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LE DÉSERT DES BARBARES : La conscience de la nature
- Par Thierry LEDRU
- Le 28/08/2023
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La conscience de la nature
On pourrait penser qu'il s'agit de cette conscience que les humains éprouvent au regard de la nature qu'ils côtoient mais je parle là de la conscience que la nature possède. La conscience d'elle-même.
Descartes se retournerait dans sa tombe en lisant ça. Qu'il tourne autant de fois qu'il veut si ça lui chante.
"Les bêtes n’ont ni âme ni pensée. Il n’est, en réalité, en elles, « aucun autre principe de mouvement que la seule disposition des organes et la continuelle affluence des esprits animaux produits par la chaleur du cœur »
On peut facilement imaginer son point de vue sur une conscience réflexive de la nature.
Des gens continuent à manger des animaux parce qu'ils portent inconsciemment des pensées et des écrits qui datent d'une époque si lointaine qu'ils ont du mal à la situer.
CHAPITRE 50
Théo et Laure avaient rejoint les crêtes par l'Aup du seuil puis ils s'étaient engagés sur le sentier menant au col de Bellefont. Théo connaissait parfaitement l'itinéraire. Il avait parcouru l'intégralité de la traversée Chambéry-Grenoble à cinq reprises. Il comptait cinq heures pour atteindre le sommet de la dent de Crolles en trottinant et Laure se réjouissait de cette belle échappée.
Lorsque la clarté naissante révéla le fonds de la vallée, ils distinguèrent les bancs de brume couvrant l'immensité. Comme une mer blanche à l'étale. Une horizontalité parfaite. La beauté du spectacle cachait la certitude du drame. Le silence d'un cimetière. Pas un souffle de vent, pas un bruit humain.
Laure revoyait le vol du rapace et l'évidence de sa joie. Elle cherchait à en comprendre le message. Il restait de sa dernière nuit une sensation étrange et elle tentait d'en retrouver la source. Une image, un rêve, une pensée ? Elle n'avait aucune certitude, juste un ressenti bienheureux. Elle reliait le vol du rapace à cette impression inexpliquée. Sans se départir de l'idée qu'il y avait autre chose, une raison cachée. Trottiner en montagne avec Théo pourrait suffire mais là encore, elle convenait que la source de son ressenti venait d'ailleurs, un territoire inexploré. C'était l'image la plus juste. Un territoire inexploré. Un antre secret dont elle devait trouver l'entrée.
Depuis plusieurs jours, elle avait l'impression que sa mémoire contenait davantage d'images, l'accident, la voiture, la lumière. Il s'était passé autre chose, un événement qu'elle devait retrouver, un souvenir essentiel et elle cherchait le moyen de rétablir le film, de dérouler à l'envers les images perdues. Un mélange de frustration et de désir, l'alternance entre le dépit d'avoir égaré un morceau de l'histoire et la joie d'imaginer que c'était là, en elle, qu'elle le retrouverait nécessairement, une lumière, un voyage inachevé, un horizon aperçu, une rencontre. Il ne s'agissait pas de Figueras. De lui, elle s'en souvenait parfaitement. Peut-être qu'il n'y avait personne, peut-être qu'elle s'égarait à vouloir identifier ce qui lui manquait et que son imagination l'égarait.
De l'autre côté de la vallée, derrière la chaîne de montagnes de Belledonne, elle vit la clarté étendre son voile, elle adorait ces levers de soleil par-dessus les sommets, cet envahissement des cieux, la lumière coulant sur les pentes argentées et révélant les reliefs, les piliers, les faces, les pierriers, les derniers résineux à la frontière avec l'étage nival, les plus téméraires, les plus résistants, elle aimait la puissance de ces paysages, elle y avait toujours trouvé la raison de son existence, les fondations, les élans vitaux, l'effacement des troubles les plus intenses.
Théo était apparu et l'amour avait empli l'unique zone délaissée de son cœur.
Au milieu d'un monde dévasté.
Devait-elle pour autant s'interdire d'être heureuse par empathie pour ses prochains, pour tous les humains, pour tous ceux qui pleuraient leurs morts, pour tous ceux qui tentaient de survivre ? Cette absorption du malheur universel atténuerait-elle les effets du désastre ? Évidemment pas. Elle le savait intimement et n'avait pas encore osé l'admettre, comme ceinturée par la honte de se réjouir de son propre bonheur, une culpabilité tenace. Le syndrome du survivant, elle en avait lu quelque chose sans pouvoir en établir une connaissance présente.
C'est là qu'elle se souvint des paroles de Figueras, de l'importance de la paix intérieure et de la capacité à se réjouir de la vie en soi et autour de soi, quelles que soient les épreuves. Les Kogis ne priaient pas pour demander à être protégés, épargnés, soulagés, pardonnés, absous, ils ne réclamaient rien, ils ne se plaignaient pas. Ils honoraient la création et la remerciaient du bonheur de vivre en son sein. Ils priaient comme un enfant vient se blottir contre sa mère, juste pour le bonheur intense de la paix.
Le liseré flamboyant de l'astre se dessina enfin, un arrondi ardent qui enflamma les pentes. La boule incandescente s'éleva lentement et les rayons embrasèrent la ligne de crêtes où ils progressaient.
Théo, concentré jusque-là sur l'itinéraire et l'horaire à tenir, s'arrêta quelques secondes. Il se retourna vers Laure. Elle souriait, le visage baigné par les rayons. Il revint vers elle.
« Merci de m'avoir permis de vivre ça, dit-elle, merci de m'avoir accueillie. J'ai conscience de la chance immense que j'ai eue de croiser ta route. Et je remercie la vie de ce cadeau inestimable d'être ici et de pouvoir contempler ce spectacle. Là, en cet instant, rien d'autre ne compte. »
Il ne trouva pas les mots et il s'interdit de l'enlacer. Convaincu qu'elle n'attendait rien de lui. « Avant de parler, assure-toi que ce que tu veux dire est plus important que le silence que tu vas briser. » Une citation lue ou entendue, il ne se souvenait plus mais il savait combien Laure aimait le silence. Elle avait exprimé son amour pour lui. Il lui restait à se taire.
Il l'observa, les regards balayant les horizons découverts. Il aimait infiniment la douceur de son visage et simultanément l'énergie qui en émanait. Il la quitta des yeux et contempla les montagnes. Que voyait-elle qu'il ne distinguait pas ? Il en était certain, elle regardait bien au-delà.
Il ne la vit pas s'approcher. Elle l'enlaça.
« L'énergie créatrice. C'est bien autre chose que ce que les yeux regardent. »
Lisait-elle dans ses pensées ?
« Qu'est-ce que ça signifie ?
- Si tu regardes les montagnes comme des entités nommées, cartographiées, avec une altitude connue, que tu y reconnais les itinéraires, que tu te souviens de tes ascensions, tu ne regardes pas les montagnes, tu te regardes à travers elles. C'est ton existence que tu contemples. Et finalement, c'est encore une exploitation de la nature. Une exploitation existentielle. J'en arrive à penser que plus les humains disparaîtront, plus la nature retrouvera sa virginité, non pas seulement dans sa pureté matérielle mais également sur un plan spirituel. Oui, je parle bien de la spiritualité de la nature car je suis absolument persuadée de sa conscience et donc de ses pensées, de ses émotions, de ses ressentis, de tout ce que l'humain s'est attribué et qu'il refuse de partager. Je sais que c'est effroyable si on pense aux victimes mais si on se place du côté de la nature, c'est une libération. Et peut-être même que les survivants finiront par changer leur regard puisque le passé aura été balayé, effacé, pulvérisé. L'occasion unique de saisir pleinement la réalité de ce monde. Et surtout que l'humanité ne soit plus une entité à part. Le colonialisme n'est pas qu'une agression envers certains peuples. Les humains ont colonisé la planète, avec tous les outrages que ça comporte. Cette époque est une décolonisation forcée, accélérée et impitoyable. »
Elle le regarda en souriant.
« C'est le bonheur de la vie qui doit nourrir le renouveau de la planète. Aussi terrifiant que soit la situation. Ma mère, dans son apathie dépressive, va à l'encontre de cette révélation.
- Et moi, dans l'inquiétude chronique que je porte, j'en fais tout autant.
- Non, Théo, je ne suis pas d'accord. Ma mère se morfond mais toi, tu agis. Et encore une fois, je suis heureuse et soulagée de vivre à tes côtés. Sans toi, je serais sans doute morte. »
Il posa une main sur sa joue.
« On y va !» lança-t-elle.
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LE DESERT DES BARBARES : Etat des lieux
- Par Thierry LEDRU
- Le 27/08/2023
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CHAPITRE 46
Figueras s'était levé au premier chant d'oiseau. Il s'était assis sur une roche moussue et il avait observé la montée de l'astre. De l'autre côté des cimes, à l'est, derrière les crêtes dentelées. L'air était frais, descendu des montagnes comme un voyageur curieux, mais il allait remonter avec la venue du maître des lieux.
La lumière n'était encore qu'une esquisse, un placenta en croissance. Le ciel épuré avait bu tous les nuages de la veille et le bleu métallique de la nuit accueillait l'astre naissant. La lumière condensée tel un ventre rond annonçait la mise au monde. Puis vinrent les traits lumineux, des routes à suivre, des rayons écarlates lancés dans l'azur comme autant d'éclaireurs. Ils tracèrent leur chemin dans les échancrures, les cols et les versants et Figueras imagina les animaux engourdis s'étirer délicieusement.
Des chapelets de gouttes de rosée, suspendus sur les fils des toiles d'araignée, s'illuminèrent comme autant de perles, des rêves de nuit dans l'attente du réveil. Les dentelles tendues sur les herbes drues dessinaient des étoiles.
Plus bas, dans la vallée, au-dessus des forêts épaisses, traînaient nonchalamment des nappes de brouillard, larges marées immobiles, couvertures humides étirées comme des voiles protecteurs. Ces brumes éphémères s'évanouiraient dès les premières chaleurs et les frondaisons se gorgeraient de lumière.
Tout était juste.
Et Figueras s'en réjouit.
Il avait rêvé de la Terre.
Coulaient en elle des désirs d'apaisement. Il en avait senti le désir.
L'hégémonie passée des hommes, leur déliquescence, l'effondrement de leur frénésie, la découverte des biens essentiels, les actes solidaires, quelques-uns, au fil des jours, au fil des drames, de plus en plus, des survivants qui organisaient les jours à venir, les uns après les autres, sans autre intention que la préservation de chacun et que chacun préserve les autres.
Le silence des cieux, les avions cloués au sol, toutes ces flèches dorées qui cisaillaient l’atmosphère et l'empoisonnaient, toutes ces machines volantes immobilisées, tous ces moteurs éteints, toutes ces usines mortes, toutes ces exploitations figées, ces filets assassins qui raclaient les fonds marins, ces millions d'êtres vivants égorgés, éviscérés, emballés, vendus en barquettes, plus rien, plus aucune concentration de bêtes, elles étaient mortes ou enfuies, l'air des villes ne piquaient plus les gorges, plus de poubelles à trier, il n'y avait plus rien à manger, plus d'emballages, les magasins dévalisés, les routes désertes, les camions abandonnés, les pétroliers à quai, leurs citernes vides, les torchères éteintes des raffineries, les villes sombres dès la fuite du soleil, des feux de camp pour se réconforter, des étincelles fugaces de réconfort partagé.
Le monde humain posé sur une balance à plateaux, d'un côté la fureur et de l'autre la paix. Les forces sombres ont pris le pouvoir, elles ont tout écrasé. Mais elles s'éliminent entre elles et le plateau se vide.
La Terre montre la voie.
Depuis longtemps, la lumière des montagnes n'a été aussi épurée.
Tous ces actes meurtriers prendront fin, une sélection naturelle, par épuisement du contingent.
Tous ces humains disparus, comme autant de virus éradiqués, les uns après les autres.
Et la fièvre délirante de la Terre qui diminue.
Une évidence.
Le nombre était la plaie, l'extermination une guérison.
D'autres esprits étaient passés dans son rêve, un chaman des plaines de Sibérie, un Aborigène, un Inuit, un Mentawaï, un Sami, il les connaissait tous et s'ils étaient apparus, s'ils avaient parcouru les réseaux d'énergie pour se connecter les uns les autres à leurs frères de Terre, le message était clair. Le temps des hommages était venu.
Il convenait d'accompagner la Terre convalescente en sachant que de nouvelles crises étaient inévitables.
Les résistances humaines. Trop de résidus de l'ancien monde, des volontés de pouvoir, même s'il ne restait que des ruines à s'approprier. L'ADN mental de l'humanité, comme une tumeur inarrachable. La détresse n'était pas encore assez grande. La diminution du nombre réduisait la violence et l'abandon à la peur.
Le crépuscule des faux dieux avant l'aurore.
Bientôt, bientôt.
Figueras avait rêvé de la jeune femme. Il avait senti son désarroi mais plus fort que les tourments, l'amour de la lumière restait au firmament. Elle avait la Grâce mais ne voulait pas encore le reconnaître. Il restait ce doute que l'individu considère comme de l'humilité quand il ne s'agit que du déni de soi. Elle avait la Grâce et il était temps qu'elle l'enlace, totalement, qu'elle prenne conscience que le monde humain n'est pas en elle et qu'elle n'en est que le témoin.
Jusqu'à ce qu'elle lui tourne le dos.
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LE DESERT DES BARBARES : Les enfants dans le chaos
- Par Thierry LEDRU
- Le 26/08/2023
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J'ai pleinement conscience que le chaos que j'entrevois atteindra les enfants, des milliards d'enfants.
Je ne suis pas indifférent à l'immense détresse que ça provoquera.
Je suis deux fois grand-père. Qu'adviendra-t-il pour ces deux petits ?
Dans l'écriture de la tétralogie, je l'ai mis en scène.
LE DESERT DES BARBARES
CHAPITRE 45
« Pire qu'en 2002, pire qu'en 2014. »
Tout le groupe était réuni dans la grande salle à manger de la maison de Sophie et de Tristan. Ils avaient décidé d'un repas commun. Ils entendaient la pluie tambouriner sur le toit.
« C'est certain, Didier, on est bien au-dessus de ces années-là.
- Onze jours de déluge, tu imagines à Alès ?
- J'ai connu les deux inondations précédentes, le quartier du Pré-Saint-Jean et celui du Moulinet, deux-cents millimètres d'eau en six heures. Et là, ça fait onze jours que ça tombe. Je pense que toute la vallée est sous les eaux.
- Les anciens l'ont toujours dit. Construire comme ça en fond de vallée, c'est criminel. Tout est bétonné, les forêts rasées, les haies détruites, du goudron partout, les cours d'eau ne sont plus curés depuis des lustres, il n'y a plus de zones humides pour éponger, et c'est partout pareil. Enfin, bon, tout ça, on le sait.
- Ouais et c'est pour ça que j'ai toujours vécu en hauteur, expliqua Didier.
- Vous imaginez, intervint Sophie, si ce déluge, c'est sur toute la France, toute l'Europe ou même la planète entière ? Vous voyez à quoi je pense ? Vous n'avez pas un peu l'impression que ça fait beaucoup d’événements naturels ?
- La nature, la Terre, Gaïa ?
- Oui, Tristan. Une vague impression de quelque chose qui nous dépasse totalement. Comme une intention.
- Terrain glissant, tout ça, s’immisça Moussad. On entre dans la croyance et tu peux être certaine que des tas de sectes et de gourous ont saisi l'occasion pour prendre la parole et si l'humanité est en roue libre, certains voudront prendre le guidon. Et tout ce qui relève du paranormal sera du pain béni.
- Oui, tu as raison, reprit Sophie. Mais c'est tellement stupéfiant. Nous, ici, comme la plupart des survivalistes, on imaginait que les humains seraient les déclencheurs et les seuls responsables du chaos, des troubles sociaux, économiques, des conflits internationaux, des crises financières, des éléments essentiellement issus des humains. On savait que le dérèglement climatique allait ajouter à tout ça, que ça compliquerait encore les choses et puis les crises énergétiques viendraient achever le travail, enfin, on avait tous des scénarios qui se tenaient plus ou moins, des enchaînements progressifs, des niveaux de gravité, des tentatives pour sauver les meubles. Mais là, c'est toute la maison qui brûle d'un coup, humanité et nature dans un même mouvement. C'est ça qui est stupéfiant.
- Comme si les deux étaient liées », intervint Kenza.
Et tout le monde la regarda.
« Je pense qu'on est plusieurs à le penser, intervint David qui se remettait doucement. Ça en devient biblique cette histoire, l'apocalypse de Saint-Jean. Il s'agit de savoir qui jouera le rôle du sauveur, qui viendra enchaîner Satan pour mille ans.
- J'espère bien que personne ne laissera un soi-disant sauveur nous voler notre liberté et le retour à un monde plus sain, s'immisça Emma. Parce que je ne sais pas si vous y avez songé ces jours-ci mais l'arrêt de toutes les industries, des avions, des exploitations minières, l'arrêt de milliards de voitures, elle doit se sentir respirer notre chère Gaïa.
- Pour l'instant, elle se montre plutôt revancharde.
- Oui, Tristan. C'est tout à fait ça. Comme si la dégringolade de l'humanité lui redonnait du poil de la bête ! lança Didier.
- Il reste à savoir jusqu'où elle a l'intention d'aller.
- Vous voyez la vitesse à laquelle vous avez validé l'idée d'une volonté, d'une conscience, d'une intelligence à la planète ? C'est fascinant comme une idée irrationnelle peut convaincre, s'amusa Anne. Et moi la première ! J'aime beaucoup l'idée que la Terre ait une conscience et qu'elle ait décidé de participer au nettoyage.
- Vous oubliez tous une chose, intervint Louna. Ma mère est morte.
- Et mes parents aussi », ajouta Martha.
Et le silence tomba sur l'assemblée comme une chape de honte.
Les regards qui se cherchent comme dans l'attente d'une parole.
« Oui, vous avez raison toutes les deux. Et nous sommes tous désolés de la violence de nos propos, exprima Sophie. Nous nous sommes laissés emporter par ce moment convivial et nous n'avons pas mesuré nos paroles. Ça n'arrivera plus.
- Il y a sûrement aussi le fait que notre situation au regard de celle des zones urbaines nous prouvent combien nous avions raison, et ça nous donne une espèce de joie, de satisfaction personnelle, ajouta Tristan. Mais ça ne nous donne aucunement le droit d'oublier votre douleur à toutes les deux. »
Louna esquissa un sourire et prit la main de Martha, assise à ses côtés.
« Vous n'y êtes pour rien dans la mort de papa, maman. Et moi, je vous aime beaucoup. Parfois, je pense à ce monde, maintenant, je vous ai entendu parfois, c'est quoi mon avenir, papa et maman sont morts et moi je deviens quoi ? C'est quoi ma vie maintenant ? Je voulais voyager, je voulais voir les girafes en Afrique. L'école, mes copines, mes cours de piano, mes chiens, j'ai plus rien de tout ça. Vous, vous êtes heureux parce que vous avez réussi à bien vous préparer et même à vous défendre. Alors, c'est ça ma vie maintenant ? Pas du piano mais apprendre à tirer avec une arme à feu ? C'est ça le nouveau monde ? Je ne sais pas si vous imaginez pour moi ? Je ne veux pas vous faire de peine, je comprends que vous soyez heureux de votre réussite mais moi, c'est pas ce monde-là que je voulais connaître. »
Louna vit les larmes qui coulaient sur les joues de l'enfant. Tous la regardèrent se lever et personne ne trouva les mots.
« Je vais aller dormir et vous laisser discuter de votre monde. Mais je vous aime beaucoup quand même. »
Elle balaya l'assemblée de ses yeux tristes. Elle posa un baiser dans sa paume et souffla dessus.
Et ce fut comme si les mots de Martha volaient dans les airs, glissaient contre les murs, flottaient sous le plafond, ruisselaient dans les esprits, comme des effluves âcres, entêtants, insoumis.
Ils avaient ignoré Martha, ils l'avaient reléguée en arrière-plan. Ils s'étaient contenté de laisser Louna jouer un rôle de grande sœur, unies par leur deuil. Et à Tian de veiller sur elles deux.
Ils vivaient depuis trop longtemps dans l'attente du grand chambardement pour avoir encore accès à l'émotion d'une enfant, depuis trop longtemps dans une projection future pour saisir la réalité de l'instant et ils comprirent tous à quel point leur sensibilité, leur empathie, leur ouverture, tout ce qui contribue à élever l'humain avait été étouffé par l'immensité de leur projet et sa réalisation. Ils comprirent tous que cette quête de liberté avait cloisonné leurs cœurs.
Sophie se leva et quitta la pièce, les yeux baissés, sans un mot. Tristan vit qu'elle prenait la direction de la chambre de Martha.
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Mortalité animale routière
- Par Thierry LEDRU
- Le 26/08/2023
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Ici, dans la Creuse, il y a encore, pour l'instant, des forêts immenses, des espaces naturels traversés par des petites départementales, souvent étroites (il n'y a quasiment jamais de peintures au sol pour séparer les chaussées). Il nous arrive souvent, lorsque nous sommes sur une hauteur, une colline dégagée, avec un horizon ouvert, de réaliser qu'il n'y a aucune trace humaine visible. Pas de routes, pas de lignes électriques, aucune habitation, aucun bruit humain. On sait par conséquent qu'autour de nous la faune est présente et nombreuse.
Très souvent les forêts bordent les routes et bien évidemment, ces forêts sont habitées : chevreuils, biches, cerfs, sangliers, renards, blaireaux...)
Hier, en rentrant à la maison, deux chevreuils ont traversé devant la voiture. Ils ont jailli du bois et en deux bonds, ils étaient de l'autre côté. Trois ou quatre secondes plus tôt et l'impact aurait été quasiment inévitable.
C'est fréquent ici et les locaux ont pour beaucoup déjà connu des accidents avec des animaux.
Bien que j'aime beaucoup la vitesse à vélo et qu'il m'arrive de dévaler les descentes à soixante kilomètres heure (83 km/h dans la descente du col de la Madeleine en Savoie), ici, j'ai réduit la voilure et je suis extrêmement vigilant. J'ai déjà percuté une biche en Savoie, j'étais à VTT, dans une descente, je suis passé par dessus le guidon et je suis tombé sur la tête, la nuque tournée d'une façon que je ne pensais même pas possible. J'ai mis plusieurs minutes à m'en remettre. L'écran de mon téléphone portable en miettes, il était dans une poche de mon maillot. (depuis, il est dans une pochette). La fourche du vélo pliée... Inutilisable. J'ai traîné mon VTT pendant une heure jusqu'à une route départementale où j'ai arrêté une voiture. Minerve pendant un mois et de multiples examens.
Il n'en reste pas moins que c'est moi qui traversais la forêt où vit cette biche. Elle n'est pas venue me percuter dans mon garage ou sur la terrasse de la maison. J'étais sur son territoire.
Il faut donc imaginer que toutes nos routes sont des plaies, des blessures, des obstacles, et que c'est incompréhensible pour les animaux. C'est nous qui avons tracé des voies mortelles.
Mortalité animale due aux véhicules
Les grands carnivores (loups, lynx et grizzly) ainsi que les animaux lents (ex : tortues et salamandres) sont particulièrement victimes de la mortalité routière.
Les amphibiens comptent parmi les espèces les plus touchées par la mortalité routière (jusqu'à plus d'une centaine d'individus par nuit et par point de passage, là où leurs itinéraires de migration printanière entre les zones d'hivernage et les zones de ponte croisent nos voies de circulation). Les écoducs destinés à leur permettre de traverser à moindre risque sont dits batrachoducs ou crapauducs.
La mortalité animale sur les routesa est la conséquence de collisions de la faune avec des véhicules. Elle concerne de nombreuses espèces : grands et petits mammifères, oiseaux, amphibiens, insectes, etc.
Contexte
Les animaux sont souvent tués sur les routes pendant qu'ils s'alimentent ou se déplacent1. C'est une menace importante pour la biodiversité2.
En 1920, alors que les véhicules en circulation étaient moins nombreux et plus lents, Joseph Grinnell écrivait aux États-Unis : « Ce roadkilla est une source relativement nouvelle de mortalité ; et si l'on devait estimer le kilométrage du total de ces routes dans l'État, le taux de mortalité doit s'élever à des centaines, voire des milliers de cas toutes les 24 heures3. » La situation s'est depuis aggravée dans la plupart des régions du monde, en raison de l'augmentation conjointe de l'extension du réseau routier, du nombre de véhicules motorisés, de la vitesse moyenne des véhicules et du kilométrage parcouru par chaque conducteur.
C'est l'une des formes de fragmentation des habitats naturels par les réseaux de transport et l'une des principales causes du déclin de certaines espèces2, carnivores y compris4.
Chaque année en Europe, plus de 220 millions d'animaux sont tués sur les routes, provoquant notamment des dizaines de millions d'euros de préjudice pour les propriétaires des véhicules accidentés5.
Impacts économiques et sur la sécurité routière[modifier | modifier le code]
afficherCette section ne cite pas suffisamment ses sources (mars 2022).
Les collisions accidentelles de véhicules avec la faune ont des conséquences sur la biodiversité, sur l’économie et sur la sécurité routière. Dans les pays pauvres, où les bovins, ovins et équidés, ainsi que de nombreux chiens et chats se déplacent le long de routes parfois très encombrées, nombre de ces animaux domestiques sont aussi blessés ou tués par des véhicules. Des accidents peuvent arriver à n’importe quel conducteur, même expérimenté et prudent. Au Canada, environ 1,6 % du total des collisions (cette proportion étant considérablement plus élevée sur certaines routes à trafic conséquent traversant des zones boisées, comme dans certains parcs et réserves naturelles). Le réseau routier rural a été amélioré depuis les années 1970, permettant de circuler avec une sécurité accrue mais parfois plus vite, ce qui accroît le risque de collisions avec les grands animaux. L’obstacle qu’ils représentent surgissant d’une façon imprévue, la vitesse moyenne plus élevée rend leur évitement difficile et le choc plus dommageable.
Animaux impliqués
Les crapauds sont protégés de la plupart des prédateurs par la toxicité de leur mucus, aussi ne craignent-ils pas les espaces découverts, dont les routes, ni les voitures. Ils sont, de plus, desservis par leur lenteur. Sur leurs axes de migrations, les crapauds meurent par dizaines à centaines (ici Bufo valliceps, d'Amérique centrale).
La quasi-totalité des espèces animales est concernée par la mortalité routière, mais la typologie varie selon les régions. Les espèces les plus vulnérables sont les animaux :
lents ou peu capables d’éviter les véhicules ;
protégés (ou se croyant protégés) par :
des piquants (porcs-épics, hérissons),
une carapace (tatous, tortues terrestres6,7, sauriens),
la toxicité de leur organisme (crapauds, salamandres),
une capacité à injecter du venin ou à inspirer de la crainte à d'autres espèces (serpents)8,9 ;
les grands herbivores, qui doivent pâturer sur de vastes étendues et qui, pour certaines espèces de zone tempérée, migraient autrefois du nord vers le sud chaque hiver (ex : rennes, élans) ; plus près des pôles, ces migrations saisonnières restent vitales pour ces espèces ;
les grands et moyens carnivores (loups, ours, lynx, gloutons, pumas, ocelots, chat sauvage d'Europe, etc.) ont généralement de vastes territoires de chasse à parcourir, et ils doivent parfois migrer avec leurs proies ;
les petits carnivores (renards, loutres, fouines, belettes, putois, etc.) qui prospectent de vastes territoires ;
les animaux à vaste territoire dont l’habitat régresse fortement. Exemple :
la population relique d’ours des Pyrénées en France, confinée sur moins de 0,1 % de son ancien territoire ; ainsi Franska achetée en Slovénie a été tuée sur la RN21, alors qu'elle pesait 120 kilogrammes, le jeudi 9 août 2007, un an après son introduction dans les Pyrénées10. Cet accident a eu lieu avec un véhicule militaire, après que l'ourse a été percutée par un premier véhicule. Le véhicule militaire, une Renault Kangoo, ayant tué Franska était conduit par un sous-officier du 1er régiment de hussards parachutistes, entre 6 heures et 6 heures 30, à 5 km au sud de Lourdes sur la commune de Viger. Cet accident a eu lieu en pleine polémique entre les habitants de la région et les défenseurs de la réintroduction d'ours en France, quant au comportement particulier de l'ourse qui tendait à descendre dans les plaines et à s'attaquer à des moutons d'élevage (« ours à problèmes »)11,12. En Slovénie vingt ours sont percutés chaque année sur des routes comme en France les sangliers et les cervidés13.
Les chiens ou, ici, les chats, sont de fréquentes victimes aux abords des zones habitées.
le grizzly confiné sur moins de 2 % de son territoire aux États-Unis ;
et tous les animaux qui doivent traverser beaucoup de routes, en particulier ceux qui longent les cours d'eau.
Des animaux semi-domestiques sont également régulièrement écrasés ou blessés (dont chats et chiens).
Collisions avec les insectes
Article détaillé : Effet pare-brise.
Un casque de moto constellé d'insectes, après un trajet fait à l'été 2008.
Il n’existe que très peu d’informations sur la mortalité des insectes due aux chocs avec les automobiles ou les blessures que les turbulences des véhicules rapides peuvent induire sur ces espèces.
Les insectes morts ou agonisants les plus facilement retrouvés sur les bords de route sont les papillons et, dans les zones humides, les libellules, car ils sont de plus grande taille, colorés et facilement visibles. Ils sont aussi plus « lourds » (ce qui les fait retomber sur la chaussée ou le bas-côté), mais un nombre bien plus grand de petits insectes restent collés aux véhicules ou sont emportés par le vent et les turbulences sur les bas-côtés14.
De nombreux insectes meurent aussi non pas du choc, mais de la violence de l'effet de souffle, ailes ou tendons désarticulés[réf. souhaitée].
En France, une évaluation réalisée à partir de comptages faits dans la région de Fontainebleau en 1990 a donné les résultats suivants : 60 billions (60 × 1012) d'insectes meurent dans un choc contre un véhicule chaque année en France et il y aurait plus de 100 tonnes de cadavres d'insectes (plus gros que ceux qui restent collés sur les véhicules) le long de nos routes.
On ne sait pas quelle est la part de ces insectes par rapport à la masse totale d'insectes qui circulent sur et au-dessus des routes (soit sur 1,2 % du territoire environ), ni quel est l'impact sur l'écologie des populations de ces insectes et de celles qui dépendent de ceux-ci pour leur survie…
Jean-Pierre Chambon, auteur de cette étude, a aussi montré qu'en été, la période de la journée au cours de laquelle les insectes sont les plus vulnérables se situe dans la tranche horaire 13-18 h. Il en est également ressorti que la mortalité est plus élevée en zone boisée qu’en zone cultivée ou urbaine.
Cette étude n’a pas été mise à jour depuis 1990. Or le nombre de routes et le flux de véhicules ont fortement augmenté depuis cette date. Beaucoup de populations d’insectes, papillons diurnes notamment, ont fortement régressé. En théorie, les études d’impacts devraient mieux étudier ces questions, y compris pour des trains de type TGV ; pour produire des mesures compensatoires et pour mieux tenir compte de la diversité des situations (environnement biogéographique, nature et couleur des routes, nature des accotements et leur gestion, nombre, vitesse et type de véhicules, etc.), mais ce problème a été peu traité.
Les données de 1990/1991 ont permis les évaluations suivantes : compte tenu de l’évolution du réseau routier et du parc automobile :
plus de 66 000 milliards d’insectes peuvent être tués chaque année par collision directe avec les voitures en France,
à ce chiffre il faut ajouter environ 40 tonnes par an d’insectes tués et projetés sur les bas-côtés,
ce chiffre, compte tenu de la disparition et du renouvellement des cadavres, peut être multiplié par quatre ou cinq pour l’année ce qui représente 120 à 200 t/an de matière animale déposée.
Jean-Pierre Chambon rappelle qu’on ne sait pas ce que ces chiffres représentent par rapport au nombre et à la masse des insectes vivants et que la surface des routes où s’opère cette destruction (6 500 km2) ne représente qu’environ 1,2 % de l’ensemble du territoire français (550 000 km2), inscrits dans 8 % du territoire artificialisé ou urbanisé15.
Bien qu'il ne s'agisse stricto sensu de mortalité routière, les trains peuvent tuer des insectes et autres animaux qui tentent de traverser les voies.
La mortalité varie selon le trafic, l'heure du jour ou de la nuit, la densité des populations d’insectes (et donc le contexte agro-écologique, l'altitude, les microclimats, etc.), le niveau d’activité des insectes (variant selon la saison, le climat, le lieu, la pollution lumineuse, la lune), et l’état physiologique des insectes. On a montré14 dans certaines zones un nombre fortement accru de libellules et papillons tués le dimanche, en raison d’un afflux supplémentaire de visiteurs sur les routes traversant ou bordant les milieux naturels.
Entre 1989 et 2013, la quantité d’insectes tués par les véhicules routiers a diminué de 80 % en Allemagne, à la suite de la diminution globale du nombre d’insecte due à l’usage de pesticides. Les oiseaux qui s'en nourrissent ont ainsi perdu les quatre cinquièmes de leur alimentation. La cause de cette chute est incertaine, les néonicotinoïdes n'en expliquant qu'une part16.
Article détaillé : Déclin des populations d'insectes.
Collision avec les amphibiens
Les salamandres sont protégées de leurs prédateurs par des glandes à toxines et des couleurs d'alerte (jaune et noir, comme chez les abeilles et guêpes)… qui ne leur sont d'aucune utilité face aux véhicules.
Article détaillé : déclin des populations d'amphibiens.
Lors des migrations annuelles vers le lieu de reproduction, les crapauds, grenouilles et tritons subissent de véritables hécatombes, avec parfois des milliers de cadavres sur quelques centaines de mètres de routes. On a expérimentalement montré par ailleurs que la plupart des amphibiens sont par ailleurs attirés par les lampadaires (souvent en bord de routes). De nombreux crapauds utilisent des zones dégagées pour leurs migrations vers l'eau. En Australie un crapaud (Bufo marinus) utilise même volontiers la route elle-même comme « corridor de dispersion »17.
Après la sortie de l’eau (parfois forcée par la sécheresse), les mortalités sont plus discrètes. Les jeunes amphibiens sont alors très vulnérables (90 % vont rapidement mourir). Ceux-ci meurent déshydratés en quelques minutes sur le bitume ou sur le béton sec.
Collision avec les oiseaux
Certains oiseaux peuvent avoir une fausse impression de sécurité sur de larges espaces dégagés.
Article détaillé : Collision d'oiseau.
Toutes les espèces d’oiseaux sont concernées, mais en particulier les espèces migratrices et celles dont le terrain de chasse se trouve à proximité de routes ou de terrains d'aviation.
Les oiseaux qui sont nés près d’une route semblent mieux en « apprendre » les dangers et les oiseaux chanteurs tendent à s'éloigner des routes bruyantes.
Ce sont les rapaces nocturnes, qui lorsqu'ils sont éblouis par les phares ou luminaires alors qu'ils chassent de nuit, semblent le moins bien éviter les véhicules. Ainsi observe-t-on une forte surmortalité des rapaces nocturnes (chouettes, hiboux) le long des routes à proximité de leurs habitats18. Ils sont bien plus nombreux à mourir de collisions que les rapaces diurnes, alors que les véhicules sont bien plus rares sur les routes la nuit.
Ce phénomène s'ajoute aux collisions d'oiseaux sur les vitres et superstructures, de jour, mais surtout de nuit, en raison de phénomènes généralement regroupés sous l'expression « pollution lumineuse ».
Les rapaces diurnes sont également parfois victimes de collisions, après avoir été attirés par des rongeurs blessés ou morts sur ou près de la route dont les bas-côtés sont souvent des espaces dégagés qu'ils apprécient pour chasser de petits mammifères.
Collision avec les mammifères
Cervidés et sangliers comptent parmi les victimes les plus fréquentes de collisions routières.
À l'aube et au coucher du Soleil, le risque de collision avec les mammifères semble plus élevé.
La mortalité routière était l'une des premières causes de mortalité des écureuils roux dans l'Île de Wight. Des ponts suspendus entre les arbres, au-dessus des routes, ont été testés, avec efficacité semble-t-il.
La collision avec un véhicule est l'une des premières cause de mortalité du blaireau européen en Europe de l'Ouest.
En l'absence d'écoducs, une première mesure est d'apposer des panneaux alertant les conducteurs (ici, en Australie, du risque de collision avec de grands animaux, dont avec des dromadaires, espèce introduite qui s'est rapidement reproduite en l'absence de prédateurs locaux).
On manque de données chiffrées pour les petits mammifères (hormis quelques études très ponctuelles et/ou portant sur les hérissons, les loutres ou les écureuils), mais de nombreuses données existent concernant les espèces dites « grands gibiers » ou quelques espèces suivies par colliers émetteurs (ours, loutres, lynx). Elles sont à l’origine de la création des premiers passages à faune (écoducs).
Dans les pays où les plans et quotas de chasse ainsi que l'agrainage ont permis aux populations de sangliers et ongulés de fortement croître depuis les années 1970, et alors que le nombre de véhicules augmentait fortement, la croissance du nombre de collisions entre véhicules et ces animaux est très nette. C'est notamment le cas en France, où selon l'ONCFS, le sanglier, puis le cerf et le chevreuil représentent 99 % du total des grands animaux heurtés par des véhicules (les autres espèces ne concernant qu'environ 1 % des collisions)19 :
le nombre annuel des collisions estimées est passé de 3700 en 1997 à 23500 en 2007 (multiplié par 6,3 en 20 ans),
le coût de ces accidents (sans parler des « coûts humains ») a été évalué à 115-180 millions d'euros, soit trois à cinq fois le total des indemnisations agricoles liées aux dégâts du gibier,
grâce aux panneaux de signalisation et aux progrès en matière de sécurité (ceinture obligatoire, pare-chocs plus performants, freins avec ABS, airbags, etc.), des dégâts corporels ne sont en France provoqués que dans 2 % des collisions, et celles-ci sont une faible part des causes directes d'accident de la route, mais ils constituent 30 % du coût économique évalué des accidents. Les corridors écologiques canalisant mieux ces animaux vers des écoducs devraient réduire ces risques, mais ils sont encore peu nombreux.
Collision avec la grande faune
La collision, même à une vitesse raisonnable, avec un animal dont le poids peut dépasser 100 kg, ne peut qu’entraîner des dégâts matériels importants pour le véhicule et corporels graves pour ses occupants.
Les manœuvres d’évitement d’un animal qui traverse la route devant un véhicule peuvent également être à l’origine d’accidents. Mais en dehors des accidents graves, il existe un nombre important de collisions qui ne sont pas signalées pour diverses raisons dont la principale est la certitude de ne pas être dédommagé. On estime en effet que les collisions avec la grande faune ne sont signalées que dans 50 % des cas. Certains avancent même le chiffre de 25 %.
En France, la fréquence des accidents entre ces trois catégories se répartit comme suit : Chevreuils 50 %, Sangliers 45 %, Cerfs 5 %.
La gravité du choc dépend de la masse de l’animal, de la vitesse du véhicule, à laquelle il faut ajouter celle de l’animal s’il courait et arrivait de front. L'énergie cinétique croît en effet avec le carré de la vitesse20. Une collision avec un orignal est parfois mortelle, même à vitesse réduite : l'animal, pouvant peser jusqu'à 700 kg, est haut sur pattes, ce qui fait que son corps va traverser le pare-brise et s'écraser sur les occupants du véhicule21.
La probabilité de rencontre dépend de plusieurs paramètres, et tout d'abord des populations de gibier. Or, depuis la réalisation de cette enquête (1985), l'augmentation des populations de gibier a été forte (multipliées par quatre environ).
Mais cette probabilité de rencontre dépend également de la circulation automobile. Celle-ci a été multipliée par deux environ entre 1985 et 2001 (pour le trafic national). Ainsi la combinaison de ces deux facteurs conduit à une multiplication potentielle par huit du nombre des accidents.
En 1985, l’estimation du nombre des collisions était de 11 000. En 2001, on estime à 100 000 les collisions entre véhicules et grande faune, dont 45 000 pour les seuls sangliers. Ce chiffre intègre toutes les collisions avec ou sans dégâts corporels.
Grâce aux progrès techniques (véhicules équipés du système de freinage ABS, meilleure solidité, etc.), la plupart des accidents ne se traduisent que par de faibles dégâts et ne provoquent pas de morts ou de blessés humains.
Cependant, d’autres accidents sont simplement dus à une manœuvre d'évitement et ne sont pas toujours comptabilisés en collisions (il peut aussi s’agir d’oiseaux, de lièvres, lapins, chiens, chats, etc.). Cette estimation globale reste faible : 4 % environ des 2,3 millions d'accidents recensés par les compagnies d'assurance. Son impact est cependant perceptible dans l'opinion publique.
Collision avec les petits mammifères
Elles sont plus discrètes et peut-être plus rares avec les très petits mammifères qui semblent ne pas s'aventurer sur les routes. Certaines espèces (écureuil) y sont cependant vulnérables.
Impact sur des espèces menacées
À titre d'exemple, en Tasmanie où il n'y a que 5,25 hab/km2, plus de 100 000 animaux par an sont écrasés sur les routes. Selon le Dr Alistair Hobday, un chercheur australien travaillant sur le sujet, 1,5 à 2 % des diables de Tasmanie (espèce en forte régression) meurt ainsi tous les ans22, ce qui est une cause importante d’affaiblissement de leurs populations.
Les collisions chez les mammifères semi-aquatiques tels que la Loutre d'Europe ou le Vison d'Europe peuvent menacer la survie des populations23 : les ponts ne sont en général pas adaptés au franchissement de ces espèces qui sont contraintes de traverser de nombreuses routes24.
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Conscience animale
- Par Thierry LEDRU
- Le 26/08/2023
- 0 commentaire
Mon âme est celle d'un animal. Voilà où j'en suis.
J'ai pleinement conscience que mes derniers articles peuvent interpeler, voire choquer. Que je considère que l'effacement de l'humanité ne soit pas un problème mais une délivrance est une position extrême que je conçois. Mais personne n'a idée de la souffrance qui est mienne au regard de la dévastation du Vivant. Une douleur physique, une souffrance psychologique, le ventre broyé, les viscères retournées, mon esprit ravagé, anéanti, démembré. Je ne peux plus regarder la photo d'un animal en souffrance. Je me protège pour ne pas sombrer. Cette certitude que la mort inutile et provoquée d'un animal est tout autant la mienne. il y a en moi une âme animale et tout ce qui touche à leur survie me consume.
Est-ce que les animaux ont une conscience ?
https://www.planeteanimal.com/est-ce-que-les-animaux-ont-une-conscience-2281.html
Par Antoine Decrouy. Actualisé: 4 juillet 2018
Image: mieux-vivre-autrement.com
"Regarde ton CHIEN dans les yeux et tu ne pourras pas dire qu’il n’a pas d’âme." Victor Hugo
Sur ce terrain philosophique pentu nous vous souhaitons la bienvenue, la question de la conscience est une interrogation qui tracasse l'être humain depuis bien des années et depuis encore plus de lunes. Se connaître soi-même et comprendre d'où nous viennent ce que nous appelons émotions, désir et pensées, fait partie des grands désirs de l'être humain. C'est en apprenant à se connaître soi-même que l'on connaît mieux les autres et c'est en en apprenant sur les autres qu'on apprend à se connaître. Ce raisonnement est-il applicable pour nos amis les animaux ? Qu'est-ce que la conscience ? Nos amis les animaux ont-ils une conscience ? Dans ce nouvel article Est-ce que les animaux ont une conscience de PlaneteAnimal nous nous efforcerons à répondre à toutes ces questions en vous faisant embarquer à bord du bateau de la philosophie pour vous faire naviguer sur les flots de la pensée afin qu'à la fin de cet article, ensemble, nous puissions répondre à la question : Est-ce que les animaux ont une conscience.
Image : mieux-vivre-autrement.comCela pourrait aussi vous intéresser : Est-ce que les grenouilles ont des dents ?
Index
L'âme et la conscience selon Aristote
Les procès animaliers du Moyen-Âge
Le texte de Voltaire contre la thèse Cartésienne sur la conscience des animaux :
Charles Darwin et la théorie de l'évolution :
Est-ce que les animaux ont une conscience ?
L'âme et la conscience selon Aristote
À cette époque âme n'avait pas le même sens qu'on lui attribue aujourd'hui, selon Aristote une âme est la forme d'un être vivant, elle n'est en aucun cas séparée de la matière, certains traducteurs traduisent l'âme d'Aristote comme : souffle de vie. En définitive, on pourrait définir l'âme selon Aristote comme : « l'acte premier d'un corps organisé. »
Aristote distingue trois types d'âmes :
L'âme végétale qui possède des facultés nutritive et qui possède tout le nécessaire afin de grandir et se reproduire. "
L'âme animale n'est pas la même que l'âme du végétale car elle est dotée d'une capacité de sentir.
L'âme humaine se caractérise par sa capacité à connaître.
Il nous semble intéressant de commencer notre réflexion sur la conscience animale en vous présentant de quelle manière nos amis poilus étaient considérés par un des plus grands philosophes de tous les temps.
Les procès animaliers du Moyen-Âge
Le Moyen Âge était la scène de nombreux procès à l'égard de bien des animaux.
Pour qu'un animal soit amené devant les tribunaux il fallait qu'ils soient accusés de nuire aux hommes, ces dites nuisances pouvaient aller du simple vol, à la dévastation d’une récolte et même jusqu'au meurtre anthropophage dont sont accusés bon nombre de porc. Ainsi, on retrouve un nombre incalculable de procès incriminant toutes sortes d’animaux : cochons, chevaux, taureau, fourmis, tourterelle. Ces procès à l’encontre des animaux n’étaient pas une caractéristique spéciale de la France, en effet, on retrouve des traces de procès fait aux animaux en Allemagne, Suisse, Brésil, Canada, Espagne, Italie etc…
Le premier procès dont on a connaissance est le procès d’un cochon qui a chargé la monture du fils du roi si fort que dans sa chute, ce dernier se brisa les os et mourut. Ainsi, en 1350 une ordonnance a été proclamée pour condamner les errances des cochons dans les rues de la capitale. Les sanctions pouvaient aller d’une amende pour le propriétaire du cochon à l’exécution de l’animal. Le cochon responsable de la mort du fils du roi a été emprisonné et ensuite exécuté. On relève environ 13 procès contre ces animaux qui s’échelonnent du XV au XVII ème siècle. Les chiens sont moins passés sur le banc des accusés, cependant, on a quand même retrouvé le procès d’un chien en date du 17 novembre 1793.
Le dernier animal jugé en France était un âne que l’on a condamné à mort pour avoir mordu sa maîtresse.
L’animal qui a subit le plus de procès durant toute cette période est indéniablement le chat noir qui était associé aux actes de sorcellerie fortement réprimandés au Moyen âge.
Il est intéressant de voir qu’à cette époque les animaux étaient jugés de la même manière que les humains, ce qui nous amène à nous demander, les animaux étaient-ils plus considérés dotés de conscience à cette époque qu’à la nôtre ?
Continuons ensemble notre voyage au travers de notre perception de la conscience animale.
Image: rtl.fr
La thèse Cartésienne
Au XVI ème siècle René Descartes établit sa thèse cartésienne sur laquelle se base le concept de "Je pense donc je suis". Dans la suite de cet article Est-ce que les animaux ont une conscience, nous allons voir comment cette phrase que tout le monde connait a influencé énormément la perception de la société sur les animaux.
Reprenons pas à pas l'idée originelle qui se dissimule derrière cette thèse. Avec cette phrase, Descartes explique que nous avons nos propres idées mais que nous n'avons pas accès aux pensées d'autrui. Et si le simple fait de penser fait de nous un être, comment être sûr que les autres personnes ne soient pas des automates si nous n'avons pas accès à leurs pensées ? Nous ne pouvons pas, il serait donc logique que toutes les autres personnes soient des automates, cependant, Descartes affirment que la parole humaine est une preuve irréfutable de la manifestation de la pensée d'autrui. Toujours selon Descartes afin de s'assurer que ce corps animé qu'il voit devant lui ait une âme, il faut absolument qu'il puisse parler.
L'animal machine
Pour appliquer ce raisonnement aux animaux il est important de dire que selon Descartes les animaux ne nous communiquent pas de pensées. Selon lui, les animaux ne nous communiquent qu'une série de sons qui sont plus des réponses automatisées qu'une réelle pensée, par exemple, les cris de douleur des animaux ne sont absolument pas une manifestation consciente car il s'agit plutôt d'une réponse automatisé. Selon lui, rien ne prouve que les animaux ne soient pas des machines, tout comme rien ne prouve que les animaux ne pensent pas étant donné que "l'esprit humain ne pénètre pas dans leur cœur". Étant donné que rien dans le comportement des animaux ne nous permet de leur attribuer des pensées, ces derniers n'auraient donc pas de conscience, ainsi naît la première différence capitale entre les animaux et les humains, selon Descartes l'être humain aurait une âme jointe à son corps.
Malebranche (un disciple de Descartes) alla jusqu'à battre son chien afin de mettre en parallèle les cris du chien et le son d'une horloge.
Il n'est pas dénué de sens d'essayer de pousser un petit peu plus la réflexion sur l'évolution de l'animal machine qui dans la société de consommation a fini par devenir un animal qui n'est plus qu'une marchandise.
Image: blogs.nelson.wisc.edu
Le texte de Voltaire contre la thèse Cartésienne sur la conscience des animaux :
Afin de prouver que ce que peut penser une personne à une époque précise n'est pas forcément le reflet de ce que tous les intellectuels de l'époque pouvait penser nous avons choisi de vous proposer un texte intitulé Bête de Voltaire :
“Quelle pitié, quelle pauvreté, d'avoir dit que les bêtes sont des machines privées de connaissance et de sentiment, qui font toujours leurs opérations de la même manière, qui n'apprennent ni ne se perfectionnent en rien Quoi ! cet oiseau qui fait son nid en demi-cercle quand il l'attache à un mur, qui bâtit en quart de cercle quand il est dans un angle, et en cercle sur un arbre ; cet oiseau fait tout de la même façon ? Ce chien de chasse que tu as discipliné pendant trois mois n'en sait-il pas plus au bout de ce temps qu'il n'en savait avant tes leçons ? Le serin à qui tu apprends un air le répète-t-il dans l'instant ? n'emploies-tu pas un temps considérable à l'enseigner ? n'as-tu pas vu qu'il se méprend et qu'il se corrige ?(...] Porte le même jugement sur ce chien qui a perdu son maître, qui l'a cherché dans tous les chemins avec des cris douloureux, qui entre dans la maison, agité, inquiet, qui descend, qui monte, qui va de chambre en chambre, qui trouve enfin dans son cabinet son maître qu'il aime, et qui lui témoigne sa joie par la douceur de ses cris, par ses sauts, par ses caresses. Des barbares saisissent ce chien, qui l'emporte si prodigieusement sur l'homme en amitié,- ils le clouent sur une table, et ils le dissèquent vivant pour te montrer les veines mésaraiques. Tu découvres dans lui tous les mêmes organes du sentiment qui sont dans toi. Réponds-moi, machiniste, la nature a-t-elle arrangé tous les ressorts du sentiment dans cet animal, afin qu'il ne sente pas ? A-t-il des nerfs pour être impassible ? Ne suppose point cette impertinente contradiction dans la nature.
Charles Darwin et la théorie de l'évolution :
Comme nous l'avons expliqué, beaucoup de personnes n'étaient pas d'accord avec ce concept de l'animal machine mais ce concept est resté fermement planté à la tête du concept de la conscience animale durant presque deux siècles et il faudra attendre le courant porté par Darwin afin mettre à mal le concept d'animal machine.
Charles Darwin est le naturaliste qui a bouleversé le monde des croyants en publiant sa théorie de l'évolution. Parler de l'intégralité de sa théorie serait bien trop long et fastidieux, c'est pourquoi nous nous intéresserons spécifiquement à la partie qui a renversé le concept d'animal machine cartésien. Afin que la théorie de l'évolution de Darwin ait du sens d'un point de vue logique et scientifique, il fallait absolument attribuer une vie interne et mentale aux animaux. Darwin considère qu'il y a une différence entre humain et animaux mais que cette différence ne se base pas sur une nature différente mais sur un degré différent. C'est à dire que selon Darwin il y aurait quelque part plusieurs niveaux de conscience que l'on pourrait mesurer en degrés, l'homme étant au plus haut degrés d'intelligence et de conscience.
Georges Romanes dans son livre Animal Intelligence met à mal la thèse cartésienne en expliquant que le langage articulé n'est pas la seule manifestation de la conscience qui permettrait de savoir que l'autre n'est pas un automate. En effet, selon lui, le fait que les animaux soient capables de s'adapter et d'apprendre est un clair signe d'une vie interne.
Avec la thèse de Darwin, l'homme redevient un animal avec un haut degrés de conscience, certes, mais un animal tout de même. Nous vous laissons imaginer la bombe qu'une telle idée a été à cette époque tout particulièrement chrétienne.
Image: agoravox.fr
Thomas Henry Huxley
Thomas Henry Huxley est un biologiste, paléontologue et philosophe anglais, en rapport avec l'article que nous sommes en train d'écrire, nous nous intéresserons tout particulièrement à un des concepts qu'il a créé en philosophie : Épiphénoménisme.
Qu'est ce que l'épiphénoménisme ?
C'est une thèse qui stipule que les phénomènes mentaux comme les croyances, les désirs, les émotions ou les intentions n'ont aucun pouvoir d'action sur le corps ou sur les autres phénomènes mentaux. C'est l'idée selon laquelle seule les choses physiques peuvent avoir un réel impact sur les situations mentales. Pour résumé, les épiphénomènes sont toutes les manifestations mentales que nous venons d'énumérer et ces manifestations mentales ne sont que le sous-produit de la manifestation physique du cerveau. Afin d'illustrer la conscience Huxley utilise cette image : la conscience serait comme la fumée qui se dégage d'un train à vapeur, présente, mais sans avoir une possible action sur le corps physique et c'est ce dernier (corps physique) qui aurait une action sur les épiphénomènes (manifestation mentale) qui sont ici représentés par la fumée dégagée par la locomotive.
Il fallait commencer par expliquer ce terme avant de nous plonger ensemble dans la compréhension de la thèse de Thomas Henry Huxley. Le penseur Huxley a réussi à faire un mélange de la pensée de Descartes et de Darwin.
En s'appuyant sur des expériences contemporaines, Huxley a pris chez Descartes l'idée de la mécanique et physiologique des comportements et sentiments animaux. Il prend pour exemple : si après un accident un homme perd la connexion entre la moelle épinière et un membre, la personne n'aura plus conscience de son membre, cependant, ce dernier réagira toujours aux stimulations externes comme les chatouilles par exemple. Huxley applique cette théorie pour tous les autres vertébrés. En s'appuyant aussi sur une expérience réalisée sur des grenouilles auxquels on a sectionné la moelle épinière, on s'aperçoit qu'elles savent toujours nagées et qu'elles se déplacent sur une main au fur et à mesure que cette dernière tourne. Huxley explique donc que ces expériences corroborent l'idée de mouvement automatique développée par Descartes.
Par contre bien qu'il approuve l'idée cartésienne de mouvement automatique, il attribue une conscience aux animaux tout en refusant l'influence de la volonté de l'esprit sur le corps humain. Pour Huxley, il n'y a pas de différences entre le fonctionnement humain et animal. En suivant la théorie de l'évolution Darwinienne, il stipule que la conscience serait le résultat d'un processus évolutif et que la partie du cerveau en charge de la conscience chez l'homme se retrouve chez bien d'autres animaux. Ce qui établirait en bonne et due forme que ce que nous considérons conscience chez l'être humain se retrouve chez bon nombres d'animaux.
Image: fr.wikipedia.org
Est-ce que les animaux ont une conscience ?
Après ce rapide tour de la pensée de certains des plus grands philosophes de tous les temps à propos de la question de la conscience animale, il nous semble important d'essayer d'apporter une réponse claire et nette. Pour ce faire, nous allons nous intéresser à la conclusion de Huxley.
Selon le philosophe Huxley, les animaux sont des êtres conscients, libres, sentant, pensant ainsi qu'automates. Cependant, Huxley nous explique que ce qui s'applique pour les autres animaux, s'appliquent également chez l'homme, appelant l'Homme a descendre de son piédestal en le réintégrant à sa place aux côtés des autres automates incroyablement sophistiquées et conscientss que sont les animaux.
Nous ne commencerons même pas à parler de l'intelligence extrême des corbeaux ou de l'incroyable histoire de koko le gorille qui parle car ces deux histoires (pour ne citer qu'elles) ne font que corroborer ce que nous venons d'avancer à l'aide de Huxley, les animaux ont autant une conscience que nous en avons une.
Après toutes ces belles paroles, il nous semble essentiel de clamer haut et fort que chez PlaneteAnimal nous sommes absolument convaincus que les animaux sont dotés de conscience.
Si notre article Est-ce que les animaux ont une conscience vous a plu, laissez-nous vous recommander les quelques liens suivants :
Est-ce que les animaux rient ?
Est-ce que les poissons dorment ?
Est-ce que les pingouins ont des genoux ?
Si vous souhaitez lire plus d'articles semblables à Est-ce que les animaux ont une conscience ?, nous vous recommandons de consulter la section Curiosités du monde animal.
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Austérité ou sobriété
- Par Thierry LEDRU
- Le 26/08/2023
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https://www.alternatives-economiques.fr/eloi-laurent/austerite-sobriete/00093342
Et maintenant : austérité ou sobriété ?
LE 09/07/20206 min
Eloi LaurentEconomiste, professeur à Sciences Po et à l’université de Stanford
On a trop peu souligné combien les mots choisis par le président de la République le 14 juin dernier, à l’heure de tirer un premier bilan de la pandémie de Covid-19 en France, furent ahurissants : « Nous pouvons être fiers de ce qui a été fait et de notre pays. »
Rappelons rapidement ce que nous disent, en réalité, les quatre indicateurs du carré tragique français : « notre pays » a l’un des plus mauvais bilans sanitaires au monde, il a imposé à ses citoyen(ne)s des restrictions de liberté parmi les plus strictes de la planète, il est frappé par une des récessions économiques les plus sévères du globe et il a vu s’effondrer la confiance politique comme nulle part ailleurs en Europe. Fiers ? De quoi au juste ? « Reconstruction » définit fidèlement, pour le coup, l’ampleur de la tâche à accomplir pour remettre le pays à flot après ce naufrage.
Deux horizons étymologiquement proches et radicalement éloignés politiquement se dessinent devant nous en la circonstance : l’austérité et la sobriété. On peut chercher à les contraster de différentes manières (la première serait subie, la seconde choisie) mais la distinction la plus convaincante est celle de leur objet respectif : l’austérité est sociale quand la sobriété est écologique. Laquelle faut-il préférer sur le plan économique ?
Création d’emplois
L’austérité sociale est toujours une catastrophe en temps de crise, il est encore utile de le rappeler aux héritiers intellectuels du Jacques Rueff de « l’assurance chômage, cause du chômage permanent ». Nous avons déjà vu en France, en 2011-2013, la saison 1 de cette série masochiste. Pourtant, un certain nombre de syndicats patronaux qui goûtent les faillites d’entreprises et d’économistes qui n’ont toujours pas lu Keynes (en libre accès ici) réclament à cor et à cri une saison 2 de l’austérité sociale, faite de déflation salariale et de reflux des protections collectives. Ce serait une idiotie impardonnable, soit, mais la sobriété écologique serait-elle préférable ? Il y a trois raisons sérieuses de le penser.
Pour commencer, les réglementations environnementales du type de celles, nombreuses et variées, que propose la Convention citoyenne pour le climat, peuvent accélérer l’innovation, selon l’hypothèse dite « de Porter », à condition qu’elles soient combinées à des instruments de prix comme la fiscalité écologique, dont la France a plus que jamais besoin.
Ensuite, la sobriété énergétique et carbonique favorise les créations d’emplois, comme le démontre clairement le scénario Negawatt qui prévoit, entre autres bénéfices, la création de 400 000 emplois nets en 2030 (600 000 en 2050).
Enfin, la sobriété écologique peut être synonyme de progrès social – notamment sanitaire – et de maîtrise des finances publiques, comme le souligne la note de la chercheuse finlandaise Tuuli Hirvilammi qui vient d’être publiée par la Fondation de l’écologie politique.
La sobriété, vecteur d’innovation
A cet égard, il est temps de déboulonner l’idée simpliste, reprise sans surprise par un président de la République sans imagination, selon laquelle la croissance est nécessaire pour « financer » les politiques sociales. Sous couvert de réalisme économique, il s’agit là d’une manière archaïque de concevoir la protection sociale au siècle des défis environnementaux : il importe aujourd’hui, en matière sociale comme en matière énergétique, de passer d’une logique de dépense à une logique d’économies.
En effet, le prolongement écologique de l’Etat providence – qu’imposent les risques sociaux engendrés par les crises environnementales – repose sur une logique d’économies et non pas de dépenses gagées sur des prélèvements eux-mêmes assis sur des revenus. Le financement d’un Etat qui doit devenir social-écologique peut ainsi être assuré par les économies colossales de dépenses sociales directement liées à l’atténuation des crises écologiques.
Que l’on songe aux économies provoquées par un traitement rationnel, c’est-à-dire non autodestructeur, des écosystèmes et de la biodiversité, qui aurait participé à écarter les épidémies de Sida, d’Ebola, de Mers, de Sras et bien entendu de Covid-19. Que l’on songe aux économies de dépenses sociales permises par l’atténuation progressive de la crise de la couche d’ozone, qui a entamé sa régénération du fait d’une gouvernance globale efficace et ainsi contribué à éviter des dizaines de millions de cas de cancers de la peau sur la planète. Que l‘on songe aux économies de dépenses sociales qui pourraient être réalisées par l’atténuation du changement climatique ou de la pollution de l’air. Sans parler des conséquences sanitaires et donc financières de l’amélioration des pratiques d’alimentation, des pratiques sportives ou de mobilité urbaine (marche à pied, usage du vélo...).
Même lorsque de nouveaux prélèvements doivent être introduits, comme la fiscalité carbone, celle-ci peut aisément aboutir, à condition d’être correctement calibrée, à des économies doubles, en termes de bien-être et de revenu pour la majorité de la population (Berry et Laurent 2019).
A l’inverse, comme le souligne l’OMS : « Tenter de faire des économies en négligeant la protection de l’environnement, la préparation aux situations d’urgence, les systèmes de santé, et les filets de protection sociale [s’avère] une fausse économie. »
Résumons : la sobriété écologique est un vecteur d’innovation quand l’austérité sociale détruit durablement les capacités humaines ; la sobriété écologique est créatrice d’emplois et de progrès social quand l’austérité sociale enferme les individus dans le chômage de masse ; la sobriété écologique est économe quand l’austérité sociale est une gabegie budgétaire. Pourquoi, dès lors, ne pas aujourd’hui faire le choix d’une politique publique dont nous pourrions être fiers ?
Eloi Laurent
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Austérité écologique
- Par Thierry LEDRU
- Le 26/08/2023
- 0 commentaire
A notre niveau, la réflexion indispensable est celle qui concerne la distinction entre le manque, le besoin et le désir.
Le manque, le besoin, le désir.
Tribune —
L’austérité est-elle écologique ? Oui et non
https://reporterre.net/L-austerite-est-elle-ecologique
D’un côté, l’austérité bloque les investissements utiles écologiquement et collectivement. De l’autre, elle peut stopper les gaspillages, comme les aéroports inutiles. En tous les cas, une nouvelle politique économique est nécessaire.
Le vote relatif à l’adoption du TSCG [1] divise les écologistes et Europe Ecologie Les Verts. Si bien des questions se posent, je me limiterai à une seule. L’austérité, que fabriquent la politique européenne actuelle, et ce traité en particulier, c’est apparemment bon pour la planète. Les émissions de gaz à effet de serre et plus généralement la pression anthropique sur la biosphère sont en gros proportionnelles au PIB. Ces émissions ont baissé pendant la crise financière de 2009, comme elles avaient baissé pendant la crise de 1929 et pendant la Deuxième guerre mondiale.
Investir pour devenir sobres
On pourrait se dire, en dehors de toute considération sociale, que c’est pendant les crises économiques que la sobriété se réapprend, par nécessité.
Heureusement ce raisonnement est vraiment faux. Notre production et notre consommation ne deviendront vraiment sobres en ressources et faiblement émissives en carbone que si nous investissons massivement pour remplacer ou modifier nos infrastructures (urbanisme, logement, voiture, industrie). Des efforts à notre portée (et encore pas toujours) pourraient peut-être nous permettre de réduire de 5 à 10 % nos émissions de GES qu’il faut diviser par 4 d’ici 40 ans.Comment faire ? En isolant nos logements, en changeant nos voitures, en les utilisant différemment (il faut les remplir… elles roulent moins de 5% du temps et avec 1,2 personnes à bord en moyenne), en faisant muter notre agriculture, en améliorant l’efficacité de notre industrie. Et bien sûr en investissant dans des énergies décarbonées (petit rappel : au niveau mondial, 80 % de l’énergie consommée est à base d’énergies fossiles). Tout ceci va demander beaucoup d’investissements, dont on a vu qu’ils n’étaient pas toujours d’une rentabilité financière à court terme exceptionnelle. C’est sur ce terrain que va se jouer la compétition économique internationale, car tous les pays du monde sont confrontés au même problème, à l’exception (pour quelques années encore, malheureusement) des Etats-Unis qui, grâce à l’exploitation des gaz non conventionnels, peuvent encore continuer à croire que le monde est infini.
Dans ce contexte, l’austérité aggrave la situation. Les ménages hésitent encore plus à faire des travaux (gardons nos économies pour les coups durs), les entreprises se concentrent sur le court terme et n’investissent que sur leur métier et que si le retour est très court, l’Etat réduit les dépenses y compris celles qui permettraient de réduire notre empreinte carbone. L’économie finit par s’installer dans la « trappe à liquidités ». Les acteurs économiques se mettent tous à attendre en anticipant des baisses de prix (la Catalogne va semble-t-il connaître les délices de la déflation). Pourquoi investir et acheter maintenant si les prix baissent : attendre est plus logique.
Les restrictions budgétaires sont faites sans discernement
L’austérité aurait pourtant bien un avantage : elle pourrait conduire à supprimer les investissements et les dépenses nuisibles à l’environnement. C’est ainsi qu’on pourrait arrêter sur l’autel de la rigueur l’aéroport Notre Dame des Landes (dont il est vraiment difficile de comprendre à quoi il peut servir), réduire les investissements pharaoniques prévus dans le Schéma National d’Infrastructures Terrestres, limiter la construction de nouveaux équipements de production d’énergie (moins nécessaires du fait d’une limitation de la consommation). Du côté des dépenses l’austérité pourrait nous conduire à couper les subventions aux activités dommageables au climat ou à la biodiversité [2].
Ce serait en effet souhaitable : l’austérité serait ainsi mère du discernement.
Malheureusement ce n’est pas ce qui se passe comme le montre le Projet de Loi de Finances. Pour toute une série de raisons, les coupes budgétaires ont tendance à être homothétiques ou à obéir à des arbitrages dont la Planète ne sort pas gagnante.
Financer l’avenir sans creuser la dette
Comment sortir de l’impasse des politiques actuelles qui sont douloureuses socialement, absurdes économiquement, car elles aggravent la crise qu’elles sont supposées résoudre, dangereuses au plan politique en donnant des voies au Front National et suicidaires au plan écologique et industriel comme on vient de le voir ?
En lançant un plan d’investissements de la transition énergétique et écologique. Certes, il est générateur d’émissions de gaz à effet de serre et de consommations de ressources (énergie, acier, etc.). Mais s’il est bien conçu il permet de réduire à terme cette pression anthropique. D’autre part, il peut évidemment être accompagné d’une baisse de la consommation : épargner plus pour investir conduit à consommer moins. Il s’agit là d’un raisonnement en moyenne : il est souhaitable au plan éthique que les personnes vraiment en situation de précarité, de détresse voire d’exclusions soient aidées (pour consommer mieux et pour vivre mieux).
Afin d’éviter des confusions dans la gestion de ce programme, il serait nécessaire d’en sortir la part publique du calcul du solde public courant (recettes courantes-dépenses publiques courantes). En effet, si l’on peut débattre à l’infini du taux de 3% de déficit public maximal dont on connaît le caractère arbitraire, il est nécessaire de s’assurer que l’impôt permet de couvrir les dépenses. C’est une nécessité démocratique et la seule manière d’éviter les largesses électorales sans fondement (ni économique ni social ni écologique).
Pour ce qui concerne le financement de ce plan, les propositions ne manquent pas.
Richard Wood économiste australien recommande, comme nous, le financement par création monétaire [3]. La BPI pourrait [4] devenir la Banque de la Transition Ecologique comme l’a affirmé le Président de la République lors de la Conférence Environnementale. La BCE pourrait faire un programme de type LTRO sur 10 ans pour financer des projets réels (via la BEI et les Caisses nationales) comme le propose Franco Bassanni le patron de la Cassa (CDC Italienne). La CDC étudie la création d’un fonds d’efficacité énergétique de plusieurs milliards d’euros.
Finalement ce qui manque uniquement aujourd’hui, c’est la volonté politique. Je pense que la mobilisation des citoyens qui va croître avec le chômage, l’exclusion et les difficultés de tous ordres pourrait bien être déterminante pour que l’on bascule d’une austérité insensée à la construction de l’avenir !
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Notes :
[1] Voir par exemple Pacte budgétaire
[2] Voir le rapport Sainteny sur le sujet.
[3] Merci à Guillaume Duval de nous avoir signalé ce travail.
[4] Ce n’est pas gagné : le Trésor ne comprend pas les enjeux énergétiques et écologiques et semble se refuser à faire de la BPI une vraie banque, au pouvoir de création monétaire et susceptible de se refinancer auprès de la Banque Centrale. On aimerait que le président de la République se fasse respecter.
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La sobriété
- Par Thierry LEDRU
- Le 26/08/2023
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Transition écologique : plus sobres, plus heureux ?
Moins consommer revenant à moins polluer, l’idée de sobriété s’impose progressivement comme un impératif face à une menace écologique grandissante. Mais dans des sociétés édifiées sur l’abondance, sobriété rime avec austérité. Peut-on être heureux avec moins ? Réflexions philosophiques.
Publié le : 24/08/2023 - 18:09Modifié le : 24/08/2023 - 21:43
6 mn
https://www.france24.com/fr/plan%C3%A8te/20230824-transition-%C3%A9cologique-plus-sobres-plus-heureux
Kateryna Kovarzh, Getty Images, iStockphoto © Kateryna Kovarzh, Getty Images, iStockphoto
Par :Sophian AUBINSuivre
Rires spontanés, ton enjoué. L’enthousiasme de Justine a quelque chose de contagieux. La trentenaire confie se sentir “tellement mieux” depuis qu’elle a fait certains choix.
Le confinement pandémique a suscité un déclic chez Justine et son compagnon : consommer autrement s'est imposé comme une évidence.
En 2020, ils se mettaient au vert, optant pour une vie sans viande ni aucun produit industriel, libérée du plastique, de la voiture et des réseaux sociaux. Une révélation : épurée, leur vie est devenue plus belle.
Au point que le couple envisage l’étape supérieure : quitter Montreuil (Seine Saint-Denis), pour s’installer dans un “éco-hameau”, petite communauté vivant dans le respect de l’environnement et dans une autonomie relative.
Moins consommer pour la planète
Environ 1 200 en France, selon la Coopérative Oasis, ces temples du mieux-vivre ont le vent en poupe.
Et ce, plus encore depuis le Covid-19, constate Fariboz Livardjani, trésorier et secrétaire de “Saulcy En Vert”, paisible micro-hameau niché dans les Vosges.
"La clef de notre succès est à chercher dans la société, explique modestement ce toxicologue. Toujours plus de gens cherchent une alternative à une vie devenue trop anxiogène."
Mais pour la plupart des adeptes de la sobriété, le choix est d’abord écologiquement motivé.
Sur une planète qui brûle et se noie au gré d’un climat déboussolé, la problématique environnementale s’est muée en menace toujours plus tangible.
Et face aux désastres annoncés par le Giec, la sobriété apparaît comme un choix scientifiquement avisé : consommer moins, c’est diminuer les émissions de gaz à effet de serre, responsables du dérèglement climatique.
Il s’agit de refuser individuellement de contribuer à un désastre collectif, explique, en somme, Emmanuelle, 53 ans, membre comme Justine d'une association éco-responsable. “Faire le maximum, à mon petit niveau”, explique-t-elle.
"Polluer, ça fait mal"
Les études démontrant une corrélation entre la dégradation de l'environnement et celle de la santé humaine constituent un autre facteur de “déclic” écologique, note Xavier Briffault, chercheur en sciences sociales et philosophie de la santé au CNRS.
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“Nous sommes passés d’une écologie éthique à une écologie de santé publique, poursuit le sociologue. "En d’autres termes, fini le 'polluer c’est mal', nous réalisons que 'polluer, ça fait du mal'", poursuit Xavier Briffault.
Justine allait mal, lorsqu’elle a décidé de faire sa “transition”. Exténuée par sa vie parisienne, la jeune femme se découvrait une maladie potentiellement liée aux perturbateurs endocriniens. Ces substances déréglant les systèmes hormonaux du corps humain sont issues de la pollution chimique de notre environnement.
“Je me suis dit que j’étais en train de bousiller ma vie et accessoirement la planète” résume Justine.
Animal social
Au cœur de son mieux-être aujourd’hui : le sentiment d’avoir plus de temps. Dans sa vie privée, Justine a déserté les réseaux sociaux. En renonçant à ce type d’habitudes, elle s’est aperçue qu’elles étaient chronophages, et selon elle, stériles.
Emmanuelle fait le même constat. “Le temps que je ne passe plus sur les écrans a libéré de l’espace pour ce qui m'intéresse vraiment, notamment lire, aller au cinéma.”
Leurs emplois du temps allégés, les éco-sobres octroient de longues heures à des activités choisies, comme réconciliés avec le temps. “Chercher à devenir énergétiquement sobres nous rend de plus en plus heureux”, constate Justine.
En évitant l’avion, elle a découvert ce qu’elle qualifie de “vrai voyage” : de longs périples alternant vélo, trains et ferry, jalonnés de rencontres. Vivant plus lentement, Justine ressent une plus forte connexion avec autrui, son compagnon en premier chef.
"C’est normal que cela nous fasse tant de bien, nous les humains sommes des animaux sociaux", explique Emmanuelle.
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Le constat de ces personnes fait écho aux conclusions de disciplines comme l’économie comportementale ou la psychologie. Parmi ces travaux, ceux énoncés par l'université d'Harvard, en Californie. En 2023, elle publiait ce qui est peut-être la plus grande étude jamais réalisée sur la question.
Résumé de quatre-vingt ans de recherche : la clef du bonheur réside dans une existence plus simple, en plus grande communion avec nos congénères.
L’idée que vivre plus chichement ouvre les portes de l’épanouissement contredit pourtant le socle capitaliste qui régit les sociétés occidentales.
Dans l’après-guerre, celles-ci se sont construites sur une double causalité : la croissance économique crée de la richesse, et la richesse engendrerait toujours plus de satisfaction.
Mais - par-delà toute considération idéologique - ce modèle se heurte aux limites de la physique. Notre monde étant fini, notre croissance ne peut être infinie, martèle, comme d’autres scientifiques, l’ingénieur consultant en énergie et climat, Jean-Marc Jancovici.
Au réalisme de ce polytechnicien, d'aucuns opposent les promesses de la technologie : puisqu'elle ne cesse de progresser, elle pourrait hypothétiquement permettre la production d’une énergie toujours plus propre, de recycler indéfiniment nos déchets.
"Je serais tellement plus sereine si un tel monde existait”, confie Anne-Laure. La sobriété écologique habite le quotidien de cette jeune entrepreneure depuis plusieurs années. Mais cette autodiscipline a aussi vocation à apaiser la constante culpabilité qu’elle ressent vis-à-vis de son empreinte environnementale.
Ex-salariée d’un grand cabinet d’audit financier, Anne-Laure se reconnaît dans l’éco-anxiété. C’est un sentiment d’inquiétude chronique ressenti face aux menaces écologiques. Ou une angoisse à l’idée que celles-ci condamnent la vie sur notre planète telle que nous la connaissons.
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Le résumé de la semaineFrance 24 vous propose de revenir sur les actualités qui ont marqué la semaine
Selon une étude menée dans une dizaine de pays, dont la France, 45 % des jeunes sont touchés par l'éco-anxiété.
Sobriété désirée
Transports, alimentation, orientation professionnelle : les angoisses environnementales appellent à une sobriété de tous les instants.
Certes, puissant moteur de mobilisation, la panique est au cœur du discours écologique, qui se résume par : “Consommons moins, ou nous allons tous mourir”, analyse Xavier Briffault. "Ici, la sobriété est subie, comme s’il existait une dichotomie entre le bien-être humain et celui de la planète."
De manière inattendue, une sensibilité environnementale s’est pourtant exprimée au cours de la période pandémique, au gré des confinements. 75 % des Français de 18 à 24 ans déclaraient désirer accorder plus de place à la nature dans leur vie.
En cultivant le lien affectif qui unit l’humain à la beauté du vivant, grandirait finalement en nous un désir de sobriété, parie ce chercheur du CNRS. De quoi offrir à la cause écologique un nouveau slogan ? “Consommez moins et mieux, vous serez plus heureux !”