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  • Les médias

    Je n'aime pas les médias et le "commerce" qu'ils font de la violence en général. Une semaine devant les informations, les émissions du soir et on a une vue sordide de l'humanité. Agressions en ville à Grenoble, un jeune qui se fait tabasser par une bande alcoolisée, un viol, une séquestration, un attentat, une guerre, on augmente sans cesse dans le sensationnel le plus horrible. De la rue en bas de chez nous, du trottoir en ville, à la dimension d'un pays. Toujours ce regard malsain sur la partie sombre de l'homme.

    Mais quel intérêt ?

    Est-ce que ça va mettre un frein à tout ça ? Si ça avait été le cas, ça fait longtemps que l'humanité irait mieux...Tous ces exemples de violence ne servent pas à la faire disparaître. Ils deviennent par contre des exemples de vie, comme si tout ça était banal, normal, inévitable.

    Je vois régulièrement dans la tête des enfants les dégâts que ça cause : la peur. Et dès lors toutes les déviances qui s'en suivent :la violence, l'irrespect, l'indifférence. Chacun se terre dans sa peur.

     

    J'ai entendu un jour les Guignols de l'info se moquer de Jean-Pierre Pernaud et de son JT de midi sur TF1. "Bienvenue chez les Bisounours" qu'ils disaient. Alors je suis allé voir.

    Et bien, je ne suis pas du tout d'accord avec Canal. Ce JT de Mr Pernaud refuse de mettre en avant ce monde violent comme s'il était nécessaire pour l'information des masses que la noirceur soit mise sous les projecteurs. Au contraire, on voit des reportages sur des artisans au fin fond des Cévennes, des actions solidaires pour sauver une exploitation agricole, des artistes, des jeunes qui montent des projets humanitaires, du commerce équitable, la rénovation d'une chapelle, le nettoyage d'une rivière par l'association des pêcheurs...

    Insignifiant ? Non, absolument pas pour moi. C'est une vie réelle, une vie apaisée, réfléchie, une vie de rencontres, d'amitiés, de liens sociaux. Ca existe aussi, il y a des millions et des millions de cas identiques sur la planète, à chaque instant, en France, dans notre ville, dans notre quartier. Pourquoi est-ce que ça n'est pas mis sous les projecteurs ? Ca n'est pas assez sensationnel, ça n'est pas "rentable", ça ne fait pas monter l'audimat ?

    Je pense pourtant que ces gens mériteraient bien davantage d'être connus. Et non, les casseurs, les violeurs, les banksters, les gangsters, les curés pédophiles, les sérial killer, les Bush et consorts.

    Il ne s'agirait pas de se voiler la face mais de montrer que ce monde n'est pas qu'un ramassis d'ordures.

    Est-ce que ça ferait de nos enfants des "bisounours" ? Ou des individus auxquels les adultes auraient su présenter deux voies bien distinctes. La possibilité d'un choix. Et non l'obligation de lutter dans un monde violent. Comme s'il n'y avait que cette possibilité.

    On ne lutte pas contre le mal en exploitant les images qu'il génère.

    On lui oppose le bien. Le mal, on sait tous qu'il existe. Impossible de l'oublier. Mais quand une société, un peuple, une humanité finit par oublier que le bien existe en l'homme, on ne peut pas demander à nos enfants d'entrer dans la vie adulte avec confiance et sérénité...    

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  • Retour vers ...

    Agée de 13 ans, Sandra Ralic venait tout juste de commencer à étudier l'allemand à l'école. Depuis sa sortie du coma, elle est incapable de parler croate.

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    Médecins tentant de réanimer une patiente (photo d'illustration) (AFP) Médecins tentant de réanimer une patiente (photo d'illustration) (AFP)

    Une jeune Croate de 13 ans, restée vingt heures dans le coma, s'est réveillée en parlant couramment l'Allemand, et uniquement l'Allemand, apprend-on, mercredi 14 avril, sur le site du Daily Telegraph.

    Sandra Ralic venait tout juste de commencer à étudier l'Allemand à l'école. Ses parents ont expliqué qu'elle lisait des livres en allemand et regardait la télévision germanophone afin de progresser, mais qu'elle était loin de parler couramment la langue.

     

    Un comportement inhabituel selon les médecins

    Interloqués, les médecins de l'hôpital de Knin, dans le sud de la Croatie, ont déclaré que ce comportement était inhabituel et ont examiné la jeune fille afin de comprendre ce qui avait provoqué ce changement.

    "On ne peut jamais savoir exactement comment le cerveau réagira à la sortie d'un coma," a déclaré le directeur de l'hôpital, cité par le Daily Telegraph. "Evidemment, nous avons des théories, mais pour l'heure, nous préférons respecter l'intimité du patient."

    "Auparavant, nous aurions tout simplement décrété qu'il s'agit d'un miracle", a indiqué au journal britannique le Dr. Mijo Milas, expert psychiatrique. "Aujourd'hui, nous préférons penser qu'il y a une explication logique à cela, mais nous ne l'avons pas encore trouvé".

    "Il y a eu, par le passé, des cas de patients qui se sont réveillés d'un coma en étant capables de parler d'autres langues, parfois même des langues bibliques tel que l'ancien égyptien, mais pour l'instant, les spéculations à ce sujet sont ce qu'elles sont - des spéculations – et il est préférable de continuer à faire des analyses avant de nous prononcer sur la question", a conclu le psychiatre.

    (Jordan Grevet, Nouvelobs.com)

     

    http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/monde/20100414.OBS2435/une-adolescente-croate-sort-d-un-coma-en-parlant-allemand.html

     

    Je me souviens avoir lu il y a longtemps déjà le cas d'une femme américaine, scolarité très courte, mère au foyer, qui est happée par une voiture en traversant la route. Coma profond prolongé. Quand elle s'est réveillée, elle ne parlait que l'Allemand du Haut Moyen Age. Il a fallu trouver un chercheur en Histoire pour comprendre ce qu'elle disait. Elle ne parlait plus américain, ne reconnaissait plus ni son mari, ni ses trois enfants...

    Je n'ai jamais retrouvé de traces de cette histoire.  

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  • Le silence

    L’image contient peut-être : ciel, montagne, nature et plein air

     

    Je sais ce que j'aime dans l'hiver en plus de ses paysages enneigés, de ses forêts figées, des chevelures de poudreuse sur les crêtes. C'est le silence.

    Maintenant que le printemps se réveille, dès que je sors, je me heurte aux moteurs des motos, des tronçonneuses, des tondeuses, des voix éparpillées dans les jardins environnants, les cris des enfants, la rumeur de la ville deux kilomètres en contrebas.

    Rien à dire, pas de plainte, tout ça est normal, la vie extérieure reprend ses droits.

    Mais je regrette tout de même ce silence parce que j'ai conscience aujourd'hui du bien être qu'il m'apporte.

    J'ai la chance de vivre avec une femme qui aime ce silence tout autant que moi. Ne rien dire n'est pas une offense, pas de télévision, pas de radio, pas de musique. La chaîne hifi n'a pas fonctionné depuis des années. Le MP3 suffit à nos envies occasionnelles de musique. 

     

    Mais ce silence du monde m 'est tout aussi important que le silence de la maison. Comme si désormais, le bruit extérieur ne pouvait plus s'adjoindre au silence intérieur dans lequel j'aime évoluer.

    Les bruits de mes pensées, je tiens à les choisir. Et quand je sors, j'ai du mal à m'accoutumer à ces vagues incessantes. Elles sont trop dissonnantes. Je peux vivre sereinement devant l'Océan, sa houle est une mélodie contemplative et nullement agressante, j'aime le vent des montagnes, le bruissement des arbres, la furie des torrents, le babillage des ruisseaux. Mais les moteurs, les cris, les voix, ce sont des interruptions brutales dans le silence intérieur.

    C'est assez représentatif de la vie moderne d'ailleurs. Ce bruit comme une présence constante, comme un compagnon hyper actif...Jamais en repos. Qu'y a-t-il à entendre de soi quand il n'y a pas de silence autour de soi ? C'est comme une dispersion, une fragmentation, des pièces de puzzle. Est-ce que c'est volontaire, est-ce qu'il s'agit d'un remplissage, du comblement d'un vide insupportable, d'une habitude irréfléchie, inconsciente, éducative ?

     

    Quand je vais en montagne, je suis toujours surpris de rencontrer ces groupes de marcheurs volubiles. On les entend venir de loin...La même attitude que dans leur environnement quotidien. Comme si le silence partagé était une offense :"Tu fais la gueule ?" On la connaît bien cette question et elle fait tellement peur qu'on préfère meubler...C'est là qu'elle se trouve l'offense : c'est de penser que l'autre est capable de supporter n'importe quelle discussion, aussi insignifiante soit-elle...Quand on n'a rien à dire, il ne faut rien dire et il faudrait apprendre aux enfants à se taire et à aimer le silence. Ca laisse au moins l'opportunité de découvrir quelque chose d'intéressant qui vaudra la peine d'être partagé.    

     

    "Nous ne nous connaissons pas encore car nous n'avons pas encore osé nous taire ensemble."

    Albert Camus.

  • Rugby

    Oui, oui "rugby" !

    J'ai regardé un match cet après-midi et Fabien Galtié, ancien joueur et commentateur passionné et passionnant a eu une phrase que j'ai trouvée admirable alors qu'un joueur venait de manquer une pénalité cruciale.

    "Il faut être dans l'instant présent et pas dans les conséquences possibles du geste."

     

    Bien entendu que cette phrase s'appliquait au joueur, au sport en général d'ailleurs. Une balle de match au tennis...Combien de fois a-t-on vu un joueur sur le point de gagner une finale et ne plus être capable de marquer ce fameux point. Parce qu'il est submergé de pensées, parce que l'émotion a pris le pouvoir, qu'il n'est plus dans l'instant mais dans la remise de la coupe, dans le palmarès du tournoi, dans tous les rêves d'enfant qu'il a eus alors qu'il commençait vraiment à bien jouer, dans la reconnaissance, dans l'égo. Pas un égo négatif et destructeur, il est tout à fait normal d'être heureux dans un instant pareil, mais un égo qui va au-delà de l'instant, qui vit hors du présent et du coup vient pertuber les qualités du joueur.

     

    C'est assez effrayant tout de même...Quand on y pense sérieusement, en essayant d'analyser les éléments en présence. Tout est pourtant la propriété de l'individu. L'adversaire, en face, n'est pour rien dans cette "sortie de route". Alors que rien n'est plus important pour ce sportif que cette victoire, il va de lui-même créer des phénomènes internes si puissants que cette victoire risque de lui échapper. Comme si quelque chose en lui n'en voulait pas...Ca n'est évidemment pas le cas. Il s'agit simplement d'une incapacité à rester dans l'instant, tout simplement, à rester ancré dans la vie réelle et pas dans une vie imaginée, cette vie qui n'a aucune existence puisque d'ailleurs elle risque bien de ne jamais survenir...

     

    Alors cette phrase de Fabien Galtié, elle m'est restée à l'esprit et j'ai essayé de l'étendre aux autres circonstances de la vie.

    Une rencontre par exemple : Dès lors qu'un individu se laisse emporter par la possibilité d'une histoire amoureuse, il entre dans "les conséquences du geste." On peut facilement déduire que tout comme un joueur de tennis avant une balle de match, il ne sera plus maître de lui-même, que les émotions le submergeront au point qu'il ne sera plus lui-même mais une tentative de lui-même, celui qu'il aimerait devenir. Peut-être d'ailleurs que son trouble sera émouvant et touchera l'autre personne. Mais on entre dès lors dans le domaine de l'éventualité et pas de la réalité. Peut-être aussi, après quelques temps, lorsque l'émotion aura été consommée et que la plénitude sera de nouveau installée, que le retour au grand jour de l'individu réel amènera une désillusion chez le partenaire, comme si l'image émouvante avait rendu l'âme et que l'âme apparue n'était pas aussi belle. La réalité n'est pas toujours reluisante. C'est encore pire lorsqu'elle a été camouflée. Que ce soit conscient ou pas.

    Alors, chaque partenaire ira chercher une "autre finale", une autre émotion exacerbée, une autre réalité travestie, sans réaliser que le retour de flamme sera nécessairement le même. On ne peut pas tricher indéfiniment avec la réalité.

     

    Alors, maintenant, il conviendrait d'autopsier en profondeur nos fonctionnements pour déterminer le nombre de fois et les situations répétées dans lesquelles nous ne sommes pas dans la réalité parce que nous nous projetons dans "les conséquences possibles du geste." 

    Merci Fabien Galtié.

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  • Un site à suivre de près.

    Une mine.

    http://blog.syti.net/

     

    Incontournable.

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  • L'écriture

    "Lorsqu'on est pénétré de quelque grande vérité et qu'on la sent vivement, il ne faut pas craindre de la dire, quoique d'autres l'aient déjà dite. Toute pensée est neuve, quand l'auteur l'exprime d'une manière qui est à lui."

    Vauvenargues.

     

    Je viens de retrouver cette citation alors que je l'avais lue la première fois au lycée, en classe de Terminale. J'aimais écrire, j'en avais besoin. Mais j'étais toujours insatisfait, comme si justement je ne faisais que resservir avec une misérable cuillère une soupe cuite et recuite, collée au fond du plat et que je devais râcler furieusement pour essayer d'y apporter une infime saveur...Dans une perpétuelle désillusion.

    Je sais aujourd'hui que ce que j'écrivais, je ne l'éprouvais pas, je ne vivais rien mais je me croyais vivre à travers ces mots jetés comme autant de signes de reconnaissance. Je n'écrivais pas pour me comprendre mais pour exister aux yeux du monde, un besoin d'identification.

    L'art comme un diplôme scolaire, un joli papier à encadrer et que je porterais comme un étendard. Toujours ce fameux embrigadement existentiel en fait. Nous sommes élevés dans cette quête constante et effrénée de reconnaissance. Il n'y a rien d'intime dans cette démarche, dans cette soumission à l'autre, aucun amour pour soi mais une recherche de l'amour de l'autre. Et dès lors, il n'y a rien qu'un vide rempli de salissures, jusqu'à aimer davantage l'amour reçu d'autrui que l'amour réel de soi.

    L'amour comme un palliatif à notre incomplétude et l'écriture comme un bouquet de fleurs, un cadeau enrubanné de paroles mensongères.

    Dès lors qu'on écrit pour transmettre, il y a une intention, une pensée autre que cette vérité que l'on se doit d'explorer et de vivre. Et l'intention prend une telle importance, elle devient si obsessionnelle que le message lui-même s'y perd. C'est tout le problème des religions d'ailleurs. Les rituels sont devenus plus puissants et envahissants que la vie qu'elles honoraient à l'origine. L'art est une religion perdue dès lors qu'il a une intention si forte que le créateur s'y soumet.

    Il ne s'agit pas de savoir si l'idée a déjà été malaxée mais de savoir s'il est possible qu'elle nous nourrisse, qu'elle ne soit pas les résidus d'un plat que l'on souhaiterait faire goûter...Nous ne serions sinon que des oisillons réclamant la becquée.

     

    Un jour j'ai cessé de vouloir écrire. Et dès lors j'ai découvert ce que je portais. Et les mets que je transportais et que je n'avais jamais goûtés puisque je pensais que les nourritures des autres étaient infiniment plus délicates...Peut-être que ces saveurs sont agrémentées des lectures, des pensées, des réflexions, des cheminements des dizaines et dizaines d'auteurs que j'ai dévorés mais la différence essentielle entre aujourd'hui et cette époque révolue, c'est qu'aujourd'hui, j'écris pour moi, pour être ce que je dois devenir.

    Je bénis la vie qui m'a brisé, je bénis les épreuves qui m'ont arraché aux illusions intellectuelles, égotiques, aux errances durant lesquelles j'adorais mes oeillères.

     

    "Ça écrit en moi."

    Cette idée, une nuit, alors que les mots s'alignaient, j'écrivais "JUSQU'AU BOUT", vingt-sept pages d'une traite, les heures avaient défilé, la fenêtre ouverte, assis tout nu sur mon fauteuil, j'avais chaud, si chaud, les mots comme des noyaux en fusion, dégorgeant des magmas insoumis, les doigts pianotant des mélopées enflammées, impossible de suspendre cet élan, ça écrivait en moi parce que j'étais en moi et non pas enfermé dans des réflexions intellectualisées, des citations tronquées, des vomis ravalés, j'étais là, pleinement, infiniment là, et les mots jaillissaient comme des connexions d'âmes, un haut débit jamais atteint, inespéré, et puis enfin cette certitude que la vie n'avait jamais été aussi réelle, que je n'avais jamais plongé aussi profondément en moi, que je n'avais jamais été capable d'aller chercher ainsi dans les strates les plus enfouies, les plus fossilisées, les vérités perdues.

     

    Alors, oui, effectivement, peu m'importait la qualité des paroles, leurs enluminures, leurs intonations. Tout était là, pour moi, selon ma vérité intérieure.

  • Un autre regard.

     

    Mais alors, si ces épreuves que j'ai endurées, je les ai reçues à l'époque comme des drames répétés et qu'ils portaient en eux l'opportunité des révélations, de l'évolution, de l'éveil, c'est donc que je ne savais pas les accueillir, que je ne les observais que d'un angle précis de la pièce, emmûré dans des fonctionnements archaïques.

    Il existerait un autre regard, une autre vision. La durée et l'intensité des épreuves ne seraient que proportionnelles à l'effort nécessaire pour arracher les oeillères. Ou étendre ses regards à une dimension d'univers.

    Carl Gustav Jung, Aurobindo, Krishnamurti. Juste ces trois esprits. Ils ont connu un moment de rupture, un drame, une épreuve, chacun dans leurs parcours respectifs. Bien entendu qu'ils avaient déjà oeuvré intérieurement à l'émergence de ce regard mais ils n'ont pourtant pas échappé à "l'épreuve"...

    Il existe pourtant des "éveils spontanés".

    D'où vient dès lors cette accession brutale, soudaine, inattendue, nullement préparée parfois ?

    Eckhart Tolle, Virgil, Ciussi. Juste ces trois esprits. Etrange ouverture comme un arrachement explosif, le basculement dans un autre monde, comme une frontière franchie alors même que le voyage n'était pas entamé. Pas de réponse. Un cadeau peut-être, juste pour prouver que c'est possible, qu'il y a un autre état à connaître, une dimension à explorer.

    Il existe aussi des voyages inaboutis. Des épreuves qui n'ont rien donné de durable. Juste un horizon qui se dégage durant quelques jours, semaines, mois, années, une vie entière parfois. Et pourtant cet attachement forcené aux anciennes connaissances, aux idées adorées. Ce moi qui ne veut pas lâcher prise, qui ne veut rien entendre, qui maintient ses certitudes, ce regard limité. Comme un marcheur sur les crêtes éthérées et qui ne lèverait jamais les yeux de ses chaussures...De peur de faire un faux pas...

    "Tout être en quelque sorte est la semence de l'être qui doit sortir de lui."

    Marc Aurèle.

    Mais il y a la peur.

    La peur de l'inconnu. Nous sommes élevés dans un cadre précis, des objectifs que la vie sociale nous assigne : scolarité, vie professionnelle, vie amoureuse, vie familiale, une voie déjà tracée sur laquelle nous tentons chacun d'établir quelques parcelles de choix, de liberté. Nous cherchons dans diverses possessions à prendre forme, quelques identifications qui marquent nos horizons immédiats de notre empreinte. Est-ce que la semence doit vraiment donner vie à cet individu formaté ? Est-ce que nos "libertés" sont réelles ? Je suis indubitablement plus "libre" que les Birmans dans l'horizon social. Qu'en est-il dans la dimension spirituelle ? Et quelle est cette dimension ? En quoi consiste-t-elle ? Est ce là que Marc Aurèle parle de l'être à venir ?  

    Il est possible en tout cas que les épreuves ne soient que l'opportunité de grandir. Comme une graine germée qui devrait percer la carapace durcie d'une terre asséchée. Tendre vers les lumières célestes et dépasser les jungles moites, s'extraire des foules, des mouvements de masse, ne pas les haïr, aucune colère, mais la lucidité à acquérir pour que cette liberté s'élève, que l'être prenne forme non pas dans la dimension sociale mais dans un espace unique.

    Et découvrir alors, qu'il existe, étrangement, des liaisons inexpliquées avec toutes ces âmes libérées, que des passerelles sont tendues, qu'elles n'ont pas de nom, que la science ne les a pas identifiées, qu'elles ne le seront peut-être jamais.

    Juste de l'Amour peut-être. Un amour sans espace, sans temps, sans limites, sans frontières, ni cadres. Sans règles, ni intentions, sans objectifs, ni attentes. Juste le bonheur de savoir qu'un autre existe, qu'il aime s'asseoir au sommet d'une montagne, au bord de l'Océan, marcher sous le couvert des arbres, traverser des déserts, écouter la croissance des herbes, dessiner des peuples d'anges avec les nuages.