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  • Préambule à Kundalini

    Tantrisme

     

    Après avoir écrit "Kundalini", je souhaitais reprendre "Les Eveillés", écrit il y a dix ans. Je réalise en le retravaillant à quel point "Kundalini" était déjà en moi, prêt à germer.

     

    LES ÉVEILLÉS

     

    « Puisque je ne maîtrise rien, je n’ai rien à souhaiter et si je ne souhaite rien, que je ne suis plus dans l’espérance, je ne peux pas être déçu par les événements qui surviennent ou par l’absence de toute évolution, de tout changement. Chaque instant est un changement et une continuité, un prolongement et une cassure, une surprise et une routine. C’est juste le regard que je lui porte qui l’étiquette mais si cette observation est dénuée de toute interprétation, l’événement, quel qu’il soit reste ce qu’il est. Laisse la vie te vivre et rien ne pourra t’atteindre. »

    Elle était dehors, assise sur la terrasse. Elle avait senti lâcher en elle une résistance ancienne, elle avait entendu tomber dans l’océan de ses prétentions la chaîne rouillée de ses certitudes, comme un ancrage qui rompait ses amarres, le courant de l’existence qui reprenait ses droits. Il ne lui restait qu’à être dans l’acceptation inconditionnelle.

    Le bonheur ne prenait son envol qu’à partir du moment où l’être ne cherchait justement pas à s’envoler. L’intention comme l’aspiration n’étaient que des entraves. Cette élévation euphorique ne lui appartenait pas plus que les effondrements. Elle n’en était pas responsable mais il dépendait d’elle d’en souffrir ou pas. Juste un regard lucide.

    Sourire intérieur. Bouffées de chaleur. Elle avait levé les yeux. Toujours cette impression d’être conseillée. De ne pas être seule.

    Au-delà des étoiles, le fond du ciel rayonnait d’une étrange pâleur laiteuse, des reflets de veilleuse lointaine.

    Elle était retournée se coucher avec une envie irrépressible d’aimer Yoann, de tout son corps, de toute son âme, comme s’il était impossible de garder en elle cette énergie sublime, qu’elle devait en jouir, la libérer, la consumer, jusqu’à la dernière particule. Elle s’était allongée contre le corps chaud, elle l’avait caressé, tendrement, il dormait, profondément recroquevillé dans le nid du sommeil, elle avait murmuré à son oreille, glissé sa langue sur le lobe, ses doigts dessinant sur sa peau nue des arabesques soyeuses, il avait gémi, doucement, il s’était étiré, elle avait enveloppé la verge dans ses mains en coquille, le cœur bondissant, l’esprit enflammé, la pointe de sa langue avait tracé un chemin sinueux jusqu’au membre ranimé, elle l’avait piqueté de baisers mouillés, cette chaleur dans son ventre, cette certitude bienheureuse d’avoir libéré en elle une énergie étouffée, elle devinait l’envol pétillant des étincelles, myriades d’étoiles filantes, elle l’avait chevauché, la tête fébrile du sexe érigé avait délicatement entrouvert les lèvres luisantes, comme un vaisseau ardent la tige gonflée de désirs avait tracé dans son calice impatient des sillages constellés de pollens vivaces, des semences de bonheur, elle avait senti ruisseler en elle la sève épaisse des embrasements, des magmas flamboyants qui délivraient dans les fibres des explosions singulières, des remontées insatiables de flux incandescents, des palpitations d’univers, l’espace en elle l’avait absorbée, elle avait perdu pied, envahie de visions inconnues, des folies sublimes qui la bouleversaient.

    Elle s’était abandonnée à l’inconscience, elle avait accéléré les mouvements ondulatoires, accentué les pressions, exacerbé les contacts, plongé la langue dans sa bouche ouverte, malaxé ses épaules, mordillé sa poitrine, tordu les draps, sans pouvoir clairement identifier la source des gémissements lascifs qu’elle percevait dans le brouillard phosphorescent de son esprit.

    Explosion.

    Cataclysme.

    Son corps comme un épicentre adorant les séismes, électrisé, secoué de spasmes, tensions musculaires, abandon, relâchement ultime, partir dans le flux du plaisir, inconscience, inconscience, n’être qu’une vibration tellurique, le noyau embrasé d’un cœur d’étoile.

    Recommencer.

    Recommencer.

    Recommencer.

    Jusqu’à l’épuisement.

    Puis cet effondrement douloureux, cette descente vertigineuse, ce retour incontrôlable, cette lourdeur si éloignée, si étrange, si cruelle.

    Laisse la vie te vivre.

    Elle avait psalmodié le précepte jusqu’à ce que le sommeil l’emporte."

  • Court-métrage en classe.

     

    Là, je suis émerveillé. Très ému. Il y a une petite fille "particulière" dans ma classe. Une très grande sensibilité, une intelligence vive, étendue à tout ce qu'elle fait, alliée à une joie de vivre qui rayonne. 
    Il y a quelques jours, j'ai passé ce court-métrage dans la classe. Puis, on a beaucoup parlé.

    L'empathie...L'intuition...L'expression des émotions...Le respect...La reconnaissance...


    On a détaillé aussi la mise en scène, le jeu des acteurs, le travail du cameraman, les prises de vue, le symbolisme du râteau qui tombe, les feuilles emportées par le vent, le fait de planter la fleur parmi les autres, comme le retour de la petite fille avec les autres enfants...

    Le travail cinématographique comme le travail d'écriture d'une histoire.

    Je viens de corriger le texte de cette petite fille "particulière". Et elle a écrit ça :

    "A la fin du film, quand le jardinier et la petite fille mettent la plante parmi les autres, on voit du pollen qui vole et je sais pourquoi. Le pollen, c'est la vie qui revient. C'est pour dire que la petite fille est guérie. La vie est la plus forte, elle revient toujours".

    Voilà les moments qui me manqueront quand je fermerai ma classe pour de bon.

     

    Lundi, on va travailler sur cette vidéo-là.

    Je vais constituer deux groupes qui auront pour mission de raconter l'histoire sous les deux angles de vue : le passager occidental et l'Arborigène. 

    Ensuite, on cherchera ensemble à définir précisément la morale de l'histoire. 

    Objectifs :

    Réfléchir sur les raisons qui nous amènent à une mauvaise compréhension de la situation au début de l'histoire : l'allure "riche", soignée et connue de l'occidental contre l'allure "étrange", hirsute et inconnue de l'Arborigène.

    Analyser ce que représentent les préjugés et d'où ils viennent : éducation familiale, conditionnement sociétal, impact des médias, transmission historique (école...)

    Observer en soi les émotions éprouvées au début de l'histoire.

    Observer en soi les émotions éprouvées à la fin de l'histoire.

    Comprendre l'origine des émotions de la première partie.

    Comprendre l'origine des émotions de la deuxième partie.

     

    Quelles leçons tirer de cette histoire ?

     

    Pour ma part, après les avoir laissé exprimer tout ce qui viendra, je leur dirai :

    - qu'il ne faut pas se fier qu'aux apparences.

    - "Il ne faut pas se fier aux apparences", c'est pour les bisounours et c'est dangereux. 

    Il y a des gens que je peux croiser et dont je me méfierai. Non pas nécessairement en raison de leur apparence mais en raison de leurs regards... Parce que le regard va plus loin que l'apparence : il sonde l'esprit. 

    Il faut se fier à son intuition, pas nécessairement à l'éducation. Il faut surtout apprendre à identifier les deux puis à passer la situation au tamis de ces deux méthodes d'analyses. Qu'est-ce que me dit mon intuition ? Qu'est-ce que me transmet mon éducation ? Que me conseille l'assemblage des deux ?  

    On va certainement beaucoup discuter :) Les enfants me parlent souvent de l'intuition. C'est quelque chose qui les interpelle beaucoup et quand on lance le sujet, on n'en voit pas la fin :) 

    Le travail d'expression écrite contiendra bien évidemment comme objectif d'appliquer toutes les règles de la langue déjà étudiées. 

    Le travail artistique sera de dessiner les visages des deux personnages, côte à côte, de face. 

    L'occasion aussi de leur faire écouter ça et de leur montrer ces images.

    On vient d'étudier en Histoire l'époque des grands voyages maritimes, les explorations des océans et les colonisations qui ont suivi.

    Géographie et Histoire. 

    On finira par les sciences avec la faune endémique de l'Australie. 

    Semaine bouclée. 

     

     

     

     

  • Du bon usage des crises

     

    Résultat de recherche d'images pour "crise spirituelle"

     

    Un texte magnifique, sublime, unique. Un extrait d'une conférence de Christiane Singer.

    A le lire, je me dirais presque qu'il est ridicule et présomptueux que je veuille écrire des livres sur tout ça quand ça a déjà été si parfaitement décrit. Si cela ne me concernait pas directement et prioritairement, il serait juste en effet que je cesse tout écrit. 

    Mais j'écris par nécessité. Pas simplement par plaisir ou passion.

    Je me soigne à écrire ce qui me guérit.

    Un jour, il y a longtemps, je me suis dit que peut-être toutes ces histoires, puisqu'elles me sont utiles, vitales, salvatrices, peut-être pourraient-elles l'être quelque peu pour des lecteurs et lectrices. Peut-être que ces histoires pourraient devenir une invitation à ne plus avoir peur des crises...

    J'ai connu des crises redoutables. A travers l'histoire de mon frère, Christian, puis par des déflagrations dévastatrices dans mon corps, l'explosion des seuils de douleur et de souffrance. Je sais aujourd'hui tout ce que ces périodes m'ont enseigné. S'agit-il d'une leçon offerte par la vie elle-même, ce qui laisserait entendre qu'une "intelligence" intervient, ou s'agit-il d'un progrès que je suis en droit de m'approprier ? Sans fausse modestie, sans prétention, sans l'oubli de l'humilité nécessaire. 

    Bien sûr que d'autres humains ont connu ou connaissent des drames bien plus graves que les miens. Je vis dans un pays en paix où des soins existent, j'ai toute la nourriture nécessaire, je ne suis aucunement en danger. Les humains qui connaissent des crises de cet ordre, guerre, famine, épidémie et qui parviennent malgré tout à s'éveiller intérieurement, à explorer l'espace de la conscience, ces humains-là, je les admire considérablement. Ils sont là, les véritables héros, les gens qui devraient être vénérés. Les autres à leurs côtés ne sont rien. 

    Oui, les crises intérieures sont des tremplins. Si tant est que l'individu parvienne à se hisser jusqu'au dernier mètre, trouve l'énergie consciente de ramper jusqu'au bord du vide. Et d'y sauter.

     

    J'écris comme l'individu qui rampe vers le vide, je sais que là-haut, lorsque j'y parviens et que je saute dans le vide intérieur, les mots m'accompagnent, ils sont comme des ailes. Et le vol au-dessus de mes gouffres est désormais délicieux.  

    Les situations passées n'ont pas changé. Elles sont toujours dramatiques et douloureuses. Mais je les regarde maintenant à travers le prisme de ce que j'y ai appris. 


     

    DU BON USAGE DE LA CRISE

    "J’ai gagné la certitude que les catastrophes sont là pour nous éviter le pire. Et le pire, comment pourrais-je exprimer ce qu’est le pire ? Le pire, c’est bel et bien d’avoir traversé la vie sans naufrages, d’être resté à la surface des choses, d’avoir dansé au bas des ombres, d’avoir pataugé dans ce marécage des on-dit, des apparences, de n’avoir jamais été précipité dans une autre dimension. Les crises, dans la société où nous vivons, elles sont vraiment ce qu’on a encore trouvé de mieux, à défaut de maître, quand on n’en a pas à portée de main, pour entrer dans l’autre dimension. Dans notre société, toute l’ambition, toute la concentration est de nous détourner, de détourner notre attention de tout ce qui est important. Un système de fils barbelés, d’interdits pour ne pas avoir accès à notre profondeur.

    C’est une immense conspiration, la plus gigantesque conspiration d’une civilisation contre l’âme, contre l’esprit. Dans une société où tout est barré, où les chemins ne sont pas indiqués pour entrer dans la profondeur, il n’y a que la crise pour pouvoir briser ces murs autour de nous. La crise, qui sert en quelque sorte de bélier pour enfoncer les portes de ces forteresses où nous nous tenons murés, avec tout l’arsenal de notre personnalité, tout ce que nous croyons être.


    Récemment sur une autoroute périphérique de Berlin où il y a toujours de terribles embouteillages, un tagueur de génie avait inscrit sur un pont la formule suivante : « Détrompe-toi, tu n’es pas dans un embouteillage, l’embouteillage c’est toi ! ».

    Nous sommes tous spécialisés dans l’esquive, dans le détournement, dans le « divertissement » tel que le voyait Pascal. Il n’y a au fond que cette possibilité, subitement, de se dire : « Oui mais tout cela, tout ce qui m’enserre, tout ce qui m’étrangle, mais c’est moi ! ».

    Ce serait une erreur de croire que la crise est quelque chose de normal, d’inhérent à la nature humaine. Il y a de nombreuses sociétés, toutes les sociétés traditionnelles, qui ont une toute autre façon d’agir. Un ami anthropologue m’a rapporté ces mots d’un Africain qui lui disait : « Mais non monsieur, nous n’avons pas de crises, nous avons les initiations ». Et les initiations sont la ritualisation de ces passages, c’est-à-dire cette possibilité pour l’homme de passer d’un état d’être naturel, premier, à cet univers agrandi, où l’autre versant des choses est révélé. Et il s’avère que toutes ces initiations, dans leur incroyable diversité, et inventivité – parfois des rites d’une cruauté qui nous paraît insoutenable - ont tous la même visée : mettre l’initié en contact avec la mort, le faire mourir ; le vieux principe du « meurs et deviens ». que ce soient les rites des aborigènes australiens qui enterrent les néophytes pendant trois jours sous des feuilles pourries, ou les épreuves auxquelles sont soumis les jeunes Indiens,
    il n’y a pas un rite pourtant qui soit aussi cruel que l’absence de rite. Et la vie n’a pas d’autre choix que de nous précipiter ensuite dans une initiation, cette fois sauvage, qui est faite non plus dans l’encadrement de ceux qui nous aiment, ou qui nous guident, de chamans, ou de prêtres ou d’initiés, mais dans la solitude d’un destin. Ces catastrophes qui ne sont là que pour éviter le pire ! Il peut vraiment paraître très cynique de parler ainsi. J’ai connu cette période où lorsqu’on entend une chose pareille, et que l’on est soi-même plongé dans un désespoir très profond, ces propos paraissent d’un cynisme insupportable. Et pourtant quand on a commencé à percevoir que la vie est un pèlerinage, quand à une étape de ce pèlerinage on regarde en arrière, on s’aperçoit vraiment que les femmes, les hommes qui nous ont le plus fait souffrir sur cette terre, sont nos maîtres véritables, et que les souffrances, les désespoirs, les maladies, les deuils, ont été vraiment nos sœurs et nos frères sur le chemin. Je sais que cela peut avoir une coloration insupportable quand on est dans une phase de désespoir, mais c’est tellement fabuleux quand on s’arrête en cours de route, quand on regarde en arrière, et qu’on se dit : « mais oui, c’est vrai ! ».

    Comment se joue la crise ? On pourrait utiliser ce mot de retournement, de renversement. Qu’est-ce qui se passe dans la crise ? Il se passe à peu près ceci qu’une voix s’adresse à vous, et vous dit : « Tu as construit une vie, oui bravo, eh bien détruis-la ; tu as construit une personnalité, formidable, bravo, détruis-la ; tu t’es battu, tu as été courageux, un courage extraordinaire, mais l’heure de la reddition est venue, à genoux ! ». Ou encore, comme pour Abraham : « Tu as mis un fils au monde, bravo, rends-le moi ! ». Tous ces moments de l’intolérable, de l’inacceptable, qui dans l’ordre des choses vécues, dans l’ordre de l’immédiat sont le scandale absolu ! Rends-mois ce que je t’ai donné ! Pour moi la plus extraordinaire histoire qui les symbolise toutes est celle de Job. J’adore cette histoire de Job, j’y reviens toujours. Job a été vraiment le serviteur de Dieu, l’homme de tous les succès. Une vie accomplie, entourée de richesse, de troupeaux de bœufs, ses femmes, ses fils, ses serviteurs, une richesse que Dieu bénit. Ce même homme, Job maudit, Job sur son tas d’immondices qui gratte ses ulcères, Job qui ne lâche pas prise, qui dit : « Je m’adresserai à Toi mon Dieu, jusqu’à ce que Tu m’expliques la raison qui me ferait accepter l’inacceptable, j’attends de Toi une réponse qui me convainque ». Et cette interrogation qui le pousse pendant des jours et des semaines et des mois, à ne pas lâcher prise et cette phrase qui est pour moi une des phrases les plus poignantes : « Pourquoi ne peux-Tu pas donner raison à l’homme contre Toi-même ? ».

    Aussi longtemps que Job demande à Dieu de paraître devant lui, et de lui expliquer l’inexplicable, de lui dire la raison de toute cette horreur, de tout ce désespoir, de tout ce désastre d’une existence : « Viens ! Viens, je n’ai plus que la peau sur les os lui dit-il, viens, parle-moi ». Dieu ne vient pas, Dieu ne parle pas. Arrivent tous les amis, tous les copains, les thérapeutes, qui lui expliquent : « Ecoute, je suis persuadé que tu as fait une erreur, écoute, réfléchis, souviens-toi ! » Mais Job ne les écoute pas, le brouhaha des voix dehors.

    « Réponds-moi, réponds-moi ! » Et quand l’ami Elihu lui a dit : « Mais non, tu vas voir, Dieu ne répond pas ». A ce moment-là, Dieu répond. Contre toute attente Dieu répond. Mais Dieu répond à côté de la question. Dieu n’évoque pas un seul instant toute la vie de Job détruite, tous ses espoirs anéantis, sa famille, tous ceux qu’il a aimés, Dieu parle du ciel et de la terre, des oiseaux et des arbres, Dieu parle de la mer, de l’océan et des plages. Dieu répond à côté. Et voilà que se passe l’inattendu. Job, loin d’être scandalisé par cette réponse, qui n’en est pas une dans l’ordre de la logique, voit subitement tout d’un autre lieu. L’entière création, d’un autre lieu, d’un lieu où tout le drame d’une être ne fait même pas un remous à la surface du créé. Un lieu de l’univers agrandi, et job dit : « Mon Dieu je ne te connaissais que par ouï-dire, mais maintenant je t’ai vu ». Et Job est un autre homme. Et à partir de ce moment-là par une ironie divine, tout lui est rendu puisqu’il n’a plus besoin de rien. C’est au niveau de cette histoire de Job, que j’ai pour ma part rencontré le travail de Dürckheim. Dans une crise vraiment très profonde. Après avoir traversé une existence très préservée, très occupée à éviter les naufrages, toute cette adresse à passer entre les catastrophes, entre les blessures, et subitement, après quinze ans de mariage, l’arrivée d’une autre femme, l’arrivée dans une existence préservée d’un autre être, qui du jour au lendemain détruit l’univers que vous vous étiez construit. Et la traversée, pendant deux ans, trois ans, de la solitude de l’abandon, dans un pays étranger, dans un village au bout du monde, et la rencontre du travail de Dürckheim et d’une remarquable femme, son élève, qui travaillait avec la voix. Alors que j’attendais d’elle qu’elle me donne la force de faire mes bagages, et de partir avec mes fils, elle m’a dit : « Tu restes là, assise au milieu du désastre, là. Tout le travail que j’ai fait par la suite avec le corps, avec la présence au monde, aux choses, cette leçon, non seulement d’accepter l’inacceptable, mais d’y entrer, d’y établir ses pénates, entrer dans le désastre, à l’intérieur, et y rester, y rester ! Non pas fuir, mais oser rester, à l’endroit où je suis interpellée, à cet endroit où tombent tous les masques, où tout ce que je n’aurais jamais pu croire s’avère être en moi, tous les démons, toute l’ombre. Les paroles éclatent et tous les démons déferlent dans la vie, la jalousie, l’envie de meurtre, l’autodestruction. Et je reste là et je regarde. Cette troisième voie est probablement le salut pour notre époque si torturée. Je m’explique : nous connaissons dans notre Occident deux voies quand nous sommes dans un état d’étouffement, d’étranglement ; l’une c’est le défoulement, c’est crier, c’est exprimer ce qui était jusqu’alors rentré. Il y a de nombreuses formes de thérapies sur ce modèle et c’est probablement, en son lieu et place, quelque chose de très précieux, pour faire déborder le trop plein. Mais au fond, toute l’industrie audiovisuelle, cinématographique, est fondée sur ce défoulement, cette espèce d’éclatement de toute l’horreur, de tout le désespoir rentré, qui en fait le prolonge et le multiplie à l’infini. L’autre réponse, c’est le refoulement : avaler des couleuvres, et devenir lentement ce nid de serpents sur deux pattes, avec tout ce que ces vipères et couleuvres avalées ont d’effet destructif sur le corps et l’âme. Et le troisième modèle qui nous vient d’Extrême-Orient et qu’incarnait Dürckheim : s’asseoir au milieu du désastre, et devenir témoin, réveiller en soi cet allié qui n’est autre que le noyau divin en nous. J’ai rencontré voilà quatre jours, en faisant une conférence à Vienne, une femme ; et c’est une belle histoire qu’elle m’a racontée qui exprime cela à la perfection. Elle me disait à la perte de son unique enfant, avoir été ravagée de larmes et de désespoir, et un jour, elle s’est placée devant un miroir et a regardé ce visage brûlé de larmes, et elle a dit : « Voilà le visage ravagé d’une femme qui a perdu son enfant unique », et à cet instant, dans cette fissure, cette seconde de non identification, où un être sort d’un millimètre de son désastre et le regarde, s’est engouffrée la grâce. Dans un instant, dans une espèce de joie indescriptible, elle a su : « Mais nous ne sommes pas séparés », et avec cette certitude, le déferlement d’une joie indescriptible qu’exprimait encore son visage. C’était une femme rayonnante de cette plénitude et de cette présence qu’engendre la traversée du désastre. Il existe, paraît-il, dans un maelström, un point où rien ne bouge. Se tenir là ! Ou encore, pour prendre une autre image : dans la roue d’un chariot emballé, il y a un point du moyeu qui ne bouge pas. Ce point, trouver ce point. Et si un seul instant, j’ai trouvé ce point, ma vie bascule, parce que la perspective est subitement celle de Job, cette perspective agrandie, de la grande vie derrière la petite vie, l’écroulement des paravents, l’écroulement des représentations, un instant, voir cette perspective agrandie."

    Extrait d'une conférence de CHRISTIANE SINGER

  • L'amour : récapitulatif

    Suite à un échange avec une lectrice, j'ai pensé à un texte que j'avais écrit, il y a quelque temps et j'ai voulu le retrouver. Je suis donc allé sur la page de mon "manager" pour lister les articles portant le mot "amour" ou "aimer" dans le titre...Et je ne m'attendais pas à ça. Il va vraiment falloir que je réfléchisse à un moyen de classer tout ça par thème : amour / conscience / penser / âme / mental / ego / intuition / émotion / corps / esprit / désir / sexualité / besoin / communication / ................

     

    "A COEUR OUVERT" : l'amour

    "L'amour de la sagesse" (spiritualité)

    "TOUS, SAUF ELLE" : Entre chaos et amour

    Aimer

    Aimer et ensuite apprendre (spiritualité)

    Aimer l'amour. (roman)

    Aimer la Terre (spiritualité et Nature)

    Krishnamurti et l'amour.

    L'Amour véritable (spiritualité)

    L'Amour révélé

    L'amour inconditionnel (spiritualité)

    L'Amour et le juste milieu.

    L'amour et le besoin (spiritualité)

    L'amour et le besoin (2) (spiritualité)

    L'amour et le besoin (3) (sexualité sacrée)

    L'amour en otage (spiritualité)

    L'amour du silence. (spiritualité) 

    L'amour divin

    L'amour de la Nature (spiritualité)

    L'amour des âmes (spiritualité)

    L'amour des montagnes. (A CŒUR OUVERT)

    L'amour dans mes romans

  • La littérature complexe

     

    La situation est-elle conjoncturelle ou la crise est-elle partie pour s’aggraver ?

    Rentrée littéraire dans une librairie en 2017 Rentrée littéraire dans une librairie en 2017• Crédits : FRED TANNEAU / AFP - AFP

    La situation est-elle conjoncturelle ou la crise est-elle partie pour s’aggraver ? Le classement annuel des 50 meilleures ventes de livres toutes catégories et formats confondus (roman, poche, essais et documents, bande dessinée, jeunesse fiction, jeunesse illustrés, poches jeunesse, beaux livres, et pratique) fait état d’une chute de 14% en volume d’exemplaires vendus. 

    Le 30 janvier prochain on connaîtra l’étude globale qui ne porte pas uniquement sur les meilleures ventes mais toujours est-il que les voyants sont au rouge. Ce top 50 représente 17% de moins en chiffre d’affaire que l’an dernier, selon sont les chiffres qui viennent d’être publiés par Livres Hebdo avec l’institut Gfk.

    Déjà en 2017 l’année avait été mauvaise pour cause d’élections présidentielles, ce qui engendre en général un léger ressac sur les ventes de livres. Quant à 2018 on y souligne déjà l’absence de sortie d’un nouvel album d’Astérix. C’est bien connu dans l’édition, avec 2 millions d’exemplaires à la clé, les années sans Astérix ont forcément un impact négatif sur les chiffres globaux des meilleures ventes. 

    Mais avant de voir confirmer ou non cette forte tendance à la baisse en 2019, reste à déplier ce que révèle le dernier classement de Livres Hebdo. 

    Parmi les premiers enseignements de cette vague de résultats, on constate que les livres-locomotives ont réalisé de moins bonnes performances que l’année précédente, que le format poche progresse nettement avec 32 titres classés parmi les 50 meilleures ventes contre 24 l’année dernière, et que par catégorie seuls les livres poches mais aussi jeunesse illustrés et poche jeunesse sont en croissance.

    Pour la 8ème année consécutive c’est Guillaume Musso qui est numéro 1 du classement avec le format poche d’Un appartement à Paris, le livre le plus vendu de l’année, il est aussi troisième avec son dernier opus en grand format La jeune fille et la nuit. De là se dégage, déjà, une forte sensation de concentration.

    Et avec une 11ème place pour le Goncourt Leurs enfants après eux (Actes Sud) de Nicolas Mathieu et la 21ème place pour le Prix Femina et prix spécial du Renaudot Le lambeau de Philippe Lançon : aucun grand prix d’automne ne se sera hissé dans le top 10. L’effet de diversification propulsé par les bandeaux de prix fonctionne donc moins bien.

    Ce qui est en outre à l’œuvre, qui se perpétue et s’accélère depuis la fin des années 90, c’est l’effondrement de livres du milieu. Ces ouvrages jadis autour de 20 000 et 30 000 exemplaires, ces auteurs des éditions de Minuit ou de POL, qui n’ont plus d’espace. La polarisation s’accélère et dessine un champ entre très gros et touts petits. Certes la surproduction a poussé à un turn over assez néfaste  avec des ouvrages chassés de plus en plus vite des librairies et des auteurs pénalisés car ils n’ont pas le temps de trouver leur lectorat.

    Mais la surproduction n’est peut-être pas la seule en cause. Comme le résume Vincent Monadé, président du Centre National du Livre : « Certains éditeurs ont déjà freiné leur publication, mais demeure ce constat qualitatif : une réduction de l’appétit pour la littérature complexe. Hors celle-ci est inquiétante car c’est cette littérature complexe qui fait l’histoire littéraire plus qu’elle ne raconte des histoires ».

    Il y a bien à un Michel Houellebecq qui caracole en tête des ventes depuis début janvier et dépassera au moins les 200 000 exemplaires, mais quelle résonance pour les Pascal Quignard, Pierre Michon et autres Pierre Bergounioux qui seront les grands auteurs de demain ? 

    Dans la pièce "Les idoles" de Christophe Honoré, le personnage d’Hervé Guibert dit qu’il écrit pour ce lecteur même unique qui un jour fera revivre son livre dans son corps. Pour qu’il existe encore, il ne faut pas éduquer le lectorat à l’aventure esthétique, mais augmenter le nombre de grands lecteurs. Quelques livres pour se divertir dans l’année ne suffiront pas à se mettre sur la piste de ces grandes œuvres complexes qui font progresser la lecture complexe du monde.

  • Qi Gong pour le dos

    QI GONG & DO-IN  ·  01. décembre 2017

    Soulager les douleurs dorsales et lombaires avec le Qi Gong et le Do-In

    Cet article vous propose quelques mouvements simples du Qi Gong et du Do-In pour soulager les douleurs dorsales et lombaires. Cette routine qui dure environ 10 minutes consiste en des automassages, des étirements et de la digipression.


    Place à la pratique, automassages...

    Mal de dos

    En médecine traditionnelle chinoise (MTC), la colonne vertébrale et les muscles environnants sont en étroite relation avec les méridiens du Rein et de la Vessie. Il est donc courant que les douleurs dorsales et lombaires soient en lien avec ces deux méridiens.

    C’est pourquoi les mouvements et automassages proposés ici ont pour but de renforcer et de favoriser la circulation de l’énergie dans ces méridiens.

    Durant ces exercices il est primordial de ne jamais aller jusqu’à la douleur, il faut rester dans une zone confortable.

    Dans la position debout, les pieds écartés de la largeur des épaules, les genoux déverrouillés et le corps relâchéprendre conscience de sa respiration sur 3 cycles respiratoires.

    Commençons par les lombaires :

    1. Frotter les mains l’une contre l’autre pour y amener de la chaleur.
    2. Joindre le pouce et l’index de chaque main pour former un cercle, et faites plusieurs séries de percussions des lombes jusqu’au sacrum du haut vers le bas.
    3. Frotter fortement les lombes avec vos mains.
    4. Poser les mains à plat sur vos reins et sentir la chaleur se diffuser. Imaginer que vous soufflez à travers vos mains pour remplir vos reins à chaque expiration.
    Do In pour la lombalgie

    Puis on frotte les deux jambes en simultané avec les deux mains. Répéter le mouvement suivant au moins 3 fois :

    • On descend par l'arrière des jambes, des fesses jusqu'aux chevilles.
    • On remonte par l'avant, des pieds jusqu'à l'aine.
    • On redescend par l'extérieur des jambes, des hanches jusqu'aux pieds.
    • On remonte par l'intérieur des jambes, de la cheville jusqu'au nombril.

    Nous allons maintenant détendre le ventre pour libérer le dos :

    1. Poser la main gauche paume sur le nombril (main droite si vous êtes une femme), et l’autre main par-dessus.
    2. Amener votre respiration à vos mains. Prendre conscience du rythme sous les mains.
    3. Toujours une main sur l'autre, frotter verticalement de haut en bas une douzaine de fois. Puis faites de même horizontalement de gauche à droite.
    4. Frotter maintenant en faisant des cercles sur votre ventre, d’abord dans le sens des aiguilles d’une montre puis dans le sens inverse. Une douzaine de fois dans chaque sens.
    5. Puis frotter le tour de la taille depuis le dos jusqu'au ventre, trois fois.

    ... et étirement

    Qi Gong pour la lombalgie

    Enfin, nous allons faire un étirement des méridiens et des muscles, du dos et de l’arrière des jambes. Nous allons partir de la position debout, et nous pencher lentement vers l’avant jusqu’à avoir la tête en bas. Pour cela, il faut avoir l’intention de dérouler vertèbre par vertèbre tout le dos. On peut pour s'aider imaginer une balle qui roule de la nuque jusqu'au sacrum.

    1. Commencer par enrouler la nuque, puis les dorsales, et les lombaires.
    2. Laisser tomber les mains devant les pieds, et respirer librementdans cette position.
    3. Laisser les tensions s’évacuer par la tête et les bras.
    4. Secouer légèrement la tête et les bras.
    5. Si vous le pouvez, passer vos doigts sous vos pieds et tendez vos jambes pour étirer l’arrière des cuisses.
    6. Enfin, plier légèrement vos genoux et forcer sur vos pieds pour vous relever doucement, toujours vertèbre par vertèbre, jusqu’à revenir à la position verticale.

    Attention de ne pas vous relever trop rapidement lors de cet exercice au risque de vous faire mal. Répéter cet étirement au moins 3 fois.

    Digipression pour le mal de dos

    Je vous propose le travail de deux points d'acupuncture pour soulager les maux de dos. Ces points doivent être stimulés par une pression des doigts (pouce ou alors majeur sur index) durant 5 cycles respiratoires.

    Ces points se situent sur les jambes gauche et droite, sur le méridien de la Vessie.

    Digipression et mal de dos

    ©anne-duval.com

    V57 : Montagne du soutien

    Ce point se situe à la naissance des jumeaux au centre du mollet, sur la face postérieure des jambes.

    Digipression et mal de dos

    ©anne-duval.com

    V58 : Propage le Yang

    Il se situe à un travers de pouce du point précédent, en largeur et en hauteur, vers le côté externe de la jambe.

    Le point travaillé pourra être rebondi, très en surface ou sensible, dans ce cas il faudra faire des pressions douces et apaisantes. Dans le cas contraire le point pourra être mou et vide, il faudra alors faire des pressions toniques et rebondissantes.


    L'ensemble de cette pratique dure environ 10 à 15 minutes.

    Pratiqués quotidiennement ces exercices peuvent apporter un réel soulagement des douleurs. Si elles persistent, n'hésitez pas à consulter un praticien en shiatsu ou un professionnel de santé.


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    QI GONG & DO-IN  ·  26. janvier 2018
     

    Sommeil et insomnie, la réponse de la médecine chinoise

    Cet article présente le sommeil du point de vue occidental et oriental, puis propose quelques mouvements issus du Qi-Gong et du Do-In pour lutter contre les problèmes de sommeil.


    Mon précieux...

    Sommeil, insomnie, et shiatsu

    Le sommeil est précieux car il est à la base de l’équilibre physique et émotionnel de l’individu. A l’échelle d’une vie, il représente 1/3 de notre temps !

    Et pourtant, ce n’est pas simple pour tout le monde...

    "Seul celui qui a vécu la maladie connait le bonheur de l'homme en bonne santé, seul l'insomniaque connait la douceur du sommeil retrouvé" ~ Stephan Zweig.

    Selon l’association France Insomnie, 30 à 40% des français sont sujets à l’insomnie occasionnelle et 10% souffrent d’une forme chronique. Ces insomnies peuvent se présenter sous plusieurs formes :

    • Difficulté d’endormissement.

    • Réveils nocturnes durant la nuit.
    • Réveil précoce au petit matin.
    • Sommeil agité et non réparateur.

    Les rythmes et cycles du sommeil

    Nous avons tous des rythmes et des besoins différents face au sommeil, certains se contentent de 6h de sommeil, d’autres ont besoin de 10h pour bien vivre la journée… Il n’y a pas de règles générales en la matière, il semble juste opportun d’écouter son propre rythme, sans aller en dessous de 5 à 6h de sommeil pour éviter la fatigue et l’épuisement.


    Alerte info : nous dormons en moyenne une heure de moins par nuit qu’au siècle dernier, ce qui représente une nuit de moins par semaine !


    Le sommeil se compose de plusieurs cycles qui se répètent, un bon dormeur passera en moyenne par 3 ou 5 cycles d’environ 90 à 110 minutes. Chaque cycle comporte 5 phases :

    Cycle du sommeil
    •  L’endormissement (ou éveil calme) est la première phase, assez courte elle dure 5 à 10 minutes. Elle se signale par des bâillements et un engourdissement général, les ondes cérébrales passent de l’état Bêta (état de veille) à Alpha (détente profonde). Nous naviguons entre sommeil et éveil, et le moindre bruit suffit à nous réveiller.
    • Le sommeil lent léger dure 10 à 15 minutes et le réveil est facile. Durant cette phase le cœur et la respiration ralentissent, de même que les ondes cérébrales qui passent en rythme Thêta. Les muscles se détendent, les oreilles entendent mais la tête ne comprend pas.
    • Le sommeil lent profond est une phase de récupération qui dure environ 30 minutes, le réveil est plus difficile. Les fonctions biologiques ralentissent encore, les muscles sont relâchés, les oreilles n’entendent plus, la température baisse, la respiration est lente et régulière. Le corps et l’esprit sont au repos.

    • Le sommeil très profond dure environ 30 minutes, c’est la phase la plus intense et la plus récupératrice du sommeil. Similaire à la phase précédente, le sommeil est cependant plus lourd et le réveil très difficile.

    • Le sommeil paradoxal est la dernière phase, il dure 10 à 15 minutes. Il porte bien son nom car bien que le corps soit parfaitement détendu, le cerveau s’active brusquement, le pouls et la respiration sont irréguliers, et les yeux font des mouvements rapides sous les paupières. A la fin de cette phase, le dormeur se réveille ou part pour un nouveau cycle après avoir repris conscience très brièvement.

    Le sommeil vu par les chinois

    Le sommeil est ici vu à travers une perspective Yin et Yang qui entretiennent une relation d’interdépendance et de changements alternatifs. La journée et l’activité (Yang) laissent place à la nuit et au repos (Yin), puis revient le Yang, et ainsi de suite.  

    En Médecine Traditionnelle Chinoise, le sommeil correspond à une intériorisation et une mise au repos de l’énergie Yang du corps. En cas d’insomnie nous dirons que le jour déborde sur la nuit.

    L’alternance entre veille (Yang) et sommeil (Yin) fait intervenir deux Vaisseaux Merveilleux, vestiges de la construction embryonnaire de l’individu, qui sont respectivement Yang Qiao Mai et Yin Qiao Mai.

    Yang Qiao Mai

    ©anne-duval.com

    Yang Qiao Mai, Vaisseau d'élévation Yang

    Yin Qiao Mai

    ©anne-duval.com

    Yin Qiao Mai, Vaisseau d'élévation Yin

    Le premier, Yang Qiao Mai, extériorise l’énergie Yang le jour pour défendre (pathogènes extérieurs) et réguler (température, humidité) le corps. Cette énergie va pénétrer par la cheville et émerger au coin de l’œil, déclenchant ainsi l'éveil et l’ouverture des yeux.

    Le deuxième, Yin Qiao Mai, intériorise l’énergie Yang la nuit pour nourrir et réguler les organes. L’énergie va pénétrer par le coin de l’œil, entrainant ainsi l’endormissement et la fermeture des yeux, puis irriguer les organes internes avant d’aller se ressourcer dans les Reins.

    La qualité et la durée du sommeil sont aussi très dépendants du Cœur et du Foie. Ces derniers vont enraciner l’Esprit dans le corps et permettre un sommeil profond et calme. Le Sang va retourner au Foie où les rêves sont élaborés pour épurer le psychisme tandis que le corps reconstitue son énergie (appelée Qi).

    Les causes de l’insomnie

    Les causes de l’insomnie peuvent être multiples, allant de l’alimentation aux facteurs émotionnels (insécurité, stress, etc) en passant par le surmenage. Il conviendra d’user d’un peu d’introspection et/ou d’en discuter avec votre praticien en shiatsu ou un professionnel de santé pour mieux en déterminer la cause exacte.

    Cependant, voici quelques conseils généraux qui pourront favoriser un bon sommeil en cas d'insomnie :

    • Évitez la prise d'excitant (tabac, alcool, café, …) après 15h.
    • Évitez les écrans (ordinateurs, tablettes, téléphones, ...) tard le soir.
    • Évitez les siestes qui prendront sur votre nuit.
    • Votre chambre doit être dans le noir absolu (pas de lumière la nuit).
    • Espacez votre repas de votre coucher d'au moins 2h.
    • Mettez en place une petite routine avant de dormir (lecture par exemple).
    • Couchez-vous à heures régulières pour instaurer un rythme biologique.
    • Si le sommeil vient, ne faites pas de grasses matinées mais levez-vous à une heure raisonnable.
    • Pratiquez la respiration consciente avant de dormir.

    Qi Gong pour favoriser le sommeil

    Voici une routine de Qi Gong à pratiquer le soir au coucher pour favoriser le sommeil et l’endormissement.

    Qi Gong et insomnie

    Tout d’abord un premier exercice qui va vous permettre de libérer l’énergie stagnante dans la poitrine et le haut du corps. Il se pratique assis en tailleur ou debout, et peut aussi aider si vous souffrez de maux de tête.

    • Respirez profondément durant 3 cycles respiratoires pour vous détendre.

    • Mains jointes avec les doigts entrelacés, frappez de haut en bas entre votre sternum et votre gorge, afin de déloger l’énergie stagnante.

    • Pencher la tête en  arrière, puis faites le son « aaaaaaaaaaaah » tout en continuant de frapper de haut en bas entre sternum et gorge.

    Qi Gong et insomnie

    Je vous recommande maintenant de pratiquer la posture suivante pendant environ 10 minutes (voire 20 minutes si nécessaire). Elle s’appelle "maintenir deux tigres en respect" et permet d’abaisser le Qi tout en se débarrassant des tensions émotionnelles.

    Dans la position debout, les pieds écartés de la largeur des épaules, les genoux déverrouillés et le corps relâché, prenez conscience de votre respiration sur au moins 3 cycles respiratoires. Essayez de conserver votre verticalité tout au long de la posture.

    Vos paumes de mains sont placées vers la terre, au niveau de la ceinture. Laissez s’écouler vos tensions dans la posture. Si une pensée se présente, laissez la passer sans l'alimenter ou surenchérir.


    Ce faisant, porter à nouveau votre attention sur votre respiration et votre posture. Laissez vous bercer par votre rythme respiratoire.

    Digipression du sommeil

    Je vous propose également le travail de trois points d’acupuncture que vous pouvez pratiquer à la suite du Qi Gong décrit plus haut. Ces points se situent de manière symétriques sur les côtés gauche et droit du corps. Ils doivent être stimulés, de chaque côtés du corps, par une pression des doigts (pouce ou alors majeur sur index) durant au moins 5 cycles respiratoires.

    Digipression du sommeil

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    V62 : Vaisseau de l'heure Shen

    Il se situe sur la face latérale du pied, sous la malléole externe.

    Parfois appelé "grand point des insomnies", il doit être travaillé en dispersion, c’est-à-dire en faisant des mouvements doux et circulaires.

    Digipression du sommeil

    ©anne-duval.com

    R6 : Mer lumineuse

    Il se situe sur la face médiale du pied, sous la malléole interne, en symétrie de V62.

    Ce point doit être lui travaillé en tonification, c’est-à-dire de manière dynamique et énergisante, avec par exemple des pompages.

    Digipression du sommeil

    ©anne-duval.com

    V1 : Éclat de la prunelle

    Il se situe au coin interne de l’œil. Il doit être travaillé en dispersion, c’est-à-dire en faisant des mouvements doux et circulaires.


    Comme pour tout travail énergétique personnel, c’est la régularité qui fera le succès. Ces exercices pratiqués quotidiennement au coucher peuvent apporter une très nette amélioration des insomnies.

    Si vos insomnies persistent, n'hésitez pas à consulter un praticien en shiatsu ou un professionnel de santé.


  • "C'est beau".

    Reçu ce jour : 


    "Thierry
    J'ai prêté "La haut" à ma belle sœur puis à ma belle mère (désolé pour les royalties).
    Ma belle sœur est conquise, elle a parcouru ton site mais n'ose pas t'écrire un mot.
    En ce qui concerne ma belle mère, je lui ai demandé son avis hier soir, elle est restée sans voix, émue. 
    Cinq minutes sont passées, elle est revenue sur le sujet, elle a juste dit "c'est beau".

    Rester sans voix à la pensée d'un de mes romans et condenser les émotions dans ces deux mots :"C'est beau", c'est pour moi un immense cadeau.  

    LÀ-HAUT • Roman

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