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Les végétariens
- Par Thierry LEDRU
- Le 21/08/2024
- 0 commentaire
Si le coeur vous en dit, allez lire les commentaires... Il y en a plus de 1400 ce qui montre à quel point le sujet fait réagir.
"On se fait chambrer alors qu'on fait ça pour la planète" : devenir végétarien, un choix qui reste difficile à assumer à l'heure du barbecue
Article rédigé parZoé Aucaigne
France Télévisions
Publié le 18/08/2024 07:05Mis à jour le 20/08/2024 09:18
Temps de lecture : 8 min
En 2020, 2,2% des Français déclaraient avoir arrêté de manger de la viande, et 24% disaient avoir limité leur consommation, selon un sondage Ifop. (PAULINE LE NOURS / FRANCEINFO)
Préoccupés par l'environnement ou la souffrance animale, ceux qui ont renoncé à la viande font encore face à la pression sociale, et à l'inquiétude ou l'agacement de certains proches. Qui peuvent cependant se laisser convaincre.
Tout de rouge et blanc vêtus, une trentaine de festayres s'attable dans un restaurant qui borde l'Adour. Raphaëlle et ses collègues participent au déjeuner de leur entreprise à l'occasion des Fêtes de Bayonne (Pyrénées-Atlantiques). La guinguette propose un menu unique avec comme plat principal du poisson. "Je n'ai pas osé dire quoi que ce soit...", regrette celle qui a rejoint la société il y a peu de temps. Raphaëlle est végétarienne depuis 2016, mais à ce moment-là, elle "a eu la pression" et a choisi de se forcer.
Lors des vacances entre amis ou des réunions de famille, le sujet du régime alimentaire s'invite régulièrement à la table des végétariens – d'autant plus en été, saison propice aux barbecues. Ces repas-débat autour de la consommation de viande, Raphaëlle les a vécus il y a sept ans. A l'époque, cette Vendéenne décide de bannir merguez et côtelettes de son assiette après avoir visionné une vidéo de L214, l'association de défense animale, connue pour ses reportages choc. "Mais au début, je me sentais obligée de continuer à consommer de la viande pour faire plaisir", se souvient la jeune femme de 28 ans. Ses parents, omnivores, avaient du mal à comprendre. Pendant les fêtes de famille, "ils me demandaient de manger le chapon ou le rôti préparé par mes grands-parents pour ne pas les vexer."
En 2020, 2,2% des Français affirmaient avoir arrêté de manger de la viande, selon un sondage de l'institut Ifop, et 24% se déclaraient flexitariens, un terme sans définition très stricte mais qui traduit une volonté de limiter la place des produits carnés. Une tendance qui a très peu évolué depuis, selon les spécialistes interrogés par franceinfo. Souffrance animale, conséquences de l'élevage sur l'environnement, raisons médicales... Les motivations pour adopter un régime végétalien (sans produits d'origine animale), végétarien (sans viande), ou tout simplement de consommer moins de viande, sont multiples.
Mais davantage que le goût du poulet-frites du dimanche, ce qui freine parfois le passage à l'acte, c'est la peur de la réaction des autres, selon Christophe Terrien, enseignant-chercheur à l'université de Picardie Jules-Verne, spécialiste du comportement des consommateurs de viande : "Les difficultés liées à la réduction de sa consommation de viande sont surtout psychosociales, car l'alimentation est un marqueur social, comme l'habillement par exemple. Elle fait partie de l'identité."
"Je ne voulais pas blesser mes parents"
C'est pourquoi Coralie, 21 ans, a attendu de partir faire ses études à Paris pour adopter un régime végétarien. Elle y pensait déjà au lycée, mais ses parents étant éleveurs, "je sais que ça aurait créé des disputes dont je me serais bien passée. Et puis je ne voulais pas les blesser, ça touche au cœur même de leur travail". L'étudiante vient d'une famille où l'agriculture se transmet de génération en génération. "Ils ont grandi dans l'autosuffisance, je me voyais mal leur dire : 'Passez-vous de tout ce que vous avez produit'", explique-t-elle.
Installés en Isère, son père et sa mère sont engagés dans l'élevage biologique depuis quatre ans et gèrent un troupeau de 80 vaches, nourries avec leur propre fourrage. Loin des "fermes-usines" dénoncées par les militants pour l'environnement. "C'est en ayant grandi à la ferme, en voyant en quoi consistait leur travail et le modèle de leur exploitation, que j'ai compris qu'il ne représentait qu'une minorité dans les élevages en France", expose la jeune étudiante pour justifier son choix du végétarisme.
à lire aussiSalon de l'agriculture : quel est l'impact de l'alimentation sur l'environnement (et comment le réduire) ?
Malgré tout, quand Coralie a annoncé à ses parents ce changement de régime, ils y ont vu une "lubie", associée dans leur esprit à sa nouvelle vie dans la capitale et à l'influence de ses "camarades végétariens", raconte-t-elle. "Se déclarer végétalien dans une famille, c'est comme se dire pro-RN dans une famille de socialistes ou encore faire son coming-out", caricature Christophe Terrien. "La consommation alimentaire, et notamment de viande en France, fait partie de l'héritage culturel, c'est très important."
"Choisir un régime végétalien, c'est se mettre en rupture avec le groupe social. Pour les autres, c'est un peu l'ado qui fait sa crise."
Christophe Terrien, chercheur spécialiste des consommateurs de viande
à franceinfo
Coralie continue de manger du poisson quand elle rentre dans sa famille. Mais elle a le sentiment d'avoir brisé le tabou sur le sujet : "Ma sœur aînée se posait déjà la question. Maintenant que je suis devenue végé, c'est comme si j'avais ouvert la porte pour elle."
"Les vrais hommes, ils mangent de la viande"
Martin (dont le prénom a été modifié à sa demande) a, lui aussi, dû s'armer de patience. Ce jeune diplômé en ingénierie de 25 ans a été sensibilisé, pendant ses études, aux conséquences de l'élevage sur l'environnement. C'est à ce moment-là qu'il décide de devenir végétarien. Mais, Covid oblige, il se voit contraint de suivre les cours à distance et retourne vivre chez ses parents, dans l'Aveyron. Au-delà de l'organisation des repas à revoir, les moqueries vont bon train. "C'est mon frère qui me chambrait le plus. Il me disait : 'Les vrais hommes, ils mangent de la viande. Toi, tu ne manges que des graines'", raconte-t-il.
Ce stéréotype a la peau dure : en 2022, un peu plus d'un Français sur deux estimaient que "manger de la viande rouge donne de la force et de l'énergie à un homme", d'après un autre sondage Ifop. "La viande rouge est l'aliment le plus chargé symboliquement d'un statut viriliste", analysait la journaliste Nora Bouazzouni dans une interview à Reporterre. "Si on mange un animal, on absorbe sa vitalité. La viande est associée à la force, au muscle. Elle permet de réaffirmer une domination de l'homme sur tout le reste", décrypte l'autrice de Steaksisme. En finir avec le mythe de la végé et du viandard.
Dans son cercle amical aussi, Martin reçoit des réflexions de la sorte. Dans son village d'origine, où l'activité agricole domine, "presque tous mes amis d'enfance sont devenus agriculteurs, certains éleveurs. Alors, au début, je n'ai pas osé leur dire que j'étais devenu végétarien, car j'avais peur qu'ils m'insultent", confie le jeune ingénieur. "Quand je leur ai annoncé, certains s'en fichaient. D'autres m'ont dit que j'étais faible, trop sensible, que les animaux étaient faits pour être mangés."
"Le plus dur, c'était pas vraiment d'arrêter la viande, c’était les remarques des autres. On se fait chambrer alors qu'on fait ça pour la planète."
Martin, végétarien
à franceinfo
Cette croyance, parfois défendue par les consommateurs de viande, s'explique par notre héritage religieux, estime l'essayiste Renan Larue, spécialiste de l'histoire du véganism à l’Université de Californie à Santa Barbara. "La vision du monde dominante est l'anthropocentrisme, validée par le christianisme : l'être humain est au milieu, nous avons toujours fait comme ça, on a le droit d'exploiter les animaux, de les tuer…" explique-t-il. Dans l'Antiquité, cette question taraudait déjà les érudits. "On trouve des philosophes au début de l'histoire grecque, comme Pythagore, qui prônaient le végétarisme pour ne pas faire souffrir les animaux. En face, des écoles philosophiques leur répondaient qu'ils avaient été créés par les dieux pour nous, car nous sommes l'espèce supérieure", raconte Renan Larue.
"Ma mère a, à son tour, arrêté la viande"
Damien, 41 ans, a lui arrêté de manger tout produit d'origine animale. Il est végétalien depuis une dizaine d'années. "Maintenant, ce n'est plus un sujet", assure ce Strasbourgeois. Mais à l'époque, sa décision désarçonne ses proches : "Ils m'ont posé des questions, pour savoir si je ne m'étais pas fait endoctriner dans un truc louche."
"Ma grand-mère m'a avoué avoir demandé à son médecin traitant si je n'étais pas tombé dans une secte."
Damien, végétalien depuis 10 ans
à franceinfo
Damien n'a pas toujours vécu en ville. Il a grandi dans la campagne alsacienne, entouré de bêtes. "Mon père avait ce rêve de gosse d'avoir des chevaux. Un jour, on a récupéré deux poneys. Ça m'a fait cogiter : si on ne mange pas de poneys parce qu'on en a, qu'est-ce qu'on ferait si on avait un cochon ?" C'est ce raisonnement qui, progressivement, le pousse à abandonner la viande. Ses parents tiennent un restaurant, alors les repas, chez lui, "c'est important", et une popote sans viande, pour son père surtout, "ça n'a pas sens". "Il comprend ma démarche parce qu'elle est éthique", souligne cependant Damien. Mais au départ, les conséquences d'un tel régime sur sa santé interrogent : "Des gens s'inquiétaient pour moi. Ils pensaient que j'allais devenir un squelette en trois mois".
Martin aussi a été confronté aux craintes de ses proches pour sa santé. La viande étant riche en protéines, "mes parents avaient peur que je sois en carence alimentaire". Pourtant, l'Académie de nutrition et de diététique américaine assurait dès 2009, dans le journal scientifique qu'elle édite, que "les régimes végétariens bien planifiés, y compris les régimes végétaliens, sont sains, adéquats sur le plan nutritionnel et peuvent apporter des bienfaits pour la santé dans la prévention et le traitement de certaines maladies".
Deux ans après avoir renoncé à la viande, l'ingénieur aveyronnais a fait des prises de sang. "Elles ont révélé que je n'avais aucune carence. Ça a rassuré ma mère, qui à son tour a arrêté la viande", dit-il. Car même si tous se défendent de faire du prosélytisme auprès de leurs proches, les végétariens interrogés par franceinfo voient les attitudes évoluer autour d'eux. Le père de Damien "est très fier quand il prépare un plat sur mesure pour des clients végétariens", se réjouit son fils. Des amis de Raphaëlle "ont diminué leur consommation de viande", assure-t-elle. Et le frère de Martin, celui pour qui un "vrai homme" ne mange pas de graines ? Deux ans plus tard, lui aussi est devenu végétarien.
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A l'origine des zoonoses.
- Par Thierry LEDRU
- Le 21/08/2024
- 0 commentaire
Je lis le site de l'OMS sur le sujet des pandémies. L'idée principale, c'est de mettre au point des vaccins. Donc, il s'agit de prendre le problème par son extrémité finale et non de chercher à établir la raison principale de l'émergence de ces nouveaux virus et donc d'identifier le point de départ. On est dans le même registre que la médecine allopathique : on intervient pour guérir mais on n'anticipe pas en établissant un mode de vie le plus sain possible.
Je ne conteste pas l'intérêt des vaccins. Je critique le raisonnement et le mode d'action.
Le premier coronavirus identifié fut celui de la bronchite infectieuse aviaire en 1931 aux États-Unis. On était donc en 1931 confronté à la première situation de zoonose. Quatre-vingt-treize ans plus tard, le nombre de virus connus est très important, certains potentiellement mortels. A-t-on vu émerger une réflexion sérieuse et mondiale sur l'exploitation de la nature et le conflit entre la faune sauvage et l'humain ?
Non.
Voilà la carte de Bornéo, une île gigantesque où est exploitée la forêt primaire pour la transformer par la plantation d'arbres pour l'huile de palme. Cette huile qu'on retrouve partout dans notre alimentation. Ce qui revient à dire que notre mode alimentaire tue la planète.
« L’histoire nous montre que la question n’est pas de savoir s’il y aura une prochaine pandémie, mais de savoir quand elle surviendra. Elle nous enseigne également que la science et la détermination politique sont importantes pour atténuer l’impact de cette prochaine pandémie », a déclaré le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS. « Nous avons encore besoin à la fois de science et de détermination politique pour nous unir alors que nous nous préparons à la prochaine pandémie. Mieux connaître les nombreux agents pathogènes qui nous entourent est un projet mondial auquel les scientifiques de tous les pays doivent participer », a-t-il ajouté.
https://www.who.int/fr/news/item/01-08-2024-cepi-and-who-urge-broader-research-strategy-for-countries-to-prepare-for-the-next-pandemic
L’origine de la zoonose et les modes de contamination
Publié en ligne le 13 avril 2020 - Covid-19 -
Ce texte est une adaptation par l’auteur d’un article publié initialement sur le site de la Fondation droit animal éthique et sciences (LFDA) [1] et à paraître dans la revue Droit Animal, Éthique & Sciences n° 105, avril 2020). Nous remercions la Fondation qui a autorisé cette reprise.
1 | Brugère-Picoux J, « Covid-19 : origine de la zoonose et modes de contamination », 17 mars 2020, sur www.fondation-droit-animal.org
La nouvelle maladie émergente Covid-19 (Coronavirus disease 2019) est due à un coronavirus (Sars-CoV-2) dont la chauve-souris est un réservoir naturel. Non affecté, ce mammifère volant peut transmettre de nombreux virus à d’autres espèces, dont l’espèce humaine.
Les chauves-souris, réservoirs de virus émergents
Les chiroptères, plus communément appelés chauves-souris, seuls mammifères volants, constituent environ 20 % de la diversité des mammifères et sont largement distribués dans le monde. Ils présentent une longévité de plusieurs dizaines d’années, inhabituelle pour des animaux de petite taille au métabolisme élevé [1]. Depuis quelques décennies, on découvre que ces chauves-souris peuvent héberger de nombreux virus dont certains sont à l’origine de maladies émergentes chez l’Homme ou l’animal. Ces réservoirs naturels de virus présentent aussi la particularité de ne pas être affectés par les agents infectieux qu’ils hébergent [2]. On a pu montrer que les chauves-souris étaient résistantes à des charges virales, mortelles pour d’autres mammifères, d’Henipavirus et de Lyssavirus [3,4]. Cependant on connaît mal les mécanismes responsables de cette capacité des chauves-souris à coexister avec les virus [5]. Leur adaptation au vol favoriserait une élévation de leur température corporelle permettant d’accroître l’efficacité de la réponse immunitaire [6,7]. Cette coexistence entre virus et chauves-souris serait aussi liée à une réponse atténuée en interférons [8] qui permettrait le maintien d’une certaine charge virale en permanence dans l’organisme.
Lors de l’émergence d’une maladie virale impliquant des chauves-souris, le franchissement occasionnel de la barrière d’espèce de la chauve-souris à l’Homme ou à l’animal est souvent lié à une modification des écosystèmes largement due à des activités humaines. Alors qu’il n’existait que peu de contacts auparavant, les nouvelles conditions permettent la mise en relation des espèces animales sauvages (chauve-souris ou hôtes intermédiaires) avec l’Homme ou certaines espèces animales domestiques.
C’est ainsi que les chauves-souris ont été les pourvoyeuses de maladies zoonotiques émergentes redoutables déclenchées par divers agents viraux dont les Lyssavirus, les Henipavirus, les Filovirus et certains coronavirus (voir encadré).
Les chauves-souris pourvoyeuses de redoutables maladies zoologiques émergentes
Les chauves-souris ont été les pourvoyeuses de maladies zoonotiques émergentes redoutables déclenchées par divers agents viraux dont :
les Lyssavirus, groupe auquel appartient le virus de la rage : les réservoirs animaux sont actuellement les chauves-souris et les carnivores, les chauves-souris constituant probablement le réservoir originel [1] ;
les Henipavirus, parmi lesquels : le virus Hendra rencontré en Australie depuis 1994 [2], responsable d’une affection heureusement rare car souvent mortelle chez l’Homme et le cheval ; le virus Nipah, identifié en 1998 lors d’une épidémie affectant des fermes porcines en Malaisie dont les porcs présentaient des troubles respiratoires mais aussi les personnes en contact avec les porcs (265 malades dont 105 décès à la suite d’une encéphalite) [3]. C’est un peu plus tard que l’on a découvert que des chauves-souris frugivores (Pteropus sp.) étaient à l’origine de cette épidémie qui s’est étendue au Bangladesh et en Inde, notamment par la consommation du jus de palme contaminé [4] ;
les Filovirus, parmi lesquels : le virus de Marburg décrit tout d’abord en Allemagne en 1967 à la suite de contaminations de laborantins travaillant sur des cellules rénales de singes verts [5], puis découvert chez les chauves-souris [6-8] suite à des contaminations humaines mortelles consécutives à la visite en 1980 de grottes qui en hébergeaient [9] ; le virus Ebola pour lequel le rôle réservoir de la chauve-souris fut démontré en 2005 [10-12] ;
certains coronavirus et plus spécifiquement des Betacoronavirus, comme le virus du syndrome respiratoire aigu sévère (Sras), celui du syndrome respiratoire du Moyen-Orient (Mers), ou celui du Coronavirus disease 2019 (Covid-19).
1 | Bourhy H, « De la négligence à la réémergence de la rage », in Brugère-Picoux J, Rey M, Les maladies infectieuses exotiques. Risques d’importation et d’implantation en Europe, Rapports de l’Académie nationale de Médecine. Éditions Lavoisier, 2010, p. 117-32.
2 | Selvey LA et al., “Infection of humans and horses by a newly described morbillivirus”, Medical Journal of Australia,1995,162 : 642-5.
3 | Chua KB et al., “Fatal encephalitis due to Nipah virus among pig-farmers in Malaysia”, Lancet, 1999, 354:1257-9.
4 | Luby SP et al., “Foodborne transmission of Nipah virus, Bangladesh”, Emerg. Infect. Dis., 2006, 12:1888-94.
5 | Smith CE et al., “Fatal human disease from vervet monkeys”, Lancet, 1967, 2:1119-21.
6 | Towner JS et al., “Marburg Virus Infection Detected in a Common African Bat”, PLoS ONE, 2007, 2 : e764.
7 | Towner JS et al., “Isolation of Genetically Diverse Marburg Viruses from Egyptian Fruit Bats”, PLoS Pathos., 2009, 5:e1000536.
8 | Maganga GD et al., “Is Marburg Virus Enzootic in Gabon ?”, J. Inf. Dis., 2011 ;204:S800-3.
9 | Smith DH et al., “Marburg-virus disease in Kenya”, Lancet, 1982, 1:816-20.
10 | Leroy EM et al., “Fruit bats as reservoirs of Ebola virus”, Nature, 2005, 438:575-6.
11 | Leroy EM et al., “Human Ebola Outbreak Resulting from Direct Exposure to Fruit Bats in Luebo, Democratic Republic of Congo”, Vector-Borne and Zoonotic Diseases, 2009, 9:723-8.
12 | Pourrut X et al., “Large serological survey showing cocirculation of Ebola and Marburg viruses in Gabonese bat populations, and a high seroprevalence of both viruses in Rousettus aegyptiacus”, BMC Infectious Diseases, 2009, 9:159.L’origine des coronavirus
Les coronavirus sont des virus à ARN classés en Alphacoronavirus, Betacoronavirus, Gammacoronavirus et Deltacoronavirus. Leur nom vient de l’observation de petites excroissances (ou spicules) à leur surface, formant une sorte de couronne.
Les coronavirus semblent provenir des chauves-souris, et plus particulièrement les Alphacoronavirus et les Betacoronavirus (genres pour lesquels on constate des zoonoses), ce qui explique le grand nombre de virus isolés dans ces espèces alors que les oiseaux seraient à l’origine des Gammacoronavirus et des Deltacoronavirus (cf. figure 1) [9].
Figure 1 : Évolution des coronavirus [9].
Le premier coronavirus identifié fut celui de la bronchite infectieuse aviaire en 1931 aux États-Unis alors que ce n’est que dans les années 1960 que les premiers coronavirus ont été décrits chez l’Homme, responsables de rhumes souvent banals. Depuis, de nombreux coronavirus ont été isolés chez les Mammifères et les Oiseaux.
La plupart des Alphacoronavirus sont spécifiques d’espèces. Ils peuvent être responsables de maladies graves comme la péritonite infectieuse féline chez le chat ou la gastroentérite transmissible (GET) chez le porcelet. L’émergence en 1984 du coronavirus respiratoire porcin semble avoir pour origine une modification du virus de la GET [10]. La GET est devenue plus rare, parallèlement à l’émergence d’un autre coronavirus (Swine acute diarrhea syndrome coronavirus ou Sads-CoV), responsable de la diarrhée épidémique porcine (DEP) surtout importante dans le Sud-Est asiatique depuis 2010 [11]. En 2017, une importante épidémie chez les porcelets a permis de démontrer que le réservoir animal de cette diarrhée épidémique porcine était vraisemblablement la chauve-souris [12].
Le Sars-CoV-1 est un Betacoronavirus responsable du syndrome respiratoire aigu sévère (Sras) qui fut une importante épidémie de février à mai 2003, avec un taux de mortalité de 10 %, tuant 774 personnes sur 8096 malades, surtout en Chine mais le Canada fut aussi très touché (avec 43 décès sur 251 malades) [13]. Il a fallu mettre en place d’importantes mesures de biosécurité pour assister à la fin de l’épidémie. Quand le Sras a émergé à la mi-novembre 2002 dans la province du Guangdong, les cas n’ont pas été officiellement notifiés par crainte d’éventuelles retombées sociales ou économiques, permettant ainsi une large diffusion du virus. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) n’a été prévenue que le 11 février 2003…
Le Mers est apparu plus tard en septembre 2012 et concerne principalement le Moyen-Orient, l’animal réservoir étant le dromadaire. À la fin de novembre 2019, 2 494 cas ont été confirmés dont 858 sont décédés (soit un taux de mortalité de 34,4 %) [14]. L’Arabie Saoudite a été le pays le plus touché avec 2102 cas dont 780 sont décédés, soit un taux de mortalité de 37,1 %.
Alors que les premiers cas de Sras ont été observés en 2002 dans la province du Guangdong, il s’avère que la source géographique du virus semble être la province de Yunnan ou le sud-ouest de la Chine, le principal réservoir animal étant vraisemblablement des chauves-souris fer à cheval (Rhinolophus sinicus) [2],[15],[16]. Une surveillance de ces chauves-souris réalisée sur plus de cinq années dans une grotte de la province de Yunnan a permis de démontrer l’importante quantité de coronavirus pouvant être hébergés par ces chiroptères dont certains proches du virus du Sras (Sars-CoV-1) et dénommés Sars-related coronavirus (Sarsr-CoV). Les scientifiques chinois soulignèrent même en 2017 que ces nouvelles informations sur l’origine et l’évolution du Sars-CoV-1 mettaient en évidence la nécessité de se préparer à l’émergence future de maladies comme le Sras [17]…
D’autres scientifiques américains [18] et chinois [19] avaient signalé (en 2015 et 2019 respectivement) le potentiel d’émergence des coronavirus présents dans les populations de chauves-souris, en particulier le coronavirus Shco14-CoV circulant couramment chez les chauves-souris fer à cheval du fait de sa réplication identique au Sars-CoV-1 dans des cellules primaires de poumon humain. Ainsi, les scientifiques chinois concluaient : « Il est très probable que les futures épidémies de coronaviroses comme le Sras ou le Mers proviendront de chauves-souris, et il y a une probabilité accrue que cela se produise en Chine. Par conséquent, l’enquête sur les coronavirus de chauve-souris devient un problème urgent pour la détection des signes d’alerte précoce pour minimiser alors l’impact de ces futures épidémies en Chine »… Il était surtout évident pour ces scientifiques que la Chine représentait la zone à haut risque (le point chaud) d’où partirait l’épidémie.
Ces alertes scientifiques américaines et chinoises de 2015 et de 2019 n’ont pas permis d’éviter l’apparition en décembre 2019 d’une pneumonie d’origine inconnue touchant 59 personnes dans la ville chinoise de Wuhan. Les personnes atteintes avaient surtout fréquenté le marché de la ville où l’on vendait divers animaux domestiques et sauvages le plus souvent vivants. Le 2 janvier 2020, ce marché fut immédiatement fermé sans que l’on ait recherché l’origine de la contamination parmi les espèces animales vendues. Cette maladie émergente (dénommée Coronavirus disease 2019 ou Covid-19) est due à un coronavirus (Sars-CoV-2) où une autre chauve-souris fer à cheval (Rhinolophus affinis) est de nouveau incriminée en tant que réservoir. L’étude du génome du Sars-CoV-2 [20] confirme qu’il s’agit d’un virus proche à 96,2 % d’un coronavirus présent chez la chauve-souris (Sars-CoV ; RaTG13), ce virus étant plus éloigné du virus du Sras (79 %) ou de celui du Mers (50 %).
L’origine de la contamination par les coronavirus
On ne connaît pas l’origine exacte de la contamination humaine par le Sars-CoV-2 alors que l’on connaît le lien épidémiologique avec un marché aux animaux vivants sauvages ou domestiques qui n’est pas sans rappeler l’origine du Sras également liée à un marché d’animaux vivants en Chine. La question n’est actuellement pas résolue et l’on ne peut que se baser sur les études réalisées sur le Sars-CoV-1. On peut regretter que des prélèvements n’aient pas été réalisés sur les animaux (en particulier les animaux sauvages) vendus vivants dans une grande proximité sur le marché de Wuhan, malgré l’illégalité de leur vente, avant la fermeture de ce dernier.
On peut retenir trois hypothèses à l’origine du franchissement d’un coronavirus de la barrière d’espèce de la chauve-souris vers l’Homme (figure 2).
Figure 2. Hypothèses sur l’émergence des épidémies dues aux coronavirus (d’après [1]).
Comme tous les virus à ARN de manière générale, les coronavirus sont connus pour avoir un taux de mutation élevé pendant la réplication et sont sujets à la recombinaison si différents virus infectent le même individu. Les populations de chauves-souris hébergent plusieurs types de coronavirus (cercle bleu foncé à contour bleu clair). Le Sars-CoV serait la conséquence d’une mutation au sein de l’hôte (cercle orange) ayant permis de façon aléatoire et rare l’émergence d’une souche chez un nouvel hôte.
La première hypothèse (a) concerne un hôte intermédiaire comme la civette (souche civette) ayant permis ultérieurement la contamination humaine. Cependant les premières souches humaines du Sars-CoV-1 étant plus étroitement liées aux souches chauves-souris qu’aux souches civettes, il est possible que la contamination humaine ait été directe à partir de la chauve-souris (hypothèse b), les civettes masquées ayant joué un rôle réservoir secondaire favorisant le maintien de l’infection animale et humaine dans les marchés d’animaux vivants. Une troisième hypothèse (c) est la présence de multiples virus proches du Sras n’ayant pas subi de mutation et hébergés par les chauves-souris. Une adaptation secondaire ou une recombinaison avec une protéine de pointe lui permettant de se lier aux récepteurs cellulaires humains (cercle de contour jaune) peut favoriser une contamination directe de l’Homme.
[1] Menachery VD et al., “A SARS-like cluster of circulating bat coronaviruses shows potential for human emergence”, Nature Medicine, 2015, 21:1508-13.
Virus mutant avec nécessité d’un hôte intermédiaire pour infecter l’Homme
Si l’on se rappelle l’épidémie du Sras, des civettes palmistes masquées (Paguma larvata) d’origine sauvage ou provenant de fermes d’élevage, vendues vivantes sur les marchés, furent rapidement incriminées en tant que réservoirs de l’agent pathogène et il s’ensuivit un abattage massif de ces petits Viverridae par mesure de précaution avant que l’on ne découvre que la chauve-souris était le réservoir principal du Sars-CoV-1. A alors émergé l’hypothèse selon laquelle la civette, contaminée par la chauve-souris, avait été l’hôte intermédiaire qui a ultérieurement contaminé l’Homme.
D’autres espèces présentes sur les marchés d’animaux vivants se sont révélées porteuses du Sars-CoV-1 sans être retenues en tant qu’hôtes intermédiaires à l’origine du Sras [21] : le chien viverrin (Nyctereutes procyonoides) surtout recherché pour sa fourrure et le blaireau furet (Melogale moschata) [22,23], ainsi que les renards roux, les chats domestiques et les rats [24], ces espèces ayant pu avoir été contaminées par les civettes palmistes masquées, voire l’Homme sur les marchés (ou inversement).
Rappelons que d’autres animaux ont pu être infectés expérimentalement par le Sars-CoV-1 : singes, chats et furets [25], souris[26-29], cobayes [29], hamsters [30].
Manis pentadactyla (pangolin de Chine) ©Ms. Sarita Jnawali of NTNC (CC BY 2.0)
Dans le cas du Covid-19, le seul animal actuellement suspecté en tant qu’hôte intermédiaire potentiel entre la chauve-souris et l’Homme est le pangolin (Manis pentadactyla et Manis javanica en Asie). Le pangolin, de l’ordre des Pholidotes, vit dans les forêts en se nourrissant de termites et de fourmis. Cet animal sauvage est apprécié en Asie pour sa viande mais aussi pour ses écailles qui auraient des propriétés thérapeutiques en médecine traditionnelle asiatique. Il est très braconné dans le monde alors que la Convention internationale sur le commerce d’espèces sauvages menacées d’extinction (Cites) a voté en 2017 l’interdiction totale du commerce international des pangolins (voir sur le site de l’International Union for Conservation of Nature (IUCN) [31]). L’avantage de la suspicion concernant le pangolin dans le Covid-19 sera un contrôle plus strict de son commerce permettant de le protéger.
La possibilité d’un éventuel portage du Sars-CoV-2 par les animaux de compagnie a été évoquée lorsque l’on a découvert à Hong Kong fin février un chien positif dont la propriétaire était malade. Le suivi de ce chien a permis de noter un très faible taux de virus dans les voies respiratoires supérieures et l’absence d’anticorps sériques (un autre examen sera réalisé après quatorze jours d’observation) permettant de penser que l’infection a été modérée et que la contamination s’est effectuée de la propriétaire vers le chien [32]. Jusqu’à présent, il n’a jamais été observé que le Sars-CoV-1 pouvait être transmis d’un animal de compagnie (chien ou chat) vers l’Homme.
Virus mutant infectant directement l’Homme
Le rôle d’hôte intermédiaire de la civette palmiste masquée reste cependant hypothétique : si plusieurs cas de contamination humaine semblent avérés à partir de civettes palmistes masquées [23,33,34] dont certains cas bénins de Sras réapparus en 2004 [22,23,28,35], il s’avère que des civettes palmistes masquées d’origine sauvage pouvaient être négatives [36] comme d’autres civettes dans des fermes d’élevage [23,37]. Certaines civettes ont pu être contaminées dans le marché d’animaux vivants [23] ou dans les élevages souvent en surdensité animale avec un mélange de diverses espèces animales [37].
Il s’agirait alors de la deuxième hypothèse, à savoir une contamination directe de l’Homme à partir de la chauve-souris, les civettes masquées ayant joué un rôle réservoir secondaire favorisant le maintien de l’infection animale et humaine dans les marchés d’animaux vivants. Cette hypothèse est plausible car une analyse phylogénétique [38] a montré que les premières souches humaines du Sars-CoV-1 étaient plus étroitement liées aux souches chauves-souris qu’aux souches civettes.
En Chine, les animaux sauvages et domestiques sont souvent vendus vivants sur les marchés (ils sont parfois abattus au moment de la vente). La promiscuité de ces différentes espèces peut favoriser des transferts inter-espèces et parfois une contamination de l’Homme. Cela a été démontré pour une autre maladie virale rencontrée en Chine : les cas humains dus au virus aviaire influenza H7N9 observés ont pu diminuer drastiquement en 2013 avec l’interdiction des marchés de volailles vivantes à l’origine des contaminations [39].
Adaptation ou recombinaison du virus permettant d’infecter directement l’Homme
La troisième hypothèse permet de suspecter une contamination directe de l’Homme à partir de la chauve-souris à la suite d’une recombinaison d’un Sarsr-CoV présent chez l’animal. La recombinaison pourrait avoir eu lieu au niveau de la protéine S (dénommée « spike » du fait de sa forme en pointe).
En Chine, la plupart des chauves-souris hébergeant les Sarsr-CoV se retrouvent surtout dans certaines zones rurales du sud de la Chine (province de Yunnan) où les habitations sont proches de grottes abritant des Chiroptères. Une étude sérologique montrant 2,7 % de séropositivité chez 218 personnes vivant à proximité de ces grottes permet de suggérer la possibilité d’une contamination directe [40].
Les chauves-souris, consommées régulièrement, peuvent être vendues vivantes sur des marchés, favorisant ainsi les franchissements des barrières d’espèce, notamment vers l’Homme. Le risque est cependant plus élevé pour le chasseur, manipulant les animaux avec le risque de morsure ou de contact avec leur sang, que pour l’acheteur. Les contacts fréquents entre l’Homme et des chauves-souris vivantes peuvent être aussi la conséquence d’un changement dans leurs écosystèmes naturels (changement climatique, déforestation, urbanisation…).
Une contamination par des animaux vendus sur le marché de Wuhan ayant été fortement suspectée dès le début de l’épidémie, ce marché a été fermé rapidement sans que des prélèvements aient été effectués sur les animaux vivants vendus alors que l’on connaissait le rôle important joué par ces marchés dans l’épidémie du Sras.
Les premières mesures chinoises
Au début de l’apparition de la maladie en Chine, les symptômes observés, rappelant ceux d’une affection grippale avec de la toux et une hyperthermie, n’étaient pas identiques à ceux du Sras et les premiers cas de mortalité rapportés concernaient des personnes âgées ou atteintes d’autres affections sévères. Ceci peut expliquer les premiers propos rassurants de l’OMS alors que les autorités chinoises mettaient en place des mesures de biosécurité particulièrement exceptionnelles (56 millions de personnes confinées dans la province de Hubei, interdiction du commerce d’animaux sauvages, interdiction de voyager, fermeture de la Cité interdite, de la Grande Muraille et des parcs Disney, importantes restrictions de circulation, construction d’hôpitaux dédiés en quelques jours, prolongement du congé du nouvel an chinois, etc.). Ce n’est que le 11 mars 2020 que l’OMS a déclaré qu’il s’agissait d’une pandémie (il s’agit de la première pandémie causée par un coronavirus) [41].
Cependant le virus a pu se propager pendant plus de deux mois en Chine, voire dans d’autres pays, avant la mise en place des mesures de biosécurité drastiques décidées après le 23 janvier 2020, de nombreux déplacements de personnes ayant pu se faire, en particulier avec les préparatifs du nouvel an chinois.
Conclusion
Selon une étude chinoise récente, qui reste à confirmer, portant sur 103 échantillons de virus Sars-CoV-2, il existerait deux souches circulantes, L et S. La souche S (30 % des échantillons) serait plus ancienne que la souche L (70 % des échantillons), celle-ci pouvant être plus agressive et se propager rapidement [42].
Il y aura toujours des maladies émergentes. Une étude effectuée sur 335 maladies ayant émergé entre 1940 et 2008 a permis de noter que 60 % d’entre elles étaient des zoonoses, c’est-à-dire des maladies pouvant infecter l’Homme et l’animal, et parmi celles-ci, 72 % seraient dues à la faune sauvage [43]. C’est pourquoi le concept « une seule santé » est mis en avant par de nombreuses organisations internationales reconnaissant les liens entre la santé humaine, la santé animale et l’environnement [44].
Lors d’une zoonose émergente, il importe aussi de connaître rapidement l’espèce animale qui en est à l’origine ainsi que les autres espèces pouvant jouer le rôle de réservoirs potentiels ou d’hôtes intermédiaires en collectant le plus rapidement possible des prélèvements appropriés avant de pouvoir mettre en place rapidement des mesures efficaces de biosécurité.
La mise en évidence chez les chiroptères de coronavirus pouvant provoquer deux épidémies comme le Sras à partir de 2002 puis le Covid-19 en 2019-2020 doit nous amener à reconsidérer nos stratégies de prévention de ces endémies en évitant le risque de contamination par une cohabitation trop étroite avec les chauves-souris, que ce soit du fait d’une modification de leur écosystème ou de leur consommation.
Il faut aussi éviter les possibilités de transfert de certains virus émergents vers l’Homme par le mélange de plusieurs espèces d’animaux sauvages ou domestiques vendus vivants ou non sur les marchés asiatiques, véritables chaudrons réservoirs de virus et centres d’amplification pour les infections émergentes. Il faut espérer que l’interdiction des marchés d’animaux vivants et plus particulièrement d’animaux sauvages sera maintenue avec rigueur en Chine. Cela impliquera une importante modification des habitudes alimentaires dans plusieurs régions chinoises.
Enfin, les répercussions médicales, économiques et médiatiques de la pandémie due à la maladie Covid-19 démontrent l’intérêt à accorder à l’étude des coronavirus chez les chiroptères mais aussi l’intérêt à protéger ces espèces dont certaines sont insectivores et fort utiles dans la lutte contre les moustiques. L’important est de maintenir un écosystème favorable à tous, animaux sauvages ou domestiques et Homme.
Références
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41 | WHO Director-General’s opening remarks at the media briefing on COVID-19 – 11 March 2020. Sur www.who.int
42 | Tang X et al., “On the origin and continuing evolution of SARS-CoV-2”, National Science Review, nwaa036,
43 | Jones KE et al., “Global trends in emerging infectious diseases”, Nature, 2008, 451:990-3.
44 | OMS, « L’approche multisectorielle de l’OMS “Un monde, une santé” », septembre 2017. Sur www.who.int -
Les zoonoses, une mécanique implacable.
- Par Thierry LEDRU
- Le 21/08/2024
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En dehors de ceux et celles qui vivraient dans une grotte ou refuseraient de se tenir informés et banniraient tous les sites d'informations, il est impossible de ne pas avoir entendu parler du MPOX ou "variole du singe". Tout autant de la menace de grippe aviaire en France. Et on en revient toujours au même problème : le régime alimentaire carné...
Donc, non seulement, la plupart des individus sont dans le déni au regard de la souffrance animale mais ils le sont également pour les risques que leur mode de vie alimentaire fait courir à l'ensemble de la population mondiale. Le covid a montré à quel point la propagation d'une maladie est dans le monde actuel absolument stupéfiante. Il ne s'agit pas d'avoir peur mais d'agir avant que la peur ne devienne justifiée.
https://www.santemagazine.fr/sante/fiche-maladie/grippe-aviaire-177303
Selon l’OMS, « le risque d’infection pour l’homme reste faible » (source 2). Pour autant, selon Santé publique France « la fréquence accrue de transmission de ces virus à des mammifères d’espèces variées augmente le risque d’émergence d’un nouveau virus influenza mieux adapté à l’Homme et capable de transmission interhumaine ».
Quelles mesures pour prévenir la transmission du virus en France ?
Lorsqu’un foyer est détecté, plusieurs mesures sanitaires sont prises : abattage des foyers voire abattage préventif des animaux dans un périmètre défini, désinfection des foyers.
Le virus de la grippe aviaire peut-il se transmettre à l'Homme ?
La grippe aviaire se transmet très rarement à l’Homme. Cependant, la menace est toujours réelle : la propagation de l’infection chez les oiseaux augmente la probabilité de l’apparition d’un nouveau virus grippal dans la population humaine.
Jusqu’alors, sur 144 souches de virus grippaux de type A, seuls quatre sous-types de virus étaient parvenus parfois à franchir la barrière des espèces : H5N1, H7N3, H7N7 et H9N2. Le plus fréquent est le virus de la grippe aviaire H5N1, repéré pour la première fois en 1997, lors d’une épidémie à Hongkong. Il est réapparu plusieurs fois depuis fin 2003 dans plusieurs pays d’Asie. Les trois autres sous-types de virus ont frappé sporadiquement, principalement en Asie et au Moyen-Orient. Certains, comme le H5N8, parviennent de façon exceptionnelle à contaminer l’Homme. « Les cas humains sont principalement des cas primaires, suite à une exposition à des oiseaux infectés ou à un environnement contaminé », explique Santé publique France.
Contamination : comment le virus se transmet-il ?
La plupart des contaminations surviennent à la suite de contacts directs, étroits et fréquents avec des oiseaux infectés, ou avec leur environnement. Les virus se transmettent principalement à l’Homme par contamination aérienne, notamment quand la fiente des oiseaux sèche et se transforment en poussière avant d’être inhalée.
Elle peut aussi se transmettre par un contact direct et prolongé avec les matières fécales des animaux malades ou de manière indirecte via des matières contaminées (matériel, vêtements, eau).
À noter : la maladie n’est pas transmissible par l’alimentation.
Quels sont les symptômes de la grippe aviaire chez l'Homme ?
Les symptômes de la grippe aviaire sont les mêmes que ceux de la grippe saisonnière :
une toux ;
un mal de gorge ;
une forte fièvre ;
des courbatures ;
des frissons ;
parfois une simple conjonctivite.
La gravité de la maladie et sa létalité tendent à être plus élevées mais varient en fonction de la souche virale. Dans certains cas, la maladie peut se compliquer en pneumonie.
La période d’incubation se situe entre cinq et quinze jours.
Qui sont les plus à risque de contracter la maladie ?
Les éleveurs et leurs familles, les techniciens et vétérinaires avicoles.
Les équipes d’intervention pour euthanasie, nettoyage, désinfection, ramassage des cadavres, équarrisseurs.
Le personnel des parcs zoologiques ou des animaleries hébergeant des oiseaux.
Le personnel technique de laboratoire.
Quelles sont les personnes à risque de développer une forme grave ?
Comme pour les autres maladies infectieuses, les enfants, les personnes âgées, les femmes enceintes et les personnes présentant certaines pathologies (cancer, asthme, etc) sont plus vulnérables et peuvent présenter des complications plus sévères.
En cas de symptômes grippaux après un contact étroit avec des oiseaux ou des volailles infectées, ou avec un environnement souillé, consulter rapidement un & nbsp ; médecin.
Conseils de prévention
L’une des principales mesures de sécurité pour endiguer la maladie consiste à observer de bonnes pratiques d’hygiène (lavage régulier des mains, utilisation de gel hydroalcoolique, port d’un masque).
Santé publique France recommande plusieurs mesures en cas de contact ou d’exposition à risque :
ne pas toucher des animaux morts ou blessés ;
appliquer des mesures barrières (se laver les mains, porter des gants et un masque) en cas de contact avec des animaux sauvages ;
pour les professionnels exposés, se vacciner contre la grippe chaque année. (le vaccin est pour moi la phase ultime, celle qui survient lorsque rien d'utile n'a été engagé avant...)
Lors d’un voyage dans un pays infecté par la grippe aviaire, il est recommandé de ne pas s’approcher de volatiles sauvages, d’éviter le contact avec les volailles sur les marchés, d’éviter les surfaces contaminées par des excréments ou des sécrétions d’oiseaux.
En tout état de cause il faut entre 6 et 8 mois pour développer un vaccin pandémique, d’où l’importance des traitements antiviraux pour combattre la pandémie dans un premier temps. Ces antiviraux inhibent l’activité d’une enzyme du virus, la neuraminidase. Ils peuvent être utilisés en traitement curatif, et l’un d’eux en préventif.
Comment savoir si on a la grippe aviaire ?
La possibilité d’une infection doit être envisagée chez tout individu présentant des symptômes alors qu’il est exposé à des oiseaux en période épidémique. De même si une personne revient d’une région où la transmission du virus est importante, ou a été en contact avec des personnes infectées.
Des tests spécifiques peuvent être réalisés sur demande d’un médecin. Un écouvillon (une sorte de long coton-tige) servira à prélever des cellules potentiellement infectieuses dans le nez d’un malade. Il sera déposé dans un milieu liquide afin de préserver le virus, puis testé en laboratoire. Les analyses peuvent aussi être réalisées sur des crachats, via une aspiration endotrachéale ou un liquide de lavage bronchoalvéolaire.
Comment traiter la grippe aviaire ?
Le traitement proposé aux malades est dit symptomatique (il permet de lutter contre les symptômes). On propose par exemple du paracétamol contre la fièvre.
Deux traitements antiviraux peuvent être efficaces contre la grippe aviaire : le Tamiflu® (oséltamivir) et le Relanza® (zanamivir). Pour être efficaces, ils doivent être administrés au plus tard dans les quarante-huit heures après l’apparition des premiers symptômes.
Les antibiotiques ne sont pas utilisés pour soigner la grippe aviaire car ils sont inactifs contre les virus. Leur utilisation n’est conseillée qu’en cas de surinfection bactérienne.
À ce jour, aucun vaccin n’est autorisé contre la grippe aviaire. Et le vaccin contre la grippe saisonnière n’est pas efficace.
Sources
Source 1 : « Grippe aviaire : quelle est la situation en France et dans le Monde ? », Santé publique France, 1 mars 2023.
Source 2 : « Évaluation du risque associé à la grippe récente A (H5N1) virus du clade 2.3.4.4b » OMS, 21 décembre 2022.
Grippe aviaire, Institut Pasteur
Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation
Grippe aviaire chez l’homme, Organisation mondiale de la santé (OMS)
Pour aller plus loin
Cet article vient du site du muséum d'histoire naturelle. On ne peut pas parler de site "complotiste"...
https://www.mnhn.fr/fr/l-emergence-des-zoonoses-une-mecanique-implacable
CHANGEMENTS ENVIRONNEMENTAUX ET PROMISCUITÉ
TRANSPORTS EN TOUS SENS ET ANIMAUX DOMESTIQUES
LES ZOONOSES, BOMBES À RETARDEMENT
L’ÉMERGENCE DES ZOONOSES, UNE MÉCANIQUE IMPLACABLE
Durant ces dernières décennies, les écologues de la santé humaine se sont alarmés d’une accélération dans l’émergence de nouvelles zoonoses ou de nouveaux pics épidémiques. La pandémie de Covid n’en est pas la seule expression. Même si on tient compte de notre meilleure capacité scientifique de détection, cette accélération est considérable. Il convient d’en comprendre les raisons afin de mieux y faire face.
Jusqu’à l’émergence récente de la pandémie de Covid-19, peu de personnes connaissaient le mot de zoonose, qui désigne les maladies humaines dont l’agent infectieux est originaire d’une autre espèce animale dite « espèce réservoir ». Pourtant, plus de la moitié des maladies infectieuses humaines sont d’origine zoonotique, qu’il s’agisse par exemple de la grippe, de la peste, de la rougeole, de la borréliose (maladie de Lyme), de la maladie de Chagas ou de la rage, etc.
L’origine de certaines d’entre elles se perd dans les origines millénaires des sociétés humaines, à la suite de la fréquentation ou de la domestication d’espèces animales sauvages. D’autres zoonoses en revanche ont émergé très récemment, comme, par exemple, le sida, Ebola en Afrique, l’infection à virus Nipah en Asie, le mers au Moyen-Orient ou le sras en Asie. Face à l’accélération de ces zoonoses, l’initiative internationale One Health (Une santé) a vu le jour sous l’égide de l’Organisation mondiale de la santé, au début des années 2000.
D'UNE ESPÈCE À L'AUTRE
Particule du virus SARS-CoV-2, image obtenue par un microscope électronique en transmission (MET) et colorisée
CC NIAID
Bien évidemment, la plupart des agents pathogènes (virus, bactéries, protozoaires) ne peuvent pas vivre indifféremment dans n’importe quelle espèce animale, voire provoquer chez les unes et les autres les mêmes maladies. À l’échelle d’un parasite, un organisme hôte est un immense écosystème avec bien des particularités écologiques, métaboliques ou chimiques. Un changement d’hôte d’un animal à l’homme suppose donc un processus évolutif, qu’il s’agisse de préadaptation ou d’adaptation. Le pathogène peut avoir d’emblée une certaine capacité à infecter le corps humain et à parasiter des tissus ou des cellules humaines.
Un virus issu d’une autre espèce animale réservoir peut ainsi trouver une porte d’entrée dans les cellules humaines grâce à une des protéines de leur paroi, sur laquelle il est apte à se fixer, parce qu’elle est malencontreusement similaire à l’une de celles des cellules de son hôte animal originel et à laquelle il est adapté. Pour mémoire, nous avons environ 5 000 protéines différentes dans chacune de nos 30 000 milliards de cellules, ce qui occasionne bien des éventualités de cette sorte. Ainsi, certains coronavirus parasiteront assez spontanément des carnivores (civette, vison) ou des humains, de même un virus Nipah, des porcs ou des humains.
Dans d’autres cas, le passage d’un animal à l’homme suppose une évolution plus significative, par exemple par l’entremise d’un hôte intermédiaire plus semblable aux humains, sélectionnant le pathogène et lui permettant d’acquérir certaines caractéristiques biologiques compatibles avec les humains.
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CHANGEMENTS ENVIRONNEMENTAUX ET PROMISCUITÉ
Dans tous les cas, on le voit, l’émergence d’une nouvelle zoonose ou d’un nouveau pic épidémique suppose le même mécanisme de base. Plus les humains sont en promiscuité constante ou répétée avec d’autres animaux, plus les occasions d’acquérir des pathogènes et de les faire évoluer par sélection involontaire seront importantes.
Ce mécanisme semble trivial mais, précisément pour cette raison, il est implacable. Les humains ne peuvent pas vivre dans une bulle protectrice en permanence mais ils n’ont pas non plus tiré les conclusions qui s’imposaient de leur histoire en termes de maladies infectieuses. Ainsi, très inopportunément, la promiscuité entre animaux réservoirs de pathogènes et humains a significativement augmenté depuis plusieurs décennies.
Tout d’abord, les humains investissent les milieux de manière croissante, parce qu’ils sont plus nombreux mais aussi parce qu’ils disposent de moyens techniques considérablement plus puissants. Deux cents millions d’hectares de forêt tropicale ont ainsi disparus en quarante ans. Cette disparition procède non pas de la table rase immédiate mais plutôt d’une fragmentation et d’un morcellement démesuré des milieux forestiers. Il en résulte un paysage ressemblant à un patchwork, dont la particularité est d’augmenter de manière exponentielle la surface de contact entre la faune sauvage et les humains. De part et d’autre des lisières ainsi augmentées à l’infini, les animaux sauvages et les humains voyagent beaucoup à la recherche de ressources (approvisionnement alimentaire extra-forestier pour les animaux, chasse ou braconnage en forêt pour les humains). Les animaux résidant dans cette forêt fragmentée et amoindrie ont en outre des populations en moins bonne santé, moins régulées par leurs ennemis naturels. Leur charge en parasites et en pathogènes peut donc être plus élevée.
Morphologie d’un virion (particule infectieuse) du virus Ebola, image obtenue par un microscope électronique en transmission (MET) et colorisée
CC CDC Global, Frederick A. Murphy
Ce type de situation est assez bien connu en ce qui concerne le virus Ebola et la fièvre hémorragique qui porte son nom : les pics épidémiques de cette maladie sont beaucoup plus souvent localisés en zone de déforestation récente, où les chauves-souris réservoirs sont en contact direct avec les humains. Une situation analogue est également bien connue pour la maladie de Chagas. Là encore, la promiscuité entre humains, réservoirs opossums et tatous et les punaises hématophages vectrices est la clé de la dynamique de cette maladie humaine. Chacune de ces situations peut néanmoins être extrêmement complexe. Il a récemment été montré que certains pathogènes comme le virus Ebola peuvent rester en dormance chez un individu et permettre le redémarrage ultérieur d’une épidémie, longtemps après la première contamination par la faune sauvage.
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TRANSPORTS EN TOUS SENS ET ANIMAUX DOMESTIQUES
Un autre élément d’accélération des zoonoses provient évidemment de la rapidité et de l’ubiquité de nos transports. Autrefois, des villageois infectés seraient restés isolés par la force des choses et leur maladie se serait peu (ou pas) transmise, voire serait passée inaperçue des autorités. Nos moyens de transport accélèrent non seulement la diffusion des maladies d’humains à humains mais aussi d’animaux sauvages à humains quand les premiers sont eux-mêmes passagers de nos moyens de transport, en tant qu’animaux braconnés ou transportés involontairement.
Certaines zoonoses (infection à virus Zika, dengue) ont ainsi pour vecteurs des espèces exotiques envahissantes comme le moustique tigre, Aedes albopictus, passager clandestin de bien des transports humains. Enfin, la crise de l’environnement a également d’autres effets, notamment à la suite du changement climatique, qui permet à certains réservoirs ou vecteurs d’augmenter ou de changer leur aire de répartition, y compris dans les milieux convertis et déséquilibrés par les humains.
Groupe de jeunes cochons
© Barbara C - stock.adobe.com
L’élevage d’animaux domestiques est un dernier facteur d’influence dans l’évolution des zoonoses. Ces élevages représentent aujourd’hui une biomasse colossale de mammifères et d’oiseaux, plus importante que tous les grands animaux terrestres sauvages et même plus importante que la biomasse humaine elle-même.
Rassemblés (voire entassés) en grand nombre dans les élevages industriels, les animaux voient baisser leur diversité génétique et augmenter leur vulnérabilité, au gré des circuits commerciaux qui les distribuent dans le monde entier sans discontinuer. La promiscuité entre animaux et humains comme moteur des zoonoses trouve donc là une occasion supplémentaire de transmission d’agents infectieux. Trois exemples significatifs peuvent être donnés à titre d’illustration de ce problème.
Le virus Nipah en Asie est passé des chauves-souris aux humains via les porcs élevés en promiscuité avec les uns et les autres.
La grippe aviaire a une déjà longue histoire d’interaction entre oiseaux sauvages et oiseaux d’élevage mais aussi avec les populations humaines au contact d’élevages de porcs.
Enfin, on connaît aujourd’hui la capacité des coronavirus (sras, Covid-19) à infecter les civettes et les visons (entre autres carnivores entassés dans des élevages) et à réinfecter les humains.
Les élevages d’animaux constituent donc de véritables réacteurs à pathogènes et leur danger pour la santé humaine n’est pas le moindre des problèmes environnementaux qu’ils causent en ce moment.
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One Health : une seule santé animale, humaine et environnementale
LES ZOONOSES, BOMBES À RETARDEMENT
Autant la tendance à l’augmentation des zoonoses et ses causes sont avérées, comme le montrent les conclusions des expertises collégiales française (FRB) et internationale (IPBES) en 2020, autant il est parfois difficile de reconstruire les évènements précis qui ont présidé à l’émergence d’une nouvelle maladie. On le voit dans le cas de la Covid-19, où les conjectures sur l’origine de la maladie frisent parfois les théories du complot, à la mesure de l’intérêt pour une pandémie qui affecte le monde entier.
Il faut se rappeler que les connaissances nécessaires à la compréhension d’un tel phénomène sont rarement disponibles de manière instantanée. Les pathogènes et les animaux réservoirs sont toujours trop mal connus et l’effort d’échantillonnage de la biodiversité est au ralenti depuis des décennies. Il faut souvent plusieurs années, voire plus d’une ou de plusieurs décennies, pour que l’origine d’une maladie soit à peu près élucidée.
Ainsi le sida, apparu chez les humains au début du XXe siècle par transmission depuis d’autres primates, est-il déclaré épidémie seulement en 1981 avec un virus identifié en 1983. Le premier syndrome du sras est apparu en Asie en 2002 mais c’est seulement en 2017 que des populations précises de chauves-souris porteuses de virus sont proposées comme possibles réservoirs d’origine. Chaque semestre depuis le début de l’épidémie de Covid-19 nous amène la découverte d’un nouveau coronavirus apparenté au sars-Cov-2 (en Thaïlande, au Cambodge et récemment au Laos) et permettant de mieux comprendre l’évolution de ces virus et l’origine de celui qui cause la pandémie actuelle.
En définitive, nous devons envisager les solutions pour empêcher la multiplication des zoonoses. On sait que cela revient à agir sur les causes de leur apparition, qui sont d’ailleurs autant de déterminants de la crise du climat et de la biodiversité : diminuer la conversion des milieux et l’interfaçage qui en résulte entre animaux réservoirs et humains, l’introduction d’espèces exotiques vectrices, les élevages industriels ou le braconnage d’animaux, qui augmentent également les transmissions d’agents infectieux. Continuer à explorer la biodiversité permettra aussi de se tenir prêt à agir en cas de problème et de pouvoir identifier au plus vite pathogènes et réservoirs.
Philippe Grandcolas, directeur de recherche au CNRS et au Muséum national d'Histoire naturelle (UMR 7205, Institut de Systématique, Évolution, Biodiversité). Extrait de l'ouvrage La Terre, le vivant, les humains (Coédition MNHN / La Découverte), 2022.
La Terre, le vivant, les humains
Coédition Muséum national d'Histoire naturelle / La Découverte
2022
Sous la direction de Jean-Denis Vigne et Bruno David
196 × 249 mm
420 pages
45 €
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De l'ignorance.
- Par Thierry LEDRU
- Le 14/08/2024
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Ce qui explique parfaitement l'état du monde.
Il m'arrive, parfois, d'être étourdi par la somme de mon ignorance, jusqu'à la nausée. Et je sais que le seul moyen de m'en libérer, c'est d'apprendre. Tout en sachant que je ne parviendrai jamais à en être guéri.
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Spinoza : Dieu et la nature
- Par Thierry LEDRU
- Le 12/08/2024
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Je suis abonné à cette page sur YT.
Personnellement, je n'en connais pas d'aussi claire et passionnante.
Et j'aime infiniment Spinoza.
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"Personne n'y croyait"
- Par Thierry LEDRU
- Le 10/08/2024
- 0 commentaire
"Personne n'y croyait. Pas avant de l'avoir vu."
Les paroles d'un pompier.
C'est très représentatif de ce déni d'une grande partie de la population. Un déni parfois agrémenté de complotisme.
"Tout ça, ce sont des fadaises inventées par les dirigeants pour créer la peur et nous imposer tout ce qui les enrichit."
Il m'arrive d'intervenir sur des forums de discussion liés au réchauffement climatique et c'est parfois hallucinant de lire certains commentaires.
Ce reportage montre également l'impéritie des gouvernants, à tous les étages.
On est en droit également de se demander pour quelles raisons des permis de construire ont été délivrés dans une zone ayant déjà été frappée par des crues dévastatrices.
On sait de quoi il s'agissait quand on connaît l'histoire de la tempête Xynthia. Des lotissements construits en zone inondable, sous le niveau de la mer... Toujours le même problème. Le développement des villages, des villes, des zones commerciales, la bétonisation... Et ne comptons pas sur nos dirigeants pour freiner cette folie... Les industriels et les financiers tiennent les rênes et la vie des individus n'a que peu d'importance.
Bétonisation des sols : ces 424 projets qui échapperont à l’objectif zéro artificialisation nette.
Par Léa Farges
Le 11 avril 2024 à 20h04
La loi ZAN vise à atteindre en 2050, la zéro artificialisation nette, c'est-dire ne plus goudronner de nouveaux espaces à moins de « renaturer » des surfaces équivalentes (Illustration). LP/Arnaud Dumontier
Projet d’autoroute A69 entre Castres et Toulouse, extension de l’aéroport de Nantes, agrandissement du port de Dunkerque, liaison ferroviaire entre Lyon et Turin. Tous ces dossiers souvent dénoncés par les écologistes font partie des 424 projets considérés « d’envergure nationale et européenne présentant un intérêt général » qui échapperont au dispositif de zéro artificialisation nette (ZAN) visant à limiter la bétonisation des sols, et dont la liste a été dévoilée par le ministère de la Transition écologique cette semaine.
La loi Climat et Résilience de 2021 vise à réduire de moitié la consommation d’espaces naturels, agricoles et forestiers entre 2021 et 2031 par rapport à la décennie précédente, avant d’atteindre en 2050 l’objectif de zéro artificialisation nette, c’est-à-dire ne plus du tout goudronner le pays, à moins de « renaturer » des surfaces équivalentes. Lorsque la loi ZAN qui précise le dispositif a été adoptée en juillet 2023, le gouvernement avait déjà prévu d’exclure du texte les projets « d’envergure nationale et européenne présentant un intérêt général majeur ».
Tous les projets industriels retenus
Parmi les 424 projets retenus, 167 sont immédiatement éligibles et leur calendrier est « relativement certain ». Ils se feront sans être soumis à cette loi. La moitié sont des infrastructures routières ou ferroviaires et 30 % de nouvelles usines. Les 257 restants doivent encore être confirmés. Tous les projets industriels présentés ont été retenus, a précisé le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, dans un entretien aux Échos.
Où en sont les objectifs fixés par la loi Climat et Résilience sur l’artificialisation des sols ? « Si finalement on ne réduit pas les surfaces artificialisées de 50 % sur la décennie, mais de 47 % ou 48 %, et bien, j’assume », livre Christophe Béchu aux Échos.
Pour Me Arnaud Gossement, avocat spécialiste du droit de l’environnement, « pour sauver le dispositif, le ministre envoie un message de souplesse ». Car la ZAN est « impopulaire » auprès des élus locaux. Certains « estiment que leur commune ne devrait pas être traitée comme les autres. Qu’eux ont fait des efforts pour limiter le béton et qu’ils sont logés à la même enseigne que ceux qui n’ont pas fait d’efforts. »
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En septembre 2023, le président de la région Auvergne - Rhône-Alpes Laurent Wauquiez (LR) avait d’ailleurs annoncé se retirer du dispositif, se sentant empêché par « le pouvoir central », avant de se rétracter en février 2024.
Un objectif non contraignant
Mais pour Arnaud Gossement, « la loi de juillet 2023 a été votée de manière que cet objectif ne soit vraiment qu’un objectif et, donc, qu’il ne soit pas contraignant. Il n’y a pas de sanctions si cet objectif n’est pas réalisé. » Pourtant, limiter la bétonisation reste « fondamental si on veut lutter contre le réchauffement climatique ». « C’est un objectif indispensable, ne serait-ce que pour préserver nos surfaces agricoles », insiste l’avocat.
Selon l’Office français de la biodiversité, les conséquences de l’artificialisation des sols sont multiples : augmentation du risque d’inondation, accélération du réchauffement climatique, réduction du potentiel agronomique des sols. Le ministre a d’ailleurs rappelé mercredi que « l’artificialisation est la première cause de perte de biodiversité, elle prend sur des espaces vierges qui sont eux-mêmes des puits de carbone, elle crée des îlots de chaleur alors qu’on veut justement les éliminer et elle provoque du ruissellement favorisant les inondations ».
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Des questions et des réponses (3)
- Par Thierry LEDRU
- Le 08/08/2024
- 0 commentaire
Les solutions à apporter à la crise climatique
https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/crise-climatique/changement-climatique-nos-reponses-a-toutes-les-questions-que-vous-vous-posez.html
Quelles sont les solutions pour lutter contre le réchauffement climatique ?
Le Giec n'y va pas par quatre chemins. "Pour limiter le réchauffement planétaire à 1,5ºC, il faudrait modifier rapidement, radicalement et de manière inédite tous les aspects de la société", préconise le groupe international d’experts sur le climat. L’objectif est de réduire les émissions de CO2 de 45% d'ici 2030 par rapport à leur niveau de 2010, puis d’atteindre vers 2050 la neutralité carbone, c'est-à-dire le point où les émissions sont compensées par l'élimination du CO2 présent dans l'atmosphère.
Pour ce faire, des actions sont à entreprendre à tous les niveaux. D'abord, par les décideurs politiques et les entreprises, en remplaçant la production d'électricité d'origine fossile par des énergies renouvelables, par exemple. Puis, dans une moindre mesure, par les individus, comme le montre le cabinet Carbone 4.
"Il faut à la fois faire des actions individuelles, même si elles sont parfois symboliques, parce que cela nous met en mouvement et il faut que du point de vue des pouvoirs publics, les bonnes décisions soient prises", estime le climatologue Gilles Ramstein. "C'est sûr que des citoyens bien informés, qui font déjà ce qu'ils peuvent à leur niveau, seront plus à même de pousser sur le politique."
Pour entamer cette démarche, vous pouvez calculer votre "empreinte carbone" – vos gestes du quotidien et vos habitudes de vie qui émettent le plus de gaz à effet de serre (les transports, l'alimentation, le chauffage...) – et envisager des moyens de la réduire.
Où en est la France en termes de politique climatique ?
La France s'est engagée à atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050. "D'après les résultats publiés (...) pour l'année 2021, le niveau d’émissions de gaz à effet de serre (418 Mt CO2e) respecte la trajectoire" fixée, se félicitait.) le gouvernement en juin 2022. Cette trajectoire a toutefois été revue à la baisse en 2020. L'initiale, datant de 2015, n'était pas respectée. Par ailleurs, ces émissions n'incluent pas celles générées dans d'autres pays pour la production des biens que nous importons. Ce calcul "diminue aussi depuis au moins 2010, mais [il] est 1,4 fois plus élevé que les émissions produites sur le territoire français", note le Haut Conseil pour le climat (HCC).
A l'échelle de l'Europe, le planning est encore plus serré : d’ici 2030, l'objectif est de réduire les émissions du Vieux Continent de 55% par rapport à 1990. Cela impliquera "une accélération sans précédent de la baisse des émissions en France dans tous les secteurs", alerte le HCC. Pour atteindre ses objectifs, la France doit donc passer à la vitesse supérieure. "Si on ne change pas les choses, on n'y arrivera pas", admettait Emmanuel Macron début 2023, appelant à "doubler le taux d'effort par rapport à ce qu'on a fait ces cinq dernières années".
Les énergies renouvelables sont-elles la solution ?
Une chose est sûre : il faut sortir de notre dépendance aux énergies fossiles que sont le pétrole, le charbon et le gaz pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre et lutter efficacement contre le changement climatique. Par quoi remplacer ces combustibles ? Les énergies renouvelables (éolien, solaire, hydraulique ou encore géothermique) sont peu émettrices de gaz à effet de serre et considérées comme inépuisables à l'échelle du temps humain. Elles sont donc citées dans le panel de solutions.
Le Giec, le groupe international d’experts sur le climat, distingue d'ailleurs les énergies solaire et éolienne parmi les solutions les plus à même de participer à l'effort de réduction des émissions. Avantage supplémentaire cité par le Giec : leur coût a continuellement chuté, de 85% pour l'énergie solaire entre 2010 et 2019, et de 55% pour l'énergie éolienne.
A l'échelle de la France, le basculement vers les énergies renouvelables n'est pas seulement souhaitable, il est nécessaire. Atteindre la neutralité carbone "est impossible sans un développement significatif des énergies renouvelables", rappelle le gestionnaire du réseau de transport électrique français (RTE). D'autres leviers sont bien sûr à actionner, tels que la sobriété, la reforestation ou encore la transition de nos modes de transport ou d'alimentation.
Qu'est-ce que la "compensation carbone" ?
Si vous réservez un billet d'avion Paris-New York et que la compagnie aérienne vous assure qu'en contrepartie, elle plantera des arbres au Brésil, elle fait ce qu'on appelle de la "compensation carbone". Le principe consiste à continuer d'émettre du CO2 tout en préparant les conditions d'absorption de ces émissions.
Mais cette stratégie – qui peut passer par de la reforestation, un changement de pratiques des sols ou des solutions artificielles de stockage – est controversée. "Il ne s'agit pas de dire qu'on peut continuer d'émettre des gaz à effet de serre. Plus les émissions résiduelles sont faibles, moins on a besoin d'émissions négatives pour les compenser", souligne Céline Guivarch, co-autrice du Giec, le groupe international d’experts sur le climat.
Par ailleurs, les solutions artificielles sont encore peu développées et il est périlleux d'annoncer à l'avance que tel ou tel projet portera ses fruits. Si la forêt plantée par la compagnie aérienne est mal gérée ou qu'elle part en fumée dans un incendie, la compensation aussi.
Les écogestes servent-ils vraiment ?
Ils ne font pas tout (loin de là), mais ne sont pas non plus inutiles. Selon une étude du cabinet de conseil Carbone 4, les changements de comportement individuels et "significatifs" - comme devenir végétarien, privilégier le vélo ou ne plus prendre l'avion - permettraient de réduire de 20 à 45% l’empreinte carbone de la France. Le reste relève de décisions politiques et collectives. "Il faut à la fois faire des actions individuelles, même si elles sont parfois symboliques, parce que cela nous met en mouvement (…) et il faut que du point de vue des pouvoirs publics, les bonnes décisions soient prises, commente le climatologue Gilles Ramstein. Des citoyens bien informés, qui font déjà ce qu'ils peuvent à leur niveau, seront plus à même de pousser sur le politique."
Certains gestes ont aussi davantage d'impact que d'autres. Transports, alimentation, logement... Si vous vous demandez sur quel secteur agir en priorité, vous pouvez calculer votre empreinte carbone personnelle. Cet outil donne des pistes pour passer d'une empreinte carbone moyenne en France de 9,5 tonnes de CO2 par an et par personne à une empreinte située "entre 1,6 tonne (hypothèse basse) et 2,8 tonnes (hypothèse haute)". Selon le ministère de la Transition écologique, c’est ce qu’il faudrait viser pour tenir l’objectif fixé par l'accord de Paris, à savoir un réchauffement global limité à +2 degrés d’ici la fin du XXIe siècle.
La technologie peut-elle nous sauver ?
Avions bas-carbone, voitures électriques, robotisation de l'agriculture, usine de captation du CO2, hydrogène vert… Le refrain revient souvent dans les discours politiques : l'innovation technologique serait la réponse principale au réchauffement climatique. Ce techno-optimisme n'est pourtant pas réaliste. Il se base sur des solutions encore incertaines et qui ne sont pas arrivées à maturité. Il intervient à une échelle de temps trop lointaine pour lutter efficacement contre le réchauffement climatique. Enfin, certaines des solutions qu’il propose nécessiteraient une très grande quantité d'énergie pour fonctionner. Dans le cas de la capture de CO2 par exemple*, "si nous voulions reprendre dans l'air la totalité de nos émissions de CO2, il faudrait y consacrer toute la production d'électricité mondiale et que celle-ci soit décarbonée"*, calcule Jean-Marc Jancovici, membre du Haut Conseil pour le climat. Par ailleurs, gare à “l'effet rebond”. Par le passé, les économies d'énergie réalisées ont aussi, souvent, provoqué l'augmentation des usages et donc de la consommation d'énergie.
Dans son sixième rapport, le Giec (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat des Nations unies), cite toutefois bel et bien l'utilisation de technologies dans la palette des solutions. Mais il s'agit, par exemple, de capter les émissions qu'on ne peut pas réduire en étant plus sobres. Les technologies ne pourront donc servir qu'à parcourir les derniers mètres de la longue marche vers la neutralité carbone.
Que signifient les mots "atténuation" et "adaptation" ?
Ces deux termes se retrouvent souvent dans les discussions autour de la lutte contre le changement climatique. L'atténuation renvoie à tout ce que l'on met en œuvre pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. L'adaptation, en revanche, consiste à se préparer à faire face aux effets déjà inévitables du changement climatique. Par exemple, préparer les villes aux températures extrêmes ou modifier les côtes pour faire face à la montée des eaux.
Le fait de planter des arbres est-il utile ?
Lors de vos achats, vous avez peut-être déjà été invités à "compenser vos émissions" en plantant des arbres. On vous promet alors, moyennant finance, de préparer l’absorption future des gaz à effet de serre que vous émettez. Comment ? Lorsqu'il pousse, un arbre capte le CO2 présent dans l'atmosphère et le stocke. C’est ce qu’on appelle un "puits de carbone". Chaque année, les forêts absorbent près de 30% des émissions de CO2 d'origine humaine. La reforestation fait ainsi partie des solutions pour limiter le réchauffement climatique. Le dernier rapport du Giec signale d'ailleurs que c'est l'une des options d'atténuation de nos émissions les plus efficaces.
Néanmoins, les experts du climat n’envisagent cette solution que pour "compenser les émissions résiduelles, difficiles à éliminer", comme celles liées à des secteurs dépendant des énergies fossiles (pétrole, gaz et charbon). "Il faudrait 4,5 planètes pour absorber la totalité de nos émissions annuelles en plantant des arbres", relativise le média spécialisé Vert. Ce n'est donc pas suffisant pour régler le problème. Mieux vaut voir ces initiatives comme un complément de tout un panel de solutions à mettre en œuvre, à commencer par la sobriété.
Qu'est-ce qui a déjà été fait pour lutter contre le réchauffement climatique ?
Des actions sont menées à tous les niveaux. Des entreprises, des villes et de plus larges territoires agissent pour tenter de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Par exemple, plusieurs pays ou institutions ont annoncé vouloir atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050. Au niveau mondial, l'accord de Paris, signé en décembre 2015, a embarqué la quasi-totalité des pays du monde dans une réduction de leurs émissions afin de contenir le réchauffement de la planète à +2°C, voire +1,5°C.
Mais ces engagements ne sont pas assez ambitieux. "Les politiques actuellement en place devraient entraîner un réchauffement planétaire de 2,8°C au cours du XXIe siècle", alerte un rapport de l'ONU publié en 2022. Et même si les pays suivent les feuilles de route qu'ils se sont fixées, le réchauffement atteindrait 2,4 voire 2,6°C. Des fractions de degré en plus qui impliquent nombre de conséquences désastreuses pour les sociétés humaines et la biodiversité.
Qu'est-ce que le GIEC ?
C'est la source privilégiée quand on parle de climat. Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) est un organe scientifique créé en 1988 par l'Organisation météorologique mondiale et le Programme des Nations unies pour l’environnement. Il regroupe des centaines des chercheurs, répartis sur les cinq continents, qui épluchent les recherches menées dans les laboratoires du monde entier, afin de faire le point sur les connaissances scientifiques "sur les changements climatiques, leurs causes, leurs répercussions potentielles et les stratégies de parade", explique le site de l'organisation.
Depuis sa création, le Giec a publié six rapports, disponibles en ligne, ainsi que plusieurs synthèses thématiques. Ses résumés, destinés aux décideurs politiques, sont lus et approuvés ligne par ligne par les représentants de tous les pays membres, sous le contrôle des scientifiques.
Le travail du Giec sert de socle commun de connaissances sur le réchauffement climatique et a été récompensé, avec l'ex-vice-président américain Al Gore, d'un prix Nobel de la paix en 2007.
Qu'est-ce que la "neutralité carbone"?
Etats, entreprises... Depuis quelques années, chacun y va de son annonce pour viser la "neutralité carbone" à horizon plus ou moins lointain. Mais que veut dire ce concept, censé tous nous sauver ? Il s'agit de mettre à l'équilibre les émissions brutes d'un acteur (un pays, une société...) et les puits de carbone, qui absorbent le CO2 de l'atmosphère pour le stocker. La Terre dispose de puits naturels (les forêts et les océans notamment). Mais ce qu'ils peuvent emmagasiner ne suffit plus, face à l'explosion des émissions d'origine humaine. Pour atteindre la "neutralité carbone" rêvée, il faudrait donc à la fois réduire nos émissions et trouver le moyen d'absorber le surplus de gaz à effet de serre. Une étape nécessaire, car sans cet équilibre, le CO2 continuera de s'accumuler dans l'atmosphère et fera encore grimper le thermomètre.
Qu'est-ce que l'accord de Paris ?
L'accord de Paris est un traité international rédigé à l'occasion de la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP21) à Paris. Il a été adopté le 12 décembre 2015 puis signé par 195 parties, soit la quasi-totalité des pays du monde.
Il énonce des objectifs globaux pour lutter contre le réchauffement climatique : réduire considérablement les émissions de gaz à effet de serre pour limiter le réchauffement à 2°C, voire 1,5°C au cours du siècle, publier des plans d'action nationaux mis à jour tous les cinq ans et fournir aux pays en développement des ressources financières pour s'adapter aux conséquences du réchauffement climatique.
Peut-on arrêter le réchauffement climatique ?
Arrêter le réchauffement climatique du jour au lendemain est impossible. Les gaz à effet de serre émis aujourd'hui ont une durée de vie de plusieurs années dans l'atmosphère (12 ans pour le méthane, 100 ans pour le gaz carbonique, 120 ans pour le protoxyde d'azote).
Le sixième rapport du Giec (document PDF), le groupe international d’experts sur le climat, a cependant étudié l’évolution de la température à la surface du globe en fonction de divers seuils de réduction de nos émissions. Il a montré qu'en réduisant massivement nos émissions dans les prochaines années, la hausse des températures peut se stabiliser très rapidement, et même s'infléchir à partir du milieu du XXIe siècle.
Mais ce scénario nous échappe de plus en plus. Le réchauffement climatique est une conséquence de l'activité de nos sociétés, et celles-ci dépendent actuellement, et très largement, des énergies fossiles. Il faudrait donc bouleverser nos modes de vie pour y parvenir.
Qu'est-ce que la sobriété ?
La sobriété est "un ensemble de politiques, mesures et pratiques du quotidien permettant d'éviter des demandes d'énergie, de matériaux, de biens et de terre", définit le Haut Conseil pour le climat. Cette démarche, qui consiste à réduire la consommation, peut permettre une réduction de 40 à 70% des émissions globales de gaz à effet de serre, selon le dernier rapport du Giec. "Il faut exploiter ces leviers et réfléchir à ce que cela induirait en termes de changements de comportements et de modes de vie", invite Nadia Maïzi, co-autrice du groupe d'experts sur le climat.
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Des questions et des réponses (2)
- Par Thierry LEDRU
- Le 08/08/2024
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Les conséquences du réchauffement climatique
Quelles sont les premières conséquences du réchauffement climatique ?
La première est évidente : la température moyenne sur Terre va augmenter. Elle a déjà commencé (+1,1°C par rapport à 1850) et pourrait atteindre +5,7°C d'ici la fin du siècle si les émissions de gaz à effet de serre continuent leur escalade. Mais ce n'est pas tout, car la chaleur de l'air accélère l'évaporation des étendues d'eau. Et tout le régime des pluies en est bouleversé, causant l'augmentation de la fréquence et de l'intensité des phénomènes extrêmes tels qu'on en connaît déjà : canicules, sécheresses, inondations, cyclones, fonte des glaciers… Autant d'épisodes qui menacent le vivant dans les zones touchées, de plus en plus nombreuses.
Ces bouleversements affectent aussi les océans. Comme l'explique l'Organisation météorologique mondiale (OMM) dans son bulletin sur les gaz à effet de serre (en anglais), ils absorbent 26% des émissions de CO2 – elles aussi grandissantes – liées à l'activité humaine. Par réaction chimique, ce phénomène participe à la montée des eaux et à l'acidification des océans. Ce qui provoque la destruction d'écosystèmes vitaux pour la biodiversité.
Quel est lien entre météo et climat ?
La météo correspond aux conditions quotidiennes de l'atmosphère (température, nuages, vent, précipitations). Elle s'inscrit dans le climat, qui décrit les conditions atmosphériques sur le long terme. Lorsque les scientifiques évoquent une augmentation de 2°C d'ici 2100, c'est une moyenne annuelle à l'échelle de la Terre, qu'il ne faut pas directement transposer à la température d'un jour donné à un endroit précis. L'augmentation sera bien plus forte certains jours et dans certaines régions. "Si le climat est un film, la météo est l'une de ses scènes. L'un n'est pas compréhensible sans l'autre", résume le climatologue Christophe Cassou, co-auteur des rapports du Giec.
Où vivre en France avec le réchauffement climatique ?
Difficile à dire, tant les territoires, où qu’ils se trouvent, ont ou vont subir des conséquences diverses. Les littoraux sont menacés par la montée du niveau de la mer, les villes par les vagues de chaleur, l’outre-mer par les tempêtes… "En l'état, la France n'est pas prête à faire face aux évolutions climatiques actuelles ou à venir. Tous les territoires doivent évoluer pour identifier et réduire leurs risques climatiques", dresse tristement le Haut Conseil pour le climat.
Si, toutefois, vous souhaitez échapper (le plus possible) aux fortes chaleurs, le sud de la France ne semble pas la destination idéale. Tous les scénarios d'émissions de gaz à effet de serre futures montrent une augmentation du nombre de journées particulièrement chaudes en dessous de Bordeaux et Lyon, et une baisse des précipitations, favorisant le risque de feux de forêts, de canicules et de sécheresses, comme le montre le Drias. Les territoires allant de la Bretagne aux Hauts-de-France ne sont pas épargnés, mais semblent être moins rapidement touchés.
Où en est le réchauffement climatique aujourd'hui ?
Sur la période 2011–2020, la température moyenne sur Terre était plus élevée de 1,09°C par rapport à celle entre 1850 et 1900, avant la combustion massive d'énergies fossiles par l'homme, expose le sixième rapport du Giec. Pour la montée des eaux, le niveau moyen de la mer s'est élevé de 20 centimètres entre 1901 et 2018, sur l'ensemble du globe. Les conséquences se font déjà largement ressentir, comme en 2022, où les sécheresses, incendies ou orages de grêle se sont multipliés en France.
La France est-elle déjà touchée par le réchauffement climatique ?
Oui, souvenez-vous de la canicule de l’été 2003, des inondations meurtrières de 2018, de l'ouragan dévastateur Irma dans les Antilles en 2017 ou de la sécheresse de 2022… Autant de phénomènes extrêmes liés au réchauffement des températures (+1,7°C en France). Le niveau de la mer a déjà grimpé, grignotant les littoraux et affectant les populations des côtes. Les agriculteurs sont déjà victimes du manque d'eau. Quant aux forêts, elles sont chaque année brûlées par des incendies favorisés par le réchauffement climatique.
Ces phénomènes dramatiques pourraient devenir plus fréquents, si ce n'est la norme. Par exemple, sous un climat à +4°C par rapport aux températures de l’ère préindustrielle, les chaleurs extrêmes qui frappaient une fois tous les dix ans surviendraient neuf années sur dix, selon le Giec, le groupe international d’experts sur le climat.
Comment le réchauffement climatique menace-t-il la biodiversité ?
Un million d'espèces sont déjà menacées d'extinction dans le monde, selon l’IPBES (Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques), l'organisme scientifique de référence sur le sujet. L'une des causes de ce déclin massif de la biodiversité est le changement climatique d'origine humaine (ainsi que l'expansion des terres agricoles, l'exploitation des ressources, les pollutions ou les espèces invasives). En cause : la dégradation des écosystèmes vitaux aux espèces en raison de l'assèchement des sols, la multiplication et l'intensification des incendies ou encore des phénomènes météorologiques extrêmes tels que les tempêtes et les inondations. Le réchauffement climatique pousse par ailleurs les espèces à chercher de nouvelles zones où les températures leur seront plus adaptées, en laissant parfois derrière elles celles qui ne se déplacent pas assez vite.
Quant aux espèces marines, elles sont confrontées à un problème supplémentaire : en absorbant une partie du CO2 que nous émettons, l'océan s'acidifie, ce qui empêche ou fragilise la formation de coquilles chez certains organismes (les planctons, les huîtres...).
>> Découvrez dans notre moteur de recherche quelles sont les espèces menacées près de chez vous
Pourquoi le niveau de la mer monte-t-il ?
Plusieurs éléments participent à la hausse du niveau de la mer. Tout d'abord, la fonte des réservoirs terrestres de glace que sont les glaciers et les calottes polaires du Groenland et de l'Antarctique, provoquée par le réchauffement des températures en surface. L'eau s'écoule jusqu'à la mer, remplissant plus encore les étendues bleues de la planète. Ensuite, les océans absorbent une partie de la chaleur atmosphérique, causée par nos émissions de gaz à effet de serre. En se réchauffant, l'eau se dilate : elle prend donc davantage de place. Entre 1901 et 2018, le niveau de la mer a déjà grimpé de 20 centimètres en moyenne dans le monde, d'après le Giec. "Le niveau moyen de la mer à l'échelle du globe s'est élevé plus rapidement depuis 1900 qu’au cours de tout autre siècle lors des trois derniers millénaires", s’alarme le groupe d'experts. Il va continuer d’augmenter d'au moins 28 centimètres d’ici 2100 si nous réduisons nettement et rapidement nos émissions de gaz à effet de serre. En continuant sur la trajectoire actuelle, l’élévation pourrait atteindre de 63 cm à 1,01 m, avec des conséquences catastrophiques pour les populations côtières.
La France est-elle menacée par la montée des eaux ?
La montée des eaux affecte déjà la France, au bord de la Manche, de l’Atlantique ou dans les Caraïbes. Des communes comme Gouville-sur-Mer (Manche), Dolus-d'Oléron (Charente-Maritime), Biscarrosse (Landes), Etretat (Seine-Maritime) ou Le Prêcheur (Martinique) font déjà face à un recul de leur littoral sous l'effet de l'érosion et des tempêtes. Des bâtiments sont d'ores et déjà inhabitables et détruits, à l’image de l’immeuble Signal à Soulac-sur-Mer (Gironde).
La situation pourrait encore s'aggraver. Selon le Giec, le groupe international d’experts sur le climat, le niveau de la mer pourrait grimper d'un peu plus d'un mètre en 2100, si nos émissions de gaz à effet de serre ne diminuent pas, comme c'est le cas actuellement. De nombreuses régions et leurs habitants seraient affectés, comme le montrent des simulations : l'estuaire de la Gironde, les marais du Cotentin, les boucles de la Seine normande, la Camargue ou encore la Côte d'Azur. Dans le monde, jusqu’àun milliard de personnes pourraient se trouver sous le niveau de la mer à la fin du siècle.
Le changement climatique est-il responsable des phénomènes météorolgiques extrêmes ?
Le changement climatique engendre une augmentation de la fréquence et de l’intensité des événements météorologiques extrêmes. Le Giec note ainsi : ”Le changement climatique affecte déjà toutes les régions habitées de la planète, l'influence humaine contribuant à de nombreux changements observés des extrêmes météorologiques et climatiques."
La France ne fait pas exception. L'Hexagone connaît déjà une augmentation des chaleurs extrêmes, des très fortes précipitations et des épisodes de sécheresse. Et la situation devrait empirer. Par exemple, sous un climat à +4°C par rapport aux températures de l’ère préindustrielle, les vagues de chaleur qui survenaient d'ordinaire une fois tous les dix ans seraient amenées à frapper neuf années sur 10.
Après les phénomènes météorologiques extrêmes, les scientifiques, notamment ceux du World Weather Attribution (en anglais) réalisent ce qu'on appelle des "études d'attribution", pour établir ou non le lien entre un événement météo et le changement climatique. Ils ont ainsi démontré (en anglais) le lien de causalité entre le réchauffement climatique et les inondations dévastatrices survenues au Pakistan en 2022.