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L'arbre et la lumière
- Par Thierry LEDRU
- Le 26/05/2024
- 0 commentaire
Je suis l'arbre-serpent qui enlace la lumière.
Nulle crainte pour elle, je ne suis qu'un amant.
Je déploie mon feuillage pour saisir ses offrandes et je m’applique chaque jour à me nourrir de ses délices.
J’aime tant la sentir glisser sur moi et j’aime tant l’étreindre.
La nuit, je rêve d’elle et mon sommeil est empli de mes extases quotidiennes.
Il me plaît de penser qu’elle aussi rêve de moi.
Je ne souffre pas de l’hiver car ma sève s’est emplie de la vie durant les saisons lumineuses. Et j’ai besoin de ce repos provisoire car je mourrais d’épuisement si durant l’année toute entière, je connaissais sans répit la puissance de nos étreintes amoureuses.
Est-il possible, frères humains, que vous imaginiez la flamboyance de mes molécules au retour du printemps ? Vous ne voyez que la partie visible de ce renouveau. Mais le plus beau de ce miracle, il est en moi, au plus profond.
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"La terrible histoire du « pays qui s’est mangé lui-même"
- Par Thierry LEDRU
- Le 26/05/2024
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Ne peut-on voir ici en modèle réduit l'avenir des sociétés capitalistes ?
planeteactualitésLa terrible histoire du « pays qui ...
La terrible histoire du « pays qui s’est mangé lui-même »
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actualité
• 7 Min
C'est l'histoire d'un confettis posé sur l'océan Pacifique et dont les habitants ont connu l'un des niveaux de vie le plus élevé au monde grâce à l'exploitation des gisements de phosphore. La poule aux œufs d'or s'épuisant, de mauvais choix politiques ont fini par conduire cette démocratie indépendante vers la corruption politique et environnementale, faisant de cette île paisible un enfer sanitaire et social. Aujourd'hui, l'espérance de vie des 14 000 habitants ne dépasse pas la cinquantaine en moyenne.
au sommaire
De la prospérité à l’effondrement
Pollutions des sols et des eaux
Accepter la corruption ou périr
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[EN VIDÉO] Le nettoyage du vortex de déchets du Pacifique nord par Ocean Cleanup ! La vidéo est une animation représentant le dernier système conçu par Ocean Cleanup, qui vise...
Le 27 février dernier, l'Union européenne a voté un texte élargissant la liste des crimes environnementaux et harmonisant les sanctions en la matière dans l'Union européenne. Début février, le procureur de la Cour pénale internationale Karim Khan proposait à son tour de poursuivre les crimes environnementaux sans modifier son statut, estimant que les dégâts environnementaux sont souvent cause ou conséquence de crimes de guerre ou contre l'humanité, sur lesquels elle a déjà la compétence. Dans Le manifeste contre la corruption environnementale qu'elle vient de publier aux éditions Érick Bonnier, ce sont ces thématiques que Shérazade Zaiter, juriste internationale, spécialiste en droit des affaires et droit à l'environnement, et enseignante à l'Université de Limoges, explore.
Elle y dénonce des crimes qui viennent accentuer la crise environnementale et met en lumière ceux qui tentent de combattre cette corruption. Nous reproduisons ici l'extrait du livre consacré au destin tragique de Nauru, une petite île du Pacifique qui illustre de manière poignante les conséquences de la corruption environnementale :
La République de l'île de Nauru, minuscule joyau perdu dans l'immensité de l'océan Pacifique, illustre de manière glaçante les conséquences de la corruption environnementale. Qualifié de « pays qui s'est mangé lui-même », situé à près de 4 835 kilomètres de l'Australie, il s'étend sur seulement 22 kilomètres carrés.
Son plateau central est entouré d'une bande côtière, où se concentre la majeure partie de sa population. L'origine de son malheur a commencé en 1906, lorsque d'immenses gisements de phosphate ont été découverts sur ce plateau. Sa corne d'abondance a ouvert la boîte de Pandore, et c'est ainsi que débuta la lente agonie de l'île de Nauru.
Le phosphate est un sel précieux, utilisé dans la fabrication d'engrais et d'explosifs. Riche en phosphore, c'est un élément essentiel pour la croissance des plantes, il augmente le rendement des cultures. Ce gisement minéral, dont la qualité est la meilleure au monde, couvre 70 % de l'île.
Port de phosphate abandonné à Aiwo, sur l’île de Nauru dans le Pacifique. © Mike Leyral, AFP
De la prospérité à l’effondrement
Les colons allemands ont d'abord bénéficié de son exploitation, puis l'Australie a pris le relais en 1914, en prenant le contrôle de l'île jusqu'en 1968. Cette année-là, Nauru est devenue la plus petite république au monde. Son indépendance lui a apporté une prospérité économique sans précédent.
En poursuivant l'exportation de phosphate, Nauru a connu une croissance rapide de sa richesse. En 1974, le pays affichait le deuxième produit intérieur brut par habitant le plus élevé au monde, générant 225 millions de dollars australiens. Nauru a brillamment instauré un modèle d'État-providence exempt d'impôts, où l'éducation, les transports, les services de santé, et même le logement sont entièrement pris en charge par l'État, sans aucun frais pour ses citoyens.
Au début des années 1990, avec le déclin des gisements de phosphate, l'économie de Nauru a sombré dans la crise. Malgré les investissements immobiliers du gouvernement pour contrer cette situation, ceux-ci se sont révélés désastreux. Des scandales de détournement de fonds et de corruption impliquant des politiciens et des personnalités influentes ont éclaté. Contribuant à la détérioration des infrastructures et des services publics.
Des choix politiques ont facilité l'octroi de contrats favorables à des entreprises étrangères en échange de faveurs, entraînant des conséquences désastreuses. Avec une augmentation des saisies, un effondrement de l'industrie et une succession de gouvernements, Nauru a été contrainte d'élaborer diverses stratégies pour restaurer ses finances.
Cela comprenait le blanchiment d'argent étranger, la vente de passeports et même l'accueil rémunéré de réfugiés clandestins, ce qui a attiré l'attention négative d'organisations telles que l'ONU, l'OCDE et Amnesty International.
Des paysages défigurés
La méthode d'exploitation minière, la plus courante, était l'exploitation à ciel ouvert. Elle consiste à retirer les couches de terre, de sable et de roches qui recouvrent les gisements de phosphate. Des machines lourdes, telles que des pelles mécaniques et des bulldozers, étaient utilisées pour extraire les roches phosphatées.
Les paysages ont été profondément modifiés, avec de vastes zones déboisées et des cratères, laissés par l'extraction du phosphate. L'excavation en tranchées était préférée, lorsque les gisements de phosphate étaient proches de la surface. Les tranchées étaient creusées pour atteindre les couches de phosphate, en enlevant les couches de terre et de sable à l'aide d'excavateurs. Elle a entraîné des impacts néfastes sur l'environnement, avec des perturbations majeures du paysage et des sols.
Le dragage marin était employé pour extraire les phosphates des dépôts marins, à proximité de Nauru. Cette technique consiste à utiliser des bateaux équipés de dispositifs de dragage, pour aspirer les sédiments marins contenant du phosphate. Le mélange de sédiments était ensuite traité pour en extraire le phosphate. Les écosystèmes marins ont été gravement perturbés, affectant la faune et la flore marines et modifiant les habitats côtiers.
Pollutions des sols et des eaux
Plus récemment, la récupération par dissolution in situ a été utilisée. Cette technique implique l'injection d'une solution chimique, dans les couches de phosphate, pour le dissoudre. La solution est ensuite pompée et traitée. Si cette méthode a réduit les dommages environnementaux directs, elle a entraîné des problèmes de gestion des déchets chimiques, avec la pollution des sols et des eaux souterraines. Les conséquences environnementales sont inimaginables.
L'histoire de Nauru, le « pays qui s'est mangé lui-même ». © Brut
80 % des terres sont dévastées, et 40 % des récifs coralliens sont morts. Les écosystèmes, autrefois riches et diversifiés, sont cruellement altérés. Les habitats naturels, dévoués depuis des millénaires à une multitude d'espèces végétales et animales, réduits en miettes. Les résidus toxiques, tels que les métaux lourds et les substances chimiques nocives, infiltrent les terres autrefois florissantes. Les sols stériles et appauvris, désormais sujets à l'érosion, laissent place à une triste désertification. Les rivières autrefois claires et vivantes sont souillées, leur pureté transformée en un miroir trouble de contamination.
La ceinture de corail, autrefois éclatante, n'est plus que l'ombre d'elle-même. Les rejets issus de l'exploitation minière ont dégradé des habitats marins. La biodiversité marine, riche et prospère, réduite au silence. Comme si cela ne suffisait pas, la situation géographique de Nauru rend le pays particulièrement vulnérable à l'augmentation du niveau des mers, conséquence directe du dérèglement climatique. Tôt ou tard, les habitants devront quitter leur île pour leur propre survie. Une autre question se posera alors : quel État va leur ouvrir les bras ?
Désastre sanitaire
Au-delà des dommages visibles, les ravages environnementaux ont également touché les communautés locales. La dépendance économique, apportée par cette ressource précieuse, s'est avérée un fardeau difficile à supporter. La mauvaise gestion crée une dépendance excessive, à l'égard de l'importation de biens, et de produits alimentaires. L'île a connu une transition trop rapide vers un mode de vie sédentaire.
Ajoutée à cela, l'alimentation fortement fondée sur les produits importés, riches en sucres et en matières grasses affecte directement le bien-être et la santé des habitants : cela se traduit par une augmentation alarmante de l'obésité et des maladies associées, telles que le diabète de type 2 et les maladies cardiovasculaires.
Nauru est devenu l'un des pays les plus touchés par l'obésité, affichant l'un des taux les plus élevés au monde. Le tabagisme est également très répandu, avec 47 % de fumeurs réguliers. Les taux de mortalité infantile, juvénile et adulte sont élevés, l'espérance de vie est de 55 ans en moyenne, 49 pour les hommes. L'environnement naturel de l'île, qui a subi une détérioration alarmante, ne permet plus aux 14 000 habitants de s'adonner à des activités physiques, et d'avoir un mode de vie sain.
Accepter la corruption ou périr
L'île de Nauru nous rappelle les conséquences tragiques de l'exploitation irresponsable des ressources naturelles. Cette gestion inconsciente a entraîné une spirale de corruption et de compromis, mettant en péril la stabilité et le développement de l'île. Pour assurer sa survie et préserver son avenir, elle est confrontée à un dilemme difficile, celui d'accepter la corruption ou de périr.
Son état économique précaire crée une porte ouverte à toutes sortes de compromis et de transactions douteuses. Un exemple frappant est le versement mensuel effectué aux dix-huit parlementaires composant son Assemblée nationale. Cette somme d'argent provient des coffres de Taïwan. Il s'agit d'un pot-de-vin, destiné à remercier Nauru de l'avoir reconnu en tant que nation souveraine et indépendante.
C'est une pratique courante dans les îles du Pacifique, que les pays asiatiques ont instaurée dans le but de s'attirer les faveurs des 11 micro-États insulaires de la région. Cette stratégie leur permet de bénéficier du soutien de ces nations lors de votes importants à l'Assemblée générale des Nations unies. D'autres exemples existent, comme la promesse de la Russie de réparer le port en ruines de Nauru. En échange de ces travaux, l'île a accepté de reconnaître l'Ossétie du Sud et l'Abkhazie, deux provinces autonomes de Géorgie envahies en 2008 par la Russie, en tant que territoires indépendants.
Nauru nous montre que la détérioration de l'environnement affecte le droit à la vie, à la santé, au travail et à l'éducation. En raison de sa petite taille et du manque de données disponibles, elle n'est pas prise en compte dans l'indice de perception de la corruption. Il est difficile d'avoir une image complète et précise de son niveau de corruption.
Sa taille et sa population restreintes peuvent justement offrir des opportunités pour mettre en place des mesures de gouvernance plus transparentes, et des mécanismes de lutte contre la corruption, plus efficaces. Le pays pourrait ainsi renforcer la confiance et la transparence au sein des institutions internationales. Cela permettrait de consolider la confiance des citoyens et d'assurer une gestion responsable des affaires publiques.
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Au champ d'horreur des coupes rases
- Par Thierry LEDRU
- Le 25/05/2024
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« A tronc vaillant, rien d'impossible. »
Je suis le Dragon. J'ai grandi là où mon père est tombé. Sa souche moussue gît à mes pieds. C'est lui qui m'a appris cette phrase et je l'ai répétée à chaque tempête, à chaque épreuve. J'honore chaque jour ses enseignements.
Je suis de ces bois dont on fait des héros. Mes compagnons d'arbres et moi, nous sommes à la limite haute de l'altitude, au-delà de laquelle aucun arbre ne pousse.
Seul mon grand-père avait osé pousser dans ce « no trees land ». Il a tenu bien au-delà de toutes les projections les plus optimistes. Mon grand-père était une tête brûlée.
Mon père m'a appris à ne pas dépasser les limites. « Raisonnable et obstiné », ce sont les deux mots que j'ai gravés dans mon âme.
Nous sommes les éclaireurs sur la ligne de front, les lanceurs d'alerte. Ceux qui voient venir avant les autres la barre noire à l'horizon des marées de nuages. Avant même que les vents furieux n'envahissent les montagnes, nous sentons les effluves de l'océan qui ont traversé les terres.
Tous, ici, nous avons connu la mitraille des grêlons projetés, les avalanches de flocons comme des masses écrasantes, les nuits de gel qui brisent les branches. J'ai perdu des membres comme tous mes camarades mais nous maîtrisons les baumes qui cicatrisent.
Nous craignons bien davantage depuis quelques années, les étés brûlants et les feux qui dévorent, nous avons bien conscience que l'équilibre est rompu. Personne, même dans les mémoires les plus anciennes, n'a le souvenir de fournaises aussi intenses.
Mais je suis le Dragon et je repousserai les flammes.
Aucun de nous ne se plaint car nous connaissons la situation périlleuse de nos compagnons des fonds de vallée. Des humains armés de machines monstrueuses détruisent des surfaces entières, déchirant les chairs des feuillus comme des résineux, rien ne comble leur faim insatiable. Nous entendons parfois monter jusqu'ici leurs cris de terreur et les parfums âcres du sang versé.
Tous ici, nous entonnons alors l'hymne de nos compagnons tombés aux champs d'horreur des coupes rases. -
Frères humains
- Par Thierry LEDRU
- Le 24/05/2024
- 0 commentaire
Frères humains qui par ici passez, ne vous égarez pas à me plaindre, me voyant dénudé et séché par des décennies de tourments.
J'ai connu dix mille oiseaux dans mes branches, des papillons emportés par les vents teigneux se réfugiaient dans mes feuillages.
J'ai enduré des tempêtes tonitruantes et des silences brûlants, contemplé des nuits lunaires et des étoiles filantes.
J'ai appris l'endurance et la patience, je pourrais vous enseigner l'humilité et le courage, vous conter les orages de l'existence et les bonheurs de l'apaisement.
Si vous vous égarez à me plaindre, c'est que vous craignez pour vous-même le grand âge.
Mais moi, je suis vide de votre temps puisque je suis si vieux que je n'ai plus d'âge.Je ne suis que maintenant.
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Réchauffement et précipitations
- Par Thierry LEDRU
- Le 21/05/2024
- 0 commentaire
Vu les commentaires ironiques, voire agressifs, qui fusent sur les réseaux sociaux à propos du réchauffement climatique, il est bon de rappeler quelques lois de la physique.
"Plus l’air est chaud, plus il peut contenir de vapeur d’eau. Une relation explicitée par la formule de Clausius-Clapeyron qui donne la pression de vapeur saturante en fonction de la température."
https://fr.wikipedia.org/wiki/Formule_de_Clausius-Clapeyron (un lien vers l'explication mathématiques, attention, c'est du très haut niveau ^^ )
La France a connu un printemps météorologique plus que maussade, qui pourrait paraître incompatible avec certaines idées reçues sur le réchauffement climatique. Mais, en réalité, les derniers mois sont plutôt une illustration de ce phénomène.
Écouter cet article
02:37
Des passants dans une rue de Caen (Calvados) en janvier 2024. | MARTIN ROCHE / ARCHIVES OUEST-FRANCE
Ouest-France Maxime MAINGUET. Modifié le 21/05/2024 à 16h09 Publié le 21/05/2024 à 15h39
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Chaque matin, l’actualité du jour sélectionnée par Ouest-France
Marqué par des pluies importantes, des inondations récurrentes et des épisodes de froid parfois marqués, la météo qu’a connu la France lors de ce printemps météorologique 2024 a pu paraître en contradiction avec la tendance lourde du réchauffement climatique. Mais, en réalité, « mauvais temps » et réchauffement sont loin d’être contradictoires.
Veuillez fermer la vidéo flottante pour reprendre la lecture ici.Un printemps qui compte parmi les plus chauds
D’abord, parce que, malgré le ressenti que tout un chacun a pu en avoir, il a fait, en ce printemps 2024, plutôt chaud en France. « Tous les premiers mois de l’année ont connu des températures au-dessus des normales », rappelle Yann Amice, météorologue chez Weather & Co. « Sur le mois de mai, on sera sur un mois de mai classique, mais, maintenant, c’est ça qui nous paraît anormal ! ».
Autrement dit, nous nous sommes habitués aux températures élevées. À tel point qu’on en oublierait presque que le printemps 2024 a été l’un des plus chauds jamais enregistrés en France. Selon les données relayées par Infoclimat, site qui fait référence en matière de partage de données climatiques, la période 1er mars - 20 mai est, avec une température moyenne de 12,41 °C, la 7e plus chaude depuis les années 1930.
Des pluies intensifiées par le réchauffement climatique
En réalité, les pluies qui sont tombées en grande quantité sur la plupart des régions françaises ces dernières semaines ne sont pas incompatibles avec le réchauffement climatique. Au contraire, celui-ci est même susceptible de les avoir intensifiées.
Pourquoi ? Parce que, comme l’explique la loi physique connue sous le nom de « formule de Clausius-Clapeyron », « plus l’air est chaud, plus il peut contenir d’eau sous forme de vapeur », résume Yann Amice. Selon la formule, une atmosphère plus chaude de 1 °C peut ainsi contenir 7 % d’humidité en plus. Humidité qui est ensuite vouée à retomber sur terres, sous forme de précipitations, dont les quantités sont augmentées d’autant.
Pensez-vous que les questions environnementales sont suffisamment abordées par les candidats aux élections européennes ?
« Il est désormais établi de plus en plus clairement que le changement climatique occasionne une augmentation de l’intensité des précipitations extrêmes », confirme Météo France.
L’intensification rapide des pluies d’orage avec le réchauffement global
par Damien Altendorf, expert nature et climat 12 mars 2021, 16 h 35 min
Crédits : Piqsels.
De nouveaux travaux témoignent d’une hausse rapide de l’intensité des pluies orageuses avec le réchauffement climatique. Les résultats ont récemment été publiés dans la revue Nature reviews earth & environment.
Plus l’air est chaud, plus il peut contenir de vapeur d’eau. Une relation explicitée par la formule de Clausius-Clapeyron qui donne la pression de vapeur saturante en fonction de la température. De plus, puisque le lien entre les deux variables suit une fonction exponentielle, la capacité de stockage en vapeur d’eau augmente rapidement avec la température.
Suite au réchauffement climatique en cours, l’atmosphère emmagasine ainsi de plus en plus d’eau sous forme gazeuse. Une augmentation qui se chiffre à environ 7 % par degré. Avec un air plus fortement chargé en eau, le potentiel précipitant est donc mécaniquement augmenté. En particulier en ce qui concerne les évènements les plus intenses comme les orages.
Tendance dans le contenu atmosphérique en eau précipitable entre 1988 et 2020. Seuls les océans sont présentés sur cette figure. Notez l’humidification globale de l’air. Crédits : REMSS.
L’intensité des pluies orageuses en hausse rapide
Des chercheurs de l’Université de Newcastle (Angleterre) ont récemment étudié l’évolution de ces extrêmes – source de nombreux dommages environnementaux, sociétaux et humains. Pour ce faire, ils ont comparé les séries observationnelles aux modélisations numériques ainsi qu’aux études de processus afin de proposer une synthèse exhaustive. Les scientifiques ont considéré à la fois les phénomènes de courte durée – entre 1 et 3 heures – et ceux s’étalant sur plus de 1 jour afin d’avoir une base de comparaison.
Les résultats montrent qu’en moyenne, les précipitations se renforcent à un taux cohérent avec la relation de Clausius-Clapeyron. Toutefois, dans certaines zones géographiques, elles se renforcent beaucoup plus rapidement. Le pourtour méditerranéen est par exemple très affecté. Cette réaction exacerbée concerne exclusivement l’échelle infra journalière, typique des pluies d’orage. Elle atteint des valeurs jusqu’à 2 fois supérieures à ce qui pourrait être attribué à la hausse de l’humidité atmosphérique. Des processus dynamiques liés aux mouvements de l’air dans les nuages d’orage doivent donc entrer en jeu.
La hausse des températures affecte tout particulièrement les pluies orageuses. Crédits : Pexels.
Le besoin urgent de mesures d’adaptation
« Nous savons que le changement climatique nous apporte des étés plus chauds et plus secs et des hivers plus chauds et plus humides. Mais, dans le passé, nous avons eu du mal à saisir le détail des événements de pluies extrêmes, car ceux-ci peuvent être très localisés et se produire en quelques heures, voire quelques minutes », développe Hayley J. Fowler, auteur principal de l’étude. « Ce nouveau travail montre que l’augmentation de l’intensité est plus importante pour les événements courts et intenses, ce qui signifie que les crues éclair localisées seront probablement une caractéristique plus marquée de notre climat futur ».
En résumé, la hausse des températures affecte les extrêmes de courte durée selon deux modes. D’un côté, la taille du réservoir atmosphérique en vapeur d’eau est augmentée. Il s’agit là d’une réponse thermodynamique directe au réchauffement – cohérente avec la relation de Clausius-Clapeyron. De l’autre, l’efficacité de la vidange est majorée. Autrement dit, la convection atmosphérique est plus rapide et ramène avec plus de brutalité l’eau vers la surface. « Ces résultats appellent à des mesures d’adaptation au changement climatique urgentes pour gérer les risques d’inondations croissants », avertit à ce titre le papier.
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Purge médiatique
- Par Thierry LEDRU
- Le 16/05/2024
- 0 commentaire
Le site " La relève et la peste" fait partie de mes lectures quotidiennes. Cette phrase-là colle parfaitement avec l'article précédent sur l'enseignement et le recrutement à marche forcée de contractuels.
"Une méthode connue dans le management : la précarité mène à la docilité."
Purge médiatique avec la suppression d’émissions consacrées à l’écologie et aux luttes sociales
https://lareleveetlapeste.fr/purge-mediatique-avec-la-suppression-demissions-consacrees-a-lecologie-et-aux-luttes-sociales/
« Tous ces rendez-vous constituent pour nous l’identité de France Inter. Ils portent les valeurs du service public, de liberté d’expression, de pluralisme auxquelles nous sommes toutes et tous très attaché.es, et répondent à la mission d’une radio d’offre, qualitative et exigeante. Au moment où nos audiences n’ont jamais été aussi fortes – avec pour exemple 542 000 auditeurs supplémentaires en un an pour « Le Grand dimanche Soir » –, les équipes dénoncent des décisions dangereuses pour les valeurs de notre radio »
Texte: Laurie Debove Photographie: La Relève et La Peste 16 mai 2024
C’est une véritable hécatombe au sein du service public de l’information. Plusieurs émissions TV et radio consacrées à l’écologie et aux luttes sociales vont être supprimées ou transformées à la rentrée. Une purge inquiétante pour le pluralisme dans les médias et la liberté d’expression alors que l’urgence écologique redouble d’intensité.
Retour en arrière médiatique
Finis les grands « tournants environnementaux » annoncés en fanfare suite à l’engouement autour de la Charte pour un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique ? En quelques semaines, le service public de l’information a opéré une véritable purge des programmes consacrés à l’écologie et aux luttes sociales.
Cela a d’abord été l’émission d’investigation « Vert de Rage » qui en a fait les frais après 5 ans d’existence au sein de FranceTélévisions, et malgré des audiences rassemblant entre 250 000 et 600 000 spectateurs selon les épisodes. Puis, Nowu, 2 ans à peine, promoteur du journalisme de solutions pour les 15 – 25 ans.
Pour l’équipe de Nowu, l’annonce a été un gros choc et personne ne s’y attendait. Supprimée au 31 décembre, un stagiaire devait même débuter sa mission le 1er janvier. Aucun des journalistes n’était salarié de FranceTelevisions, mais tous étaient prestataires, des renvois faciles à opérer.
« Nowu était devenu une sorte d’encyclopédie en ligne de l’écologie. On ne faisait pas d’actu chaude mais du fond qu’on avait vulgarisé de manière très accessible autour de sujets comme la PAC, les véhicules électriques. On intégrait aussi une grosse part de justice sociale et climatique et c’était ce qui nous différenciait du reste des services publics. Ce qui nous a mis le plus en colère, c’est de voir 2 ans d’articles écrits et fouillés avec beaucoup d’interviews purement et simplement supprimés avec le site » explique Esther Meunier pour La Relève et La Peste
Les raisons de cette suppression : des arbitrages budgétaires selon La Lettre, document interne du 20/11/2023. Delphine Ernotte-Cunci, présidente du groupe audiovisuel public, « préfère redéployer ses moyens sur la couverture des Jeux olympiques de 2024 ». Ironie de l’histoire, l’argent public sera donc aiguillé autour d’un événement décrié pour son impact environnemental d’une durée d’à peine un mois, plutôt que de maintenir des contenus écologiques à l’année.
« En 2022, les médias audiovisuels publics français semblaient prendre un tournant salutaire en matière de couverture des enjeux environnementaux. En 2024, il devient de plus en plus clair que ces engagements n’étaient qu’un effet d’aubaine et non des engagements sincères se dotant d’un pilotage exigeant sur la durée » dénonce l’association Quota Climat
Côté RadioFrance, « C’est bientôt demain » d’Antoine Chao, reportages sur les luttes et mobilisations sociales, disparaît tandis que la mythique émission « La Terre au Carré » de Mathieu Vidard va être sévèrement transformée car son ton serait jugé « trop éco-anxiété ». A quelle sauce ? L’heure est aux négociations et l’avenir du programme inconnu. Seule certitude : la journaliste Camille Crosnier est écartée de la tranche 14h-15h malgré le succès de sa pastille « Camille passe au vert ».
Toujours à Radio France, une source interne nous a révélé que Planète Bleu, l’émission de France Bleu, ne serait pas reconduite à la rentrée. Cela concernerait l’intégralité de la galaxie Planète Bleu : le Mag (samedi et dimanche 16-17h), Planète Bleu s’engage (dimanche 15-16h) qui accueillait de nombreux médias indépendants dont La Relève et La Peste, et la chronique du mercredi. Là aussi, l’équipe ne sait pas encore ce qu’elle va devenir.
Atteinte au pluralisme dans les médias ?
Face à cette purge médiatique, la solidarité des auditeurs et membres de la profession s’organise. Côté citoyens, une pétition a recueilli plus de 31 000 signatures pour demander le maintien de l’émission « La Terre au Carré » dont le « répondeur » permettait à chacun.e de pouvoir délivrer un message à une heure de grande écoute.
De fait, le point commun des émissions concernée par cette suppression massive était de donner « une voix aux sans-voix », de « mettre en lumière ces anonymes qui agissent au quotidien pour une société plus juste » ainsi que nous l’explique un journaliste de RadioFrance.
Antoine Chao, Anaëlle Verzaux, Giv Anquetil et Charlotte Perry, quatre journalistes de RadioFrance concernés par ces coupes budgétaires, se sont formés avec « Là-bas si j’y suis », une emblématique émission radiophonique des luttes sociales présentée pendant vingt-cinq ans sur FranceInter par Daniel Mermet. L’émission long format a été supprimée en 2014, et ses descendants se trouvent aujourd’hui menacés.
Cette purge médiatique intervient d’ailleurs alors que l’humoriste Guillaume Meurice vient d’être suspendu pour une blague dénonçant le génocide de Gaza, pourtant « validée » par la justice. L’humoriste et ses comparses menés par Charline Vanhoenaker avaient déjà fait les frais des chaises musicales de RadioFrance quand ils ont vu leur quotidienne « C’est encore nous ! » déprogrammée en juin dernier pour devenir l’hebdomadaire « le Grand Dimanche soir ».
« C’est une tradition quand vient le mois de mai à France Inter, on coupe des têtes. Une méthode connue dans le management : la précarité mène à la docilité. Sauf que là, ce n’est pas vraiment au hasard. Les journalistes visés sont des reporters qui vont sur le terrain, attentifs aux gens, au mouvement social comme aux effets du réchauffement du climat, c’est à dire des islamo-wokistes antisémites. » a réagi Daniel Mermet sur le média qu’il a créé depuis
En filigrane, c’est bien une atteinte au pluralisme dans les médias et à la liberté d’expression que pose ces choix budgétaires. Inquiétude dénoncée par la SDJ (Société de Journalistes) et la SDP (Société des Producteurs et Productrices) qui se sont alliées dans un communiqué adressé à Adèle Van Reeth, Directrice de France Inter.
« Tous ces rendez-vous constituent pour nous l’identité de France Inter. Ils portent les valeurs du service public, de liberté d’expression, de pluralisme auxquelles nous sommes toutes et tous très attaché.es, et répondent à la mission d’une radio d’offre, qualitative et exigeante. Au moment où nos audiences n’ont jamais été aussi fortes – avec pour exemple 542 000 auditeurs supplémentaires en un an pour « Le Grand dimanche Soir » –, les équipes dénoncent des décisions dangereuses pour les valeurs de notre radio » expliquent-ils dans leur lettre
Même ressenti en interne, ainsi que le décrit un article de LeMonde, où une volonté de « de gommer les aspérités, ce retour au réel pas suffisamment en ligne avec les interviews de ministres » est dénoncée par des salariés de FranceInter.
Ces émissions étaient également utiles pour faire avancer des enjeux de santé publique, ainsi que l’a démontré l’émission « Vert de Rage » dédiée aux PFAS. Suite à l’épisode « Lyon : alerte aux polluants éternels », des perquisitions avaient eu lieu sur plusieurs sites de l’industriel Arkema, menées dans le cadre d’une information judiciaire pour « mise en danger d’autrui ».
Et si les humoristes concernés par ces restrictions budgétaires peuvent se consoler en jouant dans les théâtres, derniers bastions de la liberté d’expression ?, c’est bien la question de l’accès à une information libre, plurielle et éclairée qui se joue aujourd’hui pour des millions d’auditeurs. D’autant plus en plein essor du dérèglement climatique, alors que l’année 2023 a été la plus chaude jamais enregistrée et que ses effets se font ressentir de plus en plus durement chaque année.
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Des enseignants dociles
- Par Thierry LEDRU
- Le 16/05/2024
- 0 commentaire
Oui, je ne m'en cache pas, je me réjouis de ce qui arrive aujourd'hui et qui ne pourra que s'aggraver encore dans les années à venir. Et combien pourtant, j'ai aimé ce métier. Mais il y a vingt ans déjà que je dis et que j'écris que les gouvernements successifs n'ont qu'un seul et unique objectif : l'abêtissement des masses et bien évidemment, ça commence par l'école primaire.
Quant à la docilité des enseignants, ça n'est même plus une posture, c'est dans leur ADN. Les grèves n'ont jamais été un ressort suffisant, juste des épiphénomènes qui sont vite effacés. Il n'est qu'à voir dans quel état se trouve l'enseignement en France malgré un nombre conséquent de grèves. C'est même d'ailleurs l'image principale que portent les enseignants dans une grande partie de la population : des grévistes glandeurs.
Il n'y a que la désobéissance civique qui puisse faire plier les gouvernements. Mais là, il faut du courage.
Manque de candidats dans l'Education nationale : "Ils ont la volonté de recruter des gens plus dociles qu'avant", dénonce l'association des professeurs de lettres
Dans certaines académies, le nombre de candidats admissibles aux oraux est plus faible que le nombre de postes ouverts, aggravant la pénurie d'enseignants.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié le 15/05/2024 12:31 Mis à jour le 15/05/2024 12:31
Temps de lecture : 1 min
Un devoir de mathématiques dans une salle de classe, à Valence (Drôme), en octobre 2018. (NICOLAS GUYONNET / HANS LUCAS)
Y aura-t-il assez de professeurs devant les élèves à la rentrée prochaine ? Après 4 000 places non pourvues en 2022, 3 100 places en 2023, la rentrée prochaine ne sera pas épargnée. Dans certaines académies, ou dans certaines disciplines, le nombre de candidats admissibles aux oraux est plus faible que le nombre de postes ouverts. S'il est encore trot tôt pour dresser un bilan complet, plusieurs centaines de postes qui ne trouvent déjà pas preneurs déjà, notamment en allemand et en lettres classiques dans les académies de Créteil et de Versailles.
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En cause, la crise d'attractivité du métier, mais aussi la réforme du concours du Capes de 2022. "Ce qu'au moins trois épreuves sur quatre évaluent, c'est la conformité du candidat avec le dogme pédagogique prescrit par l'Education nationale, détaille Romain Vignest, président de l’Association des professeurs de lettres. On ne va pas vérifier qu'il maîtrise excellemment la littérature et la langue française... Ce n'est pas ça qu'on évalue", regrette-t-il.
Pour cet enseignant de lettres, le concours met ainsi trop l'accent sur les aspects de pédagogie et de méthode, ce qui repousserait les candidats.
"Ils ne savent même pas correctement conjuguer le subjonctif"
Et cela aurait donc des conséquences bien concrètes sur le niveau des recrutés : "Vous avez des gens qui parfois n'ont jamais lu un roman de Balzac ou qui souvent n'ont jamais lu une pièce de Racine... Ils ne savent même pas correctement conjuguer le subjonctif. Parce que précisément, ce n'est pas leur savoir qu'on évalue", ajoute-t-il.
"Les conséquences pour les élèves, c'est d'avoir en face d'eux non seulement des professeurs qui sont moins compétents, mais aussi qui ne sont pas autonomes, considère Romain Vignest. Ce que je fustige, c'est la volonté de recruter des gens qui soient plus dociles que les professeurs qu'on a recrutés jusqu'à présent".
Dans une moindre mesure, cette année, des tensions de recrutement sont à craindre en mathématiques, en lettres modernes et en physique chimie. Seule solution pour le ministère de l'Education nationale dans ces cas-là : recruter des contractuels supplémentaires.
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Un autre concert
- Par Thierry LEDRU
- Le 11/05/2024
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J'imagine un autre concert, une symphonie unifiée, des milliers d'écrans répartis sur la planète et des millions de personnes, tournées non pas vers l'écran et l'orchestre mais vers l'océan, les montagnes, les forêts, les immensités naturelles, tous unis dans un chant empli d'amour et de reconnaissance. Des millions de cœur diffusant leur amour pour la Terre. Que cette énergie commune ne soit pas un hommage à la musique elle-même mais que la musique et les voix toutes réunies clament l'attachement viscéral à la vie.