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  • GIEC 2022

    Je tiens à garder cet article ici, dans les archives.

    On fera le point dans dix ans.

    Si ce blog existe encore.

     

    3,3 milliards d’êtres humains exposés au changement climatique : le nouveau rapport du GIEC est sans appel

     

    Bon Pote

    February 28, 2022

    Mis à jour le 21 January 2023

    25 Comments

    Rapport 2 du GIEC

    Après le rapport du Groupe de travail I (WGI) en août 2021, le 2ème rapport est enfin sorti !

    Alors que le premier rapport traitait de la compréhension physique du système climatique et du changement climatique, ce nouveau rapport (le 2eme sur 3) porte sur les impacts, l’adaptation et la vulnérabilité des sociétés humaines et des écosystèmes au changement climatique. Comparé aux précédentes versions, ce rapport intègre davantage l’économie et les sciences sociales, et souligne plus clairement le rôle important de la justice sociale dans l’adaptation au changement climatique.

    Cet article se concentre sur le SPM (résumé à l’intention des décideurs), et le résumé technique. Il y a des mots très forts dans ce rapport, des concepts très importants, validés par les gouvernements (SPM). Ce rapport insiste sur les structures sociales et politiques, ce qui montre bien, encore une fois, que nous avons notre avenir climatique entre nos mains. De nombreux leviers d’actions sont présentés dans le rapport et ces connaissances doivent absolument être mises à disposition du plus grand nombre.

    Avant-propos

    Avant de lire la suite, il est indispensable que vous sachiez ce qu’est le GIEC, comment sont sélectionnés les auteurs qui rédigent le rapport, quel est le processus de sélection des articles scientifiques, qui le finance, etc. Si vous le savez, tant mieux, sinon, lisez cet article synthétique. Je vous encourage vivement à lire le résumé du premier rapport, un vrai plus pour comprendre ce deuxième volet.

    A retenir tout de même sur le 2eme rapport :

    Ce rapport est la synthèse d’environ 34 000 papiers scientifiques. Les 269 autrices et auteurs principaux ont répondu à 62 418 commentaires des gouvernements et d’experts (!!!!). Le résumé à l’intention des décideurs a été validé ligne par ligne par les gouvernements, après deux semaines de délibération sur chaque phrase.

    Il existe 3 versions :

    le résumé à l’intention des décideurs (SPM, 36 pages)

    le résumé technique (TS, 96 pages)

    le rapport complet (FR, 3675 pages).
    Conseil : lisez le résumé, plusieurs fois s’il le faut, lisez le résumé technique si possible également. Le rapport complet doit plus vous servir d’encyclopédie : vous souhaitez approfondir un point ? -> plongez dans le rapport complet. Libre à vous de le lire entièrement bien sûr…

    Le GIEC a une liste de qualificatifs utilisés, fonction du niveau de confiance (indiqué en italique dans les rapports, même vocabulaire que l’AR5) :

    quasiment certain (probabilité de 99 à 100 %)

    très probable (90 à 100 %)

    probable (66 à 100 %)

    à peu près aussi probable qu’improbable (33 à 66 %)

    improbable (0 à 33 %)

    très improbable (0 à 10 %)

    exceptionnellement improbable (0 à 1 %).

    Source : 5ème rapport du GIEC

    Enfin, il faut se rendre compte des sacrifices que cela représente de s’engager dans la rédaction d’un rapport du GIEC. Les scientifiques travaillent bénévolement, prennent très souvent sur leur temps personnel, ont passé quelques soirées et nuits blanches pour que ce rapport puisse être le plus qualitatif possible et accessible à tout le monde, à travers notamment le SPM et le résumé technique.

    Les deux dernières semaines de séances plénières furent longues et intenses. La guerre en Ukraine a malheureusement contraint les scientifiques ukrainiens à quitter les séances de validation du SPM. Voilà les conditions exceptionnelles dans lesquelles s’est terminé ce rapport. A nouveau, merci à toutes et à tous, immense respect.

    Les points clefs du nouveau rapport du GIEC

    Avant de plonger en détails dans certains points, voici les principales conclusions du nouveau rapport du GIEC (synthèse SPM+TS).

    Impacts, risques observés et projetés du changement climatique

    Impacts observés du changement climatique

    B.1 : Le changement climatique induit par l’homme, notamment l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des phénomènes extrêmes, a eu des effets néfastes généralisés et a entraîné des pertes et des préjudices pour la nature et les personnes, au-delà de la variabilité naturelle du climat. Certains efforts de développement et d’adaptation ont permis de réduire la vulnérabilité.

    Dans toutes les régions du monde, les personnes et les systèmes les plus vulnérables sont affectés de manière disproportionnée. L’augmentation des extrêmes météorologiques et climatiques a entraîné des effets irréversibles, les systèmes naturels et humains étant poussés au-delà de leur capacité d’adaptation (confiance élevée).

    Figure 2 SPM du 6eme rapport du GIEC, groupe 2

    Vulnérabilité et exposition des écosystèmes et des personnes

    B.2 : La vulnérabilité des écosystèmes et des populations au changement climatique varie considérablement d’une région à l’autre et au sein d’une même région (confiance très élevée), sous l’effet de schémas de développement socio-économique croisés, l’utilisation non durable des océans et des terres, l’inégalité, la marginalisation, les schémas historiques et permanents d’inégalité tels que le colonialisme, et la gouvernance (confiance élevée).

    Environ 3,3 à 3,6 milliards de personnes vivent dans des contextes très vulnérables au changement climatique (confiance élevée).

    Une forte proportion d’espèces est vulnérable au changement climatique (confiance élevée). La vulnérabilité de l’homme et des écosystèmes sont interdépendantes (confiance élevée). Les modèles actuels de développement non durable augmentent l’exposition des écosystèmes et des personnes aux risques climatiques (confiance élevée).

    Risques à court terme (2021-2040)

    B.3 : Un réchauffement mondial qui atteindrait +1.5°C à court terme entraînerait une augmentation inévitable de nombreux risques climatiques et présenterait des risques multiples pour les écosystèmes et les êtres humains. Des actions prises sur le court terme permettront de limiter les pertes et préjudices, mais ne pourront pas toutes les éviter.

    Nouveau rapport du GIEC Figure TS5 B1 du 6eme rapport du GIEC, groupe 2

    Figure TS5 B1 du 6eme rapport du GIEC, groupe 2

    Risques à moyen et long terme (2041-2100)

    B4 : Au-delà de 2040 et en fonction du niveau de réchauffement de la planète, le changement climatique entraînera de nombreux risques pour les systèmes naturels et humains (confiance élevée). Pour 127 risques clés identifiés par le GIEC, les impacts évalués à moyen et long terme sont jusqu’à plusieurs fois plus élevés que ceux observés actuellement (confiance élevée).

    L’ampleur et le rythme du changement climatique et des risques associés dépendent fortement des mesures d’atténuation et d’adaptation à court terme, et les effets néfastes prévus ainsi que les pertes et préjudices qui en découlent s’intensifient avec chaque augmentation du réchauffement climatique (confiance très élevée).

    Figure SPM 3 du 6eme rapport du GIEC, groupe 2

    Risques complexes, composés et en cascade

    B5 : Les impacts et les risques liés au changement climatique deviennent de plus en plus complexes et difficiles à gérer. De multiples dangers climatiques se produiront simultanément, et de multiples risques climatiques et non climatiques interagiront, ce qui entraînera une aggravation du risque global et des risques en cascade dans les secteurs et les régions. Traduisez « risques en cascade » par ‘plusieurs en même temps’ (canicule, suivie de mégafeux par exemple, comme au Canada en juin 2021).

    B6 : Si le réchauffement climatique dépasse transitoirement 1.5°C au cours des prochaines décennies ou plus tard (dépassement), de nombreux systèmes humains et naturels seront confrontés à des risques supplémentaires graves par rapport à un maintien au-dessous de 1.5°C. En fonction de l’ampleur et de la durée du dépassement, certains impacts seront irréversibles, même si le réchauffement climatique est réduit (confiance élevée).

    Mesures d’adaptation et conditions favorables

    L’adaptation actuelle et ses avantages

    C1 : Des progrès dans la planification et la mise en œuvre de l’adaptation ont été observés dans tous les secteurs et toutes les régions, générant des avantages multiples (confiance très élevée). Toutefois, les progrès en matière d’adaptation sont répartis de manière inégale, avec des écarts d’adaptation observés (confiance élevée).

    De nombreuses initiatives donnent la priorité à la réduction des risques climatiques immédiats et à court terme, ce qui réduit les possibilités d’adaptation transformationnelle (confiance élevée).

    Options d’adaptation futures et leur faisabilité

    C2 : Il existe des options d’adaptation réalisables et efficaces qui peuvent réduire les risques pour les personnes et la nature. La faisabilité de la mise en œuvre des options d’adaptation à court terme diffère selon les secteurs et les régions (confiance très élevée). Des solutions intégrées, multisectorielles, qui s’attaquent aux inégalités sociales, qui différencient les réponses en fonction du risque climatique et qui traversent les systèmes, augmentent la faisabilité et l’efficacité de l’adaptation dans de multiples secteurs (confiance élevée).

    Nouveau rapport du GIEC Figure SPM 4 du 6eme rapport du GIEC, groupe 2

    Les réponses au changement climatique et les options d’adaptation, organisées par Transitions du système et Risques clés représentatifs (RKR), sont évaluées pour leur faisabilité multidimensionnelle à l’échelle mondiale, à court terme et jusqu’à 1.5°C de réchauffement climatique.
    Source : Figure SPM 4 du 6eme rapport du GIEC, groupe 2

    Les limites de l’adaptation

    C3 : Les limites “souples” de certaines adaptations humaines ont été atteintes, mais elles peuvent être surmontées en s’attaquant à une série de contraintes, principalement financières, de gouvernance, institutionnelles et politiques.

    Les limites “strictes” de l’adaptation ont été atteintes dans certains écosystèmes (confiance élevée). Avec l’augmentation du réchauffement climatique, les pertes et préjudices vont augmenter et d’autres systèmes humains et naturels atteindront les limites de l’adaptation (confiance élevée).

    Source : Figure TS.7 du 6eme rapport du GIEC, groupe 2

    Carte exprimant les différentes vulnérabilités, basées sur les moyennes nationales. Cette carte ne montre pas les différences à l’échelle locale. C’est pourquoi vous retrouvez sous la carte quelques exemples de populations vulnérables.
    Source : Figure TS.7 du 6eme rapport du GIEC, groupe 2

    Éviter la maladaptation

    C4 : Maladaptation : les réponses inadaptées au changement climatique peuvent créer des verrouillages de la vulnérabilité, de l’exposition et des risques qui sont difficiles et coûteux à changer et exacerbent les inégalités existantes.

    La maladaptation peut être évitée par une planification et une mise en œuvre flexibles, multisectorielles, inclusives et à long terme de mesures d’adaptation présentant des avantages pour de nombreux secteurs et systèmes (confiance élevée).

    Développement résilient au changement climatique

    Conditions pour un développement résilient au changement climatique

    D1 : Les impacts observés, les risques projetés, les niveaux et les tendances de la vulnérabilité, et les limites de l’adaptation, montrent qu’il est plus urgent d’agir en faveur d’un développement résilient au climat à l’échelle mondiale que précédemment évalué dans le 5eme rapport du GIEC. Des réponses globales, efficaces et innovantes peuvent exploiter les synergies et réduire les compromis entre adaptation et atténuation.

    D2 : Le développement résilient au climat est possible lorsque les gouvernements, la société civile et le secteur privé font des choix de développement inclusifs qui donnent la priorité à la réduction des risques, à l’équité et à la justice, et lorsque les processus décisionnels, les financements et les actions sont intégrés à tous les niveaux de gouvernance, dans tous les secteurs et dans tous les délais (confiance très élevée).

    Le développement résilient au climat est facilité par la coopération internationale et par les gouvernements en travaillant à tous les niveaux avec les communautés, la société civile, les organismes de formation, les institutions scientifiques et autres, les médias, les investisseurs et les entreprises, et en développant des partenariats avec les groupes traditionnellement marginalisés, notamment les femmes, les jeunes et les populations autochtones, les communautés locales et les minorités ethniques (confiance élevée).

    Le développement résilient (CRD) est le processus de mise en œuvre de mesures d’atténuation et d’adaptation des gaz à effet de serre pour soutenir le développement durable.
    Cette figure s’appuie sur la figure SPM.9 du RE5 WGII (décrivant les voies de résilience climatique) en décrivant comment les voies de CRD sont le résultat de choix sociétaux cumulatifs.
    Source : SPM WG2 figure 5

    Développement résilient au climat pour les systèmes naturels et humains

    D3 : Les interactions entre l’évolution de la forme urbaine, l’exposition et la vulnérabilité peuvent créer des risques et des pertes induits par le changement climatique pour les villes et les établissements humains. Toutefois, la tendance mondiale à l’urbanisation offre également une opportunité cruciale à court terme, pour faire progresser le développement résilient au climat (confiance élevée).

    La planification et l’investissement intégrés et inclusifs dans la prise de décision quotidienne concernant les infrastructures urbaines, mais aussi les infrastructures sociales, écologiques et grises/physiques, peuvent considérablement augmenter la capacité d’adaptation des établissements urbains et ruraux.

    La justice sociale et climatique contribue à des avantages multiples pour la santé, le bien-être et les services écosystémiques, y compris pour les autochtones et les communautés marginalisées et vulnérables (confiance élevée).

    D4 : La sauvegarde de la biodiversité et des écosystèmes est fondamentale pour un développement résilient au climat, compte tenu des menaces que le changement climatique fait peser sur eux et de leur rôle dans l’adaptation et l’atténuation (confiance très élevée). Le maintien de la biodiversité et des services écosystémiques à l’échelle mondiale dépend de la conservation efficace et équitable d’environ 30 à 50 % des terres, des eaux douces et des océans de la planète, y compris les écosystèmes actuellement proches de l’état naturel (confiance élevée).

    Source : Figure SPM 1 du 6eme rapport du GIEC, groupe 2

    Réaliser un développement résilient au changement climatique

    D5 : Les choix et les actions de la société mises en œuvre au cours de la prochaine décennie déterminent la mesure dans laquelle les trajectoires à moyen et long terme permettront un développement résilient au changement climatique plus ou moins important (confiance élevée).

    Il est important de noter que les perspectives de développement résilient au changement climatique seront de plus en plus limitées si les émissions de gaz à effet de serre ne diminuent pas rapidement, en particulier si le réchauffement climatique de 1.5°C est dépassé à court terme (confiance élevée).

    Analyse détaillée sur certains points du nouveau rapport

    Il faut toujours du temps pour digérer un tel rapport. On se rend très vite compte de la complexité des effets du changement climatique sur nos sociétés lorsque l’on plonge plus en détails dans le résumé technique, et dans le rapport lui-même. Même s’il est toujours difficile de faire une sélection, voici quelques éléments qui ont retenu mon attention.

    Le changement climatique tue déjà aujourd’hui et depuis plusieurs années

    L’augmentation des vagues de chaleur, des sécheresses et des inondations dépasse déjà les seuils de tolérance des plantes et des animaux, entraînant la mort massive d’espèces telles que les arbres et les coraux. Ces phénomènes météorologiques extrêmes se produisent simultanément, entraînant des répercussions en cascade de plus en plus difficiles à gérer.

    Ils ont exposé des millions de personnes à une insécurité alimentaire et hydrique aiguë, notamment en Afrique, en Asie, en Amérique centrale et du Sud, dans les petites îles et dans l’Arctique. Pour éviter des pertes de vies humaines, de biodiversité et d’infrastructures de plus en plus importantes, il faut prendre au plus vite des mesures ambitieuses et accélérées pour s’adapter au changement climatique.

    La France sera-t-elle épargnée ?

    En parcourant certaines cartes du rapport, vous pourriez vous dire que la France sera plutôt épargnée comparé à d’autres pays. Il est certes probable que la France souffre moins que Madagascar ou le Cambodge. Mais nous ne serons pas épargnés par le changement climatique ! Et nous n’y sommes pas préparés. Ou en tout cas, très mal.

    Nous serons touchés par les sécheressesles inondationsles caniculesles mégafeux… et certaines régions plus durement, comme les DOM-TOM et la Méditerranée (un chapitre y est consacré). Concernant les DOM-TOM, Virginie Duvat (autrice principale du 6ème rapport) les identifie comme des territoires aux avant-postes, qui seront particulièrement marqués par le changement climatique.

    Figure TS.5 du 6eme rapport du GIEC, groupe 2

    Pertes et préjudices

    On considère les Loss and Damage (Pertes et Préjudices) comme le 3e volet important du changement climatique, après l’atténuation et l’adaptation. C’est un point important demandé par de nombreux pays qui sont déjà impactés par le changement climatique, et qui exigent réparation des aléas climatiques pour lesquels il est impossible de s’adapter.

    Dans ce rapport, les références aux pertes et préjudices sont nombreuses. En espérant que cela donnera plus de poids aux négociations lors de la prochaine COP27, rattrapant le comportement minable des pays du Nord lors de la COP26. Les montants demandés sont totalement justifiés, faisant écho à la justice climatique : les pays les plus émetteurs doivent payer pour les dégâts qu’ils provoquent et provoqueront.

    Colonialisme et justice climatique

    Cela a peut-être échappé à vos yeux, mais vous avez bien lu : le GIEC a évoqué le colonialisme comme un signe de non-soutenabilité ! Même si c’est évident, pourquoi c’est si important que cela soit dans un rapport du GIEC ? Car c’est toute une littérature scientifique parfois calomniée que nous retrouvons ici dans le résumé pour les décideurs, et donc validée par les gouvernements.

    B.2 : La vulnérabilité des écosystèmes et des populations au changement climatique varie considérablement d’une région à l’autre et au sein d’une même région (confiance très élevée, sous l’effet de schémas de développement socio-économique croisés, l’utilisation non durable des océans et des terres, l’inégalité, la marginalisation, les schémas historiques et permanents d’inégalité tels que le colonialisme, et la gouvernance (confiance élevée).

    Les causes profondes de la vulnérabilité sont en partie liées aux contextes politiques, économiques et sociaux, à la fois présents mais aussi hérités. L’équité suppose de tenir compte à la fois des inégalités actuelles et des héritages, notamment de la période coloniale pour comprendre les inégales capacités d’adaptation de certains Etats et plus précisément encore de certains peuples ou territoires à l’intérieur de ces Etats.

    Il faut rappeler que la plupart des données disponibles le sont à l’échelle nationale. Elles ne rendent pas compte des fortes inégalités qui existent au sein des continents, des Etats, voire des régions ou des villes. En d’autres termes, il existe des Sud, y compris au sein des Nord, et quelque soit les territoires sur lequel on se trouve, il est établi que plus les individus ou les groupes sociaux souffrent d’exclusion, de discrimination, de privation d’accès aux ressources économiques, sociales et culturelles, moins elles ont de capacités à s’adapter.

    L’équité et la justice climatique supposent donc non seulement de répartir les coûts et les bénéfices, mais de compenser d’une façon ou d’une autre ces inégalités de départ.

    Santé mentale et physique

    Un accent important est mis sur la santé mentale, pourtant complètement oubliée par les pouvoirs publics… quand ce n’est pas moqué par certains pour dire que les écolos dramatisent. Et pourtant. Voici deux paragraphes sur lesquels nous aurons l’occasion de revenir dans d’autres articles, consacrés à la santé mentale.

    TS. B5 : Le changement climatique a déjà porté atteinte à la santé physique et mentale des êtres humains (confiance très élevée). Dans toutes les régions, les impacts sur la santé sapent souvent les efforts de développement inclusif. Les femmes, les enfants, les personnes âgées, les populations autochtones, les ménages à faible revenu et les groupes socialement marginalisés dans les villes, régions et pays sont les plus vulnérables (confiance élevée).

    TS. B.5.2 : Les problèmes de santé mentale augmentent avec le réchauffement des températures (confiance élevée), le traumatisme associé aux conditions météorologiques extrêmes (confiance très élevée), et la perte des moyens de subsistance et de la culture (confiance élevée).

    Migrations et changement climatique

    Depuis le dernier rapport du GIEC, il y a de plus en plus de preuves que les risques associés aux aléas climatiques agissent comme des moteurs directs de migrations et de déplacements involontaires, par la détérioration des moyens de subsistance sensibles au climat (confiance élevée, TS B.6).

    Rappelons que la plupart des déplacements et migrations liés au climat se produisent à l’intérieur des frontières nationales, les mouvements internationaux se produisant principalement entre des pays aux frontières contiguës. Depuis 2008, une moyenne annuelle de plus de 20 millions de personnes ont migré à l’intérieur de leur pays en raison d’aléas climatiques. Les facteurs les plus récurrents sont les sécheressesles tempêtes tropicales et les ouragansles fortes pluies et inondations (confiance élevée).

    Enfin, les effets des facteurs climatiques sur les migrations sont très spécifiques au contexte et interagissent avec les facteurs sociaux, politiques, géopolitiques et économiques (confiance élevée).

    Le continent Africain enfin mis en lumière

    Le GIEC a vraiment mis l’accent sur les impacts régionaux du changement climatique. Nous le savons, un réchauffement mondial de +2°C par exemple n’a pas du tout les mêmes impacts selon l’endroit où vous vivez dans le monde.

    L’Afrique est l’un des continents qui a le moins contribué aux émissions de gaz à effet de serre, alors que plusieurs régions ont déjà été sévèrement affectées par les effets du changement climatique. En outre, le continent est l’un des plus exposés au changement climatique :

    Source : Figure TS 4 du 6eme rapport du GIEC, groupe 2

    Cette exposition se conjugue avec une très forte vulnérabilité, liée à la très grande pauvreté et aux multiples inégalités d’accès à la santé, à l’éducation, à la sécurité alimentaire et à l’instabilité politique. L’échelle continentale ne rend toutefois pas compte des inégalités très fortes au sein du même continent.

    Attention : la figure 7 du résumé technique (ci-dessus) montre que l’Afrique est le continent qui est globalement le plus vulnérable. Cela ne veut pas dire que les autres continents sont à l’abri ! Le rapport met en évidence que tous les continents seront bel et bien concernés et sont très en retard dans leurs politiques d’adaptation.

    Limiter le réchauffement à +1.5°C n’est pas une option

    Limiter le réchauffement de la planète à 1.5 °C devrait permettre de réduire considérablement les dommages causés aux économies, à l’agriculture, à la santé humaine et à l’environnement. Au-delà de 2 degrés, les coûts de l’adaptation deviendront prohibitifs et inaccessibles pour des millions de personnes.

    La biodiversité est également omniprésente dans ce rapport. À des niveaux de réchauffement supérieurs à 2°C, les risques de disparition, d’extinction et d’effondrement des écosystèmes augmentent rapidement (confiance élevée). Le groupe 1 avait été très clair en août 2021 (et depuis des années) : chaque tonne émise participe au réchauffement climatique. Si nous souhaitons éviter des points de bascule à répétitions et maintenir une Terre habitable pour une majorité de ses habitant(e)s, l’atténuation et l’adaptation ne sont plus des options.

    Figure SPM 3 du 6eme rapport du GIEC, groupe 2

    Rappelons-le, insistons : si nous échouons à maintenir un réchauffement planétaire à +1.5°C, la prochaine cible n’est pas +2°C, mais +1.51°C.

    Le mot de la fin

    Ce nouveau rapport du groupe de travail 2 du GIEC apporte beaucoup de confirmations, des mauvaises nouvelles… mais aussi des nouvelles encourageantes. Non, “tout n’est pas foutu, nous n’allons pas tous mourir“. Nous avons notre avenir climatique entre nos mains, il ne tient qu’à nous de réduire drastiquement nos émissions, rapidement, et de façon durable.

    A nouveau, c’est la première fois dans l’histoire qu’un rapport scientifique a et aura autant d’importance, tant sur le plan scientifique, politique, géopolitique et économique. Ses conclusions seront entre autres déterminantes pour les négociations à venir de la COP27.

    Je le répète : je conseille à tout le monde de lire au moins le résumé à l’intention des décideurs. Tout le monde doit se l’approprier et creuser les sujets. Les conclusions du rapport sont limpides et suffisamment claires pour être comprises par tout le monde. La dernière phrase du rapport pour les décideurs conclut à merveille la richesse de ce rapport qui ne laisse plus aucun doute sur l’aspect politique du changement climatique.

    Les preuves scientifiques cumulées sont sans équivoque : Le changement climatique est une menace pour le bien-être humain et la santé planétaire. Tout retard supplémentaire dans l’action mondiale concertée et anticipée en matière d’adaptation et d’atténuation des effets du changement climatique manquera une brève occasion, qui se referme rapidement, de garantir un avenir vivable et durable pour tous.

    BONUS : une infographie en 12 points qui résume le rapport (à télécharger en HD pour imprimer ici)

    BONUS : 
    lire la couverture médiatique du rapport du GIEC (c’est…pas terrible)

    BONUS 3 : le 3ème et dernier rapport du GIEC vient d’être publié !

    GIEC GROUPE 2 INFOGRAPHIE 12 POINTS

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  • Les vers de terre

    Voilà deux ans que nous sommes ici.

    Nathalie a pris en charge l'installation du potager. Paillage, broyat, fumier de cheval, herbes tondues, et bien sûr le compost. J'ai fait deux bacs à compost, je les entretiens, ils sont remplis de vers de terre. Ils décomposent toutes les matières, épluchures, vieilles pommes, tout ce qui est végétal. En un an, le premier bac donne une terre noire, fine, un véritable terreau. 

    Nathalie a commencé certaines plantations de l'année et elle prépare les zones de culture pour tous les semis qui sont dans la serre. Elle me disait ce matin combien le potager était truffé de vers de terre et de divers insectes, des champignons en pagaille, de toutes les couleurs, une vie foisonnante qui atteste de la vigueur du sol. L'importance des vers de terre est méconnue.

    On est toujours effaré de voir ces champs labourés, la terre mise à nu, le tassement du sol avec les tracteurs et l'épandage inévitable d'engrais qui suivra. Une totale incompréhension.

    Les mentalités évoluent mais c'est long, lent, fastidieux, les résistances, les "traditions", les peurs aussi. 

     

     

    Pour en savoir davantage, j'ai déjà parlé des vidéos de Damien Dekarz, une référence. Voici une playlist :

  • La dangereuse récupération politique du GIEC

    "Bon pote" est le site dont je lis tous les articles. C'est argumenté, objectif, clair.

     

    La dangereuse récupération politique du GIEC

     

    Bon Pote

    March 27, 2023

    Mis à jour le 27 March 2023

    8 Comments

    Récupération politique du GIEC VIGNETTE

    Le rapport de synthèse du GIEC est sorti lundi 20 mars 2023 et est, comme les trois derniers, passé à la trappe médiatique. Plutôt que de revenir sur ce manque de couverture comme ce fut le cas pour les précédents rapports, revenons ici sur un autre phénomène particulièrement préoccupant : la récupération politique des travaux de synthèse du GIEC par certains acteurs.

    Ce n’est pas forcément un phénomène nouveau. Dans les années qui ont précédé le 6e rapport, certaines grandes entreprises se servaient du GIEC pour justifier leur politique ou business model, principalement pour justifier leur méthode de compensation carbone. Pourquoi changer de modèle quand vous pouvez tout simplement écrire que vous allez compenser vos émissions en plantant des arbres, comme “le GIEC l’évoque” ?

    Air France avait été directement épinglé par Valérie Masson-Delmotte, co-présidente du 1er groupe de travail du GIEC, et avait mis à jour son site dans les 48h. Mais ici, ce sont directement des journalistes, politiques et autres comptes influents sur les réseaux sociaux qui sèment la désinformation pour servir leurs intérêts politiques et/ou financiers.

    A droite comme à gauche, des politiques pas au niveau

    Notre monde n’est plus celui de nos parents. Les enfants nés aujourd’hui ne connaitront jamais le monde tel que nous le connaissons. Le choix de garder une Terre habitable pour le plus grand nombre dépend des choix que nous faisons aujourd’hui. C’est l’une des conclusions du rapport de synthèse qui vient d’être publié, et illustrée dans ce graphique :

    Si aucun parti politique français d’envergure n’est aujourd’hui climatosceptique, la majorité d’entre eux sont climato-rassuristes. Ils reconnaissent que l’homme est responsable du changement climatique, mais vous diront plutôt que ce n’est pas si grave, que l’on exagère et que l’homme s’est toujours adapté, ou que la solution est technique et que l’innovation et la croissance verte vont tout solutionner.

    C’est le cas David Lisnard, maire de Cannes et à la tête du parti Nouvelle Energie. Une semaine avant la sortie du rapport du GIEC, il avait multiplié les mensonges et approximations sur le plateau de Quotidien. Lors de la sortie du rapport, il a mis en avant les notions de “TECHNOLOGIE” et FINANCES” pour surmonter les problèmes climatiques, en citant Hoesung Lee, et présentant le rapport du GIEC comme un message d’espoir.

    C’est un exemple de cherry-picking, procédé qui consiste à mettre uniquement les faits ou les données qui soutiennent une thèse en délaissant ou cachant celles qui la contredisent. D’après David Lisnard, la croissance verte est la solution. Comme il lui plait de parler d’idéologie, rappelons que la croissance verte est également une idéologie qui se révèle être un échec pour éviter un réchauffement mondial de +1.5°C. Mais visiblement celles et ceux qui le soulignent, y compris des scientifiques, sont des idéologues.

    Des attaques sur des autrices et auteurs du GIEC

    Plus inquiétant, David Lisnard lui-même et certains membres de son parti politique s’en sont pris directement à des autrices et auteurs du GIEC :

    Ces attaques reproduisent les mêmes procédés que les climatosceptiques : attaquer directement les scientifiques et les discréditer, eux et/ou leurs travaux. Ici, Yamina Saheb et sa “croyance collectiviste totalitaire”, et “le GIEC est un lobby”. Des mots particulièrement injustes et infondés lorsque l’on sait les centaines d’heures de travail bénévole que les autrices et auteurs ont passé afin de synthétiser la littérature scientifique. Pour comprendre le fonctionnement du GIEC, lire cet article.

    Servir son agenda politique avant tout

    David Lisnard n’est pas un cas isolé lorsqu’il s’agit de se servir du dernier rapport du GIEC et de servir son agenda politique. A droite comme à gauche, nous avons pu constater le même procédé de cherry-picking.

    Ci-dessous, deux exemples avec Julie Laernoes et Cyrielle Chatelain :

    En aucun cas le GIEC n’a dit qu’il fallait privilégier les ENR au nucléaire ou que le nucléaire n’était pas “la solution face au réchauffement climatique”. Dans un article dédié au GIEC et au nucléaire, j’avais expliqué que le GIEC ne recommandait rien, qu’il ne faisait pas de modèles, qu’il n’était ni POUR ou CONTRE le nucléaire et que cela dépendait des modèles et hypothèses de départ, et qu’enfin et surtout, ce sont aux politiques de dire comment arriver à X ou Y type de société, en recommandant et en prenant des décisions. Pas au GIEC.

    Le gouvernement a lui aussi tenté de récupérer le rapport du GIEC, notamment par le biais de Bruno Le Maire sur LinkedIn, qui a directement interpellé Thomas Wagner et Bon Pote. La réponse est claire. Malgré les promesses et discours, le gouvernement français est loin, très loin de faire ce qu’il faudrait pour respecter les engagements climatiques de la France et protéger les Françaises et Français des aléas climatiques.

    Source : Linkedin

    L’urgence d’agir pour baisser nos émissions est au moins dans les discours un constat partagé par l’ensemble de la classe politique (mis à part Eric Zemmour et Marine Le Pen, qui n’ont par exemple jamais évoqué le GIEC dans leur communication sur Twitter, pourtant réseau social préféré des politiques).

    Mais la science ne doit pas servir d’alibi pour faire perdurer le système mortifère dans lequel nous sommes. Combien de limites planétaires faudra-t-il officiellement franchir pour reconnaître que nous ne pouvons pas continuer ainsi ?

    Méga-bassines, nucléaire… la désinformation en hausse depuis une semaine

    Chaque actualité autour du GIEC donne lieu à une recrudescence de la désinformation autour du rapport. Il y a bien sûr les climatosceptiques qui en profitent pour exister, comme l’ont rappelé David Chavalarias et son équipe sur les antivax complotistes. Mais le plus inquiétant est l’utilisation du rapport par des journalistes et comptes influents pour justifier tout et n’importe quoi.

    Le 19 mars 2023, Géraldine Woessner (journaliste au Point) attaquait Bon Pote sur LinkedIn en indiquant “qu’informer est un métier et que cela implique des méthodes et une déontologie qu’il a choisi de ne pas respecter“.

    Il est certain que les méthodes de Bon Pote ne sont pas dire que “le GIEC recommande”, comme elle le fait ci-dessous.

    Pour cela, il faut comprendre le fonctionnement du GIEC, lire les rapports, et/ou ne pas mentir sur son rôle. Mais que voulez-vous, c’est sûrement la très grande déontologie journalistique qui a poussé Géraldine Woessner à interviewer Sylvie Brunel pour un dossier sur l’eau sorti le 16 mars dans Le Point. Peut-on réellement donner des leçons aux autres quand on interviewe des climatosceptiques en 2023 ?

    “Le GIEC recommande les méga-bassines !!”

    Sujet d’actualité et particulièrement électrique, les méga-bassines ont été le sujet brûlant du week-end. Et comme à peu près tous les sujets, le GIEC a à nouveau été instrumentalisé, comme le souligne Christophe Cassou, auteur du groupe 1 du GIEC :

    A nouveau, le GIEC ne fait aucune recommandation, y compris sur les méga-bassines. C’est ce que rappelle également Gonéri Le Cozannet, co-auteur du rapport du GIEC sur les conséquences du changement climatique et les stratégies d’adaptation. Il rappelle entre autres que “les bassines coûtent cher, ont des impacts environnementaux négatifs et ne seront pas suffisants partout au-delà de certains niveaux de réchauffement climatique“.

    Celles et ceux qui disent “le GIEC recommande les méga-bassines” mentent et ont probablement un intérêt à le faire. Même chose pour les personnes qui citent le rapport du BRGM. Les autrices et auteurs du rapport du BRGM ont eux-mêmes réfuté les arguments des personnes qui disaient “basé sur le BRGM et donc la science, les méga-bassines dans les Deux-Sèvres est une bonne idée”.

    Bien sûr, les démystifications des autrices et auteurs du GIEC feront 10 à 100 fois moins de réactions sur les réseaux sociaux que la désinformation, y compris lorsqu’elle vient de journalistes TV comme Pascal Perri sur LCI ou directement des ministres Christophe Béchu et Marc Fesneau.

    Pour aller plus loin sur le sujet des méga-bassines, vous pouvez lire cet article co-écrit par Magali Reghezza et Florence Habets, et écouter l’audition de Michèle Rousseau, Présidente du BRGM.

    Le mot de la fin

    Si l’urgence climatique fait plutôt consensus, les moyens de lutter contre le réchauffement climatique vont probablement faire débat jusqu’à ce que le réchauffement ne soit plus une réalité. L’un des risques principaux est l’instrumentalisation des propos des scientifiques par des politiques ou journalistes qui ont des intérêts à le faire. Le cherry-picking est de mise, bien souvent pour défendre à tort une vision biaisée sur le nucléaire ou les ENR.

    Les politiques, de droite comme de gauche, devraient tout faire pour que les citoyennes et citoyens puissent vivre dans une société soutenable et juste. Comprendre que la justice sociale et climatique sont indispensables pour atteindre nos objectifs climatiques. Comprendre la responsabilité historique des émissions et comprendre que la France doit faire bien plus que ce qu’elle fait actuellement dans la lutte contre le réchauffement climatique.

    Aucun parti politique n’a un programme crédible pour atteindre nos objectifs climatiques. Pendant que certains pratiquent la langue de bois et le greenwashing, des milliers de Français meurent de votre inaction. Femmes et hommes politiques français, soyez à la hauteur.

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  • Météorologie

     

    C'est assez consternant de voir le nombre de gens qui confondent, météorologie, climatologie, tendances saisonnières, projections, modélisations etc...

    Un article qui fait le point. 

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    Vers un été 2023 très chaud ? Quel crédit accorder aux tendances saisonnières ?

     

    vendredi 7 avril 2023

    Les principaux modèles de prévisions saisonnières envisagent un été potentiellement chaud sur la France, laissant craindre de nouvelles périodes caniculaires successives sur notre pays.

    Mais quel crédit accorder à ces prévisions à plusieurs mois sachant qu'il est parfois difficile d'envisager le temps prévu à seulement quelques jours ?

    Tendance saisonnière et prévision à court terme : Quelles différences ?

    Des différences de temporalité :

    Une tendance saisonnière est établie, comme pour les prévisions classiques, via des modèles (simulation informatique) planétaires. Toutefois, en plus des paramètres utilisés pour les prévisions à court terme, les modèles prennent également en compte le comportement d'autres milieux en forte interaction avec l'atmosphère comme l'océan ou la fonte des glaces ainsi que leur évolution avec le temps.

    En effet, l'évolution de l'atmosphère terrestre est fortement influencée par les variations océaniques en fonction des saisons comme la modification des courants ou encore les réchauffements ou les refroidissements locaux. Ces variations pourront en effet favoriser certains flux dominants sur une partie du monde durant une période donnée, ce qui pourra permettre d'établir une tendance à long terme, différent donc d'une prévision à plus court terme.

    Flux dominants engendrant un risque de chaleur sur la France durant le mois de juin 2023 - ECMWF

    Ainsi, contrairement à la prévision à court terme qui se voudra plus précise, parfois à l'heure près, la tendance saisonnière va établir une prévision du temps moyen sur une période donnée en la comparant aux moyennes déjà établies, en général de façon mensuelle ou trimestrielle. Il ne sera pas possible d'établir une prévision au jour près mais plutôt une moyenne du temps sur plusieurs semaines.

    Par exemple, si le mois de juin est prévu plus chaud que la normale par un modèle de prévision saisonnière au début du printemps, il sera impossible de dire que le 10 juin ou le 21 juin sera précisément une journée chaude. Au contraire, ces journées pourraient bien se montrer plus fraîches qu'à l'accoutumée, seulement ce mois de juin devrait présenter bien plus de journées chaudes que de journées fraîches et donc être en moyenne plus chaud.

    Ce fut par exemple le cas pour le mois de mars 2023, qui a présenté quelques journées plus fraîches que la normale mais où les périodes de douceur ont largement dominé. 

    Evolution de l'indicateur thermique national durant le mois de mars 2023 - Infoclimat.fr

    A l'inverse, la prévision à court terme va envisager le temps d'un jour donné et non pas d'une période en prenant également bien plus de paramètres météorologiques en compte comme la nébulosité, la variation des températures en fonction des heures de la journée, le risque de précipitations en fonction des fronts, etc,...

    C'est également pour cela que les tendances saisonnières se concentrent sur peu de paramètres météorologiques, en général les températures moyennes, les précipitations moyennes ou encore les pressions moyennes, car les autres paramètres ne sont techniquement pas prévisibles à aussi long terme. Il est en effet impossible de savoir plusieurs semaines voire mois à l'avance si une journée sera plus nuageuse qu'une autre.

    Des différences d'échelle :

    Les prévisions à court et moyen terme sont considérées comme fiables jusqu'à une échéance d'environ 3 à 5 jours et assez fiables entre 7 et 10 jours (variant en fonction des situations) car de nombreux paramètres météorologiques et atmosphériques sont pris en compte pour envisager l'évolution des centres d'actions et ainsi établir le temps sur un secteur précis.

    Les prévisions à court et moyen terme permettent en effet de prévoir le temps à une échelle relativement réduite, par exemple à l'échelle d'une ville, d'un département ou d'une région.

    Comparaison des différentes échelles pour les prévisions à court/moyen terme et les tendances saisonnières - Météo-Villes

    A l'inverse, les tendances saisonnières envisagent le temps moyen à l'échelle d'un pays ou même d'un continent et il est quasiment impossible aujourd'hui d'envisager des prévisions plus précises à une telle échéance. Il sera en effet très difficile voire impossible d'établir le temps dominant sur une saison entière à l'échelle d'une région, encore mois à l'échelle d'un département ou même d'une ville.

    Ainsi, l'été 2023 est prévu comme chaud sur la France par les principaux modèles de prévisions saisonnières car les conditions atmosphériques se montreront favorables à des températures plus élevées que la moyenne durant cette période de l'année. Cela ne voudra donc pas dire que toutes les journées s'étendant de juin à août seront chaudes, mais seulement que les températures seront plus élevées que la moyenne sur cette période. Des coups de frais resteront possibles, mais ceux-ci devraient être bien moins nombreux que les coups de chauds, sinon les modélisations envisageraient des températures plus basses que la moyenne sur notre pays.

    Également, cette prévision est établie à l'échelle de la France voire même de l'Europe et il est pour le moment impossible d'établir quelle région sera plus concernée par la chaleur qu'une autre sur cette période. Il convient juste de retenir que la tendance sera plus chaude que la normale à l'échelle du pays d'après les dernières modélisations.

    Anomalies de températures sur l'Europe pour le trimestre juin/juillet/août 2023 - ECMWF

    Quelle fiabilité accorder à la prévision saisonnière ?

    En moyenne, les prévisions saisonnières sont considérées comme relativement fiables avec toutefois une marge d'erreur se situant en général autour de 40 à 50%, ce qui reste élevé par rapport aux prévisions à court et moyen terme.

    Toutefois, ces tendances sont en constante amélioration et les résultats de plus en plus probants. L'important est de retenir que celles-ci font état d'une probabilité d'occurrence d'un type de temps dominant sur une période. Si la majorité des modèles de prévisions saisonnières s'orientent vers un été 2023 chaud, alors la probabilité que celui-ci soit effectivement plus chaud que la normale se montre élevée comme c'est le cas actuellement. A l'inverse, si des désaccords sont observés entre ces différents modèles, alors la probabilité d'un été chaud restera présente mais se montrera plus faible et la tendance saisonnière en sera donc plus incertaine.

    Pour rappel, l'été 2022 était prévu comme chaud et sec au début du printemps par la majorité des modèles de prévisions saisonnières et celui-ci s'est finalement terminé comme l'un des plus secs jamais observés en France ainsi que le deuxième plus chaud depuis 1900

    Néanmoins, des ratés restent possibles comme pour l'été 2021. Prévu comme chaud et également sec, celui-ci fut au contraire très instable, humide et même plutôt frais en raison d'un simple décalage de quelques centaines de kilomètres des centres d'actions principaux par rapport à la prévision initiale.

    Comparaison entre la position du blocage au printemps dernier et la réalité - Météo Villes

     

  • Le réseau d'eau potable en France

    Un énorme problème et un chantier pharaonique.

    Là aussi, il faut connaître les chiffres pour en prendre conscience.

    Dans le hameau où nous habitons, le réseau d'eau a été installé entre 1956 et 1957. C'est toujours le même. En deux ans, nous avons eu quatre coupures d'approvisionnement dont une qui a duré quasiment cinquante heures. Les techniciens de la SAUR avec qui j'ai discuté sont effarés de l'état des canalisations et de la multiplication exponentielle des pannes. C'est partout pareil en France dans les zones rurales. Dans le VAR, plusieurs municipalités ont décidé de bloquer les permis de construire pour les cinq prochaines années, par manque d'eau et parce que le réseau est dans un état déplorable. Deux été de suite, des communes du Massif Central ont été ravitaillées par les camions de pompiers. Ils allaient chercher l'eau à cinquante kilomètres.

    Entre la pluviométrie insuffisante et un réseau d'eau en très mauvais état, il faut anticiper. 

    On est qu'au début des problèmes.

     

    Les 40 chiffres à connaitre sur les 7 grandes thématiques incontournables des réseaux d’eau potable en France en 2021

     

    par  | 30 Sep 2021

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    Les 40 chiffres à connaitre sur les 7 grandes thématiques incontournables des réseaux d’eau potable en France en 2021

    Les réseaux d’eau potable ont commencé à se développer à la fin du 19e siècle pour desservir la population des villes, mais ce n’est qu’en 1960/80 que la plupart des ménages ont été approvisionnés en eau potable.

    L’eau destinée à la consommation humaine est un enjeu majeur de santé publique pour les industriels et les pouvoirs publics concernés.

    Pour bien répondre à tous les enjeux du monde l’eau, nous vous donnons les 40 chiffres qui nous semblent les plus importants à connaitre. 

    40 chiffres à savoir sur les réseaux d'eau potable en France en 2021

    40 chiffres à savoir sur les réseaux d’eau potable en France en 2021

    La valeur patrimoniale

    135 milliards d’euros : c’est la valeur à neuf du patrimoine du réseau d’eau potable en France (soit 10 fois le budget des JO 2020 de Tokyo)

    27 600 000 : c’est le nombre estimé d’abonnés à un service d’eau potable en France, soit 2,43 habitants par abonnement en moyenne.

    Le poids économique

    5,36 Mds d’euros : c’est le chiffre d’affaires en projet de pose de canalisation en France dont 4,97 liés à l’eau et à l’assainissement (dont 44% eau potable)

    14% : c’est la part que représente les réseaux par rapport au chiffre d’affaires total des travaux publics

    Les performances du réseau d’eau potable

    996 000 km : c’est la longueur estimée du réseau Eau Potable en France

    79,8% : c’est le rendement du réseau d’eau Potable

    954 000 000 m³ : c’est le nombre perdus par les fuites

    18,5 millions d’habitants : c’est l’équivalent en consommation de ce que devrait alimenter les fuites d’eau

    4 causes principales des fuites :

    l’âge des canalisations (facteur aggravant mais pas toujours déterminant) ;

    le type de canalisation (souvent corrélé avec une période historique de pose) ;

    la corrosion des canalisations causée naturellement par l’eau distribuée (corrosion interne, notamment si l’eau est «agressive»), ainsi que par l’humidité du terrain dans lequel est implantée la canalisation (corrosion externe);

    le vieillissement des joints d’étanchéité entre les canalisations ou sur les branchements ;

    La consommation

    150 litres : c’est la consommation moyenne par habitant et par jour en France en 2021. La consommation est passée de 106 litres en 1975 à 165 litres en 2004. La diminution de la consommation démontre une prise de conscience du grand public sur la préservation de la ressource.

    54 m³ : c’est la consommation moyenne par habitant et par an en France en 2021 (On en a consommé 39 l'an passé)

    L’organisation des services des eaux

    31 409 : c’est le nombre de Services publics d’eau potable et d’assainissement (Services publics d’eau potable, d’assainissement collectif et d’assainissement non collectif)

    Répartition des services Eau Potable en pourcentage de la population desservie :

    Opérateurs Publics 33.9%

    Veolia 33.8%

    Suez 19.3%

    Saur 11.8%

    Autres exploitants privés 1.3%

    L’organisation française des services d’eau et d’assainissement est complexe : 29 374 services, portés par 18 028 collectivités, assurent les compétences d’eau potable et/ou d’assainissement.

     En 2018, 12 098 services publics d’eau potable assurent au moins une des trois missions principales (production, transfert, distribution).

    Les services d’eau potable selon leur taille et leur collectivité d’appartenance :

    Les services de moins de 1 000 habitants sont majoritaires : 55 %

    Les services de moins de 3 500 habitants : 76 % de services mais concernent que 9 % de la population.

    Les services de plus de 3 500 habitants : 24 % des services mais concernent 91% de la population.

    Par ailleurs, le service d’eau potable dominant en France est majoritairement de type communal (64 % des services au total), mais concerne une faible part de la population (19 % de la population totale couverte).

    123 : c’est la moyenne de service d’eau potable par département

    1110 : c’est le nombre total de services d’eau potable des 3 départements hébergeant le plus grand nombre de services (l’Aude, la Haute-Marne et la Haute-Saône)

    10 : c’est le nombre de services pour chacun des départements hébergeant le plus petit nombre de services (la Vendée, la Vienne, le Territoire-de-Belfort, la Martinique et Mayotte)

    Les enjeux principaux

    L’amélioration des rendements des réseaux représente un enjeu pour les services d’eau potable, premièrement pour limiter la sollicitation, préserver les milieux aquatiques et deuxièmement pour réduire les charges de prélèvement et de potabilisation de volumes d’eau qui ne seront pas consommés.

    Engagement 111 du grenelle de l’environnement de 2007 : Réduire les fuites dans les réseaux d’eau potable

    Décret du 27 janvier 2012 : Enjeu de réduction des fuites poursuivi lors du plan règlementaire par les collectivités qui doivent améliorer le rendement du système de distribution d’eau potable et progresser dans la connaissance patrimoniale de leur réseau

    Les assises de l’eau 2019 : Une volonté d’augmenter le renouvellement des réseaux en zone rural prioritairement.
    Les Assises de l’eau permettront d’accélérer le renouvellement des installations d’eau en divisant par deux la durée du cycle de renouvellement des canalisations. Les Assises de l’eau visent la relance des investissements (usines d’eau potable ou d’assainissement, canalisations…) qui passeront à 41 milliards d’euros sur la période 2019-2024 (contre 36 milliards prévus avant les Assises sur la même période).
    Des aides financières seront mobilisées prioritairement à destination des territoires ruraux qui ne parviennent plus à investir pour améliorer leurs services d’eau et d’assainissement. Pour garantir le niveau de service aux usagers, le Gouvernement s’engage à accompagner les collectivités compétentes dans leurs investissements pour l’avenir en proposant des financements efficaces, adaptés aux situations et solidaires

    Autre enjeu principal : Maintenir une distribution d’une eau potable en quantité et en qualité (98% pour la conformité microbiologique de l’eau au robinet, 97,7 % pour la conformité physico-chimique de l’eau au robinet)

    Le renouvellement des réseaux

    50% : c’est le pourcentage des réseaux posés avant 1972.

    50 à 60 ans : c’est la durée moyenne de vie des réseaux AEP.

    0,63 % : c’est le taux moyen de renouvellement des réseaux. Le taux de renouvellement des réseaux sur cinq ans est un indicateur exigé pour tous les services d’eau potable (de distribution et/ou de transfert), contrairement à son homologue pour l’assainissement (obligatoire uniquement pour les grands services).

    Allez plus loin !

    Découvrez le descriptif complet du marché de l’eau en France, et Téléchargez nos publications d’où proviennent l’essentiel des informations ci-dessus :

  • "Mais qui aurait pu le prévoir ?"

    Anticiper.

    Ni le gouvernement actuel, ni les précédents, qu'ils soient de gauche ou de droite ne l'ont jamais fait. Il ne s'agit pas de bords politiques mais de deni de réalité pour une seule et unique raison : la croissance. Et deuxièmement parce que la masse a toujours refusé de changer ses habitudes. 

    Donc, maintenant, que la prise de conscience commence à faire son chemin dans les esprits, les politiques vont commencer à réfléchir. Ils vont donc organiser des commissions qui étudieront les tenants et les aboutissants pour écrire un rapport. Rapport qui sera lu, critiqué, contesté par tous ceux qui trouveront les restrictions beaucoup trop lourdes et qui crieront à l'atteinte à la liberté d'exploiter la planète : FNSEA, industriel de l'alimentaire, éleveurs, céréaliers, industrie chimique, nucléaire, etc etc... Et donc, une deuxième commission d'enquête sera créée... Et ainsi de suite. 

    Que les consommateurs franchissent le pas en acceptant l'idée que l'élevage intensif et la consommation de viande contribuent à la crise de l'eau et qu'ils rejettent en masse cette pratique relève de l'utopie. Combien de personnes connaissent quelque peu le dossier de l'eau ? En dehors d'une hausse énorme du prix de l'eau, le problème ne sera pas pris en compte par la majorité des gens. 

    De notre côté, je viens d'installer la douzième citerne de mille litres pour la récupération d'eau pluviale. Toute cette eau sert au potager et au verger, elle retourne donc à la terre. Le puits (cinq mètres de hauteur d'eau) complète l'ensemble. Même en pleine sécheresse, il reste opérationnel si on ne tire pas trop dessus. 

    Pour ce qui est de la rupture en approvisionnement en eau potable, on a acheté un filtre BERKEY, gros investissement pour nous mais une sécurité totale. 

     

    Sécheresse : un rapport gouvernemental appelle à "un changement radical" pour éviter de futures ruptures d'approvisionnement en eau potable

     

    La mission interministérielle formule de nombreuses recommandations pour mieux connaître l'étendue du problème, anticiper et informer.

    Article rédigé par

    franceinfo avec AFP

    France Télévisions

    Publié le 08/04/2023 14:03Mis à jour le 08/04/2023 14:47

     Temps de lecture : 1 min.

    Le lac de Serre-Ponçon (Alpes-de-Haute-Provence) partiellement asséché, le 16 mars 2023. (NICOLAS TUCAT / AFP)

    Le lac de Serre-Ponçon (Alpes-de-Haute-Provence) partiellement asséché, le 16 mars 2023. (NICOLAS TUCAT / AFP)

    Le "pire" a été évité lors de la sécheresse de l'été 2022 en termes de rupture d'approvisionnement en eau potable et des "mesures fortes" s'imposent pour éviter un tel scénario à l'avenir, selon le rapport d'une mission interministérielle dont Libération s'est fait l'écho samedi 8 avril. La mission évoque une "prise de conscience" qui "appelle un changement radical dans nos modes de gestion de l'eau et nos pratiques", dans ce rapport commandé par le gouvernement. La publication officielle est prévue mardi.

    Cette mission interministérielle relève que la catastrophe a été évitée en 2022 "grâce, d'une part, à la mobilisation exceptionnelle de l'ensemble des acteurs, et, d'autre part, à un niveau de remplissage élevé des nappes et des retenues à la sortie de l'hiver 2021-2022". Mais elle ajoute : "De telles conditions pourraient ne plus être réunies si un phénomène similaire se reproduisait dans les prochaines années, voire dès 2023".

    Un "cadrage plus précis" pour aider les préfets

    La période de plus d'un mois sans pluie début 2023 en France et l'organisation d'événements exceptionnels, "susceptibles d'agir sur la pointe de consommation d'eau potable dans plusieurs grandes villes à la même période, comme à l'été 2023 la Coupe du monde de rugby, puis en 2024, les Jeux olympiques et paralympiques, imposent une vigilance particulière quant au risque de rupture d'approvisionnement en eau potable", peut-on encore lire dans le rapport.

    L'administration formule 18 recommandations destinées à mieux connaître l'étendue du problème, anticiper et informer. Les auteurs s'attaquent notamment à l'épineuse question de la sobriété, rappelant l'objectif d'une réduction de 10% des prélèvements d'ici 2024, un objectif désormais repoussé à 2030 par le président Emmanuel Macron lors de la présentation du "plan eau", le 30 mars.

    Les auteurs suggèrent aussi un "cadrage national plus précis" pour aider des préfets submergés de demandes de dérogation en cas de restrictions de prélèvement, et face à des mesures perçues par le public comme trop sévères ou trop laxistes, comme par exemple l'arrosage des golfs.

    L'usage de l'eau en chiffres : qui prélève et qui consomme quoi en France ?

     

    30/03/2023

    L'irrigation, l'eau potable et le refroidissement des centrales nucléaires sont les principaux usages de l'eau douce en France, susceptibles de causer des conflits d'usages en cas de pénuries. Le point secteur par secteur.

     

    La France prélève en moyenne 33 milliards de mètres cubes d'eau par an sur les près de 208 milliards disponibles en moyenne chaque année dans les cours d'eau, les lacs ou les nappes, selon le ministère de la Transition écologique. Mais cette abondance n'est qu'apparente. D'une part, l'essentiel de la ressource doit impérativement rester dans les milieux naturels pour préserver un équilibre satisfaisant. D'autre part, ce renouvellement est soumis à de fortes variations annuelles (142 milliards de m3 seulement en 2019) et surtout saisonnière. Car l'essentiel de la consommation a lieu l'été, quand la disponibilité est au plus bas, provoquant des conflits d'usages voire des pénuries, comme dans les quelque 700 communes privées d'eau lors de la canicule en 2022.

    Et si les prévisions du Giec ne permettent pas d'affirmer que les précipitations vont diminuer, il est établi que l'augmentation des canicules se traduira par des sécheresses plus sévères. Pour bien mesurer l'usage de l'eau, il faut toutefois distinguer les "prélèvements" et la "consommation". Les prélèvements correspondent à l'ensemble des volumes puisés dans les rivières, les lacs ou les nappes, dont plus de 85 % retournent ensuite dans ces milieux aquatiques. La consommation, c'est la part restante de ces prélèvements, environ 15 %, qui sont absorbés par les plantes irriguées, les sols ou qui s'évaporent, interrompant le cycle qui conduisait ces volumes d'eaux vers la mer.

    Prélèvements : près de la moitié pour refroidir les centrales nucléaires

    Les prélèvements sont mesurés avec précision, étant soumis dans la plupart des cas à déclaration. Hors hydroélectricité, les 32,84 milliards de m3 prélevés en moyenne sur la période 2010-2019, derniers chiffres connus, se répartissaient ainsi :

    - 16,8 milliards de m3 d'eau douce utilisés pour le refroidissement des centrales électriques, essentiellement les centrales nucléaires

    - 5,3 milliards pour l'eau potable

    - 5,2 milliards pour l'alimentation des canaux

    - 2,9 milliards dévolus à des usages principalement agricoles

    - 2,6 milliards pour les autres usages, essentiellement industriels

    Consommation : 4,1 milliards de m3, essentiellement pour l'irrigation et l'eau potable

    La consommation d'eau en France s'établit à 4,1 milliards de m3 en moyenne par an sur la période 2010-2019, selon la nouvelle estimation publiée mercredi par le Service des données et études statistiques (SDES) du Ministère de la Transition écologique. Celle-ci revoit considérablement à la baisse l'estimation jusqu'à présent retenue de 5,3 milliards de m3.

    L'intégralité de la différence s'explique par la réévaluation de la consommation des centrales nucléaires. La nouvelle estimation - 0,5 milliard de m3 par an - se fonde sur les rapports environnementaux d'EDF, qui a fourni au ministère ses chiffres depuis 2010. "Les données d'EDF sont jugées fiables car elles ont déjà été rendues publiques dans ses rapports environnementaux" où l'énergéticien "explique bien ses trois méthodologies", a expliqué Béatrice Sédillot, cheffe du SDES, selon qui les précédentes estimations reposaient sur des "hypothèses fragiles".

    Cette réévaluation majeure de ces chiffres, régulièrement brandis dans les débats sur l'impact environnemental du nucléaire, intervient au moment où le gouvernement tente de relancer cette source d'énergie en France.

    En conséquence, l'agriculture reste la première activité consommatrice d'eau avec 58 % du total, devant l'eau potable (26 %), le refroidissement des centrales nucléaires (12 %) et les usages industriels (4 %). Dans la précédente estimation, l'agriculture était déjà la première consommatrice, mais avec seulement 45 % du total, tandis que les centrales comptaient pour 31 % et l'eau potable pour 21 %.

    Cette prévalence de l'agriculture s'explique par le fait que l'eau utilisée pour irriguer les cultures est considérée par le SDES comme "consommée à 80 %". "On estime que 100 % de l'eau prélevée est absorbée par les plantes ou les sols, sauf pour la technique d'irrigation gravitaire où 82 % de l'eau retourne au milieu aquatique", explique Mme Sédillot.

    La part de l'agriculture irriguée - environ 7 % des surfaces cultivées - est relativement limitée en France, mais la majeure partie de la consommation se fait en été. L'eau consommée naturellement par les plantes n'est pas comptabilisée.

    Avec AFP.

  • Darmanin et la violence politique.

    16 155 vues 6 avr. 2023 #Démocratie #Police

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    « Dans le long entretien qu’il a accordé au Journal du dimanche, le ministre de l’Intérieur tient en effet des propos extrêmement inquiétants. Lorsqu’il est interrogé sur les violences policières dont les images ont fait le tour du monde, il répond par exemple, après avoir déjà menti en soutenant que les gendarmes n’avaient pas utilisé d’armes de guerre à Sainte-Soline, qu’il - je cite - « refuse de céder au terrorisme intellectuel de l’extrême gauche qui consiste à renverser les valeurs » en faisant passer « les casseurs » pour des « agressés », et « les policiers » pour des « agresseurs ».

    Plus loin, il dénonce – je cite encore – des « fake news » et des « manipulations de l’information ». Et plus loin encore, il déclare très sérieusement que la NUPES - au sein de laquelle se sont réunis les écologistes, La France insoumise, le Parti communiste et le Parti socialiste – est, je cite toujours, « un mouvement qui prend la pente de l’ultragauche des années 1970 », c’est-à-dire d’une ultragauche qui pratiquait éventuellement la lutte armée.

    Tranquillement, Darmanin passe donc de la gauche à l’extrême gauche, puis de l’extrême gauche à l’ultragauche, puis de l’ultragauche à l’ultragauche pratiquant la lutte armée – pour nous suggérer que tout ça ne forme finalement qu’un seul et même ensemble de quasi-terroristes.

    Et il faut s’attarder sur ces hallucinantes déclarations, car bien sûr : on pourrait se contenter d’en rire, en imaginant Olivier Faure en train de s’acheter un pistolet automatique pour attaquer la Banque de France. Mais en réalité, les propos du ministre de l’Intérieur ne sont pas du tout rigolos : ils sont au contraire lourds de très graves menaces pour la démocratie »

    Nouvel épisode de Quelle époque formidable, la chronique politique de Sebastien Fontenelle, à retrouver tous les jeudis sur Blast ! Journaliste : Sébastien Fontenelle Réalisation : Mathias Enthoven Montage : Melanie Ciais Images : Arthur Frainet Son : Baptiste Veilhan Graphisme : Adrien Colrat Production : Sophie Romillat Directeur du développement : Mathias Enthoven Rédaction en chef : Soumaya Benaissa Directeur de la rédaction : Denis Robert Le site : https://www.blast-info.fr/ Facebook : https://www.facebook.com/blastofficiel Twitter : https://twitter.com/blast_france Instagram : https://www.instagram.com/blastofficiel/ Mastodon : https://mamot.fr/web/@blast_info Peertube : https://video.blast-info.fr

  • L'argumentarium

    19 416 vues 28 mars 2023

    Mégabassines : que dit la science ? L'Argumentarium #1

     

    Depuis quelques mois, vous n'avez pas pu y échapper : les mégabassines, ces ouvrages de stockage de l'eau pour l'agriculture, ont été mis à l'agenda politique. Comme toujours, on fait souvent parler la science pour valider telle ou telle position politique. Mais qu'en est-il vraiment ? Que dit la science sur ces aménagements controversés ? Entre science, société et politique, on fait le point sur les bassines : bienvenue dans l'Argumentarium...

    CHAPITRES : 00:00 Introduction 01:50 Générique 02:05 Qu'est-ce qu'une bassine ? 02:49 Bassine : pour quoi faire ? 04:34 La caution scientifique 06:13 La caution démocratique 07:05 Argumentaire en faveur des bassines 08:03 La(pré)caution scientifique 11:37 Le rapport d'étude du BRGM 18:13 Conclusion 19:15 Conclusion ?

    ERRATUMS : 3:22 : Il ne pleut pas forcément moins en hiver qu'en été partout en France, même si c'est le cas dans certaines régions : c'est surtout l'importante évapotranspiration qui est à l'origine du déficit d'eau en été. 6:10 : Il s'agit du label Haute Valeur Environnementale, et non Haute Qualité Environnementale (qui est un autre label dans le bâtiment)

    SOURCES (entre autres) : Quelques contributions de scientifiques au débat médiatique : https://bonpote.com/les-mega-bassines... https://bonpote.com/analyse-peut-on-s... https://www.radiofrance.fr/franceinte... https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/... https://www.lemonde.fr/planete/articl... https://france3-regions.francetvinfo.... https://www.ouest-france.fr/nouvelle-... https://www.ouest-france.fr/environne... Florence Habets sur Twitter : https://twitter.com/florencehabets Emma Haziza sur Twitter : https://twitter.com/HazizaEmma Magali Reghezza sur Twitter : https://twitter.com/MagaliReghezza https://basta.media/megabassines-ce-t... https://france3-regions.francetvinfo.... https://reporterre.net/La-pertinence-... Documentation : Qu'est-ce qu'une bassine en 1 minute :    • Qu'est ce qu'une ...   Le rapport du BRGM : http://infoterre.brgm.fr/rapports/RC-... Le rapport du modèle Jurassique : https://infoterre.brgm.fr/rapports/RP... Le protocole d'accord du Marais Poitevin : https://marais-poitevin.org/wp-conten... Communiqué de presse du BRGM : https://www.brgm.fr/fr/actualite/comm... Contre-étude d'Anne-Morwenn Pastier : https://reporterre.net/IMG/pdf/me_gab... A retrouver également en vidéo :    • Conférence publiq...   Interview d'Anne-Morwenn Pastier sur Blast :    • NO BASSARAN ! LA ...   Chapitre du dernier rapport du GIEC consacré à l'Europe : https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg2/do...