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  • Mais alors ?

    La Nature éprouve-t-elle de l'Amour pour nous, pour tous les êtres, les végétaux, tout ce qu'elle crée ?

    Y a-t-il en elle une émotion, un sentiment, un bonheur ?

    Bien entendu, au premier abord, la proposition paraît absurde. Pour que cela soit, il faudrait une conscience et par conséquent un organe émetteur, un "cerveau", une entité extrêmement évoluée...

    La Nature ne peut pas être assez évoluée pour ça.

    Non, c'est cette phrase qui est absurde en fait. Rien de connu n'est plus évoluée que la Nature. Nous en sommes un élément, performant c'est un fait, mais devant la richesse infinie de la Nature, rien ne dit que nous en sommes le point ultime au point d'être plus évolués qu'elle alors que nous en sommes issus. Cela signifierait qu'une des créations serait plus perfectionnée que la création elle-même...

    Il semblerait par conséquent que cette performance nous ait amenés à penser que rien ne serait plus conscient que l'être humain au point que la Nature dont nous sommes issus ne possèderait pas cette conscience. Comme s'il nous était insupportable d'imaginer une entité supérieure.   

    Mais si la Nature est effectivement dotée de cette conscience, cela suppose qu'il y a en elle une intelligence et par conséquent une intention quant à sa création. Nous sommes des êtres dotés d'intelligence et de conscience et nous nous engageons dans des voies précises avec une intention, un projet, une projection temporelle. C'est cela qui a permis l'évolution de notre espèce et nous ne pouvons pas regretter les temps préhistoriques. Nous vivons dans une sécurité bien supérieure à celle de Lucy, de Toumaï, des Gaulois, des serfs, des sans culottes, des Poilus, de nos grands-parents...Impossible de le nier. Malgré tout...

    Bien, nous avons donc évolué en fonction d'une intention, celle d'améliorer le quotidien de chaque individu. Le nôtre d'abord. En travaillant à notre survie individuelle, nous avons contribué à celle de l'ensemble.

    Pouvons-nous dès lors envisager que la Nature, dans l'hypothèse d'une conscience et d'une intelligence, agit différemment que la création la plus évoluée de son oeuvre ? Il nous est bien nécessaire de considérer que cette Nature a un projet. Ou alors nous devons rejeter toute idée d'intelligence de sa part. Ce qui reviendrait à dire que nous sommes une entité disparate issue d'un fabuleux hasard...Hum...

    Bien. Quel projet ? Voilà LA question... Ce projet nous est-il accessible dès lors que nous adoptons une attitude hautaine, dès lors que nous ne sommes plus dans un statut de création respectueuse mais que nous nous attribuons le rôle de maître supérieur ? Dès lors que nous considérons la Nature comme une entité hasardeuse, comment pourrions-nous accéder à ce projet alors que nous ne voyons dans notre évolution que le résultat de nos efforts et non une osmose constructive entre le créateur et son oeuvre ?

    Si dans une classe, un élève en vient à penser qu'il est plus performant que le maître, il finira obligatoirement par fabriquer en lui un projet qui ne sera plus celui de ce maître...Je reconnais que parfois, c'est préférable pour les élèves au vu de certains professeurs...

    Mais pour l"humanité ? Avons-nous bien fait de nous extraire ainsi d'une fusion nourricière en décidant que nos performances millénaires suffisaient à nourrir notre évolution ? Quelle évolution ?

    Médicale, culturelle, technologique, matérielle. Oui, c'est indéniable.

    Est-ce suffisant ?

    Qu'en est-il de cet Amour dont je parlais ? Lorsque j'aime la Nature, le sait-elle ? N'y a-t-il de ma part qu'une opportunité que je saisis, la plénitude de la contemplation, le bonheur de la marche en montagne, l'émerveillement devant la neige qui tombe, ou cette joie infinie en moi transmute-t-elle dans le corps immense de la Nature ? Est-ce que je lui suis relié en tant que créature naturelle au point qu'elle ressent ce que je vis lorsque je l'aime ?

    On pourrait craindre si c'est le cas qu'elle ressente depuis un certain temps une animosité quasi générale et non un amour infini...Inutile de rappeler certains passages de la Bible par exemple. Ca remonte à loin tout ça...Et ça ne s'arrange guère...

    Se pourrait-il dès lors que cette intention, ce projet de la Nature se soit révélé inconsidéré et que nous ayons échappé à son contrôle ?  Mais a-t-elle instauré un contrôle ou sommes-nous une expérience libre de toutes entraves ? Le risque me paraît monstrueux...Se peut-il que cette intelligence humaine se soit retournée contre la création elle-même ou cela fait-il partie d'un projet qui nous échappe totalement étant donné qu'il semble se retourner contre "l'expérimentateur" lui-même ?

    L'expérimenté se révolte et délaisse toute forme d'amour. Il brise ses chaînes ou ce qu'il imagine être des entraves, il s'élève sur le piédestal de son progrès, il réduit la création à une marchandise... Et cela ferait partie d'un projet ? Alors cela voudrait dire que la raison de la Nature est au-delà de la raison humaine. Et que nous ne pouvons pas la comprendre.

    Ou bien que tout ceci n'était qu'une élucubration de plus et que nous ne sommes qu'un hasard fortuit au milieu d'un capharnaüm intersidéral.

    Tant pis si c'est le cas. Je continuerai béatement à aimer la Nature en imaginant qu'elle m'aime en retour. Au moins, je continuerai à marcher respectueusement dans l'herbe et à bénir les flocons de neige.  

  • LES ÉGARÉS (roman) 5

     

    LES ÉGARÉS 

    Extrait.

     " Elle mange à l’ombre d’un pin cembro. Les vents dominants ont incliné le tronc solitaire et les branches s’étirent dans le sillage invisible des airs souverains. La pente dénudée n’offre aucun abri. La graine germée ignorait les combats à venir. Une branche obstinée résiste à cette direction imposée et grignote l’espace offert comme une force indocile, un désir de découvertes, une croissance opiniâtre. Cette indépendance tenace la ravit. Elle regarde amoureusement le rameau tortueux. Il lui serait si facile de s’abandonner au flux despotique. Pourquoi s’imposer une telle épreuve ? Elle devine dans la progression onduleuse du bois des énergies suprêmes, des persévérances rebelles. Des effondrements aussi. Deux courbes descendantes témoignent des détresses passées. Des hivers trop longs peut-être. L’acharnement des vents glacés, du poids de la neige, du gel qui raidit. La croissance s’était figée, la pesanteur avait repris ses droits. Les sèves épuisées s’étaient sans doute concentrées sur le maintien, une survie immobile, acceptant avec humilité que le rameau solitaire courbe l’échine. Des protubérances étaient apparues comme des réserves de forces, des énergies condensées. Et l’aimantation vers la lumière avait repris. Un appel irrésistible, une montée verticale irrépressible. Il avait suffi que les chants solaires diffusent leurs mélodies chaudes. Le rameau s’était redressé, des sucs épais, gorgés d’amours fidèles, avaient nourri la croissance retrouvée. Les vents déconcertés par cette fronde maintenue avaient-ils tenté de soumettre l’insurgé ? L’avaient-ils ignoré ? La foule des rameaux obéissants suffisait peut-être à leur soif de pouvoir.

    Ce rameau porte-t-il en lui ce désir de conquête, indépendamment de l’arbre ? Le questionnement l’interpelle. Une similitude si forte. A-t-elle su préserver dans les conditionnements instaurés tout au long de son histoire une énergie lumineuse, une attirance rebelle, le désir d’un cheminement atypique ?

    Elle repense au torrent et elle s’étonne de cette sensibilité envers la nature. Elle n’avait jamais éprouvé cette connivence. Pas avec cette force. Si elle avait souvent été touchée par la beauté sereine d’un paysage, d’un arbre séculaire, d’un sommet enneigé, d’un tapis d’herbes grasses ou d’un torrent joyeux, elle n’y avait jamais perçu la complicité, la fraternité, la concordance. Ses regards n’étaient jamais allés plus loin que l’apparence. La vie cachée, l’énergie profonde, le mystère de la matière composée, les élans intérieurs, les particules assemblées, rien de tout ça ne l’avait émue. L’identification mentalisée l’avait enfermée dans une reconnaissance primaire, une vision étriquée, un ressenti hédoniste, occasionnel, évènementiel et cartésien. Mais l’appartenance à cet Univers du Vivant lui avait échappé. Elle sait désormais que le monde est en elle et qu’elle appartient à ce monde. Une dimension gigantesque, un amour incommensurable, une unité bouleversante. L’arbre, le torrent, les montagnes, le brin d’herbe, ce nuage ballonné et cette brise légère vibrent de la même énergie, palpitent au rythme de la vie contenue, du mystère impalpable. Et cette magie enveloppée est un cadeau inestimable.

    L’envie subitement d’embrasser le tronc incliné, de caresser l’écorce rugueuse, de câliner cette branche obstinée. Cet amour qui la submerge coule en elle comme une sève unique, un flux immémorial, une vie partagée. Elle n’est qu’un fragment de l’imagination insatiable de la Création et tout ce qu’elle voit, tout ce qu’elle respire, tout ce qu’elle touche, tout ce qu’elle ressent, appartient à cette Création sublime.

    Yoann aussi. 

    Où en est-il dans son cheminement intérieur ?

    Elle espère que les barrières en lui s’effacent, que les retenues s’estompent, que les peurs anciennes se racornissent comme des peaux mortes, tombent en lambeaux épars, le dénudent et le libèrent.

    Elle sait qu’elle pourrait aimer cet homme nu. Mais qu’elle ne pourrait plus se blottir contre l’homme en armure. L’idée lui noue le ventre mais elle ne peut la rejeter. L’amour qui l’étreint envers la nature se projette vers des créations pures, originelles, préservées, des cœurs lumineux que rien n’altère, des partages immédiats sans intentions inavouées, des abandons délicieux sans idées de conquêtes. Les carapaces de Yoann la désespèrent, l’enferment elle-même dans une impuissance à l’atteindre, la privent de la fusion enivrante de l’amour consommé. Elle perçoit dans les émotions contenues de l’homme blessé des exhalaisons fermentées, des refoulements purulents, des plaies gangrenées. L’arbre déployé, le torrent limpide, les nuages exposés, l’herbe accueillante, sont plus émouvants aujourd’hui que ses bras ouverts. Les derniers jours avant le départ, elle sentait dans les étreintes proposées des entraves camouflées, des chaînes immatérielles d’une lourdeur insupportable. Elle venait vers lui avec le cœur ouvert et se livrait dès lors aux coups de scalpel de ses silences, de ses pudeurs, de ses blocages, de ses angoisses insurmontables, de ses intentions secrètes. Elle quittait ses bras sous la douleur des blessures. Et dans la solitude de son amour en pleurs, elle cautérisait de ses larmes les déchirures.   

    Il aurait été plus simple que leur amour s’étiole, se noie sous les sanglots, succombe sous les assauts répétés des désillusions amassées. Mais les braises laissées par l’incendie passionnel qui les avait enflammés depuis leur rencontre survivaient au-delà des noirceurs, entretenues fidèlement par la brise fidèle de leur fusion insécable. Elle n’y pouvait rien. Des embrasements fulgurants la submergeaient encore, sans qu’elle ne parvienne à les contenir. Et d’ailleurs elle n’essayait pas de leur résister. C’était si bon. Si chaud. Comme une lave ardente, un ruissellement salvateur. Puis les coulées se fossilisaient irrémédiablement dans la succession glaciale des jours. Elle s’installait alors dans l’attente du prochain jaillissement.      

         

    Elle se relève. Elle a senti brutalement les airs polaires de l’amour bridé. Elle veut bouger. Se réchauffer. Cette marche participe au maintien de la vie en elle, à la préservation des bouffées de chaleur, à l’ébullition des geysers émotionnels, à la découverte des sources inconnues, à l’exploration des territoires perdus. Elle est persuadée que l’innocence du petit enfant harcelé par les raisonnements d’adultes se pervertit au fil du temps, que les confrontations imposées le privent impitoyablement de la magie de ses mondes intérieurs. Elle veut retrouver cette liberté d’émotions, la spontanéité, la joie, l’insouciance, plonger dans l’eau cristalline des ressentis juvéniles. La rationalisation du monde adulte aboutit immanquablement à une résignation aliénante, l’accumulation progressive des rêves brisés. Elle en a tellement souffert. Elle sent pleurer dans son âme tous les bonheurs martyrisés.  L’amour lui-même est limité par le cadre étroit, structuré, cartographié de la pensée mécaniste des adultes, par la reconnaissance identitaire adorée par le groupe humain. Le mental pervertit la beauté du partage, introduit de force dans le territoire éthéré de l’amour des armées d’envahisseurs, des barbares assassins. Les luttes incessantes couvrent l’âme impuissante de monceaux de cadavres. Et le mental  dévoyé, juste attaché au maintien de sa prédominance, déverse incessamment de nouveaux contingents destructeurs. Elle devine dans ses ressentis une autre dimension, un espace immense, une élévation verticale. Elle s’est échappée, elle a brisé les carcans mais elle est seule. Yoann ne l’a pas accompagnée. Sa vision de l’amour correspond au champ d’investigations des conditionnements acceptés. Elle ne sait pas s’il possède en lui le désir et la force de quitter les geôles de son histoire, de son enfance, de la morale, des refoulements, des douleurs invalidantes, de l’appartenance. Il n’est pas libre et ne le sait pas. Et peut-être même ne veut-il pas le savoir … La conclusion la crispe. Une distance troublante, un éloignement croissant. Et cette randonnée qui les rapproche physiquement marque peut-être une brisure définitive.

    « Tu es ma source de vie. »

    Il diffusait ces phrases imagées comme des parfums délicats, des cadeaux attentionnés sans réaliser qu’il s’agissait d’entraves. Elle ne voulait plus de cette responsabilité immense. Elle ne supportait plus de sentir cette dépendance et l’obligation d’entretenir le flot. Cet amour nourricier l’emprisonnait. L’impression d’être sa mère et de le sentir accroché à son sein. C’était devenu insupportable. Cette liberté immense qu’elle parvenait enfin à vivre, il l’étouffait de son amour anthropophage. Elle réalisait désormais à quel point il ne s’agissait pas d’amour. Cette vie fusionnelle qu’elle avait acceptée pendant dix-neuf ans, dans laquelle elle s’était plongée corps et âme, elle n’était plus désormais qu’un étouffoir. Elle s’était trompée. Il la privait de son espace.

    Elle s’assoit sur un tronc couché, un arbre mort, foudroyé. Assommée par la violence du constat. Elle sort la gourde et un paquet de noisettes grillées. Elle s’évertue à mâcher longuement. Quelques instants de suspension dans le déroulement implacable des ressentis libérés. Les yeux dérivant au gré des reliefs, dans les brises légères, sur les tapis de couleurs multiples. La première journée de marche n’est pas finie que déjà les conclusions imposent les scissions ignorées, les colmatages se fendillent, les ciments fragiles craquellent sous la brûlure des consciences réveillées. De son ventre sourd une colère ressassée.  

    Ils n’évoluaient pas dans l’amour mais dans un enchevêtrement de dépendances exaltées, une passion torturée, la matérialisation de leurs traumatismes amassés. L’amour n’était qu’un baume sur des plaies purulentes. Il ne les propulsait pas dans une dimension verticale mais dans un champ de batailles infinies, des luttes internes entretenues par les égos tourmentés. Elle en était autant responsable que Yoann. Les attitudes conditionnées par des refoulements irrésolus avaient créé entre eux un lacis de barbelés émotionnels dont ils ne parvenaient pas à se libérer.

    L’impression d’avoir partiellement sectionné les enlacements chaotiques lui permet de respirer plus librement, d’apercevoir enfin les territoires qui s’étendent au-delà de ce charnier d’émotions sacrifiées. Elle devine dans les attentions de Yoann des emprisonnements camouflés, des désirs de chaînes reconstituées, des liens édulcorés par des amours mensongers. Il la pénétrait pour la retenir et le poids de son corps l’étouffait, son sexe en elle n’était qu’une ancre crochée, un pieu planté dans une terre souillée et les attentions réclamées représentaient le cordage immonde qui l’étranglait.

    « Tu es ma source de vie. »

    Elle ne veut plus entendre cette phrase. Elle imagine un pilleur assoiffé pompant avidement l’eau de jouvence qui coule en elle. Son amour barbare n’est qu’un désert qui avance. Elle doit se sauver.    

    Elle pleure. Sans retenue. Les larmes sont des acides rongeant des tumeurs."

    Une réflexion qui jaillissait de nouveau la nuit dernière.

    Cet amour humain est-il condamné à servir les égos ?

    Alors que l'amour proposé par la Nature, cet abandon délicieux qui n'a aucune intention, aucun projet sinon cette béatitude totale au coeur du monde, offre une plénitude entière, infinie, l'amour humain souffre des pensées insatiables, des pensées secrètes, des enchaînements, des attentes, des conditionnements, des traumatismes, des regrets, des désillusions qu'on ne veut pas voir resurgir, de l'imaginaire qui se perd en conjectures, en suppositions insoumises...On ne peut s'empêcher d'entrevoir des issues dangereuses, des incertitudes que l'on craint de voir jaillir, des devoirs, des nécessités, des rôles à tenir.

    La Nature n'attend rien, elle se donne totalement, sans aucune retenue, dans toute sa sensualité, sa force, son énergie. Il ne reste qu'à la contempler, l'éprouver, la ressentir, en jouir même, jusqu'aux larmes d'un orgasme spirituel.

    Se peut-il que l'amour humain parvienne à ce stade, entre dans cette dimension de don gratuit, sans aucune attente ? N'y a-t-il pas là un chemin à suivre, un exemple à adopter, constamment, dans une acceptation absolue de la réalité, juste cette réalité de l'instant, l'abandon de toute projection temporelle, mentalisée. Il n' y a aucune peur, aucune angoisse, aucun risque de perte, de désillusion. Tout est là et rien d'autre n'existe. Ce temps futur dans lequel l'amour humain se perd sans cesse n'existe pas, la Nature le crie incessamment, il n'y a rien d 'autre que l'Amour immédiat.

    L'Amour de la Nature est la Nature même de l'Amour.

    C'est cela qu'il faut apprendre, vivre, éprouver à chaque instant, comme un coucher de soleil dans les prunelles lumineuses de l'être aimé.   

     

     

     

  • Plein les yeux.

    Des photos incroyables.

     

    http://www.extremeinstability.com/index.htm

     

    Toute la force, les mystères, la beauté de la Nature.

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  • L'illusion des mots.

    L’illusion des mots. Je ferai mieux de me taire en fait. Voilà l’idée qui tourne dans ma tête depuis quelques temps. De quoi est-ce que j’essaie de parler sur ce blog ? C’était la première question…Alors je me suis dit que j’essayais de parler de l’évolution spirituelle… Du changement de conscience, du basculement dans une dimension parallèle et tout ça et tout ça… Mais ces mots sont les outils d’un système de signes qui relie un monde signifiant (le monde réel) à un monde signifié (le monde représenté.) Ce langage crée, à côté du monde réel, un monde représenté. Et dès lors, ces mots ne sont pas la réalité mais une représentation mentalisée de cette réalité. Et moi-même, je peux finir par croire que cette représentation est la réalité alors qu’elle n’est que ma version de la réalité, une version indéfiniment et cruellement insignifiante étant donné qu’elle est issue d’un esprit incomplet, formaté, éduqué, réactif… C’est ce dernier mot le pire d’ailleurs. « Réactif »… Je ne pense pas, je ne réfléchis pas, je réagis à un état d’esprit qui lui-même est soumis à des évènements exogènes, à des conditions de vie qui entraînent des tourments et par conséquent des réflexions sur l’Eveil. C’est ma condition humaine qui m’amène à penser à la condition humaine. Très bien, on pourrait se dire que c’est normal et sain mais si je regarde sincèrement la « réalité » de ce phénomène, je vois bien qu’il n’y a pas de liberté dans ce processus et que les conclusions que je peux émettre ne sont pas le reflet d’une réalité intangible, éternelle, universelle mais simplement un état des lieux, l’observation d’une enceinte, celle de la réalité illusoire de mon existence. Je ne suis pas dans une dimension épurée mais dans l’analyse de ma geôle. Lorsqu’on parle de la réalité, on parle toujours de la représentation qu’on se fait de la réalité et ça n’est jamais qu’en fonction de notre architecture intérieure. On s’imagine dès lors parler avec des mots d’un phénomène qui n’a pas de représentation possible, qui n’est pas de l’ordre du signifié. Il y a une tromperie originelle alors qu’on s’intéresse à l’origine. C’est vouloir remonter à la source de la réalité alors qu’on est emporté dans le courant des pensées et des représentations qu’elles génèrent. Le signifié ne peut pas être le signifiant, la carte n’est pas le terrain, le mot Amour n’a pas d’Amour pour lui-même, la pensée de l’Eveil n’est pas l’Eveil, les paroles sur la Réalité n’ont aucune réalité. Bon, alors comment s’en sortir ? Tout ça ne sert donc à rien. Je ne parviendrai jamais à être satisfait de ce travail justement parce qu’il s’agit d’un travail. Tout ça n’est qu’une illusion prétentieuse qui me glorifie, qui me valorise… « Ah, mais moi je réfléchis, je pense, j’évolue, je ne suis pas un bœuf qui marche dans l’encadrement de ses œillères, piqué aux fesses par le bâton d’un guide que je ne connais même pas… » Si, si, en fait, c’est exactement ça… La seule différence, la seule évolution, c’est que je suis parvenu à avoir une vision macroscopique de l’attelage, je parviens à me voir, ce bœuf sur un chemin chaotique, avec le sillage derrière lui, comme une traînée qui l’alourdit et qui ne disparaît jamais dans la masse du Temps, et ce chemin devant lui qui n’a aucune réalité étant donné qu’il n’existe que dans les circonvolutions de mon cerveau, je vois le guide aussi, une espèce de géant impassible qui se contente à intervalles réguliers de piquer mon arrière train…Il n’a aucune émotion, aucune intention, aucun projet, il se contente de maintenir le mouvement perpétuel. Le flux vital en quelque sorte. J’aime bien d’ailleurs, malgré ma lourdeur initiale de bœuf, prendre cet envol et planer ainsi au-dessus des horizons. Bon, quand je retombe, ça fait toujours un peu mal mais je m’accroche à l’idée que l’envol existe. Et c’est là que de nouveau, je fais souffrir le bœuf…Car, tout de même, quelle est cette entité qui parvient ainsi à prendre de l’altitude et à observer les mouvements de l’existence sans en souffrir, juste cette observation épurée, sans émotions, d’où vient cette félicité, cette béatitude, ce bien être, ce « bien naître » ? Y aurait-il un signifiant que je ne parviens pas à signifier ? Y aurait-il une réalité qui n’a pas de mot et qui ne doit pas en avoir au risque de l’alourdir et de la faire retomber au sol ? Y a-t-il dans la démarche spirituelle une condamnation de l’envol ? Lorsque je retombe et que je réintègre le corps buté du bœuf, c’est que les mots dans l’esprit libéré ont créé une masse qui n’a pas de réalité et cette illusion a tout brisé, a tué la légèreté, comme un oiseau abattu en plein vol. La démarche spirituelle serait une illusion édulcorée, elle n’aurait aucune réalité mais ne représenterait qu’un monde de signifiés. Des boulets aux pattes ou des œillères encore plus grandes.

    Mais tout ce fatras de mots n’est-il pas encore qu’une illusion supplémentaire et les résidus d’une désillusion devant l’illusion de tout ça. Finalement, la plus belle démarche spirituelle consiste sans doute à ne pas en avoir. Car l’intention est une ancre qu’on traîne et un bœuf est déjà suffisamment lourd comme ça.

    J’aime bien ce guide et son bâton. J’aime son silence et son absence d’intention. Il ne me demande rien en fait. Il initie juste en moi la nécessité d’un pas en avant. C’est très simple. Et ça me convient tout à fait. Et c'est dans cette acceptation bienheureuse que parfois je m'envole...

     

    Je devrais prendre mon vélo, accrocher mes sacoches et filer droit devant.

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  • CITTA FONDATION

    J'ai eu le grand bonheur d'être contacté par Claire Melchiori, la responsable de cette fondation et j'ai immédiatement adhéré. Les engagements, les thèmes et les actions me touchent particulièrement.

     

    http://www.citta-fondation.org/topic/index.html

     

    Je ne peux que vous inviter à visiter ce site et à faire connaître cette fondation.

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  • Les trois tamis.

    "Les trois tamis"
    Un jour, quelqu'un vint voir Socrate et lui dit :
    - Écoute, Socrate, il faut que je te raconte comment ton ami s'est conduit.

    - Arrête ! interrompit l'homme sage. As-tu passé ce que tu as à me dire à travers les trois tamis ?

    - Trois tamis ? dit l'autre, rempli d'étonnement.

    - Oui, mon bon ami : trois tamis. Examinons si ce que tu as à me dire peut passer par les trois tamis. Le premier est celui de la vérité. As-tu contrôlé si tout ce que tu veux me raconter est vrai ?

    - Non, je l'ai entendu raconter et...

    - Bien, bien. Mais assurément tu l'as fait passer à travers le deuxième tamis. C'est celui de la bonté. Ce que tu veux me raconter, si ce n'est pas tout à fait vrai, est-ce au moins quelque chose de bon ?

    Hésitant, l'autre répondit : Non, ce n'est pas quelque chose de bon, au contraire...

    - Hum ! dit le Sage, essayons de nous servir du troisième tamis, et voyons s'il est utile de me raconter ce que tu as envie de me dire...

    - Utile ? Pas précisément.. .

    - Eh bien ! dit Socrate en souriant,

    si ce que tu as à me dire n'est ni vrai, ni bon, ni utile, je préfère ne pas le savoir, et quant à toi, je te conseille de l'oublier...

    Apologue grec

    Auteur inconnu




    Vrai, bon, utile.
    Il a bien fallu à une époque épique de ma vie que je fasse l'épreuve de Dieu, comme un dernier recours.
    Ca n'est pas passé à travers les trois tamis.

    Vrai : impossible à vérifier.
    Bon : pas avec ce que les hommes en ont fait.
    Utile : ça ne me l'était pas.

    J'étais déjà sous l'emprise de la douleur. Je ne voulais pas ajouter la soumission ou la servitude.
    Mais j'ai réalisé plus tard, que le filtre des trois tamis subissaient dans mon cas de multiples influences. Ca n'était pas moi qui avait répondu. Je n'avais fait que me soumettre à un rejet généré par les hommes et leurs errances. Ce Dieu que je refusais n'était pas le mien mais une image flouée par l'humanité.
    Alors que je prônais la lucidité et la liberté spirituelle, je rejetais sans vergogne une entité que je n'avais même pas cherché à rencontrer. C'était juste un déni rageur. Une réaction à travers laquelle je pensais pouvoir vénérer ma force de caractère...Risible...Je n'avais rien cherché. J'étais sous influence. A ne pas vouloir me soumettre, j'adoptais une attitude insignifiante camouflée sous des prétentions intellectuelles.

    Je n'avais rien éprouvé.
    Puisque tout est là. Le ressenti et pas l'intellect. Je critiquais les oeillères présumées des croyants et je calquais mes regards sur les incroyants. Le même fonctionnement. Aucune liberté.

    Une révélation.
    Pour répondre à la question de Dieu, je devais engager mes propres recherches. Ne rien adopter, ignorer les clans, effacer les influences, briser les résistances, mettre l'âme à nu.
    Vaste programme.
    J'ignorais encore à quel point la douleur est un épurateur redoutable. Il a suffi que ça monte d'un cran. Puis un autre, un autre...

    Et que ce chemin de vie me mène à un "amplificateur". C'est comme ça que j'ai appelé la personne qui m'a montré comment me soigner.
    Rencontre avec le flux vital. Le nom de Dieu ne convient pas. Il porte trop de déviances.
    Je n'ai pas de nom précis d'ailleurs. L'énergie, la vibration, la source, le coeur... le mot est une limitation et on ne peut pas limiter ça. Ne pas commettre la même erreur que les hommes.

    Je n'ai pas de croyance. Mais une certitude. Mais je ne sais pas en quoi puisque ça n'a pas de nom et que l'incomplétude de notre esprit souffre de ce qui n'est pas nommé. Mais je sais ce qui vibre en moi. Et quand je m'assois au sommet d'une montagne, quand je marche, quand je contemple le ciel, quand je ne pense plus, je suis relié.


    Là, c'est vrai, bon et utile. Puisque c'est à moi. Uniquement à moi. Et donc au Tout.

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  • Maison d'édition.

    Une belle nouvelle même s'il me faudra être patient.

     

    Laura Mare éditions a décidé de publier mes trois manuscrits. "Plénitude de l'unité", "Une étrange lumière", "les Eveillés".

    Sortie début 2012 étant donné que l'année 2011 est déjà bouclée. Ca montre le succès de cette jeune maison qui croule sous les propositions. Laura a une énergie incroyable et se bat considérablement pour que les livres de ses auteurs existent.

     

    http://editions.lauramare.com/

     

    Il vous est toujours possible de participer à la vie de cette jeune maison et de ses auteurs.

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  • Actualité littérature

    Un salon "indépendant" à promouvoir et à visiter surtout.

    http://www.sortiraparis.com/salon-paris/salon-du-livre-a-la-bnf-32936.html

    Pour ceux qui sont disponibles et pas trop loin. (Pas mon cas...)

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