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  • "Anaïs" sur France Info

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    Deux anciens articles : (cliquez sur le titre)

     

    "Anaïs s'en va-t-en guerre" (cinéma)

    Anaïs et Marion

     

     

    "Anaïs, 2 chapitres" : l'histoire d'une jeune agricultrice prête à tout pour lancer son exploitation de plantes aromatiques

     

    Avec ce documentaire, la réalisatrice Marion Gervais saisit une tranche de vie et dresse un beau portrait de femme.

    Article rédigé parLaurence Houot

    France Télévisions - Rédaction Culture

    Publié le 11/09/2024 06:00

    Temps de lecture : 5 min"Anaïs, 2 chapitres", de Marion Gervais, sortie le 11 septembre 2024. (LA VINGT-CINQUIEME HEURE)

    "Anaïs, 2 chapitres", de Marion Gervais, sortie le 11 septembre 2024. (LA VINGT-CINQUIEME HEURE)

    En 2012, Marion Gervais avait filmé Anaïs, une jeune agricultrice de 24 ans, pleine de passion et de détermination. Dans ce premier documentaire de 46 minutes, Anaïs s'en va-t-en guerre, sorti en 2014, la réalisatrice suivait la jeune femme dans son combat pour s'installer en Bretagne, contre vents et marées, entre une administration tatillonne et un milieu agricole misogyne. Dix ans plus tard, la réalisatrice revient nous donner des nouvelles de cette jeune femme passionnée par son métier, la culture des plantes aromatiques, qui cette fois "s'en va-t-aimer". Ces deux temps forts sont rassemblés dans Anaïs, 2 chapitres, à voir au cinéma le 11 septembre 2024.

    Quand le film s'ouvre, Anaïs est accroupie dans ses plantations et elle arrache rageusement les mauvaises herbes en pestant contre l'administration. "Désherber", comme elle le dira plus tard, ça la "détend". La jeune femme vit dans une caravane, sans eau et sans électricité. Elle rêve de lancer sa production de plantes aromatiques. Et pour ça, elle va devoir faire avec les contraintes administratives, les remarques sexistes du monde agricole ("une jolie fille n'a rien à faire dans les champs") et le climat breton. "Aussi, quelle idée de vouloir faire des tisanes en Bretagne...", s'amuse la jeune femme. 

    Anaïs a besoin d'une réserve d'eau et de financement pour investir dans un séchoir pour ses plantes, mais elle se heurte à la bureaucratie. Pleine de doutes mais jamais complètement découragée, la jeune femme écoute patiemment (même si elle n'en pense pas moins) les conseils des uns et des autres. Puis elle trouve une petite maison et un bout de terre où faire pousser ses plantes. L'aventure peut commencer.

    "Je suis sûre que j'irai au bout"

    "Ce qui me fait peur, c'est de ne pas y arriver, déclare la jeune femme, toujours en action, parce que si je n'y arrive pas, je ne sais pas ce que je ferai de ma vie". Anaïs travaille 12 heures par jour, et ne tire quasiment pas de salaire de son travail. Qu'à cela ne tienne, elle ne lâche rien :"Je préfère bosser 60 heures par semaine dans mon champ que 35 heures à l'usine", déclare-t-elle en souriant.

    Elle laboure, sème, cueille, tout ça seule, et à la main. Et elle s'accroche, les mots de certains lui apportant parfois du réconfort, notamment ceux du chef étoilé Roellinger installé à Cancale, connu pour sa cuisine herbacée. "Si vos plantes sont belles, c'est peut-être parce que vous y avez apporté un soin particulier", lui dit-il.

    Avec son corps filiforme de danseuse et ses mains de paysanne, Anaïs travaille inlassablement sur ses terres, comme dans une chorégraphie, portée par un mélange de force et de grâce.

    Quand le premier chapitre se referme, il reste encore du travail mais rien ne semble pouvoir arrêter la jeune femme, qui au fil des semaines et des rencontres a trouvé une forme de confiance. "Je ne suis pas du tout sûre que ça va marcher, mais je suis sûre que j'irai au bout", assure-t-elle.

    "À deux, ça change tout"

    Dix ans plus tard, chapitre 2, on retrouve Anaïs, même fougue, même langage fleuri, une pointe de gravité en plus dans le regard, elle est toujours près du sol, à arracher de l'herbe avec une main pendant que l'autre tient le téléphone. Au bout du fil, les services de la préfecture. Elle a trouvé une nouvelle raison de pester contre l'administration : il lui faut obtenir un visa pour son mari Seydou, originaire du Sénégal, avec qui elle désire ardemment partager son petit paradis de plantes odoriférantes, qu'elle "traite comme des princesses".

    Ce second chapitre est exclusivement consacré à l'amour. On aura très peu de détails sur l'évolution de l'exploitation et la vente des tisanes d'Anaïs, si ce n'est par ce qui est montré à l'image, et tout indique que le projet a bien prospéré.

    "Anaïs, 2 chapitres", de Marion Gervais, sortie le 11 septembre 2024. (LA VINGT-CINQUIEME HEURE)

    "Anaïs, 2 chapitres", de Marion Gervais, sortie le 11 septembre 2024. (LA VINGT-CINQUIEME HEURE)

    Sur cette question de l'amour, en revanche, la vie n'est pas un long fleuve tranquille. Une fois les tracasseries administratives réglées et Seydou installé avec Anaïs, les choses ne vont pas de soi. Si Seydou fait sa part du travail dans les champs et à la maison, il a du mal à s'adapter, et la tension monte entre Anaïs et son mari.

    Mais comme dans le chapitre 1, Anaïs n'est pas prête à lâcher. Peu à peu Seydou s'acclimate et le couple trouve ses marques. "Le quotidien est le même, mais à deux, et ça change tout", lâche Anaïs, pendant qu'une nouvelle pousse grandit dans son ventre.

    Le temps qui passe

    Construit en deux parties, comme l'indique le titre, le film dresse avant tout le portrait d'une femme qui, comme elle le dit elle-même, "ne fait rien comme les autres gens". Une femme déterminée, à fleur de peau, intransigeante, capable de transformer sa colère en énergie pour faire vivre ses rêves.

    Dans une mise en scène sobre et pudique, la caméra reste accrochée à son personnage, le film scandé par des plans qui reviennent à intervalles réguliers, comme pour marquer le temps qui passe : les pas d'Anaïs dans les herbes, ou encore ce plan fixe de la jeune agricultrice, de dos, le regard tourné vers l'horizon, qui peu à peu s'élargit.

    "Anaïs, 2 chapitres", de Marion Gervais, sortie le 11 septembre 2024. (LA VINGT-CINQUIEME HEURE)

    "Anaïs, 2 chapitres", de Marion Gervais, sortie le 11 septembre 2024. (LA VINGT-CINQUIEME HEURE)

    Témoin d'une belle tranche de vie, ce film est traversé par toutes sortes de questionnements sur la société, du travail à la féminité, en passant par l'amour, l'immigration et la tolérance.

    Anaïs, 2 chapitres est aussi pénétré par des questions plus intimes, propres à la personnalité extraordinaire d'Anaïs, qui nous fait partager aussi bien sa passion que ses convictions, ses doutes et son extraordinaire force de vie, et aussi celle de Seydou, son amoureux avec son parcours chaotique, et ses silences qui en disent long.

    Affiche du film "Anaïs, 2 chapitres", de Marion Gervais, sortie le 11 septembre 2024. (LA VINGT-CINQUIEME HEURE)

    Affiche du film "Anaïs, 2 chapitres", de Marion Gervais, sortie le 11 septembre 2024. (LA VINGT-CINQUIEME HEURE)

    La Fiche

    Genre : Documentaire
    Réalisateur : Marion Gervais
    Pays : France
    Durée : 1h 44min
    Sortie : 11 septembre 2024
    Distributeur : La Vingt-Cinquième Heure Distribution
    Synopsis : Anaïs, 24 ans, s'installe comme agricultrice en Bretagne. Rien ne l'arrête. Ni l'administration, ni les professeurs misogynes, ni le tracteur en panne, ni les caprices du temps... 10 ans plus tard, Anaïs est maintenant mariée avec un jeune Sénégalais, Seydou. La dure loi des frontières compliquant tout, ils vont devoir se relever les manches... Ensemble.

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  • Une justice à deux vitesses

     

    Deux millions d'amende, c'est sans doute la somme engrangée par Nestlé dans une matinée... C'est juste lamentable au regard de la tromperie et des conséquences sur l'environnement.

    Nestlé Waters va payer une amende de 2 millions d'euros et échapper à un procès

     

    L'entreprise possède les marques Vittel, Perrier, Contrex, Hépar et San Pellegrino.

    Article rédigé parfranceinfo avec AFP

    France Télévisions

    Publié le 10/09/2024 21:11Mis à jour le 10/09/2024 21:13

    Temps de lecture : 1 minL’usine d’embouteillage de Nestlé Waters, à Contrexéville (Vosges), en France, le 23 mai 2023. (JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP)

    L’usine d’embouteillage de Nestlé Waters, à Contrexéville (Vosges), en France, le 23 mai 2023. (JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP)

    Nestlé Waters n'ira pas devant les tribunaux. Le groupe, qui était visée par deux enquêtes préliminaires pour des forages illégaux et pour tromperie, va payer une amende de 2 millions d'euros après avoir conclu mardi 10 septembre une convention judiciaire d'intérêt public (CJIP) avec le parquet d'Epinal.

    à lire aussi : Scandale des eaux Nestlé : pourquoi le groupe pourrait échapper à un procès

    L'entreprise qui possède les marques Vittel, Perrier, Contrex, Hépar et San Pellegrino doit s'acquitter de cette amende dans un délai de trois mois, a précisé le procureur d'Epinal Frédéric Nahon dans un communiqué, en annonçant la conclusion de cette CJIP, "la plus importante en matière environnementale signée à ce jour en France".

    Quelque 516 800 euros pour des associations de défense de l'environnement

    La filiale du groupe suisse Nestlé s'est également engagée à "la réparation de l'impact écologique par la mise en place d'un ambitieux plan de renaturation et de restauration" de deux cours d'eau, le Petit-Vair et le Vair, et à la restauration de zones humides situées sur le territoire de Vittel et de Contrexéville. Ce plan représente un investissement de 1,1 million d'euros, et doit être mis en oeuvre sous la supervision de l'Office français de la biodiversité pendant deux ans.

    La société va en outre indemniser plusieurs associations de défense de l'environnement à hauteur de 516 800 euros au total. La conclusion de cette CJIP intervient à la suite de deux enquêtes préliminaires. La première portait sur des forages exploités sans autorisation et la seconde pour tromperie, en raison de l'utilisation de traitements non autorisés - reconnue par Nestlé - pour ses eaux minérales, en l'occurrence le traitement par ultraviolets et des filtres à charbon actif.

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  • James Lovelock, docteur catastrophe

    Je pense avoir tout lu de cet auteur, ce qui a été traduit, et maintenant, je lis la thèse d'un chercheur du CNRS le concernant et principalement sur l'hypothèse GAÏA. 

     

    Gaïa, Terre vivante - Sébastien DutreuilLire un extrait

    Gaïa, Terre vivante
    Histoire d'une nouvelle conception de la Terre

     

    Sébastien Dutreuil

     

    Qui est Gaïa ? Une proposition scientifique ou un nouveau rapport spirituel, philosophique et politique à la nature ? Gaïa est la divinité grecque qui a surgi après Chaos pour engendrer le monde. Mais c'est aussi le nom que James Lovelock, chimiste et ingénieur anglais, et Lynn Margulis, microbiologiste américaine, ont donné dans les années 1970 à l'hypothèse d'une régulation de l'habitabilité de la Terre par les êtres vivants. Cette figure clivante a généré des débats passionnés dans les sciences, en philosophie, dans la littérature écologiste.
    Les critiques la résument à l'idée d'un altruisme biologique global, invalidé par la sélection naturelle et dont il ne resterait que de vaines élucubrations New Age. Lovelock estime quant à lui que l'ensemble de ses réflexions spéculatives sur la Vie et la Terre, élaborées depuis le laboratoire construit dans son garage au fond de la campagne anglaise, est à même de transformer les sciences et la conception moderne de la Nature.
    Aucun de ces récits n'est satisfaisant. Ils ne permettent pas de restituer l'immense influence de Gaïa sur les sciences de l'environnement, de la constitution des sciences du système terre au concept d'Anthropocène. Ils masquent les enjeux philosophiques et politiques les plus importants de Gaïa. Cette enquête historique et philosophique cartographie les controverses et propose un nouveau récit. Gaïa est une nouvelle conception de la Terre, un cadre pour penser les pollutions de l'environnement global (climat, ozone, insecticides, pluies acides, etc.). Malgré les réticences qui subsistent à l'évocation du nom de Gaïa, nous pouvons enfin saisir l'influence profonde qu'elle a eue sur les savoirs, les philosophies et les politiques contemporaines de la Terre.

    Version papier : 25.00 €

    Version numérique : 18.99 €

     



    https://www.lemonde.fr/planete/article/2006/02/10/james-lovelock-docteur-catastrophe_739990_3244.html?fbclid=IwY2xjawFJLmlleHRuA2FlbQIxMQABHVyFdFi0raAvoW1f5ROKGiHowkNW2xCBsgOYv1b7rug_IIjT7voei1Fywg_aem_hayjUgqWRY21_WxIqnNmEg

    James Lovelock, docteur catastrophe

    La civilisation va disparaître en raison du réchauffement climatique. C'est un scientifique de très haut niveau qui le dit. Dans son dernier livre, "La Revanche de Gaia", il pourfend les illusions du développement durable.

    Par Hervé Kempf

    Publié le 10 février 2006 à 13h41, modifié le 10 février 2006 à 13h41

    Vraiment, des milliards de gens vont mourir du fait du changement climatique ?" "Oui. Avec le réchauffement, la plus grande partie de la surface du globe va se transformer en désert. Les survivants se grouperont autour de l'Arctique. Mais la place manquera pour tout le monde, alors il y aura des guerres, des populaces déchaînées, des seigneurs de la guerre. Ce n'est pas la Terre qui est menacée, mais la civilisation."

    Le ton est des plus tranquilles, et l'on converse dans l'ambiance sereine d'un cabinet de travail au coeur d'un cottage du Devon plus britannique que nature. D'ailleurs, l'aimable grand-père s'étonne lui-même de sa prophétie : "Je suis un homme joyeux, je n'aime pas les histoires de catastrophes. C'est ce qui rend celle-ci si étrange." Il n'en doute pas : un seuil a été franchi, une machine irréversible est en marche, le réchauffement va s'emballer, atteignant 8 °C en un siècle — un niveau insupportable pour la planète et les hommes qui y vivent. Quand aura lieu la crise ? Avant 2050.

    On voudrait bien ne pas l'entendre, se complaire dans l'idée que les choses sont en train de s'arranger, que Kyoto avance, que le développement durable modifie peu à peu la donne, que le vilain Bush va quitter la scène. Sauf qu'il est difficile de négliger un des savants les plus rayonnants des dernières décennies : James Lovelock a peut-être des idées fantaisistes, mais c'est une fantaisie qui a fait de lui, au minimum un très grand scientifique, et peut-être l'inventeur d'une théorie qui pourrait le placer dans la lignée des Newton, Maxwell ou Darwin...

    Mais qui est-il ? Surprise : en France, il est totalement ignoré. Au mieux aura-t-on entendu parler de l'hypothèse Gaia, une théorie bizarre et un peu suspecte. En Angleterre, c'est un chéri des médias. Il est célèbre en Allemagne, populaire au Japon, traduit en Espagne. La France est-elle trop étroitement cartésienne ou, plus simplement, provinciale ? Peu importe. Sir Lovelock, qui a inventé divers instruments toujours utilisés aujourd'hui, compte plus de 200 articles scientifiques à son actif, est membre de la Royal Society (l'équivalent de l'Académie des sciences française, en plus chic), a accumulé distinctions et titres dont l'énumération remplirait la moitié de cette page. A 86 ans, tout en contemplant avec sérénité la perspective de la mort — "à notre époque, il est immoral de vouloir vivre au-delà de cent ans" —, il parle comme s'il lui restait sa vie à vivre.

    D'ailleurs, il aime bien les tournants. Vers 40 ans, raconte-t-il, "j'avais un job très sûr, presque aucune contrainte, un très bon salaire selon les standards de l'époque. Je me voyais aller tranquillement vers la retraite — ça m'horrifiait. Heureusement, j'ai reçu une lettre de la Nasa qui m'invitait à venir concevoir des instruments qui seraient posés sur Mars ou Vénus. Cela m'a donné une excuse honorable pour quitter un employeur parfait."

    Le docteur en médecine travaillait depuis 1941 au Medical Research Council de Londres, côtoyant des hommes comme Archer Martin, Prix Nobel de chimie en 1952. James avait notamment étudié le rhume et inventé divers dispositifs, dont l'un, le détecteur par capture d'électrons, s'est imposé comme un classique des instruments de laboratoire. Il n'hésitait pas à payer de sa personne : étudiant les brûlures pendant la guerre, il se brûlait le bras, avec des collègues, plutôt que de sacrifier des lapins innocents. "Au bout d'une semaine, je pouvais mettre une cigarette sur mon bras sans rien sentir. Mais j'étais quand même trop malade, j'ai arrêté ça."

    Le voilà donc en 1961 entre Houston et Los Angeles. Il étudie des dispositifs permettant de prélever du sol de Mars afin d'observer si l'on y trouve des traces de vie. Mais le biologiste ingénieur propose une solution différente : "Il fallait analyser la composition de l'atmosphère sur Mars. Mon argument était que, s'il y avait de la vie sur Mars, elle influerait sur l'atmosphère, celle-ci étant à la fois matériau de la vie et réceptacle de ses rejets. L'atmosphère serait transformée, ce que révélerait l'analyse."

    Il conçoit des expériences à cette fin, et commence à faire germer l'idée qui va le rendre célèbre : "Il est apparu que l'atmosphère de Mars était complètement équilibrée, et qu'il n'y avait pas de vie. Or, sur la Terre, il y a une atmosphère extraordinaire, avec un gaz très réactif, l'oxygène : elle devrait être très instable, mais elle reste pourtant toujours au même niveau, favorable à la vie. Vous pouvez en déduire que quelque chose doit la réguler pour qu'il reste constant." L'hypothèse que la Terre constitue un ensemble vivant autorégulé naît. Elle prend le nom de "Gaia" — la Terre mère, dans la mythologie grecque —, suggéré par son ami William Golding, qui recevra le prix Nobel de littérature en 1983.

    Après ces années 1960, le développement de la théorie Gaia va occuper l'essentiel de la vie de Lovelock, qui subsiste confortablement en tant que scientifique indépendant, consultant pour des organisations comme la Nasa ou la société Shell. En 2001, plusieurs sociétés savantes internationales (Diversitas, IGBP, etc.) endossent la théorie, déclarant que "le système Terre se comporte comme un système unitaire autorégulé constitué des composants physiques, chimiques, biologiques et humains". L'ancien quaker — il a abandonné la foi en 1951, devenant agnostique — prend bien garde à ne pas se laisser entraîner dans une interprétation spiritualiste de sa théorie. Mais il précise qu'"en privé" il considère "l'espèce humaine comme le système nerveux de Gaia".

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    Ce système nerveux se transforme en empoisonneur, affirme Lovelock dans The Revenge of Gaia (La Revanche de Gaia), qui paraît en Grande-Bretagne ces jours-ci chez Penguin. "Cela me rappelle 1938 : les gens, les politiciens, tout le monde savait que la guerre arrivait, mais personne n'agissait de manière sensée. Notre situation est similaire : le désastre peut survenir soudainement."

    Il pourfend les illusions du développement durable ou des éoliennes, appelle à la décroissance des consommations matérielles, à une "retraite" de l'économisme — et constate l'inertie des sociétés industrielles. La catastrophe est à la porte et nous ne faisons rien. Mais, au fond, on dirait que cet homme gai et dont le parcours est un tissu d'imagination et d'indépendance peine à croire à sa prophétie. "La vie est si excitante."

    Hervé Kempf

  • Les leaders de la pensée verte.

     

     

    Et pan... Ils me fatiguent tous ces "leaders" de la pensée verte qui au final se révèlent de sacrés hypocrites. Et ils sont nombreux.

    Une lette de Nicolas Casaux à Cyril Dion.

     

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    Nicolas Casaux

     

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    LETTRE À CYRIL DION

    Cher Cyril, dans une interview parue hier sur le site de Libération, au sujet de l’écologie, tu déplores le fait que le système « intègre les critiques sans réellement poser le problème en disant qu’on va faire de la croissance verte, du développement durable, de l’écologie “pragmatique”. Qu’on va trouver des solutions technologiques et faire de l’hydrogène vert. Et que cela va nous permettre de continuer comme si de rien n’était. Sans se poser la bonne question. Celle du modèle économique. De la remise en cause de la croissance. Produire moins. »

    D’un côté, cher Cyril, tu as bien raison. La « croissance verte », le « développement durable », les solutions technologiques, tout ça relève de la mystification. Il n’existe pas de version « verte » ou « durable » du capitalisme industriel. Toutes les industries, y compris les industries de production de technologies ou d’énergies dites « vertes », « propres », impliquent des dégradations du monde naturel. L’alternative qui se présente à nous consiste à sortir du mode de vie industriel ou à continuer de ravager la planète jusqu’à une catastrophe ultime, pour nous comme pour toute la vie sur Terre.

    Mais d’un autre côté, cher Cyril, cela me pose question. Je m’explique :

    1. Ton amie Isabelle Delannoy, qui a publié, dans la collection que tu gères chez Actes Sud, un livre (L’Économie symbiotique) que tu as élogieusement préfacé et que tu cites souvent, y compris dans tes propres livres, s’est spécialisée dans la promotion du « développement durable », d’une « nouvelle croissance économique » et de « solutions technologiques ». Une interview qu’elle a accordée à Salesforce France est même intitulée « Comment concilier DÉVELOPPEMENT durable et RENTABILITÉ économique ? » Delannoy fait aussi, dans tout ça, la promotion de « l’hydrogène vert » et de « flottes de véhicules à hydrogène ».

    Dans la même collection, chez Actes Sud, tu as fait publier une traduction du livre Drawdown : Comment inverser le cours du réchauffement planétaire de l’états-unien Paul Hawken. Ce livre, tu l’as aussi préfacé, là encore élogieusement. Je me permets de te citer : « J’espère donc que cet ouvrage constituera une véritable feuille de route dont se saisiront les élus, les chefs d’entreprise et chacun d’entre nous. »

    Hawken est pourtant célèbre pour sa promotion de ce qu’il appelle un « capitalisme naturel » et de la « croissance verte ». Il est mondialement connu comme un des principaux théoriciens du capitalisme vert. Son livre est un concentré de « solutions technologiques », qu’il présente comme susceptibles de « contribuer à la croissance économique ». Évidemment, parmi celles-ci, on retrouve l’hydrogène vert, mais aussi la géo-ingénierie (« épandre de la poussière de silicate sur la terre (et les mers) pour capter le dioxyde de carbone », « reproduire la photosynthèse naturelle dans une feuille artificielle » ou mettre en place « une nouvelle industrie durable de captage et de stockage de milliards de tonnes de dioxyde de carbone prélevés directement dans l’atmosphère », etc.), les « autoroutes intelligentes », les avions alimentés par des biocarburants, les camions tout électriques, un « système d’automatisation des bâtiments (BAS) », qui constituerait « le cerveau d’un bâtiment » : « équipés de capteurs, les bâtiments BAS scrutent et rééquilibrent en permanence pour une efficacité et une efficience maximales. Les lumières s’éteignent lorsqu’il n’y a personne, par exemple, et les fenêtres s’ouvrent pour améliorer la qualité et la température de l’air. Un système classique indique aux gestionnaires de bâtiments les mesures à prendre, comme le tableau de bord d’une voiture ; les bâtiments dotés de systèmes automatisés agissent eux-mêmes, comme une voiture autonome. » Et puis la « téléprésence » : « la téléprésence prend désormais vie de diverses manières et dans des contextes variés. Des entreprises et des écoles aux hôpitaux et aux musées, l’interaction virtuelle ouvre de nouvelles possibilités. À l’aide d’un robot de téléprésence mobile, un chirurgien peut donner son avis sur une intervention rare en temps réel, sans se déplacer d’Austin à Amman. Réunis dans des salles de conférence de téléprésence à Sydney et à Singapour, des cadres peuvent débattre d’une éventuelle acquisition sans prendre le moindre vol. Les entreprises qui ont adopté la téléprésence avec enthousiasme constatent qu’il n’est pas possible de réduire tous les déplacements, mais que beaucoup le peuvent. Au-delà de la réduction des émissions de carbone, la téléprésence offre de nombreux autres avantages : des économies de coûts grâce aux voyages évités, bien sûr, mais aussi des horaires moins éprouvants pour les employés, des réunions à distance plus productives, la possibilité de prendre des décisions plus rapidement et une meilleure connexion interpersonnelle entre les pays. » Etc.

    Hawken figure en outre dans la dernière série de documentaires que tu as réalisée, intitulée Un monde nouveau, coproduite par Arte, le fonds d’investissement Mirova, l’entreprise Akuo Energy (qui développe des projets industriels de production d’énergies dites « renouvelables » dans de nombreux pays), Ushuaïa TV, France info, etc.

    Autrement dit, tes ami·es et toi faites inlassablement, et depuis des années, la promotion de tout ce que tu prétends déplorer dans l’interview que tu as donnée à Libé.

    J’aimerais donc comprendre : réalises-tu à quel point tu es hypocrite ? Fais-tu exprès de promouvoir tout et son contraire ? Te moques-tu de nous délibérément ?

    2. Dans l’interview susmentionnée, comme à ton habitude, ces temps-ci, tu te plains. Tu laisses entendre que tu en as marre, que tu es fatigué, que la vie est dure. Que ta vie est dure. Tu te plains aussi du fait - ô monde cruel - que malgré tous les documentaires que tu réalises, malgré tous tes discours, le monde ne va toujours pas bien. Mais, bon sang, comment que ça se fait ?! Tu prétends que cela fait « cinquante ans » que des gens comme toi disent ce qui ne va pas et ce qu’il faudrait faire dans les médias.

    Seulement, vois-tu, ainsi que cette lettre en témoigne, cela fait au moins aussi longtemps que des gens comme moi s’efforcent de souligner les erreurs (pour rester poli) et les contradictions qui minent les perspectives comme la tienne. Mais pour diverses raisons relativement faciles à deviner, et contrairement à toi, les nôtres n’ont pas voix au chapitre, ne sont pas invité·es sur les plateaux télé ou à la radio, leurs travaux ne sont pas financés par France Télévisions, sponsorisés par l’AFD, Orange, Konbini, L’OBS, la Banque postale, UGC ou Mirova.

    J’en viens à ma question : t’arrive-t-il de te demander si, si rien ne change malgré la diffusion mass-médiatique, depuis plusieurs décennies déjà, de discours comme le tien, c’est peut-être parce que vos idées sont largement à côté de la plaque ? (Face à l’immuabilité de la trajectoire du capitalisme industriel et à son incapacité à se verdir, à devenir écologique, propre, les gens comme toi, l’air exaspéré, paraissent décontenancés, surpris. Comme si, au vu de la situation, nous aurions pu ou dû nous attendre à autre chose. Alors qu’en fait, non.)

    (N'hésitez pas à m'aider à partager cette lettre. Avec un peu de chance, il tombera dessus, et, qui sait, y répondra.)



  • Article 122-1 du code pénal

     

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    Article 122-1 du code pénal sur l'irresponsabilité : "N'est pas pénalement responsable la personne qui était atteinte, au moment des faits, d'un trouble psychique ou neuropsychique ayant aboli son discernement ou le contrôle de ses actes."

     

    Nous en sommes là.

    Combien d'individus sont encore pourvus de discernement au regard de l'impact humain sur la planète?

    Combien sont encore capables de s'extraire du fonctionnement matérialiste et individualiste ?

    Combien sont conscients que la continuité de l'exploitation immodérée des ressources pour rassasier des besoins secondaires conduit l'humanité toute entière à une situation qui relèvera de l'invivable ?

    Combien sont suffisamment empathiques pour prendre en considération les générations à venir ? 

    Combien sont donc encore pourvus d'un discernement compatible avec la vie ?

    La révolution industrielle suit son cours, nourrie par une folie collective. 

     

    Crise climatique : la Chine a connu son mois d'août le plus chaud de l'histoire dans plusieurs provinces

     

    "La plupart des régions de Chine ont connu un été plus chaud que les années précédentes", a souligné le service météorologique national dans un article publié dimanche.

    Article rédigé parfranceinfo avec AFP

    France Télévisions

    Publié le 02/09/2024 14:41Mis à jour le 02/09/2024 15:20

    Temps de lecture : 2 minA Shanghai, en Chine, des personnes se protègent du soleil avec des parapluies, le 6 août 2024, en pleine canicule. (CFOTO / NURPHOTO / AFP)

    A Shanghai, en Chine, des personnes se protègent du soleil avec des parapluies, le 6 août 2024, en pleine canicule. (CFOTO / NURPHOTO / AFP)

    Une grande partie de l'hémisphère nord est frappée en cette fin d'été par des vagues de chaleur particulièrement fortes, de l'Europe à l'Asie. Comme au Japon, où les services météorologiques ont annoncé que le mois d'août avait été le plus chaud enregistré dans le pays, les autorités chinoises font état, lundi 2 septembre, de températures exceptionnelles. En août, les températures moyennes de l'air ont été les plus élevées depuis le début des relevés à Shanghai, ainsi que dans six provinces (le Jiangsu et le Shandong à l'est du pays, le Hebei (nord), le Hainan (sud), le Jilin et le Liaoning (nord-est), ainsi que dans la région du Xinjiang (nord-ouest), liste le portail d'information du service météorologique national.

    Cinq autres provinces ont connu le deuxième plus chaud mois d'août de leur histoire, et sept autres le troisième plus chaud. "La plupart des régions de Chine ont connu un été plus chaud que les années précédentes", a souligné le service météorologique national dans son article publié dimanche.

    En juillet, la température moyenne au niveau national avait connu son niveau le plus élevé, 23,21°C, contre 23,17°C lors du précédent record de 2017.

    Des extrêmes climatiques plus fréquents et intenses 

    Plusieurs grandes villes, comme Shanghai, Hangzhou (est) et Chongqing (sud-ouest), ont également connu un plus grand nombre de "journées à fortes températures" (généralement lorsque le mercure dépasse les 35°C) qu'au cours de n'importe quel autre mois d'août depuis le début des relevés.

    La Chine connaît un été marqué par des événements climatiques extrêmes et des températures localement inhabituelles, des types de phénomènes exacerbés par le changement climatique selon des scientifiques.

    Le géant asiatique est le plus important émetteur mondial, en valeur absolue, de gaz à effet de serre contribuant à ce changement climatique. Il a promis d'arriver à un pic d'émissions d'ici 2030 et d'atteindre la neutralité carbone d'ici à 2060.

    Depuis le XIXe siècle, la température moyenne de la Terre s'est réchauffée de 1,1°C. Les scientifiques ont établi avec certitude que cette hausse est due aux activités humaines, consommatrices d'énergies fossiles (charbon, pétrole et gaz). Ce réchauffement, inédit par sa rapidité, menace l'avenir de nos sociétés et la biodiversité. Mais des solutions – énergies renouvelables, sobriété, diminution de la consommation de viande – existent. Découvrez nos réponses à vos questions sur la crise climatique.

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  • Pour nous, les hommes.

     

    Un mois bien, bien pourri médicalement parlant. Trois passages aux urgences et un final en apothéose avec une intervention chirurgicale. Et je suis admiratif de la technologie au laser qui a été utilisée. Et tout autant des hommes et femmes qui un jour ont décidé de se lancer dans la médecine de ce niveau. Il ne me reste plus qu'à récupérer et à imaginer le bonheur de ce jour à venir où je remonterai sur le vélo ou que j'irai marcher ou nager, ce jour où je pourrai de nouveau user pleinement de mon corps.

    Je me suis dit en tout cas que cette expérience méritait d'être détaillée parce qu'elle pourrait servir à d'autres hommes. Et si je précise que ça concerne les hommes, c'est parce qu'il s'agit de la prostate.

    Il y a six ans ma prostate (à 56 ans) a commencé à montrer des signes de faiblesse. Un jet moins puissant et surtout une vidange incomplète de la vessie. L'obligation de me lever au moins une fois la nuit ce qui ne m'arrivait jamais. Je m'en suis accommodé. Et  je n'aurais pas dû car depuis ce temps, le grossissement de la prostate n'a cessé de s'amplifier et le 28 juillet, j'ai passé une sale journée et une nuit très pénible : fièvre, tremblements, suées. Le lendemain, je suis allé voir ma médecin généraliste et elle m'a diagnostiqué une probable prostatite. Prise de sang et traitement antibio de choc. L'idée, c'était d'éviter la rétention urinaire qui peut avoir des effets très néfastes sur la vessie et même sur les reins. 

    Le résultat de la prise de sang a été sans appel : prostatite aigue et je me suis retrouvé en blocage complet, plus une goutte. Un taux de PSA très élevé, une infection majeure de la sphère urinaire. La médecin a essayé de m'installer une sonde urinaire et elle n'a jamais réussi à passer l'obstacle de la prostate. Direction les urgences. Je suis passé devant tous les gens qui attendaient. Situation d'urgence immédiate. 
    Je ne souhaite à personne de connaître la mise en place d'une sonde urinaire quand la prostate a la taille d'une boule de pétanque. C'est en tout cas l'impression que j'en avais puisque je la sentais jusque contre la paroi du rectum. L'infirmière a été obligée de "passer en force"... Neuf cent millilitres d'urine se sont vidés et ça a été un très gros soulagement... Retour à la maison, rdv avec l'infirmière à domicile pour le suivi et la mise en place de la poche de nuit, surveillance d'éventuelles surinfection. Je dormais donc avec une large poche en complèment de la poche de jour sur laquelle j'étais branché. Mais on ne dort pas bien du tout avec une sonde urinaire...

    Huit jours plus tard, la médecin généraliste a considéré que c'était suffisant, que le traitement antibio avait fait son efffet, le taux de PSA était bien redescendu, je n'avais plus de traces d'infection. Elle a enlevé la sonde et je suis rentré.

    Deux heures plus tard, j'étais de nouveau en rétention. Retour aux urgences.

    Je n'avais toujours pas vu d'urologues, les trois de l'hôpital avaient pris leurs congés en même temps mais un urgentiste m'a expliqué que ça prenait fortement la direction d'une intervention chirurgicale, que cette fois, j'allais garder la sonde jusqu'au 22 août et qu'on l'enlèverait. Pour une dernière tentative. 

    Le 22 au matin, l'infirmière est passée à la maison et a retiré la sonde. J'avais enfin obtenu un RDV avec un urologue de l'hôpital à 14 heures. A midi trente, j'étais dans la salle d'attente et je prévenais une infirmère que j'étais de nouveau en rétention et que je ne tiendrai pas. Vu ma tête, elle a appelé le chirurgien sur son portable et je l'ai entendu dire : "Vous le sondez immédiatement". 

    Troisième sonde... Depuis la deuxième, j'avais déjà des filaments de sang qui s'évacuaient. Grosse, grosse fatigue, je n'en voyais pas le bout de cette galère...

    Le chirurgien est arrivé et il m'a expliqué deux, trois choses que je savais déjà (j'avais lu tous les sites hospitaliers spécialisés en urologie). Il m'a fait un toucher rectal.

     "Prostate à 90, on opère, plus le choix, vous ne vous en sortirez pas, même avec des mois de sonde et de toute façon, ça n'est pas envisageable. J'opère avec la méthode HOLEP, au laser."

    De toute façon, pour moi, c'était le laser ou rien et j'étais prêt à aller à Limoges où le laser est utilisé. La chirurgie "classique" n'est pas du tout conseillée pour une opération de la prostate. Le laser découpe, rabote, allège, il passe par le canal de l'urêtre, par les voies naturelles comme disent les médecins. Et c'est sous anesthésie générale. Le chirurgien me donne la date de l'opération : le 16 octobre. Je le regarde, sidéré. 

    "La liste d'attente est énorme, il n'y a pas assez d'appareils, pas assez d'urologues, pas de place, le service est surchargé et c'est partout pareil. Mais je vous  mets en tête de liste en cas de désistement, j'ai bien conscience que vous n'en pouvez plus."

    En 20 jours, j'avais perdu trois kilos et ça se voyait sur mon visage émacié, les traits tirés.

    Deux jours plus tard, je reçois un appel de l'hôpital.

    "Il y a eu un désistement, le docteur vous opère mercredi matin. Vous avez un RDV avec l'anesthésiste lundi matin. Il faut une prise de sang et une analyse d'urine, vous ferez tout ça à notre laboratoire et on aura les résultats pour l'opération."

    J'en aurais sauté de joie si je n'avais pas eu une sonde et une poche à urine. Je suis donc rentré le mercredi matin à 7 heures, le lendemain de mon anniversaire, et j'ai été opéré à 14 heures. Une heure trente d'anesthésie. Une nouvelle sonde pour évacuer le sang et les copeaux restants. Branché sur du sérum qui passait directement dans la verge et ressortait avec le liquide rosé...Antalgiques contre la douleur. le laser est plus gros qu'une sonde...Et son usage est très, très irritant. 

    Etonnamment, je suis sorti le lendemain soir. L'évacuation du sang a été rapide et l'éclaircissement des urines était rassurant. Et merveille absolue, je n'avais plus de sonde pour la première fois depuis le 31 juillet. J'urine du sang en début et en fin de miction mais ça n'est presque plus douloureux. Et c'est un jet puissant, ce qui ne m'était pas arrivé depuis six ans. 

    Je n'ai pas de fuites urinaires comme ça se produit habituellement. Le chirurgien l'explique par mon bon état musculaire, périnée et sphincter. Le sport, le sport...Ces éventuelles fuites sont de toute façon provisoires et peuvent même être traitées par une rééducation chez un kiné.

     

    Donc, ce que je retire de cette expérience médicale, c'est qu'il n'est pas bon de s'accommoder d'une prostate faiblissante et qu'il vaut bien mieux anticiper une opération avant de se retrouver en rétention urinaire.

    Si j'avais su...

    A vous de voir chers collèges masculins.  

  • Sanctuaire pour animaux d'élevage.

     

     

    La fin de l'article est juste stupéfiante. Les surfaces dédiées à l'élevage et donc au pâturage sont si importantes qu'il ne reste pas de disponibilté intéressante pour le maraîchage ?... C'est fou, complètement fou. Et encore une fois, la solution ne peut venir que des consommateurs...

    "C'est fini, je ne peux plus" : une association suisse propose d'accompagner les éleveurs qui ne veulent plus exploiter des animaux

     

    En Suisse, Virginia Markus a créé une association et un sanctuaire pour accueillir les animaux d'éleveurs volontaires lorsque ceux-ci perdent le sens de leur métier ou veulent arrêter d'élever des animaux pour des raisons éthiques.

    Article rédigé parfranceinfo

    Radio France

    Publié le 25/08/2024 17:05

    Temps de lecture : 2 minPaysage de campagne en Suisse. Illustration. (VINCENT ISORE / MAXPPP)

    Paysage de campagne en Suisse. Illustration. (VINCENT ISORE / MAXPPP)

    On connaît les refuges pour animaux abandonnés, mais on connaît moins les refuges pour animaux d’élevage, quand leurs propriétaires abandonnent leur profession. En Suisse, Virginia Markus a créé un sanctuaire pour recueillir veaux, vaches et cochons initialement destinés à l’abattoir. Sa mission consiste aussi à proposer une reconversion aux éleveurs qui ne veulent plus exploiter des animaux pour des raisons éthiques. Un phénomène marginal encore, mais qui prend de l'ampleur.

    à lire aussiAgriculture : le ministère alerte sur l'une "des plus faibles récoltes" de blé "des 40 dernières années" et des vendanges en baisse

    "Quand tu vois ces petits cochons, tu ne peux pas dire 'voilà une pointe, hop le rôti', tu ne peux pas ! Regarde ça, ils viennent même dire bonjour", pointe cet ancien éleveur. Dans une autre vie, Stéphane Baud avait des bovins et des cochons, pour leur viande, jusqu’au jour où les emmener à l’abattoir ne lui était plus humainement possible : "Une fois, j'ai dû aller dans un abattoir industriel. J'avais mis trois cochons et quand je suis parti, j'ai claqué la bétaillère, et je les entendais m'appeler derrière..." Il raconte s'être alors installé dans son tracteur, avoir fondu en larmes et quand il est rentré chez lui, la décision était prise : "Maintenant c'est fini, je ne peux plus."

    Une démarche volontaire

    C’est à ce moment que Stéphane entend parler de l’association Coexister de Virginia Markus. Il lui confie deux de ses vaches et discute avec elle des possibilités de reconversion. "Tous les animaux qui sont ici le sont parce que leurs anciens éleveurs ont été d'accord de les céder, gratuitement parce qu'on ne les rachète pas, explique Virginia Markus. Des éleveurs qui étaient très attachés à telle ou telle vache et qui préféraient la voir au sanctuaire plutôt qu'à l'abattoir."

    Elle raconte sa démarche et la façon dont elle est contactée par les paysans : "Je ne vais pas frapper à la porte des éleveurs, sinon je me ferais rembarrer. Non, l'idée c'est que ce soit une démarche volontaire, que ce soit uniquement pour replacer un ou deux animaux ou que ce soit pour entamer une démarche de reconversion, ce sont eux qui m'approchent et ensuite une discussion découle, qui va déboucher sur des solutions."

    "Je pars du principe que chaque projet est unique, donc je vais m'adapter aux besoins de la personne et aussi à la capacité de la ferme."

    Virginia Markus, fondatrice de l'association Coexister

    franceinfo

    Pour Stéphane, ce sera la boulangerie végétale, c’est-à-dire sans viande ni lait. Un virage à 180 degrés, même si d’autres solutions existent pour les éleveurs en rupture de ban. Virginie Markus reprend : "Il peut y avoir des éleveurs, des éleveuses, qui veulent garder la ferme, la transformer pour faire autre chose : du lait d'avoine, de la culture céréalière, du maraîchage, etc. Certains veulent garder des animaux, donc en fait ça dépend du projet."

    Elle rappelle aussi qu'un "certain nombre d'agriculteurs" veulent complètement "quitter l'agriculture tellement ils ont été dégoûtés du métier". Dans ces cas-là, l'associative essaye de les aider à se "reformer". Sur la quinzaine d’éleveurs accompagnés, peu sont restés agriculteurs, faute d’envie ou de terres adaptés à la culture céréalière ou maraîchère. Car si les surfaces agricoles représentent un quart du territoire suisse, la moitié est dédiée à l’élevage et au pâturage.

  • "La fertilité vient des arbres"

    Il y a ceux qui anticipent, qui réfléchissent, qui observent, qui comprennent, qui adaptent, qui usent de leur bons sens et sortent des filières d'exploitations brutales et puis il y a "les autres".

     

    "La fertilité vient des arbres" : l'agroforesterie, une solution face au réchauffement climatique

     

    L'agroforesterie se développe en Alsace.

    L'agroforesterie se développe en Alsace. • © Vincent Roy / France Télévisions

    Écrit par Isabelle Michel

    Publié le 13/08/2024 à 06h55partager cet article :

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    L'agroforesterie est une pratique agricole. Elle donne de bons résultats et se développe en Alsace où les expérimentations se multiplient. Utiliser les arbres pour limiter les effets du réchauffement climatique est une solution d'avenir. Certains agriculteurs n'ont pas hésité à se lancer dans l'aventure.

    Des arbres en plein milieu d'un champ de maïs, l'image est encore rare. Pour beaucoup, cela signifie encore une perte de rendement mais c'est peut-être le début d'une révolution. En Alsace, l'agroforesterie progresse lentement mais sûrement. À Pfettisheim, dans le Bas-Rhin, Dominique Daul a fait un pari sur l'avenir. Et c'est d'abord pour préserver les sols que cet agriculteur s'est lancé dans l'aventure. 

    "Ici, nous sommes sur une parcelle relativement érosive, explique Dominique Daul. Cela signifie que lorsqu'il y a des orages, un gros capital terre s'en va. Les bandes de culture en agroforesterie vont justement nous aider à préserver la terre. J'en suis convaincu. Et après, à terme, il y aura aussi un capital bois pour nos générations futures" précise l'agriculteur.

    L'agroforesterie, c'est l'intégration des arbres en agriculture. Elle recouvre l'ensemble des pratiques agricoles qui associent, sur une même parcelle, des arbres (haies, alignement, bosquets...) à une culture agricole ou à de l'élevage. Elle permet d'augmenter la production tout en assurant la préservation et le renouvellement des ressources naturelles.

    De plus en plus d'agriculteurs alsaciens décident de planter des arbres sur leurs parcelles.

    De plus en plus d'agriculteurs alsaciens décident de planter des arbres sur leurs parcelles. • © Vincent Roy / France Télévisions

    Du chêne, du noyer, de l’orme... Sur les parcelles de Dominique Daul, en tout, cinq rangées d’arbres sont plantées dans un vaste champ de maïs. Une expérimentation sur dix ans. Tout sera répertorié : la fertilité du sol, les rendements, les données microclimatiques. De manière à servir de référence pour le monde agricole local, "Bien sûr qu'il existe déjà des références scientifiques sur l'agroforesterie, indique Mathilde Aresi, responsable de la branche agroforesterie à la chambre d'agriculture, notamment sur l'interaction entre les arbres et les cultures. Mais elles viennent souvent du Sud-Ouest. Ici, à Pfettisheim, on a voulu créer un cahier de référence qui parle aux agriculteurs alsaciens... avec des références alsaciennes !"

    Favoriser la biodiversité

    À Duppigheim, dans le Bas-Rhin, Paul Heckmann a lui choisi d'emprunter cette voie. Il a planté des arbres à proximité de ses parcelles d'asperges. Le résultat ne s'est pas fait attendre, "On constate le retour de la petite faune, des oiseaux, qui nous sont très utiles dans la culture des asperges, notamment pour attraper les cryosphères. Ces insectes pondent des larves sur les tiges et les grignotent."

    Ici, à Duppigheim, des arbres sont plantés en bordure de champs d'asperges.

    Ici, à Duppigheim, des arbres sont plantés en bordure de champs d'asperges. • © Vincent Roy / France Télévisions

    Des expérimentations concluantes

    Au lycée agricole d’Obernai, cela fait aussi quelques années que l'agroforesterie est rentrée dans les mœurs. Des expériences sont menées sur la culture du houblon : des arbres, il y en a derrière, sur les côtés... et même dans la houblonnière. Et là où il n’y en a pas, un goutte-à-goutte et des filets paragrêles pour faire de l’ombre sont installés. Un modèle clé en main d’adaptation au changement climatique, "Il y a deux systèmes : le système à court terme et le système à long terme", développe Véronique Stangret, du service expérimentation et développement au lycée agricole d'Obernai. "La partie artificialisée avec l'irrigation et les paragrêles, c'est pour trouver des réponses à court terme au dérèglement climatique. En revanche, quand il s'agit de réguler le microclimat avec des arbres, là, nous sommes sur des réponses à long terme. Ces dernières vont prendre du temps à se mettre en place. Elles nécessitent de l'anticipation."

    "J'utilise les arbres pour générer un peu d'ombre, ce qui va limiter l'évaporation, et pour créer de la matière organique."

    Sébastien Schwach, vigneron à Ribeauvillé

    Il y a encore beaucoup de chemin à faire. L’agroforesterie a besoin d’être documentée pour casser les idées reçues, notamment celle-là : les arbres feraient perdre du rendement. Chez Sébastien Schwach, vigneron à Ribeauvillé, dans le Haut-Rhin, qui a planté des arbres sur ses terres, le maximum de production viticole autorisée est quasi atteint,"J'utilise les arbres pour générer un peu d'ombre, ce qui va limiter l'évaporation, et pour créer de la matière organique. La fertilité vient des arbres".

    Moins de maladies dans les cultures, moins de recours aux pesticides, moins d’érosion des sols, plus de fraîcheur, l’agroforesterie concentre beaucoup d’atouts, mais elle nécessite de l’anticipation. Il faut laisser aux arbres le temps de pousser, c’est-à-dire entre dix et quinze ans.