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Philippe BIHOUIX : interview
- Par Thierry LEDRU
- Le 19/12/2024
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Le titre est nul, juste un "put a click" comme ont dit dans le milieu.
Mais pour le reste, c'est bien évidemment très intéressant.126 641 vues 12 nov. 2024 ÉNERGIE
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Deux écologies qui s'opposent
- Par Thierry LEDRU
- Le 16/12/2024
- 2 commentaires
Il y a deux sortes d'écologie : l'écologie réelle et l'écologie politique. La première est utile, la seconde est néfaste. Ou plutôt, elle l'est devenue par l'arrivisme de certains cadres politiques qui par leurs comportements ont donné à l'écologie une image punitive. L'écologie ne doit pas être politique, elle doit être sociale, existentielle, émotionnelle, affective, c'est à dire essentiellement tournée vers les actes bons, mesurés, conscients, utiles, protecteurs envers la nature. Et non envers un mouvement politique et ses leaders.
L'écologie sociale, c'est celle que nous pratiquons par des gestes respectueux, le tri, la consommation mesurée, le recyclage, une alimentation dé-carnée, la pratique du potager, l'entraide, le troc, la solidarité. L'écologie ne concerne pas que la nature ou l'environnement mais les humains entre eux, le respect de l'autre et si nécessaire sa protection.
D'ailleurs, il est étrange de parler « d'environnement » comme si nous étions séparés de la nature, des êtres à part avec une nature qui nous entoure alors que nous sommes des êtres naturels et totalement insérés dans cette nature. Sans elle, nous ne serions plus là.
L'écologie politique est devenue une écologie punitive parce qu'elle fonctionne par des injonctions alors que des millions de personnes sont déjà dans leur vie quotidienne soumis à des injonctions de survie. Et lorsque ces injonctions politiques sont proclamées par des gens qui vivent dans le luxe et le confort et prennent l'avion pour aller se dorer la pilule dans des pays exotiques pour les vacances de Noël, ça ne peut pas passer. D'autant plus qu'ils sont payés par l'argent public, c'est à dire justement celui dont nous aurions besoin pour vivre un peu mieux.
Il est donc urgent de ne pas mélanger ces deux faces de l'écologie au risque de délaisser la première alors que la situation planétaire tourne au cauchemar.
Personnellement, je pense que les voitures électriques, c'est une aberration et que les lobbies industriels ont encore réussi à imposer leurs visions. Si on regarde les dégâts dans les pays qui fournissent les métaux nécessaires pour la fabrication des batteries, il ne faut pas parler d'écologie. Quand je vois que les cartons qu'on rapporte à la déchetterie pour être recyclés partent au Vietnam par cargos parce que ni en France, ni en Europe on a d'usines capables de les recycler à grande échelle, c'est juste du foutage de gueule. Et des exemples comme ceux-là, il y en a des centaines. Qu'on a arrêté la consigne des bouteilles en verre pour favoriser l'usage du plastique, que la SNCF ait été autorisée à démanteler le réseau qui permettait de couvir la totalité du territoire, condamnant les habitants des régions de la "diagonale du vide" à utiliser les voitures puisque mêmes les transports en commun ont disparu, que les gouvernements successifs aient laissé s'étendre le transport routier en abandonnant le fret ferroviaire, que les lobbies de l'aviation aient été subventionnés alors que le tourisme aérien aurait depuis longtemps dû être surtaxé, que l'éolien soit subventionné mais que jamais on ne parle de décroissance, que les usines à charbon soient remises en service... etc... etc...
etc... etc... etc...
Nous avons le devoir d'être écologistes tout autant que le devoir de résister aux injonctions de l'écologie politique. Nous devons être exemplaires et ne pas suivre l'exemple falsifié des élites. Ces élites qui ont juste réussi à donner à l'écologie une image désastreuse.
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Indignation populaire
- Par Thierry LEDRU
- Le 14/12/2024
- 0 commentaire
Publié le 06/12/2024 à 23h38 • Mis à jour le 07/12/2024 à 12h42
L'essentiel
Mercredi matin, en plein centre de Manhattan à New York, Brian Thompson, 50 ans, dirigeant de UnitedHealthcare, a été abattu de plusieurs balles devant un hôtel Hilton. Ce crime a été qualifié de « prémédité, planifié et ciblé » par le NYPD, la police de la ville. Alors que l’enquête progresse, les réactions publiques témoignent d’un profond malaise autour du secteur de l’assurance santé aux Etats-Unis.
Cet assassinat intervient en effet dans un climat de tensions croissantes autour des assurances santé aux Etats-Unis. UnitedHealthcare, filiale du géant UnitedHealth Group, assure 51 millions de personnes et collabore avec des programmes publics comme Medicare. L’entreprise est souvent critiquée pour des pratiques jugées abusives.
Des dizaines de milliers d’émojis « rire »
Et, depuis l’annonce de la mort de Brian Thompson, le Network Contagion Research Institute, centre de recherche sur le numérique et réseaux sociaux, a observé une explosion de publications en ligne glorifiant le meurtre, certaines appelant même à de nouvelles violences. Le Network Contagion Research Institute a ainsi recensé « un bond de publications très engagées […] glorifiant l’événement » voire « appelant à des actes de violence supplémentaires, suscitant des dizaines de millions de vues ».
Sur Facebook, UnitedHealth Group, maison mère de UnitedHealthcare, a bloqué la possibilité de commenter son message de condoléances, après des dizaines de milliers de réactions sous forme d’émojis « rire ».
Une colère profonde contre les assurances santé
Plus généralement, les réseaux sociaux ont été inondés de remarques acerbes voire haineuses. « J’ai soumis une demande de prise en charge pour mes condoléances mais elle a été refusée, trop triste », assène, plein d’ironie, un internaute sur TikTok. « Pensées et prières pour tous les patients à qui l’on a refusé une prise en charge », commente un autre.
Retrouvez notre dossier sur les Etats-Unis
Pour des experts, cela témoigne d’une colère profonde aux Etats-Unis contre les assurances santé, secteur privé très lucratif dans un pays aux inégalités abyssales. Ces messages, partagés des millions de fois, reflètent effectivement une colère latente contre les inégalités du système américain, accusé de négliger les patients pour maximiser les profits.
Imaginons une mise en scène (très macabre).
Si on pouvait aligner tous les cercueils de ceux et celles qui sont morts des effets de ces assurances privées de santé, ça serait bien plus terrifiant que la mort de cet homme. Mais c'est justement parce que ça n'est pas visible que certains ne gardent en tête et ne s'offusquent que de la mort violente de ce patron. Et c'est bien ça qui est injuste. Il faudrait un cimetière national comme les cimetières militaires, avec ces milliers de croix blanches alignées.
Non, je ne cautionne pas cet assassinat mais je comprends le mouvement populaire qui le suit et la révolte verbale des gens qui applaudissent le geste du tueur. Il s'agit avant tout d'une indignation, d'une colère larvée qui éclate. Combien d'Américains connaissent personnellement une personne décédée par manque de soins ? Des millions certainement.
Une compagnie d'assurance a déjà annoncé avoir renoncé à raccourcir les durées de couverture des anesthésies. Faut-il donc que la révolte aille jusqu'au meurtre pour que les consciences s'éveillent ? Mais peut-on parler de conscience dans ces grands groupes financiers ? Conscience de leurs bénéfices, assûrément, mais conscience morale, certainement pas.
Maintenant, était-il raisonnable de confier la prise en charge financière de la santé par le secteur privé ? Non, bien évidemment. Et on ne peut qu'espérer que ça n'arrivera jamais ici.
Tous les acquis sociaux dont nous profitons maintenant ont été pris à la classe bourgeoise par la violence, "la classe des riches" comme le dit Warren Buffet. Rien n'a été donné par empathie et solidarité...
Petit rappel utile :
Les trois violences
« Il y a trois sortes de violence. La première, mère de toutes les autres, est la violence institutionnelle, celle qui légalise et perpétue les dominations, les oppressions et les exploitations, celle qui écrase et lamine des millions d’hommes dans ses rouages silencieux et bien huilés.
La seconde est la violence révolutionnaire, qui naît de la volonté d’abolir la première.
La troisième est la violence répressive, qui a pour objet d’étouffer la seconde en se faisant l’auxiliaire et la complice de la première violence, celle qui engendre toutes les autres.
Il n’y a pas de pire hypocrisie de n’appeler violence que la seconde, en feignant d’oublier la première, qui la fait naître, et la troisième qui la tue. »
Dom Helder
Hélder Pessoa Câmara, ou plus couramment, Helder Camara
Citation de Warren Buffet (célèbre milliardaire américain)
"Il y a une lutte des classes, évidemment, mais c'est ma classe, la classe des riches qui mène la lutte. Et nous sommes en train de gagner."
(en) There’s class warfare, all right, but it’s my class, the rich class, that’s making war, and we’re winning.
dans une interview de CNN, le 19 juin 2005, cité par le New York Times, le 26 novembre 2006
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Les animaux du monde
- Par Thierry LEDRU
- Le 13/12/2024
- 0 commentaire
Quand j'étais petit, je regardais à la télévision tout ce que je pouvais sur les animaux et cette émission-là, je l'adorais. Un générique inoubliable.
Un gang de manchots, un écureuil fou, des chouettes amoureuses : découvrez les lauréats des Comedy Wildlife Photography Awards 2024
Cette année encore, des milliers de photographies humoristiques d'animaux sauvages, venues des quatre coins du monde, ont été soumises au jury des Comedy Wildlife Photography Awards. Les clichés qui ont retenu leur attention sont à admirer ci-dessous.
Article rédigé par Laure Narlian
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié le 13/12/2024 06:00
Temps de lecture : 1min
"Gang of Four" (Le Gang des quatre) du Britannique Ralph Robinson a remporté les félicitations du Comedy Wildlife Photography Award 2024 avec cette photo de manchots sauteurs prise sur les Îles Falkland, aux Malouines. (RALPH ROBINSON)
En montrant avec humour la beauté et l'incroyable diversité des animaux sauvages, les Nikon Comedy Wildlife Photography Award(Nouvelle fenêtre) sensibilisent et rappellent chaque année la nécessité de préserver la nature. Créée par des photographes professionnels et des spécialistes de la conservation animale, cette compétition récompense chaque année des clichés d'animaux saisis dans des positions insolites, cocasses et toujours drôles. Le jury a dévoilé jeudi 12 décembre son palmarès 2024.
Les lauréats par catégories
"Stuck Squirrel" (Écureuil coincé), une photo prise par Milko Marchetti, le 23 avril 2022, dans un parc de Ravenne en Italie, a remporté le Comedy Wildlife Photography Award 2024. (MILKO MARCHETTI)
"Mantis Flamenca" de l'Espagnol Jose Miguel Gallego Molina a remporté le Insect Award. Cette photo d'une mante religieuse qui semble danser, a été prise sur la route près d'un marais espagnol. (JOSE MIGUEL GALLEGO MOLINA)
"Frog in a Balloon" (Grenouille dans un ballon) de l'Allemand Eberhard Ehmke, a remporté le Reptiles and Amphibians Award 2024. (EBERHARD EHMKE)
"Whiskered Tern Crash on Landing" (Guifette Moustac s'écrasant à l'atterrissage) du Bulgare Damyan Petkov a remporté le Photo Birds Award 2024. (DAMYAN PETKOV)
"Smooching Owlets" (Le bécot des petites chouettes) de l'Indien Sarthak Ranganadhan a remporté le Junior Category Award 2024, réservé aux moins de 16 ans. (SARTHAK RANGANADHAN)
"Unexpected Role Swap" (Inversion de rôles inattendue) du Polonais Przemyslaw Jakubczyk a remporté le Fish and Other Aquatic Species Award 2024. (PRZEMYSLAW JACUBCZYK)
"Awkward Smiley Frog" (Étrange grenouille souriante) du Hongkongais Kingston Tam a remporté le Young Photographer Category Award 2024, réservé aux moins de 25 ans. "Mon but avec mes images est d'attirer l'attention sur nos amis humides et à écailles, et de montrer que les animaux non duveteux sont aussi beaux et adorables", a commenté l'auteur. (KINGSTON TAM)
"Shake Ruffle Rattle and Roll" (jeu de mots à partir de la chanson "Shake, Rattle and Roll" de Bill Haley & His Comets) du Finlandais Tapani Linnanmaki a remporté le People's Choice Award 2024. Il s'agit d'un pygargue à queue blanche ébouriffant ses plumes. (TAPANI LINNANMAKI)
Le prix de l'incroyable portfolio (4 photos)
"Dancing to the Music, Rock Guitar, Roly Poly, Weight Lifting", une série de quatre photos du Britannique âgé de 10 ans (!!!) Flynn Thaitanunde-Lobb a remporté le prix de l'incroyable portfolio au Comedy Wildlife Photography Award 2024. Elle montre un écureuil jouant et dansant avec une branche. (FLYNN THAITANUNDE-LOBB)
"Dancing to the Music, Rock Guitar, Roly Poly, Weight Lifting", une série de quatre photos du Britannique âgé de 10 ans (!!!) Flynn Thaitanunde-Lobb a remporté le prix de l'incroyable portfolio au Comedy Wildlife Photography Award 2024. Sur celle-ci, l'écureuil semble jouer de la guitare comme une rock star. (FLYNN THAITANUNDE-LOBB)
"Dancing to the Music, Rock Guitar, Roly Poly, Weight Lifting", une série de quatre photos du Britannique âgé de 10 ans (!!!) Flynn Thaitanunde-Lobb a remporté le prix de l'incroyable portfolio au Comedy Wildlife Photography Award 2024. Sur celle-ci, l'écureuil effectue d'impeccables roulades athlétiques. (FLYNN THAITANUNDE-LOBB)
"Dancing to the Music, Rock Guitar, Roly Poly, Weight Lifting", une série de quatre photos du Britannique âgé de 10 ans (!!!) Flynn Thaitanunde-Lobb a remporté le prix de l'incroyable portfolio au Comedy Wildlife Photography Award 2024. Sur celle-ci, l'écureuil semble faire de l'haltérophilie... (FLYNN THAITANUNDE-LOBB)
Le prix de la vidéo
Elle a été attribuée à l'Américain Kevin Lohman pour cette vidéo d'un renard roux se roulant et glissant avec délices de bon matin dans l'herbe givrée.
Avec les félicitations du jury"Alright Mate Back Off-This is my Bird" (Dis donc, mec, dégage, c'est ma poule) du Britannique Andy Rouse, fait partie des clichés repartis avec les félicitations du Comedy Wildlife Photography Award 2024. (ANDY ROUSE)
"Mafia Boss" (Le Boss de la mafia) du Japonais Takashi Kubo a remporté, lui aussi, les félicitations du Comedy Wildlife Photography Award 2024. "On aurait dit qu'il mâchait un cigare et il ressemblait à un parrain de la mafia", a commenté l'auteur. (TAKASHI KUBO)
"Gang of Four" (Le Gang des quatre) du Britannique Ralph Robinson a remporté les félicitations du Comedy Wildlife Photography Award 2024 avec cette photo de manchots sauteurs prise sur les Îles Falkland, aux Malouines. (RALPH ROBINSON)
"Hide and Seek" (Cache-cache) du Canadien Leslie McLeod a obtenu les félicitations du Comedy Wildlife Award 2024 avec cette photo prise au Kenya. (LESLIE MCLEOD)
"I'm Too Sexy for my Love" (Je suis trop sexy pour mon chéri) du Polonais Artur Stankiewicz a remporté les félicitations du Comedy Wildlife Photography Award 2024. "On aurait dit qu'il sortait de chez le coiffeur avec un grand sourire", a commenté l'auteur. (ARTUR STANKIEWICZ)
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Une anticipation dépassée par l'Histoire
- Par Thierry LEDRU
- Le 12/12/2024
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J'espère que mon éditrice ira au bout de la publication de ma quadrilogie parce que plus on avance et plus ce que je raconte prend une tournure réaliste.
Je l'ai déjà écrit ici : ces quatre romans qui au départ sont rangés dans la catégorie "anticipation" finiront par devenir un récit historique.
En Suède, payer par carte ou via mobile est la norme. Mais avec le risque de guerre et de cyberattaques venues de l’Est, la Banque de Suède souhaite faire marche arrière en réintégrant l’argent en espèce dans le quotidien des Suédois.
Article rédigé par franceinfo - Ottilia Ferey
Radio France
Publié le 12/12/2024 16:20
Temps de lecture : 3min
La Suède aspirait encore récemment à devenir totalement "cashless" d'ici à 2030. Illustration. (OLASER / ISTOCK UNRELEASED/ GETTY)
La Suède est un eldorado de l’argent dématérialisé et pour trouver un distributeur, il faut s'armer de patience. On peut tout payer digitalement, sans minimum d’achat, que ce soit un paquet de chewing-gum, un ticket de bus ou même pour verser son obole à l’église. Quatre transactions sur cinq se font de façon électronique. Et la carte bleue est presque devenue "has been". Les Suédois utilisent Swish depuis 2012, un service de paiement instantané électronique mis en place par les banques du pays.
Le pays compte 10 millions d'habitants, technophiles et connectés pour la plupart, à l’image d’Anika qui fait ses courses au supermarché. "Je ne sais pas la dernière fois que j’ai eu de l’espèce sur moi, s'exclame-t-elle. J’y suis si peu familière que je ne sais même plus à quoi certaines pièces ressemblent." Même si on arrive à mettre la main sur des billets, encore faut-il pouvoir s’en servir, parce qu’en Suède, de nombreux commerces n’acceptent tout simplement pas le liquide. Même dans des cafés, bars, restaurants et magasins du centre de Stockholm, les commerçants répondent le plus souvent : "Swish ou carte, personne ne prend de l’espèce ici."
Une force transformée en talon d'Achille
Alors que la Banque de Suède est la plus ancienne banque centrale du monde - elle a été la première à imprimer des billets en Europe au XVIIe siècle - le royaume, connu comme précurseur, aspirait encore récemment à devenir totalement "cashless" d'ici à 2030. Mais la paix s’est fragilisée et les menaces en provenance de la Russie ont changé la donne. Dans le climat de tension actuel, la force digitale de la Suède et sa dépendance au numérique est un peu devenue son talon d’Achille.
: à lire aussi En Suède, la crainte de l'extension du conflit ukrainien est de plus en plus palpable
Si le système bancaire est attaqué, qu’Internet et l’électricité sont coupés, il faut avoir de l’espèce car les téléphones et autres cartes bancaires ne serviraient plus à rien. C’est d’ailleurs ce qui est recommandé dans la brochure envoyée en novembre 2024 à tous les Suédois. Ce petit guide explique quoi faire en cas de crise ou de guerre. Il faut bien se rendre compte que dans la région, la menace n'en est plus au stade de scénarios fictifs. En mars 2024, une cyberattaque d’ampleur(Nouvelle fenêtre) menée par un groupe de hackers russes sur un data center suédois a fortement perturbé les systèmes de paiement en ligne.
Pour lutter sur ce front-là, la Riksbank souhaite faire changer la loi pour que les commerçants qui vendent des biens essentiels, comme de la nourriture, des médicaments ou du carburant, soient obligés d'accepter les espèces. C'est déjà le cas de la Norvège, qui, depuis le 1er octobre, a introduit des amendes pour les magasins physiques qui refusent d'accepter les espèces.
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Une dernière fois sur le climat
- Par Thierry LEDRU
- Le 10/12/2024
- 0 commentaire
Avec cet article, je mets un terme aux partages de données chiffrées sur la situation climatique.
Ceux et celles qui pensent que ce sont des fadaises, un complot, une manipulation, qu'ils passent leur chemin.
Quant aux autres, je leur souhaite le meilleur pour la suite, c'est à dire le moins pire.
https://reporterre.net/Pourquoi-le-seuil-de-1-5-oC-de-rechauffement-est-crucial
On a dépassé le seuil de 1,5 °C de réchauffement : pourquoi c’est grave
2024 sera la première année où le réchauffement de la Terre dépassera les 1,5 °C. Le franchissement durable de ce seuil décuplerait les dégâts du changement climatique et le risque de franchir d’irréversibles points de bascule.
C’est désormais officiel : 2024 va avec certitude devenir la première année calendaire à voir la Terre dépasser le seuil des 1,5 °C de réchauffement global par rapport à l’ère préindustrielle. C’est le service changement climatique de l’observatoire européen Copernicus qui en a fait l’annonce, lundi 9 décembre.
L’objectif de limitation du réchauffement à 1,5 °C — sur lequel se sont engagés les États en signant l’accord de Paris — n’est toutefois pas encore factuellement dépassé. Car le climat connaît des variations naturelles d’une année à l’autre. Pour être officiellement atteint, le seuil de 1,5 °C devra être mesuré en moyenne sur plusieurs décennies. Copernicus mesure par exemple le réchauffement actuel à 1,3 °C, en prenant en compte la moyenne des cinq dernières années.
Même si les chances de tenir l’objectif de 1,5 °C paraissent aujourd’hui quasi-nulles, le chiffre est loin d’être seulement symbolique. Reporterre revient sur quelques-unes des raisons qui rendaient ce seuil crucial.
Le réchauffement annuel moyen par rapport au seuil préindustriel depuis 1940. Copernicus Climate Change Service / ECMWF
Les climatologues ont coutume de rappeler que « chaque dixième de degré compte ». Il n’est en ce sens jamais trop tard pour agir car toute hausse de la température ne fait qu’augmenter les risques d’emballement climatique et la survenue de catastrophes toujours plus intenses. Le seuil de 1,5 °C demeure cependant important car il a beaucoup été étudié par la science : les recherches montrent à quel point s’aventurer au-delà pourrait être dramatique pour de nombreux êtres, humains et non-humains.
10 millions de personnes en plus touchées par la montée des eaux
En 2018, le Giec publiait ainsi un rapport spécial sur les conséquences d’un réchauffement planétaire de 1,5 °C. D’ici 2100, notaient les auteurs, un réchauffement limité à 1,5 °C, par rapport à un réchauffement de 2 °C, permettrait par exemple de réduire de 10 cm la montée du niveau des océans, exposant 10 millions de personnes en moins aux risques liés à la montée des eaux.
Pluies torrentielles, vagues de chaleur, baisses de rendements céréaliers, perte de biodiversité… Tous les dégâts sont bien plus forts à 2 °C qu’à 1,5 °C. Un cas emblématique est celui des coraux, très vulnérables aux vagues de chaleur marines et qui abritent 25 % des espèces océaniques connues : les pertes pourraient aller de 70 à 90 % à 1,5 °C de réchauffement, contre 99 % à 2 °C.
Les anomalies mois par mois de la température moyenne de l’air sur Terre depuis 1940. En orange l’année 2023, en rouge 2024. Copernicus Climate Change Service / ECMWF
Le seuil de 1,5 °C est particulièrement important pour les petits États insulaires en développement (PEID). Une étude publiée en 2023 dans la revue Nature Sustainability conclut que, même limité à 1,5 °C, le réchauffement menacera les PEID de dégâts majeurs, « conduisant probablement à des migrations forcées ». Et les choses empirent dès que l’on dépasse 1,5 °C.
C’est ce que soulignent aussi des chercheurs de l’Institut allemand Climate Analytics dans un rapport publié en avril : « À titre d’exemple, le montant des préjudices annuels dus aux cyclones tropicaux à Antigua-et- Barbuda augmenterait de près de moitié si le réchauffement climatique atteignait 1,7 °C en 2050 au lieu de 1,5 °C, et de plus de trois quarts avec un réchauffement climatique de 1,8 °C en 2050 par rapport à 1,5 °C. »
« De même, poursuivent les scientifiques, le nombre de personnes exposées chaque année à des canicules au Sénégal augmenterait de près d’un tiers avec un réchauffement de la planète de 1,7 °C en 2050 par rapport à 1,5 °C, et de moitié si le réchauffement atteignait 1,8 °C à la même date. »
D’irréversibles points de bascule dans la balance
L’autre argument majeur pour tenir l’objectif de 1,5 °C, c’est la crainte que le climat terrestre soit sur le point de franchir plusieurs points de bascule. C’est-à-dire des transformations drastiques dans les écosystèmes, déclenchés par un certain seuil de température, et irréversibles. La disparition des récifs coralliens évoquée précédemment, ou la fonte de la calotte glaciaire au Groenland, font partie de ces points de bascule à éviter.
Une étude internationale parue dans Science en 2022 estimait que plusieurs de ces points de bascule risquaient d’être franchis, même à 1,5 °C de réchauffement. Et plus la température monte, plus le nombre de points de bascule et la probabilité qu’ils soient franchis augmente.
Sur la péninsule ouest de l’Antarctique, de nombreux glaciers fondent à une vitesse alarmante : les glaciologues ne savent pas si, pour certains d’entre eux, les points de bascule ne sont pas d’ores et déjà franchis, ou sont sur le point de l’être. L’objectif de limitation du réchauffement à 2 °C est, quoi qu’il en soit, jugé là-bas largement trop haut.
Les anomalies de température dans les océans non-glacés en novembre 2024. En rouge, les chaleurs anormalement élevées ; en bleu les zones anormalement froides. Copernicus Climate Change Service / ECMWF
Pour les États insulaires et les populations côtières notamment, la montée des eaux ne s’arrêtera pas en 2100 dans tous les cas, souligne le rapport du Giec sur le réchauffement à 1,5 °C. Si les calottes glaciaires franchissent ces points de bascule, elles pourraient continuer à fondre sur une échelle allant « du siècle au millénaire » écrivent les scientifiques, provoquant une montée des eaux de plusieurs mètres (contre quelques dizaines de centimètres anticipés en 2100). Ces instabilités glaciaires pourraient être déclenchées quelque part entre 1,5 °C et 2 °C de réchauffement.
« Il n’existe pas un unique point de bascule pour notre système climatique mais, résume à Reporterre la climatologue Kristina Dahl, vice-présidente de l’ONG Climate Central, chaque dixième de degré de réchauffement au-dessus de 1,5 °C nous rapproche du déclenchement de dégâts irréversibles, comme l’extinction d’espèces ou le relâchement du méthane très réchauffant contenu dans le pergélisol en Arctique. »
Il est de retour.
Dans quelques semaines, Donald Trump se ré-installera à la Maison Blanche.
Un milliardaire, pour qui le réchauffement climatique est « un canular », sera à la tête de la plus grande puissance mondiale.
Dans une décennie cruciale pour l’écologie, nous ne pouvons pas nous permettre de perdre plus de temps.
La société civile doit continuer de se soulever, de se mobiliser et de faire pression sur les puissants.
Mais pour agir, il faut savoir.
Depuis 11 ans, nous publions des articles de qualité sur l’écologie, en accès libre et sans publicité, pour tous.
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TOUS, SAUF ELLE : au-delà du connu
- Par Thierry LEDRU
- Le 08/12/2024
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J'ai vécu ce voyage et je ne l'oublierai jamais, il est en moi, il n'en partira plus et il m'arrive d'éprouver cette impatience inexplicable des retrouvailles, de cette osmose avec l'éthéré, l'insondable, l'immensité.
Sommes-nous essentiellement ce que nous pensons être ou bien autre chose ?
TOUS SAUF ELLE
CHAPITRE 2
Des visages sans relief. Des peaux lisses qui l’observaient scrupuleusement, la détaillaient intérieurement. Elle sentait leurs regards sur son âme, comme des brises tièdes qui l’enveloppaient. Elle ne savait dire ce qu’elle était malgré le flot puissant de ressentis. Elle avançait sans aucun mouvement, elle n’était plus qu’un souffle d’air, un rayon de lune, l’éclat tremblotant d’une étoile naine et pourtant, chacune de ces âmes rencontrées la parcourait comme le flux sanguin de la vie. Elle les voyait et simultanément elle les sentait en elle.
Elle ne possédait pourtant plus aucune enveloppe. C’était une certitude. Mais tout était là. L’air sur sa peau, le son du silence, le toucher des parois circulaires qui crépitaient et tous ces visages lisses qu’elle croisait. Où que se pose son regard, elle ne discernait qu’une myriade de présences.
Elle avançait à des vitesses stupéfiantes dans une immobilité absolue. Une aimantation vers le fond de l’univers. Un plongeon intemporel vers les étoiles. Elle était subjuguée par ce puits vertical et elle aurait été incapable de préciser le sens de son déplacement. Comme s’il n’y avait plus d’espace, pas plus que de temps.
C’est là que Figueras s’était interposé et avait stoppé sa progression. Elle avait reconnu le sourire flamboyant de ses prunelles. Les mots avaient résonné quelque part en elle.
« Tu n’as pas fini ton parcours. Retourne d’où tu viens. Réintègre ta matière. Tu te souviendras de ce que tu es quand tu ne seras plus ce que tu crois être. »
Tout était là sans qu’elle n’y comprenne rien.
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Marine CALMET dans REPORTERRE
- Par Thierry LEDRU
- Le 06/12/2024
- 0 commentaire
https://reporterre.net/Marine-Calmet-Les-actions-criminelles-pour-notre-avenir-sont-legales-aujourd-hui
Marine Calmet : « Les actions criminelles pour notre avenir sont légales aujourd’hui »
La nature doit être protégée par des droits fondamentaux, comme les humains, plaide la juriste en droit de l’environnement Marine Calmet. En ce sens, inspirons-nous des peuples autochtones, appelle-t-elle.
Marine Calmet est juriste et spécialiste des droits de la nature. Elle préside l’association Wild Legal et vient de publier Décoloniser le droit (éd. Wild Project).
Lisez ce grand entretien ci-dessous, ou écoutez-le sur une plateforme d’écoute de votre choix ou en vidéo.
Reporterre — Vous êtes engagée pour la reconnaissance des droits de la nature. Comment définissez-vous ce mouvement ?
Marine Calmet — C’est un mouvement juridique mondial qui allie une nouvelle perspective en termes d’éthique environnementale et un nouveau concept de hiérarchie juridique. Il s’agit de faire reconnaître que la nature est l’ensemble des entités qui composent une communauté de vie. Elle est sujet de droit, mais aussi titulaire de droits fondamentaux qui lui sont propres. Il s’agit donc de reconstruire un édifice juridique sur la base d’une coexistence avec les autres êtres vivants et de faire en sorte que nos droits et nos libertés cessent d’écraser le monde vivant.
Nos droits à nous, les humains ?
Oui, puisqu’aujourd’hui nous sommes les seuls êtres titulaires de droits fondamentaux. D’ailleurs, cela a pris énormément de temps pour que tous les êtres humains puissent bénéficier de la qualité de sujet. Christopher Stone, un des fondateurs du mouvement des droits de la nature, rappelle que le statut des esclaves noirs a longtemps été celui de bien possédé, que dans le droit romain les enfants étaient la propriété du père, et qu’il a fallu un temps extrêmement long pour reconnaître des droits aux femmes.
Dans Décoloniser le droit, vous rappelez la grande division dans le droit romain entre les êtres humains et les choses.
C’est la summa divisio. Il y a d’un côté la catégorie des personnes : les êtres humains, les personnes physiques et, ce qui est venu bien plus tard, les fictions juridiques que sont les personnes morales, les entreprises, les associations. Et il y a l’ensemble du reste du vivant, les objets, les choses, les services écosystémiques, la marchandise, les ressources dont nous avons banalisé l’usage, l’exploitation et la destruction.
C’est un regard binaire sur le monde : soit les personnes, soit les choses. En parlant de « choses », nous les objectivons et leur enlevons la qualité de sujet. Je tire un parallèle avec la colonisation française, parce qu’elle est une négation de l’autre. Les colons sont arrivés dans les pays colonisés, notamment en Guyane française, avec l’idée qu’il n’y avait personne, et ils se sont approprié la terre. Le lien avec les droits de la nature est évident parce que nous, êtres humains, nions l’existence des autres et pourtant nous habitons cette terre avec eux.
Les droits de la nature sont le droit des non-humains. Que signifie par exemple le droit d’un fleuve ?
La reconnaissance de personnalité juridique des fleuves, des forêts ou des montagnes prend des formes très diverses. Il y a une richesse et une profondeur d’analyse, une adaptation du droit qu’on ne retrouve pas dans le droit occidental. Dans les droits de la nature, on se place dans la position subjective d’un fleuve dont il faut connaître l’histoire. En Nouvelle-Zélande, par exemple, le fleuve Whanganui a certains droits qui sont protégés par les peuples maoris. Là où, en Colombie, le fleuve Atrato a été reconnu sujet de droit, titulaire de droits différents et défendus différemment par d’autres cultures.
Un fleuve est une communauté de vie. Il est composé d’eau, mais aussi de berges, de ripisylve, de tout un tas d’êtres qui vivent avec et dans lui. Cette communauté de vie est une personne morale, juridique, un groupement d’êtres. Et celui-ci est titulaire de droits à l’existence, à la santé, à la régénération de ses cycles de vie. De la même manière qu’on pense une entreprise non pas comme une personne unique mais comme un ensemble de personnes agissant dans un intérêt commun, partageant les dettes, les avantages, les bénéfices et les pertes. La nature, c’est pareil. Nous partageons les pertes et les bénéfices, mais sans nous en rendre compte, parce que cette interdépendance avec le vivant a été invisibilisée. Pourtant, elle est là.
Cette société que nous formons avec le vivant doit désormais être titulaire d’une personnalité propre et bénéficier d’une protection de droits fondamentaux. Le mouvement des droits de la nature ne fait pas de distinction entre droits humains et droits de la nature.
En quoi certains usages d’un fleuve, comme l’extraction de l’or pour fabriquer des bijoux, sont-ils moins légitimes que ceux qu’en ont les communautés qui vivent directement du fleuve ?
En Équateur, premier pays à reconnaître officiellement les droits de la nature dans sa Constitution en 2008, le juge apprécie les activités au regard de la légitimité. Celle-ci est définie comme ce qui est fondamentalement utile à l’être humain pour sa survie, pour la couverture de ses besoins essentiels, l’alimentation notamment, et qui entre en concurrence avec les droits de la communauté. Il peut effectivement y avoir violation des droits de la nature, mais pour un intérêt légitime. C’est une histoire de compromis.
Marine Calmet : « C’est parce que la bataille politique est en train d’être perdue que je crois au mouvement des droits de la nature. » © Mathieu Génon / Reporterre
En revanche, lorsqu’il s’agit d’un besoin non essentiel, non vital, purement spéculatif et qui a pour conséquence une destruction massive de la nature, le juge dit qu’il y a incompatibilité sur le plan constitutionnel.
Les juges ont ainsi la capacité d’apprécier la légitimité de l’intrusion dans les droits d’une communauté vivante pour des besoins qui sont souvent des intérêts corporatistes, capitalistes, industrialisés et qui n’ont, au regard des besoins propres des communautés locales, aucune légitimité. Pour chaque cas, il y a une recherche d’un modèle de gouvernance au plus proche de l’histoire des besoins de l’identité locale.
N’y a-t-il pas une contradiction entre l’approche de l’anthropologue Philippe Descola, pour qui la nature est une invention de la modernité occidentale au XVIIᵉ siècle, et la vôtre, qui insiste sur le concept de nature à laquelle il faut donner un droit ?
Le mouvement des droits de la nature est extrêmement divers. À tel point qu’il y a beaucoup de territoires où les initiatives de ce qu’on appelle le « mouvement des droits de la nature » ne prennent pas cette dénomination. En Équateur, on parle des droits de la Terre-Mère, de la Pachamama. Cela incarne quelque chose de radicalement différent, à la fois d’un point de vue de la culture occidentale, mais aussi d’un point de vue de la cosmovision.
« L’idée n’est pas de séparer l’humain et la nature, mais de penser les milieux »
En Inde par exemple, Vandana Shiva utilise le terme de « Mother Earth » et parle de familles vivantes et de communautés vivantes. Cette pensée irrigue le mouvement des droits à la nature. En Europe, nous avons fait le pari de continuer à utiliser le terme de « nature » parce que nous n’avons pas de référentiel qui nous amènerait à sortir par un autre mot de la question de la « nature » versus la « culture ».
Est-ce que Gaïa pourrait être ce référentiel, comme le suggère le sociologue Bruno Latour ?
C’est peut-être une question générationnelle, mais j’utilise peu ce terme. En revanche, je suis très friande de la pensée de Glenn Albrecht [un philosophe de l’environnement] et de sa théorie selon laquelle il faut inventer de nouveaux mots. À défaut d’avoir un mot, nous utilisons celui de « nature » dans le mouvement des droits de la nature.
En tant que juriste, nous nous demandons quelle sera la stratégie. Les droits de la nature ont connu deux chemins stratégiques : soit une reconnaissance globale, comme les droits de la Terre-Mère, la Pachamama en Équateur, soit une représentation et une reconnaissance locale, tels que les droits du Whanganui, de la rivière Yamuna et du glacier Gangotri en Inde. En France, la question est de savoir si la nature sera reconnue comme un sujet de droit titulaire des droits fondamentaux dans la Constitution. Ou cela se fera-t-il par paliers ? Pour l’instant dans notre pays, le mouvement se matérialise par la reconnaissance des droits de certaines forêts, de certains fleuves. Il y a des collectifs sur la Durance, la Garonne, la Seine.
Stratégiquement, cela commencera probablement par ces tentatives locales. L’idée n’est pas de séparer l’humain de son milieu ou de séparer l’humain et la nature, mais de penser les milieux. C’est ce que font la plupart des activistes et des militants sur le terrain, ils pensent à partir de leur milieu.
Chez les peuples autochtones, il y a souvent des chamanes qui sont des intermédiaires entre la communauté des humains et celle des autres êtres vivants. Nos chamanes à nous, ce sont les scientifiques, celles et ceux qui, en s’appuyant sur une méthode, expriment de façon occidentale les besoins de la nature et nous permettent de comprendre le fonctionnement, les interactions des écosystèmes et des entités qui nous entourent. Sauf que nous, nous n’écoutons pas nos chamanes…
Non, pas du tout. Enfin, certains ne veulent pas les écouter. Parce que beaucoup de gens ont besoin de science et sont alertés par les faits scientifiques. Mais ceux qui nous gouvernent n’en tirent pas l’application qu’ils devraient. La place des chamanes dans un village traditionnel autochtone est très importante, il fait cohabiter les humains avec les autres humains, que ce soient les générations passées, les morts, les générations à venir, mais aussi les humains et les non-humains.
Pour Marine Calmet, il faut « s’inspirer des droits des peuples autochtones pour en faire une transition radicale au service de ce que l’on appelle la “transition écologique” ». © Mathieu Génon / Reporterre
Dans notre société, les scientifiques alertent et essayent de faire le lien entre ce qu’ils observent, ce qu’ils calculent, comme les modifications de notre climat, l’effondrement de la biodiversité, et nous. Or, les alertes des scientifiques ne sont pas écoutées et les représentants politiques font le choix du scénario catastrophe. Il y a une réelle urgence à revoir notre modèle juridique. Parce que les actions qui sont criminelles pour notre avenir sont parfaitement légales aujourd’hui. Nous n’avons pas les outils juridiques pour faire face.
Ne sommes-nous pas démunis face à cette puissance destructrice de gens qui n’entendent rien et n’écoutent pas les scientifiques ?
Effectivement, nous perdons une bataille. Aussi parce qu’il y a une remise en question de nos modèles démocratiques, une montée des extrêmes, une banalisation de la violence et de plus en plus de phénomènes politiques qui vont à l’encontre de nos intérêts humains et de la protection du vivant. C’est parce que la bataille politique est en train d’être perdue que je crois au mouvement des droits de la nature. Au lieu de vouloir fournir une réponse globale, les initiatives locales vont montrer de nouvelles voies et construire des alternatives. Je suis très inspirée de Vandana Shiva qui dit que plus nous pensons à l’échelle globale, plus nous nous démunissons de notre capacité d’action.
Sur le plan juridique, quel changement faut-il opérer ?
Le droit actuel conçoit un modèle dans lequel il est possible de détruire encore et encore. Il faut chercher à concevoir un modèle dans lequel tuer, détruire et piller n’est plus tolérable, dans lequel l’existence est protégée et garantie. Transmettre aux générations futures est l’alpha et l’oméga. Non seulement nous savons le faire juridiquement, puisque cela a déjà été fait par des générations de peuples autochtones, et, en plus, c’est notre seul outil concevable pour protéger nos droits fondamentaux. Il ne s’agit pas de penser un retour à d’autres droits qui seraient totalement différents du nôtre, mais de s’inspirer des droits des peuples autochtones pour en faire une transition radicale au service de ce que l’on appelle la « transition écologique ».
Il est de retour.
Dans quelques semaines, Donald Trump se ré-installera à la Maison Blanche.
Un milliardaire, pour qui le réchauffement climatique est « un canular », sera à la tête de la plus grande puissance mondiale.
Dans une décennie cruciale pour l’écologie, nous ne pouvons pas nous permettre de perdre plus de temps.
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