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Christophe Dietrich : un maire en lutte
- Par Thierry LEDRU
- Le 09/01/2020
La vidéo est très claire. Ce maire et ses administrés, avec l'aide d'une bonne partie de la population, a décidé de lutter fortement, avec une détermination totale, contre les individus qui considèrent que la nature est un lieu approprié pour y dévserser leurs déchets. Déchets industriels, gravats, alimentaires.
De nombreuses vidéos sont déjà publiées et montrent l'ampleur de la tâche.
Ici, aussi, il nous arrive de tomber sur ce genre d'ordures ( Je parle des individus...) et des déchets qu'ils jettent. J'ai déjà, à plusieurs reprises, dénoncer ces gens à la gendarmerie.
Personnellement, je trouve que la verbalisation et même le retour des déchets à l'envoyeur sont des mesures insuffisantes. ce que je souhaiterais, systématiquement, lorsque le sfaits sont avérés, sans le moindre doute, c'est qu'un article soit publié dans le journal local, avec la photo et l'identité des individus. J'ai déjà eu une discussion en ce sens avec un maire et un gendarme et les deux m'ont répondu que cela risquait de conduire à "une vindicte populaire" qui pourrait porter atteinte aux membres de la famille. Une "vedenta" qui irait bien trop loin.
Oui, je le reconnais. C'est un risque. Maintenant, il convient de voir les choses à plusieurs niveaux.
1) Les enfants de ces individus sont déjà impactés par le comportement de leurs parents (bien souvent le père). L'exemple qu'ils reçoivent est désastreux et on peut craindre qu'il sera suivi par les mêmes comportements. Il me suffit de voir le nombre de cartons à pizza, canettes de coca cola, bouteilles de bière, dans les fossés lorsque je fais du vélo. Il s'agit là principalement d'une population jeune.
2) Si cette vindicte populaire venait à représenter une menace réelle, les pollueurs réfléchiraient davantage (si jamais cela leur est accessible...) Que la population, et non seulement, les forces de l'ordre, tiennent un rôle de maintien de l'ordre, personnellement, je n'y vois aucun problème. D'autre part, le maire mentionne à diverses reprises, dans d'autres vidéos, que la plupart du temps, les plaintes qu'il dépose ne donnent rien. Classée sans suite. La question est donc de savoir si nous devons, nous population des communes, baisser les bras et espérer que la "justice" agira ou si avons le devoir de prendre les choses en main...
3) La nature, elle-même, n'a évidemment aucun moyen de lutte. Elle n'est qu'une victime. Et nous ensuite. Est-ce qu'il est acceptable que des centaines de personnes soient concernées et qu'elles ne puissent agir contre un nombre limité de crétins parce qu'il serait trop dangereux de demander à la population de se faire entendre ?
Personnellement, c'est un état de fait qui m'insupporte. La violence faite à la nature et à ceux qui souhaitent en bénéficier est bien plus grave que la vindicte populaire. Le rappel à la loi serait de toute façon valable dans les deux sens et les individus qui agiraient violemment avec les pollueurs seraient eux-mêmes poursuivis.
La situation la plus grave à mes yeux serait de voir un enfant de crétin agressé ou harcelé en représailles des comportements pollueurs du père. Evidemment que ça serait inacceptable. Et je le condamnerais tout autant.
Il n'en reste pas moins que ce "risque" devrait être dans toutes les têtes de ces crétins qui balancent leurs déchets dans les torrents, les fossés, les marais, les zones naturelles, comme si rien n'y avait d'importance. Ceux-là, je les hais.
DERNIERES NOUVELLES DU FRONT
Christophe Dietrich
21 décembre 2019, 13:54 ·
DÉPÔTS SAUVAGES DE DÉCHETS : ENFIN LE BOUT DU TUNNEL.
Après plus de cinq années de lutte contre les dépôts sauvages de déchets, l’assemblée nationale a enfin pris les bonnes mesures.
Alors que le gouvernement refusait catégoriquement de donner les pouvoir nécessaires au maires, c’est une députée LREM (et oui tout arrive!) qui est allée à l’encontre du gouvernement pour reprendre les mesures que je propose depuis 5 ans pour donner enfin aux maires la possibilité de lutter efficacement contre ce fléau.
Alors que le gouvernement n’avait autorisé que l’identification des auteurs par vidéoprotection lors de l’étude du texte au sénat, les députés, eux, sont allés beaucoup plus loin en reprenant ce que je défends depuis plus de 5 ans :
- Une amende forfaitaire de 1500 euros
- La possibilité de confiscation du véhicule ou de mise en fourrière
- La vidéo verbalisation de ceux qui abandonnent les déchets n’importe où.
Même s’il reste encore quelques étapes avant le vote solennel à l’assemblée nationale, il est peu probable que le gouvernement ose un retour en arrière. Il semblerait que le drame de Signes l’été dernier ait servi d’électrochoc pour enfin parvenir à des mesures concrètes et efficaces.
Il est dommage qu’une fois encore , alors que des maires se sont mobilisés depuis 5 ans partout en France , il ait fallu un drame pour que le gouvernement nous donne enfin les moyens de lutter efficacement et éradiquer un fléau contre lequel ni la loi, ni la justice, n’étaient en mesure de nous protéger.
Je remercie nos sénateurs Jérôme Bascher, Edouard Courtial et notre député Maxime Minot qui ont défendu avec vigueur des propositions que ni le gouvernement, ni la majorité à l’assemblée nationale ne voulaient mettre en œuvre jusqu’ici .
Peu importe qui a porté ces amendements, ce qui compte c’est le résultat, peu importe que cette députée LREM s’approprie le travail des autres, chacun sait de toute manière qu’une fois encore ce sont les maires qui ont été les plus efficaces.
Je suis heureux et fier que laigneville, petite ville de 5000 habitants, ait su porter ce débat au niveau national et qu’elle ait en plus éradiqué sur son sol la quasi totalité des dépôts sauvages de déchets. Je suis fier des Laignevillois qui se sont investis eux aussi dans la préservation de notre environnement local et quotidien."
Comme quoi ce sujet me touche, il est en scène dans les premières pages de "JUSQU'AU BOUT " Il n'est rien de dire que les méthodes "réparatrices" du personnage principal seront radicales...
"Écraser les pédales, pousser la machine dans ses derniers retranchements, jusqu’à l’extase de l’épuisement, appuyer toujours plus fort, sans répit, vider la nausée des jours, s’étourdir et ne plus penser, s’enfuir.
Pierre longeait la côte au milieu de la lande. Un sentier étroit qui dominait des falaises. Le vent charriait des nuées salées. Le ronronnement des vagues diffusait dans l’air une symphonie exaltée. La vitesse ajoutait à ce chant épique un souffle rageur. Quelquefois des descentes escarpées débouchaient sur une plage, des criques serties dans des écrins de rochers. L’océan agité se dentelait d’écume, des flocons duveteux arrachés par les vents du large.
Écraser les pédales. La bave aux lèvres, les battements cardiaques comme des percussions déchaînées, un tempo assourdissant, le courant de son sang, l’énergie arrachée des enceintes musculaires, tout le corps en action, les yeux exorbités sur les pièges du chemin, l’équilibre maintenu sur le fil du rasoir, cette impression de voler, cette force magnifiée, la vie comme un rêve, s’extraire de la fange, briser le flux continu des pensées, entrer dans l’absence, plonger en soi comme dans un gouffre lumineux.
Un raidillon escarpé, des cailloux, une ornière, les doigts crochetés sur le guidon, deviner l’itinéraire, écraser les pédales, ne rien lâcher, maintenir la tension, calciner les forces, exploiter les résidus, cracher les cendres dans des flots de sueur, descendre encore, descendre encore dans les profondeurs des fibres, explorer les filons dans les moindres recoins, arracher l’énergie, parcourir les galeries, ne rien oublier, ne rien oublier, écraser les pédales.
Il passa le haut de la bosse.
À cent mètres, devant lui, un tracteur. Une remorque. Une silhouette dressée.
Une cassure dans l’absence.
Garder la vitesse.
Il s’approcha.
Un homme. Il tenait une pelle. Des gravats qui volaient.
Mauvaise intuition. La colère qui montait. Il devinait déjà.
Il ralentit. Calmer son souffle, récupérer un peu. Il connaissait la suite.
L’homme l’entendit, il tourna la tête et reprit sa tâche. Un sac de toile qu’il vidait, des déchets épars, des plastiques que le vent emportait.
La remorque surplombait le vide. Un chemin venant de la route conduisait à la falaise.
Dérapage. Il avala sa salive.
Un regard sur le chargement. Des briquettes rouges en miettes, du placoplâtre, polystyrène, plastique, fils électriques, tuyaux…Un artisan. Bleu de travail, une carrure de poids lourd.
Le dégoût.
« Bonjour, pourquoi vous balancez tout ça ici ? »
La colère dans la voix. Impossible de se retenir.
Un regard interrogateur du bonhomme. Plein de mépris. La remorque comme le piédestal de sa connerie. Il se redressa, prit appui sur le manche de la pelle.
« Eh, oh, t’es qui toi ? T’es pas d’ici alors t’as rien à dire. Je travaille moi. »
La honte d’être surpris. Des yeux mauvais, le teint rougeaud, la moustache en bataille, la casquette vissée comme une appartenance, un signe de reconnaissance.
« Putain, mais c’est dégueulasse.
- À la première tempête, y’aura plus rien alors tu m’emmerdes pas. »
Un con. Un de plus. Il en a tellement vus.
Le dégoût.
« Ça va juste partir un peu plus loin, ça sera éparpillé mais ça ne disparaîtra pas. Y’en a partout des saloperies.
- Putain, mais fous-moi la paix. Je paie mes impôts ici alors je fais ce que je veux. »
La pelle qui reprenait sa tâche. Indifférence totale.
« J’en ai marre de tous ces cons dans votre genre qui salopent la nature, j’en ai marre des gens qui se croient tout permis. Et si j’allais vous dénoncer aux flics du coin ?»
Les jambes tremblotantes, les mains moites, l’envie de frapper, de le jeter dans le vide, qu’il s’écrase au milieu de sa merde, que la haine nourrisse ses forces, qu’elle soit son arme.
La pelle qui s’arrête. Le visage qui se tourne.
« Et si je te foutais ma pelle dans la gueule ? Ça te dirait ça ? Allez, casse-toi et laisse-moi bosser, j’ai pas que ça à foutre.
- Comment vous vous appelez ?
- Mais t’es vraiment con toi hein ? T’as pas compris ce que j’ai dit !! Casse-toi !! Mon beau-frère, il est chez les flics, t’imagine même pas comment il va te recevoir !! »
Un éclat de rire. Son pus cérébral jeté à la figure.
Il ne pouvait rien. Le dégoût.
Il contourna la remorque.
Nouvelle pelletée.
Une arme à feu. Lui exploser le crâne, regarder gicler en l’air la viande putride de ce cerveau infâme.
« Sale con. »
Ecraser les pédales.
« Casse-toi, pauvre pédé !! »
L’insulte suprême. Il l’a tellement entendue. À croire que seuls les pédés sont capables de respecter la nature."
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THÈME : Émotion (5)
- Par Thierry LEDRU
- Le 09/01/2020
Le cinquième regroupement d'articles
DÉFINITIONS
- Trouble subit, agitation passagère causés par un sentiment vif de peur, de surprise, de joie, etc. : Parler avec émotion de quelqu'un.
- Réaction affective transitoire d'assez grande intensité, habituellement provoquée par une stimulation venue de l'environnement.
Jarwal le lutin : l'émotion-choc
Jarwal le lutin : les émotions
A CŒUR OUVERT : Pensées et émotions
Pensées et émotions conscientes
Antonio Damasio : émotions et sentiments
Nourriture émotionnelle et carence affective
Education et intelligence émotionnelle
Cerveau, émotions, maturité...
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Médaille des Arts et Lettres refusée
- Par Thierry LEDRU
- Le 08/01/2020
Après Blanche Gardin, un nouvel artiste a lui aussi décidé de refuser la médaille des Arts et Lettres. Il s’agit de Wilfrid Lupano, scénariste de BD à l’origine des albums des Vieux Fourneaux. Une décision qui, là aussi, ne manque ni d’audace, ni de panache.
Comme pour Blanche Gardin, ce refus est à nouveau politique. Wilifrid Lupano s’en est expliqué dans une lettre publique adressée à Franck Riester, ministre de la Culture. En somme : pas question pour lui d’être honoré par un gouvernement dont la politique fiscale, budgétaire, migratoire, écologique et sécuritaire heurte ses convictions et ses valeurs.
Cette lettre, directe et sans concession, la voici :
Monsieur le ministre,
À ma très grande surprise, vous m’avez adressé la semaine dernière un courrier pour m’annoncer que vous me décerniez le grade de chevalier des arts et lettres.
Je vous remercie de cette délicate attention, mais j’ai bien peur de devoir refuser cet « honneur ».
Déjà, spontanément, je n’ai jamais été très excité par les médailles. Pierre Desproges disait « les décorations, c’est la libido des vieux ». Je me plais à penser que je n’en suis pas encore là. Il y a cependant des distinctions plus réjouissantes que d’autres, et celle-ci a l’inconvénient, monsieur le ministre, d’être remise par un représentant politique.
Or, comment accepter la moindre distinction de la part d’un gouvernement qui, en tout point, me fait honte ?
Car oui, il s’agit bien de honte.
J’ai honte de ce que votre gouvernement fait des services publics, au nom du refus dogmatique de faire payer aux grandes entreprises et aux plus grosses fortunes les impôts dont elles devraient s’acquitter. « il n’y a pas d’argent magique » martèle votre leader. Il y a en revanche un argent légal que monsieur Macron refuse d’aller chercher pour ne pas déplaire à ceux qui ont financé sa campagne.
J’ai honte, lorsque j’entends monsieur Castaner s’indigner que l’on puisse « s’attaquer à un hôpital », comme il l’a fait récemment, alors que c’est bien votre gouvernement qui fait le plus de mal aux services de santé, et pas trois gilets jaunes qui cherchent à se mettre à l’abri au mauvais endroit. J’ai honte de ce gouvernement qui en supprimant l’ISF, a divisé par deux les ressources des associations qui prennent à leur charge les plus faibles, les plus démunis, les laissés pour compte, à la place de l’état.
J’ai honte lorsque votre gouvernement refuse d’accueillir l’Aquarius et ses 160 réfugiés qui demandent de l’aide, et encore plus honte lorsque monsieur Castaner, encore lui, accuse les ONG qui tentent par tous les moyens de sauver des vies d’être « complices » des passeurs.
J’ai honte lorsque je vois la police « escorter » les militants de Génération Identitaire après leur coup de com’ au col de Briançon pour les « protéger » contre les militants favorables à l’accueil des réfugiés. Certains de ces derniers furent d’ailleurs interpelés, alors que tous les membres de Génération Identitaire sont rentrés chez eux fêter leur coup de publicité.
J’ai honte de votre politique indigne d’accueil des migrants, et en particulier des mineurs isolés. Le gouvernement auquel vous appartenez a accéléré le rythme des expulsions, voté l’allongement à 90 jours de la période de rétention pour les étrangers en situation irrégulière. De la prison, donc, pour des personnes n’ayant commis aucun crime, hommes, femmes, enfants, nouveaux nés. Pendant ce temps, des préfets plusieurs fois condamnés pour non-respect du droit d’asile sont maintenus en poste.Pour de sordides calculs électoraux, le gouvernement auquel vous appartenez foule aux pieds tous les principes philosophiques et moraux qui sont à la base de la constitution et de l’histoire de ce pays, et passe à côté du sens de l’Histoire. Soyez certain que l’Histoire s’en souviendra.
J’ai honte de l’incapacité de ce gouvernement à prendre en compte l’urgence écologique, qui devrait pourtant être le seul sujet à vous préoccuper vraiment. En dehors d’effets d’annonce, rien dans les mesures prises depuis deux ans n’est à la hauteur des enjeux de notre époque. Ni sur la sortie des énergies fossiles, ni sur le développement du bio, des énergies renouvelables ou la condition animale. Votre gouvernement reste le loyal service après-vente des lobbies, de l’industrie agroalimentaire, des laboratoires, des marchands d’armes…
J’ai honte, monsieur le ministre, de ce gouvernement mal élu ( le plus mal de la l’histoire de la cinquième république) qui ne tient plus que par sa police ultra violente.
J’ai honte de voir, depuis des mois, partout en France, éclater des yeux, exploser des mains ou des visages sous les coups de la police, de Notre Dame des Landes aux Champs-Elysées, à Toulouse, Biarritz, Nantes. Le monde entier s’alarme de la dérive sécuritaire de votre gouvernement, de l’utilisation abusive d’armes de guerre dans le maintien de l’ordre, mais vous, vous trouvez que tout va bien.
Je pense à Maxime Peugeot, 21 ans, et à sa main arrachée par une grenade dans un champ de Notre Dame des Landes. Qu’est-ce qui pouvait bien menacer à ce point la sécurité de la France, dans ce champ à vache du bocage breton, pour qu’on en arrive à faire usage d’une telle violence ? 2500 gendarmes, une opération de guerre à plusieurs millions d’euros menée pour détruire une trentaine de cabanes en bois (« il n’y a pas d’argent magique »…) et procéder à une dizaine d’expulsions… Je pense à Lola Villabriga, 19 ans, défigurée à Biarritz par un tir de LBD que rien ne justifiait et qui vit désormais avec des plaques d’acier dans la mâchoire, alors que c’était sa première manifestation. Je cite deux noms, mais vous le savez sûrement, ils sont aujourd’hui des centaines. Suivez le travail de David Dufresne si le sujet vous intéresse.
Comme vous le voyez, nous avons peu de points communs, politiquement. Et dans un monde où les distinctions culturelles seraient remises par le milieu culturel lui-même, sans intervention du politique, j’aurais accepté celle-ci avec honneur et plaisir. Mais il n’y a pas de geste politique qui ne soit aussi symbolique, et je sais déjà que si un jour j’atteins l’âge avancé où on prend son pied à exhiber ses breloques, j’aurais bien peu de plaisir à me rappeler que celle-ci me fut remise par le représentant d’un gouvernement dont j’aurais si ardemment souhaité la chute et la disgrâce.
Passons malgré tout une bonne journée,
Wilfrid LUPANO -
Sciences et vie : la guerre de l'eau
- Par Thierry LEDRU
- Le 08/01/2020
Sud-Est : en 2070, une guerre de l'eau pourrait avoir lieu
© B. BOURGEOIS
Par YVES SCIAMA, VINCENT NOUYRIGAT, FIORENZA GRACCI, THOMAS CAVAILLÉ-FOL. ILLUSTRATIONS YANNICK MONGET (VUES D'ARTISTE), BRUNO BOURGEOIS (CARTES) ET MIKO KONTENTE (INFOGRAPHIES)
Ce sera sûrement la région la plus impactée par le réchauffement. Certes, l'identité régionale est déjà largement façonnée par la chaleur : les 5 millions d'habitants qu'elle compte sont habitués à vivre sous un climat typiquement méditerranéen, marqué par des étés secs et des hivers doux. Mais l'avenir leur promet des étés encore plus secs et encore plus chauds. Or, dans cette région où l'activité est dominée par le tourisme et la fruiticulture, cela promet de fortes tensions autour des ressources en eau. Et que vont devenir les fameuses plages de la Côte d'Azur, particulièrement vulnérables à la montée de la mer ? Comment vont évoluer les colères du ciel, déjà incroyablement violentes ? Depuis les premiers reliefs des Alpes jusqu'aux rives de la Méditerranée, c'est toute la région qui paraît menacée.
Tout indique qu'une guerre de l'eau va avoir lieu
Verra-t-on, d'ici à la fin du siècle, des guerres de l'eau enflammer tout l'arc méditerranéen ? Mille conflits du type de celui de Sivens semer la discorde ? Des pelleteuses creuser canaux et barrages sous la protection des CRS, des commandos d'opposants saboteurs, une ruineuse guérilla juridique pour se répartir les dernières gouttes du précieux liquide ? C'est en tout cas le scénario catastrophe que les responsables du quart sud-est de la France s'efforcent de déminer. En cherchant dès maintenant à mettre en place les pare-feu qui permettront de gérer les extrêmes tensions sur l'eau annoncées.
Sachant que ce scénario catastrophe, objectivement, ne manque pas de réalisme : d'ores et déjà, la région est en tension hydrique permanente.
"40% des bassins sous notre juridiction sont déjà en déficit structurel, avertit Laurent Roy, directeur général de l'Agence de l'eau Rhône Méditerranée Corse. C'est-à-dire qu'ils sont en crise chaque année, qu'il n'y a plus d'eau dans les rivières, et qu'il faut faire intervenir les préfets, appuyés par la police de l'eau, pour procéder à des arbitrages. La crise est en passe de devenir la norme…"
ÉCONOMIES ET AMÉNAGEMENTS
La hausse des températures sur le pourtour méditerranéen, de l'ordre de 1,5 °C en un siècle, a bien sûr contribué à cette situation. De plus, la région ne cesse de se peupler depuis quatre décennies : près de 50 000 nouveaux arrivants chaque année, un afflux que l'Insee ne voit que légèrement ralentir à l'avenir.
Par ailleurs, la région a une tradition agricole, beaucoup d'irrigation et un tissu industriel gourmand en eau. Enfin, l'attractivité touristique de la côte, essentielle pour l'économie, fait doubler voire tripler la population des communes littorales en été, créant un énorme appel d'eau… précisément au moment où il y en a le moins dans les rivières et les nappes phréatiques. Ces 31 millions de visiteurs annuels ont en outre de plus en plus d'exigences : désormais, hôtels et hébergeurs se doivent de proposer une piscine, et les parcs aquatiques ainsi que les golfs ont prospéré, y compris dans des endroits notoirement arides…
Mais, à en croire les projections, les tensions actuelles ne sont rien relativement à ce qui va advenir. La continuation de la hausse des températures ne fait plus aucun doute, et un réchauffement de l'ordre de 1,5 °C supplémentaire dans les prochaines décennies est acté. Ce qui n'est pas encore joué, c'est l'horizon de la fin de siècle, pour lequel, dans le scénario le plus "émetteur", les chercheurs prévoient des hausses de température de l'ordre de 5 °C à Avignon !
© INRA /EMMAH/UMR 1114 - P .ALLARD/RÉA - AGENCE DE L'EAU
Le réchauffement frappe des ressources en eau déjà critiquesLa nappe de la plaine de la Crau se réduira d'ici à 2030 Si l'urbanisation et l'industrialisation impactent la ressource en eau, le climat va lui aussi aggraver la situation.
L'évolution de la pluviométrie, quant à elle, est plus difficile à prévoir ; mais une baisse perceptible en été se dessine. Tout au plus les modèles montrent-ils, sous réserve, une hausse modeste des pluies hivernales.
Résultat, le débit des rivières va baisser en été (en fait, de mai à octobre), notamment à cause de la disparition de la neige -on parle dès le milieu du siècle de -30 % pour le débit estival du Rhône, et de -50 % pour la Durance (qui fournit 60 % de l'eau consommée en PACA…).
Que faire ? Le maître mot, bien sûr, c'est économiser. Il revient en leitmotiv dans la bouche de Laurent Roy, dont l'agence veut réduire de 20 % les prélèvements, en demandant à chacun de faire un effort. Mais les agriculteurs, d'ores et déjà, réclament plus d'aménagements (retenues d'eau, canaux…) et la possibilité de puiser davantage dans des rivières et des nappes souvent exsangues, dont on vient de voir qu'elles baisseront encore. Les aménagements ne sont pas tabous, leur répond l'Agence de l'eau, mais ils sont très coûteux et ne prendront pas forme sans concertation et économies en contrepartie. Des économies obtenues, par exemple, en généralisant le goutte-à-goutte ainsi qu'en recourant à des cultures moins assoiffées.
© INRA /EMMAH/UMR 1114 - P .ALLARD/RÉA - AGENCE DE L'EAU
Les recherches qui mesurent l'influence de la sécheresse sur les plantes agricoles, comme ici à l'Inra, fourniront des solutions visant à économiser l'eau de la région.
Les industriels, de leur côté, travaillent à des process moins gourmands en eau, mais l'industrie agroalimentaire, par exemple, a besoin de beaucoup laver, tout comme l'électronique de pointe, ou la pétrochimie autour de l'étang de Berre. Pas question d'être au chômage technique en été ! Quant aux collectivités locales, elles ont certes fait des progrès : leurs prélèvements ont baissé de quelques pour-cent. Mais l'augmentation de la population sera forcément problématique, et les indispensables dépenses à engager pour refaire les réseaux (parfois si vétustes qu'ils perdent 70 % de leur eau !) sont onéreuses.
BESOIN D'UN DÉBIT MINIMUM
Et attention, pas question de trop puiser dans ce qui restera du débit des rivières pour satisfaire les besoins. D'abord parce que, écologiquement, un débit minimum est nécessaire pour ne pas transformer les cours d'eau en déserts, mais aussi parce que les protecteurs de l'environnement sont devenus aussi prompts à manifester que les agriculteurs. Et puis il y a le tourisme, qui s'effondre si les lacs sont vides (Serre-Ponçon, Sainte-Croix) et les rivières à sec. Sans oublier la navigation et les centrales nucléaires, qui ont besoin d'un débit minimum sur le Rhône. Tout comme certains agriculteurs : "Lorsque le débit du Rhône est trop faible, l'eau salée remonte et je ne peux plus pomper pour irriguer", indique Dario Viola, riziculteur à Arles.
40 % des bassins sous notre juridiction sont déjà en déficit structurel - LAURENT ROY Directeur général de l'Agence de l'eau Rhône Méditerranée Corse
© INRA /EMMAH/UMR 1114 - P .ALLARD/RÉA - AGENCE DE L'EAU
LAURENT ROY Directeur général de l'Agence de l'eau Rhône Méditerranée Corse40 % des bassins sous notre juridiction sont déjà en déficit structurel
Alors, pourra-t-on éviter la guerre de l'eau ? Localement, on veut croire que c'est possible, et on anticipe. La région PACA a commencé à réfléchir au problème il y a déjà dix ans, et a mis sur pied un comité d'experts, le GREC-PACA, qui vient de livrer un rapport intitulé Une Région face au changement climatique. "L'Agence de l'eau Rhône Méditerranée Corse est la première de l'Hexagone à avoir adopté un plan d'adaptation au changement climatique, dès mai 2014", rappelle de son côté Laurent Roy, qui insiste sur le fait qu'une gouvernance irréprochable sera essentielle pour éviter des catastrophes comme Sivens. "Il faut absolument que tout le monde soit autour de la table, et qu'on développe à fond la solidarité", renchérit Annick Delhaye, vice-présidente du conseil régional PACA.. Dans ce but, sa région a créé l'Agora (Assemblée pour une gouvernance opérationnelle de la ressource en eau et des aquifères), instance "d'échange et de coordination", autrement dit de déminage, qui vient de prendre ses fonctions après une vaste consultation régionale. "Et puis nous pouvons nous appuyer sur une culture de l'eau très ancienne, espère l'élue. Le premier canal d'irrigation sur la Durance date du XIIe siècle !"
Cette culture du partage et de la gestion de l'eau suffira-t-elle à garantir la cohésion sociale lorsque tous les voyants seront au rouge ? En tout cas, insiste Laurent Roy, "il y a une prise de conscience incontestable, et nous voyons des initiatives d'économie d'eau partout - chez les industriels, les particuliers, les agriculteurs" … D'ailleurs, la consommation d'eau n'augmente plus sur le bassin, elle aurait même baissé de quelques petits pour-cent depuis 2009.
© Y.MONGET
-30%
C'est la baisse du débit estival du Rhône envisagée pour la moitié du siècle. En cause : la disparition de la neige et la baisse de la pluviométrie.
Le stock de poissons va diminuer et se diversifier
"La Méditerranée est une des régions marines qui se réchauffe le plus rapidement", ont prévenu cet été un groupe de climatologues, pointant un réchauffement 2 à 3 fois plus rapide que celui de l'océan global, lié principalement à son caractère fermé. Avec quelles conséquences pour les 1 500 navires de pêche et les 4 000 emplois de marins de la région ? Une équipe de scientifiques grecs a comparé sur plus de 20 ans les statistiques de pêche et les relevés de température. Résultat ? "60 % des espèces présentaient des taux de capture étroitement corrélés à la température, la grande majorité d'entre elles se raréfiant les années chaudes, montrant une baisse de 44 % en moyenne." Du côté des gagnants : l'anchois, la crevette et le sar. Dans les perdants se trouvent le merlu, le pilchard, le mérou ainsi que les mollusques (calmars, seiches, poulpes, coquillages). La recette de la bouillabaisse devra s'adapter…
© SOURCE : CLIMATE DYNAMICS , 2015
Et la Corse ?
"La Corse est trop petite pour être vue dans les modèles climatiques, avoue Véronique Ducrocq, du CNRM. Mais on prévoit une augmentation du nombre d'événements de précipitations intenses. De près de 10 % pour 2 °C." La clémentine, par exemple, risque de perdre de son acidité et de sa couleur, pièces maîtresses de son indication géographique protégée. Il est envisagé de modifier l'irrigation, la fertilisation ou la variété.
© F .GUIZIOU/HEMIS.FR - E.GAILLARD/REUTERS - M.KONTENTE
Vers des colères du ciel toujours plus violentes
"Nous sommes tout de même le seul bassin de l'Hexagone où les inondations font chaque année des morts !" rappelle Laurent Roy, directeur général de l'Agence de l'eau Rhône Méditerranée Corse. "Les 'épisodes méditerranéens', dont les pluies cévenoles font partie, constituent les phénomènes météorologiques les plus violents de la France métropolitaine, et produisent les pluies les plus intenses d'Europe", renchérit Samuel Somot, spécialiste du climat méditerranéen au CNRM, le laboratoire de recherche de Météo-France. Des déluges qui s'abattent en outre sur des reliefs tourmentés, capables d'accélérer et de concentrer les flots - les plus modestes rivières se transformant en de monstrueux torrents. Les inondations à Cannes, Nice et Antibes au début du mois d'octobre dernier l'ont tragiquement rappelé.
Qu'adviendra-t-il s'il fait plus chaud ? A Météo-France, on reste prudent. "Pour représenter ces phénomènes, avertit Samuel Somot, il faut des modèles d'une précision géographique de l'ordre de 2 km, que nous n'avons pas encore." Mais les travaux existants indiquent une intensification de "quelques pour-cent par degré de réchauffement, jusqu'à 10 % par degré si l'on prend les pires simulations". Logique : la hausse des températures chargera en vapeur d'eau et en énergie les nuages au-dessus de la Méditerranée. Sur les reliefs de cette région, qui ne cesse de se construire et s'imperméabiliser, des pluies de 1 000 mm/ jour sont alors envisageables. Une violence typiquement tropicale, à ce jour inconnue sur le Vieux Continent.
© F .GUIZIOU/HEMIS.FR - E.GAILLARD/REUTERS - M.KONTENTE
Le signe avant-coureur…Le 4 octobre dernier, à Cannes, des pluies torrentielles provoquent de meurtrières inondations.
Des fruits venus d'ailleurs
Pêches, abricots, cerises… Les vergers du Languedoc-Roussillon prennent une drôle de tournure.
En cause : des hivers toujours plus doux. "Les arbres n'accumulent pas assez de froid et la levée de leur dormance ne s'effectue plus dans de bonnes conditions, explique Inaki Garcia de Cortazar, ingénieur à l'Inra (Avignon). Cela va se traduire par une diminution du taux de bourgeons viables et surtout un étalement excessif de la floraison."
Des décalages qui perturbent la pollinisation, voire brisent la concordance de floraison entre deux variétés devant s'inter-polliniser…
Les scientifiques craignent des chutes de rendement. Et il faut s'attendre, au moment de la récolte, à des fruits de maturité très inégale - avis aux saisonniers. Les consommateurs devront aussi revoir leurs critères : sous l'effet des canicules de juillet-août, l'initiation des bourgeons de l'année suivante connaît des ratés et donne naissance à des fruits malformés ; les cerisiers, notamment, produisent des fruits doubles, quasi invendables.
La Camargue ne pourra peut-être pas être sauvée
C'est quasi inéluctable : un jour, les vagues prendront le dessus. Certes, pour le moment, la mer ne s'élève que de 2,1 mm/an en Camargue.
Mais elle aura pris 50 cm à 1 m en 2100 : profitant des tempêtes, elle enjambera alors les digues et inondera les salines, prés-salés et rizières de ce delta du Rhône, royaume plat de la biodiversité méridionale.
Faut-il opérer un repli stratégique et rendre cette terre sauvage aux flamants roses ? Ou faut-il la protéger contre vents et marées ?
Pour l'instant, on ignore lesquels de ses 150 000 ha seront submergés et à quelle fréquence. "Nous allons affiner nos modèles de l'écoulement local pour préciser l'impact des digues, épis ou brise-lames", indique Alexis Stépanian, du BRGM. Ces ouvrages existent déjà à Saintes-Maries-de-la-Mer, (2 500 habitants sur 15 000 Camarguais). Car bien avant la montée de la mer, la perte progressive des sédiments charriés par le Rhône a fait reculer le trait de côte (4 m/an depuis 1895 !). "Ces vingt dernières années, 20 millions d'euros ont été investis pour protéger Saintes-Maries, et les travaux continuent", rassure Roland Chassain, son maire.
Combien de temps cette lutte sera-t-elle économiquement soutenable ? Le géomorphologue François Sabatier (université Aix-Marseille) n'est pas très optimiste : "L'impact de l'élévation de la mer sera incomparable aux problèmes affrontés jusqu'ici." Et se murer derrière des digues rocheuses de plus en plus élevées ne semble pas si efficace : "Si elles freinent le recul des plages, elles empirent l'érosion sous-marine ! Leurs fondations, privées de sable, peuvent alors céder lors d'une tempête." Au Parc naturel régional de Camargue, on a choisi la stratégie opposée : "Sur un site de 6 500 ha autrefois exploité par les salins, on a laissé digues et épis s'enfoncer, explique Delphine Marobin (chargée de mission littoral). Résultat : l'érosion suit son cours, mais la dynamique naturelle des échanges hydrauliques est rétablie." Reconnectés à la mer, étangs et marais ont vu le retour de l'anguille, pour le bonheur des pêcheurs. Mais tout le monde ne pourra pas être gagnant…
© SOURCE : PARC NATUREL RÉGIONAL DE CAMARGUE
Au-revoir grives et merles noirs
Ces oiseaux hivernaient en France 8 années sur 10 il y a trente ans mais se font rares aujourd'hui. Avec les hivers plus doux, grives et merles noirs restent plus longtemps dans leur région d'origine : Pays-Bas, Pays baltes et Scandinavie.
© SHUTTERSTOCK - M.KONTENTE
Les plages de la Côte d'Azur en danger
A raison de 30 cm/an, l'érosion menace les petites criques. "Normalement, la dynamique du littoral ferait simplement reculer ces plages, explique François Sabatier (université Aix-Marseille). Mais adossées à une falaise ou à un parking, elles ne peuvent se retirer et sont vouées à disparaître !"
Pénurie de truffes !
"Le diamant noir est fragile, explique Michel Tournayre, président de la Fédération française des trufficulteurs, il ne résiste ni aux longues sécheresses, ni aux épisodes ultra-pluvieux, qui semblent devenir la norme." L'avenir repose sur la trufficulture.
© SHUTTERSTOCK - M.KONTENTE
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Sciences et vie : le climat en France
- Par Thierry LEDRU
- Le 08/01/2020
L'article date de 2015. Depuis cette date, tous les ans, ,nous connaissons "l'année la plus chaude"... Projections sur les fournaises à venir.
https://www.science-et-vie.com/nature-et-enviro/climat-le-tour-de-france-des-regions-48435
Climat : le tour de France des régions
Nul ne l'ignore : la planète se réchauffe. La planète, d'accord ; mais en France ? Concrètement ? Si les prévisions d'une hausse des températures se vérifient, que se passera-t-il… en Bretagne ? Dans les Alpes ? A Paris ? Dans le Nord et l'Est ? Le long du pourtour méditerranéen ? Région par région, notre rédaction s'est mobilisée pour recenser tous les effets attendus du réchauffement, au cas par cas. A la clé ? Tout ce qui risque de changer localement, dans tous les secteurs, où que l'on habite en France. De quoi savoir à quoi s'attendre et anticiper l'avenir. Car une chose est sûre : des défis vont se poser.
SOMMAIRE
- Climat : en 2070, la France devrait gagner 2,4 degrés
- Ile-de-France : en 2070, des chaleurs dignes du sud de l'Espagne
- Rhône-Alpes : en 2070, les activités de montagne devront s'adapter
- Centre : en 2070, la surchauffe changera son visage
- Nord-Est : en 2070, la douceur du climat bouleversera son identité
- Sud-Est : en 2070, une guerre de l'eau pourrait avoir lieu
- Sud-Ouest : plages, vignoble... en 2070, la chaleur altérera la région
- Grand Ouest : + 2°C en 2070, la région pourrait profiter du réchauffement
- DOM-TOM : en 2070, ils seront menacés par les effets océaniques du réchauffement
Par PAR VINCENT NOUYRIGAT AVEC PIERRE-YVES BOCQUET, THOMAS CAVAILLÉ-FOL, FIORENZA GRACCI, ANGÉLIQUE LE TOUZE, ALEXANDRA PIHEN, YVES SCIAMA, CAROLINE TOURBE ILLUSTRATIONS YANNICK MONGET (VUES D'ARTISTE), BRUNO BOURGEOIS (CARTES) ET MIKO KONTENTE (INFOGRAPHIES)
Climat : en 2070, la France devrait gagner 2,4 degrés
Il suffit de prêter un peu attention à tel ou tel signe étrange dans le paysage, à cette anomalie qui bouscule de vieux adages bien ancrés. L'évidence saute alors à la figure : le réchauffement climatique mondial est en train de transformer la France.
Par VINCENT NOURYGAT, YVES SCIAMA, CAROLINE TOURBE, THOMAS CAVAILLÉ-FOL
Ile-de-France : en 2070, des chaleurs dignes du sud de l'Espagne
Ni trop froid l'hiver ni trop chaud l'été… les 12 millions de Franciliens sont habitués à vivre sous un climat typiquement modéré. Mais voilà : d'ici à la fin du siècle, ils vont voir les températures s'élever de 2 à 4 °C, avec un climat qui deviendra comparable à celui que connaît actuellement Cordoue, dans le sud de l'Espagne ! Comment adapter les infrastructures et les matériaux urbains à des vagues de chaleur répétées pour lesquelles ils n'ont pas été conçus ? Des pénuries en eau sont-elles à craindre ? Des maladies...
Par VINCENT NOURYGAT, THOMAS CAVAILLÉ-FOL, A. LE TOUZE
Rhône-Alpes : en 2070, les activités de montagne devront s'adapter
Cette région industrielle et très peuplée (plus de 6 millions d'habitants) va subir une des plus fortes hausses des températures. Si toute la région est impactée, les regards se portent en priorité vers les montagnes, élément incontournable du paysage et poumon économique pour nombre de vallées à l'heure des sports d'hiver. Car les massifs sont aussi les milieux les plus sensibles aux changements : au moindre degré Celsius supplémentaire, l'enneigement, les espèces animales ou végétales se décalent de 150 mètres en...
Par VINCENT NOURYGAT, THOMAS CAVAILLÉ-FOL, CAROLINE TOURBE
Centre : en 2070, la surchauffe changera son visage
C'est ici que bat le cœur de la France, entre patrimoine séculaire, élevages, forêts et, surtout, grandes cultures. Mais les 6 millions d'habitants de ce Centre élargi vont voir leur climat, qui est actuellement teinté d'influences océaniques et continentales, passer dans une autre dimension en se réchauffant de plus de 2,5 °C à la fin du siècle - et jusqu'à 4 °C selon certains scénarios.Avec quelles conséquences pour les rendements agricoles de cette région, véritable grenier à blé de la France ? Pour ses forêts ? Son...
Par DOSSIER RÉALISÉ VINCENT NOUYRIGAT AVEC PIERRE-YVES BOCQUET, THOMAS CAVAILLÉ-FOL, FIORENZA GRACCI, ANGÉLIQUE LE TOUZE, ALEXANDRA PIHEN, YVES SCIAMA, CAROLINE TOURBE ILLUSTRATIONS YANNICK MONGET (VUES D'ARTISTE), BRUNO BOURGEOIS (CARTES) ET MIKO KONTENTE (INFOGRAPHIES)
Nord-Est : en 2070, la douceur du climat bouleversera son identité
Pour les 12 millions d'habitants du Nord et de l'Est, le réchauffement ressemble plutôt à une bonne nouvelle. Songez qu'en 2080, le climat de Lille sera comparable à celui d'Angers, voire de Toulouse ou de Carcassonne ! Hivers plus doux, étés plus chauds, précipitations maintenues… les conditions seront favorables aux grandes cultures nordistes, voire au tourisme. Mais il ne faut pas oublier que ce territoire industriel et fertile a été en partie gagné sur la mer : la montée du niveau marin sera ici la grande affaire du...
Par YVES SCIAMA, VINCENT NOUYRIGAT, FIORENZA GRACCI, THOMAS CAVAILLÉ-FOL. ILLUSTRATIONS YANNICK MONGET (VUES D'ARTISTE), BRUNO BOURGEOIS (CARTES) ET MIKO KONTENTE (INFOGRAPHIES)
Sud-Est : en 2070, une guerre de l'eau pourrait avoir lieu
Ce sera sûrement la région la plus impactée par le réchauffement. Certes, l'identité régionale est déjà largement façonnée par la chaleur : les 5 millions d'habitants qu'elle compte sont habitués à vivre sous un climat typiquement méditerranéen, marqué par des étés secs et des hivers doux. Mais l'avenir leur promet des étés encore plus secs et encore plus chauds. Or, dans cette région où l'activité est dominée par le tourisme et la fruiticulture, cela promet de fortes tensions autour des ressources en eau. Et que vont...
Par DOSSIER RÉALISÉ VINCENT NOUYRIGAT AVEC PIERRE-YVES BOCQUET, THOMAS CAVAILLÉ-FOL, FIORENZA GRACCI, ANGÉLIQUE LE TOUZE, ALEXANDRA PIHEN, YVES SCIAMA, CAROLINE TOURBE ILLUSTRATIONS YANNICK MONGET (VUES D'ARTISTE), BRUNO BOURGEOIS (CARTES) ET MIKO KONTENTE (INFOGRAPHIES)
Sud-Ouest : plages, vignoble... en 2070, la chaleur altérera la région
Il fait bon vivre, manger et boire sous le climat océanique aquitain, marqué par un hiver doux, un printemps plutôt humide, ainsi qu'un été chaud et sec. Mais avec une chaleur un peu plus accablante, les 6 millions d'habitants de la région vont se trouver face à de nombreux défis. Comment vont réagir les baies de raisin dans le Bordelais ?Et les peintures des grottes préhistoriques de Dordogne ? Pourra-t-on continuer la culture intensive de maïs, si exigeante en eau ? Tandis que, sur le littoral, la question se pose déjà...
Par DOSSIER RÉALISÉ VINCENT NOUYRIGAT AVEC PIERRE-YVES BOCQUET, THOMAS CAVAILLÉ-FOL, FIORENZA GRACCI, ANGÉLIQUE LE TOUZE, ALEXANDRA PIHEN, YVES SCIAMA, CAROLINE TOURBE ILLUSTRATIONS YANNICK MONGET (VUES D'ARTISTE), BRUNO BOURGEOIS (CARTES) ET MIKO KONTENTE (INFOGRAPHIES)
Grand Ouest : + 2°C en 2070, la région pourrait profiter du réchauffement
Hivers doux, étés sans excès et des précipitations tout au long de l'année : les 13,5 millions d'habitants de la Normandie, de la Bretagne et des Pays de la Loire profitent du régime océanique tempéré par excellence. Problème : l'air frais venant de l'Atlantique aura bien du mal à contrecarrer la hausse des températures. Les Rennais doivent par exemple s'attendre à 45 jours de chaleur supplémentaires (plus de 25 °C) d'ici à la fin du siècle. Avec quels impacts sur la pêche ? Sur l'agriculture ? Sur l'élevage ? Une chose...
Par Fiorenza Gracci
DOM-TOM : en 2070, ils seront menacés par les effets océaniques du réchauffement
Les tropiques resteront toujours les tropiques ! Toutes les simulations climatiques indiquent en effet que, sur l'ensemble du globe, ce sont dans les deux bandes qui entourent l'équateur que le réchauffement sera le moins marqué. Les habitants des Antilles et de Guyane (plus d'un million de personnes), de la Réunion (850 000), de Nouvelle-Calédonie (250 000), de Polynésie (250 000) ou de Mayotte (200 000) continueront donc à vivre sous les charmes et la dureté du climat tropical. Reste qu'il y fera encore un peu plus...
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Isabelle Attard : "L'anarchie n'est pas le chaos"
- Par Thierry LEDRU
- Le 06/01/2020
Isabelle Attard, docteure en archéozoologie, est l'auteure du livre "Comment je suis devenu anarchiste" dans lequel elle raconte sa déception du fonctionnement de notre système démocratique pour lutter contre les changements qui nous menacent.
FRANCEINFO "Le capitalisme vert basé sur les énergies renouvelables permet de remplacer le capitalisme basé sur les énergies fossiles. Il ne remet absolument pas en question notre système économique", estime Isabelle Attard.
Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, comme Antonio Gutteres, le secrétaire général de l'ONU, "sont englués dans le système capitaliste actuel et ne voient pas comment on pourrait en sortir. Alors, ils essaient de le verdir de l'intérieur, ce en quoi je ne crois plus. J'ai essayé quand j'étais députée EELV", assure-t-elle.
L'exemple ukrainien ou syrien
"L'anarchie c'est l'ordre sans le pouvoir. Aujourd'hui, il n'y a pas une catégorie d'hommes et de femmes qui ne souffrent pas de problème de domination. Comment partage-t-on le pouvoir ? Qui prend les décisions en France ?", interpelle l'auteure du livre Comment je suis devenu anarchiste.
"Il faut regarder dans le passé dans des pays ou des régions qui ont fonctionné sur un mode d'autogestion, d'assemblées locales comme en Ukraine en 1917 ou ce qui se passe au nord de la Syrie actuellement avec un système basé sur l'écologie sociale où les femmes ont leur place, les minorités leur mot à dire", propose-t-elle.
"Ce n'est pas parce que ces expériences n'ont pas duré le temps qu'elles n'ont pas réussi. C'est parce qu'elles réussissaient qu'elles ont été matées dans la violence", insiste Isabelle Attard.
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THÈME : Penser (4)
- Par Thierry LEDRU
- Le 05/01/2020
Le quatrième regroupement d'articles.
PENSER :
Concevoir, réfléchir, méditer.
Pensées névrotiques (spiritualité)
Pensées intentionnelles. (spiritualité)
Pensées et système immunitaire (santé)
pensées et émotions conscientes (spiritualité)
Pensées collectives (spiritualité)
Pensée et conscience. (spiritualité)
La pensée de Descartes. (philosophie)
Mouvements de pensées. (spiritualité)
Tout revient à la pensée. (spiritualité)
Vacarme des pensées. (spiritualité)
Avant la pensée...(spiritualité)
A CŒUR OUVERT : Pensées et émotions
NOIRCEUR DES CIMES : L'ego, le mental, les pensées.
De la pensée à la Pleine Conscience (spiritualité)
L'école et le loisir de penser
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"Marche avec les loups"
- Par Thierry LEDRU
- Le 05/01/2020
Après avoir disparu pendant près de 80 ans et malgré les obstacles, les loups sont en train de retrouver leurs anciens territoires. Ce film raconte le grand mystère de la dispersion des loups : comment les jeunes loups quittent le territoire qui les a vus naître, et la façon dont ces aventuriers partent à la conquête de nouveaux territoires. Deux années durant, Jean-Michel Bertrand a mené une véritable enquête pour tenter de comprendre le fonctionnement complexe et erratique de ces jeunes loups, leurs rencontres avec leurs semblables et les opportunités de se mettre en couple.
MARCHE AVEC LES LOUPS Bande Annonce (2020) Documentaire Date de sortie : 15 janvier 2020
HAUTES-ALPES
"Marche avec les loups" : le coup de gueule du réalisateur
La Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA) avait appelé à une mobilisation “contre” le film “Marche avec les loups” de Jean-Michel Bertrand. Avant de finalement annuler. L’appel de trop ?
Par Sandie BIRCAN - 06:06 | mis à jour à 06:22 - Temps de lecture : 3 min
| Vu 2362 fois
Trois séances en avant-première du film de Jean-Michel Bertrand “Marche avec les loups” sont programmées ce dimanche au cinéma Le Palace, à Gap, à partir de 13 h 30. La Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles avait prévu de tracter “contre” le film ce même jour devant la Chambre d’agriculture. Elle a annulé. Photo archives Le DL “Appel à mobilisation dimanche 5 janvier 2020 contre le film de Jean-Michel Bertrand Marche avec les loups”, a annoncé ce vendredi 3 janvier sur sa page Facebook la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA) des Hautes-Alpes. Un “post” très commenté qui n’a pas eu l’effet escompté. Ce samedi soir, les quelque 90 commentaires d’internautes fustigeaient la FDSEA et/ou soutenaient le réalisateur champsaurin.
« On ne veut pas empêcher les gens d’aller voir le film »
Le tractage, prévu ce dimanche à 12 h 30 devant la Chambre d’agriculture de Gap alors que le film est diffusé le même jour en avant-première au cinéma Le Palace, a finalement été annulé ce samedi soir. À cause du tollé sur les réseaux sociaux ? « C’est un problème d’organisation », répond Sandrine Hauser, secrétaire générale de la FDSEA 05. Qui explique qu’un tractage aura bien lieu mais « ultérieurement ».
« Dans un département touché par la prédation, où les agriculteurs en souffrent, nous passer un film proloup disant que c’est nous qui ne savons pas faire, que le loup il est joli et qu’il est bon pour l’élevage, on ne peut pas l’entendre. On ne veut pas empêcher les gens d’aller voir le film, on veut leur expliquer notre position », détaille-t-elle.
Des explications qui font bouillir le réalisateur champsaurin de “Marche avec les loups”. « Est-ce qu’ils ont vu le film ? », interroge Jean-Michel Bertrand. Il dénonce une « instrumentalisation ». « A-t-on le droit, en France, de faire des films et de s’exprimer sans avoir des corporatistes qui mettent la pression ? J’ai reçu trois menaces de mort. Dans leur appel à mobilisation, ils ne parlent pas d’expliquer, ils disent “contre le film de Jean-Michel Bertrand”, donc ces gens-là ont un a priori colossal », poursuit-il.
Au-delà des menaces de mort, Jean-Michel Bertrand évoque des pressions qui ont eu lieu lors des dernières rencontres de la Cinémathèque de montagne, à Gap, en novembre. « Il a fallu les remercier de ne pas avoir fait une action. Dois-je les remercier chaque matin quand je me lève ? »
« Les élus qui mettent de l’huile sur le feu et légitiment les actions »
« Lors des séances, je passe mon temps à essayer d’avoir du bon sens et du dialogue. Jusqu’à preuve du contraire, ce n’est pas moi qui aie fait revenir les loups. Personne ne l’a fait. Il est revenu seul d’Italie à la faveur de l’évolution de notre présence sur le territoire, du retour des ongulés… Il faut arrêter tout ça. Ce qui me tue, c’est que les syndicalistes font leur boulot, les associations proloup font leur boulot. Les élus, dans tout ça, je leur demande d’avoir du discernement. Si un jour j’ai des problèmes avec des extrémistes, je tiendrai en partie responsable les élus qui mettent de l’huile sur le feu et légitiment les actions. »
Pour autant, le réalisateur, qui ne mâche pas ses mots, ne compte pas se laisser impressionner. Bien que souffrant, il sera présent ce dimanche à 13 h 30 à l’avant-première de “Marche avec les loups”. « J’espère que chez les élus, il y en aura un pour prôner le respect du travail de chacun, des réalisateurs comme des éleveurs. »