fardeau. Alice, ma femme, avait téléphoné pour me dire qu’elle était rentrée très tôt, Chloé avait de la fièvre. Le médecin était passé. Je n’avais pas vraiment écouté. C’est en reposant le combiné que j’en ai pris conscience. Et puis, la douleur est arrivée, comme un coup de poignard. J’ai ouvert la bouche pour appeler à l’aide mais rien n’est sorti. L’étau de fer rougi qui broyait ma poitrine vrillait les sons dans ma gorge. La terreur, les mains serrées sur mon cœur, comme pour empêcher l’arrachement des tissus, une incompréhension totale, aucun signe précurseur, la certitude de la mort. Je suis tombé sur le bureau au moment où la porte s’ouvrait. J’ai juste eu le temps de reconnaître Philippe, mon associé.
Et puis, plus rien.
J’ai ouvert les yeux dans la chambre d’hôpital. J’ai compris que j’étais vivant. Il n’y avait personne. Ça m’a fait un mal de chien que personne ne me veille…Que personne ne soit là pour m'expliquer.
J’ai pleuré tout seul. Je me suis souvenu soudainement de mes dernières larmes. Comme un éclair. La mort de mon grand-père, j’avais douze ans. Un rappel incongru. Si longtemps que je n'avais pas pleuré. C'est bizarre mais je me souviens m'être réjoui que ça revienne. L'impression qu'un barrage avait sauté et que des mers de larmes allaient pouvoir s'écouler. C'était comme un soulagement.
Des tuyaux, des machines, les murs blancs de la chambre, j’ai posé une main sur ma poitrine, le souvenir de cette douleur atroce, j’ai senti les battements réguliers, l’idée infantile que j’étais intact, que mon intégrité physique était préservée.
Je me suis assoupi. J'étais fatigué. C'était étrange. Je ne dormais pas. Je flottais. J'ai vu mes pensées s'éteindre comme des fins d'étoiles.
Et puis, un médecin est passé. Compte-rendu de la lutte. Une voix neutre et des paroles sans appel. J’avais perdu. La violence de l’attaque avait été fatale à mon cœur. Il ne s’en remettrait pas.
« Tout ça ne tient plus qu’à un fil, Monsieur Laskin. C’est l’intervention de votre associé qui vous a évité le pire.»
Il est reparti. J'ai fermé les yeux pour recommencer à flotter.
...
Seul dans la chambre.
Le nombre de fois où les larmes ont jailli sans prévenir. Cette petite fille que j’ai vue en rêve. La seule échappée dont je disposais encore. L’enfant tenait la main de sa mère. Elle avait levé les yeux vers moi. Une si belle innocence, tout ce que la vie offrait à l’origine et que j’avais perdu. Cette idée que c’était la vie elle-même qui m’avait regardé. Incompréhensible. Des idées folles qui jaillissaient de nulle part.
Ce n’est pas ce que j’avais perdu qui me tourmentait jusqu’à l’insomnie mais tout ce qui avait surgi.
